BÂTIMENT : EN ROUTE VERS LA RE 2020 - TEMPS FORT P. 5 DÉCRYPTAGE P. 2 INTERVIEW EXCLUSIVE JÉRÉMY RIFKIN, ÉCONOMISTE - ADEME Presse
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
NO 130 • NOVEMBRE 2019 LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EN ACTIONS TEMPS FORT P. 5 BÂTIMENT : EN ROUTE VERS LA RE 2020 DÉCRYPTAGE P. 2 INTERVIEW EXCLUSIVE JÉRÉMY RIFKIN, ÉCONOMISTE RECHERCHE P. 4 FINANCE ET CLIMAT : UN PREMIER APPEL À PROJETS RÉUSSI
DÉCRYPTAGE 2 N O 130 • NOVEMBRE 2019 DÉCRY PTAGE « NOUS SOMMES EN TRAIN DE PASSER DE L’ÈRE DU PROGRÈS À L’ÈRE DE LA RÉSILIENCE » Dans son dernier ouvrage, « Le New Deal vert mondial » l’économiste américain Jeremy Rifkin insiste sur l’urgence d’accomplir la troisième révolution industrielle, seule issue face à la crise induite par le changement climatique. Il donne les clefs pour réussir à transformer en profondeur nos infrastructures de communication, de transport, de production et de distribution d’énergie. Dans « Le New Deal vert mondial » vous annoncez l’effondrement de la civilisation des énergies fossiles dans les dix prochaines années. Qu’est-ce que cela signifie ? Jeremy Rifkin : La civilisation du pétrole est en train de s’effondrer sous nos yeux. La première impulsion a été donnée quand l’Union européenne a décidé qu’il fallait 20 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique. Ce choix a permis aux citoyens de constituer des coopératives et de se mettre à injecter de l’énergie dans le réseau. Plus de 96 % de l’énergie renouve- lable en Europe provient de ces coopéra- tives. Puis la Chine a suivi le même chemin © Eric Boizet/Alpaca/Andia.fr que l’Europe. Les gouvernements ont ouvert la voie, mais maintenant c’est le JEREMY RIFKIN marché qui fait la loi. Les prix de l’énergie ÉCONOMISTE
DÉCRYPTAGE / STRATÉGIE 3 ont plongé. Les investisseurs, en particu- Comment procéder en si peu de temps ? liers les fonds de pension, retirent leur Les infrastructures élémentaires de la pre- argent des énergies fossiles et de tous les mière révolution industrielle ont été secteurs qui y sont liés : 11 milliards de dol- déployées en trente ans aux États-Unis, lars ont été désinvestis ces dernières entre 1860 et 1890. Il a fallu vingt-cinq ans années. En 2015, la banque Citigroup esti- pour celles de la seconde révolution indus- mait les actifs bloqués, les investissements trielle. Nous pouvons réaliser les infrastruc- obsolètes, liés à l’industrie fossile à 100 mil- tures nécessaires à la troisième révolution « LE NEW DEAL VERT liards de dollars : la plus grande bulle de industrielle en moins de vingt ans, dix ans MONDIAL - POURQUOI l’histoire est sur le point d’éclater. pour qu’elles répondent aux objectifs fixés LA CIVILISATION FOSSILE VA S’EFFONDRER D’ICI 2028 par les Nations unies en matière de réduc- - LE PLAN ÉCONOMIQUE Quand situez-vous cet effondrement ? tion de gaz à effet de serre, et huit à neuf POUR SAUVER LA VIE En 2003, en Allemagne, les énergies renou- années supplémentaires pour parvenir à SUR TERRE » velables devaient représenter 2 à 3 % du zéro émission. Nous pouvons y parvenir ÉDITIONS LES LIENS QUI mix électrique, et les géants de l’électricité pour 2040. Pour cela, il faut bien sûr que la LIBÈRENT. OCTOBRE 2019 s’en souciaient peu. Puis, sous l’impulsion Chine, l’Union européenne et les États-Unis européenne, à partir de coopèrent. Mais, il faut 2007, les coopératives ont surtout s’appuyer sur les commencé à se multiplier. régions et associer des À partir de 14 % du mix, « Le soleil et assemblées de citoyens les investissements se le vent, qui sont concernés, issus de tous sont portés sur les nou- les secteurs et de toutes velles coopératives : tout partout, nous les générations. La jeune six ans, plus de 1200 projets y sont menés, le monde avait compris obligent à génération, qui s’est empa- associant des assemblées de représentants que c’était l’avenir, et les coopérer, à passer rée du sujet en descendant de toutes les filières concernées. Il faut que gros fournisseurs histo- dans la rue, doit faire d’autres régions suivent. L’ADEME, qui riques ont plongé. Nous à l’économie entendre sa voix dans accompagne la mise en œuvre à l’échelle savons que 14 % est le du partage. » toutes les assemblées et régionale des politiques nationales et joue point de basculement. prendre part aux déci- un rôle de facilitateur, est essentielle. Il faut L’Europe a atteint les 14 % sions. Le changement non seulement reproduire ce type d’agence en 2017, les États-Unis y d’ère implique aussi un dans toute l’Europe mais aussi leur donner seront en 2023, le monde entier en 2028. changement de gouvernance, qui doit être davantage de moyens. La France devrait Cela donne le calendrier. Quand on regarde bien plus horizontale. Associer le public ouvrir une « banque verte » qui émettrait le secteur des communications, tous les aux décisions est le seul moyen de lui don- des « obligations vertes » à l’intention des principaux acteurs sont déjà passés aux ner envie de s’impliquer dès maintenant et investisseurs qui cherchent désespérément EnR, Apple, Facebook, Google, Microsoft… pour toujours dans un monde zéro car- de grands projets dans lesquels investir. Il Si on examine le secteur des transports, à bone. La technologie, l’énergie, les faut sortir de la logique des projets pilotes ce jour les véhicules électriques repré- infrastructures doivent appartenir aux pour penser infrastructure. Toutes les sentent 2,5 % des ventes de voitures. Mais citoyens. Le changement est aussi écono- grandes révolutions industrielles sont des regardez le taux de croissance. En 2028, mique : le soleil et le vent, qui sont partout, transformations complètes des médiums 20 % des automobiles vendues chaque nous obligent à coopérer, à passer à l’éco- de communication, des mécanismes de année dans le monde seront des véhicules nomie du partage. transport, des sources d’énergie qui électriques. Voilà le point de bascule. Volk- Déjà des territoires se sont mis en mouve- impactent nos vies sociales, nos activités swagen a déjà annoncé vouloir en produire ment : la région des Hauts-de-France est, économiques, nos modes de gouvernance. 22 millions à cette date et y consacrer avec le Luxembourg et les agglomérations Aujourd’hui l’argent, la technologie – et l’ur- 80 milliards d’euros. Le changement est en de Rotterdam et La Haye, un précurseur de gence – sont là : nous devons collective- cours, il est réel. la troisième révolution industrielle. Depuis ment passer à l’action.
