ARCHITECTURE ET BIODIVERSITÉ - COLONISER L'ARCHITECTURE PAR LE VIVANT - FAIRE PARIS
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ARCHITECTURE ET BIODIVERSITÉ COLONISER L'ARCHITECTURE PAR LE VIVANT
JUIN 2021
COLONISER L'ARCHITECTURE
PAR LE VIVANT, PARIS 5
L’accélérateur de projets innovants FAIRE revisité en collaboration avec l’entreprise.
concrétise son accompagnement de la Le moucharabieh qui accueille les végétaux
recherche engagée par l'agence Chartier en façade est tenu structurellement par
Dalix, lauréat de l’appel à projets en 2017, en une couche de brique porteuse en partie
soutenant la réalisation de trois prototypes arrière du mur. Le jeu de panneresses et de
de murs « biodiversitaires », accueillis par le boutisses s’entrecroise afin d’assurer la
Muséum d’Histoire Naturelle rue de Buffon stabilité de l’ensemble tout en permettant
dans le 5e arrondissement de Paris, pour au système de recevoir de nombreux vides
expérimenter l’accueil du vivant dans des mis en connexion.
constructions en pierre sèche, brique ou La liaison des vides est fondamentale dans
monomur. Chacun des matériaux s’agencent le système, quel que soit le matériau. C’est
de telle manière qu’un espace libre intérieur elle qui assure une part de la continuité
est ménagé pour accueillir le substrat. écologique, de la transmission hydrique et
Cette opération est rendue possible par la de la circulation des mycorhizes.
présence d’éléments de chaînage latéraux Par ailleurs, l’une des caractéristiques de
qui retiennent les deux parties du mur. la brique est la souplesse de la matière
L’ensemble forme une paroi complète, à la permettant différents moulages en fonction
fois structurelle et fonctionnelle. En plus des besoins. Ici, les boutisses (briques
d’ouvrir un espace entre les différentes transversales) ont été rallongées par
parties du mur maçonné, des ouvertures de l’entreprise pour pouvoir tenir les différentes
taille variable sont réservées en façade. couches entre elles: le moucharabieh en
façade, la couche de substrat interne et le
La pierre, est utilisée ici sans mortier. mur porteur.
A l’image des vieux murs en pierre sèche,
sur lesquels la végétation spontanée Le monomur est intéressant ici en tant
prospère, le prototype est construit avec une que module structurel standard, présent
technique traditionnelle, qui entrecroise les dans le système constructif de nombreux
pierres et adapte leur gabarit à la hauteur. endroits du globe. Peu onéreux, son système
Réalisé par des artisans de la Fédération alvéolaire joue un rôle isolant dans la
française des professionnels de la pierre construction. Son système de chambres
sèche, ce mur est conçu avec des pierres peut servir de « réservoir » pour le vivant.
réemployées et recyclées issues du Dépôt Aussi, l’aspect cassant de ce matériau
des matériaux de la ville de Paris. Plusieurs pourrait offrir de nombreuses possibilités
natures de pierre ont été utilisées : du granit d’amélioration du système d’accueil du
et du porphyre provenant des anciens pavés vivant, tout en introduisant une richesse
parisiens, ainsi que du calcaire des berges sculpturale (voir par ex le travail de Vincent
de Seine. La composition hétéroclite du mur Mauger). Par ailleurs, sa mise en œuvre,
sert à la fois à sa structure porteuse, tout en relativement simple et peu technique
présentant une diversité d’aspect (couleurs, permet d’envisager des expérimentations
homogénéité de surfaces, ...). variées à différentes échelles.
