Christian Dior, la nature pour seule muse

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Christian Dior, la nature pour seule muse
Revue bimestrielle - N° 166 - janvier/février 2014 - 5,50 €

                                             Christian Dior,
                 la nature pour seule muse
Christian Dior, la nature pour seule muse
Ex t r a i t                           Sommaire
                                                                                                                                        Reportage
                             Organe Officiel de Presse - AIFF/Concours Lépine
                             (Reconnue d’utilité publique)

                             n° 166 janvier/février 2014 - 113e année

                                                                                                                                                          Christian Dior :                                                                                     4 - 31
                                                                                                                                                          la nature pour seule muse

                             ADMINISTRATION
                             RÉDACTION - PUBLICITÉ                                                                                                        La villa Les rhumbs, maison d’enfance du créateur .....                                                        4
                             12, rue Beccaria 75012 Paris
                             Tél. 33 01 40 02 04 50                                                                                                       La passion des jardins et des fleurs ...........................................                               7
                             Fax 33 01 40 02 04 51
                             e-mail : crslepine@concours-lepine.com
                             www.concours-lepine.com                                                                                                      Portrait de famille ...................................................................................       10

                             DIRECTEUR-GÉRANT                                                                                                             Christian Dior et les artistes .............................................................                  11
                             Gérard Dorey
                                                                                                                                                          Un succès phénoménal dès sa première collection .....                                                         13
                             DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
                             Barbara Dorey                                                                                                                Parfum d’enfance : les fragrances Dior ...................................                                    16

                             RÉDACTEURS                                                                                                                   Baccarat / MOF (Meilleurs ouvriers de France) ..............                                                  19
                             Barbara Dorey
                             Chantal Palluau                                                                                                              Le musée Christian Dior, unique « Musée de France »
                             Cécile Crétien
                                                                                                                                                          consacré à un couturier ...................................................................                   20
                             PUBLICITÉ - ABONNEMENTS
                             Chantal Palluau                                                                                                              Dior et les Impressionnistes ...............................................................                  21

                             PHOTOGRAPHE                                                                                                                  Publication de l’ouvrage Impressions Dior ............................                                        26
                             François Pajot
                             Crédit photos (intérieur) :                                                                                                  De Christian Dior à Raf Simons :
                             © Concours Lépine, sauf mentionné,
                             Reproduction interdite sur Internet                                                                                          une même vision des femmes ..........................................................                         27

                             RÉALISATION GRAPHIQUE                                                                                                        Nomination de Peter Philips, Directeur de la Création
                             ET IMPRESSION
                             Comm’elle communication visuelle                                                                                             et de l’Image du Maquillage Dior Parfum .............................                                         28
                             Tél. : 01 69 26 96 96
                                                                                                                                                          Chronologie ...............................................................................................   28
                             ABONNEMENTS (valable 1 an)
                             France 39 €                                                                                                                  Expositions du Musée Christian Dior depuis 1997 ............                                                  29
                             Étranger 46 €
                                                                                                                                                          Dior, Images de légende ..................................................................                    29
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                             Couverture (3e et 4e) 1 250 €
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                             la 1/2 page 485 €
                             le 1/4 de page 401 €

                             Tout règlement à effectuer à l’ordre de :
                             l’A.I.F.F./Concours Lépine
                                                                                                                                        Salons & Expositions
                             INVENTION MAGAZINE décline toute responsabi-
                             lité quant aux opinions formulées dans les articles,
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                                                                                                                                                          française
                             ses ayants droit ou ayants cause, est illicite au terme
                             de la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire
                             et artistique, et constitue donc une contrefaçon sanc-
                             tionnée par les articles 425 et suivant du Code Pénal.

                                                                                                                                                          Les Arts Décoratifs mettent le XVIIIème siècle à l’honneur                                                    33
                             COMMISSION PARITAIRE N° 0314 G 88847

                                                                                                                                                          Naissance des laques français dans le contexte
                                                                                                                                                          européen du XVIIème siècle, Monika Kopplin .............................                                      35

                                                                                                                                                          Les vernisseurs du Faubourg Saint-Antoine
    © Musée Christian Dior

                                                                                                                                                          sous le règne de Louis XIV, Daniel Alcouffe .............................                                     36
                                                                                                                       La villa
                                                                                                                                                          Le Lackkunst Museum, Münster, Allemagne ..............................                                        41
                             Revue bimestrielle - N° 166 - janvier/février 2014 - 5,50 €

                                                                                           Christian Dior,             « les Rumbs »,
                                                                                           la nature pour seule muse   actuel musée
                                                                                                                       Christian Dior

2                                                                                           Invention Magazine - janvier/février 2014
Christian Dior, la nature pour seule muse
t r a i
                      Ex PPoint t
                            i de Vue
                                          La Haute Couture au rang de l’Art. Christian Dior, la
                                          nature pour seule muse.
                                          Christian Dior, 2ème d’une fratrie de 3 garçons et 2 filles, naît dans
                                          la station balnéaire de Granville le 21 janvier 1905. Leurs parents,
                                          Madeleine et Maurice Dior, appartiennent à une bourgeoisie granvillaise
                                          et côtoient au quotidien des personnalités célèbres de l’époque.
                                          Maurice possède une industrie très prospère et devient le plus célèbre
                                          de la famille Dior. Nous citerons Lucien Dior, Ministre du Commerce en
                                          1921, puis Ministre du Commerce et de l’Industrie de 1922 à 1924. Au        Gérard Dorey, Président
                                          terme de ces mandats, il a choisi de s’associer avec son cousin Maurice
                                          pour développer dans leur usine de Donville la fabrication d’engrais phosphates et super phosphates,
                                          de l’acide sulfurique et tous les produits chimiques de l’époque. Les émanations de ces fumées vont
                                          incommoder tout particulièrement les habitants des environs.
  © Dior Horlogerie

