Défense : le Plan Famille, soutien du moral des troupes
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Défense : le Plan Famille, soutien du moral des troupes Le « Plan Famille 2018-2022 » d’accompagnement du quotidien des militaires, annoncé en 2017, les aide à supporter les sujétions inhérentes à leur statut exigeant une disponibilité en tout temps et tous lieux. Un premier bilan a été présenté à la presse, le 21 octobre 2021 à Paris, par Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, et Jean-Charles Cottez, directeur du projet Plan Famille. Objectifs. Une des priorités de la loi de programmation militaire 2019-2025, le Plan famille comporte 61 mesures, contre 46 prévues à l’origine, explique Hervé Grandjean. Il s’articule autour de six axes : mieux prendre en compte les absences opérationnelles ; faciliter l’intégration des familles dans la communauté de défense du lieu d’affectation ; mieux vivre la mobilité professionnelle ; améliorer les conditions de logement de la famille et favoriser l’accès à la propriété ; faire bénéficier les familles de l’accompagnement social du ministère des Armées ; améliorer les conditions d’hébergement et de vie des célibataires et des « célibataires géographiques ». Ce plan coûte 302 M€ sur la période 2018-2022,
dont 80 M€ en 2022. Priorité au logement. Désormais, 85 % des militaires reçoivent leur préavis de mutation au minimum cinq mois à l’avance, souligne Jean-Charles Cottez, Ceux affectés en Ile-de-France rencontrant des difficultés pour se loger, 37,4 M€ ont été dépensés entre 2018 et 2020 à cet effet. Il s’agit de deux « bâtiments cadres célibataires » (BCC) de 150 lits chacun ouverts, l’un à l’été 2020 sur le plateau de Satory (Versailles) et l’autre début 2021 à la caserne Joffre-Drouot au Camp des Loges (Saint-Germain-en-Laye). Deux autres BCC (300 places) suivront en 2022. Un « wifi », sécurisé et gratuit pour l’accès à internet, a été déjà installé dans 2.400 bâtiments en métropole et le sera à bord des navires à quai à partir de 2022. En outre, 718 logements neufs ont été commandés (400 déjà livrés), en majorité en Ile-de-France (283) et dans la région du port de Toulon (223). En 2020, 44 M€, dont 29 M€ en métropole, ont été investis dans l’entretien du parc domanial. De plus, le ministère des Armées a acquis 20 logements neufs à Mayotte. Pour les forces françaises pré-positionnées à l’étranger, 16 logements sont prévus à Djibouti en 2022 et, après 2024, 6 au Gabon et 12 au Sénégal. Le Plan Famille prévoit 40 M€ pour le logement en 2022. Soutien aux parents. Pour pallier l’absence des parents pour raisons opérationnelles de l’un ou professionnelles de l’autre, le Plan Famille organise des accueils collectifs et des gardes d’enfants à domicile ou chez une assistante maternelle ou en « maisons d’assistants maternels » qui ont accueilli 5.200 enfants en 2020. En matière de crèches, le nombre de berceaux a augmenté de 20 % depuis 2017 et environ 8 M€ y ont été consacrés entre 2018 et 2020. Les conjoints se voient proposer des « boîtes multi-activités pour enfants de deux à huit ans. Plus de 66.000 de ces boîtes ont été distribuées. Les conjoints, qui perdent leur emploi lors de la mobilité de militaires, bénéficient de l’assistance de « Défense mobilité ». Cet organisme, qui en a reclassé 6.800 depuis octobre 2017, propose bilans de compétences, formations d’adaptation à l’emploi, cycles d’enseignement, validation des acquis de l’expérience et aide à la création d’entreprise. Le ministère met en place des plateformes numériques pour demander des prestations sociales ou une information personnalisée pour les blessés et ouvre des espaces multiservices (206 à la fin de 2022). Loïc Salmon Défense : le « plan famille » de fidélisation des militaires
