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ACCOMPAGNER LES ORGANISATIONS PAYSANNES DANS LE RENFORCEMENT DE LA PLACE DES PRODUCTEURS AU SEIN DES CHAINES DE VALEUR : L’exemple des filières cacao au Cameroun, en Indonésie, à Madagascar et en République Démocratique du Congo
INTRODUCTION La présente étude a été réalisée par Afdi pour le compte d’AgriCord afin d’analyser le rôle et les approches adoptés par des organisations paysannes (OP) cacaoyères dans la structuration de leur chaine de valeur1. Elle porte sur des OP partenaires d’Afdi, de Trias et d’Asiadhrra dans quatre pays : le Cameroun, l’Indonésie, Madagascar et la République Démocratique du Congo. Le cacao est un produit à forte valeur ajoutée, qui constitue un complément de revenu pour de nombreux producteurs, d’autant plus que le cours de ses prix a augmenté d’environ 25% depuis le début des années 2000. Cependant, le pouvoir de négociation des producteurs reste limité face aux collecteurs, aux grossistes et aux sociétés d’exportation. Par conséquent, la part que représente la rémunération des producteurs dans la chaine de valeur du cacao ne progresse pas. Pour remédier à cela, les coopératives cherchent à diminuer le nombre d’intermédiaires et à se positionner pour la commercialisation des fèves de leurs membres afin d’améliorer leur rémunération. En retour, les intermédiaires concurrencent les coopératives dans les services qu’elles déploient pour fidéliser leurs membres. Face à ce constat, les agri-agences ont souhaité documenter et partager les pratiques et le rôle des organisations paysannes partenaires dans la contribution à la structuration des filières cacao. Les OP concernées par la présente étude s’insèrent dans des contextes aux enjeux variés. Le Cameroun et l’Indonésie sont deux des plus grands producteurs de cacao dans le monde. Ces États ont mis en place des politiques de soutien axées sur le développement du broyage de cacao pour l’Indonésie et sur l’augmentation de la production dans une logique d’exportation pour le Cameroun. A l’inverse, Madagascar et la République Démocratique du Congo sont des pays qui produisent très peu de cacao et dont les États ne s’impliquent que très faiblement dans le développement de cette production. En République Démocratique du Congo, malgré un fort potentiel, la production du cacao et la régulation de son marché ne font l’objet d’aucun appui de l’État. Madagascar bénéficie d’un avantage comparatif dans la production de cacao. Son insularité a permis le développement de variétés de cacaos fins, préservés des maladies et des parasites. Ce cadre propice à la labellisation biologique et équitable de la production a favorisé l’intérêt des acteurs privés attirés par ce cacao de qualité. Les coopératives structurent leur base d’adhérents grâce à leur offre de services d’appui à la production, à la transformation et à la commercialisation du cacao. Les stratégies commerciales qu’elles développent ont un impact fort sur la chaine de valeur car elles réduisent le nombre d’intermédiaires qui la composent. Par ailleurs, leurs unions ou confédérations représentent les intérêts de leurs membres dans les interprofessions et les plateformes de concertation qui existent au niveau national. Par leurs services et leur rôle de représentation des producteurs, les coopératives sont actrices de la structuration de leur filière. Cette étude s’attache à analyser les relations que les OP entretiennent avec les acteurs de leur environnement, à identifier les complémentarités de leurs actions avec ceux-ci et à comprendre les facteurs de réussite et les difficultés qu’elles rencontrent dans leurs activités, de commercialisation du cacao notamment. Ce document est issu d’un travail bibliographique réalisé à partir de la littérature disponible sur le cacao et son marché au niveau mondial et dans les pays présentés, ainsi que des documents techniques mis à disposition par les agri- agences. Un ensemble d’entretiens menés avec les personnels et professionnels d’Afdi, de Trias, d’Asiadhrra et de leurs organisations partenaires vient compléter l’étude bibliographique. Ce document est destiné aux responsables et animateurs des partenariats concernés, ainsi qu’au réseau des agri-agences. L’étude comprend une présentation de la filière cacao au niveau mondial et de ses spécificités dans les pays étudiés. Elle regroupe aussi des informations concernant les OP partenaires et une analyse croisée de l’impact de leurs pratiques liées au renforcement de la place des producteurs dans la chaine de valeur du cacao. 1 L’expression « chaine de valeur » sera comprise ici au sens de « filière ». 2
UN RÉSEAU INTERNATIONAL ET TROIS AGRI-AGENCES Les organisations paysannes dont il est question dans ce document sont toutes partenaires de trois agri-agences membres du réseau international AgriCord : AgriCord AgriCord est un réseau international d’ «agri-agences», organisations non gouvernementales de coopération au développement ayant des liens structurels avec les organisations paysannes et rurales dans leurs pays d’origine (8 États membres de l’UE, Canada, Sénégal et Asie). AgriCord et ses agences agricoles membres apportent un soutien aux organisations paysannes des pays en développement, couvrant à la fois le renforcement des capacités et les opérations concrètes. www.agricord.org Afdi Association de solidarité internationale française, Agriculteurs français et développement international (Afdi) est une agri-agence qui construit des partenariats entre les mondes agricoles français et ceux des pays en développement. Ancrée dans le territoire, elle est composée de professionnels de l’agriculture qui s’appuient sur leurs expériences syndicales, économiques