Co-benefices environnementaux et sanitaires de l'action publique " it's (also) the economy, stupid ! " - I4CE
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Co-benefices environnementaux et sanitaires de l’action publique « it’s (also) the economy, stupid ! » Paris, Mai 2020 Patrice Geoffron (Université Paris-Dauphine, PSL) | Benoît Leguet (I4CE) SYNTHÈSE Histoire ou légende, le slogan « it’s the economy, stupid ! » aurait porté Bill Clinton au pouvoir en 1992, marquant le primat des urgences économiques dans le choix des électeurs en temps de crise. Au-delà du confinement imposé par le Covid-19, la tentation pourrait être forte, au moment d’élaborer et de mettre en œuvre la sortie de crise, de privilégier la prise en compte des effets économiques directement observables, sans autre considération, comme ce fut le cas après la crise de 2008. Nous montrons ici qu’une politique de sortie de crise doit être soumise à un cahier des charges élargi qui valorise les « co-bénéfices » économiques-environnementaux-sanitaires de l’action publique. Entre autres exemples, des mesures de transport décarboné (du vélo au fret ferroviaire) produiront des effets économiques directs (emplois, valeur ajoutée dans les filières impliquées), environnementaux (réduction de pollutions de l’air qui coûtent à la France environ 50 milliards/an, atténuation des émissions de gaz à effet de serre) et sanitaires (ces mêmes pollutions tuent 50 000 personnes/an, et fragilisent certaines populations face à des pandémies). Ce faisant, il s’agira de répondre à une « demande sociale » : ainsi que le soulignait récemment Emmanuel Macron, au sortir de la crise sanitaire « les gens ne supporteront plus de respirer un air pollué »1. Et, comme entre le déclenchement de la crise des « subprimes » en 2008 et la sortie de la phase d’urgence de la crise Covid-19, la dette française aura augmenté de 50 % du PIB, réduisant les marges de manœuvre budgétaires des pouvoirs publics, valoriser tous les co-bénéfices de l’action n’est plus une simple option, mais un impératif : « It’s (also) the economy, stupid ! ». 1 Interview au Financial Times, 16 avril 2020. Voir la vidéo ici : https://www.facebook.com/8860325749/ posts/10158243484920750/ Co-benefices environnementaux et sanitaires de l’action publique : it’s (also) the economy, stupid ! – I4CE | 1
Faire d’une pierre trois coups avec chaque euro public Quand occulter les co-bénéfices engagé dans la sortie de crise biaise l’action publique Nous sommes face à une crise sanitaire ouvrant sur un • l’environnement : en réduisant à la fois les émissions de La recherche de co-bénéfices forme de longue date un des réels de l’action climatique, ce qui est d’autant plus choc économique mondial. Ce choc échappe largement gaz à effet de serre et de polluants locaux, en gardant objectifs explicites des politiques climatiques, apparaissant préjudiciable que ces co-bénéfices ne sont pas de second à la prévision économique, tant les inconnues sont ainsi une crédibilité dans le Green Deal et dans l’action dès le milieu des années 1990 dans les travaux du GIEC 5. ordre. A titre d’exemple : nombreuses : la croissance, le chômage et la dette sont climatique internationale, en préservant le capital industriel Pourtant, les attentions et les décisions sont surtout • les avantages en termes de santé sont évalués entre 40 autant de variables assujetties à des trajectoires de santé des filières bas-carbone, en adaptant notre économie aux focalisées sur les coûts de mise en œuvre des politiques à 198 dollars par tonne de CO2 évitée (variable selon les publique encore incertaines pour les médecins, et par dérèglements climatiques… ; climatiques, les co-bénéfices gardant un caractère pays considérés) 7 ; conséquent plus encore pour les économistes. • la santé : en réduisant nos fragilités face à des menaces subsidiaire ; cela malgré les travaux macroéconomiques • la réduction annuelle