La brique constitue un matériau propice
à l’accueil du vivant par ses propriétés Cette recherche sur des murs capables
physico-chimiques (porosité et ph).Sa mise de favoriser l’accueil de la biodiversité sur
en œuvre offre une grande diversité de les bâtiments est conduite en comparant
formes à partir d’appareillage multiples. Le trois systèmes : un prototype en briques
prototype est conçu selon un appareillage Monomur (Bio’bric) réalisé par l’entreprise
« traditionnel sauvage » que nous avons Sylvamétal; un prototype en briques
(Rairies Montrieux) réalisé par la Société Menée par Delphine Lewandowski la
BYN ; et un prototype en pierres réemployées thèse est co-dirigée par Robert Le Roy du
et recyclées (Dépôt des Matériaux de la laboratoire GSA de l’école d’architecture
Ville de Paris) réalisé par des artisans de Paris-Malaquais et Philippe Clergeau du
la Fédération FFPPS. La toiture végétalisée laboratoire CESCO du Museum d’Histoire
et le substrat à l’intérieur du mur ont été Naturelle.
fournis par Le Prieuré.
Le mur « biodiversitaire » est une nouvelle
typologie de système de végétalisation
verticale destiné à favoriser la biodiversité
en ville dense en accueillant une faune et
une flore locales. Plutôt que d’un jardin
vertical généralement composé de plantes
exotiques, il s’agit d’un mur habité avec une
qualité architecturale unique, qui donne
Chartier Dalix architectes : l’opportunité aux plantes de s’installer
Frédéric Chartier est architecte, co- durablement et qui est plus autonome
fondateur de l’agence d’architecture que les systèmes hydroponiques du « mur
Chartier-Dalix créée en 2008. Pascale végétal ».
Dalix est architecte, titulaire d’un DEA
d’urbanisme, et co-fondatrice de l’agence. L’originalité de ce système par rapport
Sophie Deramond est architecte et docteur aux systèmes de végétalisation verticale
en littérature. Directrice de l’agence existants est la continuité d’un réseau de
Chartier-Dalix, elle dirige également le substrat à l’intérieur du mur et l’épaisseur de
studio de recherche. la couche surfacique du mur. Le substrat est
protégé par une couche surfacique épaisse
d’une dizaine de centimètres et percées
FAIRE 2017 – 2021 : une chronologie de cavités dans lesquelles les plantes se
développent.
En 2017, ChartierDalix est lauréat de l’appel La conception du réseau continu de substrat
à projets FAIRE pour une recherche sur dans le mur, vise à la fois la continuité
l’accueil du vivant en architecture. Un écologique d’un substrat « vivant », et la
partenariat avec Philippe Clergeau, du rétention de l’eau, afin de permettre aux
Museum d’Histoire Naturelle, Marc Barra plantes de s’y développer de manière
de l’Agence Régionale pour la Biodiversité pérenne, grâce à un espace plus grand dédié
et l’entreprise TOPAGER, conduisent à aux systèmes racinaires.
une première expérimentation en béton.
L’entreprise CEMEX propose à l’équipe de En 2020, l’agence met au point un mur
lancer une série de prototypes innovants « biodiversitaire » en vêture béton avec
dans son laboratoire de recherche en Suisse. l’entreprise CBC dans le cadre du projet de
Les prototypes sont rapportés à Paris et Siège pour l’APHP.
ensemencés par TOPAGER.
En 2021, des prototypes maçonnés en pierre,
En 2019, une thèse CIFRE est accueillie brique et monomur, sont installés au 43 rue
à l’agence sur le thème des murs « Buffon. Cette installation reçoit le soutien
biodiversitaires » tels qu’imaginés par de l’accélérateur de projets innovants FAIRE
Chartier-Dalix. porté par le Pavillon de l’Arsenal.
Installation de trois parois biodiversitaires, accueillies par le Muséum d’histoire Naturelle, rue de Buffon, Paris 5 © Chartier Dalix
Installation de trois parois biodiversitaires, accueillies par le Muséum d’histoire Naturelle, rue de Buffon, Paris 5 © Chartier Dalix
Installation de trois parois biodiversitaires, accueillies par le Muséum d’histoire Naturelle, rue de Buffon, Paris 5 © Chartier Dalix
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