Alimentation et troubles de la croissance du chiot : combattons les idées reçues !

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Alimentation et troubles de la croissance du chiot : combattons les idées reçues !
C o m m u n i c a t i o n

     Alimentation et troubles
     de la croissance du chiot :
     combattons les idées reçues !

                 par Maxime Coquet
                 Docteur vétérinaire,
                 CES de diététique canine et féline, CES d’ophtalmologie vétérinaire,
                 Clinique vétérinaire Jules Verne, 80210 Feuquières en Vimeu

     RÉSUMÉ
     Pendant la croissance du chiot, les risques nutritionnels/pathologiques sont dominés par les
     risques d’excès : surnutrition et vitesse de croissance excessive, complémentation minérale ou
     vitaminique inadéquate ou anarchique… Les déséquilibres, notamment protéines/énergie,
     énergie/minéraux ou entre minéraux devront être prévenus et une attention particulière sera
     également apportée notamment à l’apport d’acides gras essentiels, à l’hygiène et au mode de
     distribution de l’aliment.
     En pratique, le suivi, la pesée régulière du chiot, l’appréciation de son indice de condition
     corporelle (ICC), l’individualisation de son rationnement quantitativement et qualitativement
     tout au long de sa croissance contribueront à une meilleure prévention de ces différents risques.

      Mots-clés
      chiot, alimentation, croissance, idée reçue, puppy, growth, nutrition, preconceived idea

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Alimentation et troubles de la croissance du chiot : combattons les idées reçues !
lus, est-ce mieux ? (« il ne faut pas qu’il       ils appartiennent et dont on peut définir plusieurs

P        manque… »). Une croissance rapide est-
         elle idéale ? (« il est beau pour son âge… »).
         Un chiot doit-il être « bien en chair » ? (« il
vaut mieux faire envie que pitié… »). Faut-il
complémenter la ration d’un chiot, notamment en
                                                           groupes : petits, moyens, grands et géants
                                                           notamment par la variabilité du pic de croissance ;
                                                           ce dernier étant défini comme le point d’inflexion
                                                           de la courbe de croissance, c’est-à-dire le point
                                                           de gain moyen quotidien (GMQ) maximum
minéraux ? (« c’est bon pour son squelette… »).            (cf. figures 2 et 3). La précocité à la naissance d’un
Faut-il lui distribuer sa ration à volonté (« s’il         chiot est fonction du format adulte de sa race : un
mange, c’est parce qu’il a faim… ») ou en repas            chiot de petite race naît plus « avancé » dans sa
pesés et minutés ?                                         croissance qu’un chiot de grande race.
Voici par exemple quelques-unes des interroga-
tions ou idées reçues qui reviennent régulièrement
dans l’exercice au quotidien.
Si, historiquement, les maladies nutritionnelles du
chiot en croissance (seule la croissance post-
sevrage sera évoquée ici) étaient caractérisées par
la(les) carence(s), il en est généralement tout
autrement aujourd’hui… Partant donc d’une
simple prévention des carences vers la
performance zootechnique puis la santé et le bien-
être, la perception du besoin et donc la nutrition
du chiot ont, elles aussi, évolué…

                                                           Figure 1 – Relation dose-effet en nutrition

1. « Plus, c’est mieux ? »
Quelques rappels nutritionnels
Il existe en nutrition une relation de type dose-
effet (cf. figure 1). Dans cette zone « optimum »
d’apport, l’objectif peut refléter différentes réalités
(alimenter pour la survie, pour la santé minimale
ou optimale ou pour la performance etc.) et module
donc la largeur de cette zone de tolérance…
Il convient également de bien différencier le
besoin qui est une donnée individuelle et la
recommandation qui est une approche collective :
si le besoin brut correspond à l’apport nécessaire
permettant de couvrir le besoin net (en tenant             Figure 2 – Courbe de croissance, GMQ et point d’inflexion
compte du coefficient d’assimilation réel), la
recommandation, quant à elle, représente la valeur
indicative de la quantité de nutriment nécessaire à
satisfaire les besoins de l’ensemble des animaux
d’une population, alors exprimée en général en
valeur relative (% de matière sèche (MS) ou
g/mégacalorie d’énergie métabolisable (g/Mcal EM).

