Actes du séminaire de prévention Cpas1option - 29 ET 30 MARS 2021 Accueilli et co-organisé par l'ENAC - CDEFI

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Actes du séminaire de prévention Cpas1option - 29 ET 30 MARS 2021 Accueilli et co-organisé par l'ENAC - CDEFI
Actes du séminaire de
prévention Cpas1option
     29 ET 30 MARS 2021
Accueilli et co-organisé par l’ENAC
              À distance
Actes du séminaire de prévention Cpas1option - 29 ET 30 MARS 2021 Accueilli et co-organisé par l'ENAC - CDEFI
Sommaire

JOURNÉE DU 29 MARS
 Lancement de l’édition 2021 de Cpas1option                          1

 Table-ronde sur le bien-être étudiant                               5

 Conférence sur l’isolement                                         10

 Intervention de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement su-
 périeur, de la recherche et de l’innovation                        12

JOURNÉE DU 30 MARS
 Conférence sur la responsabilité                                   14

RÉSUMÉS DES JOURNÉES
 Résumé de la journée du 29 mars                                    17

 Résumé de la journée du 30 mars                                    24
Actes du séminaire de prévention Cpas1option - 29 ET 30 MARS 2021 Accueilli et co-organisé par l'ENAC - CDEFI
Lancement de l’édition 2021
                        de Cpas1option

Première journée du séminaire Cpas1option portant sur la prévention des conduites à risque chez
les étudiants. Olivier Chansou, le directeur dénéral de l’École nationale de l’aviation civile (ENAC), a
lancé l’édition 2021 avec un enthousiasme sincère. « Cette année, le thème de notre séminaire est le
bien-être étudiant, une problématique devenue encore plus importante par les temps qui courent »,
a-t-il déclaré.

Cette grande école toulousaine spécialisée dans l’aéronautique aurait dû accueillir en ses locaux
les rencontres, mais étant donné le contexte épidémique, l’ENAC a accueilli sur la plateforme Zoom
un peu plus de 230 participants. Deux jours d’échanges sur le bien-être étudiant et la prévention
des addictions auxquels ont participé des directeurs d’établissement, leur administration, ainsi que
des étudiants investis dans la vie associative. « Cet espace de discussion est un moment privilégié
pour partager les bonnes pratiques concernant la santé des étudiants, un thème très abordé car
les élèves sont de plus en plus stressés face aux difficultés économiques qu’ils rencontrent et aux
incertitudes sur leur avenir », a rappelé Olivier Chansou.
« Depuis un an, on a pris l’habitude d’échanger par visioconférence mais cela ne facilite pas l’inté-
gration des étudiants, souligne l’ingénieur en aviation civile. La question qui se pose pour tous les di-
recteurs d’école est celle de l’équilibre entre les cours en ligne et le présentiel ». Élèves et étudiants
sont devenus des « victimes de l’isolement et du distanciel, qui a exacerbé les inégalités ». « Notre
mission de grande école est de former des nouveaux citoyens prêts à entrer dans le monde du tra-
vail, notamment avec des démarches de prévention face à l’alcoolisme et aux conduites à risque »,
a réaffirmé le DG de l’ENAC.
À sa suite, Aline Lebrun Faes, pilote du groupe de travail Cpas1option, a confirmé son « vrai regret
de ne pas faire cette rencontre en présentiel mais espère que l’an prochain les conditions seront
à nouveau réunies ». Et a remercié chaleureusement « la présence, bien que virtuelle, de tous les
participants ».
« Étudiante en dernière année d’école d’ingénieurs à Besançon », Gaëlle Petitjean est aussi « co-res-
ponsable prévention au BNEI », le Bureau national des élèves ingénieurs, depuis un an. Elle a rappelé
que le BNEI « représente 185 000 élèves-ingénieurs en France », et que l’organisation porte une
mission de « prévention des addictions en milieu festif et quotidien » pour garantir le bien-être et
donc le bon déroulement des études des promotions.
Ensuite, elle a proposé « un petit jeu » pour inviter les quelque 200 participants à se joindre à la dé-
marche de réflexion Cpas1option, « en créant un nuage de mots sur le thème de la prévention ». Tour
à tour et d’une couleur différente, les mots et expressions suivantes ont gravité sur l’écran : « anti-
cipation », « prévenir », « conseils », « accompagner », « responsabilité », « gestion des risques »,
« nécessité » ou encore « sensibilisation ». À l’aide de cette activité interactive et ludique qui a fait
sourire, Gaëlle Petitjean a voulu « donner les clefs aux établissements et aux étudiants pour propo-
ser des évènements fun et responsables, sans diaboliser les évènements festifs ».

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Le point de départ de la démarche de prévention remonte à « 2005, quand on a fait le constat qu’il y
avait des accidents assez graves lors des soirées d’intégration et rencontres étudiantes », a expliqué
l’étudiante ingénieure. Le BNEI, la CGE (Conférence des grandes écoles) et la CDEFI (Conférence
des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) se sont alors associées pour former le groupe
Cpas1option.

« Nous souhaitons partager les bonnes pratiques, a affirmé Alice Guilhon, directrice générale de
SKEMA Business School, et assurer un transfert de connaissances pour que les jeunes profitent de
leurs années et de leur vie étudiantes, c’est ce qu’il y a de plus beau », se souvient-elle en souriant.

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Également élue de la CGE, elle a expliqué l’intérêt « de détecter les signaux faibles de mal-être et
d’addiction chez les étudiants pour les accompagner, quel que soit leur origine, quel que soit leur
situation et leur éloignement avec la famille ». « On est à vos côtés et vous pouvez nous solliciter
quand vous le voulez », a assuré Alice Guilhon.

