Arbres hors forêt, vecteurs d'un savoir partagé sous toutes les latitudes - Etudes de cas
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Références bibliographiques 139 SECONDE PARTIE Arbres hors forêt, vecteurs d’un savoir partagé sous toutes les latitudes Etudes de cas Photo 47. Bosquet conservé dans un champ d’orge. (© Jones/FAO)
140 Les arbres hors forêt Responsabilité des auteurs Les définitions utilisées dans ces études de cas varient d’un pays à l’autre, reflétant la diversité des réalités nationales (légales, institutionnelles et techniques), ce qui explique les différences avec les définitions, la terminologie et les statistiques du programme d’évaluation des ressources forestières. Les articles et photographies peuvent être reproduits à condition de porter la mention «Repris du Programme d’évaluation des ressources forestières, FAO». Les articles signés expriment les opinions de leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de la FAO.
Les arbres hors forêt: le cas du Costa Rica Les arbres hors forêt: le cas du Costa Rica David Morales Hidalgo et Christoph Kleinn Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement Photo 48. Production de café sous ombrage, Costa Rica. (© Harmand/Cirad) Contexte Au Costa Rica, le dernier relevé de l’utilisation des sols, réalisé en 1992 par l’Institut national météorologique, indique que les forêts secondaires et primaires occupent 54,08 pour cent du territoire et les terres dédiées à l’élevage 32,32 pour cent. L’agriculture, les infrastructures et les eaux couvrent les 13,6 pour cent restants (IMN et al., 1992). Le marché international de la viande a conditionné l’évolution du couvert forestier. Afin de pouvoir répondre à la demande en produits carnés, les activités d’élevage ont régulièrement et progressivement empiété sur les terres boisées. Avec la chute de ce marché au cours des années 90, les espaces consacrés à l’élevage se sont réduits donnant lieu à une régénération des forêts secondaires. Les systèmes d’arbres hors forêt, en plus de leur fonction écologique de séques- tration du carbone, assurent plus de la moitié de la production de bois. La conser- vation et la valorisation de ces ressources ligneuses sont essentielles. Dans cette perspective, le projet régional des ressources arborées hors forêt (TROF, Tree Resources Outside the Forests) a développé une méthodologie d’inventaire et de suivi des arbres hors forêt. Concept Au Costa Rica, la définition des forêts, et par conséquent celle des arbres hors forêt, varie suivant le domaine d’application: légal, technique, environnemental, etc., ce qui rend complexe la comparaison entre différentes études portant sur l’es- timation du couvert forestier et arboré. De plus, la définition des termes tels que forêt naturelle, forêt secondaire, forêt non exploitée ne repose pas sur des critères explicites. La loi forestière, dont l’application relève du Ministère de l’environnement et de l’énergie (Ministerio del Ambiente y Energía), définit la forêt comme un «écosys- tème d’origine ou autochtone, exploité ou non, régénéré naturellement ou par des
142 Les arbres hors forêt techniques forestières, d’une superficie de 2 hectares ou plus, caractérisé par la présence d’arbres matures d’âges différents, d’espèces et de tailles distinctes, avec un ou plusieurs étages de végétation, dont le couvert est supérieur à 70 pour cent de la superficie et où le nombre d’arbres à l’hectare, avec un diamètre moyen à hauteur de poitrine de 15 cm ou plus, est supérieur à 701» (Article 3 de la loi fores- tière 7575). Pour les arbres hors forêt, une typologie a été établie (Kleinn, 1999; Morales, 1999) distinguant, d’une part, les formations arborées hors forêt d’origine naturelle dont la superficie est inférieure à 2 hectares et, d’autre part, celles dues à l’intervention humaine. Dans cette catégorie, huit classes ont été identifiées: les systèmes agroforestiers, les arbres épars sur pâturages, les alignements, les arbres associés aux cultures permanentes, les arbres associés aux cultures annuelles, les brise- vent, les haies vives et les arbres des zones construites. En terme d’importance, les systèmes sylvopastoraux sont nettement supérieurs avec une couverture de 30,22 pour cent du territoire, suivis par les cultures saisonnières: 2,57 pour cent, les plantations de caféiers: 2,11 pour cent, de palmiers: 0,56 pour cent, les vergers d’orangers: 0,48 pour cent et de manguiers: 0,12 pour cent (IMN, 1996; Ministerio de Agricultura y Ganadería, 2000). Evolution et importance L’évolution des systèmes arborés hors forêt est étroitement liée au processus de privatisation des terres qui a donné lieu à la déforestation. Au cours de la décoloni- sation, seules les terres reconnues productives pouvaient être dotées d’un titre foncier, exigence impliquant leur défrichement avant exploitation. Cette condition a été avalisée par les gouvernements successifs maintenant les règles d’obtention de titres de propriété pour les terres libres de forêts. En outre, avec l’arrivée des pre- miers européens, les forêts ont été éliminées au profit de l’élevage pour répondre, tout d’abord, à la demande alimentaire locale et, par la suite, à celle du marché extérieur. Les données sur l’utilisation des sols entre 1961 et 1995 indiquent que les terres forestières sont passées d’environ 3 240 000 hectares à 1 569 000 hec- tares et celles affectées à l’élevage de 915 000 hectares à 2 330 000 hectares (FAOSTAT). En 1961, les pâturages couvraient environ 18 pour cent du territoire et, en 1990, plus de 45 pour cent. En plus de l’extension de l’espace