et sociales pour qu’Afdi poursuive ses trois objectifs : l’engagement en faveur de l’agriculture familiale, l’accompagnement d’organisations paysannes des pays en développement et la sensibilisation du monde agricole français au développement international. www.afdi-opa.org AsiaDHRRA AsiaDHRRA est une agri-agence située aux Philippines, composée d’organisations de développement social issues de dix pays asiatiques (Indonésie, Philippines, Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Myanmar, Corée du Sud, Taiwan-ROC et Japon). Elle œuvre pour des communautés rurales asiatiques justes, libres et vivant en paix. Elle aspire à être un catalyseur de relations partenariales, un facilitateur de développement dans les zones rurales et un mobilisateur d’expertises pour renforcer la solidarité entre les communautés rurales asiatiques. www.asiadhrra.org Trias Trias, agri-agence belge, soutient des projets d’entrepenariat en Asie, en Afrique et en Amérique latine, en partenariat avec des organisations locales dont les membres sont généralement des familles d’agriculteurs et des petits entrepreneurs. Les organisations belges partenaires de Trias apportent leurs services dans les domaines de la microfinance, de l’accès aux marchés et de la gestion d’entreprises. Le renforcement de l’entrepreneuriat local est un volet important de tous les projets de développement initiés par cette agri-agence. www.trias.ngo 3
ACCOMPAGNER LES ORGANISATIONS PAYSANNES DANS LE RENFORCEMENT DE LA PLACE DES PRODUCTEURS AU SEIN DE LA CHAINE DE VALEUR DU CACAO : INTRODUCTION........................................................................................................................................................................... 2 UN RÉSEAU INTERNATIONAL ET TROIS AGRI-AGENCES............................................................................................ 3 I / Le rôle des OP dans le renforcement de la place des producteurs au sein de la chaine...................... 6 de valeur du cacao - Enseignements II / Le cacao, un marché porteur et organisé.................................................................................................................. 7 A / Les déterminants du prix du cacao.......................................................................................................................... 7 B/ Les acteurs de la filière................................................................................................................................................. 8 III / Les filières cacao dans les pays étudiés et les OP partenaires....................................................................... 10 A / Le Cameroun............................................................................................................................................................... 11 -L a Conaprocam – Confédération Nationale des Producteurs de Cacao du - Cameroun................................... B / L’Indonésie.................................................................................................................................................................... 14 - Ngudi Mulyo.................................................................................................................................................................... C / Madagascar................................................................................................................................................................ 16 - L’Union des Coopératives Lazanny Sambirano (UCLS)........................................................................................... D/ La République Démocratique du Congo.................................................................................................................. 18 - UPINO-COOP, COOPEBAS et COOINDELO.................................................................................................................. IV / Rôles et pratiques des organisations paysannes dans le renforcement de la place............................ 20 des producteurs au sein de la chaine de valeur du cacao A / Déployer une offre de services pour fidéliser les producteurs............................................................................. 20 a) Les services au producteur, un argument de fidélisation.................................................................................... 20 b) La formation, un service fondamental des coopératives..................................................................................... 20 c) Les autres services d’appui à la production........................................................................................................... 21 B / Une prise en charge de la fermentation et du séchage au service de la commercialisation......................... 23 a) Une vente en frais ou en sec...................................................................................................................................... 23 b) La transformation du cacao par les coopératives pour une plus grande qualité............................................... 23 c) Un contrôle inhérent au maintien de la qualité........................................................................................................ 25 C / Réduire le nombre d’intermédiaires pour augmenter le prix payé aux producteurs....................................... 25 a) Les ventes au niveau individuel.................................................................................................................................. 25 b) Les ventes groupées : les ventes au niveau communal.......................................................................................... 