Service de santé : « Maison des blessés et des familles » à Percy Défense : relance de la politique immobilière des armées Armée de Terre : prête dans un contexte stratégique incertain Anticiper l’évolution technologique et conserver au soldat son esprit guerrier en développant ses forces morales constituent les fondamentaux de l’armée de Terre. Celle-ci est amenée à intervenir dans tout type de conflit. Son chef d’état-major, le général d’armée Pierre Schill, l’a expliqué le 7 octobre 2021 lors de sa présentation annuelle au camp de Satory. Interopérabilités. L’édition 2021 a mis en valeur quatre particularités : l’intégration des robots, dont le projet Vulcain imagine l’emploi de systèmes automatisés en 2040 ; l’importance croissante des drones, qui modifient la manière de combattre et dont le parc atteindra 3.000 unités en 2023 ; la
dimension interarmées avec les participations de l’armée de l’Air et de l’espace et des partenaires allemands et belges ; l’accompagnement des blessés avec un stand de la Cabat (Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre). En 2020, l’armée de Terre a déploré 16 morts et 33 blessés sur des théâtres d’opération. La perspective d’un engagement majeur ne peut s’envisager que dans le cadre d’une alliance ou d’une coalition. Afin d’y tenir le rôle de nation-cadre, la France développe une interopérabilité opérationnelle et capacitaire avec ses Alliés. Ainsi au Sahel, elle joue un rôle moteur au sein de la force « Takuba » composée de forces spéciales de plusieurs pays européens. En outre, un sous-groupement tactique interarmes français participe à l’opération « Lynx » de l’OTAN en Estonie. Contexte stratégique. Les dépenses militaires mondiales ont totalisé 2.000 Mds$ en 2020, soit le montant le plus élevé depuis la fin de la guerre froide (1991), indique le général Schill. En octobre 2020, l’affrontement entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’apparente à un conflit de haute intensité, comparable à celui dans le Donbass entre l’Ukraine et la Russie en 2014. En mai 2021, les hostilités entre l’armée israélienne et les groupes armés de Gaza révèlent la puissance militaire du Hamas, organisation palestinienne non étatique. En août 2021, la dissolution de l’armée afghane et la chute du gouvernement de Kaboul face aux talibans modifient l’équilibre régional et mettent en doute les assurances des alliances de la France. Le déploiement possible de groupes paramilitaires en Afrique (dont la société militaire privée russe Wagner) illustre les modalités de la compétition entre Etats, maintenue au-dessous de l’affrontement. Par l’instrumentalisation des conflits périphériques, certains Etats (dont la Russie et la Chine) cherchent à créer des situations de faits acquis ou des contournements par des procédés d’influence et des offensives effectives, y compris cyber. Les armées, souligne le général Schill, doivent se préparer aux conflits qui se dérouleront dans les zones « grises », face à des stratégies d’opérateurs de plus en plus hybrides. Moyens. Suite à la revue stratégique de 2017 puis actualisée début 2021, l’armée de Terre remonte en puissance. Elle dispose actuellement de 6.578 blindés, dont 222 chars de combat, 137 véhicules à chenilles et 6.219 blindés à roues. Son artillerie compte 119 canons de 155 mm, 132 mortiers de 120 mm et 13 lance- roquettes unitaires. Ses 283 hélicoptères se répartissent en 86 Gazelle, 67 Tigre, 32 Puma SA 330, 24 Cougar, 8 Caracal, 48 Caïman HH90 et 18 Fennec AS555.
