Aspects énergétiques de la mobilité électrique : état des lieux et enjeux généraux pour le territoire du canton de Genève - Systèmes ...
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Aspects énergétiques de la mobilité électrique : état des lieux et enjeux généraux pour le territoire du canton de Genève Jérôme FAESSLER Stefan HUNZIKER Pierre HOLLMULLER Bernard LACHAL Mai 2012 Réalisé dans le cadre du Partenariat SIG – UNIGE Responsable UNIGE : B. Lachal Responsable SIG : R. Völki Groupe Energie Institut Forel / Institut des Science de l’Environnement Site Battelle ‐ Bat D ‐ 7 route de Drize ‐ CH 1227 Carouge www.unige.ch/energie
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Remerciements Nous tenons à remercier les institutions et personnes suivantes pour leurs apports dans le cadre de l’élaboration de ce rapport : Pr Pini et ses collaborateurs de l’Observatoire de l’Université (OUM) ; M. Christian Bach et le département moteur à combustion interne de l’EMPA ; MM. Heinrich et Michel des Transports Publics Genevois (TPG). 2
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Liste des abréviations AFVG : Agglomération Franco‐Valdo‐Genevoise AIE : Agence Internationale de l’Energie AIG : Aéroport International de Genève ATE : Association Transport et Environnement CFF : Chemins de Fer Fédéraux EMPA : Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche FIT : Forum International des Transports LEP : Litre Equivalent Pétrole OFEN : Office Fédéral de l’Energie OCSTAT : Office Cantonal de la statistique SIG : Services Industriels de Genève TC : Transports Collectifs TCS : Touring Club Suisse TPG : Transports Publics Genevois UNIGE : Université de Genève VP : Voiture Privée VIM : Véhicule Individuel Motorisé 3
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Table des matières Résumé ....................................................................................................................................... 6 Avant‐Propos .............................................................................................................................. 8 Contexte général .................................................................................................................... 8 Objectifs du rapport ............................................................................................................... 8 1 Introduction générale sur les liens entre mobilité et énergie ........................................... 9 1.1 Statistiques énergétiques internationales des transports ........................................ 10 1.2 Différentes visions de la mobilité .............................................................................. 11 1.3 Enjeux locaux de la mobilité électrique..................................................................... 13 2 Mobilité électrique ........................................................................................................... 14 2.1 Filières énergétiques des véhicules à moteurs ......................................................... 15 2.2 Définitions des systèmes à propulsion électrique..................................................... 16 2.3 Etat des lieux des systèmes à propulsion électrique :............................................... 18 2.3.1 Alimentation directe par caténaire (train, tram, trolley) ................................... 18 2.3.2 Véhicule électrique (voiture, scooter) ............................................................... 18 2.3.3 Véhicule hybride (voiture, vélo) ......................................................................... 19 2.4 Analyse simplifiée de quelques filières énergétiques des véhicules à moteurs ....... 21 2.4.1 Filières électriques ............................................................................................. 21 2.4.2 Filières fossiles traditionnelles ........................................................................... 27 3 Etat des lieux des statistiques de transports, mobilité et énergie................................... 32 3.1 Données Suisse .......................................................................................................... 33 3.1.1 Infrastructures et coûts des transports.............................................................. 33 3.1.2 Mobilité des personnes ...................................................................................... 35 3.1.3 Transport des marchandises .............................................................................. 38 3.1.4 Energie ................................................................................................................ 40 3.1.5 Résumé des données énergétiques des transports en Suisse ........................... 46 3.2 Données genevoises .................................................................................................. 47 3.2.1 Infrastructures et coûts des transports.............................................................. 47 3.2.2 Mobilité des personnes ...................................................................................... 48 4
