Bowling for Columbine - Elephant
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Bowling for Columbine – Elephant Le massacre perpétré le 20 avril 1999 au lycée Columbine situé entre Denver et Littleton (Colorado) a provoqué un grand émoi aux Etats-Unis et soulevé de nombreux débats sur le contrôle des armes à feu, la sécurité dans les écoles, ainsi que sur les origines de la violence aux Etats-Unis. Ces événements ont inspiré au moins deux films qui abordent de façon radicalement différente ce massacre : - Bowling for Columbine de Michael Moore, prix du 55e anniversaire du Festival de Cannes en 2002 - Elephant de Gus Van Sant, Palme d’or à Cannes l’année suivante. Cette séquence, au-delà du thème des armes aux Etats-Unis, invite les élèves à comparer deux œuvres, à être capables de verbaliser ce qu’ils ont aimé, ou moins aimé, à interpréter ce qu’on leur donne à voir; enfin à confronter leurs propres représentations à celles qui transparaissent dans ces deux films. Les activités proposées au cours de cette séquence pourraient permettre aux élèves d’enrichir leurs connaissances tant d’un point de vue linguistique (armes, histoire des Etats-Unis, opinion, description, comparaison), que culturel (ce phénomène est-il propre à l’Amérique?) et méthodologique (prise de recul par rapport aux documents proposés ; analyse et verbalisation de leur construction). L’objectif final de cette séquence pourrait prendre la forme d’une lettre ouverte à Michael Moore et/ou Gus Van Sant, ou bien d’une critique de film, éclairée et cultivée. Cette séquence s’adresse à des élèves d’un niveau plutôt avancé (B2) compte tenu des ambitions affichées.
Avant de proposer quelques pistes de travail pour les élèves et le professeur, un bref travail d’analyse des deux films s’impose. BOWLING FOR COLUMBINE Pour Michael Moore, le massacre de Littleton a été un déclencheur pour comprendre et enquêter sur les causes de la violence aux Etat-Unis. Si le massacre est mentionné plusieurs fois au cours de son documentaire (terme qui mériterait d’ailleurs débat), beaucoup d’autres aspects sont abordés : problèmes d’ethnicité, politique extérieure, visée impérialiste, rapports économiques, politiques, institutionnels et sociologiques, notamment le rôle du gouvernement. Comme l’a dit en substance l’auteur dans une de ses interviews, étant donné que Bowling for Columbine n’est pas une œuvre de fiction mais un documentaire, le montage n’a pas été facile. Sans le savoir, il donne peut-être la première clé pour aborder son œuvre : Bowling for Columbine est en effet un montage, une juxtaposition, et un collage d’interviews, de dessins animés, d’extraits d’archives – assez souvent tronquées- le tout agrémenté d’une bande-son qu’il conviendrait d’évoquer lors de la mise en oeuvre. On a donc l’impression qu’il s’agit, comme souvent chez Michael Moore, de déclencher une force émotionnelle plus que de construire une démonstration objective. Prenons trois exemples significatifs : 1/ Les explications de la violence aux Etats-Unis par des Américains : Michael Moore monte une séquence composée d’une succession extrêmement rapide de personnes censées expliquer les causes du massacre de Littleton – chaque visage prononce, hors de tout contexte un mot ou deux : heavy metal subculture, parents, violent movies, South park, videogames, TV, leisure, Satan, cartoons, society, Marilyn Manson. 2/ Les exactions commises par les Américains tout au long de leur histoire : Ici, la juxtaposition de la bande-son (What a wonderful World de Louis Armstrong) et d’images d’archives (événements historiques violents, troupes en marche, meurtres perpétrés par des militaires) au-dessous desquelles figure le nombre de morts associés à l’événement en question). 3/ La dénonciation de la vente d’armes dans les grandes surfaces : Ici, Michael Moore utilise les deux rescapés de la tuerie de Littleton pour faire valoir sa thèse (recours au pathos évident). On pourrait bien sûr proposer beaucoup d’autres exemples. La force de Moore est de mêler interviews, faits, chiffres, humour, pathos et de “mettre le spectateur dans sa poche”. À l’exception des membres de la NRA, pour lesquels porter une arme (chargée de préférence) est un droit (en référence au 2e
amendement à la Constitution de 1787) et des fabricants d’armes, qui pourrait décemment être partisan du port d’armes et de la violence qu’elles engendrent? La thèse de Moore peut se résumer ainsi : pourquoi tant de violence aux Etats-Unis quand d’autres pays rencontrent pourtant des problèmes similaires (épisodes sanglants qui entachent une histoire, chômage, pauvreté, jeux vidéos, et dans le cas du Canada possession massive d’armes à feu - la tuerie récente - dans un lycée de Montréal ne dément-elle d’ailleurs pas la thèse de Moore présentée dans le film)? Le film est complexe; il regorge d’informations; il est parfois difficile à appréhender en raison des nombreux amalgames qu’il fait régulièrement; il conforte les anti- Américains (beaucoup de nos élèves français) dans leur représentation d’une Amérique violente. Le but du travail proposé sur le film ne consistera pas à répondre à la question que pose Michael Moore, mais à démonter quelques-uns des procédés qu’il utilise, afin de dépasser le premier stade de l’émotion et de prendre conscience d’une des grandes contradictions du film : si Michael Moore prétend que nous sommes manipulés, il nous manipule à son tour pour faire valoir sa thèse. En bref, amener les élèves à prendre du recul sur un sujet qui mérite réflexion, mais qui demande aussi d’entrer en débat face à un document chargé émotionnellement.