À son tour, Philippe Dépincé a applaudi l’initiative. « Cpas1option permet de considérer les choses
avec recul ». Président de la commission Formation et société de la CDEFI, l’organe représentant
l’ensemble des écoles françaises d’ingénieurs accréditées par la CTI (Commission des titres
d’ingénieur) auprès de l’État, il a expliqué sa mission : « la priorité de la CDEFI réside notamment
dans la capacité à permettre aux étudiants de vivre leur vie étudiante et d’entrer dans le monde
du travail. Ce qui manque depuis le début de la crise, c’est de créer du lien, c’est primordial pour les
jeunes adultes ».

« Il y a trois étapes dans notre démarche : la stratégie, l’application et la rétroaction, et elles
fonctionnent comme un cycle », a renchéri Gaëlle Petitjean. De nombreux partenaires accompagnent
Cpas1option, détaille l’étudiante : Monte ta soirée, La Croix rouge, les fédérations d’addictions, etc.
Et elle a rappelé que « le premier séminaire de prévention a eu lieu en 2013, et la première charte
signée en 2007 a beaucoup évolué ». Parmi les sept points de cette charte, on retrouve les suivants :
l’importance du binôme direction-BDE, la mise en place d’actions concrètes et d’outils pour prévenir
les conduites à risque chez les élèves et la formation de tous les acteurs de la vie étudiante.

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Puis s’est lancé un temps d’échanges modéré par Aline Lebrun Faes, la pilote du groupe Cpas1option.
Alice Guilhon, la directrice générale de SKEMA Business School, a notamment proposé l’élaboration
d’« un seul document assez exhaustif et qui pèse un peu plus lourd, [pour] le montrer à toutes les
parties prenantes comme les étudiants, et surtout le ministère ».

Xuan Meyer, directrice adjointe de l’INP-ENSIACET de Toulouse, a souligné la problématique des
passations. « Quand on change d’équipe administrative ou étudiante, il y a une perte des informations
et une perte de connaissances dans les bonnes pratiques », s’est inquiétée l’ingénieure en génie
chimique.

Alban Charonnat, président du BDE de l’INSA Toulouse et Louis Rampal, du BDE de l’ESEO à Angers,
ont partagé leurs bonnes idées. Tous deux ont expliqué avoir fait leur « passation pendant le
confinement », et pour renforcer le lien avec les nouveaux et anciens du BDE, « on a fait des capsules
vidéo pour être plus dynamique et plus sympa qu’un doc papier ». Une initiative qui a sans doute fait
des intéressés dans l’auditoire.

Puis, Xuan Meyer a demandé au groupe de travail si « quelque chose va être fait pour les harcèlements,
les violences sexistes et sexuelles ». En réponse, Aline Lebrun Faes a assuré que Cpas1option « va
travailler là-dessus dans les prochains mois » et a rappelé l’existence de « la plateforme SOIREE de
CentraleSupélec pour organiser des soirées intelligentes et qui respectent la législation ».

Le responsable vie étudiante d’Audencia, Constantin Ciovica, a quant à lui recommandé de faire
« une version en anglais de la charte », « une excellente question » pour Aline Lebrun Faes, réjouie
par tant d’émulation intellectuelle et de partages d’expériences.

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Table-ronde
                       sur le bien-être étudiant

À 15 h, Sophie Monvoisin, une psychologue clinicienne, a lancé la table-ronde « Bien-être étudiant
– Prévention des comportements à risque ». Elle a travaillé quinze ans dans le groupe hospitalier
Nord-Essonne. C’est par une « métaphore aéronautique » et avec légèreté que la psychologue a ou-
vert ce temps de rencontres avec des spécialistes : « Malgré les turbulences et les changements de
personnel navigant, la destination est toujours la même et on espère un atterrissage en douceur »,
a-t-elle avancé le sourire au coin des lèvres.

La psychologue a tout d’abord rappelé ce qu’était une « conduite à risque » et la « notion clef de
prévention ». Cette première désigne « une conduite qui met en danger, c’est une tentative de sou-
lagement d’une souffrance, consciente ou non, de violence contre soi (automutilation, suicide) et
contre les autres », a précisé la psychologue.
Dans ces conduites à risque, on retrouve notamment « l’usage et l’expérimentation précoces de
substances psychoactives (médicamenteuses ou alcool) et des comportements sexuels à risque »,
a-t-elle expliqué. La prévention de ces conduites mettant en danger la santé et les études des
jeunes, elle aussi, est multiple : « il y a la prévention primaire qui agit en amont, puis la secondaire
(dépistage) et la tertiaire qui sert à prévenir une rechute », a détaillé Sophie Monvoisin.

À sa suite, la docteure Samira Djezzar, médecin-praticien hospitalier et directrice du CEIP (Centre
d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance et d’addictovigilance) de la région Île-de-
France, a présenté un PowerPoint très détaillé issu de sa recherche sur l’usage des substances
psychoactives. Il s’agit de substances modifiant, partiellement ou totalement, le fonctionnement
psychique de leur utilisateur. Et elles sont très nombreuses : alcool, amphétamines, cannabis, cham-
pignons hallucinogènes, tabac, opiacés, sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques, etc.

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Samira Djezzar a ensuite expliqué que dans le cadre de cette étude sur les étudiants, elle a « reçu un
peu plus de 60 000 réponses, dont 63 % de femmes ».

Les substances les plus consommées par les étudiants qui ont répondu à l’étude sont « le cannabis,
les benzodiazépines, le poppers, le proto, la cocaïne, les champignons hallucinogènes ». Les princi-
pales motivations de consommation sont en premier lieu la fête, puis l’expérimentation, ainsi qu’un
désir de pimenter les relations sexuelles.
Mais le cannabis, ses dérivés et les autres médicaments psychostimulants sont également utilisés
par les jeunes adultes à des fins de « gestion du stress », de « gestion du sommeil », et de « dopage
intellectuel, avec le méthylphénidate pour modafinil ».

