ACCÉLÉRER LA REPRISE DE L'APPRENTISSAGE - Public ...
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Accélérer la reprise de l’apprentissage 1 ACCÉLÉRER LA REPRISE DE L’APPRENTISSAGE AOÛT 2021 Les stratégies éducatives nationales de lutte contre la COVID-19 passent par la prise de mesures urgentes pour accélérer la récupération des pertes d’apprentissage. Il est impératif de veiller à ce que les élèves de cette génération ne se retrouvent pas désavantagés par rapport aux générations passées et futures. De nombreuses options politiques peuvent être envisagées au niveau du système et des écoles pour atteindre cet objectif. La perte d’apprentissage ne sera probablement pas la même pour tous les élèves. Il sera donc plus important que jamais d’enseigner au bon niveau pour aider les élèves à rattraper leur retard. Les programmes de soutien scolaire, les programmes d’autoapprentissage personnalisés et l’enseignement assisté par ordinateur se sont également avérés efficaces pour améliorer l’apprentissage des élèves dans divers contextes, mais leur mise en œuvre à grande échelle posera des difficultés aux pays. L’allongement du temps d’enseignement, par exemple en proposant des cours d’été, peut être efficace s’il est associé à des stratégies permettant de rapprocher les niveaux d’enseignement des objectifs et des besoins des élèves. Le redoublement en lui-même est une stratégie de remédiation peu efficace, à moins de l’associer à d’autres interventions ciblées. Pourquoi les pays doivent accélérer en priorité la reprise de l’apprentissage Les programmes de rattrapage ou d’enseignement accéléré peuvent contribuer à lutter contre les pertes d’apprentissage causées par la fermeture prolongée des écoles, la perturbation du calendrier scolaire et l’accès inégal aux possibilités d’apprentissage à distance (Azevedo et al. 2020). Il est de plus en plus évident que la pandémie de COVID-19 a entraîné d’importantes pertes d’apprentissage au niveau mondial, comme le souligne la note de synthèse consacrée à la réouverture des écoles. Ainsi, les pertes d’apprentissage enregistrées par des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire en Asie représentaient 29 % de la valeur d’une année d’apprentissage en mars 2021 (Banque asiatique de développement, 2021).Une étude menée dans cinq pays d’Afrique subsaharienne modélisant les pertes d’apprentissage à court terme relatives à la maîtrise de la lecture à haute voix pendant la pandémie COVID-19 évalue ces pertes à l’équivalent d’une demi-année à plus d’une année (Angrist et al. 2021). Ces pertes ont été considérables, même dans des pays comme les Pays- Bas et la Suisse, où les écoles ont rapidement basculé vers l’apprentissage en ligne après la fermeture des écoles et où les élèves disposent d’un bon accès aux technologies numériques (Engzell, Frey et Verhafgen 2020 ; Tomasik, Helbling et Moser 2021). Globalement, la Banque mondiale estime que le taux mondial de pauvreté des apprentissages — qui correspond au pourcentage d’enfants incapables de lire et de comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans — est passé de 53 % à 63 % environ depuis le début de la pandémie. Les effets néfastes de la pandémie ne se sont pas limités à l’apprentissage. Des rapports font état d’une augmentation des taux de décrochage scolaire dans de nombreux pays, une situation qui affecte de manière disproportionnée les filles et les populations vulnérables. Selon les estimations, jusqu’à 24 millions d’enfants devraient abandonner leurs études en raison de la pandémie de COVID- 19 (UNESCO 2020a). En outre, les symptômes d’anxiété et de dépression chez les enfants et les adolescents sont de plus en plus fréquents en raison de l’isolement social, de la fermeture des écoles, du stress familial et d’autres bouleversements (Racine et al., 2021). Cette situation a incité les