Ses 893 drones se répartissent en 30 systèmes SMDR, 579 nano-drones, 278 micro-drones et 6 Drogen (mini-drones pour le génie). L’arsenal est complété par 1.260 systèmes d’armes anti-char, 196 systèmes d’armes sol-air et 23.075 équipements du combattant Félin. Loïc Salmon Armée de Terre : de la gestion de crise à la guerre future Armée de Terre : l’imprévisibilité, facteur de succès sur l’adversaire Armée de Terre : le chef tactique dans un combat futur de haute intensité Défense : budget 2022, une hausse annuelle de 4,3 %
Le projet de loi de finances (PLF) des Armées, qui sera présenté au Parlement, se monte à 40,9 Mds€ pour 2022, soit 1,7 Md€ de plus en un an. Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, l’a présenté à la presse le 22 septembre 2021 à Paris. La hausse cumulée sur cinq ans depuis 2018 se monte à 27 % pour atteindre 9 Mds$. Le LPF de 40,9 Mds€ se répartit en : 23,7 Mds€ pour l’équipement ; 12,6 Mds€ pour les salaires de 273.000 personnels, dont 208.000 militaires (35.500 femmes) et 65.000 civils (25.000 femmes) ; 4,6 Mds€ pour le fonctionnement. La ressource supplémentaire de 1,7 Md€ se répartit en : 800 M€ pour les programmes d’armement et l’entretien des matériels ; 600 M€, autres dépenses d’équipement ; 300 M€, masse salariale. Les montées en puissance. En vue de garantir l’autonomie stratégique, le PLF 2022 privilégie l’espace avec 646 M€. Le domaine du cyberspace reçoit 231 M€ en 2022 avec l’embauche de 1.900 cybercombattants pour la période 2019-2025. L’enveloppe du renseignement se monte à 399 M€. Celle de la lutte anti-drones, soit 23 M€, permet la livraison des premières bulles de protection permanente,
l’expérimentation d’une arme laser sur les navires de la Marine nationale et l’achat de fusils brouilleurs supplémentaires. Enfin, 2,9 M€ sont réservés aux grands fonds marins pour la protection des ressources naturelles et des câbles sous-marins, la récupération des objets sensibles et le lancement en 2022 de la réalisation de capacités exploratoires. Les armées vont recruter l’an prochain 22.000 militaires (90 % de moins de 25 ans) et 4.200 agents civils. Environ 450 postes sont créés pour le renseignement, la cyberdéfense, les unités opérationnelles et le soutien aux exportations. Les principales livraisons. Voici les livraisons prévues pour l’armée de l’Air et de l’Espace dans le domaine spatial : 1 système de renseignement électromagnétique Céres ; 1 satellite d’observation Musis-CSO ; 1 satellite de communication Syracuse IV. Celles dans le domaine aéronautique comptent : 2 avions de transport A 400 M Atlas ; 3 avions ravitailleurs multi-rôles Phénix ; 1 avion de transport stratégique A 330 ; 13 avions de chasse Mirage 2000D rénovés ; 4 radars SCCOA pour le contrôle aérien et la préparation et la conduite des opérations aériennes. Voici les livraisons prévues pour l’armée de Terre : 14 drones tactiques ; 12.000 fusils d’assaut HK 416 F ; 10 stations terrestres connectées à Syracuse IV ; 200 missiles de moyenne portée ; 26 postes de missile de moyenne portée ; 8 hélicoptères Caïman Terre ; 245 véhicules blindés (Jaguar, Griffon et Serval) ; 1.200 véhicules légers tactiques polyvalents non protégés ; 120 véhicules blindés légers régénérés ; 2.075 équipements radio. Voici les livraisons prévues pour la Marine nationale : 4 avions de patrouille maritime Atlantique 2 rénovés ; 15 stations navales connectées à Syracuse IV ; 1 module SLAMF de lutte contre les mines ; 1 sous-marin nucléaire d’attaque type Suffren ; 1 frégate multifonctions (6.000 t) à capacité de défense aérienne renforcée ; 1 bâtiment avitailleur de forces ; 1 frégate légère furtive type La- Fayette (3.200 t) rénovée. Le cadre européen. Le fonds européen de défense prévoit 1,2 Md€ de commandes dès 2022 et 8 Mds€ sur 2021-2027 pour soutenir la compétitivité de l’industrie de défense de l’Union européenne. Les premiers contrats de recherche et développement portent sur l’énergie et la transition environnementale des combats terrestre et aérien et de la défense anti-missile. Loïc Salmon Défense : le cyber, de la conflictualité à la guerre froide