agricole et de l’élevage, l’exploitation forestière illégale, les incendies de forêts, les politiques de crédit et l’urbanisation s’ajoutent aux causes de la déforestation qui, entre les années 50 et 90, atteignait 50 000 hec- tares par an (González et Lobo, 1999). En 1967 et 1977, des études ont permis d’estimer la superficie des formations arborées et leur couvert. En 1967, les forêts occupaient 48 pour cent du territoire avec un couvert de 90 pour cent; en 1977, ces chiffres étaient respectivement de 33 et 81 pour cent. La régression du couvert de toutes les ressources arborées a également été notée (tableau 9). La portée économique, écologique et sociale des arbres hors forêt est peu docu- mentée. On peut toutefois relever qu’en 1990 43,43 pour cent du volume total de bois exploité provenaient des arbres hors forêt et qu’en 1998 cette part s’élevait à 51,18 pour cent (González et Lobo, 1999). Cette tendance ira certainement en s’ac- centuant dans la mesure où les ressources forestières exploitables sont de plus en plus limitées. Actuellement, 18,4 pour cent de l’énergie produite sont fournis par les ressources ligneuses (BCCR, 2000). En termes économiques, les arbres hors forêt contribuent à 0,38 pour cent du produit intérieur brut (PIB). La production de café et de bananes représentent respectivement 26,93 et 18,49 pour cent de la valeur 1. Traduction libre. globale du secteur agricole, bien avant le secteur forestier dont l’apport est évalué
Les arbres hors forêt: le cas du Costa Rica 143 Tableau 9. Comparaison du couvert forestier entre 1967 et 1977. Classe 1967 1977 Couvert arboré Densité Couvert des cimes Couvert arboré Densité Couvert des cimes km2 % % km2 % km2 % % km2 % I 3 628 7,1 5,6 2 03,2 0,7 5 220 10,2 1,4 73,1 0,4 II 13 337 26,1 21,1 2 814,1 9,7 18 947 37,1 12,4 2 349,4 12,0 III 7 716 15,1 50,3 3 881,1 13,4 7 857 15,4 45,1 3 543,5 18,1 IV 24 528 48,1 90,3 22 148,8 76,3 16 806 32,9 81,1 13 629,7 69,6 V 1 891 3,7 0,0 0,0 0,0 2 270 4,4 0,0 0,0 0,0 Total 51 100 100,0 51 100 100,0 Source: Sylvander (1981, cité par Kleinn, 1999). Classe I: zones dépourvues d’arbres ou avec peu d’arbres, utilisées pour l’agriculture et/ou l’élevage. Classe II: zones avec des arbres épars et quelques petites formations forestières principalement utilisées pour l’agriculture ou l’élevage. Classe III: zones avec de grandes formations forestières et de terrains agricoles ou de pâturages. Classe IV: zones couvertes complètement ou en grande partie de forêts. Classe V: zones de mangroves, de palmiers ou d’arbustes de montagne. Les classes I, II et III comprennent en grande partie des arbres hors forêt. à 8,92 pour cent (McKenzie, 2000). Au cours des années 80, le secteur agricole a contribué à 20 pour cent du PIB, dont 20 à 25 pour cent étaient attribuables au mar- ché de la viande (Pérez, 1995). Pour améliorer la fertilité et la protection des sols, différentes essences d’arbres hors forêt ont été utilisées, entre autres dans les systèmes sylvopastoraux (Russo, 1981; Canet, 1986). Les arbres hors forêt concourent également à la sauvegarde de la diversité biologique: 79 espèces ont été dénombrées sur 25 000 hectares de pâturages (COSEFORMA, 1995). Les alignements, les brise-vent, les haies vives et les autres plantations le long des pâturages sont des systèmes implantés qui, avec le temps, sont bien souvent modifiés par la nature. La composition de ces sys- tèmes dépend des conditions environnementales, des préférences des producteurs et, surtout, de la disponibilité des semences et des plants de pépinières. Les ali- gnements en couloir influencent les mouvements du cheptel et la distribution des plantes (Burel, 1996, cité par Camero et al., 2000) et jouent alors un rôle de cou- loirs biologiques essentiels à un paysage agricole aux écosystèmes fragmentés. Aspects institutionnels et gestion En plus de la loi forestière, la réglementation des ressources naturelles est assurée par les lois de la faune sauvage, des parcs nationaux, de la diversité biologique, etc. Toutefois, ces instruments sont insuffisants pour traiter tous les aspects de la gestion des arbres hors forêt. La législation forestière serait celle qui accorderait le plus d’attention à cette problématique. Elle codifie spécifiquement l’exploitation et la gestion des systèmes agroforestiers. Il est important de mentionner que le gou- vernement soutient l’aménagement des ressources ligneuses en octroyant des inci- tations financières aux propriétaires de forêts et de plantations forestières. Toutefois, les arbres hors forêt sont peu concernés par ces mesures, ou de façon imprécise, ce qui minimise leur existence et contribue à leur détérioration. Au cours des dernières années, de nombreuses informations sur les arbres hors forêt ont été produites, notamment dans les systèmes agroforestiers. Le Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement (CATIE, Centro Agronómico de Investigación y Enseñanza) travaille sur le sujet depuis plusieurs années. Il a