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 3.2.3 Energie ................................................................................................................ 50 3.2.4 Résumé des données énergétiques des transports à Genève ........................... 53 3.3 Données AFVG ........................................................................................................... 54 3.4 Zoom sur le faible enjeu énergétique du développement des vélos et scooters électriques ............................................................................................................................ 57 4 Enjeux quantitatifs pour SIG d’un transfert de la motorisation thermique vers une motorisation électrique............................................................................................................ 58 4.1 Scénario simplifié d’un transfert de la motorisation thermique vers une motorisation électrique........................................................................................................ 58 4.1.1 Véhicules individuels motorisés ......................................................................... 59 4.1.2 Transports publics (bus) ..................................................................................... 61 4.2 Enjeux globaux pour SIG ............................................................................................ 63 5 Conclusions....................................................................................................................... 67 Liste des tableaux ..................................................................................................................... 68 Liste des figures ........................................................................................................................ 68 Bibliographie ............................................................................................................................ 71 Annexe 1 : calculateur d’énergie pour trolley et tram (caténaire) Annexe 2 : calculateur d’énergie pour véhicule électrique à batterie Annexe 3 : calculateur d’énergie pour véhicule électrique à batterie ou caténaire (normalisé à 100% = énergie utile sur la roue) Annexe 4 : données détaillées des voitures électriques Annexe 5 : données détaillées des voitures hybrides Annexe 6 : évolution de la consommation énergétique des TPG (2000 à 2010) Annexe 7 : production d’électricité nécessaire pour la même énergie utile sur la roue des véhicules électriques que sur la roue d’un bus diesel Annexe 8 : mesures TPG – campagne 2002 5
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Résumé La mobilité électrique est un thème complexe, étudiée ici dans le but d’extraire les principaux enjeux réels et les impacts potentiels que cette nouvelle forme de mobilité peut avoir sur une entreprise comme les SIG, fournisseur local d’électricité. Formellement, le transport n’est pas équivalent à la mobilité mais représente une consommation énergétique importante au niveau local et global, entre 25 et 30% de l’énergie finale. En suisse, cette consommation énergétique par habitant est trois fois plus élevée qu’au niveau mondial. La mobilité annuelle d’un suisse représente environ un demi‐tour du monde (19'000 km), dont plus de la moitié se parcourt en véhicule individuel motorisé (VIM). L’énergie finale consacrée aux transports est d’environ 1'200 W/hab, dont 50 proviennent du vecteur électricité. A Genève, on observe une stabilité du temps de déplacement des personnes et une diminution des kilomètres parcourus entre 2000 et 2005. L’énergie finale utilisée pour les transports reste plus faible à Genève qu’en Suisse, ce qui paraît logique au vu de la structure urbaine du canton. La répartition exacte des consommations de l’aéroport international de Genève sur la population locale est sujette à débat. Il existe de nombreuses filières énergétiques des véhicules à moteurs. Dans ce travail, la mobilité électrique a été définie comme étant toute forme de déplacement utilisant de l’électricité, de manière partielle ou totale, comme vecteur énergétique pour le transport. Trois grands systèmes à propulsion électrique peuvent être spécifiés : véhicules à caténaire, véhicules électrique et véhicules hybride. Les pertes minimales et maximales de ces différentes filières sont détaillées dans ce rapport et restent assez variables tout en dépendant de nombreux facteurs. Globalement, en fixant les limites du système au vecteur d’énergie (essence/diesel ou électricité), la mobilité électrique équivaut à une moyenne de 2.3 Lep1/100 km, nettement plus efficace que la moyenne suisse des nouvelles immatriculations des véhicules à moteurs thermiques de 6.62 l/100 km. Cependant, selon le mode de production d’électricité et les modes de conduite, la mobilité électrique n’est globalement pas toujours plus efficiente que la mobilité thermique. Les mesures effectuées par les transports publics genevois (TPG) il y a une dizaine d’années ont permis de valider ponctuellement nos estimations théoriques pour les véhicules à caténaire. 1 Litre équivalent pétrole 6
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Quantitativement et qualitativement, les enjeux futurs pour les SIG peuvent être explicités comme suit : La massification des vélos et des scooters électriques correspond à un enjeu négligeable, de l’ordre de 2 W/hab (moins de 10 GWh ou 0.3% de la consommation électrique du canton) ; Un transfert de l’ensemble de la flotte diesel des bus TPG vers des trolleybus engendrerait une consommation supplémentaire de la part des TPG relativement faible ‐ de l’ordre de 6 W/hab (25 GWh ou moins de 1% de la consommation électrique du canton) ‐ soit grosso modo la consommation actuelle de 26 GWh ; Enfin, concernant les véhicules individuels motorisés, en prenant en compte une couverture de la moitié des distances actuellement accessibles avec des véhicules à batterie (distance parcourue plus faible que 100 km, soit 30% du total, voir Figure 33), la consommation d’électricité