                                          Dans les années 20, il développe la fabrication de lessive et crée la javel Dior et la fameuse lessive
                                          Saint-Marc. Au cours de ces années, Madeleine Dior engage la restauration de la villa des Rhumbs.
                                          En parallèle, elle réhabilite le parc de la propriété avec des travaux d’horticulture en compagnie de
                                          ses enfants et, particulièrement, du futur couturier qui partage une passion pour les fleurs, au point
                                          que Christian Dior gardera ce souvenir d’enfance et s’en émerveillera pour toujours. Ceci ira jusqu’à
                                          influencer ses créations très marquées par l’élégance maternelle très raffinée, ses tenues représentant
                                          le style Belle Epoque réalisées pour le théâtre. Fort de cette passion, le couturier décide de s’installer
                                          à Paris en 1947 à l’âge de 42 ans, avec la volonté de créer sa griffe : « je dessinais des femmes-fleurs,
                                          épaules douces, bustes épanouis, tailles fines et jupes larges ».
                                    Sa première collection s’est déroulée le 12 février 1947 au siège social parisien de la Maison de Couture,
                                    30 avenue Montaigne. Ce jour-là comme les saisons suivantes, le couturier révolutionne littéralement
Bracelet en veau verni noir, mouve-
ment automatique, série limitée à
                                    la mode et la silhouette féminine en prônant un retour en arrière. « La couture souhaitée est de revenir
88 exemplaires. 46 500 euros.       à sa fonction première qui est de parer les femmes et les embellir », écrit-il. Pour autant comprendre
                                    l’engouement que suscite alors ces lignes doit être placé dans un contexte social : on est au lendemain
                                    de la seconde guerre mondiale, une période de restriction et de grèves. « En terme d’allure, les femmes
  Christian Dior nous dévoile
                                    arborent encore des profils de « zazous » et chaussures compensées, effets de bas, de jupes courtes à
  en exclusivité sa dernière        l’image d’une mode de tristesse et de pénurie ». Futilité et superflu que Christian Dior n’hésite pas à
  création, la Dior VIII Grand      mettre en avant. Ses modèles sont généreux et exigent des longueurs vertigineuses de tissus, les jupes
  Bal « Fil de Soie ».              rallongent, les broderies s’enlacent, les fleurs partout s’épanouissent. Provocation et scandale pour
  Lorsqu’on agite le boîtier en     les uns, miracle d’un décor qui renoue avec le plaisir et le sourire pour les autres. Toutes les femmes
  céramique noire, or rose et dia-  du monde sont sous le charme de ce retour à l’art de vivre. Pour la première fois dans l’histoire,
  mants, le spectacle commence.     un couturier influence de manière simultanée l’élite et le grand public. Lui-même en paraît surpris,
  La masse oscillante tendue de fil
                                    mais théorise ainsi son succès. « Lorsque devenu responsable d’un mouvement, j’ai voulu l’analyser et
  de soie et ourlée de diamants se
  met comme par magie à tour-       compris qu’il incarnait avant tout le retour à l’art de plaire. » Il n’hésite pas en 1954 à démontrer sa
  noyer sur le cadran en nacre,     propre mode avec la ligne haricot, baptisée aussi « flat look », silhouette à la fois longiligne, adaptée
  tels les jupons des somptueuses   au changement de mœurs.
  robes de bal que Monsieur Dior
  aimait tant.                            En 1957, le Time offre sa « Une » à Christian Dior et son incroyable succès. Jamais auparavant un
  Soulignons le travail qui se dissi-     couturier n’a occupé une telle place dans la presse américaine. Son premier séjour américain en 1947 a
  mule derrière cet effet de style,       bouleversé sa conception de la mode. Il fut invité par le directeur du Grand Magasin de Dallas afin de
  celui d’une tisseuse capable de         recevoir un Oscar de la couture, il débarque dans un pays où sa seule et première collection l’a rendu
  tendre son fil d’un diamant à un        célèbre.
  autre sans le casser. Christian
  Dior disait « La soie est la reine      Les Arts Décoratifs mettent le XVIIIème siècle à l’honneur du 13 février au 8 juin 2014
  des matières, la plus ravissante,
  la plus féminine, la plus enchan-       en présentant une grande exposition sur le secret de la laque française.
  teresse… ». Bel hommage.
                                          Le musée révèle l’engagement dans la technique qui incarne le luxe et le raffinement du plus
                                          important au plus discret, du plus somptueux au plus modeste : meubles, panneaux, boiseries, objets
                                          d’ameublements, boîtes et étuis, carrosses et traîneaux dessinent l’histoire largement partagée par une
                                          clientèle parisienne et européenne. Cette exposition est réalisée en collaboration avec le Lackkunst
                                          Museum de Münster en Allemagne.
                                          Quelques décennies seulement après l’arrivée des premiers laques chinois et japonais en Europe, les
                                          artisans dont le nom est parvenu jusqu’à nous, ont ouvert des ateliers spécialisés dans la fabrication
                                          d’objets laqués en utilisant le vernis Martin. Etant donné la nouveauté de la technique, des vernisseurs
                                          pionniers méfiants s’installeront principalement dans le Faubourg Saint Antoine comme l’avaient fait
                                          les premiers ébénistes. Le Faubourg jouissait du privilège de l’exemption du contrôle des corporations,
                                          peu favorable aux innovations. Que faut-il penser des secrets des Martin ? Peut-on considérer qu’il y
                                          avait un véritable secret ? Peu importe la recette, la différence de leur ouvrage réside dans un savoir-
                                          faire d’exception.

                                  « Je ne pense jamais au futur, il vient bien assez tôt » Albert Einstein (1879-1955)

                                                                                                                         Invention Magazine - janvier/février 2014   3
Christian Dior, la nature pour seule muse
Reportage
                          tage
                                Ex t r a i t
                                                           Christian Dior :
                                               la nature pour seule muse
    Le Musée Christian Dior
    de Granville a récemment pré-
    senté « Impressions Dior », une
    exposition qui témoigne des liens per-
    manents unissant la Maison Dior au mou-
    vement impressionniste, des premières
    créations de Monsieur Dior en 1947 à celles de
    Raf Simons en 2012.
    Cette exposition fut également l’opportunité de
    découvrir l’amour profond que portait Christian Dior à
    la nature, aux fleurs et aux jardins et à quel point elle fut
    une source d’inspiration inépuisable pour le créateur.

                                                                                                                                     © DR
© DR
                                                                                      Affiche de l’exposition « Impressions Dior »

           La villa Les rhumbs, maison d’enfance du créateur
       « La maison de mon enfance… j’en garde le
                                                                                                                                            © Musée Christian Dior. Marc Lerouge

       souvenir le plus tendre et le plus émerveillé.
       Que dis-je ? Ma vie, mon style, doivent presque
       tout à sa situation et à son architecture ».
                                                        Christian Dior.

                                                                           La villa
                                                                  « Les Rhumbs »
                                                                     aujourd’hui,
                                                                            actuel
                                                                      musée Dior
    © DR

           La Villa « Les Rhumbs »

4           Invention Magazine - janvier/février 2014
Christian Dior, la nature pour seule muse
r a i t

                                                                                                                                                                                                               © Office de tourisme Jersey
                            Reportage
                                 tage
                                                   Ex t
© DR

       Motif de la rose des vents, « Les Rhumbs »
                                                                                                     Vue sur Jersey depuis la mer

                                                                                ville. G. Gontier
                                                                       e Gran
                                                             V   ille d
                                                          n–
                                                   a   tio
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                                       c om                                                         Christian Dior a été fortement marqué par la villa « Les Rhumbs », sa
                                 d   e
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                                                                                                       maison d’enfance située à Granville, en Normandie. Acquise en
                     v r
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                                                                                                           1905, le futur couturier est encore un nourrisson lorsque sa mère
            ©

                                                                                                              Madeleine, persuade son mari Maurice Dior, d’acheter cette
                                                                                                               villa anglo-normande qui surplombe la mer et depuis laquelle
                                                                                                                 on peut apercevoir les îles Chausey et Jersey. Christian Dior y
                                                                                                                 passera les cinq premières années de sa vie puis ses vacances.
                                                                                                                 La villa « Les Rhumbs » doit son nom au terme de marine
                                                                                                                 désignant les trente-deux divisions de la rose des vents qui
                                                                                                               orne la mosaïque au sol de l’une des entrées de la villa.

