NOS-ARBRES Synthèse pour les instances de décision - Plante & Cité Suisse
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Porteurs du projet : Mar n Schlaepfer (Université de Genève et GE-21) Eric Amos (Plante & Cité Suisse) Olivier Robert, Service des espaces verts (Ville de Genève) Avec le sou en du programme G’innove (Ville de Genève) Cita on : Schlaepfer, M.A., B.P. Guinaudeau, O. Robert et E. Amos (2018). Projet NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décision. Mise en page et graphisme : Stéphane Kluser (Komplo) Version du 5 septembre 2018 A ribu on - Partage dans les mêmes condi ons (CC BY-SA)
Table des ma ères 1 Préfaces ................................................. 4 8.1 Critères de priorisa on pour l’accessibilité (300 mètres) aux espaces de détente ...19 2 Résumé .................................................. 6 8.2 Déficits biologiques ................................21 3 Remerciements ...................................... 8 8.3 Réduc on de l’effet îlot de chaleur ........22 4 Objec fs du projet NOS-ARBRES ............. 9 8.4 Épura on des micropolluants ................23 4.1 Cinq ques ons du projet...........................9 8.5 Synthèse des zones prioritaires pour des futures planta ons .................................25 5 Méthodologie ...................................... 10 9 Faut-il privilégier de nombreux pe ts 5.1 Calendrier et déroulement du projet .....10 arbres, ou quelques grands ? ................ 29 5.2 Périmètre spa o-temporel du projet ....10 10 Quelles espèces faut-il planter ? ........... 31 5.3 Choix d’une approche par cipa ve ........10 10.1 An ciper les changements clima ques .31 6 Résultats .............................................. 12 10.2 Éviter une surreprésenta on 6.1 Vision partagée .......................................12 taxonomique ...........................................32 6.2 Nombre et types d’arbres .......................13 11 Comment améliorer la manière de planter 6.3 Services écosystémiques des arbres ......14 des arbres ? .......................................... 35 7 Est-ce que la Ville et le canton de Genève 12 Conclusions et recommanda ons ......... 37 manquent d’arbres ? ............................ 17 13 Ques ons de recherche ........................ 39 8 Où faut-il planter des arbres ? .............. 19 NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 2
1 Préfaces En lançant en 2016 le Fonds G’innove, la Ville de Genève a souhaité s muler l’innova on sociétale plusieurs zones urbaines déficitaires en arbres, auxquelles il s’agira d’être par culièrement a en f- sur son territoire. Elle a pris le pari – jugé un peu ve-s dans les années à venir si l’on entend garan r à fou par certain-e-s - que Genève, ses habitant- toutes et tous une qualité de vie égale. En lien avec e-s, ses associa ons et même son administra on le réchauffement clima que, elle offre également pouvaient être capables de créer, d’oser et de des recommanda ons importantes concernant les me re en œuvre des projets audacieux pouvant types, les espèces et les essences d’arbres à planter améliorer concrètement la qualité de vie dans notre selon les lieux, ainsi que la meilleure manière de cité. L’objec f sous-jacent? Construire une ville du procéder. 21ème siècle qui soit à la fois moderne, écologique Avec ce e étude, les instances de décision jouissent et solidaire. Une ville durable donc, où chacun-e a désormais d’un document de référence pour guider bel et bien sa place et où il fait bon vivre. leurs ac ons en ma ère de végétalisa on. Il s’agira Le projet « NOS-ARBRES » cons tue un très bel d’en faire bon usage et de travailler de manière exemple d’ini a ve allant dans ce sens. Grâce à intelligente non seulement pour le bien-être de la une approche par cipa ve et la collabora on de popula on actuelle mais également pour celui des nombreux expert-e-s, ce projet inédit – financé de généra ons futures. 2016 à 2018 par G’innove - permet de me re en avant la valeur ines mable du million d’arbres recensés dans notre canton. Car les arbres purifient l’air que nous respirons, a énuent la chaleur urbaine en été, procurent un habitat à de nombreuses espèces vivantes et offrent aux citadin-e-s de mul ples possibilités récréa ves et spirituelles. Partout à Genève, les arbres améliorent la qualité de vie et la résilience locale. Ils représentent certainement l’un de nos biens parmi les plus précieux. En parallèle, la présente étude a l’immense Sandrine Salerno mérite d’apporter des pistes d’ac ons concrètes à Conseillère administra ve en charge du l’administra on genevoise. Elle iden fie par exemple développement durable pour la Ville de Genève NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 4
Les arbres et Genève, c’est une longue histoire ce e stratégie cantonale à l’égard de cet enjeu, à arrières pe ts-enfants de bénéficier d’exemplaires de passion marquée par l’embellissement de la savoir la volonté d’assurer « qu’en 2030, le canton aussi remarquables que ceux plantés pour nous par ville, la cons tu on de collec ons dendrologiques abrite un patrimoine arboré de haute valeur pour nos prédécesseurs et, plus largement, offrir à tous remarquables et la créa on de magnifiques parcs la biodiversité grâce à une diversité de taille et les habitants de la Genève du 22ème siècle tous les dès le 18ème siècle. Issue de notre centre urbain, d’âge des arbres, à la campagne comme en ville. bienfaits que peut offrir ce merveilleux patrimoine ce e rela on étroite s’est rapidement étendue à L’urbanisa on prévoit suffisamment de place pour arboré à notre porte. l’ensemble du canton, suscitant partout l’engagement renouveler les grands arbres. Les propriétaires et de nombreux citoyens. Elle a connu une première ges onnaires des espaces arborés sont soutenus Patrik Fouvy formalisa on importante dès les années 1970 au dans leurs efforts pour maintenir les arbres Directeur du service du paysage et des forêts travers de l’élabora on d’ou ls légaux innovants ou remarquables