25 c) Les ventes groupées : l’exportation............................................................................................................................ 26 d) La certification du cacao pour attirer les acheteurs et fidéliser les producteurs................................................ 28 D / Plaidoyer et représentation des producteurs, un champ à investir..................................................................... 29 a) Des instances aux objectifs variés............................................................................................................................. 29 b) Des services concrets pour les coopératives et leurs membres............................................................................ 29 c) Une implication difficile............................................................................................................................................... 29 Bibliographie : ................................................................................................................................................................... 30 Annexes : ............................................................................................................................................................................ Annexe 1 : Documents contractuels liés au service de préfinancement de la SIDI................................................... 31 Annexe 2 : Documents de suivi des transactions – Basengele (Coopebas)............................................................... 34 Annexe 3 : Convention de fermage (COOINDELO)....................................................................................................... 36 odèle de lettre de réponse à un appel d’offre de la Conaprocam et modèle de bilan....................... Annexe 4 : M 37 de la campagne de commercialisation – épargne intrants...................................................................... Annexe 5 : Procédure de suivi et de contrôle de la qualité du cacao - Cooindelo.................................................... 38 Annexe 6 : Fiches de présence des sites d’usinage - Coopebas................................................................................. 40 Annexe 7 : Documents de certification « Agriculture Biologique » - UCLS................................................................. 40 Annexe 8 : Contrat de commercialisation UCLS-Ethiquable....................................................................................... 42 4
I/L E RÔLE DES OP DANS LE RENFORCEMENT DE LA PLACE DES PRODUCTEURS AU SEIN DE LA CHAINE DE VALEUR DU CACAO - ENSEIGNEMENTS • Une offre de services concurrentielle pour fidéliser les producteurs et assurer la commercialisation La concurrence est très forte entre les coopératives et les qualité des fèves collectées. Celle-ci permet de prévenir les intermédiaires qui collectent les fèves. L’enjeu de la fidélisation déclassements de lots et d’améliorer la capacité de négociation des producteurs est tel qu’intermédiaires et coopératives des OP. Le déploiement de ces services revêt alors un enjeu fort, développent des services concurrentiels auprès des produc- celui de fidéliser les producteurs pour augmenter les volumes teurs afin de pouvoir acheter ou collecter leurs fèves. Pour commercialisés, améliorer leur qualité et ce faisant le revenu les coopératives, les services participent aussi à améliorer la des producteurs. • La diminution du nombre d’intermédiaires : un changement structurel du marché Par le regroupement des productions et l’organisation de ventes entre les producteurs et les acheteurs. Cette stratégie permet groupées, par leur emprise territoriale ou par leurs capacités de d’obtenir une meilleure rémunération pour les producteurs mais prospection de clients, les coopératives cacaoyères s’engagent sa réussite reste dépendante de la capacité des coopératives à dans une démarche de réduction du nombre d’intermédiaires être visibles sur les marchés et à négocier les ventes de fèves. • Formaliser les relations pour les pérenniser La formalisation des liens entre les coopératives et leurs aussi d’assurer le bon déroulement des opérations de vente acheteurs permet d’apporter plus de transparence dans le prix entre les producteurs et les coopératives. Le suivi de ces outils et d’améliorer la confiance des parties prenantes. Le respect par des élus/responsables est garant de leur application. Afin des contrats passés avec les clients permet de renouveler les d’illustrer au mieux la formalisation des liens entre acteurs pour transactions commerciales sur plusieurs années. Il en est de les cas présentés dans le document, des exemples d’outils sont même avec les achats de fèves que les OP réalisent auprès présentés en annexe. de leurs membres. La mise en place d’outils de suivi permet • Les marchés de niche, une stratégie payante mais très contraignante La certification et la labellisation des plantations donnent du prix du cacao au respect de cahiers des charges et au la possibilité aux membres des coopératives d’obtenir une paiement de leur renouvellement. L’enjeu de la fidélisation et meilleure rémunération. Elles conditionnent la revalorisation de la formation des producteurs devient alors déterminant. • Un travail de plaidoyer à mener auprès des acteurs de la filière et de l’État L’existence d’une politique nationale en faveur de la filière Dans ce cadre, leur participation aux réflexions et activités cacao facilite le commerce des fèves et la mise en place de menées dans les interprofessions et les instances de concertation services adéquats auprès des producteurs. Le financement de avec l’État est déterminante dans la représentation des intérêts programmes de soutien, la présence d’acteurs complémentaires des producteurs. Ces instances peuvent aussi proposer des (instituts de recherche, de financement, etc.) et la services transversaux aux OP (visibilité, informations sur les réglementation du marché sont autant d’éléments qui peuvent prix, etc.). favoriser les activités des coopératives. 6