supplémentaire serait de l’ordre de 45 à 70 W/hab (180 à 280 GWh ou 6 à 10% de la consommation électrique du canton). L’économie de carburant induite par cette substitution du fossile par de l’électricité pourrait être réinvestie dans une turbine à gaz à cycle combiné avec cogénération, aboutissant à une couverture complète des besoins d’électricité pour cette mobilité, voire un solde positif de près de 100 GWh électrique, tout en obtenant un gain « net » de 200 GWh de chaleur à injecter dans des réseaux thermiques. Schématiquement, on peut représenter ces différents transferts et gains comme suit : Economies carburant ELECTRICITE MOBILITE THERMIQUE (hors mobilité) ‐ 675 GWh + 215 à 315 GWh ‐ 5 à + 95 GWh + 200 GWh Solde Electricité Chaleur Turbine à Gaz à produite cycle combiné Electricité avec récupération mobilité de chaleur 7
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique AvantPropos Contexte général L’énergie consacrée à la mobilité est en constante progression et constitue l’usage le plus difficile à maitriser du point de vue énergétique. Dans les agglomérations, la situation est plus contrastée avec des possibilités d’améliorer notablement l’efficacité énergétique grâce à la faible distance de parcours, la haute densité de population ainsi que la convergence avec d’autres politiques concernant l’aménagement de l’espace public, la lutte contre la pollution de l’air et contre le bruit. La mobilité électrique peut être une solution bien adaptée à l’espace urbain et péri‐urbain. Par mobilité électrique, on entend non seulement la voiture électrique mais aussi les diverses autres possibilités de se mouvoir grâce à la « fée électricité » : du vélo électrique au train en passant par le tram et le trolley. Objectifs du rapport Face à la complexité de la thématique, ce rapport poursuit trois objectifs distincts mais complémentaires : 1. Positionnement de la problématique de la mobilité électrique dans le système énergétique ; 2. Analyse des données statistiques suisses et genevoises ; 3. Enjeux et impacts potentiels pour les SIG. Après une introduction générale sur les liens entre les problématiques énergétiques et de mobilité, un état des lieux des différents systèmes de propulsion pouvant influencer la consommation électrique locale est détaillé. Quelques filières énergétiques simplifiées sont explicitées pour les véhicules individuels motorisés et pour les transports publics. Les différentes statistiques disponibles pour la Suisse et le canton de Genève (transport, énergie, mobilité) sont examinées en détail afin d’en tirer quelques enseignements quant aux enjeux réels que la mobilité électrique peut avoir sur une entreprise comme les SIG, fournisseur local d’électricité. 8
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 1 Introduction générale sur les liens entre mobilité et énergie Afin d’éviter toute confusion entre les notions de mobilité et de transport, il est important de bien définir ces termes pour pouvoir évaluer au mieux leurs relations avec l’énergie. Selon le petit Larousse, les transports correspondent à l’« ensemble des divers modes d’acheminement des marchandises ou des personnes », tandis que la mobilité est la « facilité à se mouvoir, à être mis en mouvement, à changer, à se déplacer ». En fait, la notion de mobilité est relative à l’individu tandis que le transport correspond aux différents modes possibles pour déplacer des personnes ou des marchandises (voiture, train, bus, vélo, etc…). De manière générale, on peut dire que « chaque individu dispose d’un potentiel de mobilité qu’il utilise pour profiter des opportunités offertes par la société. Une partie de la mobilité réalisée est obligée : par le motif, par la localisation du lieu de départ ou d’arrivée, par la temporalité. La réalisation de la mobilité engendre une demande de transport » (PINI G., 2011). La mobilité réalisée a tendance à augmenter avec l’augmentation de l’offre de transport, mais l’organisation spatiale, les infrastructures et le comportement des individus jouent chacun un rôle important dans cet accroissement. De nos jours, un des grands enjeux de la mobilité est de conserver ses potentialités, de maximiser les effets positifs tout en réduisant les externalités négatives, notamment la consommation d’énergie fossile. Les liens entre la mobilité et l’énergie ne sont pas manifestes, même si les modes de transport influencent grandement les quantités d’énergie consommées. En réalité, la mobilité est relativement indépendante du prix de l’énergie car on considère que l’organisation spatiale du territoire et le comportement des individus sont décisif dans les critères de choix du type de mobilité. Certains auteurs prétendent même que « les transports sont une activité très complexe, dont l’analyse énergétique est loin d’être pertinente » (p.36, FRIBOURG Y., 1999). Très souvent, en parlant de mobilité, on pense à un mode de transport spécifique, la voiture. Cette focalisation sur la voiture est liée à notre système de valeur occidental, à l’individualisation de nos sociétés, à l’esprit de liberté associé à ce mode de transport et, bien entendu, aux statistiques énergétiques. Aujourd’hui, la dépendance au pétrole du secteur des transports est extrêmement forte et demeure « le noyau dur des consommations pétrolières » (p.6, BOSSEBOEUF D., 1999). Toutefois, nous vivons dans un monde qui ne comptabilise que les litres d’essence, de diesel et de kérosène. En réalité, les kilomètres parcourus à pied restent le mode de transport majoritaire parmi la population mondiale en terme de temps de parcours journalier. 9