144 Les arbres hors forêt favorisé, en collaboration avec des universités et le Ministère de l’agriculture et de l’élevage (Ministerio de Agricultura y Ganadería), le développement de l’agro- foresterie. La disponibilité de plus d’informations sur les arbres hors forêt favo- riserait l’émergence d’une politique nationale d’aménagement et de gestion de cette ressource inestimable, encore très peu connue. Les agriculteurs et les éleveurs savent que le maintien des arbres hors forêt est source de retombées économiques et d’impact écologique positif. Ils améliorent le paysage en plantant des arbres le long des cours d’eau et en installant des haies vives autour des propriétés, des brise-vent, des jardins potagers, etc. Il est à noter que le niveau culturel et économique des exploitants et des éleveurs influe sur le degré d’attention portée aux arbres hors forêt. Evaluation et planification La majorité des inventaires des arbres hors forêt déjà réalisés se sont intéressés aux systèmes agroforestiers et se sont limités à de petites superficies au niveau des propriétés. Les modes d’échantillonnage utilisés étaient systématiques ou aléa- toires et les informations étaient relevées sur des placettes circulaires ou rectangu- laires. Quelques inventaires ont été effectués sur des superficies plus vastes, tels que celui de 1981 réalisé à partir d’un échantillonnage systématique de parcelles d’un kilomètre carré réparties sur tout le pays et basé sur des photographies aériennes (Sylvander, 1981). En 1995, les forêts naturelles de la région Huetar Norte et les zones d’élevage ayant plus de six arbres par hectare ont été évaluées à partir de parcelles de sondage en grappes formant un réseau de points sur toute la région concernée (COSEFORMA, 1995). Des inventaires des arbres sur exploitation, basés sur un échantillonnage de propriétés ont également été effectués (Van Leeuwen et Hofslede, 1995; Harvey et Haver, 1999). En 2000, le projet TROF a réalisé un inventaire sur 10 000 hectares, représentatifs de la région Pacífico Norte, sur lesquels cinq sous-parcelles de 100 hectares ont été sélectionnées de façon systématique et où tous les arbres ont été recensés. Les résultats de ces études sont restés dans le domaine technique et n’ont pas été exploités par les instances décisionnelles. Ces dernières doivent encore être sen- sibilisées aux questions des arbres hors forêt et nécessitent des données quantita- tives à l’échelon national afin de procéder à la planification des ressources arborées hors forêt. Le projet d’inventaire TROF en Amérique centrale Depuis 1998, le Ministère de l’agriculture et de l’élevage met en œuvre le projet TROF, en collaboration avec le CATIE et l’université de Fribourg (Allemagne), dont l’envergure est régionale (Amérique centrale). Ce projet a pour objectifs, d’une part, de formaliser une méthodologie d’inventaire et de suivi des arbres hors forêt et, d’autre part, de diffuser les informations recueillies. Actuellement, l’inventaire a été réalisé. Le mode de sondage retenu comme étant le plus approprié aux arbres hors forêt est un échantillonnage multiple à deux degrés. Pour son application, il est recommandé de sélectionner, tout d’abord, les sites d’échantillonnage (unités primaires de 1 km sur 1 km) en se basant sur les
Les arbres hors forêt: le cas du Costa Rica 145 informations existantes et, ensuite, les placettes de sondage sur le terrain (unités secondaires), proportionnellement à la couverture arborée des arbres hors forêt (partant de l’hypothèse que la variable la plus intéressante est la présence d’arbres hors forêt). La situation optimale serait de disposer d’une préstratification basée sur la segmentation et la fusion d’une image Landsat avec une image IRS (protocole à développer par le projet TROF), qui permettrait une stratification des estimations de densités d’arbres hors forêt. Ensuite, dans chaque strate et en conformité avec les règles relatives à la taille du sondage, seraient sélectionnées les unités primaires et dans chacune d’entre elles, les unités secondaires. Au Costa Rica, la méthodologie a été expérimentée sur les systèmes sylvo- pastoraux en raison de leur importance. L’inventaire a été conduit dans la zone de Cañas, Guanacaste (Pacífico seco) sur une superficie de 294,33 hectares (tableau 10). Tous les arbres d’un diamètre supérieur à 10 cm et d’une hauteur égale ou supérieure à 5 m ont été recensés. Pour les haies vives, la hauteur retenue a été de 1,3 m. En 2000, le projet TROF a travaillé sur le développement de la dernière étape de l’échantillonnage. Il s’agissait d’analyser et de simuler différents modes d’échan- tillonnages probabilistes. Certains résultats sont déjà disponibles et la méthode est en cours de validation. L’expérience acquise par le projet TROF permet de déga- ger des éléments méthodologiques et opérationnels pour conduire à bien un inven- taire des arbres hors forêt. Tableau 10. Données résumées de l’inventaire des arbres sur pâturages à Cañas, Guanacaste. Type de formation Nombre Surface terrière Volume Nombre d’arbres/ha m2/ha m3/ha d’espèces a. Forêts primaires sans intervention 235,00 25,56 191,94 46 b. Forêts secondaires avancées 308,00 19,62 101,63 37 c. Tacotal haut 202,2 7,03 26,14 24 d. Pâturages sans délimitation arborée 9,25 1,34 5,02 69 e. Pâturages avec délimitations arborées 7,21 0,88 3,03 40 f. Total des pâturages (d + e) 16,46 2,22 8,05 74 Rapport pâturages/forêts (f/a x 100) 7,00 % 8,68 % 4,19 % Source: Projet TROF (2000). Quelle que soit la forme des parcelles, la taille doit être prise en compte tout en veillant à garder des parcelles compactes. En effet, dans de multiples régions (non seulement en Amérique centrale) les propriétés sont nombreuses et relativement petites, ce qui suppose de passer beaucoup de temps à l’obtention des autorisa- tions pour effectuer les mesures. L’option est de retenir des parcelles carrées, faciles à tracer, de 50 m sur 50 m ou de 100 m sur 100 m. Sur ces parcelles, tous les arbres seront mesurés et l’utilisation des terres sera notée à partir d’une grille de points ou du point central de la parcelle. En cas d’utilisation de la télédétection, la résolution des capteurs devra être élevée à cause de la difficulté de perception de nombreux arbres hors forêt. Les photo- graphies aériennes, dont le coût peut être une contrainte à leur utilisation (situation vécue par le projet TROF), auront une échelle comprise entre 1:5 000 à 1:10 000. Elles devront être récentes dans la mesure où les arbres hors forêt évoluent rapi- dement. Pour le travail de terrain, il faut se rappeler que l’accès aux arbres hors forêt peut être limité du fait qu’ils se trouvent sur des terrains privés. De plus, l’hétérogénéité de la ressource, sa distribution variable et ses formes géométriques