Défense : les infrastructures, de la construction à l’expertise Marine nationale : le « MICA Center », compétence mondiale Défense : les infrastructures, de la construction à l’expertise Le Service d’infrastructure de la défense (SID) intervient, partout et en tout temps, pour assurer la résilience du ministère des Armées, des hébergements aux grands programmes d’armement et sites nucléaires. Son directeur central, le général de corps d’armée Bernard Fontan, l’a présenté à la presse, au cours d’une visioconférence à Paris le 27 mai 2021. Eventail complet de capacités. Placé sous l’autorité du Secrétariat général pour l’administration, le SID construit et adapte les infrastructures des forces
armées, directions et services, en métropole, outre-mer et opérations extérieures (Opex). Outre la maintenance lourde des infrastructures communes, il réalise celles destinées à l’entraînement des forces et à la collecte de données. En Opex, il met en œuvre centrales électriques, installations pyrotechniques, centres médico-chirurgicaux et unités de traitement de l’eau (captage, filtrage, distribution, retraitement des eaux usées et leur rejet dans la nature). Ses 6.600 personnels (67 % civils et 33 % militaires) traitent 4.100 immeubles et 2,7 Mdsm2 de terrain, 30,5 Mm2 de surface bâtie et 230 M€ d’achat d’énergie. Leurs domaines de compétences incluent les ports, installations nucléaires, centres de traitement des déchets, monuments historiques et forêts. Programmes majeurs. Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025, le SID réalise notamment les infrastructures d’accueil et de soutien des sous-marins d‘attaque Barracuda à Toulon et les travaux à l’Ile Longue (Brest), base de la Force océanique stratégique. Pour l’armée de l’Air et de l’Espace, il adapte les infrastructures des bases de Mont-de-Marsan et d’Orange pour le soutien des avions de chasse Rafale. Il reconfigure la base d’Istres pour l’accueil des Airbus A330 MRTT de la 31ème Escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique dédiée à la dissuasion nucléaire. Pour l’armée de Terre, le SID réalise les infrastructures relatives au programme de combat collaboratif Scorpion (écoles, centres de maintenance et régiments). Organisation. Créé en 2011, le SID a réalisé un maillage fin du territoire, indique le général Fontan. Son réseau s’articule autour d’une direction centrale, d’un centre d’expertise et d’un centre national de production à Versailles et de sept établissements répartis en métropole. Ces derniers comprennent 49 unités de soutien au plus près des bases de défense, qui disposent d’antennes pour soutenir les régiments, bases aériennes et navales ainsi que les centres de la Direction générale de l’armement. A ces quelque 200 sites s’ajoutent les unités implantées hors du territoire métropolitain, à savoir à Cayenne (Guyane), Fort-de- France (Martinique), Nouméa (Nouvelle-Calédonie), Papeete (Polynésie française), Saint-Denis (La Réunion), Abou Dhabi (Emirats arabes unis), Abidjan (Côte d’Ivoire), Dakar (Sénégal), Libreville (Gabon) et Djibouti. Le SID suit les consommations d’énergie et optimise les contrats d’achat d’électricité et de gaz. Il assure la transition énergétique globale en identifiant les sites les plus gourmands, afin de diminuer leur consommation, respecter les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de recourir aux énergies
alternatives. Cela implique le remplacement des chaudières à gaz, l’arrêt du charbon en 2024 et l’installation de panneaux photovoltaïques. Depuis 2017, le SID recrute plus de 400 personnes par an. Son budget est passé de 1,5 Md€ en 2015 à 2,1 Mds€ en 2020. Loïc Salmon Défense : relance de la politique immobilière des armées La sûreté nucléaire des installations de défense Défense : la stratégie énergétique, un atout opérationnel pour la résilience Marine nationale : le PA-Ng, programmer sa construction et la formation de l’équipage Le porte-avions nucléaire de nouvelle génération (PA-Ng), en service de 2038 à