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 1.1 Statistiques énergétiques internationales des transports Au niveau international, la consommation d’énergie finale des transports a été multipliée par 2,2 entre 1971 et 2005 (DESSUS B. et GIRARD P., 2008). Les statistiques de l’agence internationale de l’énergie (AIE) montrent une croissance de près de 50% de la demande énergétique des transports entre 1990 et 2009 pour atteindre une somme de 2’283 Mtep d’énergie finale, dont 23 via de l’électricité (IEA, 2011). Ces 23 Mtep représentent environ 1% de la consommation électrique mondiale ou quatre fois la consommation électrique de la Suisse. Selon le mode de transport, les statistiques énergétiques indiquent les chiffres suivants pour 2005 (voir le Tableau 1 ci‐dessous) : MONDE Energie Finale 2005 Mtep W/hab % Transports routiers 1630 333 77 Transports aériens 235 48 11 Transports ferroviaires 61 12 3 Transports maritimes 206 42 9 TOTAL Transports 2132 435 100 Tableau 1 : Energie finale par mode de transport en 2005 (DESSUS B. et GIRARD P., 2008) On observe que les trois quarts de la consommation énergétique des transports concernent le transport routier, dont le tiers correspond au transport routier de marchandises (DESSUS B. et GIRARD P., 2008). Les transports aériens représentent le mode au plus fort taux de croissance relatif mais reste encore dans un ordre de grandeur plus faible que les transports routiers. Les scénarios de l’AIE imaginent une consommation croissante de la demande énergétique pour les transports avec un taux annuel de 1.4% qui aboutirait à 3’257 Mtep en 2035, dont 58 Mtep via l’électricité, soit une multiplication par 2.5 de la mobilité électrique par rapport aux statistiques 2009 (IEA, 2011). D’autres scénarios tels que ceux du Forum International des Transports (FIT) de l’OCDE supposent une forte expansion de la mobilité mondiale d’ici 2050, avec des multiplications de 3 à 4 en terme de voyageurs‐kilomètres (personnes) et de 2.5 à 3.5 en terme de tonnes‐ kilomètres (marchandises). L’augmentation se ferait essentiellement dans les pays hors 10
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique OCDE au vu de l’apparent « effet de saturation » dans les économies à revenu élevés (FIT, 2011). Ces différents scénarios sont dépendants de nombreux paramètres et l’objectif ici n’est pas de rentrer dans les détails. On retiendra que tous les scénarios imaginent une croissance mondiale de l’énergie consacrée aux transports avec une forte croissance de la mobilité électrique. Globalement, cette dernière n’impacte aujourd’hui que faiblement les transports et l’énergie ‐ de l’ordre de 2% ‐ à la fois relativement à la consommation énergétique liée aux transports et relativement à la consommation électrique totale mondiale. 1.2 Différentes visions de la mobilité En fait, la mobilité impacte la consommation d’énergie mais n’en dépend pas vraiment, dans le sens où d’autres aspects priment généralement sur le choix de se mouvoir et sur le mode de transport utilisé. On peut citer trois facteurs principaux générant la mobilité réalisée (PINI G., 2011) : l’organisation spatiale, soit la localisation des lieux de domicile, de travail, de loisirs, d’achats ; l’offre de transport, soit les moyens de transport disponibles ; l’individu, soit les caractéristiques socio‐économiques (âge, sexe, revenu, etc…) des individus. Ces trois facteurs sont imbriqués et ne se modifient que sur le long terme, d’où une certaine inertie dans l’évolution de la mobilité, un peu comme dans le cas des mutations du système énergétique. On pense parfois qu’il suffit de donner accès aux gens aux transports collectifs (TC) pour qu’ils les prennent et diminuent donc leur consommation spécifique en énergie pour les transports. Cependant, une recherche effectuée dans les années nonante auprès des usagers a permis de montrer qu’en situation théorique de choix modal, « la complémentarité entre les transports publics et l’automobile n’existe pas du point de vue de nombreux usagers. Dès lors, susciter un transfert modal suppose avant tout une politique d’aménagement du territoire axée sur les transports publics et une politique volontariste de gestion du stationnement. » (KAUFMANN V., 1999). Lorsqu’on réfléchit aux enjeux de la mobilité, d’éventuelles contraintes liées à l’énergie ne rentrent en général pas vraiment en ligne de compte, même si l’objectif d’augmenter la part des TC dans la mobilité des personnes permet une efficacité accrue du système et donc une diminution globale de la consommation énergétique. 11
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Au niveau économique, la tarification de l’usage de l’infrastructure a normalement beaucoup plus d’impact que le niveau de prix du carburant sur le mode de transport. Dans une vision prospective, on peut imaginer que de nouvelles formes de mobilité sont amenées à se développer en ville, comme le montre le schéma ci‐dessous (Figure 1). Figure 1 : typologies de mobilité selon différentes institutions gestionnaires et différents usages (CERTU, 2007) Entre une vision purement Voiture Privée (VP) en bas à gauche et une vision purement Transports Collectifs (TC) en haut à droite, la diversité des formes de mobilité est grande : on peut partager le véhicule ou le trajet, avoir des système plus ou moins collectifs, avec des gestionnaires qui peuvent être des entreprises, des associations ou des collectivités publiques. En résumé, une grande diversité est possible dans la mobilité en ville. Dans ce cadre là, la mobilité électrique a sans doute beaucoup d’avenir. 12