Samira Djezzar a souligné que « les jeunes femmes sont plus sujettes à la pharmacodépendance
avec les anxiolytiques ». Ces dernières consomment beaucoup plus de médicaments codéinés, d’an-
xiolytiques et de sédatifs que les jeunes hommes.
« D’après l’étude, les étudiantes ressentent moins de bien-être et plus de stress face aux examens
que leurs camarades masculins, a souligné la médecin avec gravité. Les jeunes adultes estiment
qu’il n’y a pas assez de prévention sur les drogues et sur les médicaments psychostimulants. L’in-
formation a du mal à arriver à la cible », a conclu l’addictologue.

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« La dépendance aux benzodiazépines (ndlr : comme le Valium pour dormir) des étudiantes est une
pratique ancienne », a ajouté le professeur Laurent Gerbaud, directeur du service de santé universi-
taire du site Clermont-Auvergne.
Également président de l’ADSSU (Association des directeurs de services de santé universitaires), il
« étudie les risques en termes de prise d’alcool et de drogues avec les personnes qui organisent un
événement étudiant », a-t-il expliqué. « Avec le 2e confinement on a constaté une tendance à l’aug-
mentation de la consommation d’alcool, même quand c’est occasionnel », la plupart du temps pour
pallier un « symptôme d’anxiété et de dépression apparu pendant 1er confinement, car le monde
d’après ressemble à un jour sans fin », a expliqué le professeur de médecine.
Pour lui, ce 3e confinement annoncé par Emmanuel Macron fin mars va créer des dommages du-
rables sur la santé mentale et physique des étudiants français. « Plus on est isolé et on a des dif-
ficultés financières, plus l’impact de la Covid-19 est flagrant », a-t-il regretté. « En France, on a dix
fois moins de psychologues à temps plein pour nos étudiants que d’autres pays développés ».
« Et le discours très négatif de septembre accusant les jeunes et les adolescents d’avoir relancé et
contribué à la 2e vague de l’épidémie n’a pas aidé, s’est révolté Laurent Gerbaud. Seulement 12 %,
donc une minorité de contaminations étudiantes, sont dues à des fêtes étudiantes ».

Marion Bulot, la responsable du dispositif Wellness de KEDGE Business School, a quant à elle expli-
qué que leur dispositif « a été mis en place depuis plus d’une dizaine d’années sur tous les campus ».
Cette prestigieuse école de commerce « fait le pari que les 14 000 étudiants réussissent au mieux
leur scolarité ».
L’école réfléchit donc activement à la prévention des risques et à « l’épanouissement individuel, sco-
laire et professionnel, en proposant un accompagnement gratuit et confidentiel, un planning d’ac-
tivités sportives et des ateliers pour créer du lien entre les étudiants et repérer les signaux faibles
chez ceux qui ne vont pas très bien », a assuré Marion Bulot.
Elle a également appelé à la « mobilisation des professionnels de santé, car peu d’étudiants savent
qu’ils peuvent utiliser les ‘chèques psy’ sur leur campus. Leur médecin traitant a l’habitude de réo-

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-rienter vers un psychologue libéral et non pas vers le campus étudiant, ce qui complique la dé-
marche », a-t-elle regretté.

En charge de la coordination et de la communication de l’association SPS (Soins aux professionnels
de la santé), la docteure Catherine Cornibert a insisté sur l’importance du « 0 805 23 23 36 , le nu-
méro vert qu’on peut appeler quand on ne va pas bien ». Des intervenants parlant français, anglais
et espagnol sont disponibles pour écouter, rassurer et orienter les jeunes étudiants en santé vers
des aides.
« On a reçu 6 000 appels de détresse l’année dernière, de personnels et d’étudiants en santé, a af-
firmé la médecin. Et notre service est ouvert jour et nuit, ce qui est essentiel pour les gens qui ont
des idées suicidaires ».

Cette table-ronde sur le bien-être étudiant, très riche en informations et en débats, s’est achevée
par le témoignage de Benjamin Rivière, un « élève de la promotion 2019 de l’ENAC ». « À l’école, on
a vu que ça se passait pas bien… » a soufflé le jeune homme doucement. « Avec le 1er et le 2e confi-
nement, on n’a pas pu se créer des souvenirs. Et là, dans l’aéronautique plus particulièrement, on n’a
aucune perspective de nouvelle rentrée. Je vois des étudiants qui ont 20 ou 21 ans comme moi, et je
vois qu’ils n’ont plus de projet », s’est inquiété l’étudiant en école d’ingénieurs.
Pour lui, ce qui est « alarmant et grave », c’est que ses camarades « ne s’impliquent pas sur les
cours en Zoom ou Microsoft Teams, ils ont moins d’intérêt pour les stages ». Benjamin Rivière a
aussi constaté que « beaucoup d’étudiants font la culture de l’apéro quasiment chaque soir. Alors
qu’avant c’était des sas de décompressions après les partiels, donc tous les trois mois où on buvait
pas mal ».
La difficulté est de repérer les signaux faibles chez les étudiants qui ne vont pas bien, puisque les
évènements et rencontres sont inexistants et que les cours ont lieu en distanciel. « Ce sont des
comportements déviant compliqués à identifier car sur la promo des étudiants de 1re année, sur une
centaine, je n’en connais que 40 ». La Covid-19 a ainsi aggravé les conditions de vie et de travail,

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même au cœur d’une grande école d’ingénieurs.

Après ce témoignage qui reflète bien l’état d’esprit des étudiants français, un temps d’échange avec
l’audience s’est ouvert.