ELEPHANT Partant du même événement, Gus Van Sant opte pour une méthode radicalement différente. Il ne s’agit plus d’un documentaire, mais d’une oeuvre de fiction. Les noms des personnages ont été modifiés (Eric et Alex dans le film/Eric et Dylan à Columbine). Les vrais élèves n’étaient sans doute pas habillés comme les personnages du film. Un élève, lors de la tuerie, portait-il comme Nathan, un chandail avec la mention « sauveteur » (« lifeguard ») ainsi qu’une croix évoquant tout à la fois la croix rouge, la religion, mais aussi une cible ? Le massacre réel se termine par le suicide des deux tueurs. Dans le film, Alex est tué par Eric, mais on ne le voit pas se suicider (Comment interpréter la fin? Absence de jugement moral ? Terme à l’horreur?). On pourrait multiplier à l’envi ces écarts entre ce qui s’est vraiment passé et ce qui est donné à voir dans le film de Van Sant. Ces différences sont donc bien le signe que Elephant est une construction (“a sound, visual and textual construct” ) et qu’il faut d’emblée le situer dans le domaine de la représentation, du symbole, voire de la parabole. Si le film de Michael Moore est bavard, le film de Gus Van Sant est épuré, silencieux. Les bruits de pas de lycéens qui déambulent dans les couloirs sont le plus souvent inaudibles et étouffés; la tuerie est plus suggérée que vraiment montrée, les cris lors du massacre, atténués. Là où Michael Moore juxtapose très rapidement les images d’archives, Gus Van Sant filme ses scènes en des plans larges et fixes, en travellings ; les personnages sont le plus souvent filmés de dos. Là où Michael Moore mélange souvent les genres musicaux (extraits de musique Heavy Metal, de chansons et thèmes appartenant au folklore américain), Gus Van Sant n’utilise que La lettre à Elise et la Sonate au Clair de Lune de Beethoven, prenant ainsi le contre-pied des films où la violence est accompagnée d’une musique jouissive et libératrice. Là où Michael Moore avance beaucoup de causes à ce massacre, Gus Van Sant n’en propose aucune directement ; ou plus exactement, il propose quelques pistes, mais ne les suit jamais. Chaque cause est présentée dans un mode singulier : une scène où Eric, l’un des tueurs, reçoit des boulettes de ses camarades en classe de physique (est-ce là le signe d’un harcèlement (le terme bullying n’a pas d’équivalent en français) récurrent de la part de ses camarades?); une scène où Alex joue à un jeu vidéo (s’agit-il d’une accoutumance nocive?) une scène où les deux tueurs achètent leurs armes sur l’Internet (cela constitue-t-il une critique contre l’achat facile d’armes aux Etats-Unis?); une scène où l’absence des parents est symbolisée par la façon dont ils apparaissent à l’écran - on ne voit que leur tronc et l’on entend à peine ce qu’ils disent); une scène où Alex et Eric regardent, sans faire de commentaire particulier, un reportage à la télévision sur le IIIe Reich. Là où Michael Moore, enfin, nous guide et nous impose ses vues sans nous laisser le temps de souffler, Gus Van Sant nous laisse libres d’interpréter ce qu’il nous donne à voir - les trois scènes par exemple au cours desquelles on voit le ciel (le ciel agité et l’orage nocturne avant le massacre) et qui restent ouvertes à beaucoup d’interprétations, laissent de la place pour la réflexion et le songe ; ou bien encore tous ces personnages qui regardent vers le ciel (Michelle sur le terrain de football, Eric à la cantine, etc.). La raison de la tuerie chez Gus Van Sant n’apparaît-elle pas