146 Les arbres hors forêt diversifiés compliquent l’échantillonnage et exigent plusieurs intensités de sondage et différents types de parcelles. Enfin, sachant que la définition des forêts diffère d’un pays à l’autre, l’objectif de l’étude doit toujours être gardé en mémoire. Les informations recueillies grâce à la méthodologie d’inventaire testée au Costa Rica devrait favoriser la prise en compte des arbres hors forêt dans les politiques d’aménagement et leur valorisation par les décideurs et les usagers. Ces données, en plus de permettre une interprétation régionale, permettront, par exemple, de dresser des cartes des arbres hors forêt, d’estimer le carbone stocké et le volume de bois, d’identifier les espèces, de repérer les couloirs biologiques. Conclusions La problématique des ressources hors forêt prend chaque jour plus d’importance, sachant que, peu à peu, beaucoup de pays ne devront compter que sur elles pour répondre aux besoins en produits ligneux et non ligneux. Au Costa Rica, il serait intéressant que les politiques de gestion et d’incitation pour la conservation et la régénération des ressources ligneuses incluent les arbres hors forêt et que la légis- lation sur l’exploitation du bois y fasse référence de manière plus précise. Il est nécessaire de concevoir des politiques de promotion des arbres hors forêt, de réglementer leur aménagement et d’établir des liens de collaboration entre les par- tenaires intéressés par le devenir des arbres hors forêt. Bibliographie BCCR (Banco Central de Costa Rica). 2000. Cuadros estadísticos. BCCR, San José. Consulté le 20 août 2000. Disponible sur http://websiec.bccr.fi.cr/indica- dores/indice.web Camero, J., Camargo, M., Ibrahim, A. et Schlonvoigt. 2000. Agroforestería y sis- temas de producción animal en Centro América. In Pomareda, C. et Steinfeld, H. Intensificación de la ganadería en Centroamérica: beneficios económicos y ambientales. CATIE-FAO-SIDE. p. 177-198. Canet, B. 1986. Características del sistema silvopastoral jaul (Alnus acuminata) con lechería de altura en Costa Rica. In Symposium sobre técnicas de produc- ción de leña en fincas pequeñas y recuperación de sitios degradados por medio de silvicultura intensiva. Costa Rica. COSEFORMA (Cooperación en los sectores forestal y maderero). 1995. Inventario forestal de la región Huetar Norte: resumen de resultados. IIe édition. Basé sur la consultation GWB (Gesellschaft für Walderhaltung and Waldbewirtschftung, mbH) et le document COSEFORMA no 43: Evaluación de la calidad de plantaciones forestales en la Región Huetar Norte de Costa Rica. 26 p. González, F. et Lobo, S. 1999. Breve descripción del estado de los recursos forestales de Costa Rica. In Kleinn, C. et Davis, R. (éd.), Actes de l’atelier sur le programme d’évaluation des ressources forestières dans onze pays d’Amérique latine. Turrialba, Costa Rica 17-20 mai 1999, p. 65-81. Harvey, C. et Harber, W. 1999. Remnants trees and the conservation of biodiver- sity in Costa Rica Pastures. Agroforestry Systems, 44: 37-68.
Les arbres hors forêt: le cas du Costa Rica 147 IMN. 1992. Mapa de cobertura de la tierra de Costa Rica. Atelier MAG, IGN, DGF, IMN. San José. IMN. 1996. Proyecto inventario nacional de emisiones de gases con efecto de invernadero. Institut météorologique national. San José. Kleinn, C. 1999. Compilation of information on trees outside the forest: regional special study for Latin América, including also Haiti. Contribution à l’évaluation des ressources forestières 2000, FAO. CATIE, Turrialba, 87 p. Kleinn, C. 2000. Inventory of trees outside forests: how to survey a scattered hete- rogeneous resource. Document présenté au 21e Congrès mondial IUFRO, Kuala Lumpur, Malaisie. Ministerio de Agricultura y Ganadería. 2000. Estadísticas del sector agrícola. Ministère de l’agriculture et de l’élevage. San José. Consulté le 24 août 2000. Disponible sur http://www.mag.go.cr. Mckenzie, T. 2000. Actualización de la metodología estadística para el sector forestal industrial de Costa Rica. MINAE, COSEFORMA, GTZ, FONAFIFO, ONF, San José, 38 p. Morales, D. 1999. Recopilación de información sobre árboles fuera de bosque en Costa Rica. CATIE, Unité des statistiques [inédit]. Perez, E. 1995. Competitividad del sector ganadería de carne en Costa Rica. Resumé de l’étude «Cadena Agropecuaria de Carne». Consultation pour l’IICA. San José. Russo, R. 1981. Árboles con pastos, justificación y descripción de un caso en Costa Rica. Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement. Turrialba. Costa Rica. Sylvander, R. 1981. Los bosques del país y su distribución por provincias. Ed. EUNA. San José. TROF. 2000. Descripción y objetivos del proyecto. Consulté le 12 août 2000. Disponible sur http://www.forst.uni-freiburg.de/TROF. Van Leeuwen, A. et Hofslede, A. 1995. Forests, trees and farming in the Atlantic zone of Costa Rica. An evaluation of the current and future integration of trees and forest in farming systems in the Atlantic Zone of Costa Rica. Série tech- nique. Document technique CATIE no 257.
