COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME DU CONSEIL DE L'EUROPE - Coe
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Rapport d’activité COMMISSAIRE AUX DROITS DE L’HOMME DU CONSEIL DE L’EUROPE DUNJA MIJATOVIĆ 4E RAPPORT TRIMESTRIEL D’ACTIVITE 2021 1er octobre au 31 décembre Présenté au Comité des Ministres et à l’Assemblée parlementaire Strasbourg, le 21 février 2022 CommDH(2022)5
CommDH(2022)5 Le présent rapport rend compte des activités menées par Dunja Mijatović, Commissaire aux droits de l’homme, entre le 1er octobre et le 31 décembre 2021. 1. Visites et missions Visite à Malte La Commissaire s'est rendue à Malte du 11 au 16 octobre. Pendant sa visite, elle s’est essentiellement penchée sur la liberté des médias, sur certains aspects de l’asile et des migrations, sur les droits des femmes et l’égalité de genre. Au cours de la visite, la Commissaire a rencontré Robert Abela, Premier ministre de Malte, Christopher Fearne, Vice-Premier ministre et ministre de la Santé, Byron Camilleri, ministre de l'Intérieur, de la Sécurité nationale et des Forces de l'ordre, Owen Bonnici, ministre de l'Égalité, de la Recherche et de l'Innovation, Edward Zammit Lewis, ministre de la Justice et de la Gouvernance, Victoria Buttigieg, Procureure générale et Angelo Gafà, chef de la police. Elle s’est aussi entretenue avec Anthony C. Mifsud, Ombudsman parlementaire, Renee Laiviera, présidente de la Commission nationale pour la promotion de l’égalité et Audrey Friggieri, présidente de la Commission sur la violence fondée sur le genre et la violence domestique. Enfin, la Commissaire s’est entretenue avec des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme, d’autres représentants de la société civile et des interlocuteurs internationaux. La Commissaire a exhorté les autorités à poursuivre leur enquête pour identifier les personnes impliquées dans le meurtre de Daphne Caruana Galizia et à s’assurer qu’elles répondent pleinement de leurs actes. Elle leur a demandé de donner la priorité à la mise en œuvre des recommandations du rapport d’enquête publique qui avait déclaré l’État responsable de l’assassinat de Daphne Caruana Galizia, et de mettre rapidement en place les réformes nécessaires pour garantir la sécurité des journalistes et remédier au manque de confiance dans les médias à Malte. Elles devraient commencer par apporter une réponse coordonnée aux menaces et au harcèlement visant des journalistes, y compris en ligne, sensibiliser davantage les policiers, améliorer le dialogue entre les forces de l’ordre et les médias et assurer une application effective de la loi relative à la liberté d'information. De plus, une loi devait être adoptée pour lutter contre le recours aux poursuites vexatoires connues sous le nom de SLAPP (poursuites stratégiques contre la mobilisation publique). En ce qui concerne les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants, la Commissaire a souligné que les droits humains des personnes en détresse en mer ne devaient jamais être mis en danger. En particulier, les autorités devraient s’assurer que leurs actions ne conduisent pas, que ce soit directement ou indirectement, à des renvois en Lybie, qui n’est pas un lieu sûr pour des débarquements. À la suite de ses visites dans deux centres d’hébergement ouverts à Hal Far et dans le centre de rétention de Safi, la Commissaire a exhorté les autorités à intervenir immédiatement pour offrir des conditions de vie dignes aux personnes détenues dans le Bloc A du centre de Safi, à investir dans d’autres solutions que la détention, à veiller à ce qu’aucun enfant ni personne vulnérable ne soit détenu et à assurer l’accès des organes de contrôle indépendants et des ONG aux lieux de rétention. Concernant les droits des femmes, afin de venir à bout des pratiques et des préjugés fondés sur l'idée qu'il existerait une infériorité des femmes ou des rôles masculins et féminins stéréotypés, la Commissaire a recommandé aux autorités de prendre des mesures globales, notamment de 2
CommDH(2022)5 sensibilisation et d'éducation sexuelle complète obligatoire. Elle a également demandé aux autorités de dépénaliser d'urgence l'avortement et de garantir l'accès de toutes les femmes aux soins de santé sexuelle et reproductive, et en particulier à une prise en charge sûre et légale de l’avortement. Elle a salué l'adoption d’une loi visant à instaurer la parité femmes/hommes au Parlement et a encouragé les autorités à prendre de nouvelles mesures pour accroître la représentation des femmes aux rôles de direction et aux postes de décision au sein des organes politiques. Le rapport relatif à la visite de la Commissaire sera publié prochainement. Mission en Pologne Du 15 au 18 novembre, la Commissaire a effectué une mission en Pologne pour évaluer la situation humanitaire et l’état des droits humains le long de la frontière orientale du pays avec le Bélarus. Au cours de la mission, elle s’est entretenue à Varsovie avec Marcin Wiącek, Commissaire polonais aux droits de l’homme (Ombudsman) et Hanna Machińska, Commissaire adjointe aux droits de l’homme. En compagnie de cette dernière, la Commissaire s’est rendue à la frontière orientale de la Pologne, où elle a rencontré et écouté des défenseurs locaux des droits de l’homme, des représentants de la société civile et des membres d’organisations humanitaires et caritatives et s’est entretenue avec plusieurs groupes de demandeurs d’asile et de migrants. Elle a également rencontré des représentants des pouvoirs locaux, notamment