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 1.3 Enjeux locaux de la mobilité électrique Le sujet de la mobilité électrique est fortement lié à la ville et à son organisation spatiale complexe. En effet, les villes et les agglomérations concentrent aujourd’hui la majorité des problèmes liés à une mobilité dépendante de modes de transport à énergie fossile : engorgements, pollutions locales (particules fines, NOx, bruit, hydrocarbures imbrûlés), impacts négatifs sur l’activité économique, accidents, etc… Les pollutions locales peuvent être attribuées à l’utilisation de moteurs à combustion interne. Un véhicule à propulsion électrique ne produit en principe que très peu de pollution locale et peut donc contribuer à l’amélioration de la qualité environnementale d’une ville ou d’une agglomération. Concernant des aspects plus globaux liés aux filières thermiques ou électriques comme les émissions de CO2, cela dépend des frontières du système et de nombreux rendements qu’il n’est pas toujours aisé de calculer précisément. Cette problématique est traitée plus spécifiquement dans le prochain chapitre, après un tour d’horizon des différents systèmes de propulsion électriques. Les aspects de cycle de vie de l’ensemble du véhicule et des infrastructures liées ne sont pas traités dans ce rapport. 13
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 2 Mobilité électrique Durant tout le développement des transports motorisés, l’électricité a joué un rôle important. Les premiers véhicules électriques datent du milieu du 19ème siècle (www.voitureelectrique.net/histoire‐de‐la‐voiture‐electrique, consulté en février 2012) et précédait de 50 ans les voitures avec moteur à combustion. Pendant les premières années du 20ème siècle, les voitures à essence et les voitures électriques se partageaient le marché de l’automobile à parts égales. La première voiture à avoir dépassé les 100 km/h en 1899 était électrique, la première voiture 4x4 en 1900 était électrique et, dès la fin du 19ème siècle, les trains et trams abandonnaient la vapeur pour l’électricité. (www.snotpg.ch, consulté en février 2012). Pour les transports publics (trains, trams, et trolleybus), l’électricité a gardé son rôle de vecteur principal d’énergie grâce aux infrastructures de lignes mises en place, permettant une alimentation continue en courant. Pour les transports individuels motorisés, le besoin d’embarquer dans le véhicule l’ensemble de l’énergie pour se déplacer pose la question de l’autonomie temporelle et spatiale. En effet, le grand désavantage de la propulsion électrique est la faible densité énergétique des batteries : 35 à 200 Wh/kg selon le type de batterie (http://batteryuniversity.com, consulté en février 2012), à comparer aux 12'000 Wh/kg de l’essence. Cette question de l’autonomie explique pourquoi à partir de la première guerre mondiale, les voitures électriques ont quasiment disparu au profit des voitures à combustibles fossiles. Aujourd’hui, avec la fin programmée des ressources fossiles et la problématique lancinante des changements climatiques liés à leur utilisation, la propulsion électrique est souvent considérée comme une solution « miracle » qui va reprendre une place importante dans le transport individuel. Encore faut‐il que l’électricité produite soit réellement « verte » et que les filières soient globalement « meilleures » que pour les filières fossiles. Ce sont les questions que nous approfondissons dans ce chapitre. 14
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 2.1 Filières énergétiques des véhicules à moteurs Schématiquement, on peut illustrer les différentes filières énergétiques des véhicules à moteur en partant d’une énergie primaire (fossile, renouvelable ou nucléaire), puis en passant par différentes énergies secondaires afin d’aboutir au moteur qui permettra le déplacement (Figure 2) : Energie et Transport utilisation énergie brute vecteur d’énergie d’énergie hydraulique électricité caténaire solaire moteur éolien électrique batterie biogaz nucléaire pile à moteur H2 biodiesel combustible hybride essence, diesel gaz naturel GPL, charbon bioéthanol moteur à biomasses (déchets organiques combustion coproduits agricoles interne déchets de bois) Figure 2 : schéma général des filières énergétiques des véhicules à moteurs On distingue trois familles de filières issues des différentes énergies brutes : 1. Les filières à énergie non renouvelable (en noir sur la Figure 2) : La filière fossile classique qui part d’un combustible fossile pour propulser un véhicule par un moteur à combustion interne ; La filière fossile‐électrique où un combustible fossile est transformé en électricité pour propulser un véhicule à l’aide d’un moteur électrique. L’électricité peut être stockée dans un accumulateur à bord du véhicule ou passer par un réseau de caténaires ; Les filières hydrogène, où celui‐ci est produit soit par thermolyse d’hydrocarbures, soit par électrolyse de l’eau grâce à l’électricité ou encore par thermolyse de l’eau avec des combustibles fossiles. Cet hydrogène est ensuite utilisé pour propulser un 15