2080, devra opérer dans un contexte stratégique considérablement « durci ». Son programme a été présenté à la presse, le 8 avril 2021 à Paris, par ses deux principaux responsables, à savoir un capitaine de frégate sur le plan opérationnel et un ingénieur en chef de de l’armement pour la partie technique. La propulsion nucléaire, annoncée par le président de la République en décembre 2020, garantit l’autonomie stratégique et la pérennité de la filière nucléaire embarquée. Le porte-avions caractérise les puissances maritimes de premier rang. Déjà, la Marine chinoise, qui disposera bientôt de trois porte-avions, dépasse en tonnage celle des Etats-Unis, qui se dote d’un nouveau porte-avions tous les sept ans. Besoins militaires. La perte de la suprématie occidentale implique de remettre le combat aéromaritime au centre des capacités du groupe aéronaval, afin d’acquérir la liberté d’action nécessaire aux opérations d’entrée en premier, souligne le capitaine de frégate. Outre une partie de la composante aérienne de la dissuasion nucléaire, le PA-Ng garantira une mobilité stratégique de 1.000 km/jour et une agilité tactique avec 60 sorties aériennes/jour dans toutes les conditions. Ses missions incluent la projection de puissance, l’appui aux opérations à terre ou en mer, le recueil et l’analyse de renseignements ainsi que le commandement d’une composante maritime d’une opération de l’OTAN ou d’une coalition ad-hoc. Déjà, à la demande des Etats-Unis, en décembre 2015 et depuis le 31 mars 2021 pendant son transit dans la région du golfe Arabo- Persique, le porte-avions Charles-de-Gaulle a pris le commandement de la force opérationnelle 50 au sein de la coalition internationale « Inherent Resolve » de lutte contre Daech. Le PA-Ng, au tonnage double de celui du Charles-de-Gaulle, embarquera le même effectif, soit 2.000 marins (600 pour le groupe aérien). La constitution de cet équipage de haut niveau demande du temps pour la formation et l’acquisition d’expérience (15 ans en moyenne). Le recrutement de 300 experts a commencé à Indret et se poursuivra à Saint-Nazaire et Toulon d’ici à 2034. Les futurs commandants (capitaines de vaisseau) auront auparavant exercé cette fonction deux fois à la mer. Caractéristiques techniques. Le PA-Ng aura un tonnage 75.000 t, une vitesse de 27 nœuds (50 km/h), une longueur de 300 m et une largeur de 80 m au niveau du pont d’envol. Ses dimensions seront cohérentes avec les infrastructures du port base ou d’entretien. Selon l’ingénieur en chef, la longueur de son pont
d’envol détermine ses principales performances. Son aviation, qui comptera 30 chasseurs de nouvelle génération, 3 avions de guet aérien et de commandement et 5 à 6 hélicoptères, mettra en œuvre le SCAF (système de combat aérien du futur). Comme ses homologues américains, le PA-Ng sera équipé de brins d’arrêt de nouvelle génération et de 2 catapultes électromagnétiques avec la possibilité d’en ajouter une 3ème. Navire tout électrique, il sera équipé de 2 chaufferies nucléaires K22, plus grosses que les K15 du Charles-de-Gaulle et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Il emportera le futur missile air-sol N4g, porteur de l’arme nucléaire, et assez de munitions pour tenir une semaine en combat de haute intensité. Le développement et la réalisation du PA-Ng coûteront 1 Md€. Les travaux de construction commenceront en 2025 et les essais à la mer en 2036. Loïc Salmon Marine nationale : la TF 50 américaine sous commandement français Marine nationale : l’aéronavale, tournée vers les opérations Marines : le porte-avions, outil militaire et diplomatique pour agir loin Défense : l’IA dans le champ de bataille, confiance et contrôle