des morts prématurés pourrait être, Une évidence s’impose dans le séquençage de l’action sanitaires désormais moins hypothétiques, notamment autour du concept de « double dividende », combinant respectivement, de 0,5 et 1,3 millions en 2030 et 2050, collective : au plus fort de l’urgence sanitaire, les priorités par l’amélioration de la qualité de l’air et la réduction de la une réduction de certaines taxes existantes – sur le travail, à l’échelle globale 8 ; sont de circonscrire l’épidémie, d’assurer la continuité des précarité énergétique qui fragilise des ménages parmi les notamment – et une fiscalité carbone. S’il est essentiel • le coût des dommages est réduit de 6,5 % du PIB mondial services essentiels au fonctionnement de notre société plus modestes... de calculer les coûts d’atténuation pour orienter l’action lorsque les combustibles fossiles sont remplacés par des et de mobiliser massivement des moyens au service du publique et établir le partage de l’effort entre les Nations, Qu’entend-on par « It’s (also) the economy, stupid! » ? La énergies propres 9 ; système de santé. Durant cette période, la sauvegarde tous les co-bénéfices doivent être analysés et pris en stratégie de sortie de crise de 2008 et l’action publique compte afin d’éviter les distorsions dans la décision et les • à l’échelle mondiale, les avantages connexes en termes économique des activités immobilisées passe par la prise durant les années suivantes n’ont pas permis d’améliorer de qualité de l’air représentent environ 75 % des coûts en charge du chômage partiel et le soutien à la trésorerie des échecs dans la réalisation des objectifs 6. la « résilience » de notre société aux chocs de la décennie. d’atténuation 10. entreprises. Mais, au-delà de cette phase de « réanimation La dépendance au pétrole qui a conduit à la crise des Un tel biais est d’autant plus préjudiciable que les co- économique », une stratégie de sortie de crise devra être bénéfices présentent une valeur toute spécifique pour La conclusion de ces travaux est claire et particulièrement Gilets jaunes depuis 2018 n’a pas été réduite. La faible précieuse : intégrer ces co-bénéfices à l’orientation de déployée pour répondre à la demande de résilience qui qualité de l’air, qui continue à coûter à la collectivité environ guider l’action publique en période de crise : tandis que les émergera dans les sociétés européennes, France incluse. bénéfices directs de la réduction des gaz à effet de serre l’action publique est crucial. Cela d’autant que toutes 50 milliards d’euros et à tuer 50 000 personnes en France ces évaluations ont été opérées avant la survenue de la Dans un contexte où des contraintes pèseront sur les chaque année 2 – cela sans préjuger d’effets aggravants sont globaux, certains co-bénéfices, comme la réduction de la pollution de l’air, sont directement observables à crise induite par le Covid-19, c’est-à-dire sans prendre en ressources publiques mobilisables, et où l’engagement de durant le Covid-19 – n’a pas été améliorée. L’habitat compte les effets d’évitement de prochaines pandémies ces dernières réduira drastiquement les futures marges de précaire où sont confinés plus de 3 millions de ménages l’échelle régionale et à court terme, le tout étant propice à la mobilisation des moyens et à l’émergence de consensus (via la préservation de la biodiversité, dont la valeur devra manœuvre, l’optimisation de chaque euro engagé est la – dont la santé est fragilisée par ces conditions de vie 3 – être également débattue) ou la capacité à les affronter clé. Il est en effet impératif que chaque euro public investi a été insuffisamment amélioré. Notre collectivité reste mal locaux. C’est d’ailleurs non pas la crainte d’une sanction mais bien cette logique de prise en compte des co-bénéfices avec résilience (via la réduction de l’habitat précaire, le produise le maximum d’effets positifs pour la société, ce préparée à des