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique véhicule par un moteur à combustion interne ou à travers une pile à combustible pour alimenter un moteur électrique. Cette dernière filière n’existe pour l’instant qu’à l’état de prototype. 2. Les filières à énergies renouvelables (en bleu ou vert sur la Figure 2) : Les filières de production d’électricité à partir d’hydraulique, de solaire ou d’éolien (en bleu), utilisée pour propulser un véhicule électrique. L’électricité peut être stockée dans un accumulateur à bord du véhicule ou passer par un réseau de caténaires. Il est aussi envisageable de passer par un système à hydrogène déjà décrit précédemment ; Les filières issues de la biomasse (en vert) : il s’agit de la transformation de biomasse en différents vecteurs énergétiques (biogaz, biodiesel, bioéthanol, ou électricité). On représente seulement le cas des biocarburants issus de déchets ou de coproduits agricoles car la filière de production énergétique pose des problèmes éthiques importants (concurrence avec l’alimentation). 3. Les filières à énergie nucléaire (en rouge sur la Figure 2) : Cette filière de production d’électricité est simplement explicitée ici mais n’est pas détaillée. L’électricité ainsi produite peut alimenter plusieurs des systèmes déjà développés ci‐dessus. 2.2 Définitions des systèmes à propulsion électrique La mobilité électrique peut être définie comme toute forme de déplacement utilisant de l’électricité, de manière partielle ou totale, comme vecteur énergétique pour le transport. Trois grandes catégories de mobilité électrique avec plusieurs sous‐catégories peuvent être définies : 1. Alimentation électrique directe par caténaire : o Train o Tram o Bus Trolley 2. Véhicule électrique : o Voiture o Scooter o Bus 3. Véhicule hybride : o Voiture o Vélo électrique 16
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Schématiquement, les différentes filières utilisant la propulsion électrique peuvent être symbolisées comme suit (Figure 3) : Electricité et Transport électricité caténaire moteur électrique moteur électrique batterie moteur hybride carburant type «hybride plug in» moteur hybride type «hybride léger» Figure 3 : schéma simplifié des différents systèmes à propulsion électrique Les différents systèmes explicités ci‐après correspondent à des types de véhicules en cours de commercialisation ou se trouvant déjà sur le marché. Chacun de ces dispositifs a des avantages et des désavantages, certains ont déjà fait leurs preuves dans la réalité tandis que d’autres sont au stade de prototype avancé. 17
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 2.3 Etat des lieux des systèmes à propulsion électrique : 2.3.1 Alimentation directe par caténaire (train, tram, trolley) L’électricité est distribuée sur un réseau de caténaires sur lesquels le moteur du véhicule est branché directement. Il n’y a pas de stockage intermédiaire dans le véhicule et donc pas de pertes de stockage ni de pertes de temps liées à la recharge de ce stockage intermédiaire. Dans le cas des trains, la récupération de l’énergie de freinage fonctionne très bien et contribue à un rendement énergétique très élevé. Selon l’analyse de l’Association Transport et Environnement (ATE), un passager de train consomme sept fois moins d’énergie qu’un passager de voiture (ATE, 2011). Par rapport aux véhicules à diesel ou à essence, le bilan de CO2 est excellent si l’électricité est produite avec des énergies renouvelables. Un point négatif à relever est l’installation d’un système complexe et peu esthétique de caténaires le long des trajets des bus, qui empêche l’adaptation facile des itinéraires. A Genève, le nombre de trolley bus est passé de 73 à 91 unités entre 1998 et 2010 tandis que le nombre de trams augmentait de 46 à 82 unités (OCSTAT : tableau T 11.04.1.01, disponible sous www.ge.ch/statistique). 2.3.2 Véhicule électrique (voiture, scooter) Les véhicules 100% électriques sont des voitures (par exemple Nissan Leaf, Tesla Roadster), des scooters (par exemple Peugeot e‐vivacity, el‐moto), voire des bus (voir annexe 4). L’électricité est distribuée par le réseau et stockée dans une batterie à bord du véhicule. La propulsion se fait uniquement via un moteur électrique. Par rapport aux véhicules à diesel ou essence, la pollution locale et le bruit diminuent fortement. Le rendement du moteur électrique est supérieur au moteur thermique et certains systèmes permettent d’augmenter le rendement de propulsion en récupérant l’énergie de freinage. Si l’électricité provient d’énergies renouvelables, le bilan de CO2 est meilleur que pour une voiture avec moteur à combustion. Les pertes se situent surtout au niveau du cycle de charge et de décharge de la batterie. Les problèmes typiques sont l’autonomie réduite pour les voitures et le temps de recharge important pour tous les types de véhicules électriques. La duré de vie des batteries et les couts énergétiques de fabrication et de recyclage des batteries posent aussi des difficultés. (NOTTER D. et al., 2010). Concernant le scooter électrique, il aurait probablement un grand potentiel à Genève, mais pour le moment, son développement reste marginal (environ 3’000 scooters électriques vendus en Suisse entre 2009 et 2011 selon www.motosuisse.ch, consulté en février 2012). 18