Sur le plan militaire, l’intelligence artificielle (IA) devra traiter des données caractérisées par leurs volume, variété et véracité. Outre son efficacité technique, elle doit inspirer confiance à son utilisateur, qui prend la décision. Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé en visioconférence, le 3 décembre 2020 à Paris, par le Centre de recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC). Y sont notamment intervenus : le colonel Christophe Augustin, officier de cohérence opérationnelle à l’Etat-major des armées ; Jean-Michel Tran, directeur technique chez Naval Group ; Aurélien Strippoli, directeur de l’innovation chez Airbus Defence & Space ; l’ingénieur général de l’armement Jérôme Lemaire chargé de mission IA à la Direction générale de l’armement. Julien Nocetti, enseignant-chercheur au CREC. Contraintes spécifiques. Depuis la fin de la guerre froide (1991), le contexte stratégique est devenu plus complexe, imprévisible et dynamique, rappelle le colonel Augustin. La confrontation possible avec des Etats puissances et des acteurs non étatiques apparaît avec la fin de la supériorité technologique occidentale et la facilité d’accès aux technologies de rupture. L’interopérabilité interalliée s’impose, car aucun pays n’aura la capacité de répondre seul à un conflit de grande ampleur. Ce conflit pourrait débuter par des opérations hybrides dans les domaines terrestre, aérien, maritime, cyber, informationnel et
spatial. L’IA permettra de détecter les signaux faibles avant-coureurs d’une crise. Les forces déployées sur un théâtre d’opérations devront anticiper les phases de silence radio et les pertes du lien satellitaire, de la supériorité électronique ou de la supériorité aérienne. Le ministère des Armés va disposer des trois « clouds » informatiques d’ici une quinzaine d’années. Le premier, dit « cloud central » ou modèle d’accès à un pool partagé de ressources informatiques à la demande, nécessitera la disponibilité de réseaux interopérables mondiaux à haute capacité, dont la téléphonie mobile 5 G. Le déploiement de forces sur un théâtre d’opération extérieur nécessitera la constitution d’une zone d’autonomie par un « cloud d’entrée de théâtre » et un « cloud de combat », modèles d’accès aux services de métiers spécifiques (plates-formes d’armes, fonctions commandement et contrôle adaptatives etc.). Ils nécessiteront la disponibilité de réseaux de missions fédérées et sécurisées. Les armées ont besoin de capacités de pointe et souveraines. Les outils de demain devront surtout être simples à déployer, à utiliser et à administrer. Usages navals. Une force navale regroupe des systèmes de systèmes, explique Jean-Michel Tran. Le maintien de la supériorité navale résulte de la réussite de la transformation numérique du combat naval, Système très complexe qui doit durer plusieurs mois dans un environnement marin difficile et sur un théâtre d’opération hostile, un navire doit rester en alerte permanente et capable de répondre instantanément à une menace venant de n’importe où. Par exemple, la réaction à une attaque de type missile hypervéloce est de l’ordre de quelques secondes. Outre une vision élargie des enjeux du théâtre d’opération et une connaissance précise de l’état opérationnel du navire, l’équipage doit disposer d’une aide à la décision synthétique, pour limiter les erreurs dues au stress ou à la fatigue. L’IA permet déjà la détection des pannes/alertes pour la propulsion des frégates multi-missions, grâce à une maintenance prédictive. Elle développera l’autonomie de décision des drones marins, afin d’augmenter leurs performances en précision, vitesse et sécurité. Un algorithme à multicritères calculera les plans d’engagement par la veille coopérative, l’évaluation de la menace, la coordination des engagements, la mise en œuvre des armes et l’évaluation de l’interception. Ainsi pour la protection du groupe aéronaval, une frégate d’escorte détectera la menace d’un missile supersonique, le poursuivra et le désignera comme objectif à une autre frégate d’escorte, qui le neutralisera. L’IA aura proposé à l’officier de lutte anti-aérienne la meilleure solution en temps réel. Elle aura choisi les armes, optimisé l’efficacité, géré les stocks de munitions, évité le sur-engagement et