et les sujets âgés ». (Stratégie DGAN – DT avec l’inventaire cantonal des arbres (ICA) et la mise Biodiversité Genève 2030, État de Genève, janvier en valeur des arbres remarquables ou encore, un 2018). peu plus tard, avec la mise en place de mécanismes A la fois pragma que et tourné vers le futur, le projet de compensa on - autant d’éléments qui sont « NOS-ARBRES » confirme parfaitement le bien-fondé aujourd’hui au cœur de l’ac on du Canton de Genève des ac ons entreprises à l’échelle de notre canton dans ce domaine. et invite à aller de l’avant. Il fournit des indica ons Le projet « NOS-ARBRES» s’inscrit directement pour orienter les choix afin de garan r durablement dans ce e ligne. Fruit d’un travail de concerta on la présence de suffisamment d’arbres à Genève. Il et basé sur l’u lisa on des nouvelles technologies rappelle aussi que l’un de nos enjeux majeurs a trait d’acquisi on d’image aérienne et de traitement des à l’espace et s’inscrit dans le temps – un volume de données, il rappelle que la valeur de notre patrimoine 100 m3 de terre, soit un bol de 9 mètres de rayon et arboré dépasse les ques ons esthé ques pour de 2 mètres de profondeur, est indispensable pour revê r une influence très concrète sur la qualité de le développement adéquat d’un grand arbre sur une vie des Genevois. durée de vie qui se mesure en siècles. Ce e démarche a ainsi contribué à alimenter la Avec ce e démarche rassembleuse, notre ac on en réflexion autour de l’élabora on de la Stratégie faveur de la ges on du patrimoine arboré genevois biodiversité Genève 2030, menée en parallèle se trouve renforcée - au profit direct de la popula on. par le Canton de Genève. On retrouve d’ailleurs Car l’objec f qui anime tous les acteurs dans ce une vraie cohérence dans la vision exprimée dans domaine ne varie pas : perme re à nos arrière- NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 5
2 Résumé Il existe plus d’un million d’arbres sur le canton de Genève dont environ la moi é se trouve hors à augmenter la surface moyenne de chaque arbre de 5%, et si chaque commune plante annuellement, sur forêts. Le projet NOS-ARBRES (2016-2018) analyse les 15 prochaines années, 80 nouveaux arbres (avec ce patrimoine dans le but d’iden fier ses forces, ses des futures couronnes de 8m minimum) et 20 autres faiblesses, ainsi que les menaces et les opportunités très grands arbres (diamètre de couronne de 21m). pour sa ges on future. En par culier, il iden fie des Les arbres à Genève contribuent principalement zones prioritaires dans chaque commune pour des à la détente, à la connec vité biologique, à futures planta ons dans une op que de durabilité l’a énua on des îlots de chaleur et à l’épura on et de résilience face aux changements clima ques. des micropar cules dans l’air. Des indicateurs Le projet NOS-ARBRES a été mené de manière pour ces services ont été cartographiés, ce qui a par cipa ve afin de renforcer l’intelligence permis d’iden fier des zones « prioritaires » pour collec ve, la crédibilité du résultat et une meilleure la planta on de futurs arbres. Ces surfaces se acceptabilité de ses conclusions. Quatre ins tu ons retrouvent dans toutes les communes mais surtout (HEPIA, UNIGE, Ville de Genève, République et dans les quar ers de Plainpalais-Jonc on, des canton de Genève) et plus de 80 par cipants, issus Pâquis et dans le périmètre du projet Praille-Acacias- des milieux académiques, de bureaux privés et de Vernets. la société civile, ont contribué à définir une vision Une analyse des contraintes à la planta on (réseaux partagée du projet, ses objec fs, sa méthodologie et souterrains et foncier) permet de cibler les parcelles à valider son rapport final. les plus à même de poten ellement accueillir Un faisceau d’indices indique que Genève manque des arbres supplémentaires sur le foncier public, actuellement d’arbres. Le pourcentage du sol mais elle met aussi en lumière les espaces limités. ombragé par les arbres sur le canton (sans le lac) est Une augmenta on de la couverture arborée dans actuellement de 21%. Il serait vraisemblablement les zones prioritaires passera donc aussi par des dans l’intérêt du bien-être des habitants du canton incita ons à planter des arbres chez les par culiers d’augmenter l’ombrage jusqu’à 25%, au moins, d’ici et ainsi que dans les grands projets et les concours 2050. Cet objec f peut être a eint si globalement le d’aménagement. patrimoine arboré existant est entretenu de manière NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 6
Une analyse financière coût-bénéficen’a pas abou , faute de données sur la survie des arbres, leur taux de croissance, et le coût direct engendré par leur planta on et leur ges on. La li érature indique que, typiquement, un arbre génère un surplus net (en valeur de services rendus) 10-20 ans après sa planta on. Les grands arbres (>20m hauteur) sont par culièrement u les et appréciés. Les arbres sont poten ellement vulnérables à la densifica on de la ville (diminu on d’arbres au sein des « grand projets » urbains), aux nouvelles maladies, à un changement du climat et une accentua on de l’effet d’îlot de chaleur urbaine. Des pistes poten elles pour se prémunir par ellement contre la perte drama que des services écosystémiques issus des arbres existent : planifier 25-30% de surface arborée dans les grands projets urbains; améliorer les condi ons de planta on ; choisir des espèces et variétés capables de survivre dans un climat plus chaud et sec. Bien géré, le patrimoine arboré peut contribuer à une bonne qualité de vie. Il doit par conséquent de faire par e intégrante de l’aménagement du territoire. Un plan de ges on (« plan canopée ») devrait être établi de manière par cipa ve (citoyens et spécialistes) et mis à jour régulièrement. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 7