Accélérer la reprise de l’apprentissage 2 systèmes éducatifs à renforcer le soutien psychosocial et à mettre l’accent sur le développement des compétences socioémotionnelles. Enfin, les pertes d’apprentissage résultant de la fermeture des écoles entraineront également des conséquences économiques si rien n’est fait : selon les premières prévisions de 2020, les pertes d’apprentissage dues à une fermeture de cinq mois des écoles pourraient se traduire à terme par un manque à gagner de 10 000 milliards de dollars américains, soit 16 % du montant des investissements publics dans l’éducation de base consacrés à ce groupe d’élèves (Azevedo et al. 2020). Il est impératif de veiller à ce que les élèves de cette génération ne se retrouvent pas désavantagés par rapport aux générations passées et futures. Les pays doivent privilégier les programmes de rattrapage ou d’enseignement accéléré pour permettre à cette génération d’élèves de rattraper le retard accumulé pendant la pandémie et de revenir à un niveau scolaire normal. La consolidation du programme d’enseignement dans chaque matière, mais également d’une matière à l’autre, l’allongement du temps d’enseignement et la mise en œuvre de pédagogies efficaces pour la remédiation, notamment l’enseignement au bon niveau, le soutien scolaire et autres, sont indispensables pour promouvoir une plus grande efficacité des systèmes éducatifs. Il existe différentes manières d’aborder le rattrapage scolaire pour favoriser la reprise de l’apprentissage ; les exemples qui suivent peuvent être utiles aux pays, en fonction du contexte et des besoins locaux. Les exemples présentés dans cette section sont tirés de situations actuelles et antérieures à la pandémie, et ils peuvent généralement être utilisés conjointement dans le cadre d’une stratégie nationale de remédiation. Quelles solutions peuvent être envisagées par les pays ? Concevoir des programmes pour enseigner au bon niveau La pandémie de COVID-19 a entraîné d’énormes pertes d’apprentissage et a fait perdre de nombreuses possibilités d’apprentissage, mais ses effets ont été très hétérogènes d’un pays à l’autre et d’une école à l’autre. Il n’est pas rare qu’au sein d’une même classe, la diversité des circonstances et des profils personnels se traduise également par des niveaux d’apprentissage très différents. Aussi, la prise en compte des besoins de chaque enfant est essentielle à l’efficacité de l’apprentissage. Une des méthodes permettant de tenir compte du niveau de compétence de chaque élève est connue sous le nom d’« enseignement au bon niveau » (Teaching at the right level) ; le principe fondamental qui sous-tend cette méthode est que les enfants sont regroupés en fonction de leur niveau de compétence, et non de leur âge ou de leur classe. Elle prévoit des activités et un enseignement spécifiques destinés à faire passer les élèves au niveau supérieur, tout en assurant un suivi rigoureux des progrès réalisés par les enfants. Ces activités d’apprentissage ciblent généralement les compétences fondamentales en langue et en mathématiques et ne sont pas exclusivement liées au programme d’enseignement. La première étape consiste à réaliser une brève évaluation des compétences en lecture ou en mathématiques. Les élèves bénéficient d’une heure supplémentaire pendant la journée scolaire, et passent de cours basés sur le niveau scolaire à des cours adaptés à leur niveau de compétence, en fonction de l’évaluation diagnostique. Des bénévoles ou des enseignants formés interviennent dans ces classes organisées par niveau pour dispenser un enseignement spécialisé destiné à aider les élèves à progresser rapidement vers le niveau supérieur.