II / LE CACAO, UN MARCHÉ PORTEUR ET ORGANISÉ A / Les déterminants du prix du cacao Le cacao est une filière agricole à haute valeur ajoutée potentielle de marchés en Chine, en Inde, au Brésil et en Afrique du Sud dont la production est dominée par cinq pays : la Côte d’Ivoire a entraîné une hausse de la consommation de 7%, tirant les prix (1,5 million de tonnes), le Ghana (780 000t), qui produisent à la hausse (3). 60% du cacao mondial, l’Indonésie (380 000t), l’Équateur Cependant, certains événements économiques, politiques (230 000t) et le Cameroun (220 000t) (1). Produit en zone et climatiques peuvent impacter la production et les facilités intertropicale, le cacao est transformé et consommé en Europe, d’approvisionnement à court terme, rendant le cours des en Russie et aux États-Unis principalement mais aussi en Chine, prix du cacao plus volatil. Par exemple, l’instabilité politique en Inde et au Brésil depuis quelques années. et les difficultés à collecter le cacao en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a entraîné en 2002-2003 une L’International Cocoa Organization (ICCO) a été créée en 1973. flambée des prix du cacao (4). Elle regroupe les pays producteurs et les pays consommateurs de cacao afin d’appliquer le premier Accord International sur le Selon l’ICCO, le prix du cacao a chuté de moitié entre 2016 Cacao signé en 1963. Au total, sept accords internationaux sur et 2017 avec le ralentissement de l’essor de la demande des le cacao ont été signés par les membres de l’ICCO. L’organisation marchés émergents. Cependant, il reste environ 25% supérieur travaille ainsi au développement d’un marché mondial et à son niveau de l’an 2000. durable du cacao notamment en favorisant la transparence de la filière : taxes, tarifs douaniers, coûts de production, information Le graphique suivant illustre l’évolution des cours des prix du des marchés, gestion du risque de prix lié aux variations de cacao au niveau mondial, sur une période de 12 ans. Il permet marché (2). d’apprécier la fluctuation des prix sur ce pas de temps mais ne reflète pas de manière fidèle le prix payé aux producteurs. Les prix du cacao sont alignés sur les cours mondiaux. En effet, ce prix correspond au prix sur les marchés à terme Structurellement, son marché connait des périodes de qui est, en général, légèrement supérieur au prix payé surproduction et de sous-production longues en raison aux producteurs. L’enjeu pour les producteurs, via leur du cycle de production du cacaoyer. L’évolution de la demande, coopérative, est alors d’obtenir un prix de vente le plus en rapport avec les capacités de production, détermine alors proche possible de ces cours mondiaux voire un prix supérieur le niveau des cours mondiaux. Depuis cinq ans, l’émergence pour les cacaos fins et/ou labellisés. Evolu-on des prix mondiaux du cacao de 2005 à 2017 (selon l'ICCO) : 4000 3500 3000 2500 En US$/t 2000 1500 1000 500 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Le marché du cacao distingue le cacao de consommation et marchés de niche préservent en partie les producteurs le cacao fin, jugé plus savoureux. Le marché du cacao fin est de la volatilité des prix et améliorent leur rémunération. très sensible aux dégradations de la qualité des fèves. Elles En contrepartie ils nécessitent de suivre des cahiers des sont le principal facteur de déclassement des fèves sur les charges précis lors de la production, de la transformation marchés. La qualité des fèves est évaluée selon leurs défauts, et du conditionnement du cacao et que les OP réussissent leur arôme, leur degré de fermentation et leur taux d’humidité. à être en connexion directe avec des acheteurs spécifiques. Ces éléments sont en grande partie dépendants des étapes de Cela représente des coûts de suivi et de contrôle qualité plus récolte et de première transformation des fèves, assurées par importants. Les certifications et labels représentent 15% du les producteurs eux-mêmes. marché mondial du cacao en 2016 selon le Syndicat du chocolat, dont 0,5% pour le cacao labellisé « Agriculture Biologique » (3). Ces dernières années, le développement des labels « Agriculture biologique » et « Commerce équitable » ont contribué à revaloriser la rémunération des producteurs. Ces nouveaux 7
B / Les acteurs de la filière La majorité des producteurs de cacao pratiquent une Les sociétés d’exportation et les négociants jouent le rôle agriculture familiale diversifiée. Le cacao représente un d’interface entre les bassins de production du cacao, dans complément de revenu intéressant pour eux. Ils sont les pays tropicaux, et les bassins de transformation du généralement peu structurés et disposent d’un pouvoir de cacao, principalement en Europe (48 % de la consommation négociation limité par leurs besoins financiers, leur faible mondiale) et aux États-Unis (25% de la consommation accès au marché et les faibles volumes de fèves qu’ils peuvent mondiale). Ces acteurs constituent l’échelon le plus concentré vendre. Ils ont un faible niveau d’équipement, notamment pour de la chaine de valeur du cacao. En 2013, les huit plus grands fermenter et sécher leurs fèves, étapes nécessaires à l’obtention négociants du cacao représentaient 60 à 80% du marché d’un cacao de bonne qualité. Les producteurs commercialisent