3 Remerciements Ce projet a été codirigé par Mar n Schlaepfer (Université de Genève et GE-21), Olivier Robert Nadine ALLAL , Nicolas AMANN, Eric AMOS, Foteini ARPATZOGLOU, Bertrand VON ARX, Jean BARTH, (Service des espaces verts de la Ville de Genève) Philippe BASTING, Roger BEER, Aline BLASER, et Eric Amos (Associa on Plante & Cité Suisse). Le Aurélie BOISSEZON, Thomas BOLOGNESI, Nicolas projet a été administré par l’Université de Genève. BORZYKOWSKI, Cédric BOUVIER, Hugo CAMPI, Nous remercions la Ville de Genève pour son sou en Nicola CANTOREGGI, Victorine CASTEX, Lionel annuel de 25’000.- par le biais du fond G’innove CHABBEY, Olivier CHATELAIN, Go lieb DANDILKER, ainsi que la mise à disposi on de ses locaux pour la Julien DESCOMBES, Olivier DESSAMBRE, Laura conférence de res tu on finale ; l’État de Genève DIAS, Emmanuelle DOMINIK, Alan DRIEBERG, Alain pour son sou en à l’organisa on d’ateliers et de DUBOIS, Alain ETIENNE, Juliet FALL, Bertrand conférences (4’000.-), l’Université de Genève pour FAVRE, Andrea FINGER-STICH, Dominique FLEURY, son sou en au fonc onnement de GE-21 et l’HEPIA Daniel FRIEDLI, Marie FOURNIER, Jean-Pascal GILLIG, pour la mise à disposi on de salles et moyens Gregory GIULIANI, Benjamin GUINAUDEAU, Jesse audio-visuels lors des ateliers par cipa fs et autres HASTINGS, Yves HAUSSER, Charlène HEINIGER, présenta ons ( « La place de l’arbre en ville », le Pierre JAILLET, Alison LACROIX, Céline LAVY, 27 avril 2017, et « Planter la rue », le 30 novembre Jean-Yves LE BARON, Anthony LEHMANN, Sylvia 2017). Nous remercions en par culier Benjamin LEUENBERGER, Pascal MARTIN, Joëlle MASSY, Guinaudeau (GE-21) pour ses contribu ons Chris an MEISSER, Yves MICHELENA, Mathieu essen elles au contenu de ce document. Olga MIGEON, Florian MOMBRIAL, Gilles MULHAUSER, Villarrubia (Etat de Genève), Alan Drieberg (Ville de Beat OERTLI, Caroline PAQUET-VANNIER, Sophie Genève) et Nicolas Amann (Atelier Nature Paysage) PASCHE, Robert PERROULAZ, Philippe POGET, Filipe ont donné des retours détaillés et construc fs sur POHLMANN GONZAGA, Damien REGENASS, Olivier des versions antérieures de ce rapport. ROBERT, Michaël ROSSELET, Ervan RUTISHAUSER, Arthur SANGET, Marianne SCHALLER, Mar n Ce rapport est le fruit d’un effort collec f. Nous SCHLAEPFER, Alicia TANNER, Vanna TATTI, Jacques remercions les personnes suivantes pour leur THIEBAUD, Sophie VALLEE, Nicolas VARIDEL, Olga par cipa on ac ve aux conférences, au débat, aux VILLARRUBIA, Jacques VOEFFRAY, Geraldine WÄLCHI, ateliers, et groupes de travail dans le cadre du projet Fabien WEGMULLER, Marcos WEIL, Lukas WELKER, NOS-ARBRES (par ordre alphabé que): Nicolas WYLER, Hélène WYSS, et Candice YVON. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 8
4 Objec fs Le projet NOS-ARBRES a comme objec f principal de sensibiliser le public et les instances décisionnelles Ce rapport présente une synthèse des principaux résultats. De plus amples détails sur le projet, y du projet sur les valeurs cachées de la nature. En effet, le développement durable repose sur l’axiome qu’il existe un lien entre l’état de l’environnement et le compris un rapport plus détaillé, sont à disposi on du lecteur sur www.ge21.ch, sous le projet « NOS- ARBRES ». NOS-ARBRES bien-être des habitants. Il est donc important que des décisions poli ques et stratégiques puissent prendre en compte les nombreuses presta ons apportées sur le territoire par les éléments naturels. 4.1 Cinq ques ons du projet Le projet répond à cinq ques ons qui émanent des échanges avec les membres de la Déléga on G’innove de la Ville de Genève (Mme Salerno, M. Barazzone et M. Kanaan), du service Agenda 21 – Ville durable de la Ville de Genève, du Service des espaces verts de la Ville de Genève, et de la Direc on générale de l’agriculture et de la nature (DGAN) de l’Etat de Genève : 1. Existe-t-il trop, ou trop peu, d’arbres sur le canton de Genève ? 2. Où faudrait-il planter des arbres en priorité ? 3. Faudrait-il privilégier de nombreux pe ts arbres, ou quelques grands? 4. Quelles espèces et essences faudrait-il priv- ilégier pour les futures planta ons ? 5. Comment améliorer la manière de planter des arbres ? NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 9
5 Méthodologie 5.1 Calendrier et déroulement du projet 5.3 Choix d’une approche par cipa ve Ce projet s’est déroulé en trois étapes, sur trois Les porteurs du projet ont choisi de mener ce e ans. Durant la première année (2016) a eu lieu étude de manière par cipa ve (Figure 1). La logique une concerta on des par es prenantes, afin de derrière ce choix est qu’un travail collec f serait déterminer les ques ons et les enjeux prioritaires. certes couteux en temps de concerta on, mais La deuxième étape (2017) s’est concentrée sur qu’il bénéficierait d’une plus grande intelligence la réalisa on des livrables (analyse des services collec ve, d’une crédibilité augmentée, et d’une écosystémiques et produc on des cartes). accepta on poli que supérieure. Trois ateliers, Finalement, la troisième étape (2018) a consisté trois conférences, et quatre groupes de travail en l’organisa on d’une conférence tout-public et théma ques (Biodiversité, Climat, Santé & Bien- d’un plan de communica on, afin de disséminer les être, et Economie et Contraintes) réunissant au total résultats des travaux. 80 personnes ont été mis sur pied durant le projet. 5.2 Périmètre spa o-temporel du projet La surface analysée est le canton de Genève. Le pas de temps considéré est de 50 ans (2018-2070). Un arbre est défini comme ayant une hauteur de 3 mètres. Les communes sont découpées en 475 sous- secteurs sta s ques (SSS) qui sont rela vement homogènes socio-économiquement. La méthode dite des services écosystémiques est u lisée pour iden fier des zones déficitaires en arbres. Les services écosystémiques sont les fonc ons qui émanent de la nature et qui contribuent directement ou indirectement au bien-être humain. Une analyse par les services écosystémiques permet d’intégrer des no ons de durabilité économique, sociale et environnementale. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 10
Figure 1 : Partages lors de l’Atelier 1 du projet NOS-ARBRES, 2 novembre 2016, HEPIA (photos de B. Guinaudeau). NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 11