4 DÉCRYPTAGE / RECHERCHE N O 130 • NOVEMBRE 2019 Les appels à projets FINANCE CLIMAT SOLUTIONS INNOVANTES UN PREMIER APPEL POUR L’ACCÈS À L’ÉNERGIE DURABLE HORS RÉSEAUX À PROJETS RÉUSSI L’ADEME et l’Agence française de développement (AFD) ont décidé de lancer un deuxième La première édition de l’appel à projets de recherche appel à projets sur les innovations sur la Finance Climat (ClimFi) s’est clôturée en juin dernier. pour l’accès à l’énergie durable Dix projets ont été sélectionnés et seront lancés en 2019 et 2020. hors réseaux. Les projets déposés devront mettre en œuvre sur le continent africain des « Cet appel à projets nous a per- technologies et/ou organisations mis de nous intéresser aux ver- innovantes, génératrices d’activités rous liés au financement et à la économiques pérennes et réduisant réorientation des investissements leur empreinte environnementale dans la transition énergétique et sur l’ensemble du cycle de vie. écologique (TEE), ce qui est assez Clôture : 20 janvier 2020 novateur », explique Marie-Laure Guillerminet, économiste à PRODUIRE ET VALORISER l’ADEME. L’objectif est double : LES BIOMASSES : © iStock apporter les connaissances théo- riques, stratégiques et pratiques UNE BIOÉCONOMIE L’ADEME a débloqué 1,3 million d’euros sur deux ans pour accompagner la réalisation de ces projets. aux différents acteurs de la TEE AU SERVICE DE LA (entreprises, institutions finan- TRANSITION ÉCOLOGIQUE cières, collectivités et puissance publique) pour, d’une part, faire évoluer les investisse- L’ADEME lance la troisième édition ments vers plus de durabilité et de résilience climatique et, d’autre part, créer les conditions de GRAINE, qui vise à soutenir d’une meilleure collaboration de ces acteurs entre eux. Parmi les dix-neuf projets reçus, un développement durable dix ont été retenus, impliquant des équipes de recherche, des bureaux d’études, des de la bioéconomie en réponse aux entreprises, des banques, des associations d’acteurs de la finance… Deux axes de enjeux de la transition écologique. Clôture : 16 décembre 2019 recherche ont été définis au préalable. Le premier concerne les impacts de l’Accord de Paris sur les stratégies, la gouvernance et les pratiques des acteurs, et a pour but d’évaluer les démarches mises en œuvre pour atteindre les objectifs climat-énergie internationaux. À titre d’exemple, le projet TCFD indicator (dans la suite de la Task Force on Climate- I N V E S T I S S E M E N T S D ’AV E N I R Related Financial Disclosures), piloté par la Chaire Énergie et Prospérité et associant notamment Carbone 4, a pour objectifs d’identifier le niveau et la pertinence de la com- SYSTÈMES ÉNERGÉTIQUES munication des entreprises au sujet du climat ainsi que les évolutions éventuelles sur la – VILLES ET TERRITOIRES période d’étude et de confronter ce niveau de divulgation avec la performance environ- DURABLES nementale des entreprises et évaluer l’impact de celle-ci sur la performance financière. L’Action Démonstrateurs Pour respecter l’Accord de Paris, il est indispensable d’investir davantage dans les solu- et Territoires d’innovation tions de la TEE. Pour y parvenir, la mission Canfin-Zaouati (2018) recommande notam- de grande ambition (DTIGA) a pour ment de développer une doctrine pour l’usage des instruments financiers publics-privés principaux objectifs de générer de partage de risques. Le second axe de recherche s’intéresse aux conditions nécessitant de la croissance pour l’économie le recours à de tels instruments, ainsi qu’à leur efficience. Le projet SECRAET, qui associe, française et de développer des entre autres, l’ENSAE et le Crédit agricole, vise ainsi à développer une méthodologie emplois durables dans le domaine standard de consolidation des informations contenues dans les nombreux scénarios de la transition énergétique de prospective sous contrainte carbone, ceci en vue d’analyser les risques associés au et écologique, par la réduction de l’impact environnemental, financement de projets des filières énergétiques bas carbone. mais aussi de développer un mix Cette édition a promu les travaux de recherche pluridisciplinaires. À noter, le projet Fin- énergétique décarboné CLimLex, piloté par l’université Paris 1, qui s’intéressera aux risques de contentieux cli- et compétitif et de changer matiques pour les acteurs publics et privés en associant droit et sociologie. Une seconde les modes de production et les édition sur les mêmes thèmes devrait être lancée en 2021. pratiques de consommation tout Plus d’infos : en facilitant l’acceptabilité sociétale. > marie-laure.guillerminet@ademe.fr > edouard.fourdrin@ademe.fr Clôture : 20 janvier 2020 Avec le fil d’actu, suivez l’info par courriel en vous inscrivant sur Consulter tous les appels à projets : www.ademe.fr/ademeetvous-abonnement https://appelsaprojets.ademe.fr
TEMPS T EMP S FORT 5 FORT BÂTIMENT : EN ROUTE VERS LA RE2020 En France, le secteur du bâtiment occupe la place peu convoitée de leader en termes de consommations énergétiques. Il présente aussi un bilan carbone non négligeable, qui lui vaut la quatrième place sur le podium des filières les plus émissives. Une double fatalité ? Non, car ces dernières années, les pouvoirs publics et un nombre croissant d’acteurs ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps et d’accélérer la transition énergétique et écologique du secteur. Ce dossier se concentre sur les mutations en cours dans le domaine de la construction neuve, dans la perspective de la future RE2020. À lire dans ce dossier ZOOM SUR… REGARDS REPORTAGE AVIS D’EXPERT Aménagement CROISÉS Un écoquartier Vers la durable : Quel bilan pour exemplaire dans neutralité un travail le programme les Alpes-de- carbone et d’Orfèvres OBEC ? Haute-Provence au-delà… P. 8 P. 9 P. 10 P. 11 © Istock