Marek Nazarko, maire de Michałowo, les chefs locaux des unités de garde-frontières de Michałowo et Narewka et le directeur adjoint de l’hôpital de Hajnówka, qui dispensait des soins médicaux aux demandeurs d’asile et aux migrants. Enfin, la Commissaire a rencontré le Général Andrzej Jakubaszek, chef régional des gardes- frontières, à Białystok. Le 19 novembre, la Commissaire a publié une déclaration. Elle y a affirmé que si la situation à la frontière orientale de la Pologne était certes imputable aux actions répréhensibles du Bélarus, sa politisation avait été attisée par un discours officiel essentiellement sécuritaire. Le cadre réglementaire modifié de la Pologne, en particulier l’interdiction officielle de pénétrer dans les zones qui bordaient la frontière, empêchait les organisations et les acteurs de la société civile d’apporter une assistance humanitaire vitale et de faire un travail essentiel de suivi et de droits humains. Il empêchait également les médias de couvrir la situation à la frontière, contribuant à la désinformation et au sentiment d’insécurité. De plus, la militarisation des zones frontalières prélevait un lourd tribut sur les moyens d’existence et le bien-être de la population locale. La Commissaire a appelé à une action urgente pour protéger la vie, la dignité et les droits humains des personnes prises au piège dans les régions frontalières. En particulier, elle a demandé à la Pologne de lever les restrictions instaurées dans le cadre de l’état d’urgence et de laisser les acteurs qui apportaient une assistance humanitaire et juridique et les médias accéder immédiatement et sans entrave à toutes les zones situées le long de la frontière, ainsi qu’à toutes les personnes ayant besoin d’aide. Pendant sa visite, la Commissaire a entendu de nombreux témoignages de demandeurs d’asile et de migrants, y compris de familles entières avec de jeunes enfants, dont certains avaient passé des semaines, voire des mois, en forêt, dans le froid et l’humidité, dans des conditions extrêmes et insalubres. Elle a aussi reçu des informations concordantes faisant état de renvois sommaires de personnes qui avaient traversé la frontière vers la Pologne, y compris de personnes qui exprimaient clairement leur intention de demander l’asile et de personnes dont l’état nécessitait des soins médicaux urgents. Elle a constaté de visu les marques laissées par le calvaire vécu par ces personnes 3
CommDH(2022)5 en raison de ces renvois et a pris connaissance d’informations troublantes selon lesquelles certaines auraient subi des mauvais traitements, des violences sexuelles et d’autres abus de la part d’agents de l’Etat du Bélarus. La Commissaire a appelé la Pologne à mettre fin à tous les renvois forcés et à modifier sa législation, qui portait atteinte au droit de demander l’asile et aux garanties y afférentes, dont le droit à un recours effectif, en permettant de reconduire immédiatement à la frontière quiconque était entré sur son territoire sans emprunter les points de passage officiels. La Commissaire a été réconfortée par les actions accomplies par de nombreux défenseurs des droits de l’homme – militants de la société civile, avocats, agents publics locaux, employés du Bureau de l’Ombudsman de Pologne et citoyens ordinaires – qui s’étaient proposés pour venir au secours des personnes prises au piège dans les zones frontalières. Cependant, elle s’est inquiétée du climat palpable de haine et de peur qui entourait ces opérations, alimenté en partie par un discours officiel incendiaire et déshumanisant dirigé contre les migrants et les réfugiés. Ayant appelé la Pologne à soutenir les défenseurs des droits de l’homme et à leur permettre de travailler dans des conditions propices et sûres, la Commissaire a souligné que la situation exigeait de l’ensemble des pays européens une action centrée sur les droits humains et fondée sur la solidarité et les valeurs et normes européennes. Mission en Italie La Commissaire s’est rendue à Rome (Italie) du 8 au 10 décembre pour une mission de contact. Si cette mission avait pour principal objet d’assister à la cérémonie de remise du Prix des droits de l’homme 2020-2021 organisée par le Comité interministériel italien des droits de l’homme, la Commissaire a aussi saisi cette occasion pour rencontrer les autorités et la société civile italiennes. Elle a notamment rencontré des défenseurs des droits de l’homme qui travaillaient sur diverses questions, telles que la situation des défenseurs des droits de l’homme, les droits humains des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants, l’égalité de genre, la violence à l’égard des femmes, la santé et les droits sexuels et reproductifs, la discrimination à l’encontre des Roms, les droits humains des personnes LGBTI et la liberté des médias et la sécurité des journalistes. Au cours de sa mission, la Commissaire a rencontré Elena Bonetti, ministre de la Famille et de l’Égalité des chances et Triantafillos Loukarelis, directeur de l’UNAR, l’Office national italien contre la Discrimination raciale. Le 9 décembre, la Commissaire a participé à une audition spéciale de la sous-commission des droits de l’homme de la Chambre italienne des députés, et a tenu un échange de vues sur diverses questions de droits humains qui concernaient l’Europe et l’Italie. Le 10 décembre, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, la Commissaire a assisté à la cérémonie susmentionnée de remise du Prix des droits de l’homme en tant qu’invitée d’honneur. Elle a prononcé un discours dans lequel elle a salué le travail des défenseurs des droits de l’homme et des militants de la société civile et attiré l’attention sur d’autres raisons d’être optimistes pour l’avenir des droits humains en Europe. Visite en Autriche La Commissaire s'est rendue en Autriche du 13 au 17 décembre pour une visite axée d'une part sur l'accueil et l'intégration des demandeurs d'asile, des réfugiés et des migrants, et d'autre part sur les droits des femmes et l'égalité de genre. 4