6 Résultats 6.1 Vision partagée VISION Un livrable important des ateliers a été la rédac on Le patrimoine arboré du canton de Genève d’une vision commune du projet. Ce texte permet représente une richesse partagée (historique, d’expliciter les a entes des par cipant-e-s, et de patrimoniale, écologique et culturelle) qui poser les fonda ons pour les futures ac ons à contribue au bien-être des citoyen-ne-s. Il doit me re en œuvre. répondre au triple objec f du développement durable : • offrir un environnement sain, biologiquement et structurellement diversifié, biologiquement connecté et résilient ; • apporter une plus-value économique pour les aspects santé et bien-être de la popula on ; • favoriser les rela ons sociales (entre humains, mais aussi entres les humains et la nature) et être accessible de manière équitable à l’échelle du territoire. Le patrimoine arboré contribue à la qualité de vie des genevois-es. Bien géré, il peut favoriser l’adapta on aux changements clima ques. Il mérite par conséquent de faire par e intégrante de l’aménagement du territoire. Un plan de ges on devrait être établi de manière par cipa ve (citoyen-ne-s et spécialistes) avec des mises à jour périodiques. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 12
6.2 Nombre et types d’arbres Figure 2 : Nombre d’arbres estimés sur le canton de Genève en 2009 Grâce aux images LIDAR, nous es mons qu’en 2009 il y avait 1’074’467 arbres isolés ou en forêt sur 404arbres 000 foresers le canton de Genève (Figure 2). Environ 50% des publics 289 000 259 000 arbres isolés arbres sont sur des parcelles privées. Des mise à jour privés arbres foresers d’images LIDAR sont en cours (2018). privés 123 000 arbres isolés publics NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 13
Une carte de la densité des arbres (nombre Figure 3 : Densité d’arbres par hectare sur le canton de Genève (2009). d’individus par hectare) a été dressée sur le canton (Figure 3). En dehors des forêts (bleu foncé), on observe une ceinture (vert-limon ; 50-92 arbres par 0 - 18 19 - 49 ± ha) autour du centre-ville. Il y a très peu de localités 50 - 92 hors forêt avec plus de 100 arbres/ha. Le quar er 93 - 150 Praille-Acacias-Vernets et les zones agricoles sont 160 - 330 également des zones rela vement dépourvues en 0 1.25 2.5 5 Kilomètres arbres. De nombreuses villes visent une certaine densité d’arbres, mais ce e approche est trop simpliste. Dans la suite de ce rapport, nous tentons d’iden fier des zones prioritaires pour planter des arbres de manière ciblée et qui ennent compte des bienfaits auxquels les arbres contribuent. A par r de la cartographie des arbres, et d’une es ma on de la taille de leur couronne, diverses sta s ques descrip ves ont été calculées (Tableau 1). 6.3 Services écosystémiques des arbres Les arbres apportent de nombreux services écosystémiques (contribu ons au bien-être humain) mais aussi des inconvénients (Figure 4). Les plus importants services à Genève, selon un groupe de 27 par cipants à l’Atelier 1 du projet NOS-ARBRES, sont leur contribu on à la détente et à la récréa on, leur diversité biologique et leur capacité d’accueil pour d’autres espèces, leur capacité d’a énuer les pics de sont leurs effets allergisants, leur coût de ges on, chaleurs es vales et l’épura on de micropolluants et les dégâts qu’ils causent aux infrastructures dans l’air. Les inconvénients principaux liés aux arbres (tro oirs, murs, routes). NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 14
Tableau 1 : Statistiques du patrimoine arboré Figure 4 : Les services et les inconvénients liés aux arbres dans la Ville et le Canton de Genève Réducon de l’érosion par écoulement Mesure Ville de Genève Canton de Genève Avec lac Sans lac Avec lac Sans lac Superficie 18.3 15.3 282.5 246 Amélioraon qualité de l’air Réducon du (km2) (capte micropolluants , niveau de bruit stock CO) et de poussières Popula on 202’315 202’315 495'325 495'325 humaine Surface 3.2 3.2 51.9 51.9 Augmentaon arborée Plus-value paysagère du senment (km2) de communauté et rôle pédagogique Sol 17.5 21.1 18.4 21.1 ombragé par les arbres (%) Ombre par 15.8 15.8 104.9 104.9 Ombrage, réducon chaleur ressene Source d’allergènes personne (m2/ habitant) Nombre 41’982 41’982 1’074’467 1’074’467 d'arbres Frais de plantaon, Habitat et ressource entreen, dégats Nombre 0.2 0.2 2.2 2.2 pour d’autres espèces infrastructures et d’arbres / compéon pour habitant l’espace Densité 22.9 26.4 38.0 43.7 d’arbres Détente, récréaon, Accidents / ha spiritualité de personnes Menace pour la biodiversité autochtone NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 15
M. Schlaepfer NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 16
7 Est-ce que Il est plus instruc f de réfléchir en termes de pourcentage du sol ombragé par les arbres qu’en Tableau 2 : Pourcentage de couverture arborée et objectifs fixés dans la Ville et nombre d’arbres, car la plupart des services écosystémiques qui découlent des arbres sont liés à la canopée (ou la surface foliaire). Il n’y a pas des villes d’Europe, d’Australie et d’Amérique du Nord le canton de formule magique pour déterminer la surface ombragée idéale. L’associa on américaine des Ville Sydney, Australie % canopée 15 Objec f (%) et Année 27% en 2050 de Genève fores ers a longtemps préconisé 40% de couverture arborée pour les villes nord-américaines, mais depuis elle préconise une approche sur mesure pour Philadelphie, É.-U. Copenhague, Danemark 15.7 16 30% en 2028 20% en 2025 manquent chaque ville. A Genève, le taux de la couverture arborée en 2009 était de 21% (Tableau 1). Le taux en 2018 n’est pas connu. Vancouver, Canada Bal more, É.-U. 18.6 20 28% en 2030 40% en 2025 d’arbres ? Montréal, Canada 20.3 25% en 2025 Un faisceau d’indices laisse penser que ce taux de Genève (Canton), Suisse 21.1 Non-défini couverture arborée à Genève devrait être au moins Melbourne, Australie 22 40% en 2040 de 25% : De nombreuses villes du monde ont des New York, É.-U. 24 30% en 2030 taux de couverture arborée plus élevés, et ont fixé Barcelone, Espagne 25 30% en 2037 des objec fs entre 25 et 60% dans les décennies à Lyon, France 27 30% en 2050 venir (Tableau 2) ; le désir d’augmenter le patrimoine arboré à Genève est exprimé par le peuple (vota ons Moyenne de 21 villes É.-U. 27 40-60% populaires Plaine de Plainpalais) ; les par cipant- Boston, É.-U. 29 49% en 2020 e-s de l’Atelier 1 ont exprimé des préférences Washington, DC, É.-U. 39 45% (sans date) personnelles pour une couverture arborée entre 30 et 40% ; et plusieurs études démontrent des bénéfices importants pour la santé qui augmentent de manière linéaire avec le taux de couverture arborée jusqu’à 25%. Collec vement, ces indices indiquent qu’un objec f conservateur serait une couverture d’au moins 25%. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 17