Les arbres hors forêt: le cas de la France Les arbres hors forêt: le cas de la France Thierry Bélouard Inventaire forestier national, Lattes, France Frédéric Coulon Photo 49. Arbre d’émondes Association Solagro, Toulouse, France en Auvergne, France. (© Bellefontaine/Cirad) Contexte A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le premier objectif assigné à l’agriculture française fut l’autosuffisance alimentaire. Afin de pouvoir intensifier la production, on développa la mécanisation dont un des outils fut, à partir des années 60, le remembrement foncier. Les gains de productivité ont été tels que la production agri- cole devint excédentaire provoquant un exode rural important, renforcé par l’attrac- tion exercée par les villes. En 1936, une personne sur deux vivait à la campagne, aujourd’hui trois sur quatre résident en ville. Le nouveau contexte agricole, accompagné d’une spécialisation des productions, a conduit à l’abandon de nombreuses pratiques agroforestières. Les arbres hors forêt ne couvrent plus que 1,7 million d’hectares (3 pour cent du territoire) contre 4,5 mil- lions au début du siècle. Toutefois, ils restent un élément important des paysages ruraux et font l’objet d’inventaires. Leurs fonctions environnementales et leur impact sur le paysage leur donnent une nouvelle légitimité qui se traduit dans les politiques publiques par la mise en œuvre de programmes de promotion des arbres hors forêt et d’appui au reboisement. L’inventaire des ligneux hors forêt de l’Inventaire fores- tier national (IFN) illustre les efforts, notamment destinés à renforcer la prise de conscience des différents acteurs. Concept En France, il existe deux principaux observatoires des arbres hors forêt: d’une part, l’IFN qui, depuis 1998, réalise un inventaire des ligneux hors forêt et, d’autre part, le Service central des études et des enquêtes statistiques (SCEES) qui, depuis 1981, conduit l’enquête sur l’utilisation du territoire (Teruti). Ces sources ont permis d’établir une typologie2 des arbres hors forêt: – les bosquets: superficies boisées dont le couvert forestier est supérieur à 10 pour cent et dont les superficies sont comprises entre 5 et 50 ares; – les alignements: arbres de grosseur homogène disposés à intervalles réguliers 2. Suivant la source, la typologie sur une ligne; les alignements de peupliers faisant l’objet d’une rubrique spéciale; peut varier quelque peu.
150 Les arbres hors forêt – les haies: formations linéaires compactes d’arbres, d’arbustes et/ou d’arbrisseaux; – les arbres épars: formations arborées de moins de 5 ares, y compris les arbres isolés; – les prés-vergers: arbres fruitiers associés à une prairie permanente productive; – les vergers: production fruitière sur une surface d’au moins 5 ares. Evolution et importance Les travaux d’inventaire effectués depuis les années 60 donnent une image de l’évolution des arbres hors forêt en France. Les haies et les arbres épars. Le linéaire de haies entre 1975 et 1987 s’est réduit de 1 244 110 km à 707 605 km (Pointereau et Bazile, 1995). Cette régression, confirmée sur la période 1981-1990, semble s’atténuer depuis 1992: moins 0,3 pour cent par an (SCEES, 1999). Les arbres épars (342 500 hectares en 1998) connaissent la même évolution: moins 3,6 pour cent entre 1993 et 1998. Les plan- tations effectuées depuis vingt ans n’ont pas encore compensé la suppression à grande échelle des haies et des arbres épars des années 60 à 80. Les surfaces agroforestières. Les prés-vergers, entre 1982 et 1990, ont régressé de presque 20 pour cent et, entre 1991 et 1998, de 30 pour cent. Ils ne couvrent plus que 163 000 hectares. La région Basse-Normandie a perdu 63 pour cent des vergers de hautes tiges entre 1963 et 1990, soit 8 millions d’arbres. A cette cadence, ces ver- gers auront disparu en 2020. Par ailleurs, les noyeraies, oliveraies et châtaigneraies entre- tenues ne couvrent plus que 36 000 hectares contre 265 000 hectares en 1929. Les alignements d’arbres en bord de route. La longueur des alignements de bord de route a diminué de 23 000 km entre 1975 et 1987. Cette baisse de 42 pour cent du linéaire représente environ 3,5 millions d’arbres. Depuis 1992, on note une augmentation de 14 pour cent des sur- faces de routes arborées. Toutefois, ce patri- moine vieillissant est fragilisé par des contraintes sécuritaires et par une gestion insuf- fisante. La régression des arbres hors forêt résulte pour 52 pour cent de la modernisation de l’agricul- ture. Depuis 1945, plus de 15 millions d’hec- tares ont été remembrés facilitant la mécanisa- Photo 50. Les arbres en bordure tion. Depuis 1970, 2,7 millions d’hectares de prairies ont été transformés en terres de route rurale sont eux aussi menacés par l’intensification labourables. Les primes de la politique agricole commune (PAC) accordées aux agricole, France. céréales ont favorisé cette mutation. Parallèlement, la «disparition» de 40 pour cent (© Bellefontaine/Cirad) des arbres hors forêt est due à la déprise agricole et à l’incorporation des haies aux espaces forestiers et aux landes boisées. Enfin, une faible partie de cette régres- sion (8 pour cent) est liée à l’urbanisation (Pointereau et Bazile, 1995). Etant donné que la ressource forestière française n’est pas totalement exploitée, la valorisation des arbres hors forêt n’est pas encouragée. Bien que les arbres hors forêt contri- buent à l’économie et au maintien des écosystèmes, cette ressource largement autoconsommée ou échangée apparaît comme faisant partie d’une «économie souterraine». Les agriculteurs déclarent produire 4,4 millions de mètres cubes de bois à partir des haies, valeur proche des 4,5 millions de mètres cubes produits annuellement par
Les arbres hors forêt: le cas de la France 151 les arbres hors forêt (Solagro, 1997), soit 620 000 TEP par an3 ou 11 pour cent de la consommation domestique nationale en bois de feu. Cette estimation ne tient pas compte des haies exploitées par les particuliers ainsi que des volumes produits non déclarés. Les arbres hors forêt semblent contribuer à environ 5 pour cent de la pro- duction de bois, sachant que le bois d’œuvre est marginal du fait d’un mauvais entretien (blessures, élagage insuffisant) qui en compromet la qualité. Les prés-vergers représentent un système agricole productif. En Basse- Normandie, le pré-verger traditionnel approvisionne 40 pour cent de la production cidricole, soit 300 000 tonnes de fruits, exploités par plus de 13 000 agriculteurs. Le revenu dégagé par un verger de hautes tiges est trois à quatre fois celui d’une prai- rie: lait et viande (Nevoux et al., 2000). En Lorraine, la production de mirabelles a été relancée dans les années 80. Depuis, 200 agriculteurs ont pu maintenir ou développer une production qui diversifie leur activité et qui représente en moyenne 30 à 40 pour cent de leur revenu. Les remembrements joints à l’intensification de l’agriculture ont favorisé l’émer- gence de phénomènes d’érosion, révélant ainsi l’importance du rôle des arbres dans la protection des ressources hydriques et des sols. Dans le bassin versant de l’Ouanne (Yonne), le retournement des prairies et la suppression des haies ont réduit de moitié le volume d’eau stocké dans les sols (Baumann, 1983). Les crues sont plus importantes et les débits d’étiage plus faibles (Mérot et al., 1976). Les ripisylves améliorent la qualité de l’eau en absorbant 70 à 100 pour cent des nitrates contenus dans les eaux superficielles et de ruissellement, soit l’équivalent de 900 kg d’azote par hectare par an (Hickie et al., 2000). Les effets bénéfiques des haies brise-vent sur l’amélioration des cultures (rende- ments, protection, précocité, etc.) et des arbres hors forêt sur la fertilité des sols (Hickie et al., 2000) sont démontrés. De plus, les arbres hors forêt contribuent au maintien de la diversité biologique de l’avifaune (Moore, 1976, cité par Pointereau et Bazile, 1995) ou d’insectes utiles à l’agriculture (Karg, 1989; Karg et Ryszkowski, 1991; Blab, 1988) qui limitent les populations de ravageurs de cultures (Scapotjev, 1976, cité par Pointereau et Bazile, 1995). Parallèlement, la demande croissante de la société pour des paysages de qualité favorise la préservation des arbres hors forêt. Pour les agriculteurs désirant diver- sifier leur activité (accueil à la ferme, agrotourisme), l’arbre est un élément indis- pensable. Par exemple, l’occupation des gîtes ruraux est supérieure de 30 pour cent dans un paysage de bocage par rapport à un paysage ouvert (Armel, 1994). Les élus locaux encouragent ces actions qui s’inscrivent aussi dans une perspec- tive de développement local. Aspects institutionnels et gestion La réglementation pour la gestion des arbres hors forêt s’appuie sur différents textes législatifs. Le Code civil pose les principes et les règles d’implantation, d’exploitation et de destruction des haies. Par contre, le Code forestier porte peu d’attention aux espaces boisés non forestiers et ignore les arbres épars ou les surfaces agrofores- tières. Dans le Code rural et de l’environnement, les lois, décrets et règlements visant la protection des haies se succèdent à un rythme accéléré et ce, dans l’optique d’une meilleure sauvegarde de l’environnement. On peut citer dans le domaine: depuis 1992, les aides de la Commission européenne et depuis 1995, la loi sur le renforce- ment de la protection de la nature et celle d’aménagement du territoire. 3. Equivalence énergétique: Au niveau institutionnel, les Directions départementales de l’agriculture et de la 1 stère = 0,65 m3 = 0,147 tonne- forêt (DDAF) sont les premières gestionnaires administratives des arbres hors forêt. équivalent-pétrole (TEP) (Riedacker Elles assurent la maîtrise d’œuvre des plantations aux côtés d’organismes fores- et Robin, 1987).