dérèglements climatiques qui ont déjà coûté raccourcissement de certaines chaînes de valeur…). Les qui suppose d’en analyser l’impact économique observable plus de 60 milliards durant les dernières décennies 4. qui constitue, dans l’Accord de Paris, le moteur de l’action des Etats – mus par leur intérêt bien compris. co-bénéfices de l’action climatique devront donc être à court et moyen termes, certes, mais plus largement, La montée de la dette publique, observée dans ce siècle, réévalués au sortir de la crise du Covid-19. Gageons qu’il d’intégrer à la sélection des mesures les bénéfices conjoints n’était donc pas inexorable. Quoi qu’il en soit, valoriser tous De nombreux travaux viennent confirmer que les modèles n’y a aucune raison logique – bien au contraire – pour que (c’est-à-dire les « co-bénéfices » dans le jargon des les co-bénéfices de l’action publique n’est plus une simple d’évaluation intégrée qui ne tiennent pas compte des co- ces co-bénéfices soient minorés à l’issue de cette épreuve économistes) de l’action publique. option, mais un impératif. Et c’est aussi se préoccuper de bénéfices sous-estiment inévitablement les avantages collective. Dans cet esprit, et à la différence de la sortie de crise de notre « economy ». 2008, il est essentiel d’identifier les actions qui offrent des co-bénéfices dans trois domaines : ENCADRÉ 1 - LES COÛTS ÉCONOMIQUES DE LA POLLUTION DE L’AIR EN FRANCE • l’économie : en contribuant à la relance de l’activité dans « À partir d›une revue de littérature de 2013, le Commissariat général au développement durable (CGDD) évaluait les des filières industrielles et de services essentiels, mais coûts sanitaires de la pollution de l›air extérieur en France (à savoir les pertes de bien-être individuel, mais aussi les également en réduisant l’exposition à des crises futures coûts financiers pour le système de soins) entre 20 et 30 milliards d’euros par an, comparables par exemple à ceux de (chocs de prix du pétrole comme en 2018 pour le plus l’obésité. En 2015, un rapport d’une commission d’enquête du Sénat sur le coût économique et financier de la pollution récent, approvisionnement alimentaire et industriel…) ; de l’air proposait une estimation significativement supérieure avec des coûts sanitaires compris entre 68 et 97 milliards d’euros de 2000 par an, soit jusqu’à plus de 5 % du produit intérieur brut. À ceux-là s’ajoutent les coûts non sanitaires évalués à plus de 4 milliards d’euros dans le rapport du Sénat et parmi lesquels on trouve les effets environnementaux, notamment sur la biodiversité et les rendements agricoles. L’estimation du coût socioéconomique global pour la collectivité reste soumise à de fortes incertitudes, avec une sensibilité importante à certaines hypothèses, en particulier la valorisation monétaire des années de vie perdues ». Source : Trésor, Le rôle des instruments économiques dans la lutte contre la pollution de l’air, Trésor-Eco, n° 256, Février 2020 5 Christophe Cassen, Céline Guivarch, Franck Lecocq, Les co-bénéfices des politiques climatiques : un concept opérant pour les négociations climat ? Natures Sciences Sociétés, EDP Sciences, 2015. La littérature sur ces sujets est synthétisée dans un ouvrage collective recent: Buchholz W. et al., Ancillary Benefits of Climate Policy, New Theoretical Developments and Empirical Findings, Springer Climate, 2020. 2 Voir la synthèse de ces questions dans une note récente du Trésor : Le rôle des instruments économiques dans la lutte contre la pollution de l’air, Trésor-Eco, n° 6 Karlsson, M., Alfredsson, E., Westling, N., Climate policy co-benefits: a review, Climate Policy, 2020. 256, Février 2020. Voir également les travaux réguliers du Sénat, dont : Lutte contre la pollution de l’air : au-delà du risque contentieux, une urgence sanitaire, Rapport d’information n° 412, 2018. 