Pour a eindre un taux de 25%, la couverture Dans certaines villes, une fois fixé, l’objec f d’une arborée devra être augmentée de 9.6 km2. Ce e couverture arborée est appliqué de manière uniforme RECOMMANDATION surface addi onnelle peut être obtenue par la à chaque quar er. A notre avis, ce e approche est Le canton se fixe l’objec f d’a eindre un croissance des arbres existants et par de nouvelles trop simpliste. Par exemple, des surfaces agricoles taux de couverture arborée d’au moins 25% planta ons. Par exemple, l’objec f de 25% peut être ou l’aéroport ne sont pas des cibles judicieuses pour d’ici 2050. Une hausse de la couverture a eint d’ici 2050 si l’ensemble du patrimoine arboré des futures planta ons. Nous avons plutôt opté arborée augmente la qualité de vie, réduit les est entretenu de manière à augmenter la surface pour une approche qui décor que les principales inégalités sociales et limite les nuisances liées moyenne de chaque arbre de 5% (+2.5 km2 au fonc ons (« services écosystémiques ») des arbres aux futurs îlots de chaleur. niveau cantonal) sur 15 ans, et si chaque commune et iden fie des zones où la demande pour un service (n = 45) plante annuellement sur les 15 prochaines n’est pas assouvie. Le résultat final ent compte de années 80 nouveaux arbres (futures couronnes de la proximité entre les habitant-e-s et les arbres et 8m, minimum, en 30 ans) et 20 autres très grands augmente la probabilité que les futures planta ons arbres (futures couronnes de 21m, minimum, en 30 d’arbres contribuent au bien-être humain et à la ans) (+ 7.4 km2 au niveau cantonale). On suppose nature. une mortalité annuelle des arbres de 0.75% et que celle-ci est remplacée par des nouvelles planta ons. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 18
8 Où faut-il L’analyse cartographique par les services écosystémiques permet de me re en lumière les 8.1 Critères de priorisa on pour l’accessibilité (300 mètres) aux espaces planter des surfaces où l’insuffisance d’arbres péjore la qualité de vie des genevois-e-s. Les par cipant-e-s des ateliers ont iden fié les principaux enjeux environnementaux de détente Le groupe de travail « Santé et Bien-être» a décidé arbres ? (augmenter la connec vité), sociaux (accessibilité aux espaces verts et bleus), socio-économiques et de suivre les recommanda ons de l’Organisa on mondiale de la Santé (OMS), qui préconise que chaque habitant-e devrait avoir accès à un espace de santé (diminu on de l’effet îlot de chaleur, qualité de détente et de délaissement à moins de 5 minutes de l’air) liés aux arbres à Genève. à pied (300 mètres) de son domicile. Ici, un pe t Pour chaque couche d’informa on, des règles de espace de délassement est défini comme un espace priorisa on à trois niveaux (bas, intermédiaire, élevé) vert arboré (parc) d’au moins 0.5 hectares (par ex. sont définies afin de cibler les lieux où les planta ons parc Gourgas). Un grand parc est défini comme ayant futures devraient se concentrer. Un score est a ribué 2 hectares. Nous avons également tenu compte à chaque niveau (0, 1 ou 2 respec vement) qui du rôle important des cours d’eau et du lac pour le perme ra d’addi onner les couches d’informa on. délassement à Genève. Tableau 3 : Définition des priorités pour l’accès aux espaces de détente (vertes et bleues) Accessibilité Priorité Explica on Basse (0) Adresses ayant un accès à un espace vert arboré de 2 ha Intermédiaire (1) Adresses sans accès à un espace vert arboré de 2 ha Élevée (2) Adresses sans accès à un espace bleu ou vert de 0.5ha NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 19
L’analyse cartographique de la distance entre chaque Figure 5 : Carte des priorités pour des plantations d’arbres en fonction des besoins adresse genevoise (maison ou appartement) et les d’accessibilité aux espaces de détente. lieux de détente poten els (Figure 5) indique que 3% des adresses – en rouge dans la carte ci-contre, n’ont ± aucun espace de détente (d’au moins 0.5 hectare) Basse à moins de 300 mètres de leur résidence. 73% des Intermédiaire adresses (en jaune) n’ont pas accès à un parc arboré Elevée de 2 ha à moins de 300m. Une analyse supplémentaire 0 1.25 2.5 5 révèle que ces adresses ont également peu d’arbres Kilomètres sur les tro oirs. RECOMMANDATION La créa on de nouveaux parcs arborés et la planta on de nouveaux arbres de rues devraient être localisé à proximité (moins de 300 mètres par les tro oirs) des adresses en rouge dans la carte ci-contre, principalement dans les quar ers de Plainpalais-Jonc on, les Pâquis et dans le périmètre du projet Praille- Acacias-Vernets. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 20
