Cas cliniques de Gynécologie - Lorraine MAITROT-MANTELET Geneviève PLU-BUREAU Unité de Gynécologie Endocrinienne - JNMG
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Cas cliniques de Gynécologie Lorraine MAITROT-MANTELET Geneviève PLU-BUREAU © Tous droits réservés JNMG - 13 octobre 2017 Unité de Gynécologie Endocrinienne Hôpital Port-Royal
GPB 2014 Les situations cliniques • Les antécédents familiaux de thrombose • MICI : Maladies Inflammatoires chroniques intestinales • Les interactions médicamenteuses
Cas clinique n°1 Melle F. 19 ans consulte pour une contraception. Elle a eu ses premières règles à 14 ans et a des cycles réguliers. Elle est nulligeste. Elle pèse 50kg pour 1,60m. A l’interrogatoire vous apprenez que sa mère a eu une thrombose veineuse profonde. • Quelles précisions allez-vous lui demander ? – Age de la mère au moment de l’épisode. – Circonstances de survenue: immobilisation, post partum, post chirurgie… – D’autre membre de la famille ont-il un antécédent de TVP ou EP et à quel âge ? Faire un arbre généalogique. – A t-elle eu une exploration de l’hémostase à la recherche d’une thrombophilie ?
Cas clinique n°1 • Vous apprenez que cet incident est survenu en post partum il y a 20 ans et qu’aucune exploration n’a été faite. – Qu’allez-vous dire à cette jeune-fille? • Nécessité d’exploration de l’hémostase complète de sa mère – Si thrombophilie + chez la mère: exploration de la patiente pour savoir si elle est porteuse d’une anomalie: Par ailleurs, exploration des autres membres de la famille. – Si thrombophilie - : exploration de l’hémostase de la patiente mais COP CI (discussion possible selon contexte et âge de survenue de la TVP) • Si l’exploration de la mère est impossible, exploration de l’hémostase de la patiente. 5
Cas clinique n°1 • Quel bilan d’hémostase prescrivez-vous ? - TP, TCA , fibrinogène - Protéine C: recherche d’un déficit - Protéine S: recherche d’un déficit - Antithrombine : recherche d’un déficit - Mutation du facteur II - Mutation du facteur V Leiden (RPCA) 6
Thrombophilie biologique – COC et risque de thrombose Thrombophilies Prévalence (%) Déficit Antithrombine 0,02 Déficit Protéine C 0,2-0,4 Déficit Protéine S 1 Mutation Facteur V Leiden 5 Mutation Facteur II 2 Thrombophilie Risque relatif Thrombophilie Risque relatif (IC à 95%) // non (IC à 95%) // utilisatrices utilisatrices FVL 15.62 (8.66 – 20.15) FVL ou FIIL 5.89 (4.21 – 8.23) AT, PC, PS ou 7.15 (2.93 – 17.45) FIIL 6.09 (O.81 – 45.64) Homozygote V II Wu et al Thromb Hasmot, 2005 Van Vlijmen et al JTH 2016
La thrombophilie clinique Zoller et al Circulation 2011
Antécédents familiaux et risque de Thromboses veineuses Nombre d’apparenté atteint RR (IC à 95%) 1 apparenté 2.2 (1.5 – 3.3) 2 apparentés 42.1 (23.5 – 74.4) >= 3 apparentés 47.5 (17.8 – 115.3) Zoller et al 2011
Les études récentes Etude Familiale (Pays bas ) Etude familiale de cohorte: 1005 femmes avec antécédent familial MVTE (♀ ou ♂ ) avec ou sans thrombophilie HR ajusté Apparenté féminin versus masculin 0,8 (0,5 – 1,3) Age de la thrombose chez l’apparenté < 45 ans 1,8 (1,0 – 3,2) versus > 45 ans Thrombophilie modérée versus sans thrombophilie 3,4 (1,9 – 6,0) FVL+/- ou FIIL+/- Thrombophilie sévère versus sans thrombophilie 11,2 (5,3 – 20,7) COC versus pas de COC 3,2 (2,1 – 5,0) Grossesse versus pas de grossesse 9,0 (5,3 – 15,1) Risque absolu : Atcd familial ♀ avec FD hormonaux : 0.43 (0,3 – 0,6) Atcd familial ♀ sans FD hormonaux : 0.13 (0,05 – 0,27) HR3.28 [1.5 – 7.9] Van Vlijmen et al JTH 2016
Contraceptions progestatives Types et voies d’administration Orale - Microdosées : faible dose, prise en continu, à heure fixe pour certains • Lévonorgestrel 30 µg ( Microval®) • Désogestrel : 75 µg ( Cérazette®, Antigone®, Désopop®, Clareal Gé®, Optimizette®) - Macrodosées (Pas d’AMM) • Pregnanes: A chlormadinone (Lutéran®), medrogestone (Colprone®), A cyprotérone (Androcur®) • Norpregnanes : acétate de nomegestrol (Lutényl®), promegestrone (Surgestone®) Voie sous-cutanée => implant [Nexplanon®] - 68 mg d’Etonogestrel [désogestrel] => Durée d’utilisation : 3 ans Voie utérine (remboursé) - 52 mg de Lévonorgestrel => Durée d’utilisation : 5 ans [Mirena®] - 13,5 mg de Lévonorgestrel => Durée d’utilisation : 3 ans [Jaydess®] Voie intra-musculaire (remboursé) [Depot-provera®] - 150 mg acétate de medroxyprogestérone => Durée d’utilisation : 3 mois