6 TEMPS FORT N O 130 • NOVEMBRE 2019 © iStock © Istock BÂTIMENT : L’ÈRE DU BAS CARBONE Label E+C-, programme OBEC, et bientôt RE2020… depuis quelques avec les engagements de la stratégie années, les mesures et les initiatives en faveur d’une approche globale nationale bas carbone adoptée en 2015, de la performance environnementale des bâtiments neufs se la future réglementation portera égale- ment sur la performance carbone des multiplient. Explications. bâtiments, là où la RT concernait essentiel- lement la performance énergétique. » Concrètement, la RE2020 prendra en Depuis 2013, l’univers de la construction la réglementation s’élargira avec la compte les émissions de gaz à effet de neuve est régi par la Réglementation Ther- RE2020, avec un E comme environnemen- serre des bâtiments, à toutes les étapes de mique dite RT2012, qui a permis de géné- tale. « Il ne s’agira pas seulement d’une leur existence – de l’origine des matériaux raliser les bâtiments basse consommation nouvelle appellation mais bel et bien d’un utilisés jusqu’à la déconstruction, en pas- et de diviser par trois les consommations changement de paradigme, indique Nico- sant par la construction et la phase d’ex- d’énergie des bâtiments neufs par rapport las Doré, chef de service adjoint du service ploitation – dans une logique d’analyse du à la réglementation précédente. En 2021, Bâtiment de l’ADEME. En effet, en ligne cycle de vie (ACV). « Cette approche est Avec le fil d’actu, suivez l’info par courriel en vous inscrivant sur www.ademe.fr/ademeetvous-abonnement
TEMPS FORT / 7 44 % DES CONSOMMATIONS pionnière en Europe et ouvrira de nou- velles perspectives en matière d’économie circulaire et d’écoconception », poursuit BÂTIMENT EXEMPLAIRE : LE PARI DU LOW D’ÉNERGIE FRANÇAISES Nicolas Doré. Bâtir des locaux tertiaires PROVIENNENT DU avec un coût de construction SECTEUR DU BÂTIMENT, UN LABEL PRÉFIGURATEUR de 1 100 euros par mètre carré HT (hors DEVANT LE SECTEUR DES voirie et réseaux), cela n’a rien TRANSPORTS (31,7 %) Pour préparer l’entrée en vigueur de la d’évident… Mais quand on vise de réglementation environnementale, les surcroît les meilleures performances pouvoirs publics ont décidé il y a trois ans énergétiques et environnementales À FIN SEPTEMBRE de lancer une expérimentation destinée à possibles, le challenge s’avère d’autant 2019 prendre le pouls de la filière, à renforcer plus ambitieux. Un défi qui n’a pas fait les connaissances sur la situation actuelle peur au bureau d’études drômois L’OBSERVATOIRE E+C- et à effectuer un premier réglage de cur- Enertech avec le bâtiment Lowcal, RÉUNIT LES ACV abritant aujourd’hui son siège social. seurs, sur les volets énergie et carbone. Le DE 1007 OPÉRATIONS, L’audace est payante puisqu‘à label E+C- (Énergie positive et réduction ce jour Lowcal est la seule construction DONT 145 TERTIAIRES, 249 BÂTIMENTS DE carbone), au cœur de ce dispositif, pro- tertiaire labellisée E4C2. LOGEMENTS COLLECTIFS pose un cadre structurant à tous les Pour conjuguer efficacité énergétique ET 613 MAISONS acteurs désireux d’aller plus loin que ce maximale et empreinte INDIVIDUELLES. que fixait jusque-là la réglementation en environnementale minimale, vigueur. « En ce sens, le label E+C- joue le les concepteurs de ce bâtiment de 600 m2 ont misé sur une stratégie PLUS DE même rôle préfigurateur que le label BBC « 100 % low », qui se traduit par une 75 % en son temps. Il constitue un outil de approche low tech (pas de chauffage, mobilisation, de partage d’expériences et eau chaude sanitaire uniquement pour DU CO2 D’UN BÂTIMENT d’optimisation des connaissances, via un les douches), low impact (construction NEUF SONT ÉMIS observatoire qui regroupe l’ensemble des bois/paille et terre crue), low cost LORS DE LA PHASE données relatives aux opérations labelli- et même low… cal puisque le chantier DE CONSTRUCTION. sées », indique Nicolas Doré. En pratique, a été confié à des entreprises du territoire. ce label évalue le bilan énergétique d’un bâtiment sur l’ensemble de ses usages, le poids des émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de son cycle de vie, en tenant compte des impacts carbone des accompagnées. L’ensemble des données produits de construction et des équipe- issues du programme OBEC – aujourd’hui ments utilisés. Chaque opération évaluée arrivé à son terme – ont été intégrées à se voit donc attribuer deux notes, expri- l’observatoire E+C-. mées de 1 à 4 pour la performance éner- Après un chantier de consultation et gétique et de 1 à 2 pour la performance concertation, mené par le ministère pen- carbone. dant 18 mois, nous entrons désormais dans le temps législatif. Un groupe de travail UN PROGRAMME POUR ACCOMPA- modélisateur sera prochainement consti- GNER LA MONTÉE EN COMPÉTENCES tué afin de réaliser les milliers de simula- « En 2017, pour accompagner l’expérimen- tions nécessaires pour définir les différents tation E+C-, l’ADEME a par ailleurs lancé le seuils de la future réglementation. « Mais programme OBEC – pour Objectif Bâti- cette nouvelle étape ne marque pas pour ment Énergie Carbone, poursuit Nicolas autant la fin des échanges, indique Nicolas Doré. Avec un enjeu : favoriser la montée Doré en conclusion. Avec OBEC, nous en compétences des acteurs. » Pour ce avons pu poser les bases d’une “culture faire, l’ADEME a sélectionné des bureaux ACV” en entrant en contact avec quelques d’études référents pour constituer et milliers d’acteurs. Dans la perspective de a nimer des communautés régionales, l’entrée en vigueur de la RE2020, nous chargées d’évaluer les impacts environne- devrons changer d’échelle pour sensibili- mentaux des bâtiments, et réaliser une ser, informer et mobiliser l’ensemble de trentaine d’ACV par région, dont dix dans l’écosystème du bâtiment et de l’aménage- le cadre de démarches d’écoconception ment. » Plus d’infos : > nicolas.dore@ademe.fr