2. « Vite fait, bien fait ? »
La croissance du chiot :
quelques données zootechniques
Les courbes de croissance des chiots sont diffé-
rentes en fonction du format de la race à laquelle         Figure 3 – Courbes de croissance selon la race

                                                                                                                       13
Alimentation et troubles de la croissance du chiot : combattons les idées reçues !
Figure 5 – Besoin énergétique « de base » chez le chien
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                                                                    que proportionnel             au    poids      de     l’animal
                                                                    (cf. figure 5).
     Figure 4 – Croissance différentielle du chiot et risque        En pratique, le besoin énergétique en croissance
                pathologique (d’après Paragon et Grandjean, 1993)   peut donc être calculé/approché pour l’individu
                                                                    par la formule BEC = k1.k2.k3.130.P0,75. Les
                                                                    facteurs correctifs et notamment le facteur
     De plus, les différents tissus (os, muscle, tissu              physiologique de croissance k3 ont fait l’objet de
     adipeux) du chiot présentent également une                     différentes études : il en existe (cf. tableau I)
     croissance différentielle, expliquant par la même              différentes méthodes d’estimation [NRC 1985 et
     que le risque pathologique/nutritionnel diffère lui            2006, Blanchard et al. 1998, Grandjean et Paragon
     aussi selon le format (cf. figure 4).                          (6), etc.].
                                                                    Prenons un exemple. Soit un chiot femelle de type
                                                                    Labrador de 3 mois pesant 10 kg, en état corporel
     3. Niveau et équilibre alimentaire                             normal (ni grosse ni maigre : se référer aux
                                                                    silhouettes bien connues d’indice de condition
                                                                    corporelle ; ou en première approche : les côtes
     3.1. Niveau alimentaire
                                                                    sont palpées facilement sous la peau sans les voir).
     L’énergie est le cœur du rationnement. Dans le                 Son format de race permet d’estimer son poids
     « bol » énergétique doivent se retrouver tous les              adulte entre 25 et 40 kg. Ce chiot pèse
     nutriments essentiels.                                         actuellement moins de 40 % de son poids adulte.
                                                                    On peut proposer d’estimer son BEC à
                                                                    1184 kcal EM = 0,9 (race prédisposée à l’obésité) x
     Quel niveau énergétique choisir ?                              0,9 (chiot calme) x 2 (< 40 % du poids adulte) x
     La diversité des races et des besoins impose une               130 x 100,75.
     prise en compte du statut individuel bref une                  Il est alors très facile de calculer la dose d’aliment
     personnalisation de l’approche nutritionnelle.                 à lui distribuer : si j’ai choisi un aliment croissance
     On peut définir le besoin énergétique en croissance            pour ce chiot à 3700 kcal EM/kg par exemple, il
     (BEC) comme le produit du besoin énergétique (BE)              faudra donc lui en apporter quotidiennement
     « de base » et de différents facteurs correctifs (k1, k2,      Q = 1184/3700 = 320 g.
     k3, etc.) : racial, comportemental, physiologique…             Les risques associés aux excès d’ingéré éner-
     voire le mode de vie, l’environnement climatique               gétique ou à une vitesse de croissance excessive
     ou l’activité physique [13].                                   ont été mis en évidence par différentes études
     Diverses formules de calculs du BE « de base » ont             parmi lesquelles Dämmrich K. et al. 1991 [5],
     été proposées parmi lesquelles on peut citer :                 Meyer et al. 199 [11], Nap, Hazewinckel et al. 1991
     – la formule du NRC 2006(3) : BE (en kcal EM) =                [12], Slater et al. [16] etc. Ainsi a été notamment
                                                                    mise en évidence une moindre résistance
       130.P0,75 (P : poids du chien en kg) ;
                                                                    intrinsèque en croissance du tissu osseux
     – Kronfeld, en 1991, qui avait proposé la formule
                                                                    épiphysaire chez les chiots de grandes races par
       BE = 156.P0,67 considérée par certains comme                 rapport à ceux de petites races. Chez ces chiots de
       « plus » adaptée aux chiens de grand format [13].            grande race, la surnutrition entraîne notamment un
     Il faut donc retenir que le besoin énergétique,                rythme de croissance élevé, une augmentation de
     fonction du poids métabolique, est donc moins                  la masse musculaire et du poids (voire une

14
Alimentation et troubles de la croissance du chiot : combattons les idées reçues !
Tableau I
   Exemple de propositions de coefficients [d’après Grandjean et Paragon 1987] pour la prise en compte du statut individuel du chiot.