Accélérer la reprise de l’apprentissage 3 (Les élèves continuent à suivre une scolarité normale tout en participant à ces programmes). Quand cette méthode a été utilisée en Inde, il a suffi de 50 jours d’enseignement ciblé dispensé par des bénévoles sommairement formés pour que les élèves de la 3e à la 5e année passent d’un niveau proche des niveaux de réussite les plus bas du pays au niveau d’apprentissage du troisième État le plus performant (Banerjee et al. 2016). Cette méthode qui a été mise en œuvre dans le cadre du programme TCAI au Ghana (Lucas, Beg, et Fitzpatrick 2018) a également donné de bons résultats. Au Botswana et en Zambie, des programmes permettant de regrouper les enfants selon leur niveau d’aptitude ont été adaptés en réponse à la COVID-19 pour favoriser la reprise de l’apprentissage. Au Botswana, le programme Teaching at the Right Level (TaRL) soutenu par J-PAL constituait déjà une référence avant la pandémie. Les partenaires du ministère de l’Éducation de base présents dans le district du Nord-Est ont décidé de relancer le programme après la réouverture des écoles en 2020, en réduisant le cycle du programme de trente à huit jours. Bien que l’intervention ait duré moins longtemps, les acquis des élèves étaient presque équivalents à ceux obtenus avec le cycle de 30 jours (Muyoki et al. 2021). En Zambie, le programme TaRL lancé par les pouvoirs publics est progressivement élargi à d’autres niveaux scolaires et combiné à un programme condensé de mathématiques et de langues (UNESCO 2021). D’autres pays ont inscrit les principes de « l’enseignement au bon niveau » dans de nouvelles méthodes pédagogiques. Au Cambodge, le ministère de l’Éducation et les ONG partenaires locales ont élaboré un programme qui consacre douze heures par mois à combler les lacunes d’apprentissage grâce à des exercices ciblés. Ils ont développé des « modules de rattrapage scolaire » qui commencent par une évaluation diagnostique des lacunes liées à cinq compétences fondamentales en khmer et en mathématiques, puis guident les enseignants pour répartir les élèves par niveau de compétence (sur la base des résultats de l’évaluation) et proposer aux élèves des exercices pratiques adaptés à différents niveaux de difficulté (KAPE 2021). Au Chili, le ministère de l’Éducation a lancé un programme national qui accompagne les écoles dans la mise en œuvre d’une méthode pédagogique favorisant la maîtrise des concepts clés indispensables à l’apprentissage en classe. La méthodologie en trois parties comprend, pour chaque objectif d’apprentissage, une phase de rattrapage ou de « mise à niveau », une phase d’apprentissage de nouveaux contenus et une évaluation formative ; les résultats obtenus détermine la poursuite de l’apprentissage ou le retour à la phase de rattrapage (Ministerio de Educación de Chile 2021). Proposer des programmes d’autoapprentissage personnalisés, y compris un enseignement assisté par ordinateur À l’instar de l’enseignement au bon niveau, les programmes d’autoapprentissage permettent aux élèves de maitriser progressivement les compétences de base. Ces activités, qui peuvent être réalisées avec un encadrement limité de l’enseignant, peuvent se faire avec du papier et un crayon, ou lorsque la technologie adéquate est disponible à l’école ou à la maison, la remédiation peut se faire au moyen de programmes d’autoapprentissage assistés par ordinateur. L’enseignement assisté par ordinateur permet d’illustrer un concept au moyen d’une animation interactive, de sons et de démonstrations, puis de donner aux élèves la possibilité de faire des exercices et de résoudre des problèmes à leur propre rythme tout en leur faisant un retour immédiat. Les logiciels adaptatifs permettent d’évaluer les élèves, de leur faire pratiquer des compétences particulières et de suivre leurs progrès. Les étudiants peuvent travailler de manière