Le professeur Laurent Gerbaud a renchéri sur ce décalage des cultures entre les étudiants plus âgés
et ceux fraîchement entrés dans une école ou université. « Les nouveaux admis dans les écoles ont
vécu leur bac et la fin du lycée en confinement total, et ils savaient que leur rentrée en automne se-
rait coupée du monde », a-t-il expliqué.
« Nous sommes des animaux sociaux et nous avons un cerveau social, si on ne le développe pas,
alors ça ne va pas », a alerté l’épidémiologiste et chef du pôle de santé publique du CHU de Cler-
mont-Ferrand. Il reste néanmoins optimiste et « espère que l’épidémie s’arrêtera à un moment
donné ».

Louis Rampal, président du BDE de l’ESEO à Angers, a acquiescé. « Nos étudiants en 1re année ont
encore un ‘esprit lycée’, a-t-il souligné. Ils n’ont pas vécu le réel décalage entre le lycée et le supé-
rieur. Les 1A n’ont pas la culture d’appartenance à l’école ni la conscience des risques qu’ils peuvent
prendre ».

À une question de l’audience sur la difficulté de repérer les signaux faibles chez les étudiants en
détresse, Sophie Monvoisin, la modératrice de le table-ronde et psychologue clinicienne, a répété :
« on est tous des sentinelles en ce moment, il ne faut pas hésiter et rester vigilant aux autres ».

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Conférence sur l’isolement

À la suite de la table-ronde sur le bien-être étudiant, Benoît Heilbrunn, philosophe et professeur de
marketing à l’ESCP, a défendu sa « vision philosophique de l’isolement ». Un parti-pris très serein,
voire optimiste, sur cette expérience collective de confinement qui a pu surprendre certains parmi
les 230 auditeurs du séminaire Cpas1option.

« J’ai une position délicate car un philosophe n’apporte pas des réponses mais des questions »,
a tout d’abord avancé le penseur. C’est en proposant « un regard philosophique sortant du misé-
rabilisme et de la dramaturgie ambiante » que Benoît Heilbrunn a souhaité nous faire réfléchir et
« prendre du recul sur cette diabolisation de l’isolement, car il a un certain nombres de vertus ».
L’isolement ou « esseulement » au sens philosophique, « est susceptible de conduire à des conduites
addictives, a expliqué cet ancien élève d’HEC et de l’école des Hautes études en sciences sociales. Le
confinement a renforcé les addictions, et notamment les paris sportifs en ligne ».

Face à l’isolement, « deux possibilités »
Illustrant son propos d’un article de Laurence Devillairs, « Vivre l’isolement avec Pascal », publié en
mai 2020, Benoît Heilbrunn s’est demandé : « sommes-nous véritablement à une suspension de la
vie et de la société ? ».
Avec cet isolement forcé décidé par le gouvernement en mars de l’année dernière, puis assoupli, et
à nouveau durci il y a une semaine, nos repères ont été mis à mal. Seuls les commerces de première
nécessité sont ouverts. Il n’y a plus de place pour le reste. « Le futile est banni, l’accessoire reporté,
tout est exacerbé : les sentiments, les liens, les peurs », a détaillé le philosophe. Face à cette situa-
tion inédite pour nous, en tant qu’animal social, nous nous sommes retrouvés « à nu » et « nous
avons devant nous deux possibilités : soit nous réfugier dans le virtuel, soit retrouver le réel, même
si son goût est amer », a postulé le professeur de marketing.

Benoît Heilbrunn a ensuite âprement critiqué « la tyrannie du bien-être », et questionné cette « so-
ciété qui a érigé le confort en objectif ultime, en finalité en soi ». Un thème qui lui est cher et auquel
il a consacré un ouvrage paru en octobre dernier.
Le bonheur et donc le bien-être sont « une question subjective ». La société occidentale actuelle
et « le capitalisme », à l’image « de l’emblématique marque Coca-Cola », « associent le fait d’être
heureux avec le fait d’être ensemble, ça laisse penser que l’on ne peut pas être heureux dans la so-
litude ». Pourtant, cette société un brin schizophrénique nous intime également de vivre dans « un
cocon, a détaillé le philosophe. Notre époque valorise le repli sur soi, ce safe space où l’on se sent
bien » .

Les vertus cachées de l’isolement
Confinés dans nos salons et chambres d’étudiants, le seul horizon reste virtuel. Les jeux en ligne, les
séries, les réseaux sociaux, etc. Cependant « le divertissement ne contribue pas au bonheur », a as-
séné le philosophe. Pour lui, « le bonheur est faiblement impacté par des évènements extérieurs, au

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bout de 16 à 18 mois on revient à l’état de bonheur initial. Donc la période de Covid-19 n’a pas af-
fecté le bonheur des individus dans le monde ». Sur les caméras silencieuses des participants de ce
séminaire sur Zoom, des yeux se sont levés au ciel, les mines sceptiques.