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 2.3.3 Véhicule hybride (voiture, vélo) La voiture hybride combine deux technologies de propulsion, un moteur à combustion interne et un moteur électrique avec batterie. Les avantages par rapport à une motorisation classique sont les suivants : la combinaison du moteur électrique et du moteur à combustion interne permet l’utilisation d’un moteur thermique plus petit et plus économe. Pour la phase d’accélération, le moteur électrique est couplé au moteur thermique, ce qui garantit des accélérations correctes malgré la petite taille du moteur à combustion interne. Pour les trajets courts et à basse vitesse comme en ville, le moteur électrique assure seul la propulsion. En phase de freinage, le moteur électrique récupère l’énergie en fonctionnant en mode générateur pour recharger la batterie. Sur les longs trajets à haute vitesse (autoroute) le moteur thermique reprend la propulsion. Dans certains concepts, le moteur thermique est découplé complètement des roues et tourne seulement pour recharger la batterie. L’idée est de toujours conserver le moteur thermique à un régime optimal afin d’assurer une consommation minimale et de profiter du meilleur rendement énergétique du moteur électrique. Les désavantages du concept hybride sont la complexité et le poids élevé du système par rapport à un véhicule classique ainsi que des prix encore relativement élevés. Comme le surpoids du système moteur thermique, moteur électrique et batterie est assez indépendant de la taille du véhicule, les économies d’énergie par rapport à une propulsion classique pour la même taille de véhicule sont plus importantes pour les grandes voitures que pour les petites. A Genève comme ailleurs, on relève un nombre croissant de particuliers et d’entreprises qui achètent des véhicules hybrides. La Toyota « Prius », la Honda « insight Hybride » et les modèles de la marque Lexus sont actuellement les plus répandus (voir annexe 5). Le second type de véhicule hybride est le vélo électrique, qui consiste en une combinaison de la force musculaire et du moteur électrique. Ce dernier est alimenté par une batterie que l’utilisateur charge sur le secteur. Les modèles les plus sophistiquées sont en plus équipés d’un système de récupération de l’énergie de freinage. Parmi les principaux avantages, on peut citer le fait qu’il est moins contraignant que le vélo classique, qu’il a une plus grande autonomie qu’un scooter électrique pour une même taille de batterie et qu’il ne génère pas de pollution locale. 19
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Pendant les 3 dernières années, le marché des vélos électriques à Genève et en Suisse a subi un accroissement phénoménal, avec l’ouverture de magasins spécialisés et plusieurs fabricants Suisses (par exemple Stromer, Flyer, Stöckli‐ET) très actifs sur le marché (voir détails au chapitre 3.4). Relevons encore que deux types de véhicules hybrides existent : Les véhicules hybrides « Plug In », dont la batterie peut être rechargée en la branchant sur le secteur (par exemple Opel Ampera ou tous les vélos électriques). Ce système permet de rouler en mode électrique sur les premiers 20 à 80 km de chaque trajet, ce qui recoupe la plupart des parcours en ville. Les véhicules hybrides « léger », dont la batterie est uniquement rechargée par la récupération d’énergie de freinage ou par le générateur couplé au moteur à combustion interne. L’autonomie en mode électrique est de quelques km seulement. Les voitures de ce type comme la Toyota Prius n’ont donc aucune influence sur la consommation électrique. 20
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 2.4 Analyse simplifiée de quelques filières énergétiques des véhicules à moteurs En fonction du type de moteur (thermique ou électrique), l’évaluation de l’ensemble de la chaîne des rendements peut différer selon les conditions de conduite, par exemple entre la conduite urbaine ou rurale. Par ailleurs, il est complexe de considérer l’ensemble des filières déterminées au chapitre 2.1, c’est pourquoi la production d’électricité ou l’extraction et le transport du pétrole ne sont pas pris en compte ici. Le périmètre du système est ainsi fixé aux frontières du canton de Genève. On compare les besoins en énergie secondaire (électricité ou essence) selon la même unité d’énergie mécanique « sur la roue en mouvement » pour les filières thermiques ou électriques. 2.4.1 Filières électriques Pour estimer l’impact d’une électrification partielle de la mobilité sur le réseau des SIG, il faut d’abord connaitre le rendement énergétique global des différentes étapes de chaque filière de transport (alimentation par caténaire ou véhicule électrique). Chaque système est divisé en ses composantes principales depuis le fournisseur d’énergie jusque à la roue du véhicule, permettant d’évaluer le rendement global à partir du vecteur « électricité » (voir Figure 4). rendement énergétique de « l’électricité à la roue » SIG réseau Pertes: 5‐7% client transport – transformation propulsion chargeur batterie variateur moteur pertes: 7‐25% pertes: 5‐25% pertes: 5‐15% pertes: 5‐25% auxiliaires pertes: 10‐40% convertisseur caténaire variateur moteur AC/DC pertes: 5‐7% pertes: 5‐15% pertes: 5‐25% pertes: 2‐5% auxiliaires pertes: 15‐40% Figure 4 : schéma général des différents rendements de « l’électricité à la roue » 21
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Les chiffres pour les rendements des différentes composantes varient beaucoup selon la source (données des fabricants ou mesures réalisées par des organisations indépendantes). Trois séries de schémas ont été réalisés ci‐après : les premiers et deuxièmes avec des véhicules de transports publics alimentés par caténaire ou batterie, les derniers avec des véhicules individuels à batterie (voir annexes 1, 2 et 3). Tous ces systèmes sont 100% électriques. Les calculs retenus sont soit l’ensemble des pertes minimales, soit l’ensemble des pertes maximales pour chacune des composantes du système. Le rendement technique réel se retrouve donc dans cette fourchette. A noter que les rendements des moteurs électriques ne changent que très peu selon la charge. Le détail de ces filières aboutit aux six figures suivantes (Figure 5, Figure 6, Figure 7, Figure 8, Figure 9 et Figure 10) : 22