8.2 Déficits biologiques Figure 6 : Les corridors et les trames vertes se doivent d’être arborés pour faciliter la connectivité. En rouge les zones non arborées où il existe à la fois corridor et Le canton a déjà iden fié un Réseau Écologique pénétrante verte, en jaune les zones non arborées qualifiées de corridor ou de Genevois (REG) pour soutenir la connec vité pénétrante. En bleu, les corridors et pénétrantes déjà arborés. de la faune et la flore. Par ailleurs, le projet d’aggloméra on du Grand Genève a iden fié des « pénétrantes vertes ». Une priorité élevée (2) Basse Intermédiaire ± est alors donnée aux espaces non-arborés qui se Elevée trouvent à la fois au sein d’une voie dessinée par le 0 1.25 2.5 5 REG et les pénétrantes vertes. Une priorité faible (1) Kilomètres est a ribuée aux espaces non-arborés appartenant soit à un REG ou une pénétrante verte (Tableau 5). Le choix des espèces pour maintenir la biodiversité est abordé ci-dessous (sec on 11). Tableau 5 : Définition des surfaces prioritaires pour améliorer la connectivité biologique Corridor Priorité Explica on Basse (0) REG ou pénétrante verte, arboré Intermédiaire (1) REG ou pénétrante verte, non- arboré Élevée (2) REG et pénétrante verte, non- arboré RECOMMANDATION Planter en priorité des arbres dans les zones en rouge et jaune dans la Figure 8, qui sont des surfaces iden fiées comme importantes pour la connec vité terrestre, mais sans arbre à ce jour. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 21
8.3 Réduc on de l’effet îlot de chaleur Figure 7 : Lieux prioritaires pour atténuer l’îlot de chaleur ± Les pics de chaleurs es vaux représentent une Basse menace pour la santé humaine, surtout les personnes Intermédiaire âgées. Une cartographie de la température de Elevée surface (moyenne sur 14 mesures faites entre les 0 1.25 2.5 5 mois de mai et septembre, 2015-2017) a été établie Kilomètres grâce à des images satellites. Afin d’a énuer l’effet d’îlot de chaleur, les surfaces les plus chaudes sont des priorités pour des futures planta ons. Tableau 5 : Définitions des surfaces prioritaires pour atténuer l’îlot de chaleur Îlot de chaleur Priorité Explica on Basse (0) Les surfaces les plus fraîches (20% de la surface du canton) Intermédiaire Les surfaces (1) intermédiaires (60% des surfaces du canton) Élevée (2) Les surfaces les plus chaudes (20% de la surface du canton) NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 22
8.4 Épura on des micropolluants Tableau 6 : Lieux prioritaires pour réduire la RECOMMANDATION pollution atmosphérique autour Les micropolluants (par ex. par cules fines, ozone, Planter en priorité des arbres dans les des zones densément peuplées dioxyde de nitrate, monoxyde de carbone) dans surfaces en rouge dans la figure 7, afin l’air contribuent à l’asthme et aux bronchites. La Épura ons Priorité Explica on d’a énuer les températures es vales les plus micropolluants fonc on de l’épura on des micropolluants de l’air chaudes, principalement dans les quar ers par les arbres varie en fonc on de la surface foliaire Basse (0) Zone peu polluée (IPL de Plainpalais-Jonc on, Eaux-Vives, Sa gny- 1-2) et surface foliaire (SF) d’un arbre et de la concentra on des polluants. / personne élevée ( > Meyrin, les Pâquis et dans le périmètre du La SF par habitant a été classée en 3 catégories (0- 2935 m2/hab) projet Praille-Acacias-Vernets. 35, 36-2935 et > 2935 m2). Les limites de catégories Intermédiaire - Zone polluée (IPL 3-4) correspondent au 33ème et au 66ème percen le (1) et haute surface foliaire (>2935 m2/hab), ou des valeurs de SF par habitant. Un croisement entre l’indice de la pollu on à longterme (IPL) et les classes - Zone moins polluée (IPL 1-2) et faible de SF par habitant permet de définir des surfaces surface foliaire(
Figure 8 : Priorisation des zones en fonction de la pollution à long terme et de la surface foliaire RECOMMANDATION par habitant. La priorité pour des futures planta ons devrait être donnée aux localités densément peuplées et dont le couvert arboré est faible, en rouge Basse Intermédiaire ± sur la carte, car c’est dans ces zones que l’arbre Elevée a la plus grande u lité pour l’épura on des 0 1.25 2.5 5 micropolluants. Kilomètres NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 24
8.5 Synthèse des zones prioritaires pour des Figure 9 : Somme pondérée des déficits en arbres pour quatre services écosystémiques (SE). futures planta ons La valeur numérique (sur 20) correspond à la priorité pour la conservation et la plantation de futurs arbres. Les projets d’urbanisation (2030) sont délimités en noir. Les valeurs numériques des quatre couches d’informa ons (accès aux espaces de détente ; connec vité biologique ; réduc on de l’îlot de 0-1 2-3 ± chaleur ; épura on des micropolluants) sont 4-5 addi onnées, avec une pondéra on 4:3:2:1 qui 6-7 reflète l’avis des spécialistes sur l’importance de ces 8-9 quatre services écosystémiques (Figure 9). La valeur 10 - 11 maximale théorique est 20. Ce e représenta on 12 - 14 donne une vue globale des zones à prioriser pour des 15 - 17 futures planta ons, mais elle ne ent pas compte Projet urbanisaon 2030 des contraintes à la planta on. 0 1.25 2.5 5 Kilomètres NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 25
Pour iden fier les surfaces disponibles à la planta on, Figure 10 : Zoom sur les zones prioritaires en périmètre Nature en Ville. le groupe de travail « Economie et Contraintes » a iden fié les surfaces à exclure (parcelles privées, routes, bâ ments, surfaces occupées par des réseaux 0-1 2-3 ± aériens ou souterrains, surfaces déjà arborées) 4-5 ainsi que les zones tampons appropriées autour de 6-7 chaque élément (voir rapport complet pour détails). 8-9 Ceci mène à une carte des surfaces théoriquement 10 - 11 disponibles pour des arbres (exemple de la par e 12 - 13 urbaine de Genève ; Figure 10). La somme de toutes 14 - 17 0 0.75 1.5 3 les surfaces disponibles d’après ce e analyse est Kilomètres inférieure à 15 km2. De plus, on sait qu’une grande part (80-90%) de ces surfaces ne pourra pas accueillir des arbres, pour des raisons diverses. Donc, si on souhaite augmenter la couverture arborée de 9.7km2 pour a eindre 25% au niveau cantonal, cela devra aussi passer par une augmenta on des couronnes existantes, et une augmenta on des arbres sur des parcelles privées. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 26