Selon Hannah Arendt, « la solitude, l’isolement, l’esseulement, la désolation », renvoient « à la forme
majeure de tyrannie, comme l’est le totalitarisme, car le contact entre les hommes est rompu ».
Toutes les quatre sont des « catégories politiques plutôt que psychologiques », a témoigné le pro-
fesseur de l’ESCP. Pour être bien avec les autres, l’exigence sine qua non selon Benoît Heilbrunn est
d’être « seul et bien avec soi-même avec son activité de l’esprit : c’est pourquoi le dialogue intérieur
est la condition de possibilité du dialogue avec les autres ».
« Je’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir
pas demeurer en repos dans une chambre », a-t-il avancé en citant Blaise Pascal, le philosophe et
moraliste français du XVIIe siècle. Ainsi pour accéder à la joie, ce « chatouillement ou allégresse » de
l’âme selon Baruch Spinoza, il faut savoir souffrir de la solitude, nous a-t-il expliqué. Pour Friedrich
Nietzsche, cette dernière est « censée nous apporter une forme de bonheur qui s’appelle la sagesse
[…], l’Intelligence suprême ». Il écrivait même « Heureuse solitude, seule béatitude ».
La « capacité créatrice née de l’isolement, la solitude comme échappatoire à la médiocrité am-
biante » se retrouve « chez les grecs et dans la pensée chinoise », a assuré Benoît Heilbrunn. Juste
avant de filer « sur Europe 1 pour parler des paris sportifs en ligne au journal de 19 h », le philosophe
a conclu sa thèse optimiste sur l’isolement, en citant John Stuart Mill : « la solitude est le berceau de
pensées et d’aspirations qui sont non seulement bonnes pour l’individu, mais utiles à la société ».

Un parti-pris philosophique très serein et ascétique sur le confinement, qui peut être contesté, no-
tamment après le témoignage précédent de Benjamin Rivière, élève-ingénieure à l’ENAC.

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Intervention de Frédérique Vidal,
                        ministre de l’Enseignement supérieur,
                        de la recherche et de l’innovation

Temps fort de cette première journée de rencontres Cpas1option édition 2021, la ministre de l’En-
seignement supérieur, de la recherche et de l’innovation Frédérique Vidal s’est exprimée devant un
peu plus de 220 participants, représentants d’établissements, psychologues et étudiants.

Après de chaleureux remerciements pour la tenue de ce séminaire « à l’aune de cette pandémie qui
rythme nos vies depuis plus d’un an », la ministre a confirmé que « pendant que le virus se diffusait
dans la population, s’est jouée la dégradation de la santé mentale des étudiants ».
Professeure en biochimie, Frédérique Vidal a également été présidente de l’université de Nice So-
phia-Antipolis de 2012 jusqu’à son entrée dans le gouvernement en 2017. Fine connaisseuse des
problématiques universitaires, elle regrette qu’à ces confinements successifs « dans la solitude de
leur chambre », s’est ajoutée « la peur de rater le diplôme et l’angoisse d’un horizon brouillé », pour
les quelque deux millions d’étudiants en France.
« Cet isolement est un cercle vicieux », estime-t-elle, car il a aggravé les « troubles alimentaires, les
consommations de tabac, drogues et alcools, qui eux-mêmes viennent renforcer ce sentiment de
mal-être qui a plongé les étudiants dans une grande détresse ».

Elle illustre ensuite ses propos de chiffres édifiants. « Il y a une augmentation de 30 % des consulta-
tions dans les services médico-psycho-sociaux universitaires depuis mars ». Et d’enchaîner : « Il y a
eu une hausse de 40 % d’appels chez Nightline », un service d’écoute ouvert en soirée spécialement
dédié aux « étudiants qui ont besoin de parler » de leur isolement et de leurs idées parfois bien

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noires. La ministre était d’ailleurs aux côtés des bénévoles qui animent la hotline téléphonique, « le
18 février dernier ».
L’enquête « La vie d’étudiant confiné » de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE), publiée en sep-
tembre 2020, « a mis en lumière les fragilités psychologiques des étudiants pendant et depuis le
confinement, reconnaît la ministre. La crise sanitaire souligne ces signes de détresse ».

L’enjeu du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation est aussi de
« faire front commun pour promouvoir un environnement contre les violences sexuelles et les dis-
criminations sexistes qui ont lieu sur les campus », appuie Frédérique Vidal. Après avoir salué « le
mouvement de libération de la parole ces dernières semaines » (polémique qui a agité Sciences Po
Paris et les IEP autour du hashtag #SciencesPorcs), la ministre a clairement affirmé qu’elle veut
« éviter que cette parole libérée ne soit source d’angoisses pour les victimes et pour les témoins ».
Pour ce faire, elle appelle à un « engagement collectif total et sans compromission » entre « les
communautés universitaires, les administrations des établissements et les étudiants ».

Enfin, évoquant les « chèques psy » mis en place le 1er février pour les étudiants en détresse sou-
haitant bénéficier d’une aide psychologique sur leur campus, la ministre a annoncé la création d’un
nouveau « dispositif d’accompagnement ». « Je souhaite porter un plan d’action national, avec un
budget pour la formation des référents, de cellules d’écoute et de valorisation des bonnes initiatives
étudiantes, pour enrayer et faire face aux comportements à risque », a expliqué Frédérique Vidal.
Pour la femme politique, « le meilleur remède, c’est la solidarité dans l’écoute et l’accompagnement
dans la réponse, pour que les étudiants en détresse puissent être bien dans leurs études ».

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Conférence
                       sur la responsabilité

Philippe Thébaud, le premier intervenant de cette seconde journée du séminaire Cpas1option édi-
tion 2021, a abordé thème de la « responsabilité des organisateurs de fêtes et des directeurs d’éta-
blissement ».
Juriste et administrateur de la MAIF depuis plus de quinze ans, il s’est penché sur cette thématique
que « rencontre tout directeur d’école ou président d’une association étudiante ».

À l’aide d’une présentation PowerPoint très détaillée et d’exemples tirés de son vécu, il a précisé le
cadre légal qui entoure la responsabilité civile et pénale des associations et de l’administration en
cas de dérapages ou débordements.
Condition sine qua non de « ce cours de droit », comme l’a surnommé Philippe Thébaud, il a rappelé
que les BDE et autres associations d’un établissement d’enseignement supérieur « sont des asso-
ciations régies par la loi 1901 », et donc le droit français.