Figure 5 : Pertes minimales « du réseau à la roue » d’un véhicule des transports publics 100% électrique (via caténaire) Figure 6 : Pertes maximales« du réseau à la roue » d’un véhicule des transports publics 100% électrique (via caténaire) 23
Figure 7 : Pertes minimales « du réseau à la roue » d’un véhicule des transports publics 100% électrique (via batterie) Figure 8 : Pertes maximales « du réseau à la roue » d’un véhicule des transports publics 100% électrique (via batterie) 24
Figure 9 : Pertes minimales « du réseau à la roue » d’un véhicule individuel 100% électrique (batterie) Figure 10 : Pertes maximales « du réseau à la roue » d’un véhicule individuel 100% électrique (batterie) 25
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique En résumé, les rendements minimaux et maximaux des filières électriques sont (Tableau 2) : Rendement Rendement minimal maximal Filière transports publics à caténaire (tram 28% 69% ou trolleybus) Filière transports publics à batterie (bus) 22% 66% Filière véhicule individuel à batterie 18% 69% Tableau 2 : rendement minimaux et maximaux des filières électrique de « l’électricité à la roue » Il existe une certaine variabilité dans la consommation des différents modèles électriques, selon la taille et le type de véhicule. Quelques exemples de consommations mesurées par des organismes indépendants sont listés ci‐dessous (Tableau 3) : Consommation en Marque et modèle Type de voiture Wh/km SAM EV II 3‐cycle 80 Peugeot iOn compact mini 135 Tesla Roadster coupé sport 161 Citroën C‐Zéro compact mini 161 Nissan Leaf compact 124 Renault Kangoo Z.E. utilitaire 129 Renault Fluence Z.E. Voiture familiale 157 Smart e‐drive (test en compact mini 276 conditions hivernales) MOYENNE 153 Tableau 3 : consommations mesurées par des organisations indépendantes de différents véhicules existants sur le marché suisse (voir annexe 4) Globalement, on voit que la consommation électrique mesurée à la sortie de la batterie est d’environ 150 Wh/km. En se plaçant au niveau du réseau SIG (selon la moyenne des Figure 9 et Figure 10, voir annexe 2), on obtient donc une consommation équivalente de 23 kWh/100 km ou 2.3 litre équivalent pétrole/100 km (sans tenir compte du rendement de la production électrique). 26
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique 2.4.2 Filières fossiles traditionnelles Pour les filières fossiles, deux différences fondamentales doivent être soulignées par rapport aux filières électriques : d’une part, l’extraction et la production de pétrole présente un très bon rendement tandis que la production d’électricité dépend passablement de la filière utilisée (voir chapitre 2.1) ; d’autre part, le moteur à combustion interne présente un rendement assez faible tandis que le moteur électrique possède de très bons rendements. C’est pourquoi en considérant les limites du système au vecteur d’énergie (essence/diesel ou électricité), on favorise de facto les filières électriques. Ci‐après les pertes minimales et maximales « du réservoir à la roue » des véhicules individuels à essence (Figure 11 et Figure 12) ou à diesel (Figure 13 et Figure 14) sont présentées : 27
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Figure 11 : pertes minimales « du réservoir à la roue » d’un véhicule individuel à essence Figure 12 : pertes maximales « du réservoir à la roue » d’un véhicule individuel à essence 28
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique Figure 13 : pertes minimales « du réservoir à la roue » d’un véhicule individuel à diesel Figure 14 : pertes maximales « du réservoir à la roue » d’un véhicule individuel à diesel 29
UNIGE : Aspects énergétiques de la mobilité électrique En résumé, les rendements des deux grandes filières fossiles sont (Tableau 4) : Rendement Rendement minimal maximal Filière essence 21% 30% Filière diesel 24% 32% Tableau 4 : rendement minimaux et maximaux des filières fossiles « du réservoir à la roue » Il s’agit ici de données globales de rendement de moteurs. D’autre facteurs sont également importants lors de la comparaison des différents véhicules mais n’ont pas été pris en compte ici : poids des véhicules, résistances à l’air et aux frottements, aides à la conduite, etc…. Pour évaluer la robustesse des schémas précédents, on peut évaluer le rapport des rendements moyens entre les filières transports publics à caténaire (48%) et diesel (28%), soit 1.71, et le comparer avec les données réelles des TPG. En pratique, la consommation moyenne mesurée par les TPG sur la période 2000‐2010 est de (voir annexe 6) : Electricité : 3.06 kWh/km ; Diesel : 4.98 kWh/km ; Ce qui aboutit à un rapport de 1.63, à comparer aux 1.71 théoriques estimés ci‐dessus. Une différence à relever dans ces différents schémas concerne le chauffage des véhicules. En effet, pour le moteur à combustion interne, le chauffage est une valorisation des pertes thermiques qui n’influence pas la consommation de carburant, tandis que pour un véhicule électrique, le chauffage représente une consommation additionnelle. Des mesures réalisées par les TPG sur des trams au début des années 1990 montrent que la consommation des auxiliaires peut représenter jusque à 50% de la consommation totale en période hivernale. Un test d’une petite voiture électrique (smart) par le Touring Club Suisse (TCS) en hiver a également montré un doublement de la consommation par rapport aux données du fabricant (voir Tableau 3). Ceci peut être imputé d’une part au chauffage et d’autre part au mauvais rendement des accumulateurs à basse température. 30
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