          Vue
          sur
          les îles
          Chausey

                      Vue sur la pointe de
                       Granville et vers les
                       îles Chausey depuis
                                                                                                                                                                       © Vincent Leret, musée Christian Dior

                     la terrasse du musée
                             Christian Dior

                                                                                                                                               Invention Magazine - janvier/février 2014                       5
Christian Dior, la nature pour seule muse
© DR
                    Reportage
                         tage
                               Ex t r a i t
                                          Christian Dior &
                                          moi
                                          Editions Vuibert
                                     Peu avant sa mort en
                                     1957, Christian Dior
                                     entreprit de publier ses
                                     Mémoires où il retrace

                                                                                                                                                                                                    © Coll. Service de communication – Ville de Granville. G. Gontier
                                     le destin exceptionnel
                                      d’un homme qui,
                                      i n c o n n u u n j o u r,
                                      célèbre dans le monde
                                      entier le lendemain,
                                      révolutionna la mode.
                               C’est ce parcours hors du
           commun que Christian Dior nous fait
      découvrir. Il invite le lecteur à passer les portes du
      30, avenue Montaigne pour assister à la naissance
      d’une collection ou pénétrer dans les coulisses
      d’un défilé. Et, surtout, il dit ses intuitions géniales,
      avoue ses doutes, ses audaces, son obsession du
      détail et du travail soigné, tout ce qui en fit l’un des
      plus grands noms de la haute couture.                            Intérieur de la villa avec vue sur le jardin

      En 1956, lorsqu’il publie à 51 ans ses mémoires , Christian Dior                     années, supervisera les travaux de rénovation intérieure et ex-
      se réfère avec précision au souvenir de Granville et de sa pre-                      térieure de la villa. La villa se trouve au milieu d’un jardin situé
      mière demeure. Il y décrit la rosace du plafond de sa chambre,                       sur une crête de falaise dominant la mer. Il est l’un des rares
      les panneaux peints d’après des estampes japonaises, la ma-                          jardins d’artistes du début du XXème siècle encore conservé, et
      gnifique salle à manger Henri II et le bureau de son père, où il                     restauré par Guillaume Pellerin dans le respect des aménage-
      est interdit d’entrer.                                                               ments réalisés par Madeleine, passionnée par l’art des jardins.
      C’est Madeleine Dior, la mère du couturier, qui pendant deux

      Cette imprégnation du jardin
      clos qui a protégé son enfance
      déterminera en Christian Dior un
      idéal de vie. Il n’est pas étonnant
      qu’il avoua ensuite une vocation
      d’architecte. Son goût pour les
      maisons et la décoration, son sens
      de l’art de vivre et son appétit pour
      les grandes et belles tables ne
      l’en ramènent pas moins et tout
      au long de sa vie à ses rêves de
      confort, de bien-être, à un mode
      de vie simple et raffiné qu’il avait
      connu enfant dans sa famille.
                                                                                                                                                            © Vincent Leret, musée Christian Dior

      Lieu de mémoire très évocateur de
      l’art de vivre à la Belle Epoque, la
      Villa accueille le musée Christian
      Dior depuis 1997 et regroupe au-
      tour de la personnalité multiple de
      Christian Dior, des collections illus-
      trant l’art de la mode et restituant
      le contexte artistique et culturel du
      couturier.                                       Christian Dior a lui-même dessiné les plans de la pièce d’eau et de la Pergola autour de 1925.

6          Invention Magazine - janvier/février 2014
Christian Dior, la nature pour seule muse
Reportage
                  tage
                        Ex t r a i t
  Modèle de haute couture et de prêt-
  à-porter, souliers, chapeaux, bijoux
  flacons de parfums… et de nombreux
  autres accessoires d’autres couturiers
  ainsi qu’un riche fond documentaire
  rassemblant photographies et des-
  sins de mode.
  Composé d’un parc à l’anglaise
  renfermant des essences rares et
  exotiques, deux roseraies, des bam-
  bous et des pins parasols, ce jardin

                                                                                                                                                               © Vincent Leret, musée Christian Dior
  touche le visiteur parce qu’il a été
  le lieu d’expérimentation du jeune
  couturier. Féru de dessin et d’archi-
  tecture, il a réalisé autour de 1925,
  les plans de la pièce d’eau et de la
  pergola toujours en place.

                                                Vue de la Pergola et de la pièce d’eau du jardin Christian Dior.

  La passion des jardins et des fleurs
                        A Granville, Christian Dior donne libre cours à ses envies de jardin d’eau et met en pratique les conseils lus dans
                         les catalogues VILMORIN.
© DR
                           Sa pergola entoure un miroir d’eau ceinturée de briques rouges. Il opte pour un jardin de plantes vivaces
                            aménagé à la façon des parterres simples et sauvages. Il veut retrouver la poésie des fleurs qui bordent
                              les sentiers de campagne. « Pour planter un lilas, un poirier, un saule, choisir les oignons de tulipes, les
                                couleurs des cosmos et des zinnias, connaître les mœurs des petits pois ou celles de l’estragon, Christian
                                 Dior n’a pas son pareil… Après la couture, ce qu’il préfère, c’est son retour hebdomadaire à la terre »,
                                   analyse Marika Genty dans la biographie Christian Dior de Marie-France Pochna.

                                    Christian Dior
                               Marie-France Pochna
           Edition Garamond, 2009 (éditeur tchèque)

  Když se 12. února 1947 vyzývavě prošla Paříží žena
  v rozhoupané plisované sukni a s kloboukem lehce
  posazeným na stranu, bylo jasné, že v této ztělesněné
                                                                                                                                           Christian Dior et
  koketerii se válkou zdecimovaná Francie vrací k                                                                                          son frère Raymond
  obnově svého proslulého umění žít. Christian Dior se                                                                                     au bord du bassin
  stal okamžitě slavným, i když pravým strůjcem jeho                                                                                       dans la Pergola
                                                                                                                                           de la villa
  úspěchu byli Američané, zhlížející se v tradicích staré                                                                                  « Les Rhumbs »
  Evropy. První životopis tohoto módního návrháře
  se pokouší nastínit jeho pečlivě střežený soukromý
                                                                       © Musée Christian Dior, Granville

  život, z něhož probleskovaly na veřejnost jiskry jeho
  smyslu pro humor. K úplné spokojenosti mu po deseti
  letech vyčerpávající práce stačilo jedno: odpočinek.
  Christian Dior zemřel ve dvaapadesáti letech na
  vrcholu slávy.
  (Voir traduction page 30)

                                                                                                                   Invention Magazine - janvier/février 2014                                           7
Christian Dior, la nature pour seule muse
Reportage
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                                   Ex t r a i t

                                                                                          © Coll. Service de communication – Ville de Granville. G. Gontier

                                                                                                                                                                                                            © Coll. Service de communication – Ville de Granville. G. Gontier
           Jardin du Musée Christian Dior                                                                                                                     Jardin du Musée Christian Dior

                      Son premier défilé au 30 avenue Montaigne,
                               le 12 février 1947 est aussi
                            un hommage rendu aux fleurs :                                                                                                                                         Pois de
                                                                                                                                                                                                  senteur

                    les visiteurs sont accueillis dès l’entrée par des palmiers-
                    quincias, des delphiniums bleus, des pois de senteur roses
                    ou encore par le fameux muguet blanc.