minimisé la gêne pour la force navale. Domaine aérien. Selon Aurélien Strippoli, plusieurs SCAF (systèmes de combat aérien du futur), composés chacun d’un nouvel avion de chasse et de drones qui étendront leurs capacités, formeront ensemble le système d’armes de nouvelle génération. Ce dernier, qui participera notamment à la guerre électronique et au recueil de renseignement, sera entièrement interopérable avec les forces aériennes alliées. L’IA sera utilisée dans le SCAF notamment pour : la reconnaissance d’images et vidéos (moyens optique, infrarouge et radar) traitées à bord ; le traitement et la génération de langage naturel pour l’interface homme- machine ; la reconnaissance de formes et la fusion de données pour la maintenance prédictive, le dépannage, la connaissance de la situation, la cybersécurité et l’hypervision ; l’autonomie pour la coordination d’essaims de drones et les systèmes collaboratifs ; l’aide à la décision pour la gestion de la flotte et la planification de mission. Sur le plan tactique, le « cloud de combat multi-domaines » permettra la mise en réseau des forces aériennes, terrestres, maritimes, cyber et spatiales. Il permettra d’exécuter, mieux et plus rapidement que l’adversaire, la boucle OODA : Observation, par la gestion et la fusion des capteurs de renseignements d’origines image, électromagnétique et humaine ; Orientation, pour la planification des missions ; Décision, pour le commandement et le contrôle ; Action, par le combat collaboratif. Ecosystème. Les principaux algorithmes sont réalisés par les grands laboratoires et non par les startups, souligne l’ingénieur général Lemaire. Les grands groupes reviennent à la recherche fondamentale. Outre l’intégration de l’IA dans les systèmes futurs, il faut d’abord en mettre dans les systèmes existants pour augmenter leur performance à moindre coût. La souveraineté numérique varie selon les pays de l’Union européenne ou de l’OTAN. Une feuille de route nationale s’impose car les avis des Alliés évoluent. Loïc Salmon Allant de pair avec la mondialisation, la révolution numérique offre une façon de penser autrement le fonctionnement des Etats, des entreprises et des sociétés, estime Julien Nocetti. La maîtrise des technologies de l’IA constitue un facteur de puissance en politique internationale. L’IA repose sur la collecte de masses considérables de données, collectées par les géants américains du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et chinois (Baidu, Alibaba,
Tencent et Xiomi). L’écosystème de l’innovation devient très compétitif. Sur les 4.500 entreprises traitant de l’IA, la moitié se trouve aux Etats-Unis et le tiers en Chine. Depuis 2013, Chine, Russie et Inde relocalisent des données sur le plan national. La Chine va investir 150 Mds$ dans l’IA jusqu’en 2030. Dans 10-15 ans une rivalité entre la Chine et la Russie dans ce domaine pourrait s’ajouter à celle en cours entre les Etats-Unis et la Chine. (voir sur la photo la déclaration du président russe Vladimir Poutine). Défense : l’IA, facteur décisif de supériorité opérationnelle Défense : l’emploi de l’IA sur le champ de bataille de demain Chine : l’intelligence artificielle, priorité de sécurité nationale Armée de Terre : de la gestion de crise à la guerre future
Les forces aéroterrestres se préparent à la guerre, asymétrique ou de haute intensité, par le maintien de leurs capacités et une technicité accrue. Le général de division (2S) Charles Beaudoin, délégué général du Commissariat général des expositions et des salons d’armements aéroterrestres, l’a expliqué au cours d’une visioconférence-débat organisée, le 10 décembre 2020 à Paris, par l’Association de l’armement terrestre et l’Association 3ED-IHEDN (ex-AACHEAr).