mondial : Barry Callebaut, ADM, Olam, Cargill, Ecom, Touton, leurs fèves individuellement ou au travers de coopératives. Ils Blommer, Continaf. vendent leurs fèves à des intermédiaires ou aux exportateurs, plus rarement à des transformateurs (5). Les transformateurs achètent le cacao aux négociants et sociétés d’exportation. Les six plus grands transformateurs de Ils font face à la concurrence de grandes plantations étatiques cacao représentaient 40% du marché mondial : Mars, Nestlé, ou d’entreprises privées, disposant d’un meilleur accès au Ferrero, Mondelez, Hershey, Lindt & Sprüngli. marché, de capacités de production plus importantes et d’une Certains transformateurs, qui travaillent le cacao de qualité ou meilleure capacité de financement. certifié, s’approvisionnent directement, sur de faibles volumes, en fèves de cacao dans les bassins de production. Les producteurs vendent généralement leurs fèves aux collecteurs. Ceux-ci sont rémunérés à la commission par les Les distributeurs opèrent dans les bassins de consommation grossistes et les sociétés d’exportation qui collectent les fèves des produits issus du cacao : l’Europe, la Russie, les États-Unis à plus grande échelle, rassemblant les volumes brassés. Les et depuis quelques années la Chine, l’Inde ou le Brésil. sociétés d’exportation disposent d’une capacité financière supérieure à celle de la plupart des grossistes et sont plus à même de proposer différents services aux producteurs pour sécuriser leur approvisionnement en fèves. Les fèves sont vendues par les grossistes aux sociétés d’exportations, puis ensuite revendues aux négociants. Répartition de la valeur ajoutée finale du cacao en 2015 (selon l’ICCO) : 1% 7% 1% 4% 0% Producteurs Intermédiaires 44 % Impôts et offices na;onaux Tarifs douaniers Négociants Transformateurs 43 % Distributeurs 8
Le cacao, une culture intertropicale consommée en Europe, aux États-Unis, en Russie et dans les marchés émergents : Bassins de consommation Bassins de production Marchés % émergents +106% +132% +245% +99% +51% Organisation des acteurs de la chaine de valeur du cacao et circulation des fèves : Consommateurs Distributeurs Institutions de Négociants Transformateurs financements Interprofession Offices Préfinancement de la collecte des fèves Union des Programmes Transformateurs organisations de soutien État Nationaux paysannes Instituts de sentation Repré- Sociétés recherche d’exportation Marchés communaux Grossistes Distributeurs & Consommateurs locaux Programmes de soutien formation, équipement) formation, équipement) Services (crédit, Services (crédit, Organisations Collecteurs Collectivités paysannes locales Producteurs Appuis à la production, à la valorisation, à la commercialisation Les offices agricoles sont des agences étatiques qui interviennent notamment dans l’organisation et la régulation des marchés. Ils ont pour objectif de permettre une meilleure collaboration entre État et acteurs des filières. Les interprofessions agricoles sont les regroupements d’acteurs économiques engagés dans une filière. Elles ont pour rôle de favoriser le dialogue et les relations entre les différents intervenants d’une filière donnée. 9
III / LES FILIÈRES CACAO DANS LES PAYS ÉTUDIÉS ET LES OP PARTENAIRES Les coopératives partenaires des agri-agences s’inscrivent dans des filières aux contextes très différents. Le Cameroun et l’Indonésie sont deux grands producteurs de cacao dans le monde qui ont mis en place des politiques de soutien à la filière tandis que Madagascar et la République Démocratique du Congo sont des pays qui produisent très peu de cacao et dont les États n’appuient que très faiblement la filière. Les OP bénéficient donc d’appuis variés et ont développé leurs activités en fonction de ceux-ci. Pays et OP étudiés dans le document : République Cameroun Indonésie Madagascar Démocratique du Congo Données de contexte pays Production (t/an) 220 000 320 000 8 000 6 000 Part de l’ agriculture dans 3% 3,6% 7% 3,6% le budget national (%) 30 000 t/an Capacité de broyage Très faible Transformation nationale 15% de la production de 900 000 t/an (quelques tonnes) - nationale Importation Chocolats Robert SAU/producteur (ha) 2,5 à 5 ha 0,5 à 1,5 ha 1,4 ha 0,5 à 4 ha Rendement (t/ha) 0,3 à 0,4 t/ha 0,23 t/ha 0,5 à 0,7 t/ha 0,3 t/ha Proportion de 20 à 30 % 10 % 10 % producteurs en OP Office national Office national Office Dekaindo du café et du cacao du cacao Groupement Conseil Interprofessionnel Interprofession des acteurs du cacao du café et du cacao de Madagascar Données sur les OP étudiées dans le document Confédération des Union des coopératives Coopebas, Cooinde- Organisation paysanne producteurs de cacao du Ngudi Mulyo du Lazan’ny Sambirano lo, Upino-coop Cameroun Date de création 2002 2007 2009 2010 - 2011 Niveau d’intervention National District Régional Régional 23 coopératives 57 organisations Nombre de coopératives 10 coopératives 23 coopératives (fédérations) paysannes / membres 1 300 membres 420 membres 10 000 membres 1 029 membres Production de la coopérative (t/an) – 11 500 t/an – 5,2 % 1 000 t/an – 0,3 % 250 t/an – 3% 350 t/an – 5,8% Part dans la production nationale (%) Part de la production commercialisée par 15 % 1,5 % 40 % 38,5 % la coopérative (%) Agri-agence partenaire Afdi Asiadhrra Afdi Trias 10
A / LE CAMEROUN Fiche d’identité : • 5e producteur mondial – 220 000 t/an • Rendement moyen : 0,3 à 0,4 t/ha • 3 % du budget national est consacré à l’agriculture • 20 à 30 % des producteurs sont réunis en OP • 15 % de la production est transformée sur place • Office : Office national du café et du cacao par des industries et des artisans • Interprofession : Conseil interprofessionnel • Superficie moyenne/producteur : 2,5 à 5 ha/producteur du café et du cacao Plus de 95% de la production de cacao est assurée par les producteurs familiaux Zones cacaoyères Niveau d’intervention des organisations paysannes Autres régions / provinces du pays Pays voisins 11