                                 Coefficient                              Coefficient                               Coefficient d’adaptation
       Type racial              d’ajustement      Comportement           d’ajustement            Physiologie             physiologique
                                  racial k1                            comportemental k2                               chez le chiot k3
     Chiens nordiques               0,8             Très calme                0,8                 Pré-sevrage                  3
   Races prédisposées à
l’obésité (Beagle, Retriever,       0,9               Calme                   0,9                Post-sevrage                  2
         Cocker…)
  Races prédisposées à
                                    1,1               Normal                   1              < 40 % poids adulte
      la maigreur
           Autres                    1                 Actif                  1,1                  40-49 %                   1,75
                                                     Hyperactif               1,2                  50-69 %                    1,5
                                                                                                   70-79 %                   1,35
                                                                                                   80-89 %                    1,2
                                                                                                    Adulte                     1

obésité), ainsi que des contraintes mécaniques                         proportionnel au poids de l’animal (besoin en
excessives, altérant la croissance ainsi que le                        protéines (en g) = 4,8.P.k3 [NRC 1974]) et non à
remodelage squelettique et accroissant notamment                       son poids métabolique comme pour l’énergie.
la fréquence des lésions ostéo-articulaires. A                         Compte tenu de la variabilité de la concentration
contrario, une vitesse de croissance modérée (il                       énergétique de la ration ou DER (densité
est souvent proposé de tendre vers 75 % de la                          énergétique de la ration en kcal EM/kg d’aliment
vitesse de croissance maximale qui serait obtenue                      tel quel ou de MS), il convient de raisonner non
par une consommation ad libitum) diminuerait la                        par rapport au pourcentage absolu de protéines
fréquence et la gravité des troubles ostéo-                            dans l’aliment mais préférentiellement en terme de
articulaires en croissance. Les exercices répétés ou                   rapport protido-calorique (RPC) qui se définit
jeux « appuyés » entre chiots augmenteraient                           comme le nombre de grammes de protéines par
également les risques de troubles de la croissance                     mégacalorie (1000 kcal) d’EM d’aliment.
et notamment « d’ostéochondroses » [16].                               Prenons un exemple. Soit deux aliments
En pratique, un suivi clinique régulier incluant la                    croquettes chiot : un aliment A à 30 % de protéines,
pesée      (hebdomadaire        ou    bimensuelle),                    et une DER = 4000 kcal EM/kg brut et un aliment B
l’appréciation de l’indice de condition corporelle                     à 28 % de protéines et une DER = 3500 kcal EM/kg
(ICC), l’établissement et le suivi d’une courbe de                     brut.
croissance permettront d’adapter la ration à
                                                                       Si le BEC du chiot est, dans cet exemple, de
l’évolution du poids du chiot et d’éviter
                                                                       2000 kcal, sa ration quotidienne (de 2000 kcal EM)
notamment tout surpoids.
                                                                       apporte à ce chiot : avec l’aliment A : 150 g de
En ce qui concerne donc le niveau alimentaire chez                     protéines (2000/4 x 0,3). Le RPC de A est de
le chiot en croissance, le risque majeur est bien                      300/4 = 75. Avec l’aliment B, le chiot reçoit 160 g
l’excès (obésité chez les petites races et troubles                    de protéines (2000/3,5 x 0,28). Le RPC de B est de
osseux chez les grandes races) : « PLUS » n’est                        280/3,5 = 80. A quantité d’énergie ingérée égale,
certainement pas synonyme de mieux…                                    l’aliment B, dont le taux en valeur absolue en % de
                                                                       protéines dans l’aliment est cependant inférieur à
                                                                       celui de A, apporte néanmoins plus de protéines
3.2. Équilibre alimentaire                                             au chiot.

3.2.1. La croissance et les protéines                                  Quel niveau protéique choisir ?
• sur le plan quantitatif                                              Parmi différentes études, celle de Kronfeld, en
                                                                       1989 (citée par Blanchard G. et al. [1]) sur des
Les protéines sont indispensables à une bonne                          chiots Beagle, a « défini » pour cette race une zone
expression du potentiel de croissance et                               optimale d’apport située entre 75 et 125 g de
notamment aux exigences du tissu maigre du chiot                       protéines par Mcal EM, soit donc un RPC de 75 à
à savoir le muscle et l’os. Leur besoin est                            125 ; à noter cependant, dans ces essais, que la