8 TEMPS FORT / ZOOM SUR… N O 130 • NOVEMBRE 2019 AMÉNAGEMENT DURABLE : UN TRAVAIL D’ORFÈVRES au cœur des Orfèvres. Il nous semblait très intéressant de poursuivre cette approche à la maille plus large du quartier, qui appa- raît pertinente pour favoriser la sobriété, la mutualisation énergétique, l’économie cir- culaire et la qualité urbaine. » Retenue à l’issue de cette consultation avec 21 autres lauréats, la ville de Trévoux bénéficiera d’un accompagnement spécifique, via la mise à disposition d’une assistance à la maîtrise d’ouvrage et la participation à un groupe de travail. UN PROJET AU LONG COURS À quoi ressemblera le futur écoquartier ? Sur quinze ans, la ville entend construire 330 logements et réhabiliter les 160 loge- ©Axe Saine ments sociaux situés dans la partie est de la ZAC. La première tranche du pro- gramme comporte notamment un ensemble de 53 logements en accession à la propriété, la construction du groupe scolaire, d’une salle de sport ainsi que la réalisation d’un parc urbain et de nou- Dans l’Ain, la ville de Trévoux ville de Trévoux. Quelques années plus velles voies de circulation. « Pour le groupe souhaite faire de son territoire tard, nous avons franchi un cap décisif scolaire, nous visons un niveau E4C2, un laboratoire grandeur nature avec la création d’une ZAC (zone d’aména- indique Nicolas Bory. Du côté du pro- gement concerté). » Puis tout s’est gramme de logements déjà validé, nos d’expériences sur le thème de la enchaîné : sélection de l’équipe de maî- ambitions sont d’atteindre E3C1, même si construction et de l’aménagement trise d’œuvre urbaine, puis d’un aména- nous savons que les critères relatifs à la durables, notamment dans le cadre geur pour les premières tranches – la performance carbone seront assez diffi- du futur écoquartier des Orfèvres. Société d’équipement du Rhône et de ciles à respecter. » Mais la dimension Lyon –, concertation avec les habitants, « éco » des Orfèvres ne s’arrête pas aux études opérationnelles, inscription dans la performances chiffrables. « Notre projet Traversée par la Saône, située à proximité démarche nationale EcoQuartier… En jan- couvre toutes les facettes du cadre de vie d’un parc naturel régional, Trévoux dis- vier dernier, avec l’obtention de la déclara- des habitants du quartier, de la protection pose d’un riche patrimoine paysager et tion d’utilité publique, le projet a pu entrer de la biodiversité aux mobilités douces en historique qui fait la fierté de ses dans sa phase « chantier », à commencer passant par le “vivre ensemble”, qui consti- 7 000 habitants. C’est aussi une ville tour- par les travaux de démolition. « Et au prin- tue le fil rouge de l’ensemble du pro- née vers l’avenir qui affiche l’ambition temps, nous avons décidé de répondre à gramme. Nous venons d’ailleurs de lancer d’une urbanisation maîtrisée et respec- un appel à manifestation d’intérêt de un appel à manifestation d’intérêt autour tueuse de l’environnement. « Il y a dix ans, l’ADEME, centré sur les quartiers à énergie du logement participatif dans l’optique de cette volonté s’est traduite par le lance- positive et à faible impact carbone, pour- déboucher, d’ici à quatre ans, sur une opé- ment d’études relatives à la création d’un suit Nicolas Bory. Nous participons déjà à ration qui devrait concerner une vingtaine écoquartier, explique Nicolas Bory, direc- l’expérimentation E+C- pour un projet de de logements », annonce Nicolas Bory en teur de l’Urbanisme et du Foncier de la groupe scolaire, qui s’intégrera d’ailleurs conclusion. Plus d’infos : > n.bory@mairie-trevoux.fr
TEMPS FORT / REGARDS CROISÉS 9 MÉLANIE LAFARGE, CHARGÉE DE MISSION QUALITÉ DE LA CONSTRUCTION, DREAL PACA LAETITIA EXBRAYAT, DIRECTRICE DE PROJET ET RESPONSABLE D’AGENCE, H3C © DR © DR QUEL BILAN POUR LE PROGRAMME OBEC ? À l’heure de sa clôture en région PACA, le programme OBEC affiche des résultats encourageants avec des acteurs mobilisés, des connaissances affinées et des pistes de progrès mieux cernées. Quel regard portez-vous sur la situation Après un an et demi, quel bilan dres- pour les fluides frigorigènes des pompes à en PACA ? sez-vous du programme OBEC ? chaleur, qui peuvent représenter 20 % des Mélanie Lafarge : En région PACA, la per- M.L. : L’expérimentation a permis de fédé- émissions d’une maison individuelle. formance énergétique des bâtiments rer partenaires institutionnels, profession- neufs s’est considérablement améliorée nels et maîtres d’ouvrage autour d’une Quelles seraient les pistes à explorer ces dernières années, mais seulement communauté régionale de travail, et de pour accélérer la dynamique ? 