7 Balbus, J. M., Greenblatt, J. B., Chari, R., Millstein, D., & Ebi, K. L., A wedge-based approach to estimating health co-benefits of climate change mitigation activities in the United States. Climatic Change, 2014. 3 Voir Elsa Bidault, Camille Bellois, Jennifer Daude, Revue des approches existantes pour l’analyse des impacts de la précarité énergétique sur la santé des populations , ONPE, 2019, ainsi que les travaux du « Réseau Rappel » : https://www.precarite-energie.org/les-risques-sanitaires-de-la-precarite-energetique- 8 West, J.J., Smith, S.J., Silva, R.A., Naik, V., Zhang, Y., Adelman, Z., Fry, M., Anenberg, S., Horowitz, L.W., Lamarque, J.-F., 2013. Co-benefits of mitigating global etat-de-l-art-et-fiches/ greenhouse gas emissions for future air quality and human health, Nature Climate Change, 3, 885-889. 4 Selon l’Agence Européenne de l’Environnement, la France a subi 62 milliards de dégâts liés au changement climatique entre 1980 et 2017, soit plus de 1 000 euros 9 Coady, D., Parry, I., Sears, L., Shang, B., May, How large are global energy subsidies? IMF Working Paper WP/15/105, 2015. par personne ; seulement 50 % de ces dégâts étaient assurés, ce qui signifie que près de 30 milliards ont dû être assumés directement par les ménages, les 10 Andersen, M. S., Co-benefits of climate mitigation: Counting statistical lives or life-years? Ecological Indicators, 201. Bollen, J., The value of air pollution co-benefits entreprises et les collectivités publiques affectés. https://www.eea.europa.eu/data-and-maps/indicators/direct-losses-from-weather-disasters-3/assessment-2 of climate policies: Analysis with a global sector-trade CGE model called WorldScan. Technological Forecasting and Social Change, 2015. 2 | I4CE – Mai 2020 Co-benefices environnementaux et sanitaires de l’action publique : it’s (also) the economy, stupid ! – I4CE | 3
Sortie de crise en 2008 : la perte du « momentum » Les conséquences de cette orientation ont été durables : • Par ailleurs, le retard pris dans le déploiement de formes de mobilité décarbonées aura limité la décrue de la pollution • Le soutien public aux financements bas carbone a très environnemental par négligence des co-bénéfices faiblement progressé jusqu’en 2017, et les incitations/ de l’air, dont le coût collectif est drastique – provoquant réglementation publiques n’ont pas contrarié un rebond une mortalité « silencieuse » très supérieure à celle du L’expérience de 2008 a montré qu’une sortie de crise mesures rectificatives en avril 2009. Sur ces bases, le plan des investissements carbonés en France à partir de 2015 – Covid-2019 dans l’état actuel de nos connaissances 13. conçue sans ambition climatique produisait un effet de français a représenté 1,1 % du PIB – à l’avant-dernier rang synchrone avec la chute du prix du pétrole 12 – phénomène • La difficulté à tendre vers les ambitions en matière de traîne durable, expliquant en partie le retard accumulé en des grands pays développés, devant l’Italie – avec un effort qui aura des effets de long terme – notamment sur le parc rénovation des logements – soit atteindre le rythme de 2020 et pointé par le Haut Conseil pour le Climat 11. Une principalement concentré sur 2009 et un fort accent mis automobile. 500 000 par an – n’aura pas permis de réduire suffisamment analyse du plan de relance de 2008 – dans un contexte sur l’investissement (qu’il soit public ou privé), à hauteur de la fragilité sanitaire des populations précaires – due à un • Notre collectivité aura été mal préparée à la remontée du différent dans ses fondements, mais comparable par 50 % de l’engagement global. inconfort thermique, à une humidité et des moisissures, prix du pétrole en 2018, facteur déclenchant de la crise l’ampleur du choc – peut éclairer l’effet de la non prise en Concernant spécifiquement la composante « inves- à une mauvaise qualité de l’air intérieur… – et aura des Gilets jaunes, avec les conséquences que l’on sait compte des co-bénéfices de l’action publique et éclairer les