RECOMMANDATION Les surfaces prioritaires pour des planta ons se situent dans toutes les communes du canton, mais principalement dans les quar ers de Plainpalais-Jonc on, les Pâquis et dans le périmètre du projet Praille-Acacias- Vernets (PAV). Les futures planta ons d’arbres dans les surfaces prioritaires contribueront fortement au bien-être des citoyens. Chaque commune devrait viser des planta ons en priorité dans les surfaces à haute valeur (8-16) dans les figures ci-dessus, en tenant compte des contraintes (voir rapport complet pour détails). Les propriétaires privés devront être incités à augmenter les surfaces de couverture arborée, surtout dans les zones prioritaires (Figure 10). Le PAV en par culier doit veiller à intégrer les arbres dans sa planifica on. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 27
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9 Faut-il Il faut privilégier les grands arbres, qui contribuent de manière dispropor onnée au bien-être sont par culièrement efficaces pour a énuer les îlots de chaleur et sont appréciés pour leur valeur privilégier de humain. Les grands arbres contribuent de manière dispropor onnée au bien être humain. Leur coût de ges on annualisé ainsi que leur coût par unité de patrimoniale. En d’autres termes, si un arbre est coupé avant 20 ans, il aura coûté plus au contribuable que ce qu’il aura rapporté concernant lebien-être. nombreux bien-être sont plus faibles que pour des pe ts arbres (Figure 11). En grandissant, les arbres augmentent Une stratégie qui favorise les grands arbres devra être accompagnée d’une réflexion plus poussée sur pe ts arbres, leur surface foliaire et interceptent de plus en plus de micropolluants. Des arbres > 20m de hauteur le volume des fosses de planta on et sur la qualité du sol. ou quelques Figure 11 : Schématique idéalisée des bénéfices d’un arbre au cours du temps (source : Jeremy Barell) grands ? Valeur des bénéfices de l’arbre Durée de rotaon opmale Durée de rotaon opmale pour pour les espèces de grande taille un bois d'oeuvre Age (années) 10-15% 85-90% des gains seraient perdus des gains par une coupe prématurée engrangées NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 29
RECOMMANDATION Lorsque c’est possible, planter des arbres qui ont le poten el d’a eindre au moins 20 mètres de hauteur. Laisser les arbres en place aussi longtemps que possible car typiquement un arbre génère un surplus net (en valeur de services rendus) seulement 10-20 ans après sa planta on. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 30
10 Quelles 10.1 An ciper les changements clima ques Le climat à Genève évolue à cause des changements analyse de « villes-jumelées » qui ent compte de espèces faut-il clima ques, ce qui représente un défi d’adapta on pour les arbres. Le groupe de travail « Climat » s’est la température, des précipita ons, de la couverture neigeuse et du vent, prédit que le climat de Genève planter ? basé sur un modèle de changement clima que intermédiaire (ni op miste, ni pessimiste) du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur en l’an 2100 sera approxima vement le même que celui rencontré aujourd’hui en Bosnie-Herzégovine (Figure 13) ou au nord de l’Espagne. La densifica on l’évolu on du climat) qui prédit qu’il fera entre de la ville accentue l’effet d’îlot de chaleur, ce qui 3 et 4 °C plus chaud à Genève d’ici 2070. Une fait grimper encore d’avantage la température et la sécheresse dans les zones urbaines. Figure 12 : Illustration par les villes jumelées de l’évolution du climat de Genève entre 2010 et 2100 selon le modèle A2 du GIEC (source : Guillaume Rohat, UNIGE). LUXEMBOURG REPUBLIQUE TCHÈQUE SLOVAKIE ALLEMAGNE VIENNA BRATISLAVA FRANCE BUDAPEST VADUZ AUT R I C H E HONGRIE BERN SUISSE 2070 LJUBLJANA SER. S L O V. ZAGREB GENÈVE 2010 C ROAT I E 2040 2100 SARAJEVO BOSNIE- SAN MARINO HERZÉGOVINE MONACO I TA L I E PODGORICA ROME 0 50 100 200 Kilomètres NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 31
Le groupe de travail « Biodiversité » a iden fié Tableau 6 : Exemples d’espèces pour lesquelles A Genève il n’existe actuellement aucun problème deux groupes d’arbres : (1) ceux qui peinent déjà des spécialistes prédisent un taux de surreprésenta on à l’échelle du canton. Quelques à survivre dans le milieu urbain, et pour lesquels de survie positif à Genève dans espèces représentent plus de 10% des arbres isolés le groupe est pessimiste pour l’avenir (Tableau 5); les décennies à venir, malgré la au niveau communal, mais ce sont souvent des et (2) des essences qui pourraient bien se porter densification et le réchauffement espèces frui ères (comme le noyer Juglans regia, dans un futur plus chaud et sec (Tableau 6). Deux de la ville. merisier Prunus avium, pommier Malus domes ca, pistes intéressantes à explorer pour des espèces Nom la n Nom français poirier Pyrus communis) ou bien des espèces adaptées aux changements clima ques sont (1) Cel s australis Micocoulier de Provence indigènes dominantes (chêne pédonculé Quercus expérimenter avec des espèces méridionales (nord robur, érable champêtre Acer campestre). Des Corylus colurna Noise er de Byzance de l’Espagne, sud de l’Italie, Bosnie Herzégovine) et futures planta ons devront veiller à garder ce e Quercus ilex Chêne vert (2) expérimenter avec des génotypes méridionaux grande diversité taxonomique. d’espèces indigènes qui seront vraisemblablement Sophora japonica Sophora du Japon Au niveau esthé que, les préférences des Genevois mieux adapté au chaud et sec. Des listes élargies Sorbus aria Alisier blanc sont mal connues. Des études dans d’autres villes d’espèces pour ces deux tableaux se trouvent dans Sorbus domes ca Sorbier commun indiquent que le public aime, par exemple, des le rapport final. Sorbus torminalis Alisier torminal grands arbres avec une couronne large et élevée Tableau 5 : Exemples d’espèces pour lesquelles (ombrelle ; Figure 13). des spécialistes prédisent un taux 10.2 Éviter une surreprésenta on de survie réduite à Genève dans taxonomique les décennies à venir, à cause de la densification et du réchauffement Certaines villes, comme Lyon (France), ont fixé de la ville. des règles visant à ne laisser aucune famille/ genre/espèce représenter respec vement plus Nom la n Nom français de 30/20/10% des individus sur un territoire. La Acer platanoides Erable plane logique derrière ces choix est qu’un taxon dominant Acer pseudoplatanus Erable sycomore représente une vulnérabilité (soudainement mal Aesculus hippocastanum Marronnier d'Inde adapté ou vic me de maladie). Cela garan t aussi Betula pendula Bouleau verruqueux un grand nombre d’espèces moins communes dont certaines deviendront les espèces communes de Betula pubescens Bouleau pubescent demain. Fagus sylva ca Hêtre NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 32