Jusque dans les années 1990 la filière cacao était fortement bénéficie aussi de ces prélèvements. Il est chargé du contrôle régulée par l’État. Celui-ci agréait les collecteurs de fèves, de la qualité du cacao pour l’exportation et du suivi de la soutenait des mécanismes de stabilisation des prix et organisait production et de la commercialisation. En pratique il est très les exportations de cacao. Depuis, la filière a été libéralisée et peu actif dans ces deux derniers aspects et se focalise plutôt sur l’encadrement de l’État a considérablement diminué. L’abandon le contrôle de la qualité des fèves. de cette régulation a entraîné l’amélioration du prix du cacao payé aux producteurs, par la diminution des prélèvements, L’interprofession cacaoyère, le Conseil interprofessionnel du mais l’a aussi rendu plus volatil. cacao et du café bénéficie elle aussi de financements pour ses programmes grâce à ces prélèvements. Fondée en 1992, Le cacao reste une filière importante au Cameroun. Il représente elle réunit producteurs, transformateurs et exportateurs pour aujourd’hui 19% des exportations nationales et environ améliorer les avantages comparatifs de la filière. Elle est 600 000 emplois directs ou indirects. L’État camerounais mandatée pour représenter les acteurs de la filière, gérer la Caisse soutient la filière et ambitionne de produire 600 000 tonnes de Mutuelle de Cautions et de Garanties Professionnelles, réguler cacao supplémentaires d’ici 2020 en plantant 400 000 hectares la commercialisation des fèves et émettre des propositions de supplémentaires (6). réforme des systèmes de production et de commercialisation. Pour ce faire, elle met en place des programmes structurants Un prélèvement est exercé sur le cacao commercialisé et concernant la commercialisation des fèves, l’accès des exporté. Il alimente entre autres le Fonds de développement producteurs aux financements, la certification des cultures, la du café et du cacao (FODECC). Le ministère de l’agriculture transformation locale, l’adaptation au changement climatique. (Minader) coordonne les programmes de soutien à la filière financés par ce fonds. L’Office national du café et du cacao LA CONAPROCAM Confédération nationale des producteurs de cacao du Cameroun Date de création : 2002 Nombre de coopératives : 23 coopératives (fédérations) de producteurs et 10 000 membres. Production : 11 500 t – 5,2 % de la production nationale Part de la production commercialisée par la coopérative : 15 % Principaux services : Achats groupés d’intrants, pépinière, champs-écoles paysans, vente groupée Les services indiqués "en gras" sont décrits dans la partie IV du document Après la libéralisation de la filière, l’État a repris un programme production, d’entretien des plantations, de fermentation- de la coopération française en regroupant les planteurs séchage du cacao et sensibilisent les producteurs sur les en OP afin de les aider à faire face aux exportateurs et à thématiques organisationnelles liées à la vie des coopératives. s’adapter à la libéralisation du secteur. De cette initiative De plus, les coopératives produisent des plants de cacaoyers est née la Conaprocam. Cette confédération a rapidement améliorés afin d’assurer le renouvellement des plantations de mis en place un service d’approvisionnement en intrant leurs membres. pour pallier les insuffisances de la SODECAO, l’organisme d’état chargé d’approvisionner les producteurs en intrants Les coopératives de base vendent les fèves de leurs membres avant la libéralisation. L’achat groupé d’intrants est sur les marchés communaux (service de vente groupée), devenu l’un des cœurs de métiers de la confédération améliorant ainsi fortement la rémunération des producteurs. avant de péricliter. Depuis, la Conaprocam cherche Ainsi en 2016, le différentiel de rémunération enregistré a été à relancer ce service et à rétablir la confiance entre ses de 50 à 250 FCFA/kg (0,08 à 0,38€/kg) par rapport à une vente membres et leurs coopératives de base afin de faire face individuelle. Parallèlement, la confédération prospecte des à la concurrence des collecteurs qui proposent des crédits clients étrangers (négociants, transformateurs) pour réduire d’intrants à ses membres en échange de fèves. encore le nombre d’intermédiaires avec les producteurs : elle a par exemple envoyé plusieurs échantillons de fèves La confédération a aussi développé un important système à l’entreprise Valrhona qui s’est montré intéressée par le produit de formation de ses membres au travers de champs-écoles et prête à acheter du cacao directement auprès de la paysans dans son réseau de coopératives. Des producteurs- Conaprocam. relais, formés par des experts, diffusent les pratiques de