CommDH(2022)5 Au cours de sa visite, la Commissaire a rencontré Alexander Van der Bellen, le Président fédéral, Alexander Schallenberg, ministre fédéral des Affaires européennes et internationales, Karoline Edtstadler, ministre fédérale de l’UE et de la Constitution à la Chancellerie fédérale, Wolfgang Mückstein, ministre fédéral des Affaires sociales, de la Santé, des Soins et de la Protection des consommateurs, Susanne Raab, ministre fédérale des Femmes et de l’Intégration à la Chancellerie fédérale, Alma Zadić, ministre fédérale de la Justice, ainsi que des hauts fonctionnaires du ministère fédéral de l’Intérieur. Elle a également rencontré Petra Bayr, députée au Parlement autrichien, l’Ombudsman pour l’égalité de traitement, le bureau de l’Ombudsman autrichien et Andreas Babler, maire de Traiskirchen, ainsi que des représentants de la société civile et d’organisations internationales. À la fin de sa visite, la Commissaire a souligné que compte tenu du nombre élevé de féminicides et de l’apparition de nouvelles dimensions numériques de la violence, une action renforcée de l’Autriche s’imposait pour lutter contre la violence faite aux femmes. Elle a appelé les autorités à veiller à ce que des ressources suffisantes soient affectées à la prévention et à la protection des victimes, et à adopter une approche globale face aux enjeux juridiques, financiers, opérationnels et humains que cela impliquait, en étroite coopération avec l’ensemble des acteurs concernés. La Commissaire a aussi insisté sur l’importance qu’il y avait à préserver la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et a appelé à lever tous les obstacles financiers et pratiques qui empêchaient l’accès aux services concernés. Elle a recommandé aux autorités autrichiennes de veiller à ce que les produits et services de contraception soient pris en charge par un régime d’assurance maladie ou de subventionnement et à ce que l’accessibilité et la disponibilité des services d’avortement légal soient garanties concrètement dans tout le pays. En ce qui concerne l’accueil et l’intégration des demandeurs d’asile, des réfugiés et des migrants, la Commissaire a exhorté les autorités à désigner des tuteurs à part entière pour les enfants migrants non accompagnés dès le tout début de la procédure d'asile et à poursuivre leurs discussions avec les Länder afin de faire en sorte qu’ils puissent jouer leur rôle et que soient transférés les demandeurs d’asile ayant achevé la procédure d’admissibilité. La Commissaire a également invité les autorités autrichiennes à préserver la qualité de l’assistance juridique fournie par l’Agence fédérale des services d’accueil et d’accompagnement, ainsi que son indépendance. Le rapport relatif à la visite de la Commissaire sera publié prochainement. 2. Rapports et dialogue permanent Mémorandum sur les conséquences sur le plan humanitaire et sur le plan des droits de l’homme du déclenchement en 2020 des hostilités entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au sujet du Haut- Karabakh Le 8 novembre 2021, un an après la signature de la déclaration tripartite qui a mis fin aux hostilités déclenchées en 2020 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh, la Commissaire a publié un mémorandum sur les conséquences du conflit sur le plan humanitaire et sur le plan des droits de l’homme, et formulé huit recommandations pour une protection urgente desdits droits. La Commissaire a fait observer que l’accès aux territoires touchés par le conflit restait très limité pour les organisations qui apportaient une aide humanitaire et assuraient un suivi des droits 5
CommDH(2022)5 humains et a appelé l’ensemble des autorités compétentes à assurer d’urgence l’accès à ces zones. Ayant noté que le déclenchement des hostilités en 2020 avait forcé des dizaines de milliers de personnes vivant dans la zone du conflit ou à proximité à se déplacer, elle a attiré l’attention sur les droits humains des personnes déplacées, notamment en ce qui concernait le droit au retour. La Commissaire a également abordé la question de l’importante pollution de la région générée par la présence de mines non explosées et abandonnées et de restes explosifs de guerre, et a demandé aux autorités de coopérer et de procéder aux échanges d’information nécessaires, notamment de cartes des zones minées, afin de faciliter le processus de déminage et d’assurer une protection effective des personnes résidant dans les régions touchées par le conflit. Elle a également jugé essentiel de veiller à ce que toutes les personnes encore en captivité bénéficient de l'ensemble des protections garanties par le droit international humanitaire et le droit international des droits humains, et de faciliter leur libération et leur retour. S’agissant du droit des familles de connaître le sort des disparus et le lieu où ils se trouvent, elle a insisté sur la nécessité de renforcer la collaboration entre les deux parties pour améliorer la communication et constituer une base de données commune, dans le but d’accroître les