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Le spécialiste de la législation et des assurances a listé les cas où la responsabilité civile des étu-
diants associatifs intervient. « La responsabilité civile est engagée lorsque trois éléments sont réu-
nis : la faute du responsable, le préjudice subi par la victime, et un lien de causalité entre la faute et
le préjudice ». Pour que la victime (étudiant ou tiers lésé dans une manifestation ou un évènement
étudiant) soit dédommagée « sous forme de dommages et intérêts, elle doit donner la preuve que
ces trois éléments sont réunis », a expliqué le juriste.
« La responsabilité de l’association s’apprécie en fonction de la nature de la relation entre l’associa-
tion et la victime », détaille Philippe Thébaud. Si cette dernière était dans une relation contractuelle
avec l’organisation étudiante, elle était bien sous contrat, et l’association présente des « obligations
de résultat » en cas de pratique d’un sport dangereux, d’intoxication alimentaire, de transport et
d’organisation de séjours, etc. C’est-à-dire que « l’association est tenue, de manière quasi auto-
matique, de réparer les conséquences dommageables des dommages causés à l’occasion de ces
activités ».
« Lorsqu’on cherche la responsabilité, on se demande si l’association a tout fait pour informer les
étudiants, précise le juriste. Il est toujours bon de leur rappeler qu’il faut modérer les consomma-
tions d’alcool par exemple ».

La foule de questions des auditeurs, modérée par Aline Lebrun Faes, pilote du groupe de travail
BNEI-CDEFI-CGE Cpas1option, portait sur de nombreux cas de figure. Un marteau qui tombe lors
de l’installation d’une manifestation, du GHB dans un verre servi lors d’une soirée étudiante, une
intoxication alimentaire, un voyage scolaire ou un WEI (week-end d’intégration) qui dérapent, etc.
Sur une question de l’audience relative aux dérapages de bizutages, Philippe Thébaud, a notamment
rappelé que « le bizutage est strictement interdit et que c’est une infraction pénale ».

Patiemment et avec pédagogie, le spécialiste du droit civil et pénal a répondu à chaque question,
soit en se servant d’exemples vécus, soit en expliquant qu’il est difficile de toujours répondre de
manière tranchée. « J’aime beaucoup les cas d’étude, mais parfois il est impossible de désigner un
responsable », a-t-il déclaré. Il a ensuite rappelé que la « loi Fauchon » du 10 juillet 2000 sert à pro-
téger « les décideurs », les dirigeants et organisateurs d’une manifestation, en cas de « faute ou de
négligence ».

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Concernant les établissements et les associations, Philippe Thébaud leur a conseillé « l’outil SOIREE
et les formations, l’affichage, les brochures à diffuser. C’est très bien pour démontrer devant les
forces de l’ordre qu’on a mis les moyens en oeuvre. Signer la charte Cpas1option permet de respon-
sabiliser tous les organisateurs et les participants des événements, mais aussi de montrer la bonne
foi de l’association et de l’établissement en cas de problème », a-t-il alerté.

Se rappelant « ses années d’étudiant en fac de droit », il salue l’engagement actuel des jeunes as-
sociatifs. « À l’époque c’était n’importe quoi, il y avait le bizutage comme coutume, il n’y avait pas
d’échanges avec l’administration, ni ce genre de séminaires ou d’efforts », a-t-il reconnu.

« C’est très méritoire de s’engager, avance Philippe Thébaud. Il faut savoir endosser ce costume de
responsable quand on est président d’association car on devient un « dirigeant » au regard de la loi,
et plus seulement un étudiant ».
« Aujourd’hui, j’ai devant moi des jeunes qui ont un vrai sens des responsabilités », a applaudi le
juriste. Il a également rappelé que sa mission auprès de la MAIF est d’être « dans une certaine em-
pathie, bienveillance, car on est dans le cadre conseil avec les étudiants et les établissements ».

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Résumé de la
                       journée du 29 mars

Première journée du séminaire Cpas1option portant sur la prévention des conduites à risque chez
les étudiants. Olivier Chansou, le directeur général de l’École nationale de l’aviation civile (ENAC), a
lancé l’édition 2021 avec un enthousiasme sincère. « Cette année, le thème de notre séminaire est le
bien-être étudiant, une problématique devenue encore plus importante par les temps qui courent »,
a-t-il déclaré.

Cette grande école toulousaine, dont le fer de lance est l’aéronautique, aurait dû recevoir les ren-
contres, mais étant donné le contexte épidémique, l’ENAC a accueilli sur la plateforme Zoom un
peu plus de 230 participants. Deux jours d’échanges sur le bien-être étudiant et la prévention des
addictions auxquels ont participé des directeurs d’établissement, leur administration, ainsi que des
étudiants associatifs. « Cet espace de discussion est un moment privilégié pour partager les bonnes
pratiques concernant la santé des étudiants », a rappelé Olivier Chansou.
Isolement dans des chambres minuscules, manque d’interactions sociales, inégalités d’accès aux
cours en ligne, problèmes financiers, cercle vicieux des addictions, horizon incertain qui a le goût
d’un « jour sans fin », la pandémie et le distanciel ont aggravé les nombreuses difficultés que ren-
contraient les étudiants. C’est pourquoi le thème du bien-être étudiant résonne en mars 2021, un
an après le premier confinement, avec d’autant plus d’acuité. Davantage encore dans ce contexte,
l’école et l’enseignement qu’elle délivre ont pour mission de préparer les élèves à entrer dans la
vie adulte. « Notre mission de grande école est de former des nouveaux citoyens prêts à entrer
dans le monde du travail, notamment avec des démarches de prévention face à l’alcoolisme et aux
conduites à risque », a réaffirmé le DG de l’ENAC.