tissements publics » (figure 1), 8,5 Md€ ont donc été au accru les difficultés du confinement et plausiblement ses depuis lors. choix qu’implique la crise sanitaire de 2020. mieux neutres à court terme pour le climat, représentant conséquences. Le plan de relance français, annoncé par le Président cependant dans ce cas autant d’« opportunités manquées » de la République le 4 décembre 2008, a consisté en un de verdir l’économie ; et au pire défavorables au climat. engagement initial de 26 Md€ étendu à 35 Md€ par des ENCADRÉ 2 - ILLUSTRATION DE MESURES SUSCEPTIBLES DE PRODUIRE UNE VARIÉTÉ DE CO-BÉNÉFICES FIGURE 1 A la différence de 2008, la maturité des filières bas carbone permet de cibler de nombreuses pistes de mesures ÉVALUATION DES MONTANTS D’INVESTISSEMENT PUBLIC FAVORABLES ET DÉFAVORABLES AU CLIMAT susceptibles de produire une diversité de co-bénéfices économiques-environnementaux–sanitaires. La liste ci-après OU À LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE DANS LE PLAN DE RELANCE EN 2008 constitue une simple « liste ouverte » destinée à stimuler la réflexion à travers les exemples fournis : Total Neutre ou Volet (Mds €) Favorable indéterminé Défavorable • accélérer la rénovation thermique du parc d’hôpitaux et d’Ehpad de façon à affronter des épisodes caniculaires dans de meilleures conditions et sans recours excessif à la climatisation ; Effort exceptionnel de 4 Mds€ pour les investissements de l’État 4,1 0,8 3,4 0,0 • prioriser la rénovation thermique des ménages souffrant de précarité énergétique, pour améliorer leur confort (face à Effort exceptionnel d’investissement des entreprises publiques 4,1 1,3 2,6 0,2 des épisodes de froids ou chaleurs excessifs, des futurs chocs épidémiques, …) et contenir les problèmes de santé Soutien à l’investissement des collectivités locales 2,5 0,0 2,5 0,0 dont ils pâtissent plus fréquemment ; • renouveler les flottes de logistique urbaine et périurbaine en faveur des véhicules « bas carbone » (électriques, TOTAL 10,7 2,0 8,5 0,2 bioGNV) pour concourir à l’amélioration de la qualité de l’air (et à la réduction des nuisances sonores), favoriser des Source : calculs des auteurs, d’après Dossier de presse – Plan de relance de l’économie française Douai 4 décembre 2008 circuits courts peu nocifs ; • encourager le report modal vers le fret ferroviaire pour concourir également à l’amélioration de la qualité de l’air et Ajoutons que d’autres évaluations viennent conforter un total), à travers des incitations dans les renouvelables accroitre l’efficacité des chaînes logistiques (facteur d’attractivité dans le cadre d’une stratégie de relocalisation) ; bilan mitigé du plan de relance français. Le cabinet Ecofys (photovoltaïque), l’efficacité énergétique des bâtiments, • favoriser les mécanismes d’économie circulaire en valorisant les déchets agricoles sous la forme de biométhane a conduit une analyse environnementale du plan de relance les transports et les réseaux électriques ; (susceptible d’alimenter une filière de bioGNV pour la mobilité), pour diversifier également le portefeuille d’activités français, ainsi que des plans de cinq autres pays ou blocs • Mais ce plan intégrait également des soutiens à des des agriculteurs ; régionaux. Pour la France, l’étude d’Ecofys aboutit aux activités défavorables, à hauteur de 300 M€ (soit environ • ... conclusions suivantes : 1 % du total), avec la construction de routes et le soutien • Les incitations favorables représentent une proportion aux centrales électriques fonctionnant aux énergies assez faible de l’ensemble (2,1 Md€, environ 8 % du fossiles. FIGURE 2 EFFETS FAVORABLES OU DÉFAVORABLES À L’ACTION CLIMATIQUE DES PLANS DE RELANCE DE 2008 (% PIB) Négative Positive UK Renewables France Energy efficiency Transport Italie Electric grid infrastructure USA Carbon capture and storage Road building Allemagne Fossil fuels -0,8 % -0,6 % -0,4 % -0,2 % -0,0 % 0,2 % 0,4 % 0,6 % 0,8 % Source : Ecofys, How climate friendly are the economic recovery packages?, Avril 2009. 12 Haut Conseil pour le Climat, Rapport annuel Neutralité Carbone, Juin 2019. 13 Tout du moins au moment où nous écrivons, fin avril 2020, et où la mortalité du Covid-19 avoisine les 25 000 décès en France, soit la moitié du nombre de vies 11 I4CE, Panorama des financements climat, édition 2019. abrégées par la pollution de l’air en année « normale ». 4 | I4CE – Mai 2020 Co-benefices environnementaux et sanitaires de l’action publique : it’s (also) the economy, stupid ! – I4CE | 5