67 % des bâtiments résidentiels construits contribuer ainsi activement à l’élaboration L.E. : Je souhaite simplement que la dyna- en 2018 ont une étiquette énergétique A. de la future réglementation environne- mique d’intelligence collective initiée par La généralisation des bâtiments à énergie mentale avec des opérations locales, mais les pouvoirs publics se poursuive jusqu’à positive et le déploiement de bâtiments à aussi de monter collectivement en compé- l’entrée en vigueur de la RE2020 ! Je faible empreinte carbone tout au long de tence. Le nombre de demandes de labelli- pense ainsi qu’il faut continuer à entretenir leur cycle de vie est donc un axe straté- sation a par ailleurs fortement augmenté les échanges au sein de toute la filière et gique pour accélérer la transition énergé- en 2018, tout comme les démarches de poursuivre les efforts de mobilisation des tique. qualité environnementale. maîtres d’ouvrage. Je suis aussi convain- Laetitia Exbrayat : Dans le cadre du pro- L.E. : De notre côté, nous retenons que la cue qu’il faut mettre l’accent sur l’accom- gramme OBEC, notre bureau d’études publication des données environnemen- pagnement des industriels afin qu’ils anime trois communautés régionales : tales des matériaux est essentielle pour y accélèrent la publication des données celles de PACA, d’Occitanie et de Corse. voir plus clair sur la performance des bâti- environnementales de leurs produits. Nous avons noté d’importantes disparités ments. À l’heure actuelle, les analyses de M.L. : Je souhaite qu’un maximum d’ac- régionales en termes de maturité sur la cycle de vie se basent sur une large part de teurs engagent des réflexions à l’échelle problématique du développement durable données « par défaut » qui faussent les de l’îlot ou du quartier pour favoriser la mais aussi au sein même des régions, avec résultats. Mais, pour autant, nous avons pu sobriété, la mutualisation énergétique et une forte polarité entre les grandes métro- avancer dans le « profilage » des postes les l’intégration des énergies renouvelables et poles – Toulouse, Montpellier et Mar- plus émissifs – le gros œuvre et le second de récupération. Les documents d’urba- seille –, qui font office de locomotives avec œuvre – et sur la connaissance de postes nisme et de planification doivent être des des opérations nombreuses et structu- qu’on avait tendance à prendre insuffisam- leviers pour tendre vers des quartiers à rées, et des zones rurales également ment en compte par le passé, comme ceux énergie positive et à faible impact car- engagées, mais sur des démarches « one liés aux voiries et réseaux divers et aux bone. La mobilisation de tous sera là aussi shot » et plus spontanées. équipements, avec une mention spéciale nécessaire. Plus d’infos : > laetitia.exbrayat@h3c-energies.fr > melanie.lafarge@developpement-durable.com
10 TEMPS FORT / REPORTAGE N O 130 • NOVEMBRE 2019 UN ÉCOQUARTIER EXEMPLAIRE DANS LES ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE Cap sur Volonne (04) pour la visite guidée d’un écoquartier innovant en matière d’adaptation aux conditions climatiques. de remplir un maximum de volets du développement durable, de la biodiver- sité à la performance énergétique en pas- sant par le “vivre ensemble”, la mobilité et la réduction de l’impact carbone », indique la maire du village. Une attention particulière a été apportée au confort d’été, une notion qui n’a rien d’anodin dans un territoire où les températures grimpent régulièrement au-dessus des 30 degrés. Toutes les équipes de concep- tion se sont appuyées sur le référentiel Bâtiment Durable Méditerranéen élaboré par l’association Envirobat BDM, qui ras- semble professionnels de la construction et de l’aménagement durable de la région © DR PACA. « Cela s’est notamment traduit par une conception bioclimatique des nou- veaux bâtiments, une isolation particu lièrement soignée et la création d’un dispositif de rafraîchissement sur puits Volonne est un gros village de 1 700 habi- l’année prochaine, le visage du centre thermique innovant pour la maison de tants, situé à la confluence de la Bléone bourg est déjà radicalement transformé santé, qui peut ainsi faire l’économie et de la Durance, à 15 minutes de Siste- avec la livraison de deux résidences de d’un système de climatisation coûteux et ron. Il y a encore quelques années, c’était logements sociaux totalisant 22 apparte- gourmand, poursuit Sandrine Cosserat. une commune en perte de vitesse, frap- ments, une maison de santé accueillant Les espaces extérieurs n’ont pas été pée de plein fouet par la dévitalisation 22 professionnels, un doublement de la oubliés : 80 arbres ont été plantés pour des territoires ruraux. « Au fil du temps, surface de la crèche, un nouveau restau- densifier la canopée, les sols ont été en Volonne avait vu disparaître deux classes, rant scolaire construit en ossature bois, grande partie désimperméabilisés au pro- des commerces de proximité, sa trésore- un nouveau réseau de chaleur au bois fit de stabilisés ou d’espaces végétalisés, rie, le tri de La Poste et son statut de chef- alimentant neuf bâtiments et des espaces et les teintes claires ont été privilégiées, lieu de canton, énonce Sandrine Cosserat, publics réaménagés avec un net recul du tant pour les façades que pour les revête- maire du village depuis 2014. Notre situa- goudron au profit d’espaces verts géné- ments de sols. » Une démarche exigeante tion financière était par ailleurs fragile. » reux… À terme, l’écoquartier devrait mais qui a fait mouche : la maison de En 2016, après deux ans d’études préa- compter environ 300 habitants. santé est labellisée BDM niveau or et les lables, d’expérimentation et de concerta- deux résidences BDM niveau argent. « Le tion avec les habitants, la ville s’est lancée DÉMARCHE GLOBALE POUR quartier dans son ensemble a lui aussi été dans un projet d’écoquartier couvrant CONFORT ESTIVAL reconnu QDM – pour Quartier Durable une emprise de 4 hectares en plein cœur « Pour offrir aux Volonnais un quartier Méditerranéen – niveau argent et c’est de la commune. Si le chantier devrait être aussi agréable à vivre que respectueux de une première dans les Alpes-de-Haute- officiellement terminé dans le courant de l’environnement, nous avons eu la volonté Provence », se réjouit Sandrine Cosserat. Plus d’infos : > sandrine.cosserat@qualiance.fr