comme le résultat d’un certain nombre de facteurs, sans pouvoir jamais vraiment en choisir un, ni expliquer le passage à l’acte ? Gus Van Sant, en ne proposant pas de raison particulière à cette tuerie, livre une vision plus pessimiste, plus mystérieuse, plus complexe, plus imprévisible de l’homme que celle, accusatrice, de Moore. Mise en oeuvre Le problème logistique principal de la mise en place de la séquence est la projection des deux films (3h15 environ) Séance1 Au début de la séquence, on invitera les élèves à prendre en note tout ce qui se dit dans la classe (vocabulaire et idées), et le professeur pourra noter tout ce qui sera utile pour la séquence et l’évaluation (trace écrite et pauses récapitulatives). Avant le premier cours, on peut demander aux élèves de réfléchir à la question: “Do you think the United-States is a violent country?” Cette première activité permettra d’avoir un aperçu, avant la séquence, des représentations des élèves par rapport à ce phénomène, et également de poser le lexique qu’on va utiliser. A ce stade du cours, peut-être un élève ou deux se souviendront-ils d’un massacre perpétré dans un lycée quelques années plus tôt. Lors de cette première séance, on peut, pendant deux ou trois minutes, projeter un article de journal de l’époque qui donne des détails sur la façon dont le massacre s’est déroulé. Une mise en commun (après mémorisation) permettra de faire émerger les tenants et aboutissants du massacre, de poser le problème des armes aux Etats-Unis et de rebrasser le vocabulaire vu précédemment. A l’issue de la séance, on annoncera aux élèves la projection de deux films en leur précisant que la tuerie de Littleton en a été le déclencheur. Séance 2 Projection du film de Michael Moore filmé trois ans plus tard. Les élèves auront pour consigne de prendre des notes pendant la projection ou le soir même. Séance 3 Réaction des élèves par rapport au film de Michael Moore. Ils le résumeront et parleront des passages les plus marquants, dégageront quelques éléments de sa démonstration, donneront leur impression (ce qu’ils ont aimé/pas aimé) et les intentions de l’auteur, etc (trace écrite et pause récapitulative).
Séance 4 Projection du film de Gus Van Sant et même travail que lors de la projection du film de Michael Moore Séance 5 Demander aux élèves de réagir par rapport au film. Un travail de comparaison entre les informations recueillies lors de la séance 1 et ce qui se passe dans le film de Gus Van Sant permettra de montrer l’écart entre la fiction de Van Sant et la réalité telle que la rapportent les articles de presse étudiés précédemment. Ceci devrait faire ressortir que Elephant est une construction. On pourrait faire l’étude ici de quelques procédés (personnages, répétition de la même scène, les trois tableaux du ciel, etc.) et ainsi réfléchir au concept de procédé littéraire et cinématographique. Séance 6 Comparaison entre le film de M. Moore et de G. Van Sant Déclencheurs/questionnement (travail par groupes de trois ou quatre pour brasser les idées) : 1/ Bowling for Columbine is a documentary. Do you agree on the fact that being a documentary, it is objective? 2/ Elephant is a piece of fiction. To what extent can you say that it presents the facts objectively? 3/ Were Moore’s and Van Sant’s intentions identical? Liste non exhaustive de questions supplémentaires visant à guider les élèves Which film is the more reassuring for the viewer? Think about the editing of the film/Think about the soundtrack and what you see. Do you understand what Eric and Alex’s motivations are? Make a list of all the things you don’t understand in the film and try and find a reason why they are shown (the sky, the scene which is repeated three times). What vision of man is given in Elephant ? ) Mise en commun orale des réponses par groupes (trois rapporteurs - un pour chaque question) et confrontation des points de vue. Il serait souhaitable de montrer les procédés “manipulatoires” des deux réalisateurs en rapport avec leurs intentions. L’intérêt qu’auront les élèves à s’écouter relèvera plus ici de l’opinion gap, c’est-à- dire qu’ils seront sans doute curieux d’entendre les réponses que proposeront leurs camarades à ces questions difficiles et très ouvertes. Séance 7 Evaluation Choose one of the following essays (300 words).
A-You are a famous film critic and you have been asked to write a review on Bowling for Columbine and/or Elephant. B- You are a reader of a film magazine. After watching Bowling for Columbine and/or Elephant, you write a letter to the director(s) to react to their film(s).
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