                                                                                                                                               15
Tableau II                         à 1 alors qu’il semble indicatif d’un risque dans le
       Proposition de recommandation pratique indicative de RPC   cas contraire. (NB : recommandation FEDIAF 2008
               en croissance (d’après Paragon 2003 (13))
                                                                  [4] : Ca/P de 1 à 1,8 selon le stade de croissance).
        Format             Avant 2/3              Après 2/3       Il faut également retenir que chez le très jeune
        du chiot        de la croissance       de la croissance   chiot (avant 4 à 5 mois pour les races géantes),
        Petite race           70                     65           l’absorption du calcium est mal régulée : plus la
                                                                  ration est riche en calcium, plus son absorption est
      Race moyenne            75                     70           importante expliquant la sensibilité des races
       Grande race            80                     75           géantes aux excès d’apport en début de croissance
                                                                  (2). Lauten et al. (10), en 2002, ont d’ailleurs éga-
                                                                  lement montré que l’influence de l’apport minéral
     croissance certes plus faible existait néanmoins             sur la croissance était beaucoup plus important
     pour des valeurs inférieures.                                avant l’âge de 6 mois chez le chiot qu’ensuite…
     Nap et al. [15 ], quant à eux, ont étudié sur des            Les conséquences d’un excès chronique de Ca
     chiots danois de 7 semaines (et ce, pendant une              (rencontré principalement de nos jours lors
     période de 18 semaines) l’influence sur la crois-            d’ajouts non contrôlés) sont établis [7, 8, 9, 12, 14,
     sance de l’apport de différents taux de protéines,           16] : hypercalcémie, hypophosphatémie, retard de
     toutes choses égales par ailleurs, sans néanmoins            la maturation osseuse, du remodelage osseux et de
     démontrer de conséquences discriminantes sur le              la maturation du cartilage, altération de l’ossifi-
     développement squelettique ou l’apparition de                cation enchondrale, conduisant à un arrêt de la
     troubles de la croissance.                                   croissance, de l’ostéochondrose, etc.
     En pratique, le RPC en croissance sera toujours
     préférentiellement choisi supérieur à 70 [13].               Quel niveau calcique retenir ?
     Le format du chiot influera sur son besoin : le RPC          Ces études et d’autres ont permis en leur temps de
     sera renforcé chez les chiots de grand format. De            définir des « limites » : pour un aliment à 3950 kcal
     même pourra-t-on proposer également une                      EM/kg, la carence était estimée en-deçà de 0,61 %
     différenciation selon le stade de la croissance              de Ca, l’excès au-dessus de 2,70 %.
     (cf. tableau II).                                            Actuellement, un apport de 2 à 3,75 g de calcium/
                                                                  1000 kcal EM (soit pour un aliment à 4000 kcal
     • sur le plan qualitatif                                     EM/kg, un taux de Ca de 0,8 à 1,5 %) est
                                                                  maintenant considéré comme permettant d’assurer
     Tous les acides aminés indispensables (AAI)                  une croissance osseuse optimale du chiot (Weber
     doivent être présents en quantité suffisante (notion         et al., 2000 cité par Blanchard et al. [1]). La FEDIAF
     de facteur limitant), en équilibre entre eux. Il             (4) propose quant à elle depuis 2008 des
     conviendra d’apporter majoritairement des                    recommandations calciques allant de 1 % MS de
     protéines d’origine animale. Valeur biologique,              l’aliment (NB : aliment de référence FEDIAF à
     digestibilité, supplémentation azotée, qualité des           4000 kcal EM/kg MS) en début de croissance à
     matières premières et traitements technologiques             0,8 % MS en fin de croissance (avec des maxima
     des aliments seront également considérés car                 respectivement de 1,6 et 1,8 %).
     influant notamment sur l’efficacité protéique.               En pratique, selon le format du chiot et le stade de
     En ce qui concerne les protéines, en croissance, le          sa croissance, on peut proposer une recomman-
     risque majeur semble bien celui de la carence.               dation pratique différenciée (cf. tableau III).
                                                                  Par ailleurs, apporter un complément ou correcteur
                                                                  calcique sans justification ou sur un aliment complet
     3.2.2. La croissance et les minéraux                         pour chiot en contenant déjà en quantité suffisante
     Les minéraux comprennent des éléments majeurs                                           Tableau III
     comme le calcium, le phosphore, le potassium, le                 Recommandation Ca, P et Ca/P au pic de croissance
     sodium mais également tous les oligo-éléments.                 selon le format de race chez le chiot (PARAGON, 2003 (13))
     Le principal sujet de controverses ou d’idées                     Format         Calcium (Ca)    Phosphore (P)   Ca/P (environ)
     préconçues concerne certainement le calcium                     Races petites      0,9 % MS        0,7 % MS
     (Ca). Élément essentiel de l’os, son apport en                  et moyennes           soit            soit            1,3
     valeur absolue (%) prime sur le rapport Ca/P                  (adulte < 25 kg)   2,5 g/Mcal EM   1,9 g/Mcal EM
     (d’après Hazewinckel et al., J. Am. An. Hosp.                  Grandes races     1,2 % MS soit   0,9 % MS soit
                                                                                                                          1,35
     Assoc., 1985, cité par PARAGON, 2003 [13]) dont               (adulte > 25 kg)    3 g/Mcal EM    2,5 g/Mcal EM
     l’impact semble plus accessoire : le rapport Ca/P              Races géantes     1,4 % MS soit   1,0 % MS soit
                                                                   (adulte > 50 kg)   3,4 g/Mcal EM   2,6 g/Mcal EM        1,4
     semble en effet peu discriminant s’il est supérieur