                                                                                                                                                                                               © DR

                                                                                                                                                                                                                      © Musée Christian Dior, Granville
                            © DR
    © DR

           Le muguet blanc, fleur fétiche du couturier devenue
           emblème de la Maison Dior
                                                                         Christian Dior pose en gentleman farmer
8           Invention Magazine - janvier/février 2014
Christian Dior, la nature pour seule muse
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                                         Ex t r a i t

                                                         © Don de Mrs David Kluger, The Metropolitan Museum of Art, New York
                                                                                                                                                    Couturier, il demandera au brodeur
                                                                                                                                                     Rébé des motifs floraux empreints de
                                                                                                                                                      simplicité et de fraicheur. Il ne fait
                                                                                                                                                       aucun doute que Christian Dior a
                                                                                                                                                         commencé son « herbier » dans le
         © Musée Christian Dior

                                                                                                                                                          jardin de son enfance et qu’il fut
                                                                                                                                                            marqué par la roseraie plantée
                                                                                                                                                              par sa mère. Plusieurs variétés

                                  Etoile porte-bonheur
                                                                                                                                                               de roses ont d’ailleurs été
                                  de Christian Dior                                                                                                              créées pour le couturier et
                                                                                                                                                                   l’une d’entre elles a été
                                                                                                                                                                     baptisée « Miss Dior »
                                                                                                                                                                       en hommage à la fra-
                                                                                                                                                                         grance du même
                                                                                                                                                                           nom. Plus que tout
                                                                                                                                                                             autre, la rose est
                                                                                                                                                                                sa fleur préfé-
                                                                                                                                                                                 rée et repré-
                                                                                                                                                                                    sente « un
                                                                                                                                                                                      voyage en
                                                                                                                                                                                        soi ».

               Détail de la robe «May» Christian Dior,
               collection printemps/été 1953

                                                                                                                                       Roseraie
                                                                                                                                      du jardin
                                                                                                                                      de la villa
                                                                                                                               « Les Rhumbs »
                                                                                                                                                                                                     © Musée Christian Dior, Granville
                                                                                                                               © DR

Rose « Miss Dior »
                                                                                                                                                               Invention Magazine - janvier/février 2014                                 9
Christian Dior, la nature pour seule muse
Reportage
                          tage

                                                                                                  La couture de Christian Dior est inspirée par les
                                                                                                  lianes fines et les jupes corolles de la collection
                                                                                                  « New-Look » mais aussi, de saison en saison,
                                                                                                  les modèles aux noms de fleurs, les motifs et
                                                                                                  ornements de soie comme des pétales de rose,
                                                                                                  les impressions pâquerette, les entrelacs de
                                                                                                  feuilles, le rouge coquelicot, le bleu myosotis
                                                                                                  ou bleuet, le gris de la falaise de Granville. Sans
                                                                                                  oublier le muguet, fleur fétiche du couturier
                                                                                                  devenue emblème de la maison. Il en fit son
                                                                                                  parfum favori, avec Edmond Roudnitska,
                                                                                                  un des grands nez du siècle, qui créa
                                                                                                  « Diorissimo » en 1956.
     © DR

            Le grand parfumeur Edmond Roudnitska

            Portrait de famille

            Christian Dior est né à Granville, le

                                                                                                                                                                 © Dior

                                                                                                                                                                                                         © DR
            21 janvier 1905. Son père Maurice
            Dior est un industriel prospère.
            Parmi les personnalités célèbres
            de la famille Dior, citons Lucien
            Dior, ministre du commerce en
            1921, puis ministre du commerce
            et de l’industrie de 1922 à 1924,
            et Marguerite Dior (épouse
            Lanos) qui fut une des premières
            femmes médecins en 1901.
                                                                                                                                                                          Lucien Dior, Ancien
            Maurice Dior développe avec son                                                                                                                               ministre du commerce,
            cousin Lucien une entreprise de                                                                                                                               cousin de Maurice Dior,
            fabrication d’engrais. Dans les                                                                                                                               le père du couturier
            années 1920, c’est le lancement             La famille Dior

                                                                                                                                                                                                    © Musée Christian Dior, Granville
            de la fabrication des lessives. La
            javel Dior et la fameuse lessive
            Saint-Marc sont créées.
                                                                                                     © Musée Christian Dior, Granville

        La famille Dior, debout de droite à gauche : Raymond, Bernard, Jacqueline et Christian.
        Au premier plan, entre Madeleine et Maurice, Catherine.                                                                          Raymond, Christian et Jacqueline, vers 1910

10          Invention Magazine - janvier/février 2014
© Musée d’art et d’histoire de Granville
                                     Reportage
                                          tage

                                                                                                                                                                                                                                                                        © Musée d’art et d’histoire de Granville
© DR

                                                                                                                                                                                        Papier à entête Dior frères et fils

                                                                                                                             Usines Dior à Donville (Manche)

                                                                                                                                                                                                                    © Musée d’art et d’histoire de Granville
                           Publicité d’époque pour les engrais dissous Dior

                                                                                                                                                 Donville, panorama sur Granville. Vue prise des carrières.

                                                                                                                                                                                                                                                               © Dior
                           C’est dans ce contexte de prospérité grandissante que Christian vient au monde, second après
                           Raymond d’une lignée qui comptera encore Jacqueline, née en 1908, Bernard en 1910 et
                           Catherine en 1917.
                           Elevée par une mère soucieuse des apparences, notamment celles de son intérieur et de son
                           jardin, Madeleine Dior marque et influence le futur couturier. Il partagera avec elle ses travaux
                           d’horticulture et la même passion des fleurs. Christian Dior admire aussi l’élégance maternelle.
                           Issue d’une bourgeoisie raffinée, il est impressionné par ses tenues recherchées et caractéris-
                           tiques de la mode Belle Epoque. C’est la mode de sa mère qui va commencer par l’inspirer,
                           avant celle des Parisiennes.

                                                                                                                                                                                             Madeleine Dior

                           Son guide donc, c’est Madeleine, sa mère, jusqu’à sa mort                                                                   Le jardin de la villa sera ouvert au public dès 1938.
                           prématurée en 1931 d’une septicémie. Année fatale, puisque                                                                  Maurice est contraint de se réfugier avec sa plus jeune fille
                           c’est à cette même date que la roue tourne pour l’entreprise                                                                Catherine, dans le Var, chez leur fidèle employée qui y pos-
                           familiale. Victime de la crise de 29, c’est le début de la ruine                                                            sède une petite maison. Jusqu’à la mort de son père en 1946,
                           qui se solde en 1938 par la vente de la villa. Son mobilier est                                                             Christian Dior fait en sorte de leur venir en aide autant qu’il
                           dispersé et la villa est achetée en 1938 par la ville de Granville.                                                         le peut.

                           Christian Dior et les artistes
                                                                                                                                                         Son ami Jean Cocteau dira de
© Photo Christian Baraja

                                                                                                                                                © DR

                                                                                                                                                                                                                                                               © DR
                                                                                                                                                                                                     ▼

                                                                                                                                                         lui dans les années 40, qu’il était
                                                                                                                                                         « ce génie léger propre à notre
                                                                                                                                                         temps dont le nom magique com-
                                                                                                                                                         porte celui de Dieu et or ». Mais
                                                                                                                                                         avant de devenir couturier et de
                                                                                                                                                         connaître le succès, Christian
                                                                                                                                                         Dior aura longtemps parcouru les
                                                                                                                                                         chemins buissonniers au fil des-
                                                                                                                                                         quels, à la manière d’un prome-
                                                                                                                                                         neur contemplatif, il s’imprègne                     Le poète, graphiste,
                                                                                                                                                         du paysage alentour, de la vie, de              dessinateur, dramaturge
                                                                                                                                                         l’époque et surtout des arts.                   et cinéaste français Jean
                                                                                                                                                                                                            Cocteau (1889-1963)
                           Portrait de Christian Dior par           Dior dessiné par Marc Chagall
                           Bernard Buffet en 1954                   1957

                                                                                                                                                                                        Invention Magazine - janvier/février 2014                                   11
Reportage
                           tage
                                 Ex t r a i t