Contraception progestative et risque de thrombose veineuse profonde Type de CO RR (IC à 95%) Pas de modification du risque Voie orale Microval Cérazette LVN 30 g ou NETA 350 g 0,56 (0,29-1,07) Mirena Luteran ? Désogestrel 75 g 0,64 (0,29-1,42) Dispositif intra-utérin Lévonorgestrel (Mirena®) 0,83 (0,63-1,08) Attention au Depo-Provera Voie intra-musculaire Acétate de médroxyprogesterone 3,60 (1,80 - 7,10) Acétate de Chlormadinone seul 0.84(0.18-3.93) (Luteran) Thrombophilie majeure GPB 2017
FV Leiden –Contraception progestative et Thrombose Thrombophilie Bergandal et al Risque relatif (IC à 95%) Depo-Provera 16.7 (2.4 – 714) ↗ DIU Lévonorgestrel 3.2 (1.2 – 10.4) ↔ Risque identique aux non utilisatrices de progestatif et porteuse de la mutation du facteur V GPB 2017 Bergandal et al, 2014
En pratique – 3 ATCDS Familiaux sans anomalie biologique Stratégie contraceptive ?? INTERROGATOIRE • A quel âge cet évènement a-t-il eu lieu? 45 (UK) – 50 (HAS) ans • Quelles étaient les circonstances de survenue? FD hormonaux • D’autres membres de la famille ont-ils eu un ATCD veineux ? (arbre généalogique +++) (Zoller 2011) • Une exploration de l’hémostase a-t-elle été réalisée à la recherche d’une thrombophilie biologique? Décision au cas par cas prudence rcp.contraceptiondifficile@cch.aphp.fr
GPB 2014 Les situations cliniques • Les Thrombophilies (biologiques et cliniques) • MICI : Maladies Inflammatoires chroniques intestinales • Les interactions médicamenteuses
Cas clinique n°2 Mme P âgée de 25 ans, avocate, vient vous voir pour son suivi gynécologique. Elle était suivie antérieurement à Bordeaux et n’a pas consulté depuis 2 ans. Elle a comme principal antécédent une maladie de Crohn pour laquelle elle a déjà subi deux interventions chirurgicales. Elle n’a pas d’antécédent familial particulier. Elle pèse 55kg et mesure 1m75. Elle ne fume pas. Elle utilise actuellement une contraception estroprogestative de 2ème génération. Elle est G0P0 Quels éléments de l’interrogatoire sont importants à préciser dans ce contexte de de MICI? o Type de chirurgie o Nombre de poussées o Evaluation du risque thrombotique
MICI et contraception: les enjeux • Nécessité d’une contraception efficace: la grossesse doit être planifiée car complications fréquentes si : – Chirurgie digestive lourde – poussées fréquentes de la maladie (phase aiguë) • Les risques de la contraception – Diminution d’efficacité par malabsorption – Risques thrombo-emboliques veineux GPB 2017
MICI et contraception: les enjeux • Diminution de l'efficacité des contraceptions hormonales utilisées par voie orale s'il existe une situation potentielle de malabsorption : – atteinte digestive sévère – chirurgie digestive ayant entraîné une résection importante – vomissements abondants ; – diarrhée de plus de 24 heures. • Augmentation du risque thrombo-embolique veineux surtout en cas de poussées inflammatoires souvent non prévisibles. • Si utilisation de thérapeutiques immunosuppressives – contre-indication certaines contraceptions mécaniques (DIU-Cuivre). GPB 2017
MICI et Thrombose Pas d’étude: MVTE –COC-MICI GPB 2015 Kappelman MD et al Gut 2011
MICI et contraception: les enjeux GPB 2017
MICI et contraception: En pratique GPB 2015 Plu-Bureau G In La contraception en pratique Masson 2013