Accélérer la reprise de l’apprentissage 4 asynchrone et à leur propre rythme, ce qui leur donne plus de flexibilité. Cette approche permet de dispenser, à moindre coût, un enseignement au bon niveau. Il peut être mis en œuvre pendant la journée scolaire normale ou après l’école. Les initiatives menées en Inde et en Uruguay montrent que l’enseignement adaptatif assisté par ordinateur permet d’améliorer l’apprentissage, certaines données laissant supposer que les retombées étaient particulièrement favorables aux élèves issus de milieux défavorisés (Muralidharan et al. 2018; Perera & Aboal 2019). L’enseignement assisté par ordinateur peut être utilisé dans des cours encadrés par des enseignants, ce qui les aide à adapter l’enseignement aux besoins d’apprentissage des élèves, et peut aussi être utilisé pour l’enseignement à distance. En Équateur, un projet financé par la Banque mondiale a permis de lancer un programme de rattrapage adaptatif et assisté par ordinateur en 2021, couvrant près de 6 000 étudiants de première année dans des instituts techniques. Les premiers résultats de ce programme à distance montrent que la maîtrise des concepts mathématiques clés est passée de 25 % à 69 % après 16 semaines (Angel-Urdinola, à paraître). Un essai contrôlé randomisé mené au Bangladesh a montré qu’un programme d’autoapprentissage individualisé sur papier et crayon améliorait considérablement les capacités mathématiques des élèves. Le programme, qui utilise la méthode d’apprentissage Kumon, détermine d’abord un niveau initial pour chaque élève en fonction de ses résultats à un test diagnostique. Les éducateurs donnent ensuite aux élèves une série d’exercices dont la difficulté augmente progressivement, et adaptent ces derniers en fonction des progrès de chaque élève. Le programme a été conçu de manière à ce que chaque élève travaille au niveau qui convient à ses compétences individuelles, et qu’il progresse et apprenne de nouveaux concepts par petites étapes grâce à des conseils et des exemples facilement compréhensibles (Sawada et al. 2020). En Jordanie, où la majorité de l’apprentissage s’est déroulée à distance pendant la pandémie de COVID-19, le programme hybride « Learning Bridges » favorise la reprise de l’apprentissage en distribuant chaque semaine aux élèves de la 4e à la 9e année des supports éducatifs imprimés et adaptés à leur rythme. Ils proposent des exercices transversaux tirés du programme de la semaine et des codes QR grâce auxquels les élèves peuvent sélectionner des ressources audiovisuelles dans les domaines où ils ont besoin de renforcer les acquis scolaires de l’année précédente (UNICEF Jordanie 2021). Mettre en place des programmes de soutien scolaire en petits groupes De nombreuses études montrent que le soutien scolaire permet d’améliorer considérablement les résultats des élèves, en particulier ceux des élèves en difficulté, mais l’efficacité de cette approche dépend essentiellement de la taille du groupe et de la régularité des séances. De ce point de vue, la généralisation des programmes de soutien scolaire, en particulier si le pays n’a que peu d’expérience dans ce domaine, est difficile. Le soutien scolaire intensif, caractérisé par des groupes de six élèves ou moins qui se réunissent au moins quatre fois par semaine (ce qui équivaut à 50 heures ou plus sur 36 semaines), a permis d’améliorer considérablement les résultats aux examens. D’autres études montrent que les programmes de soutien scolaire les plus efficaces ont lieu pendant la journée scolaire et lorsque les élèves gardent le même tuteur tout au long de l’année (Education Endowment Foundation 2018a). Les cours particuliers contribuent également à améliorer les résultats, mais ils sont beaucoup plus coûteux. Les tuteurs peuvent être des étudiants universitaires ou même des lycéens (pour les niveaux scolaires moins élevés) qui reçoivent une formation pour appliquer un programme de soutien scolaire structuré.