TEMPS FORT / AVIS D’EXPERT 11 VERS LA NEUTRALITÉ CARBONE ET AU-DELÀ… La RE2020 marquera une étape indispensable dans la transition écologique du bâtiment, mais il en faudra d’autres pour permettre à la France de tenir ses engagements. © DR La notion de bâtiment bas carbone est mobiliser sur la traduction opérationnelle MARC SCHOEFFTER apparue dans le sillage de la première stra- de cette stratégie. Aux yeux de l’ADEME et INGÉNIEUR AU SERVICE tégie nationale bas carbone (SNBC) adop- de ses partenaires, les pistes à suivre s’arti- BÂTIMENT DE L’ADEME tée par la France en 2015 qui visait à réduire culent autour de quatre voies. Les trois pre- de 75 % les émissions de gaz à effet de mières sont la sobriété en énergie et en serre par rapport à 1990 (facteur 4), tous matière, l’efficacité des systèmes et le secteurs confondus. Mais en fin d’année recours à des énergies bas carbone. Enga- dernière, le gouvernement a révisé sa stra- gées depuis plusieurs années, ces pistes tégie en lui fixant de nouveaux objectifs, ont permis des progrès significatifs avec, à tendant cette fois vers la neutralité carbone la clé, une approche globale qui fait du à l’horizon 2050, qui correspondrait à bâtiment un secteur en avance par rapport l’équilibre entre les émissions de GES à nombre d’autres. La quatrième voie est directes d’une part et les absorptions natu- en revanche émergente. Elle porte sur le relles ou technologiques d’autre part. Au développement des solutions de stockage regard de sa contribution au bilan carbone de carbone. En la matière, les possibilités, hexagonal, de fortes attentes reposent sur bien qu’elles nécessitent encore d’être éva- la filière du bâtiment, qui doit désormais se luées puis consolidées, sont nombreuses : utilisation de matériaux biosourcés en structure, en façades, dans les revêtements ou pour l’isolation, végétalisation des par- IBIS : RETOUR SUR UNE SUCCESS STORY celles et des bâtiments, technologies inno- BIOSOURCÉE vantes de captage de CO2, adaptation au changement climatique… Au-delà de la seule problématique de la neutralité car- Le secteur de la construction neuve avance sur le sujet bone, d’autres pistes doivent être suivies de la performance carbone… mais celui de la rénovation pour améliorer encore la performance envi- n’est pas en reste ! La preuve avec IBIS, un projet ronnementale des bâtiments. Je pense en de R&D collaboratif, mené de 2013 à 2017 par la société particulier à l’intégration de nouveaux indi- Parex avec l’ambition de concevoir des solutions cateurs comme ceux relatifs à la consom- biosourcées durables, économiques et à faible impact mation d’eau et à la gestion des déchets, en lien avec l’économie circulaire, sachant que environnemental, pour la rénovation des constructions ces deux sujets risquent fort de devenir antérieures à 1950. Accompagnée par l’ADEME dans urgents plus tôt que nous le pensions. le cadre des Investissements d’avenir, cette initiative Enfin, l’adoption de nouvelles métriques visait plus précisément à développer une filière pérenne permettrait de changer le regard sur la de mortiers composites isolants biosourcés – à base conception même des bâtiments, encore de chanvre – et ce, à l’échelle industrielle et jusqu’à son soumise à la logique du mètre carré alors qu’une approche au nombre d’occupants application sur chantier. Six ans après son lancement, pourrait inciter à davantage de sobriété le projet a atteint ses objectifs puisque Parex lance dans la consommation d’espace et donc cet automne la commercialisation de Parnatur, solution de matière. Les sujets de réflexion ne constructive née des travaux d’IBIS. manquent pas ! Plus d’infos : > marc.schoeffer@ademe.fr
12 FAITS ET CHIFFRES N O 130 • NOVEMBRE 2019 FA I T S E T CHIFFRES QUALITÉ DE L’AIR LES IMPACTS DU CHAUFFAGE DOMESTIQUE AU BOIS 2017 6,8 millions 27 % des émissions de logements nationales de PM10*. chauffés au bois liées au bois résidentiel Comment faire baisser les émissions de particules fines ? Opter pour le bon dimensionnement Renouveler le parc et respecter de l'appareil par rapport au logement les bonnes pratiques : et à l'usage, et le faire installer par un professionnel qualifié. Remplacer un appareil ancien par appareil Utiliser un combustible de récent performant, qualité avec une humidité flamme verte 7 étoiles inférieure à 23% pour ou équivalent, permet les bûches et 10 % pour de baisser en moyenne les granulés. de moitié les émissions de particules fines. Cette baisse peut aller jusqu'à un facteur 10 si l'appareil est installé, entretenu et utilisé en respectant les bonnes Entretenir l’appareil. pratiques. Allumer le feu par le haut (cf. Pour en savoir + ) Quelles sont les aides de l’ADEME ? Dans certains territoires enregistrant des niveaux préoccupants de pollution aux particules fines, le Fonds air bois aide les particuliers à remplacer leurs chauffages 19 millions d’euros d’aide ADEME 13 fonds air bois en cours avec le soutien au bois antérieurs à 2002**. © Antoine Dagan de l’ADEME *PM10 : particules fines ayant un diamètre inférieur ou égal à 10 µm **Ce dispositif vient s’ajouter aux aides nationales comme le CITE (Crédit d’impôts pour la transition énergétique). Pour en savoir + : www.ademe.fr/particuliers-eco-citoyens/financez-projet/renovation/aide-fonds-air www.ademe.fr/chauffage-bois-mode-demploi www.ademe.fr/poele-a-bois-chaudiere-insert Avec le fil d’actu, suivez l’info par courriel en vous inscrivant sur : www.ademe.fr/ademeetvous-abonnement