chances de localiser et d’identifier les dépouilles mortelles et de savoir ce qu’étaient devenues toutes les personnes disparues. Par ailleurs, ayant reçu des témoignages crédibles faisant état de violations du droit international humanitaire, ainsi que d’atteintes graves aux droits humains par les parties au conflit, la Commissaire a appelé les autorités à mener des enquêtes rigoureuses, promptes, indépendantes et impartiales sur les allégations de violations commises pendant et après le conflit afin de demander des comptes aux responsables et d’offrir une réparation aux victimes. La Commissaire s’est déclarée particulièrement préoccupée par des informations selon lesquelles des bombardements aveugles de zones habitées auraient causé des décès et des blessés graves parmi les civils. Elle a appelé l'Arménie et l'Azerbaïdjan à renoncer à l'emploi d'armes à sous-munitions et à veiller à ce que des enquêtes efficaces soient menées concernant les violations du droit international humanitaire, afin que les responsabilités soient établies et que les victimes obtiennent réparation. Enfin, ayant constaté que, dans les deux pays, le débat public était de plus en plus dominé par une communication toxique, hostile, intolérante et franchement irrespectueuse, elle a encouragé les autorités à prendre des mesures résolues pour prévenir et combattre le discours de haine et soutenir les initiatives qui promouvaient la coexistence pacifique et la réconciliation. Le mémorandum, ainsi que les commentaires des autorités arméniennes et azerbaïdjanaises, sont disponibles sur le site web de la Commissaire. Lettre au Conseil national de la République slovaque sur la limitation de l'accès à un avortement sécurisé et légal Le 19 octobre, la Commissaire a rendu publique une lettre adressée au Conseil national de la République slovaque dans laquelle elle faisait part de son inquiétude concernant un projet de loi en cours d'examen qui proposait de limiter les possibilités d’avorter légalement et en toute sécurité. Ayant fait observer que de telles restrictions iraient à l'encontre du principe de non-régression du droit, la Commissaire a souligné que la proposition de porter le délai de réflexion obligatoire de 48 à 96 heures et d’étendre son application à tous les cas où il n’y avait pas de danger immédiat pour la santé ou la vie de la femme aggraverait une situation déjà problématique. Elle a aussi fait remarquer que l’interdiction proposée de la « publicité » pour les services d’avortement risquait d’empêcher les professionnels de santé de diffuser publiquement des informations sur les services d’avortement sécurisés. La lettre est disponible sur le site web de la Commissaire. 6
CommDH(2022)5 Lettres à la ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni et au ministre de l’Intérieur de la France, sur la mise en place de voies de migration sûres et légales et la protection des droits humains dans le contexte des traversées de la Manche Le 8 décembre, la Commissaire a rendu publique ses lettres adressées à Priti Patel, ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni, et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur de la France. Elles faisaient suite au tragique naufrage du 24 novembre, dans lequel au moins 27 femmes, hommes et enfants avaient péri en tentant de traverser la Manche. La Commissaire a fait observer que le problème sous-jacent du manque de voies de migration sûres et légales et les autres aspects de la situation relatifs aux droits humains avaient été largement ignorés. Elle a constaté en particulier qu’il n’existait aucun cadre qui permettait aux personnes se trouvant en France de demander l’asile ou d’invoquer le droit de séjourner au Royaume-Uni pour d’autres motifs. Elle a aussi souligné que le fait de se concentrer toujours plus exclusivement sur les aspects sécuritaires aggravait la situation en redirigeant les migrants vers les itinéraires les plus périlleux. Elle a appelé à la coopération pour garantir l'accès à l'asile, à coordonner efficacement les opérations de sauvetage en mer, à mettre en œuvre les garanties applicables en cas de renvoi et à traiter toutes les personnes avec humanité et dans le respect de leur dignité. La lettre et la réponse de la ministre de l'Intérieur du Royaume-Uni sont disponibles sur le site web de la Commissaire. 3. Thèmes Droits humains des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile Le 3 octobre, dans le cadre de ses travaux sur la protection des droits et des vies en mer, la Commissaire a diffusé un message vidéo à l’occasion de la Journée de commémoration des victimes du naufrage de Lampedusa le 3 octobre 2013, organisée par le Comitato 3 Ottobre, le ministère de l’Éducation et la commune de Lampedusa. Elle a fait observer que, plutôt que de tirer les leçons de l’histoire, les États continuaient de s’attacher excessivement à empêcher les réfugiés et les migrants d’arriver en Europe, et pas assez à mettre en place des itinéraires sûrs et légaux et assurer la protection en mer et la sécurité des débarquements. Elle s’est félicitée de l’organisation de la journée de commémoration, qui était un moyen d’inspirer des changements et d’éviter que les victimes ne soient oubliées. Les renvois forcés et les violations des droits humains dans les zones frontalières restaient un sujet de préoccupation central de ce domaine thématique. Ainsi, le 7 octobre, la Commissaire a réagi aux constats choquants dressés par Lighthouse Reports et d’autres organes de presse sur les renvois forcés