                                                                      DR
            De retour de Granville à Paris, au lendemain de la

                                                                    ©
            grande guerre, il a une quinzaine d’années et de la curio-
            sité à revendre :
            « Officiellement, je préparais mon bachot (…) mais déjà je
            faisais clan avec les camarades épris de peinture, de toutes les
            manifestations de l’art nouveau (…) ». Pour mener à bien cette
            nouvelle existence, Christian Dior négocie avec ses parents. Il accepte                                                             Sciences
            d’entrer à Sciences Po, rue Saint Guillaume, en échange de quoi il est                                                            Po, la
            autorisé à apprendre la musique (notamment le piano). Il rencontre ainsi le                                                     célèbre insti-
                                                                                                                                         tution de la rue
            musicien Henri Sauguet, qui lui présente le peintre Christian Bérard ou encore                                             Saint Guillaume où
            l’historien Pierre Gaxotte.                                                                                              étudia Christian Dior

            Contraint en 1927 de faire son service militaire, Christian Dior en revient convaincu qu’il doit ouvrir une galerie de
            tableaux à Paris. Années de folie, encore, pendant lesquelles, associé à son ami Jacques Bonjean, il expose Picasso,
            Matisse, Dufy, Bérard, Dali et les néo-humanistes.

                                      « Dans ce climat bigarré, non seulement je me formais le gout,
                                       mais je nouais les a mitiés graves qui ont composé et composeront
                                    jusqu’a mon dernier jour le fond sérieux de ma vie, écrit Christian Dior.

                                                                                                         © Musée Christian Dior

                                                                                                                                                             © Musée Christian Dior
            Lorsque, ruiné, dans les années 30, il doit
            chercher un emploi, tous ses amis l’hébergent,
            le conseillent, et plus tard, ne manquent pas
            de l’aider lorsqu’il crée sa maison.
            Il créera des costumes pour le cinéma et
            la scène : pour l’écran, le Lit à colonnes
            de Roland Tual, Lettres d’amour de Claude
            Autant-Lara. Pour le théâtre, il travaille à la
            pièce de Giraudoux, pour Lucrèce présentée
            par Madeleine Renaud, Edwige Feuillère et
            Simone Valère.
     © DR

                                                              Christian Dior, maquette de costume pour le film « le lit à colonnes » de Roland Tual, 1941
                                                                                                                                                             © DR

                                                                        C’est lui qui conçoit les
                                                                        smokings de Marlène
                                                                        Dietrich, l’habille par-
                                                                        fois à l’écran, notam-
                                                                        ment dans le Grand Alibi
                                                                        d’Alfred Hitchcock.
                                                                        Christian Dior réalise aus-
                                                                        si des maquettes aqua-
                                                                        rellées de 1942 à 1950
                                                                        pour le cinéma et la
                                                                        scène.

                                                                     L’actrice et chanteuse allemande
            L’actrice française de théâtre et de cinéma                naturalisée américaine Marlène
            Edwige Feuillère (1907-1998)                                          Dietrich (1901-1992)

12           Invention Magazine - janvier/février 2014
Reportage
                                                   tage

                                    Un succès phénoménal dès sa première collection

                                                                                                                                                                                      © Bellini/Archives Christian Dior
                                             Atelier Christian Dior

                                                                                                                                                                                                                           © Archives Christian Dior
© Bellini/Archives Christian Dior

                                    Le tailleur «Bar» premier défilé
                                    Christian Dior le 12 février 1947                       Le tailleur «Bar» page du cahier de fabrication printemps-été 1947

                                                        « La couture souhaitait revenir au bercail et retrouver sa fonction premiere
                                                                   qui est de parer les femmes et les embellir. »

                                                                                                                                                                                                                          © DR
                                                                                                                                       © DR

                                    Christian Dior connaît un succès
                                    phénoménal dès sa première
                                    collection, le 12 février 1947. Ce
                                    jour-là, comme les saisons suivantes,
                                    le couturier révolutionne littéralement
                                    la mode et la silhouette féminine en
                                    prônant un… retour en arrière.
              © DR

                                                                            Collection
                                                                           “New Look”
                                                                          Christian Dior,
                                                                              1947

                                                                                                               Christian Dior, tailleur « Bar », ligne «Corolle» - 1947
                                                                                                                                                  Invention Magazine - janvier/février 2014                                          13
© DR

                              Reportage
                                   tage
                                         Ex t r a i t

                                                                                                                                                               © Bellini/Archives Christian Dior
                                                                                                Christian Dior drapant un tissu sur le mannequin Sylvie

                     Pour autant, comprendre l’engouement que suscitent alors ses
                     lignes, doit être replacé dans un contexte social : on est au lende-

                                                                                                                       DR
                                                                                                                                                 Chaussures
                     main de la seconde guerre mondiale, une période de restrictions
                                                                                                                       ©
                                                                                                                                                 dites «ZAZOU»
                     et de grèves. En termes d’allures, les femmes arborent encore des                                                           avec dessus un
                     profils de « zazous », chaussures compensées, effets de bas et                                                              superbe rou-
                                                                                                                                                 leau clouté,
                     jupes courtes, à l’image d’un monde de tristesses et de pénuries.                                                           talon de 9 cm
                     Futilité et superflu que Christian Dior n’hésite pas à mettre en                                                            et semelle pla-
                     avant : ses modèles sont généreux, exigent des longueurs vertigi-                                                           teau de 1 cm
                     neuses de tissu, les jupes rallongent, les broderies s’élancent, les
                     fleurs partout s’épanouissent.
                                                                                                   © Concours Lépine

                                    Provocation et scandale pour les uns, miracle d’un
                                    décor qui renoue avec le plaisir et le sourire pour
                                         les autres. Toutes les femmes du monde sont
                                             sous le charme de ce retour à l’art de vivre
                                                  fastueusement bien et beau. Toutes les
                                                  femmes de la rue se font confectionner
                                                  des robes à l’image de celles de la
                                                  maison du 30 de l’avenue Montaigne.
 © Concours Lépine

                                                                   Maison Christian Dior du 30, avenue Montaigne

14                   Invention Magazine - janvier/février 2014
Reportage
                          tage
                               Ex t r a i t
       Pour la première fois dans l’histoire, un couturier influence de manière simultanée l’élite et le grand public.
       Lui-même en paraît surpris mais théorise ainsi son succès :

                                     « Lorsque devenu responsable d’un mouvement, je voulus l’analyser,
                                       je compris qu’il incarnait avant tout le retour a l’art de plaire ».

       L’homme a de l’instinct, voire de la prémonition. C’est ce                                                Même attitude vis-à-vis de Marc Bohan qu’il place à la tête
       sens-là qui lui permet d’engager dès fin 1946 un certain Pierre                                           de la filière londonienne. Christian Dior est encore là mais
       Cardin comme premier tailleur et de remarquer le frêle jeune                                              n’hésite pas à devancer l’avenir.
       homme qui rejoint en 1955 sa maison : Yves Saint Laurent.
            © DR

                                                                                © The Estate of Jeanloup Sieff

                                                                                                                 Yves Saint Laurent.