Cas Clinique • Une femme de 18 ans vient vous consulter car elle souhaite une contraception orale. Dans ses ATCD on note l’existence d’une épilepsie traitée par Acide Valproique (Depakine) et bien contrôlée. Elle n’a pas d’antécédents familiaux particuliers. Elle a un BMI a 20 et ne fume pas. • Que pouvez-vous lui proposer ? – Pas de contre-indication à une COP pas d’induction enzymatique • Quelle est votre attitude si la patiente avait été traitée par Lamotrigine – Courrier au neurologue avant prescription – Augmentation des doses de Lamotrigine baisse de son efficacité 23
Contraception et antiépileptique L’épilepsie Fortement inducteur Faiblement inducteur Pathologie fréquente enzymatique enzymatique 500000 femmes en France Anti-épileptiques Phénobarbital (Gardenal®, Anti-épileptiques Felbamate (Taloxa®) Alepsal®, Aparoxal®, Kaneuron®) Prévalence estimée entre 1 et 2% Phénytoine (Di-Hydan®, Dilantin®, Prodilantin®) Topiramate (Epitomax®) Carbamazépine (Tegretol®) Rufinamide (Inovelon®) Nombreux anti-épileptiques Primidone (Mysoline®) Oxcarbazepine (Trileptal®) sont inducteurs enzymatiques augmentation des taux de différents CYP450 dont le CYP3A4 Nécessité de programmation des grossesses Risque fœtal (médicament tératogène) Maladie stabilisée Nécessité d’une contraception efficace JHR/GPB 2015
Contraception et antiépileptique Particularités : Interactions bidirectionnelles En cas de prise de lamotrigine : Lamictal® ? COP accélération du métabolisme de la lamotrigine risque de diminution de la [lamotrigine] jusqu’à 50% recrudescence des crises Pas de modification avec les contraceptions progestatives seules Contraception non hormonale à privilégier Accélération du métabolisme des progestatifs En cas de prise d’inducteur enzymatique faible (Topiramate < 200 mg/j) Contraception estroprogestative dosée à 35 µg EE JHR/GPB 2015
Comitialité et Contraception hormonale Anti-épileptiques inducteurs Anti-épileptiques non inducteurs Barbituriques (phenobarbital – Ethosuximide (Zarontin) ® primidone) [Gardenal-Alepsal]® Acide valproique [Depakine] ® Phenytoines [Dihydan® Prodilantin] ® Carbamazepine [Tegretol] ® Gabapentine [Neurontin] ® Felbamate [Taloxa] ® Pregaline (Lyrica) ® Topiramate [Epitomax] ® > 200 mg/jour Tiagabine [Gabitril] ® Rufinamide [Inovelon) ® Vigabatrine [Sabril] ® Oxcarbazepine (Trileptal ) ® Lévétiracetam [Keppra] ® Lacosamide (Vimpat) ® Attention : diminution de l’efficacité du Lamotrigine (risque de crise d’épilepsie savoir augmenter les doses) GPB 2015
Interaction médicamenteuse • Modification, qualitative ou quantitative, in vivo des effets d’un médicament par un autre médicament, un aliment ou une boisson ou des agents chimiques de l’environnement. • Problème majeur en pratique clinique – Emergence de pathologies nécessitant des polymédications : • VIH.... • Où trouver l’information ? – Vidal – ANSM: Thesaurus des interactions médicamenteuses, mise à jour septembre 2016 • Tableau de 234 pages JHR/GPB 2015 • Entrée: nom du médicament, famille du médicament
ANSM: Thesaurus des interactions médicamenteuses, mise à jour septembre 2016
Interaction médicamenteuse ANSM, Thésaurus, juillet 2013
Interaction médicamenteuse
Interaction médicamenteuse Interactions entre certains médicaments (CYP3A4) antiépileptiques antibiotiques et la contraception hormonale Antirétroviraux Vasodilatateur (Bosentan : Tracleer®) Attention au Le plus souvent par induction enzymatique Millepertuis Risques Baisse d’efficacité du contraceptif grossesse non désirée Baisse d’efficacité du médicament Mauvais contrôle de la pathologie sous jacente (recrudescence des crises d’épilepsie, contrôle virologique moindre) JHR/GPB 2015
Quelles contraceptions en cas d’inducteur enzymatique Les contraceptions non hormonales : DIU au cuivre Méthodes barrières Stérilisation tubaire Le SIU au Levonorgestrel Les progestatifs injectables (MPA) Les contraceptions macroprogestatives, en majorant la posologie (aucune donnée dans la littérature) JHR/GPB 2017
Contraceptions déconseillées • Microprogestatifs • Implant contraceptif à l’etonogestrel • Contraception estroprogestative minidosée – Orale – Patch – Anneau JHR/GPB 2015
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