Accélérer la reprise de l’apprentissage 5 Certains pays ont eu recours au soutien scolaire pour promouvoir la reprise de l’apprentissage pendant la pandémie de COVID-19. Ainsi, en 2020, le Royaume-Uni a lancé le programme national de soutien scolaire, qui propose des prestations de soutien scolaire de haute qualité aux écoles publiques primaires et secondaires, et offre un accompagnement supplémentaire aux élèves les plus en difficulté en raison de la fermeture des écoles. Un soutien scolaire gratuit ou subventionné est proposé par des prestataires de services sous contrat (partenaires d’enseignement) et par des particuliers (mentor universitaire) pour dispenser des cours de soutien dans six matières. Les enseignants et les chefs d’établissement décident de l’approche la plus adaptée à leurs besoins, des partenaires avec lesquels travailler et des élèves qui bénéficieront le plus d’un soutien scolaire supplémentaire. En Amérique latine, deux pays ont fait appel aux services de leurs universités pour le rattrapage scolaire. Au Chili, le programme national « Éducateurs pour le Chili » permet aux étudiants qui préparent un diplôme d’enseignement d’effectuer leurs stages de manière virtuelle en donnant des cours à de petits groupes d’étudiants qui ont besoin d’un soutien supplémentaire (Ministerio de Educación de Chile, 2020). En République dominicaine, J-PAL s’associe au ministère de l’Éducation pour lancer un programme pilote de soutien scolaire en ligne qui met en relation des lycéens issus de milieux défavorisés avec des étudiants universitaires bénévoles pour leur donner un soutien scolaire personnalisé via une plateforme sécurisée (JPAL 2021). Il s’agit d’une adaptation du programme italien de soutien scolaire en ligne (Tutoring Onlin Program — TOP), qui a été déployé par des chercheurs en 2020 et a eu des effets positifs sur les résultats scolaires (Carlana & La Ferrara, 2021). Selon le Global Education Recovery Tracker, un pays sur trois a eu recours au soutien scolaire à distance depuis le début de la pandémie. Allonger le temps d’enseignement Les études réalisées avant la pandémie montrent qu’allonger le temps consacré à l’enseignement permet d’améliorer considérablement les résultats d’apprentissage (Cerdan-Infantes et Vermeersch 2007 ; Andersen et al. 2016 ; Hincapie 2016 ; Lavy 2020). Il est possible de dégager du temps d’enseignement en allongeant la journée, la semaine ou l’année scolaire (voir Adapter le calendrier académique). Organiser des cours pendant l’été permet de consacrer plus de temps d’enseignement à la remise à niveau, et de mettre en œuvre des approches ciblées telles que l’enseignement au bon niveau et le soutien scolaire en petits groupes. Si les cours d’été sont une solution assez courante, il peut être nécessaire de les ouvrir à un plus grand nombre d’élèves compte tenu des perturbations occasionnées par la COVID-19, comme l’ont fait certains pays (Perry 2020). La Belgique a proposé des cours d’été gratuits pour tous pendant l’été 2020 (UNESCO 2020b). Aux Philippines, des cours d’été ont été proposés en 2020 aux élèves ayant obtenu une note inférieure à 75 % au cours de l’année scolaire précédente (UNESCO 2020b).À Madagascar, le pays a élargi en 2020 le programme de « remise à niveau » estival de deux mois déjà existant pour les élèves qui réintégraient l’école après avoir quitté le système scolaire et il collabore avec l’UNICEF pour intégrer un enseignement ciblé dans le programme (UNICEF Madagascar 2020 ; Angrist et al. 2021). Les cours d’été contribuent à améliorer l’apprentissage lorsqu’ils sont intensifs, qu’ils disposent de ressources suffisantes, qu’ils proposent un enseignement en petits groupes dispensé par des enseignants formés et expérimentés et qu’ils mettent l’accent sur le contenu académique (par opposition aux activités récréatives ou extrascolaires). Le caractère facultatif des cours d’été rend plus difficile la garantie d’une fréquentation régulière. Une autre façon d’allonger le temps d’instruction consiste à modifier le calendrier scolaire. L’exemple du Kenya montre comment un pays a décidé d’allonger son calendrier scolaire pour permettre aux