et la violence pratiqués dans plusieurs États membres, soulignant qu’ils s’ajoutaient à une longue liste de rapports qui dénonçaient la normalisation inacceptable de ces pratiques. Le 21 octobre, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle a appelé les États membres à prendre position contre les refoulements et à s’opposer aux tentatives de légaliser cette pratique. Douze États membres de l’Union européenne venaient en effet de proposer « d’adapter le cadre juridique actuel aux nouvelles réalités » à leurs frontières, en prévision d'une réunion des dirigeants de l'Union européenne. Soulignant que c’était le moment de dénoncer les refoulements, elle a demandé aux États membres de rejeter catégoriquement toute tentative de mettre de côté ou de sélectionner des garanties essentielles en matière de droits humains. Elle a encouragé tous les États 7
CommDH(2022)5 européens à assumer la responsabilité de ces violations et à s’engager ensemble dans la lutte contre ce grave problème de droits humains en Europe. Faisant suite à sa récente visite en Pologne (voir Visites et missions, ci-dessus), le 1er décembre, la Commissaire a publié une déclaration concernant les modifications à la loi polonaise sur la protection des frontières, adoptées le jour précédent. Elle a fait observer que la nouvelle législation pérennisait la plupart des mesures restrictives mises en place dans le cadre de l’état d’urgence maintenant levé. En particulier, la Commissaire a constaté que les nouvelles dispositions obligeaient les journalistes à obtenir une autorisation spéciale pour pouvoir se rendre dans les zones frontalières et ne garantissaient pas explicitement, malgré ses précédentes recommandations, la possibilité d'y accéder pour les acteurs humanitaires, les prestataires de services d'assistance juridique et les observateurs des droits humains. La Commissaire a rappelé que ces mesures entravaient les opérations humanitaires, empêchaient les journalistes de travailler et avaient des répercussions négatives sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et sur le bien-être de la population locale à la frontière orientale de la Pologne. Sécurité des journalistes, liberté d’expression et liberté des médias Le 7 octobre, la Commissaire a commémoré le 15e anniversaire de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa. Elle a regretté que les autorités russes n’aient pas identifié les commanditaires du meurtre et a souligné que pour honorer sa mémoire, il était essentiel que justice soit rendue, comme il importait d’assurer la sécurité des journalistes. Le 16 octobre, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle a appelé les autorités maltaises à veiller à ce que justice soit rendue dans l’affaire de l’assassinat de Daphne Caruana Galizia. Elle a souligné que toutes les responsabilités n’avaient pas encore été établies dans cette affaire et a par conséquent appelé les autorités à identifier et poursuivre tous les responsables de l’assassinat, à mener les réformes attendues depuis longtemps et à ne tolérer aucune impunité. Le 2 novembre, Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre des journalistes, la Commissaire a attiré l'attention sur le fait que ce phénomène restait largement et dangereusement répandu en Europe. Elle a demandé aux États membres d’assurer la protection des journalistes, de mettre fin à l’impunité et d’adopter une législation qui protégeait les journalistes, notamment contre les pressions indues. Le 27 octobre, la Commissaire a renouvelé sa recommandation aux autorités slovènes de rétablir d’urgence le financement public de l’agence nationale de presse de la Slovénie (STA). Elle a rappelé que l’agence assurait un important service public et contribuait au pluralisme des médias et des sources d’information dans le pays. Le 30 novembre, la Commissaire a participé à la Conférence sur la liberté en ligne. Elle a rappelé que l’accès universel à un internet ouvert, financièrement abordable et inclusif restait un enjeu des droits humains. La fracture numérique devait être comblée et nul ne devait être empêché d’exercer ses droits dans l’espace numérique uniquement en raison d’un accès insuffisant ou d’un manque d’habileté numérique. Elle a également attiré l’attention sur le fait que, dans de nombreuses parties du monde, y compris en Europe, l’accès à internet était régulièrement restreint par les autorités. Des pays continuaient de censurer l’accès à internet en bloquant ou filtrant arbitrairement des contenus, en criminalisant l’expression légitime ou en déconnectant des usagers de l’internet, notamment par des fermetures délibérées. Elle a appelé les États européens à favoriser un internet 8