En 2020, l’Europe est une terre fertile FIGURE 3 en co-bénéfices EFFETS SUR LA CROISSANCE D’UNE TRANSITION BAS CARBONE 5% Cette évaluation ex-post de décisions prises lors du C’est bien dans cette perspective que le Haut Conseil pour Indirect and induced effects 4% Investment précédent grand choc subi par notre société a pour seul le Climat, dans un rapport spécial d’avril 2020 21, souligne Trade intérêt d’éclairer les décisions à prendre en 2020 et au- pour la France le besoin de prendre en compte les co- delà et de répondre à la demande de résilience que ne bénéfices de l’action climatique : « [la relance] doit être 3% manqueront pas d’exprimer nos concitoyens. verte, pas grise, maximiser les co-bénéfices pour le climat 2% Intégrer les co-bénéfices à la décision publique est non et les écosystèmes, et ne pas verrouiller des trajectoires seulement une nécessité, mais une source d’espérance carbonées. Les synergies entre climat, environnement et 1% pour les Européens. Des travaux ont établi de longue santé doivent être renforcées – lutte renforcée contre les date la portée de l’action climatique pour l’Union dans pollutions, contre la déforestation importée, amélioration 0% son ensemble : selon Van Vuuren et al.(2006) 14, les seuls nutritionnelle des régimes alimentaires, évolution des modes co-bénéfices de la qualité de l’air liés à la réalisation des de transport. ». D’où ces préconisations dans l’orientation -1 % objectifs européens du protocole de Kyoto représentaient d’une stratégie d’urgence en fonction de quelques critères environ 50 % des coûts de mise en œuvre de cette simples : « Elle doit contribuer directement à une transition Middle East Sub- Southeast East Rest of Oceania European Rest of Latin America North WORLD politique, tandis que Schucht et al. (2015) 15 réévaluent bas-carbone juste – atténuation, adaptation, réduction des and Saharan Asia Asia Asia Union Europe and America vulnérabilités et renforcement des capacités de résilience ; si North Africa Africa the Carabbean cette proportion à 85 %. Dechezleprêtre et al. (2019) 16, observe qu’une augmentation de la concentration de elle est principalement affectée à un autre objet de dépense Source : IRENA, Global Renewables Outlook : Energy transformation 2050, 2020. particules fines (PM2,5) de 1 μg/m3 (correspondant à une (notamment santé ou biodiversité), elle a un co-bénéfice augmentation moyenne d’environ 10 % en Europe) induit climat en faveur de l’atténuation ou de l’adaptation ; elle ne une contraction du PIB de 0,8 %, et conclut que ces coûts doit pas nuire et ne pas être incompatible avec les objectifs Si la répartition de ces gains est inégale entre les régions, Le débat collectif sur le Green Deal est donc, plus encore économiques dépassent largement ceux engagés pour de l’accord de Paris, en écartant notamment tout effet de elle pourrait représenter pour l’Union européenne jusqu’à qu’avant la pandémie, crucial pour l’Union européenne. réduire ces pollutions. verrouillage carbone ». 