Figure 13 : Le pin parasol (Pinus pinea) est un exemple d’arbre méridional RECOMMANDATION qui se trouve déjà sur le bassin Pour des nouvelles planta ons, choisir une lémanique (source : A. Sanguet, espèce dont la fréquence n’excède pas 5-10% UNIGE). au niveau communal, et qui a le poten el de grandir au-delà de 20 mètres de hauteur, même sous un climat plus aride. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 33
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11 Comment Trop d’arbres sont malades ou meurent car ils sont plantés dans un faible volume de terre (fosse trop améliorer la pe te) ou avec une terre inappropriée. Le groupe de travail « Biodiversité » a produit une synthèse de bonnes pra ques en ma ère de planta ons. manière de planter des RECOMMANDATION 1 Au niveau du site, planter des massifs avec des structures complexes (c’est-à-dire planter de grands et pe ts arbres simultanément), assemblages d’espèces variées, avec des arbres qui se touchent, dans des arbres ? espaces plantables con nus, avec un sol de bonne qualité. Assurer un volume nécessaire pour perme re aux grands arbres d’a eindre leur poten el en volume et taille (idéalement 15-100 m3 de fosse par grand arbre). RECOMMANDATION 2 Au niveau de l’espèce, favoriser les espèces indigènes dans les endroits avec une excellente qualité d’accueil (par ex. parcs) et être ouvert aux espèces introduites pour les tro oirs et alignements urbains. Veiller à maintenir la diversité taxonomique existante. L’u lisa on d’ou ls existants (h ps://ge.ch/tericarepor ng) permet d’avoir rapidement un état des lieux de la richesse spécifique à l’échelle de la commune et de la parcelle. RECOMMANDATION 3 Au niveau géné que, favoriser les pépiniéristes locaux qui produisent les arbres à par r de semis, ce qui augmente la diversité géné que et la résilience des individus plantés. Mener des tests avec des espèces et sous-espèces (variantes) provenant de régions méridionales pour favoriser une adapta on aux changements clima ques. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 35
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12 Conclusions et Les arbres à Genève contribuent principalement à la détente, à la connec vité biologique, l’a énua on recommanda- des îlots de chaleur, et l’épura on des micropolluants dans l’air. Une augmenta on de la couverture arborée serait bénéfique pour la popula on. ons Certains quar ers urbains, comme les Pâquis, Plainpalais-Jonc on et le PAV, ont actuellement trop peu d’arbres et mériteraient de faire l’objet d’efforts ciblés. Nous éme ons les recommanda ons globales suivantes, en ordre décroissant d’importance : 1. Augmenter la couverture arborée dans les 4. Mieux considérer et inclure les arbres dans zones iden fiées comme prioritaires (Figure la planifica on de quar er et du territoire 9) et augmenter le taux à 25% d’ici 2050, (PLQ, concours d’architectures, zones indus- afin de promouvoir une ville équitable, du- trielles) ; maintenir la diversité taxonomique rable et prospère; des espèces en choisissant des espèces avec 2. Produire de futurs grands arbres avec des une fréquence dans la commune inférieure condi ons exemplaires (par exemple, 10- à 5% ; 100m3 de sol de très bonne qualité) car 5. Expérimenter avec des sous-espèces et les grands arbres contribuent de manière espèces d’autres régions voisines et méridi- par culièrement importante au bien-être onales ; humain ; 6. Créer des planta ons d’arbres de tailles 3. Offrir des incita ons pour planter des arbres variées avec une hétérogénéité de structure sur le foncier privé ; pour produire un large éventail de services écosystémiques qui contribuent au bi- en-être. NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 37
M. Schlaepfer NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 38
13 Ques ons de Plusieurs ques ons importantes doivent être réglées pour améliorer la compréhension et la ges on de De plus amples détails sur le projet, y compris un rapport complet, sont à disposi on du lecteur sur recherche notre patrimoine arboré. • Quelle a été l’évolu on de la couverture www.ge21.ch, sous le projet « NOS-ARBRES ». De nombreuses carte peuvent être visionnées en ligne ici. arborée depuis 2009 ? • Quelle est la durée de vie des arbres en ville et à la campagne ? Quelles sont les causes de mortalité ? • Quels sont les coûts directs et indirects liés à la ges on des arbres de rue, de parc, en région urbaine, péri-urbaine et en forêt ? • Quels seraient les coûts et les économies liés à des volumes de planta on plus importants, par exemple 9m3 vs 100m3? • Quelles sont les préférences des citoyen- ne-s en termes d’arbres, de végéta on, et d’autres structures « naturelles »? • Dans quelle mesure est-ce que les arbres sont compa bles avec les espaces agricoles? • Quelles alterna ves existent pour favoriser le bien-être des personnes avec de la végéta on dans les rues où les bonnes condi ons de planta on ne sont pas présentes ? NOS-ARBRES - Synthèse pour les instances de décisions 39
Avec le sou en du programme G’innove (Ville de Genève) Cita on : Schlaepfer, M.A., B.P. Guinaudeau, O. Robert et E. Amos (2018). Projet NOS-ARBRES – Synthèse pour les instances de décision. A ribu on - Partage dans les mêmes condi ons (CC BY-SA)
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