152 Les arbres hors forêt tiers (Institut pour le développement forestier, Centres régionaux de la propriété forestière, etc.) ou agricoles (Chambres d’agriculture). Egalement, les Directions régionales de l’environnement (DIREN) soutiennent des actions de préservation et de restauration des haies et des arbres. Depuis ces cinq dernières années, les DDAF jouent un rôle de plus en plus impor- tant pour la promotion des arbres hors forêt: mise en place d’un fonds de gestion de l’espace rural (FGER) en 1995, établissement de contrats territoriaux d’exploi- tation (CTE) depuis 1998, faisant suite aux mesures agri-environnementales de 1992. Elles ont également conduit en 1994 et 1995, conjointement avec les DIREN, une campagne en faveur des arbres hors forêt. Le rôle de ces administrations évolue. Si depuis vingt ans, la gestion des arbres hors forêt était assurée par les services agricoles ou forestiers, aujourd’hui, les collectivités territoriales (Conseils généraux, Régions) initient des «politiques de l’environnement». Elles financent des opérations concernant les haies et gèrent les aménagements fonciers, désormais de leur domaine de compétence. Le dévelop- pement de projets de territoire (contrat de terroir, contrat de Plan Etat-Région) est encouragé. C’est ainsi que plusieurs départements ont mobilisé des moyens et élaboré des chartres pour faciliter et accentuer la prise en compte des arbres dans les aménagements fonciers. Des politiques incitatives de replantation ou d’entretien des haies bocagères et des alignements ruraux sont menées dans 80 pour cent des départements. Il reste cependant un point faible à ces politiques de promotion des arbres hors forêt, celui de l’absence de recherche. Rares sont les équipes scienti- fiques menant des études sur les intérêts de l’arbre dans les exploitations agricoles ou sur les relations arbre-culture ou arbre-prairie-animal. Les procédures qui se mettent en place pour la gestion des arbres hors forêt don- nent de plus en plus de responsabilités aux élus locaux et favorisent des opérations collectives aux objectifs élargis et hiérarchisés en prise avec les enjeux environne- mentaux et sociaux: sensibilisation, protection, replantation, entretien, valorisation. Cette dynamique favorise les initiatives de maintien des arbres par les associations, communes, communautés de communes et par les agriculteurs, principaux gestionnaires in fine des haies et des arbres hors forêt, qui, parfois, acquièrent du matériel en commun pour faire face aux problèmes d’entretien. Les vergers font également l’objet d’actions concrètes. Par exemple, en Ariège et en Haute-Garonne, la fédération Rénova a mis en place, depuis 1995, un pro- gramme de restauration et de valorisation des variétés fruitières anciennes. Dans cette région, le milieu rural a connu une très forte déprise et la quasi-disparition du tissu agricole. Les élus locaux et les agriculteurs ont voulu préserver leur patrimoine fruitier. Après une phase de sensibilisation, des tailles de rénovation des arbres frui- tiers anciens ont été réalisées dans plus de 300 vergers. Plus de 50 agriculteurs fabriquent désormais un produit artisanal dont la qualité est reconnue. L’engouement est tel que les agriculteurs du réseau Rénova construisent actuel- lement un atelier fixe de transformation des fruits (jus, cidre, etc.) avec l’objectif de produire 80 000 bouteilles en 2004. Un programme de verger expérimental est à l’étude afin de valoriser les variétés locales qui n’ont jamais été étudiées. Evaluation et planification Au niveau national, il existe deux sources principales pour évaluer les arbres hors forêt: l’IFN et l’enquête sur l’utilisation du territoire. Les préoccupations environne- mentales, la recherche et la mise en œuvre d’indicateurs environnementaux susci- tent un nouvel intérêt au niveau de ces sources statistiques.
Les arbres hors forêt: le cas de la France 153 L’IFN, conduit par l’établissement public de même nom, a pour but d’évaluer la ressource forestière. Toutefois devant l’importance des formations ligneuses hors forêt, dès les années 60, l’IFN a pris l’initiative de conduire, simultanément à l’inventaire général, des inventaires spéciaux pour les haies, les alignements et les arbres épars dans les départements où cela se justifiait (Chevrou, 1988). Des méthodes adaptées à chaque type de formation, basées sur la photo-interprétation de photographies aériennes et sur des levers de terrain, furent adoptées. La méthode des intersections a été retenue pour l’inventaire des formations linéaires, telles les haies. Le sondage aréolaire a servi pour les alignements, le plus souvent agrégés géographiquement (alignements de peupliers en particulier). Enfin, pour l’inventaire des arbres épars, une méthode de sondage similaire à celle des forma- tions boisées (sondage par points avec placette de régularisation) a été appliquée. A la fin des années 90, ces trois inventaires ont été fusionnés en un inventaire unique, celui des ligneux hors forêt afin de mieux répondre à la demande des utilisateurs et de réduire les coûts par l’unification de la méthode sans rien sacrifier à la précision des résultats. L’enquête Teruti, réalisée par le SCEES du Ministère de l’agriculture depuis 1981, permet de suivre l’évolution de la surface occupée par les arbres hors forêt et le devenir des surfaces boisées. Elle repose sur un sondage systématique à deux degrés: au premier correspond des photographies aériennes réparties systémati- quement sur le pays; au second, une grille régulière de 36 points établie sur ces photographies. Sur chaque point est notée l’occupation physique et fonctionnelle. L’échantillon de l’enquête Teruti est permanent et permet de suivre les évolutions de l’occupation du territoire. Pour répondre aux attentes locales, en plus des inventaires de l’IFN et de l’enquête Teruti, décidés au niveau national, sont nés des programmes complémentaires d’évaluation, soutenus financièrement par les collectivités locales, principalement dans l’ouest de la France. C’est ainsi qu’en Mayenne (voir annexe), où la suppres- sion des haies a complètement modifié le paysage de bocage, la DDAF a procédé, en 1995, à l’inventaire des haies. En Bretagne, une enquête a été conduite pour répondre, entre autres, aux questions sur les pratiques agricoles en relation avec la qualité des eaux. Inventaire des ligneux hors forêt de l’IFN L’inventaire des ligneux hors forêt de l’IFN traite les formations non prises en compte par l’inventaire des formations boisées (ou inventaire général) et l’inventaire des peupleraies; il exclut les vergers, vignes, noyeraies et