CommDH(2022)5 véritablement ouvert et accessible à tous qui respecte pleinement le droit au respect de la vie privée et les garanties en matière de droits humains en général. Le 14 décembre, la Commissaire a envoyé un message vidéo pour une conférence sur la liberté d’information organisée par la Plateforme pour la liberté d’information à Madrid. Elle a souligné qu’il ne fallait surtout pas perdre de vue qu’il existait un lien indissociable entre la liberté d’information et la démocratie, les droits humains et l’état de droit. Droits des enfants Le 18 novembre, la Commissaire a exprimé son soutien à la Journée européenne pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels et a rappelé que chacun devait contribuer à protéger les enfants contre les violences, qui étaient souvent infligées par des personnes jouissant d’une position de confiance, d’autorité ou d’influence. Le 20 novembre, Journée mondiale de l’enfance, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle a réitéré son appel aux responsables politiques à veiller à ce que les droits des enfants fassent l’objet d’une attention prioritaire dans toutes leurs décisions, y compris en situation de crise et dans les programmes de relance. Reconnaissant les difficultés multiples auxquelles les gouvernements étaient confrontés du fait de la pandémie, la Commissaire a insisté sur le fait que les enfants continuaient d’être particulièrement touchés par la crise et que la pauvreté et l’exclusion sociale des enfants devaient être combattues d’urgence pour empêcher que les inégalités existantes ne se creusent encore davantage. Les États membres devaient faire preuve de volonté politique et d’engagement pour construire des sociétés solides, notamment en investissant systématiquement dans les enfants pour garantir à ces derniers l’égalité d’accès aux droits. Droits des femmes et égalité de genre Le 15 octobre, la Commissaire a salué la ratification de la Convention d'Istanbul par le Parlement moldave. Le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la Commissaire a appelé l’ensemble des États membres du Conseil de l’Europe à ratifier, appliquer pleinement et effectivement et valoriser la Convention d’Istanbul afin de protéger les femmes et les filles de la violence partout et tout le temps, y compris dans l’espace numérique. Le 24 novembre, la Commissaire a prononcé un discours d'ouverture pour le lancement de la première recommandation générale du GREVIO sur la dimension numérique de la violence à l'égard des femmes. Elle s’est dite préoccupée par l’impact disproportionné et néfaste de la cyberviolence sur les femmes et par les obstacles qui se trouvaient encore sur la route de celles qui cherchaient à obtenir justice. Ayant déploré le fait que les défenseuses des droits des femmes et les journalistes de sexe féminin étaient particulièrement exposées, elle a exhorté les États à lutter contre la cyberviolence en utilisant tous les outils à leur disposition, tels que la recommandation du GREVIO. Droits des personnes LGBTI Le 18 octobre, la Commissaire a prononcé une déclaration liminaire lors d'un séminaire sur la promotion et la protection des droits des personnes LGBTI organisé par l'ECRI à l'intention des organismes de promotion de l'égalité. Compte tenu des enjeux actuels et du contexte politique difficile, la Commissaire a déclaré que les organismes de promotion de l’égalité avaient un rôle clé à jouer dans la défense des droits des personnes LGBTI et a souligné que cette tâche exigeait des 9
CommDH(2022)5 connaissances, du courage et une forte indépendance. Parmi plusieurs recommandations, la Commissaire a encouragé les organismes de promotion de l’égalité à organiser des formations pour leur personnel, à assurer une coopération effective avec les communautés et organisations LGBTI et à utiliser les divers outils à leur disposition pour défendre les droits des personnes LGBTI. Le 26 octobre, à l’occasion de la Journée de la visibilité intersexe, la Commissaire s’est dite préoccupée par le fait que la protection des droits des personnes intersexes ne progressait plus en Europe. Elle a exhorté les États membres du Conseil de l’Europe à prendre des mesures résolues pour que les personnes intersexes puissent vivre sans subir de discriminations et de pratiques néfastes. Le 2 novembre, la Commissaire a déclaré que l’attaque perpétrée contre le Centre LGBTI RainbowHub de Sofia constituait un autre exemple inquiétant des menaces croissantes dont faisaient l’objet les ONG œuvrant pour les droits des communautés LGBTI. Elle a appelé les autorités bulgares à enquêter rapidement sur cette attaque et à en poursuivre les auteurs. Le 20 novembre, à l'occasion de la Journée du souvenir trans, la Commissaire a attiré l'attention sur le fait que l'absence de procédure rapide, transparente et accessible de reconnaissance juridique du genre mettait en péril le bien-être et la sécurité des personnes transgenre. Elle a appelé les États membres à éviter les retours en arrière et à surmonter les blocages à cet égard. Le 9 décembre, la Commissaire a rendu public son rapport sur une table ronde virtuelle qu’elle avait organisée début 2021 avec des défenseurs des droits des personnes LGBTI. S’appuyant sur les contributions des participants, le rapport décrit le contexte dans lequel travaillent les défenseurs et constate des tendances négatives similaires dans les pays européens. Le rapport rend compte des difficultés rencontrées par les défenseurs des personnes LGBTI, parmi lesquelles figurent les violences physiques, les propos haineux, les campagnes de dénigrement, y compris par des agents publics, la violation des droits à la liberté de réunion et d’expression, le harcèlement par la police et la justice, le manque d'accès aux décideurs politiques et à des sources de financement, le surmenage et l'épuisement. Le rapport met également en lumière les conséquences négatives de la pandémie de covid-19 et s'achève sur des recommandations de la Commissaire aux États membres, notamment celle de créer un environnement propice au travail des défenseurs des droits des personnes LGBTI. Droits des personnes âgées Le 1er octobre, à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées, la Commissaire a attiré l’attention sur de nombreuses insuffisances qui avaient une incidence négative sur les droits des personnes âgées. Elle a en particulier demandé aux États membres de réformer leurs législations nationales afin de lutter contre l’âgisme et de promouvoir les droits des personnes âgées. Droits des personnes handicapées Le 5 octobre, la Commissaire a contribué par un message vidéo au Sommet mondial de la santé mentale organisé à Paris. La vidéo a été présentée pendant la session plénière d’ouverture de la manifestation. La Commissaire a déclaré que les progrès accomplis à ce jour en ce qui concernait le passage nécessaire d’une approche biomédicale de la santé mentale à une approche fondée sur les droits humains étaient insatisfaisants, en raison des préjugés profondément ancrés dans les systèmes de santé et la législation. Elle a rappelé que les États s’étaient engagés en vertu de la 10