3 000 USD par habitant et par an, à la condition de faire Et, si la France veut concourir à rehausser les ambitions Spécifiquement pour la France, on pourra également preuve de discernement dans les stratégies de sortie de de ce pacte, elle devra faire la preuve de sa cohérence, L’ensemble de ces travaux font écho à des estimations se référer à un travail en cours d’I4CE (2020) 22 qui a crise, au début de la décennie 2020. en élaborant une stratégie nationale optimisant les co- réalisées sur une base nationale comme Krook Riekkola sélectionné sept secteurs susceptibles de produire des co- bénéfices de l’action publique. et al. (2011) 17, qui constatent que la politique climatique suédoise produit des effets bénéfiques pour la santé bénéfices économiques-environnementaux-sanitaires en pouvant atteindre 32 euros par tonne de CO 2 évitée. faisant l’objet d’une impulsion publique en sortie de crise : D’importants co-bénéfices sont également mis en évidence la rénovation des logements privés, la rénovation des dans le cadre d’analyse conduites à l’échelle de villes bâtiments tertiaires (publics et privés), le déploiement des européennes comme Rotterdam (Tobollik et al., 2016) 18 ou voitures bas-carbone, les infrastructures de transport en Barcelone, Malmö, Sofia et Fribourg (Creutzig, Mühlhoff, commun, les infrastructures ferroviaires, les aménagements & Römer, 2012) 19. Pour apprécier la diversité des co- cyclables, et la production d’électricité renouvelable 23. bénéfices, au-delà de la seule qualité de l’air, on pourra se Soulignons enfin les conclusions d’une étude récente référer à Sovacool et al. (2020) qui estiment une large gamme de l’IRENA 24 qui estime les effets d’une transition bas dans les domaines économiques, environnementaux, carbone à des gains cumulés du PIB mondial de l’ordre techniques, sociaux et politiques à partir d’un travail très de 100 000 milliards de dollars d’ici 2050, soit près de « granulaire » et portant sur l’Allemagne, la France, la 400 dollars par habitant de la planète chaque année. Norvège et la Grande-Bretagne 20. 14 Van Vuuren, D. P., Cofala, J., Eerens, H. E., Oostenrijk, R., Heyes, C., Klimont, Z., Amann, M., Exploring the ancillary benefits of the Kyoto Protocol for air pollution in Europe. Energy Policy, 2006. 15 Schucht, S., Colette, A., Rao, S., Holland, M., Schopp, W., Kolp, P., Rouil, L., Moving towards ambitious climate policies: Monetised health benefits from improved air quality could offset mitigation costs in Europe, Environmental Science and Policy, 2015. 16 Dechezleprêtre, A., Rivers, N., Stadler, B., The economic cost of air pollution: Evidence from Europe, OECD Economics Department Working Papers No. 1584, 2019. 17 Krook Riekkola, A., Ahlgren, E. O., & Söderholm, P., Ancillary benefits of climate policy in a small open economy: The case of Sweden. Energy Policy, 2011. 18 Tobollik, M., Keuken, M., Sabel, C., Cowie, H., Tuomisto, J., Sarigiannis, D., Mudu, P., Health impact assessment of transport policies in Rotterdam: Decrease of total traffic and increase of electric car use. Environmental Research, 2016. 19 Creutzig, F., Mühlhoff, R., Römer, J., Decarbonizing urban transport in European cities: Four cases show possibly high co- benefits. Environmental Research Letters, 2012. 20 Sovacool, B.K. , Martiskainen, M., Hook, A., Baker L., Beyond cost and carbon: The multidimensional co-benefits of low carbon transitions in Europe, Ecological Economics, 2020. 21 Haut Conseil pour le Climat, Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir, avril 2020. 22 Hainaut., H., Ledez M., Perrier., Q., Leguet., B., Geoffron, P., Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de crise, I4CE, 2020. 23 Travail prochainement étendu à d’autres domaines d’activité. 24 Source : IRENA, Global Renewables Outlook : Energy transformation 2050, 2020. 6 | I4CE – Mai 2020 Co-benefices environnementaux et sanitaires de l’action publique : it’s (also) the economy, stupid ! – I4CE | 7
Réalisation : SophieBerlioz.fr www.i4ce.org I4CE - Institute for Climate Economics contact@i4ce.org | @I4CE_ Lecture de sur cette note > i4ce.org Association régie par la loi du 1er juillet 1901. SIREN 500 201 983 00037 - APE 9499 Z.
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