truffières. Les formations considérées sont les alignements (distinction entre alignements de peupliers et autres alignements), les haies (distinction entre haies arborées et haies non arbo- rées) et les arbres épars. Echappent à cet inventaire les formations situées sur des terrains artificialisés (agglomération, zones de loisirs, etc.) et celles dont l’accès est dangereux (routes à grande circulation, voies ferrées, etc.) ou difficile (propriétés privées, terrains clos, etc.). La méthode retenue pour les formations linéaires, dite méthode des bandes asso- ciées, consiste à attribuer une surface à la formation (ensemble des points situés à une distance inférieure à r de la formation: r vaut environ 25 m). La longueur est alors estimée en divisant la surface par la largeur de la bande (2r). Pratiquement, des placettes circulaires de rayon r sont utilisées; une haie ou un alignement est alors pris en compte dès lors que le point de cette formation le plus proche du centre de la placette appartient à la placette de rayon r et qu’il n’est pas une
154 Les arbres hors forêt extrémité de la formation. La méthode pour les arbres épars quant à elle reste inchangée (sondage par points avec placette de régularisation). L’échantillonnage est à deux phases avec stratification à l’issue de la première. La première phase correspond à une photo-interprétation de points sur des photogra- phies aériennes (notation de la présence avérée, ou possible, des effectifs et de la nature des formations) et la deuxième à des contrôles au sol (systématiques), éventuellement complétés par une description (configuration, environnement, per- méabilité, etc.), voire des mesures dendrométriques (volumes et accroissement) lorsqu’il y a des financements extérieurs. Enfin, les résultats statistiques sont accompagnés d’intervalles de confiance (voir annexe). L’inventaire des ligneux hors forêt dont le protocole est désormais opérationnel est en cours de généralisation à l’ensemble du territoire. Il devrait mieux répondre à l’attente des utilisateurs en prenant en compte les préoccupations environnemen- tales et en adaptant la finesse de ces résultats aux intérêts locaux. Conclusions L’absence de statut légal des arbres hors forêt, essentiellement situés dans l’es- pace agricole, ne favorise pas leur préservation quand les subventions de la PAC s’appliquent aux superficies hors arbre. On peut noter que la mise en place d’un groupe de travail «agroforesterie» au sein du Ministère de l’agriculture va dans le sens d’une plus large consultation sur la place et le rôle des arbres hors forêt. En tenant compte des aménités de l’arbre pour la société, l’agriculture serait reconnue productrice, non seulement, de biens mais aussi de services. Le soutien aux arbres hors forêt pourrait aussi se traduire indirectement par le développement de filières économiques modernes (labels, appellation d’origine contrôlée ou marque «agro- foresterie»), l’aide à l’acquisition collective de matériel d’entretien (lamiers à scie, etc.) ou par la mise en place de filières de collecte et de transformation des fruits. Ces démarches, contribuant à préserver la qualité des paysages, permettraient de créer des emplois en milieu rural et de diversifier l’activité agricole (et donc garan- tir le revenu) dans un objectif de développement local. Malgré la grande diversité des actions, rares sont les territoires où des objectifs pluriannuels quantitatifs et précis en termes de replantation, de restauration ou d’entretien ont été définis. De même, des indicateurs de suivi faciliteraient l’évalua- tion des actions engagées. Cela contribuerait à rendre plus efficaces les futurs programmes et à orienter les politiques locales à venir. L’un des points faibles des politiques mises en œuvre est l’absence de lieux d’échange ou de réflexion sur les arbres hors forêt, notamment au bénéfice des acteurs locaux. Il est nécessaire de développer des programmes de recherche afin d’expérimenter des formes modernes d’agroforesterie: adaptation des structures bocagères au contexte agricole actuel, interactions arbre-culture et arbre-pré, évolution des pratiques d’entretien. Bibliographie Armel, M.J. 1994. Valeurs des paysages agricoles et tourisme rural. Ministère de l’économie. Direction de la prévision. Université de Toulouse, 29 p. Baudry, J et Burel, F. 1995. De la haie au bocage: changement de perspective dans l’analyse écologique. Dossier de la revue de géographie alpine, 8 p.
Les arbres hors forêt: le cas de la France 155 Baumann, O. 1983. Le Haut Bassin de l’Ouanne: approche méthodologique d’un bocage en mutation. Conséquences des transformations du paysage agraire sur la capacité de stockage de l’eau dans les sols. Thèse de doctorat. Laboratoire de géographie physique, Université Paris VII, 418 p. Blab, J. 1988. Sauvons les papillons. Editions Duculot, 192 p. Burel, F. et Baudry, J. 1994. Reaction of ground beetles to vegetation changes following grassland. Chevrou, R. 1973. Inventaires des haies. Revue forestière française, 25: 47-53. Chevrou, R. 1988. Inventaire forestier national, méthodes et procédures. 105 p. Hickie, D., Miguel, E., Pointereau, P. et Steiner. 2000. arbres et eaux: rôle des arbres champêtres. Solagro, Toulouse, France, 32 p. IRD (Institut de recherche pour le développement). 1999. Contribution à l’état des connaissances sur les arbres hors forêt. IRD, France, 185 p. Karg, J. 1989. Comparaison of insect biomass in maize crops with biomass in other agricultural ecosystem. Acta phytopathologica Hungarica, 24: 129-133. Karg, J. et Ryskowski, L. 1991. The effect of the structure of agricultural land- scape on biomass of insects of the above-ground fauna. Ekologia Polska, 39: 171-179. Merot, P. et al. 1976. Comparaison des écoulements sur deux bassins versants élémentaires bocagers et ouverts. In Table ronde CNRS Les Bocages. Rennes, 586 p. Nevoux, L., Opezzo, P. et Richert, A. 2000. Protection des vergers de poiriers du Domfrontais. CAUE de l’Orne et de la Manche, 117 p. Pointereau, P. et Bazile, D. 1995. L’arbre des champs: haies, alignements et prés- vergers ou l’art du bocage. Editions Solagro, 139 p. Riedacker, A. et Robins, S. 1987. La consommation de bois de feu en France après le second choc pétrolier. Revue forestière française, 2: 81-100. SCEES (Service central des études et des enquêtes). 1999. L’utilisation du terri- toire en 1998: nouvelles séries de 1991 à 1998. Agreste Agriculture, no 114, 85 p. Solagro. 1997. Actions de gestion des structures bocagères: enquête auprès de trente départements. Ministère de l’agriculture, France.
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