                                                                                                                 Assistant de Christian Dior en 1955, il prend la direction
                                                                                                                 artistique de la maison Dior à la mort de ce dernier, en 1957.
                                                                                                                 Il présente sa première collection, dite « Trapèze », en janvier
                                                                                                                 1958, qui connaît un immense succès. Il restera à la maison
                                                                                                                 Dior jusque 1960.
                   Pierre Cardin, premier tailleur de Christian Dior,
                   engagé dès 1946 par le couturier
© DR

                                                                        Le grand
                                                                        couturier Marc
                                                                        Bohan qui a
                                                                        passé presque
                                                                        trente ans
                                                                        (1961-1989)
                                                                                                                                                                                                 © Archives Christian Dior

                                                                        à la tête de
                                                                        la direction
                                                                        artistique de la
                                                                        maison Dior

                                                                                                                                   Programme de la ligne Y, Christian Dior,
                                                                                                                                   collection automne-hiver 1955-1956

                                                                                                                                                     Invention Magazine - janvier/février 2014                          15
Reportage
                         tage
                              Ex t r a i t
         Parfum d’enfance : les fragrances Dior

            «« Le parfu m c’est le complément indispensable de la personnalité féminine, c’est le finishing
                   touch d’une robe, c’est la rose dont Lancret signait ses toiles ». Christian Dior
             © DR

                                                                                                                              Le parfum
                                                                                                                              « Poison » a été
                                                                                                                              créé en 1985 par le
                                                                                                                              parfumeur Édouard
                                                                                                                              Fléchier

                                                                                                                                        e
                                                                                                                                        pin
                                                                                                                                    s Lé
                                                                                                                                 our
                                                                                                                                onc
                                                                                                                              ©C
                                                           Alambics, musée Dior

                                           Le couturier disait tout devoir à Granville, cette

                                                                                                                                                    © DR
                                             ville balnéaire et au jardin secret de son enfance.
                                                  Il n’était pas le seul : Serge Heftler-Louiche,
                                                  fondateur des parfums Christian Dior, passa lui
© DR

                                                  aussi, ses premières années dans la « Monaco
                                                  du Nord ».
                                                  Lorsqu’il propose à son ami Christian Dior
                                                  de lancer un parfum assorti à sa première
                                                  collection, le couturier n’hésite pas un instant :
                                                  « Sa longue expérience en cette matière, jointe
                                                  au fait qu’il était un compagnon de ma plus
                                                  tendre enfance me fit accepter d’emblée.
          Le parfum Miss Dior
                                                  De nombreux amis voulurent tout de suite y
         participer ». Le projet se monte à la manière d’une chaine de l’amitié.
         La fragrance de « Miss Dior » allie parfums de rose et notes vertes du jasmin. Le
         dessinateur René Gruau conçoit l’affiche publicitaire, le cygne blanc habillé d’un
         collier de perles et d’un ruban noir qui a, depuis, fait le tour du monde. Autre proche,
         le musicien Henri Sauguet compose une valse en l’honneur de « Miss Dior ».
                                                                                                         Le décorateur Victor Grandpierre aux
                                                                                                         côtés de Christian Dior

                                                                                                         Quant au décorateur Victor
                                Pour le jus de « Diorissimo », Christian Dior choisit des notes basées
                                                                                                         Grandpierre, qui a signé les
                                sur l’exaltation du muguet, sa fleur fétiche. L’univers du parfum
                                                                                                         décors de l’avenue Montaigne,
                                est proche de celui de la mode Dior, cette élégance faite de poé-
                                                                                                         il propose en guise de motifs
                                sie nostalgique et de féminité au sens le plus éternel du terme :
                                                                                                         pour la boîte, de reproduire le
                                                                                                         tissu pied-de-poule présent dans
                                      Un parfu m est une porte ouverte sur un univers
  © DR

                                                                                                         la collection. Une géniale stra-
                                      retrouvé. Voila pourquoi je suis devenu parfu meur,                tégie d’image et de marketing
                                      pour qu’il suffise de déboucher un flacon pour                     construite sur le seul instinct. Dès
                                                                                                         son premier défilé, le célèbre New
                                      voir surgir toutes mes robes et pour que chaque                    Look dévoilé le 12 février 1947,
                                      femme que j’habille laisse derriere elle un sillage                tous les spectateurs sont par-
                                      de désirs. »                                                       fumés à « Miss Dior ». C’est un
                                                                                                         succès !

16        Invention Magazine - janvier/février 2014
Reportage
                                                    tage
                                                          Ex t r a i t

                                                                               © DR

                                                                                                                      © DR
                                      Les fleurs, qu’il adore plus
                                      que tout, vont inspirer toutes
                                      ses créations, robes comme
                                      parfums. Et il se rend dès
                                      qu’il peut dans sa maison
                                      de la Colle Noire dans cette
                                      région grassoise qu’il aime
                                      tant. Entouré d’un jardin
                                      de roses et de jasmin qu’il
                                      cultive passionnément, il
                                      s’y ressource entre deux
                                      collections.

                                          Situé près de Grasse, le château
                                            de la Colle Noire fut la maison
                                               de villégiature de Christian.                                                 Eglise Sainte Honoré d’Eylau Place Victor Hugo, Paris 16ème
                                         Le couturier s’y installa dès 1955
                                                                                                                                                                                                                ▼

                                      Le 29 octobre 1957, les fleurs envahissent Paris. Muguet, aubépine, œillets, camélias, tubéreux, enlacent les avenues de la
                                      capitale. Christian Dior est décédé, une messe est célébrée à l’église Sainte Honoré d’Eylau, les bouquets affluents du monde
                                      entier. La maison a reçu tant de gerbes et de couronnes que la ville délivre l’autorisation exceptionnelle de les exposer au pied de
                                      l’Arc de Triomphe devenu, pour l’occasion, somptueux massif de couleurs et de parfums. Ce dernier et majestueux hommage,
                                      à celui qui, en 1947, réinvente une silhouette de « femme fleur », est d’une magnifique justesse.
© Parfum Christian Dior, Paris 2013

                                                                                         J’adore est né d’une vision : celle d’un bouquet lumineux, composé
                                                                                         des plus belles fleurs qui s’épanouissent sur les meilleurs terroirs.
                                                                                         Emblématique de la philosophie des parfums Dior, J’adore conjugue le
                                                                                         foisonnement de la belle matière, l’expertise des fleurs au service de la création
                                                                                         et une architecture olfactive exigeante et distinctive. Comme Christian Dior,
                                                                                         François Demachy dans l’amour d’une belle matière. Il s’appuie sur sa
                                                                                         maîtrise technique pour laisser libre cours, sans contrainte. Poète terrien, il
                                                                                         perpétue ainsi l’histoire d’amour de Dior pour les femmes et les fleurs.
                                                                                                                                   © Parfum Christian Dior, Paris 2013

                                                                                                                                                                                                                     © Parfum Christian Dior, Paris 2013

                                                                                               François Demachy, parfumeur créateur de la maison Dior depuis 2006.