« Étudiante en dernière année d’école d’ingénieurs à Besançon », Gaëlle Petitjean est aussi « co-res-
ponsable prévention au BNEI », le Bureau national des élèves-ingénieurs, depuis un an. Elle a rappe-
lé que le BNEI « représente 185 000 élèves-ingénieurs en France », et que l’organisation porte une
mission de « prévention des addictions en milieu festif et quotidien » pour garantir le bien-être et
donc le bon déroulement des études des promotions.
À l’aide d’« un petit jeu » sous forme de « nuage de mots », l’étudiante a voulu « approfondir notre
notion de la prévention ». Tour à tour et d’une couleur différente, les expressions suivantes ont
gravité sur l’écran : « anticipation », « prévenir », « conseils », « accompagner », « responsabilité »,
« gestion des risques », « nécessité » ou encore « sensibilisation ».

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Le point de départ de la démarche de prévention remonte à « 2005, quand on a fait le constat qu’il y
avait des accidents assez graves lors des soirées d’intégration et rencontres étudiantes », a expliqué
l’étudiante ingénieure. Le BNEI, la CGE (Conférence des grandes écoles) et la CDEFI (Conférence
des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) se sont alors associés pour former le groupe
Cpas1option.
« Il y a trois étapes dans notre démarche : la stratégie, l’application et la rétroaction, et elles
fonctionnent comme un cycle », a renchéri Gaëlle. De nombreux partenaires accompagnent
Cpas1option, détaille l’étudiante : Monte ta soirée, La Croix rouge, les fédérations d’addictions, etc.
Et elle a rappelé que « le premier séminaire de prévention a eu lieu en 2013, et la première charte

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signée en 2007 a beaucoup évolué ». Parmi les sept points de cette charte, on retrouve les suivants :
l’importance du binôme direction-BDE, la mise en place d’actions concrètes et d’outils pour prévenir
les conduites à risque chez les élèves et la formation de tous les acteurs de la vie étudiante.

« Nous souhaitons partager les bonnes pratiques, a affirmé Alice Guilhon, directrice générale de
SKEMA Business School, et assurer un transfert de connaissances pour que les jeunes profitent de
leurs années et de leur vie étudiantes, c’est ce qu’il y a de plus beau », se souvient-elle en souriant.
Également élue de la CGE, elle a expliqué l’intérêt « de détecter les signaux faibles de mal-être et

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d’addiction chez les étudiants pour les accompagner, quelles que soient leurs origines, quels que
soient leurs situations et leur éloignement avec la famille ». « On est à vos côtés et vous pouvez
nous solliciter quand vous le voulez », a assuré Alice Guilhon.

Puis s’est lancé un temps d’échanges modéré par Aline Lebrun Faes, la pilote du groupe de travail
Cpas1option. Xuan Meyer, directrice adjointe de l’INP-ENSIACET de Toulouse, a souligné la problé-
matique des passations. « Quand on change d’équipe administrative ou étudiante, il y a une perte
des informations et une perte de connaissances dans les bonnes pratiques », s’est inquiétée l’ingé-
nieure en génie chimique.
Alban Charonnat, président du BDE de l’INSA Toulouse et Louis Rampal, du BDE de l’ESEO à Angers,
ont partagé leurs bonnes idées. Tous deux ont expliqué avoir fait leur « passation pendant le confi-
nement » et pour renforcer le lien avec les nouveaux et anciens BDE, « on a fait des capsules vidéo
pour être plus dynamique et plus sympa qu’un doc papier ». Une initiative qui a sans doute fait des
intéressés dans l’auditoire.
Le responsable vie étudiante d’Audencia, Constantin Ciovica, a quant à lui recommandé de faire
« une version en anglais de la charte », « une excellente question » pour Aline Lebrun Faes, réjouie
par tant d’émulation intellectuelle et de partages d’expériences.

À 15 h, Sophie Monvoisin, une psychologue clinicienne, a lancé la table-ronde « Bien-être étudiant
– Prévention des comportements à risque ». Elle a travaillé quinze ans dans le groupe hospitalier
Nord-Essonne. C’est par une « métaphore aéronautique » et avec légèreté que la psychologue a ou-
vert ce temps de rencontres : « Malgré les turbulences et les changements de personnel navigant,
la destination est toujours la même et on espère un atterrissage en douceur », a-t-elle avancé le
sourire au coin des lèvres.

La psychologue a tout d’abord rappelé ce qu’était une « conduite à risque » et la « notion clef de
prévention ». Cette première désigne « une conduite qui met en danger, c’est une tentative de sou-
lagement d’une souffrance, consciente ou non, de violence contre soi (automutilation, suicide) et
contre les autres », a précisé la psychologue.
Dans ces conduites à risque, on retrouve notamment « l’usage et l’expérimentation précoces de
substances psychoactives (médicamenteuses ou alcool) et des comportements sexuels à risque »,
a-t-elle expliqué. La prévention de ces conduites mettant en danger la santé et les études des
jeunes, elle aussi, est multiple : « il y a la prévention primaire qui agit en amont, puis la secondaire
(dépistage) et la tertiaire qui sert à prévenir une rechute », a détaillé Sophie Monvoisin.

À sa suite, la docteure Samira Djezzar, médecin-praticien hospitalier et directrice du CEIP (Centre
d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance et d’addictovigilance) de la région Île-
de-France, a présenté un PowerPoint très détaillé issu de sa recherche sur l’usage de substances
psychoactives. Il s’agit de substances modifiant, partiellement ou totalement, le fonctionnement
psychique de leur utilisateur. Et elles sont très nombreuses : alcool, amphétamines, cannabis, cham-
pignons hallucinogènes, tabac, opiacés, sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques, etc.