CommDH(2022)5 Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies à transformer les services de santé mentale en y éliminant la coercition et en remplaçant les institutions par des services de proximité axés sur le rétablissement, et les a invités à utiliser les droits humains comme principaux guides et boussole dans ce processus. S’exprimant à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées (3 décembre), la Commissaire a exhorté les responsables de l’élaboration des politiques à se montrer à la hauteur de la devise « Rien sur nous sans nous » adoptée par la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies, notamment en veillant à ce que les personnes handicapées soient étroitement associées à l’élaboration, à la mise en œuvre et au suivi de toutes les mesures ayant une incidence sur leur vie. Droits sociaux Le 18 octobre, la Commissaire a participé à une table ronde de haut niveau à l'occasion du 60e anniversaire de la Charte sociale européenne. Ayant rappelé l’importance cruciale que revêtaient les droits sociaux en tant que conditions indispensables à une vie digne, la Commissaire a attiré l’attention sur la contribution majeure de la Charte sociale et du Comité européen des droits sociaux à la vie quotidienne des femmes, des hommes et des enfants en Europe, surtout en temps de crise. Elle a appelé les États membres à combler le fossé grandissant entre les promesses et la réalité et à renforcer aussi bien leur engagement politique que leur soutien financier en faveur de l’application des droits sociaux. Le 13 décembre, la Commissaire a participé au lancement du European Yearbook of Human Rights organisé par le Centre européen de formation et de recherche sur les droits humains et la démocratie de l'Université de Graz. Après être revenue sur les multiples défis auxquels l’Europe avait été confrontée en 2021 dans le domaine des droits humains, et plus particulièrement dans les domaines des migrations et de l’état de droit, la Commissaire a insisté sur l’importance qu’il y avait à lutter contre les inégalités et à renforcer les droits sociaux et économiques, sachant que si les États membres continuaient à ignorer les problèmes existants, ils reviendraient les hanter dans l’avenir. Lutte contre le racisme et l’intolérance Le 2 novembre, la Commissaire a participé à une audition de la commission spéciale du Sénat italien sur la lutte contre l’intolérance, le racisme, l’antisémitisme et l’incitation à la haine et à la violence. Dans son discours d’introduction, elle a partagé plusieurs observations fondées sur ses activités de suivi relatives à la lutte contre le racisme et la discrimination dans les États membres du Conseil de l’Europe. Elle a notamment insisté sur la nécessité de transposer les normes internationales dans la législation nationale, et d’appliquer intégralement cette législation, tout en donnant des exemples de lacunes notables qui portaient préjudice à différents groupes. Elle a aussi insisté sur l’importance qu’il y avait à disposer d’organismes indépendants de promotion de l’égalité dotés d’un mandat solide pour lutter contre ces phénomènes et à coopérer étroitement avec les organisations de la société civile. Justice transitionnelle Le 18 novembre, la Commissaire a commémoré les victimes du siège de Vukovar en Croatie, soulignant que nombre d’entre elles attendaient toujours que la vérité soit établie et que justice soit faite. Elle a renouvelé son appel aux dirigeants de la région à ouvrir les archives policières et 11
CommDH(2022)5 militaires qui pouvaient contenir des informations sur les personnes disparues et à renforcer la coopération dans ce domaine. Le même jour, la Commissaire a publié une tribune dans la presse de onze États membres, dans laquelle elle a appelé à désamorcer les tensions en Bosnie-Herzégovine. À cette fin, elle a recommandé d’agir dans quatre domaines : débarrasser la Constitution et la loi électorale du pays de leurs dispositions discriminatoires et les rendre véritablement inclusives ; faire cesser le discours de haine, la négation du génocide et la glorification des criminels de guerre ; améliorer la qualité de vie et réduire les inégalités ; inciter les médias à informer dans le respect des règles déontologiques. Entre le 25 novembre et le 3 décembre, la Commissaire a tenu une série de réunions avec des représentants d’ONG et des universitaires des pays de l’ex-Yougoslavie travaillant dans le domaine de la justice transitionnelle. Elle a recueilli des informations sur plusieurs sujets, tels que la lutte contre l’impunité et les procès nationaux pour crimes de guerre, l’octroi d’une réparation aux victimes de graves violations des droits humains, les personnes disparues, les initiatives de