                                                                                                                                                                         Invention Magazine - janvier/février 2014                                   17
Reportage
                   tage
                         Ex t r ai t
           D è s s a p re m i è re c o l l e c t i o n
           en février 1947, Christian Dior                                                                                 Pour Christian Dior, les matériaux nobles, la précision du geste
           révolutionne la mode ; sa « ligne en                                                                            de l’artisan, le temps long donnent à l’ouvrage toute sa qualité.
           8 », bientôt rebaptisée New Look,                                                                               Ainsi, depuis toujours, la maison Dior fait appel aux meilleurs
                                                                                                                           artisans d’art pour ses éditions d’exception. La cristallerie française
           célèbre le corps féminin. La taille
                                                                                                                            Baccarat qui crée dès 1947 les premières amphores en cristal
           est marquée, les formes sont                                                                                      pour Dior réalise aujourd’hui pour « J’adore » des écrins de
           soulignées. L’amphore choisie par                                                                                    cristal entièrement soufflés à la bouche, travaillés à la main
           le couturier pour être l’écrin de                                                                                      par des artisans Meilleurs Ouvriers de France.
           ses premiers parfums possède                                                                                                      Le col Massaï du flacon s’orne d’une parure bijou facettée

                                                                                                                  ristian Dior, Paris 2013
           cette même féminité. La                                                                                                            par les artisans de la haute joaillerie Dior. Une coiffe en
           rondeur du flacon de J’adore,                                                                                                      or massif qui requiert les techniques manuelles les plus
           son cou élancé, délicatement                                                                                                       fines, autour de laquelle vient s’enrouler une chaîne
                                                                                                                                             forçat diamantée.
           cerclé d’or, ainsi que la perle

                                                                                                                  m Ch
           en suspension de sa coiffe

                                                                                                                                                                                                    © Parfum Christian Dior, Paris 2013
           font de J’adore une évocation                                                                      arfu
                                                                                                            ©P

           moderne de l’amphore.
                                                                      © Parfum Christian Dior, Paris 2013

                                                                                                                                                                                                    © Parfum Christian Dior, Paris 2013
                                                                                                                                                                                                    © Parfum Christian Dior, Paris 2013

                                                     Charlize Theron, égérie
                                                     du parfum J’adore depuis
                                                     2004. La maison Dior
                                                     explique son choix en
                                                     déclarant que Charlize
                                                     Theron incarne la fémi-
                                                     nité moderne et qu’elle
                                                     incarne à merveille l’es-
                                                     prit et l’énergie de Dior.

18   Invention Magazine - janvier/février 2014
r a i t

                                                                                                                                                                   © Christian Dior Parfums
                    BACCARAT
                                    Ex
                            Reportage
                                 tage
                                       t
                    La cristallerie Baccarat présente son travail et son savoir-faire dans deux lieux
                    aussi passionnants que complémentaires. L’un est situé sur le site industriel de
                    Baccarat, en Meurthe-et-Moselle. Il permet de retracer l’histoire de la manu-
                    facture depuis 1764 et de découvrir les différentes étapes de la fabrication :
                    travail à chaud, taille, gravure, dorure…
                    Le deuxième, installé depuis 2003 au 11, place des Etats-Unis dans le seizième
                    arrondissement de Paris, s’articule autour de cinq grands thèmes qui incarnent
                    la signature de la marque. Riche d’une collection de 5000 objets exception-
                    nels, certains réalisés pour les expositions universelles, d’autres pour des
                                                                        commandes prestigieuses,
                                                                        de verres à armoiries, de
                                                                        flacons de parfum, c’est
                                                                        la prodigieuse histoire de
                                                                        Baccarat que raconte ce
                                                                        musée. Conçu comme un
© Concours Lépine

                                                                        lieu de rêve et de magie,
                                                                        le musée propose une scé-
                                                                        nographie inédite sachant
                                                                        mettre en valeur la place
                                                                        toute particulière que dé-
                                                                        tient le cristal de Baccarat
                                                                        dans le domaine des Arts
                                                                        Décoratifs travaillés à
                                                                        la main par des artisans
                                                                        « Meilleurs Ouvriers de
                                                                        France ».

                                                                                                                                      © Christian Dior Parfums

                                                        MOF
© DR

                                                        Création du MOF (Meilleurs Ouvriers de France) Pour retracer une partie de la Grande
                                                        Histoire d
                                                                 du Concours Lépine, il faut se reporter à 1913 quant Lucien Klotz, critique d’art
                                                           et jour
                                                              journaliste, lança l’idée l’une Exposition Nationale du Travail, ceci afin de valoriser les
                                                             métiers manuels. En 1923, sera donc organisée une Exposition des Travaux d’Habileté
                                                             métie
                                                              Professionnelle et des Chefs d’œuvre des Métiers, initiée par l’Association des Petits
                                                              Prof
                                                              Fabricants et Inventeurs Français qui organise le Concours Lépine depuis 1901.
                                                              Fab
                                                              La p
                                                                 première manifestation officielle aura lieu en 1924, dans le cadre du Concours
                                                            Lépine
                                                            Lépin où cent quatorze candidats obtiennent le titre de « Meilleur Ouvrier de France ».
                                                        Ils se réu
                                                               réuniront par la suite au sein d’un groupement, créé par arrêté du 25 mai 1935.
                                                        Celui-ci deviendra, à partir de 1961, le COET (Comité Départemental d’Organisation des
                                                               Expositions
                                                               Exp         du Travail) et sera régi, à compter de cette date, par la Loi de 1901 sur les
                                                                Associations.
                                                                A
                                                                « Pour la première fois depuis 1935, et pour les 110 ans du Concours Lépine,
                                                                 les Meilleurs Ouvriers de France ont rejoint notre Institution lors de nos salons
                                                                 Concours Lépine International Paris et Concours Lépine Européen
                                                               Strasbourg.
                                                               S
                                                             Le M
                                                                M.O.F. renoue ainsi avec cette tradition du passé et s’expose à nouveau chaque
                                                           année dans nos salons ».

                                                                                                                       Invention Magazine - janvier/février 2014                   19
Reportage
                                 tage
                                       Ex t r a i t
                  Le musée Christian Dior, unique « Musée de France »
                  consacré à un couturier

                  Unique « Musée de France » consacré à un couturier, le musée Christian Dior
                  expose depuis 1997 des modèles de Haute Couture sur ses trois niveaux. Le
                  Musée est abrité dans la villa « Les Rhumbs », maison d’enfance du créateur.

                                                                                                                                                                                                               © DR
                  C’est grâce à la détermination du petit cousin Granvillais de Christian Dior, Jean-
                  Luc Dufresne que la villa va devenir un musée. Ce dernier était alors conservateur
                  d’un des deux musées municipaux, le musée d’art moderne Anacréon, situé
                  dans le quartier historique de la Haute Ville de Granville. En 1987, il y organise
                  une exposition intitulée « Christian Dior, l’autre lui-même » à l’occasion du
                  quarantième anniversaire du premier défilé du couturier. Cette exposition sera
                  le point de départ du projet de musée. Le fonds Christian Dior est également
                  constitué, d’abord de dons de ses deux sœurs, Catherine et Jacqueline, puis de
                  collaborateurs et d’achats financés par la ville de Granville.
                  En 1991, l’association « Présence de Christian Dior » est créée pour soutenir
                  l’activité du musée et progressivement, des collections sont constituées et des                                                    Jean-Luc Dufresne, le petit cousin Granvillais du
                                                                                                                                                     créateur
                  travaux de rénovation effectués dans la villa. En 1993, le jardin d’hiver est
                  reconstitué et en 1997, la villa est prête à devenir un musée. Le jardin a gardé
                  son plan d’origine et présente des espaces restaurés à l’identique (Pergola, salle
                  de jeux, ancienne roseraie).