16
est contre-indiqué. Il convient uniquement de            Les amidons quant à eux ne sont pas non plus
vérifier, si nécessaire, que les exigences des chiens    toujours bien tolérés chez le chiot, alors même
de grand format soient bien respectées.                  qu’ils sont souvent très (parfois trop ?) présents
A l’inverse, la complémentation minérale calculée        dans les aliments secs pour chiots. On pourrait
de la ration ménagère s’impose afin d’éviter toute       proposer qu’ils ne représentent pas plus de
carence (en particulier par rapport au phosphore,        30-40 % de la MS de l’aliment au sevrage ou en
le Ca/P étant habituellement inférieur à 1 dans ce       post-sevrage immédiat [13].
type de ration). Il en serait de même lors de la         Leur substitution excessive par les lipides peut
distribution d’un aliment composé inadapté mais          néanmoins conduire à une élévation rapide de la
ce dernier cas de figure demeure peu fréquent et         DER et par-là même à la nécessité d’un
dans ce cas, pourquoi ne pas changer d’aliment           rationnement précis pour éviter tout surpoids [1].
complet plutôt de le complémenter ?
En croissance, le risque majeur concernant le            • Vitamine D
calcium est donc bien celui de l’excès.
                                                         Fondamentale au métabolisme calcique et à la
                                                         croissance osseuse, sa carence est rare : peu
• Oligo-éléments (OE)                                    probable avec les aliments industriels, elle
Le zinc, le cuivre, le fer, l’iode, le manganèse ou le   demeure possible [13] notamment avec certaines
sélénium (Zn, Cu, Fe, I, Mn, Se) ou d’autres encore      rations ménagères maigres complémentées en
sont bien entendu impliqués dans la croissance           minéraux mais non en vitamine D.
mais sans relation claire avec les troubles osseux.      Sa supplémentation est indispensable : diverses
Certains ratios doivent être respectés [13], par         recommandations [4, 13] proposent un apport
exemple le ratio Ca/Zn (environ 100 avec un              d’environ 500 UI/kg de MS dans l’aliment (maximum
maximum de 200), le ration Zn/Cu (environ 5).            3200) ou selon un ratio de 50 UI/g de Ca.
                                                         Il est également nécessaire de prévenir tout excès,
                                                         dont les effets néfastes souvent irréversibles
3.2.3. Croissance et autres éléments                     notamment sur la croissance ont été montrés
                                                         (ostéopathie hypertrophique, etc.).
• Lipides et acides gras essentiels (AGE)
interviennent notamment dans l’appétence de la
ration, le maintien du statut corporel (masse            • Autres vitamines
grasse), les fonctions inflammatoires et immuni-         La vitamine A, essentielle également à la
taires (AGE).                                            croissance, doit être présente selon un ratio Vit A/
D’un point de vue quantitatif, on peut recom-            Vit D d’environ 10, ce qui approcherait la
mander un apport de matières grasses (MG) de             recommandation vers 5000 UI/kg de MS de
l’ordre de 10 à 20 % de la MS en croissance [13].        l’aliment (maximum 400 000 UI/kg de MS [4]) ou
D’un point de vue qualitatif, des apports en AGE         selon un ratio de 500 UI/g de Ca. Les excès
sont nécessaires. Les recommandations sont pour          (notamment lors de distribution excessive de foie
la série oméga 6 (ω6, acide linoléique) de               ou très régulière d’huile de foie de morue par
1,3 g /100 g MS (max 6,5) et pour la série oméga 3       exemple) conduisent notamment à de graves
(ω3 : acide alpha-linolénique) de 0,08 g/100 g MS [4].   désordres osseux, souvent irréversibles.
Des recommandations supplémentaires [3,4]                La vitamine C conditionne la qualité du collagène
concernent l’apport d’autres acides gras poly-           mais aucun lien n’aurait été démontré avec la
insaturés (AGPI) : acide arachidonique (ω6 présent       pathologie osseuse, notamment de par sa synthèse
notamment dans la viande) et acides éicosapen-           endogène [13].
taénoïque (EPA) et docosahéxaénoïque (DHA) de
la série ω3 (recommandation EPA + DHA :
0,05 g/100 g MS [4]) que l’on trouve notamment
dans certaines huiles de poissons de mers froides :      4. Hygiène et rythme alimentaire
cet apport favoriserait « l’apprentissage » des chiots
notamment mais différentes études semblent               L’hygiène alimentaire doit être renforcée chez le
nécessaires pour affiner la recommandation [1].          chiot : une attention particulière sera portée à la
                                                         salubrité et à la qualité de l’aliment. Salubrité, en
                                                         raison notamment de l’immaturité digestive du
• Glucides
                                                         chiot, la maîtrise du risque notamment bactérien
Le besoin en fibres demeure minimal (pour assurer        prenant alors toute son importance et qualité par
le transit) chez le chiot dont le tube digestif          le choix de matières premières à haute digestibilité
supporte mal leur excès.                                 (supérieure à 86 %), ceci permettant de limiter