vérité et de réconciliation, l’enseignement de l’histoire et l’éducation séparée et enfin, le génocide et la négation des crimes de guerre. La Commissaire a organisé ces consultations en vue des activités qu’elle envisage de mener en 2022 sur la justice transitionnelle et les droits humains dans l’ex- Yougoslavie. Droits humains et environnement Le 21 octobre, la Commissaire a rendu public son discours de soutien à la décision de la Réunion des Parties à la Convention d’Aarhus d’instaurer le mandat de Rapporteur spécial indépendant sur les défenseurs de l’environnement en vertu de la Convention d’Aarhus. La Commissaire a appelé l’ensemble des Parties à la Convention d’Aarhus à rendre le nouveau mécanisme pleinement opérationnel le plus tôt possible par l’octroi de financements adéquats, leur pleine coopération et leur engagement politique. Le 28 octobre, la Commissaire a prononcé un discours d’ouverture aux côtés de David Boyd, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’environnement, lors d’un symposium virtuel intitulé « Droits de l’homme et changement climatique », organisé par la Royal Society of Edinburgh et l’Académie nationale allemande des sciences Leopoldina. Dans son discours, intitulé « Changement climatique, droits de l’homme et défenseurs de l’environnement – quel rôle pour le monde universitaire ? », la Commissaire s’est félicitée de la reconnaissance récente par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies du droit humain à un environnement propre et sain, et a pris note de la récente proposition de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe d’ancrer ce droit plus fermement dans les normes des droits humains du Conseil de l’Europe. Elle a également présenté plusieurs de ses idées sur les manières dont le monde universitaire pourrait jouer un rôle dans le domaine de la protection de l’environnement et des droits humains. Le 9 novembre, la Commissaire a pris part à une table ronde consacrée aux menaces visant les défenseurs de l’environnement, organisée dans le cadre du 9e Forum mondial de la démocratie intitulé « La démocratie au secours de l’environnement ? ». Lors de cette discussion, elle a exhorté les États membres du Conseil de l’Europe à assumer résolument leurs responsabilités vis-à-vis des défenseurs des droits de l’homme liés à l’environnement et des journalistes spécialistes de l’environnement en leur offrant un cadre propice et sûr pour travailler et en empêchant leur stigmatisation. En particulier, elle leur a demandé d’adopter une politique de tolérance zéro à l’égard des atteintes aux droits humains des défenseurs des droits de l’homme liés à 12
CommDH(2022)5 l’environnement. Enfin, elle a insisté sur la nécessité d’aider les plus jeunes défenseurs de l’environnement à se faire entendre et à assurer leur participation active aux processus de prise de décision politique. Structures nationales de droits de l’homme Le 23 novembre, la Commissaire a exhorté les membres de la classe politique géorgienne à respecter pleinement l’indépendance de la Défenseure publique. Elle a également appelé les autorités géorgiennes à faire en sorte que la Défenseure publique et son bureau puissent travailler dans un climat qui leur permette de remplir leur mandat de manière indépendante, efficace et sûre, conformément aux Principes de Paris et aux normes pertinentes du Conseil de l'Europe. Elle a par ailleurs salué les efforts déployés par la Défenseure publique et son bureau pour faire appliquer les normes les plus élevées possibles en matière de protection des droits humains de toutes les personnes relevant de la juridiction des autorités géorgiennes. Le 28 décembre, elle a appelé le Parlement géorgien à se garder d’adopter, de manière expéditive et sans avoir véritablement consulté les parties prenantes concernées, le projet de loi visant à supprimer le service d’inspection de l’État, une institution indépendante chargée de protéger les données à caractère personnel et d’enquêter sur certaines infractions commises par des membres des forces de l’ordre. Elle a souligné que s’il était adopté, le projet de loi ne ferait que fragiliser le fonctionnement indépendant des mécanismes nationaux de protection des droits humains en Géorgie. Traitement des détenus et réadaptation des victimes de torture Le 26 octobre, la Commissaire a tenu un échange de vues avec le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT). Elle a présenté ses activités récentes aux membres du CPT et a examiné avec eux des questions d’intérêt commun, telles que la détention et les renvois de migrants et de demandeurs d’asile et la situation des personnes LGBTI privées de liberté. La Commissaire a exprimé sa volonté de continuer à coopérer sur ces questions comme sur d’autres à l’avenir. 4. Autres réunions Réunion avec le Sous-Secrétaire d’État au Ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Le 6 octobre, la Commissaire a rencontré Benedetto Della Vedova, sous-secrétaire d’État au ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. La Commissaire et le sous-secrétaire d’État ont saisi cette occasion pour aborder plusieurs questions de droits humains en lien avec la prochaine présidence italienne du Comité des Ministres, y compris l’égalité de genre, les droits humains et l’intelligence artificielle, et les droits sociaux. Ils ont également parlé d’autres questions de droits humains telles que les droits des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants, et des personnes LGBTI. 13
Vous pouvez aussi lire