LE PARTENARIAT AFDI-CONAPROCAM : Le partenariat avec Afdi a débuté en 2003, peu après la création de la Conaprocam, et porte sur plusieurs aspects. Afdi renforce les capacités organisationnelles de la Conaprocam. Elle a accompagné la confédération, ses fédérations et ses organisations de base dans le passage au statut de coopératives pour se conformer à l’Acte Uniforme de la loi OHADA de 2013 à nos jours. Elle appuie la Conaprocam dans la sensibilisation de ses membres et des membres potentiels aux valeurs et au fonctionnement des coopératives pour favoriser leur adhésion. L’agri-agence soutient aussi la confédération dans la conception et le déploiement de ses services. Lorsque le Minader a souhaité octroyer un fonds de roulement au service d’achat groupé d’intrants de la Conaprocam, Afdi a accompagné les élus paysans à définir le schéma de décision du service (recensement des besoins, appel d’offre, prêt, remboursement) et à sensibiliser les membres des fédérations afin de susciter leur adhésion. Elle a aussi apporté des formations comptables aux élus des fédérations et organisations de base pour assurer le bon déroulement des achats groupés. Enfin, Afdi facilite la mise en relation de la confédération avec des transformateurs et clients européens afin d’appuyer la commercialisation des fèves des coopérateurs. Le partenariat avec la Conaprocam représente 3 296 h.j de formation technique depuis 2012, 3 000 membres sensibilisés chaque année par les élus autour de la gouvernance interne et de l’application de l’acte uniforme OHADA relatif aux sociétés coopératives (loi N°92/0006, 14/08/1992). « L’appui d’Afdi a été très important pour nous. Les témoignages de ses professionnels auprès des coopératives ont assis le service d’achat groupés d’intrants et ont renforcé l’adhésion de nos membres. » Alexis Koundi, Président de la Conaprocam 13
B / L’INDONÉSIE Fiche d’identité : • 3e producteur mondial – 320 000 t/an en 2016 • Rendement moyen : 0,23 t/ha • 3,6 % du budget national est consacré à l’agriculture • Office : Office indonésien du cacao (Dekaindo - Dewan • Capacité de broyage de 900 000 t/an (importation) Kakao Indonesia) • Superficie moyenne : 0,5 à 1,5 ha/producteur – Moyenne de 450 à 800 plants/producteur Producteurs familiaux : 87 % de la production, Plantations étatiques : 8 % de la production, Entreprises : 5 % de la production Zones de production cacaoyère en Indonésie et zone d’activités de Ngudi Mulyo : Zones cacaoyères Niveau d’intervention des organisations paysannes Autres régions / provinces du pays Pays voisins La culture du cacaoyer s’est développée à la fin des années Cependant, la culture du cacao fait l’objet d’un fort 1970 en Indonésie. L’amélioration des rendements en riz désintéressement de la part des producteurs, au profit du a permis aux producteurs de diversifier leurs cultures et palmier à huile et du caoutchouc, devenus plus rémunérateurs l’augmentation des prix du cacao a motivé la culture de la fève. à partir de 2015 (7). En 2010 la production a atteint 844 626 tonnes de fèves mais elle a chuté à 320 000 t/an depuis 2013. Depuis, le pays a mis Le Dewan Kakao Indonesia (Dekaindo) est un office fondé en en place des mesures douanières incitatives afin de favoriser 2007 par d’importants acteurs industriels de la filière avec le le développement d’une industrie de broyage des fèves et est gouvernement et différentes associations d’acteurs du cacao : devenu un importateur net de fèves de cacao. Il encourage dans producteurs, industriels, recherche. Il a pour but de promouvoir le même temps l’utilisation de fèves indonésiennes par des et développer la filière cacao nationale en favorisant les prélèvements inférieurs à ceux exercés sur les fèves importées synergies entre acteurs et en étant force de proposition auprès (1). du gouvernement. Les producteurs y sont représentés par l’Indonesian Cocoa Farmers Association. 14
NGUDI MULYO Date de création : 2007 Nombre d’associations de producteurs : 10 associations et 1 300 membres Production : 1 000 t – 0,3 % de la production nationale Production commercialisée par Ngudi Mulyo: 10,78 tonnes de fèves fermentées par an et 3,96 tonnes de fèves fraîches par an Principaux services : appui technique à la production, mise en place de pépinières, formation et équipement pour la fermentation et le séchage des fèves, vente groupée Ngudi Mulyo est une union d’associations de producteurs qui a ont participé à la première vente groupée organisée. Leur pour but d’améliorer les revenus de ses producteurs membres. rémunération a été améliorée de 1 000 à 2 000 roupies (0,06 Pour ce faire, elle a développé une offre de services à même à 0,13€/kg). d’appuyer ses membres dans la production, la fermentation et le séchage de leur production : formations, équipement, appui Au travers du Dekaindo, Ngudi Mulyo a su mobiliser l’appui de organisationnel. l’institut de recherche indonésien sur le cacao et le café (ICCRI) afin d’améliorer la qualité des fèves produites par ses membres. L’union fait partie du Forum des producteurs de Gunungkidul, De la même façon, elle essaie aujourd’hui de mobiliser une institution régionale de concertation entre les producteurs l’expertise de l’association indonésienne de l’industrie du cacao et le gouvernement sur les problématiques de production. et du chocolat afin d’améliorer les produits transformés à base Elle a aussi créé un groupement en 2016, appelé Galih, visant de cacao qu’elle vend. à commercialiser le cacao de ses membres. 140 membres L’AGRI-AGENCE ASIADHRRA ET NGUDI MULYO : Asiadhrra accompagne Ngudi Mulyo dans le renforcement de capacités de ses membres. Elle a notamment appuyé l’organisation et ses membres au travers de formations sur les pratiques de production et de première transformation du cacao. Elle s’associe à la sensibilisation que mène Ngudi Mulyo sur la formation de groupes de production par ses membres afin d’améliorer les rendements des producteurs et la qualité des fèves qu’ils produisent. « Ngudi Mulyo m’a permis d’atteindre une plus grande autonomie. Son projet sur le cacao m’a apporté les connaissances et les compétences nécessaires à la production d’un cacao de qualité et à l’entretien de ma plantation ». Sri MURTIRAHAYU, membre de Ngudi Mulyo 15