TERRAIN 13 T ERR A IN OÙ ? Guyane POURQUOI ? Développer un système électrique insulaire autonome QUAND ? 2020-2024 QUELS PARTENAIRES ? © Istock L’université de Guyane, l’INP de Toulouse, Guyane Développement et Innovation (GDI), le CNES, le CEA. INNOVATION UNE PILE À COMBUSTIBLE EXPÉRIMENTALE Avec le soutien de l’ADEME, l’université de Guyane s’apprête à expérimenter un système de stockage et de restitution de l’énergie solaire sous forme d’électricité, de chaleur et de froid. Comme tous les territoires d’outre-mer, la Guyane devra atteindre l’autonomie éner- gétique en 2030. Un objectif qui nécessite, 728 000 € C’EST LE MONTANT TOTAL détaille Laurent Linguet, porteur du projet à l’université de Guyane. L’objectif est d’ex- ploiter tous les flux d’énergie possibles et entre autres, de développer un moyen effi- DES SUBVENTIONS ACCORDÉES d’étudier le comportement d’un tel équipe- PAR L’ADEME AUX PARTENAIRES cace de stocker l’électricité d’origine photo ment en milieu tropical humide. » L’aide de DU PROJET. voltaïque. L’hydrogène peut constituer l’ADEME contribuera également à financer une solution : produit par électrolyse de deux thèses : l’une à l’Institut national poly- molécules d’eau, ce gaz peut être emma- technique (INP) de Toulouse, sur la renta- gasiné, dans l’attente d’être consommé stockage et de restitution de l’énergie. » bilité du système ; l’autre à l’université de par une pile à combustible. « Le solaire L’appel d’offres vient d’être lancé pour la Guyane, pour le développement d’un outil est trop intermittent, ce qui nuit à la renta- mise en œuvre de l’installation. « Celle-ci informatique de gestion intelligente de ce bilité du système, explique Pierre Cour- comportera une pile à combustible et un type de dispositif. C’est la première brique tiade, coordinateur du pôle énergie-climat électrolyseur raccordé à des panneaux d’un projet plus global qui associe acteurs à l’ADEME Guyane. Le dispositif imaginé photovoltaïques, ainsi qu’un récupérateur de la recherche et acteurs privés, comme par l’université de Guyane vise à apprendre de chaleur et un groupe froid, capable de EDF, des pétroliers, des producteurs à gérer cette solution de production, de valoriser cette chaleur en climatisation, d’énergie, le centre spatial… Plus d’infos : > pierre.courtiade@ademe.fr
14 TERRAIN N O 130 • NOVEMBRE 2019 OÙ ? Bretagne POURQUOI ? Développer le solaire thermique dans les élevages de vaches laitières et de veaux QUAND ? 2018-2021 QUELS PARTENAIRES ? ADEME Bretagne et le GIE Élevages © DR de Bretagne. SOLAIRE THERMIQUE UN ATOUT POUR LES ÉLEVEURS Accompagner les éleveurs vers l’autonomie énergétique, c’est ce que proposent l’ADEME et le groupement d’intérêt économique (GIE) Élevages de Bretagne. 11 600 Qu’ils produisent du lait de vache ou des 2018 un accord-cadre avec une organisation veaux de boucherie, les éleveurs bretons qui bénéficie d’un lien privilégié avec eux : dépensent en moyenne 60 à 70 % de leur PRODUCTEURS DE LAIT le GIE Élevages de Bretagne. Celui-ci accom- budget en énergie. Ils ont en effet besoin de ET 550 ÉLEVEURS DE VEAUX pagne techniquement le montage des pro- chauffer de grandes quantités d’eau : les uns EN BRETAGNE. jets. « Il évalue leur pertinence. Puis, si son pour nettoyer les salles de traite, les autres étude d’opportunité est positive, il lance les pour diluer le lait en poudre des buvées. factures de gaz, tout en évitant l’émission demandes de devis et aide l’éleveur à consti- Leurs chauffe-eau fonctionnent le plus sou- annuelle de 8 à 9 tonnes équivalent CO2. Le tuer son dossier en vue d’une subvention », vent au fuel, au gaz ou à l’électricité, alors coût de l’installation (75 000 euros) a été explique Claire Barais, référente chaleur que la toiture des étables offre un potentiel pris en charge à 60 % par l’ADEME, si bien renouvelable à l’ADEME Bretagne. Pour le solaire trop rarement exploité. « J’ai installé qu’il ne restait plus à ma charge que moment, cinq exploitations seulement ont 92 m2 de panneaux solaires sur le bâtiment, 31 000 euros. Une somme raisonnable été équipées dans le cadre de l’accord, mais ce qui me permet de chauffer gratuitement quand on sait que le retour sur investisse- les dossiers d’une quinzaine d’autres sont en 1 100 m3 d’eau par an, témoigne Sébastien ment n’est que de sept ans. » cours d’instruction, et les demandes sont de Sachet, éleveur de veaux en Ille-et-Vilaine. Pour convaincre le plus grand nombre d’éle- plus en plus nombreuses, tant les premières Cela me fait économiser 50 à 60 % sur mes veurs, l’ADEME Bretagne a signé en octobre réalisations sont convaincantes. Plus d’infos : > claire.barais@ademe.fr
TERRAIN 15 BOIS ÉNERGIE EN OCCITANIE, LA FILIÈRE QUALITÉ SE STRUCTURE L’ADEME Occitanie et la Région ont du combustible et de service, décidé d’accompagner financièrement les fournisseurs apportent transparence la mise en place de la démarche Qualité et lisibilité aux consommateurs de bois Bois Énergie Occitanie (QBÉO), lancée énergie. En outre, cette démarche fin 2018 à la demande des professionnels contribue au développement de de la filière (FIBOIS Occitanie). l’économie locale en favorisant les circuits courts : un rayon inférieur à Le développement du bois énergie 150 km est privilégié, permettant donc passe par l’accroissement du nombre également la traçabilité de la filière. de chaufferies et une montée L’économie circulaire est elle aussi au en compétences de la filière bois. cœur de la démarche : le bois provient Pour parvenir à cet objectif, l’ADEME essentiellement des sous-produits Occitanie soutient la mise en place de la forêt, des scieries ou des produits de la démarche QBÉO. Cet outil engage bois en fin de vie. Il est ensuite broyé et © Istock