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Les substances les plus consommées par les étudiants qui ont répondu à l’étude sont « le cannabis,
les benzodiazépines, le poppers, le proto, la cocaïne, les champignons hallucinogènes ». Les princi-
pales motivations de consommation sont en premier lieu la fête, puis l’expériementation, ainsi que
le désir pimenter les relations sexuelles.
Mais le cannabis, ses dérivés et les autres médicaments psychostimulants sont également utilisés
par les jeunes adultes à des fins de « gestion du stress », de « gestion du sommeil », et de « dopage
intellectuel, avec le méthylphénidate pour modafinil ».

Samira Djezzar a souligné que « les jeunes femmes sont plus sujettes à la pharmacodépendance

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avec les anxiolytiques ». Ces dernières consomment beaucoup plus de médicaments codéinés, d’an-
xiolytiques et de sédatifs que les jeunes hommes.

Pour Laurent Gerbaud, épidémiologiste et directeur du service de santé universitaire du site Cler-
mont-Auvergne, ce 3e confinement annoncé par Emmanuel Macron fin mars va créer des dom-
mages durables sur la santé mentale et physique des étudiants français. « Plus on est isolé et on a
des difficultés financières, plus l’impact de la Covid-19 est flagrant », a-t-il regretté. « En France, on
a dix fois moins de psychologues à temps plein pour nos étudiants que d’autres pays développés ».
« Et le discours très négatif de septembre accusant les jeunes et les adolescents d’avoir relancé et
contribué à la 2e vague de l’épidémie n’a pas aidé, s’est révolté Laurent Gerbaud. Seulement 12 %,
donc une minorité de contaminations étudiantes, sont dues à des fêtes étudiantes ».

Marion Bulot, la responsable du dispositif Wellness de KEDGE Business School, a quant à elle expli-
qué que leur dispositif « a été mis en place depuis plus d’une dizaine d’années sur tous les campus ».
Cette prestigieuse école de commerce « fait le pari que les 14 000 étudiants réussissent au mieux
leur scolarité ».

En charge de la coordination et de la communication de l’association SPS (Soins aux professionnels
de la santé), la docteure Catherine Cornibert a insisté sur l’importance du « 0 805 23 23 36, le numé-
ro vert qu’on peut appeler quand on ne va pas bien, jour et nuit ». Des intervenants parlant français,
anglais et espagnol sont disponibles pour écouter, rassurer et orienter les jeunes étudiants en santé
vers des aides.

Cette table-ronde sur le bien-être étudiant, très riche en informations et en débats, s’est achevée
par le témoignage de Benjamin Rivière, un « élève de la promotion 2019 de l’ENAC ». « À l’école, on a
vu que ça ne se passait pas bien… » a soufflé le jeune homme doucement. « Là, dans l’aéronautique
plus particulièrement, on n’a aucune perspective de nouvelle rentrée. Je vois des étudiants qui ont
20 ou 21 ans comme moi, et je vois qu’ils n’ont plus de projet », s’est inquiété l’étudiant en école
d’ingénieurs.

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À une question de l’audience sur la difficulté de repérer les signaux faibles chez les étudiants en
détresse, Sophie Monvoisin, la modératrice de le table-ronde et psychologue clinicienne, a répété :
« on est tous des sentinelles en ce moment, il ne faut pas hésiter et rester vigilant aux autres ».

À la suite de la table-ronde sur le bien-être étudiant, Benoît Heilbrunn, philosophe et profes-
seur de marketing à l’ESCP, a défendu sa « vision philosophique de l’isolement ». Un parti-pris
très serein, voire optimiste sur cette expérience collective de confinement, qui a pu surprendre
certains parmi les 230 auditeurs du séminaire Cpas1option. Son but : « nous faire réfléchir et
prendre du recul sur cette diabolisation de l’isolement, car il a un certain nombre de vertus ».
Bien que l’isolement, ou « esseulement » philosophique, « est susceptible de conduire à
des conduites addictives […] comme les paris sportifs en ligne, a expliqué cet ancien élève
d’HEC et de l’école des Hautes études en sciences sociales, il faut savoir souffrir de la soli-
tude », nous a-t-il expliqué. Pour être bien avec les autres, l’exigence sine qua non selon Be-
noît Heilbrunn est d’être « seul et bien avec moi-même avec mon activité de l’esprit : c’est
pourquoi le dialogue intérieur est la condition de possibilité du dialogue avec les autres ».
« J’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas
demeurer en repos dans une chambre », a-t-il avancé en citant Blaise Pascal, le philosophe et mo-
raliste français du XVIIe siècle. Pour Friedrich Nietzsche, la solitude est « censée nous apporter une
forme de bonheur qui s’appelle la sagesse […], l’Intelligence suprême ». Il écrivait même « Heureuse
solitude, seule béatitude ».
La « capacité créatrice née de l’isolement, la solitude comme échappatoire à la médiocrité ambiante
» se retrouve « chez les grecs et dans la pensée chinoise », a assuré Benoît Heilbrunn. Juste avant de
filer « sur Europe 1 pour parler des paris sportifs en ligne au journal de 19 h », le philosophe a conclu
sa thèse optimiste sur l’isolement, en citant John Stuart Mill : « la solitude est le berceau de pensée
et d’aspirations qui sont non seulement bonnes pour l’individu, mais utiles à la société ».

Un parti-pris philosophique très serein et ascétique sur le confinement, qui peut être contesté, no-
tamment après le témoignage précédent de Benjamin Rivière, élève-ingénieure à l’ENAC.

Cette première journée de séminaire s’est achevée avec un temps d’échange, spécialement réservé
aux étudiants, qui a eu lieu à 20 h sur la plateforme Teams. Un moment informel, de type agora,
rythmé par une table-ronde et des jeux de cohésion.

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