                                                                                                                                                                                                               © DR
                  Labellisé « Musée de France », la villa a également obtenu le label « Maison des
                  Illustres » en juin 2012. Ce label honore les maisons d’hommes et de femmes
                  ayant marqué l’histoire française dans tous les domaines de la création.
                  Aujourd’hui, l’association « Présence de Christian Dior » œuvre à la conservation
                  des collections et à leur enrichissement, son objectif étant de préserver et de faire
                  connaître l’œuvre de Christian Dior à travers des expositions, des manifestations
                  culturelles. Une partie des collections s’est constituée autour de la personnalité
                  de Christian Dior : sa famille, ses goûts artistiques, son parcours dans la mode
                  avant 1947. Mais le cœur de la collection est bien sur consacrée à la griffe Dior
                  avec des modèles Haute Couture et boutique (entre 1947 et 1957) et des acces-
                  soires (chapeaux, sacs, bijoux).
                                                               © Don Bettina Ballard The Metropolitan Museum of Art New York
 © Laziz Hamami

                                                                                                                                                 Les « Dior de Christian Dior », montres, stylos et briquets

                                                                                                                               Robe Aladin
                                                                                                                                                                                                                      © DR

                                                                                                                               Christian Dior,
                                                                                                                               collection
                                                                                                                               automne hiver
                                                                                                                               1947

                    Souliers Christian Dior par
                    Delman en mousseline de soie
                    imprimée de fleurs de chardons.
                    Vers 1953. Collection Quidam
                    de Revel.
                                                                                                                                                 Détail d’une robe

20                 Invention Magazine - janvier/février 2014
Reportage
                      tage

       Depuis 1987, plus de 30 expositions ont été présentées au Musée. Une des dernières expositions fut notamment consacrée aux
       liens étroits qui unissent le couturier au mouvement impressionniste. Intitulée « Impressions Dior », elle a accueilli plus de
       45 000 visiteurs.

       Dior et les Impressionnistes
© DR

                                                          «« Je dessinais des femmes fleurs, épaules douces, bustes
                                                                    épanouis, tailles fines comme lianes
                                                               et jupes larges comme corolles ». Christian Dior
                                                      L’exposition Impressions Dior était récemment à l’honneur dans la villa Les Rhumbs
                                                      pour témoigner des liens permanents de la Maison Dior au mouvement impressionniste,
                                                      de 1947 à 2012. Ce parallèle entre l’œuvre du couturier et celles du peintre ont
                                                      été l’occasion de présenter plus de 70 robes aux côtés d’une impressionnante
                                                      sélection de chefs d’œuvre de maîtres impressionnistes : Degas, Monet, Renoir, Berthe
                                                      Morisot…

                                                                                                                                                           © Béatrice HATALA
       Affiche de l’exposition « Impressions Dior »
© DR

                                                            Edgar Degas, Femme se coiffant. Pastel, vers 1887-1890, collection particulière

       Monet, Déjeuner sur l’herbe, 1865-1866
       huile sur toile
                                                                                                                                     © DR

                                                                                                                                       Pierre-Auguste Renoir,
                                                                                                                                       Femme à l’ombrelle
                                                                                                                                       dans un jardin,
                                                                                                                                       1875

                                                                                                                        Invention Magazine - janvier/février 2014              21
Reportage
                                                                  tage
                                                                            Ex t r a i t
                          Ces œuvres exceptionnelles ont été prêtées par le musée                                                                                         Pour démontrer le lien entre les créations du couturier et
                          d’Orsay et le musée Marmottan. L’exposition a cherché à                                                                                         l’impressionnisme, l’exposition a été conçue comme un
                          démontrer à quel point la révolution picturale de la fin du                                                                                     face-à-face entre les modèles de la Maison Dior et les
                          XIXème siècle s’est répandue jusque dans le milieu de la haute                                                                                  œuvres des Impressionnistes, originales ou reproduites.
                          couture.

                                                                                                           © Thingaud / Musée Christian Dior
 © Musée d’Orsay, Paris

                                                                                                                                                                                                                                                                           © Thingaud / Musée Christian Dior
                                                                                                      ▼
                                                                                                      ▼

                          Marie Bracquemond
                          Trois femmes aux ombrelles,
                          dit aussi Les Trois Grâces,
                          huile sur toile, 141,30 x 89,50 cm,
                          entre 1841 et 1916. Paris, musée d’Orsay                                                                             Robe du soir Fête, en faille rose boréal,
                                                                                                                                               collection Haute Couture printemps-été 1948,
                                                                                                                                               ligne Envol.

                                                                   Le thème de la nature est central chez les impression-

                                                                                                                                                                                                                                                  © Musée Christian Dior
                                                                   nistes et il l’est aussi chez Christian Dior. Dès 1947, le
                                                                   couturier lance le « New-Look », avec des robes qui
                                                                   traduisent l’idée pour le couturier d’une femme fleur
                                                                   et la création d’une ligne toute en courbes (jupes
                                                                   amples ou très étroites s’inspirant de la corolle d’une
                                                                   fleur).
                                  © Musée Marmottan-Monet, Paris

                                                                                                                                                                        ▼
                                                                                                                                                                        ▼

                                                                                                                                                                                 Robe d’après-midi habillée, en organdi bleu pâle, brodée de myo-
                                                                   Berthe Morisot, Tulipes, aquarelles, 1890,                                                                    sotis bleus et roses. Collection Haute Couture printemps-été 1953,
                                                                   Musée Marmottan-Monet, Paris                                                                                  ligne Tulipe

22                        Invention Magazine - janvier/février 2014
Reportage
                     tage
                          Ex t r a i t
                Christian Dior portait un amour profond à la nature
                comme les artistes impressionnistes qui ont inventé la
                peinture de plein air. Avant d’être couturier, il aimait
                les fleurs et les jardins et il les transposa dans ses robes
                tout au long de sa carrière. Comme ces peintres, il a

                                                                                                                                                                                                                                                                © Agence Bulloz RMN-Grand Palais
                aussi choisi la Normandie comme source d’inspiration et
                hymne à la beauté féminine.

                                                                            Monet près du bassin aux
                                                                                    nymphéas, 1905
                                                                               Jacques-Ernest Bulloz

     Soixante-dix robes, de la première collection de Dior en 1947                                                   Des accessoires, des photographies et divers documents ont
     jusqu’à son dernier successeur Raf Simons en 2012, ont été                                                      aussi été présentés, toujours pour témoigner de la force des
     exposées, ainsi que douze tableaux de grands maîtres de ce                                                      liens esthétiques entre la mode et l’art.
     mouvement pictural (Degas, Renoir, Monet...).
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                                             © Laziz Hamami

                                                                                                                                                                                                                                                                                                        © Laziz Hamami
Robe à danser Helvétie, en organdi blanc                      Edgar Degas, Le Bal dit aussi Le souper au bal, huile sur bois,                                                      Robe du soir Jour de fête, en organza
brodé de croissants de lune en dentelle                       45,5cm x 65,5cm, vers 1879.                                                                                          blanc, collection Haute Couture,
bleue et paillettes, collection Haute Cou-                                                                                                                                         printemps-été 1955, ligne A.
ture, printemps-été 1956. Ligne Flèche
                                                                              © Laziz Hamami

                                                                                                                                                                                                                              © Laziz Hamami
                                                                                                                                                                                      © Hervé Lewandowski /RMN-Grand Palais
                                                                             ▼
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                                                                                               vers 1869, Paris, musée d’Orsay.                                                                                                                brodé de bande de mousseline
                                                                                                                                                                                                                                               dégradées rose pâle, collection
                                                                                                                                                                                                                                               haute couture automne-hiver
     Robe rose pompon en mousseline de soie imprimée de                                                                                                                                                                                        2012/2013, Christian Dior par
     roses, collection haute Couture printemps-été 1952,                                                                                                                                                                                       Raf Simons.
     ligne Sinueuse

                                                                                                                                                          Invention Magazine - janvier/février 2014                                                                                                23
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