les entreprises régionales dans une revalorisé sous forme de bois démarche de qualité de service et de déchiqueté. Afin de promouvoir produit pour le bois déchiqueté, avec l’utilisation du bois comme source des caractéristiques techniques du d’énergie sur toute la région, EN OCCITANIE, combustible désormais clairement définies (nature du bois, granulométrie, taux d’humidité…) et un approvisionnement de développer la démarche QBÉO et de la diffuser pour qu’elle devienne la référence, des missions d’animation 13 ENTREPRISES SERONT sécurisé. En respectant les engagements « Bois Énergie », présentes dans chaque ENGAGÉES, D’ICI À LA FIN du cahier des charges QBÉO sur les département, accompagnent les DE L’ANNÉE 2019, DANS contrats d’approvisionnement, la qualité différents projets et acteurs du territoire. LA DÉMARCHE QBÉO. Plus d’infos : Pour en savoir plus : > nathalie.trousselet@ademe.fr > www.qbeo.org GÉOTHERMIE UN RÉSEAU D’ÉCHANGE DE CHALEUR ET DE FROID NOUVELLE GÉNÉRATION Depuis fin juin, un réseau innovant qui, en complétant la chaleur d’échange de chaleur et de froid apportée par la géothermie, à basse température alimente produisent le froid nécessaire le campus urbain de Paris-Saclay. pour la climatisation et le fonctionnement des bâtiments Financé par l’ADEME Île-de-France, raccordés. Ce réseau permettra dans le cadre du Fonds Chaleur, d’irriguer les 2,146 millions de ce réseau intelligent utilise la mètres carrés du campus urbain géothermie profonde et contribue avec une majorité d’énergies à faire de Paris-Saclay un territoire renouvelables et de récupération, à énergie positive. Il s’appuie sur pour une économie de 6 100 tonnes une boucle de distribution tempérée de CO2 par an. Première mondiale (environ 30 °C), alimentée par la à cette échelle, la mise en œuvre © Alticlic/EPA Paris-Saclay chaleur géothermique de la nappe de ce nouveau modèle énergétique de l’Albien, puisée à 700 mètres de s’inscrit dans la stratégie profondeur. Cette boucle alimente d’aménagement durable de elle-même, dans chaque quartier du l’établissement public campus, des thermo-frigo-pompes d’aménagement (EPA) Paris-Saclay. Plus d’infos : > stefan.louillat@ademe.fr > claire.florette@ademe.fr
16 KIOSQUE N O 130 • NOVEMBRE 2019 K IOSQUE P U B L IC AT IO N S ademe.fr/publications F O R M AT IO N S RÉUSSIR UN PROJET DE QUALITÉ EN GÉOTHERMIE DE SURFACE Acquérir les fondamentaux du changement de comportement : S’appuyant sur des politiques menées en France et espace ressources à l’étranger et ponctué par de nombreux témoignages, Formation à distance comprenant cet ouvrage, qui s’adresse en particulier aux élus locaux 7 parcours d’autoformation Inscription jusqu’au 31 décembre 2019 et aux services techniques, propose une vision complète et ambitieuse de la révolution à opérer pour mieux gérer nos déchets. Tous les obstacles ou opportunités y sont Valoriser les déchets du BTP analysés : responsabilités, coûts, emplois, etc. Le 12 décembre à Rouen (76) Pour en savoir + : www.ademe.fr/reussir-projet- qualite-geothermie-surface Exploiter et valoriser sa matrice de coûts Le 9 décembre à Aix-en-Provence (13) CAPACITÉ D’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DES ENTREPRISES Renseignements par courriel : > Inscription.formation@ademe.fr Retrouvez toute l’offre de formation de l’ADEME sur www.formations.ademe.fr Face aux impacts du changement climatique, la capacité d’adaptation permet à une entreprise de pérenniser son activité et d’en saisir les éventuelles opportunités. M A N I F E S TAT IO N S D E L’A D E M E Cette étude de cas présente le retour d’expérience de quatre acteurs économiques : Rockwinds, Mountain Equipment Coop, VINCI Autoroutes et Bâtiment LE 6 NOVEMBRE Durable Méditerranéen. Évaluer l’impact sanitaire de la pollution de l’air Pour en savoir + : www.ademe.fr/capacite- Organisateur : ADEME et Santé publique dadaptation-changement-climatique-entreprises France Lieu : Paris DU 16 AU 24 NOVEMBRE La Semaine européenne de la réduction des déchets 2019 R E N D E Z-V O U S S U R L E S I T E I N T E R N E T D E L’A D E M E ! Organisateur : ADEME et chaque porteur de projet Retrouvez sur www.ademe.fr la version en ligne du magazine Lieu : Europe ADEME & Vous, la Lettre internationale, les lettres Recherche et Stratégie. DU 26 AU 27 NOVEMBRE LETTRE INTERNATIONALE NO 50 4es Rencontres nationales Zones non interconnectées : objectif 100 % de la recherche sur les sites renouvelable et sols pollués Organisateur : ADEME avec le ministère LETTRE RECHERCHE NO 28 de la Transition énergétique et solidaire et La forêt et le bois, un enjeu majeur pour atténuer le ministère de l’Enseignement supérieur, le changement climatique de la Recherche et de l’Innovation, l’ensemble du réseau ESSORT. LETTRE STRATÉGIE NO 57 Lieu : Beffroi de Montrouge, portes de Paris Les Français et l’environnement : le risque de désengagement des citoyens, entre inquiétudes et ambivalence envers les politiques publiques Retrouvez toutes les manifestations sur www.ademe.fr/manifestations Avec le fil d’actu, suivez l’info par courriel en vous inscrivant sur Avec le fil d’actu, suivez l’info par courriel en vous inscrivant sur www.ademe.fr/ademeetvous-abonnement www.ademe.fr/ademeetvous-abonnement 20, avenue de Grésillé BP 90406 – 49004 Angers CEDEX 01 Directrice de la publication Valérie Martin – Rédacteur en chef Michaël Magi – Photo de couverture GettyImages – Conception et réalisation Citizen Press – Réf. 010797 – novembre 2019 – ISSN 1957-1992 (imprimé) – ISSN 1955-2742 (en ligne) – Imprimé par Imprimerie Vincent sur papier Ecolabel Européen avec des encres végétales.
Vous pouvez aussi lire