C / MADAGASCAR Fiche d’identité : • 8 000 t/an – Production localisée dans le Sambirano • Rendement moyen : 0,5 à 0,7 t/ha • 7 % du budget national est consacré à l’agriculture • 10 % des producteurs sont réunis en OP • Faible capacité de transformation locale • Office : Conseil national du cacao (Chocolats Robert) • Interprofession : Groupement des acteurs du cacao • Superficie moyenne/producteur : 1,4 ha de Madagascar La majorité de la production est assurée par des producteurs familiaux Le cacao a été introduit à Madagascar au début du XXe siècle. Les producteurs se sont progressivement appropriés la culture du cacao en marge des plantations coloniales. L’importance des variétés produisant du cacao fin dans les plantations de Madagascar a permis aux cacaoculteurs de bénéficier d’une grande renommée auprès des transformateurs (8). La qualité du cacao malgache est essentielle à sa commercialisation car la totalité de la production de l’île est labellisée « cacao fin ». Cette qualité permet d’attirer des clients et d’obtenir une meilleure rémunération que pour du cacao de consommation. Aussi, la préservation de la qualité du cacao est centrale à Madagascar. Dans ce contexte, une forte proportion des plantations de Madagascar sont certifiées « Agriculture Biologique » ou « Commerce Équitable ». L’État malgache s’investit très peu dans la filière cacao, par manque de stabilité et de moyens. Il existe cependant un Conseil national du cacao, chargé de mettre en relation les acteurs privés et étatiques pour réglementer et réguler la filière. Ce conseil a par exemple définit les normes de qualité du cacao de Madagascar. Les collectivités locales prennent aussi en charge l’organisation de marchés communaux pour la vente des fèves. La filière est avant tout portée par les acteurs privés attirés par un produit de qualité. L’apparition de négociants peu regardants sur la qualité des fèves constitue une menace sur la stabilité de ce marché. Préserver cette qualité est donc un enjeu phare sur l’île. Les acteurs privés de la filière (producteurs, transformateurs, exportateurs) sont réunis au sein du Groupement des acteurs du cacao de Madagascar. Celui-ci permet à ses membres de bénéficier d’une meilleure visibilité du cacao malgache auprès des clients étrangers et d’informations sur le marché mondial du cacao (prix, actualités de l’ICCO). Zones cacaoyères Niveau d’intervention des organisations paysannes Autres régions / provinces du pays 16
L’UNION DES COOPÉRATIVES LAZANNY SAMBIRANO (UCLS) Date de création : 2009 Nombre de coopératives : 23 coopératives / 420 membres Production : 250 tonnes – 3% de la production nationale Part de la production commercialisée par la coopérative : 40 % Principaux services : formations à la production de cacao, fermentation et séchage des fèves en commun, vente groupée, certification L’UCLS est une union de coopératives qui a pour but d’améliorer Ils définissent par exemple le volume de fèves que chaque les conditions de vie de ses membres par la promotion et la membre doit vendre à la coopérative pour répondre à la commercialisation de leurs fèves. demande du client, ce volume est appelé « quotas ». Elle forme et accompagne ses membres dans la certification L’UCLS, qui commercialise les fèves de ses membres de leurs parcelles. Pour ce faire elle a désigné des contrôleurs auprès d’Ethiquable depuis 2010, développe des relations internes dans chaque coopérative. Ils sont chargés de conseiller commerciales avec de nouveaux clients. L’activité commerciale et suivre les producteurs dans la production de fèves. Ils de la coopérative et la certification de la production permettent contrôlent aussi la qualité des fèves après leur fermentation et aux producteurs d’obtenir une rémunération supérieure aux leur séchage. prix pratiqués sur les marchés nationaux : 13 500 ariary/kg au lieu de 9 500 ariary/kg (3,55€/kg au lieu de 2,5€/kg) pour L’union de coopératives répond aussi au besoin matériel des 2016. La renommée du cacao de Madagascar et le haut producteurs par la construction d’équipements de fermentation niveau d’exigence des acheteurs de fèves certifiées impliquent et de séchage communs (caisses de fermentation, séchoirs) pour la coopérative de proposer un produit de la qualité. pour répondre à la demande de ses clients en fèves sèches. Pour cette raison, l’union de coopératives ne mobilise que les Dans chaque coopérative, des salariés temporaires prennent fèves de ses membres pour honorer ses contrats. Le respect en charge cette première transformation des fèves des des contrats et la qualité de sa production ont permis à l’union membres. Les élus des coopératives sont responsabilisés dans d’entretenir et de renouveler les relations avec son client le fonctionnement des sites de fermentation et de séchage. années après années. LE PARTENARIAT AFDI-CONAPROCAM : Afdi accompagne l’UCLS sur des aspects techniques, économiques et organisationnels. Elle a notamment accompagné les élus dans l’élaboration de règles communes d’utilisation des unités de transformation des fèves, dans la formation des producteurs et dans la commercialisation des fèves. Elle a appuyé la coopérative dans la définition de quotas de ventes de fèves et dans la prospection de clients. Grâce à son action, l’UCLS a pu se rapprocher d’une entreprise d’investissement solidaire, la Sidi, afin de bénéficier d’un préfinancement pour honorer les contrats qu’elle passe avec Ethiquable (annexe 1: Documents contractuels liés au service de préfinancement de la SIDI). « Être membre de l’UCLS est intéressant car cela nous permet à nous, les producteurs, d’avoir un prix supérieur aux prix locaux. Actuellement nous gagnons 7.000 Ar/kg (1,86€/kg) avec l’UCLS contre 5.000 Ar/kg (1,33€/kg) au maximum avec les collecteurs locaux » Vivien RAZAFIMANDIM, membre de l’UCLS 17
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