                                                                                                                 17
l’encombrement digestif et participant à prévenir la            – Le rationnement en temps (repas de 5, 10 à
     diarrhée et la sous-nutrition [13].                             20 minutes) et quantité limités se révèle quant à lui
                                                                     particulièrement indiqué notamment chez les
                                                                     chiots de grandes races. De 4 à 3 repas (en post-
     Le rythme alimentaire fait encore l’objet de                    sevrage immédiat) puis 3 puis 2 repas au fur et à
     certaines controverses.                                         mesure de la croissance, ce mode de distribution
     Rationnement à volonté (libre-service) et ration-               permet un contrôle précis des quantités ingérées,
     nement à temps et quantité limités présentent                   un meilleur suivi et contribue également à l’édu-
                                                                     cation du/des chiots. Ce mode de rationnement
     chacun différentes particularités.
                                                                     peut néanmoins diminuer la consommation et la
                                                                     vitesse de croissance mais sans affecter le format
     – Le rationnement à volonté ou libre-service                    final de l’animal (13).
     présente différents avantages : moindre effort pour
     le détenteur ; limitation de la compétition entre
     chiots, des nuisances sonores avant l’heure des
     repas ainsi que du risque de sous-alimentation des              Conclusion
     chiots dominés. Il optimise également le transit
     digestif et la digestibilité par la multiplication des          Pendant la croissance du chiot, les risques
     repas mais présente néanmoins des limites :                     nutritionnels/pathologiques sont dominés par les
     réservé aux aliments secs avec un réel risque de                risques d’excès : surnutrition et vitesse de
     gaspillage et un risque hygiénique supérieur [13].              croissance excessive, complémentation minérale
     Le principal risque est cependant bien celui de la              ou vitaminique inadéquate ou anarchique. Les
     surconsommation énergétique notamment si                        déséquilibres, notamment protéines/énergie,
     l’aliment est très appétent (notamment par sa                   énergie/minéraux ou entre minéraux devront être
     richesse en lipides) ou en cas de compétition                   prévenus et une attention particulière sera
     alimentaire (chiots dominants) conduisant alors au              également apportée notamment à l’apport d’AGE,
     surpoids, à l’obésité et notamment aux risques                  à l’hygiène et au mode de distribution de l’aliment.
     associés de la surconsommation énergétique en                   En pratique, le suivi, la pesée régulière du chiot,
     croissance déjà évoqués précédemment. En                        l’appréciation de son indice de condition
     pratique, ceci conduit à déconseiller ou contre-                corporelle, l’individualisation de son rationnement
     indiquer le rationnement à volonté, notamment                   quantitativement et qualitativement tout au long de
     chez le chiot de grande race, tant que ce dernier               sa croissance contribueront à une meilleure
     n’a pas dépassé 80 % de son poids adulte (13).                  prévention de ces différents risques.             쮿

                                               Références bibliographiques
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