Accélérer la reprise de l’apprentissage 6 élèves de se remettre progressivement à niveau. En mars 2020, trois mois après le début de l’année scolaire, les autorités kenyanes ont fermé les écoles et annoncé que l’année scolaire était annulée et recommencerait en janvier 2021 (Dahir 2020). Des programmes d’enseignement à distance ont été proposés toute l’année, mais ils n’étaient pas accessibles à tous (Isbell 2020). Cette décision controversée a ensuite été partiellement annulée à la fin de l’année 2020 lorsque le ministère de l’Éducation a annoncé la mise en place d’un « programme accéléré » de deux ans qui aiderait les élèves à rattraper leur retard sans avoir à redoubler les classes précédentes — en ajoutant un quatrième trimestre aux trois trimestres traditionnels de l’année scolaire, en raccourcissant les vacances et en allongeant le temps d’apprentissage dans chaque trimestre (Nabwile 2020). En octobre 2020, les élèves des classes supérieures ont repris leurs cours là où ils les avaient laissés, alors que toutes les autres classes ont commencé en janvier 2021. Le calendrier scolaire normal reprendra en 2023. Cette solution, qui a permis d’apaiser certaines craintes concernant le redoublement des élèves, a également été critiquée pour la charge qu’elle représente pour les enseignants et les élèves et le fardeau financier qu’elle fait peser sur les parents (K24 Kenya). Quelques mots sur le redoublement Compte tenu des difficultés considérables posées par la fermeture prolongée des écoles et la réduction du temps d’enseignement, plusieurs pays ont envisagé de faire redoubler les élèves pour leur permettre de rattraper leur retard. Il est difficile d’évaluer les conséquences du redoublement à court et à long terme, et il est généralement admis que celles-ci dépendent des capacités de l’élève et du moment du redoublement. Certaines études montrent que le redoublement ne présente pas de bénéfices clairs, mais présente un risque élevé de conséquences socioémotionnelles négatives, notamment une montée du stress et une baisse de l’estime de soi (Brophy 2006; Peixoto et al. 2016; Mariano, Martorell, and Berglund 2018). D’autres recherches montrent que le redoublement des élèves est plus efficace si le programme de rattrapage s’accompagne de programmes complémentaires, tels que l’identification précoce des élèves à risque, l’enseignement en petits groupes, les programmes parascolaires, les évaluations et les cours d’été. Dans l’ensemble, les données disponibles indiquent que le redoublement ne doit être utilisé que si les élèves ne sont absolument pas préparés à passer au niveau d’enseignement suivant et s’il est accompagné de mesures de rattrapage complémentaires (Education Endowment Foundation 2018b; Valbuena et al. 2020). Cependant, la plupart de ces recherches se sont limitées aux effets du redoublement sur des élèves en particulier, et les connaissances sur les effets potentiels du redoublement sur l’ensemble de la classe en cas de perturbations scolaires prolongées sont insuffisantes. Il est probable que le recours à une telle solution dans le contexte de COVID-19 soit coûteux, le cumul des élèves entrants et des élèves sortants dans une même année d’études entraînant une expansion du système et nécessitant davantage de ressources (ou une dilution des ressources existantes). Par conséquent, il serait préférable de chercher à remettre les élèves sur la bonne voie en allongeant le temps consacré à l’enseignement, en consolidant le programme d’études entre les matières et dans chacune d’entre elles afin de mettre l’accent sur les concepts clés, et en appliquant des pédagogies efficaces comme l’enseignement au bon niveau, les programmes d’autoapprentissage et le soutien scolaire. (Pour en savoir plus, voir Adapter le programme d’enseignement).
Accélérer la reprise de l’apprentissage 7
Ressources utiles
Enseigner au bon niveau • Enseigner au bon niveau : Renforcer les
compétences fondamentales pour
accélérer l’apprentissage (en anglais)
• Adapter les niveaux d’enseignement aux
objectifs et aux besoins des élèves
(ALIGNS) : des approches variées, des
principes communs (en anglais)
• Méthodes pédagogiques pour combler la
perte d’apprentissage des élèves
Soutien scolaire en petits groupes • Synthèse des études
• Distants, mais connectés : soutien scolaire
en ligne et résultats des élèves pendant la
pandémie de COVID-19
Programmes d’autoapprentissage • Combattre la crise de l’apprentissage dans
personnalisés, et enseignement assisté par les pays en développement : Expérience
ordinateur randomisée d’autoapprentissage au bon
niveau (en anglais)
• Bouleverser l’éducation ? Données
expérimentales sur l’enseignement assisté
par la technologie en Inde (en anglais)
Cours d’été • Trousse à outils pour les cours d’été (en
anglais)Accélérer la reprise de l’apprentissage 8
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