Caractéristiques. Expérimentée, l’armée de Terre (AT) française s’est adaptée depuis 1990 aux différents conflits en urgence opérationnelle. Outil de puissance à forte valeur ajoutée avec un savoir-faire spécifique, ses forces spéciales sont déployées en petits effectifs pour une action rapide et complexe. Disposant de nouveaux équipements cinq ans avant les autres unités, elles ne coûtent pas cher par rapport aux effets obtenus par leurs missions. Les capacités de l’AT incluent les équipements, le soutien (approvisionnements, munitions et pièces de rechange), la doctrine (règles et modes d’emploi) et l’entraînement des forces. Destinés à fonctionner par des températures de – 30 °C à + 60 °C, les matériels doivent allier protection des personnels (blindage) et puissance de feu. Ainsi, dans tous les types de conflit, le véhicule blindé du combat d’infanterie (28-32 t) passe là où les autres blindés (10-15 t de plus), notamment allemands et américains, ne peuvent aller. Les opérations sont conduites en interarmées, voire en interalliés. Toutefois, l’artillerie permet d’exercer une riposte immédiate, par exemple sur un PC adverse protégé par des défenses sol-air ou quand un avion n’est pas disponible sur place au bon moment. L’AT dépend de l’espace pour : la navigation, grâce aux systèmes de positionnement par satellites (GPS américain et Galileo européen) et, en cas de brouillage, la centrale inertielle (divers instruments embarqués) permet de s’en affranchir ; les communications sur longue distance ou sur le théâtre d’opération ; la cartographie numérisée à bord des engins blindés. L’AT doit gérer ses équipements existants, faute de moyens financiers pour se moderniser d’un seul coup. Conflictualité évolutive. Le budget de l’AT correspond à 22 % du budget total des trois armées et à 20 % de celui du soutien, rappelle le général Beaudoin. Ses matériels, d’une durée de vie de 40-50 ans, sont à 80 % âgés de 30 ans. Il faut 15 ans pour en concevoir un, qui devra être modernisé au bout de 10 ans pour éviter le déclassement. La guerre froide (1947-1991) a mobilisé effectifs et stocks importants, qui ont diminué lors des « dividendes de la paix ». L’AMX 30 a été remplacé par le char Leclerc, dont le coût de soutien a explosé en raison de l’électronique embarquée. Depuis, l’AT s’est adaptée au changement de la conflictualité…avec les mêmes matériels. Les opérations sont passées de l’interposition, sans perte, entre deux factions en Côte d’Ivoire (2007), à une longue présence, avec pertes, en Afghanistan sur un espace restreint (2001-2014) et dans la bande sahélo-saharienne aux grandes élongations (depuis 2013). Le drone armé est apparu lors des combats en Afghanistan, en Irak (2003) et dans le Haut-Karabagh (2020). L’AT a été formatée pour la gestion de crise et non pour la
guerre, souligne le général Beaudoin. Entre 1990 et 2017, la diminution des budgets militaires a conduit à une réduction des capacités, mais sans abandons. La guerre symétrique apparaît peu probable jusqu’aux événements en Ukraine (2014) ou dans le Haut-Karabagh (2020) significatifs de la résurgence d’Etats puissances comme la Russie et la Turquie. La prochaine guerre se déroulera en zone urbaine, face à des adversaires disposant de drones armés ou kamikazes, avec le souci de limiter au maximum les pertes en vies humaines. Par ailleurs, les industriels de l’armement changent leurs procédés, élaborent des outils numériques et ne reconstruisent plus les systèmes obsolètes. Système de forces, Scorpion, conçu en 2005, atteindra sa pleine puissance en 2025 pour durer 40 ans. Des équipements à bas coût, rustiques mais peu performants, ne remplaceront jamais la haute technologie pour conserver la supériorité opérationnelle. La simulation au combat de haute intensité, du soldat en régiment au général dans un PC de division, effective en caserne, se fera bientôt sur le terrain. Elle prépare le personnel à partir en opération de quatre mois au moyen d’une zone numérisée (ville, montagne, fleuve, route etc.) pour imaginer un mode d’action face à l’adversaire. Perspectives à moyen et long termes. D’ici à 2050, les deux tiers de la population mondiale résideront dans les grandes métropoles. Dans l’environnement complexe des Etats faillis, le combat terrestre se déroulera de plus en plus en zone urbaine, où l’adversaire se réfugiera en comptant sur l’attitude ambigüe des habitants, et de préférence la nuit quand sa présence est estimée et peu certaine. Il a fallu 90.000 hommes et des bombardements aériens pour prendre Mossoul (Irak, 2014), défendue par 1.000 combattants de Daech. Bientôt, il sera possible de détecter le départ d’un missile ou le tir d’un fusil. Le combat connecté, dès 2030, passera au traitement de données par l’intelligence artificielle pour déceler les signaux faibles de l’ennemi. Grâce à un « cloud », celle-ci gérera les flux de données à très haut débit, destinées au soldat qui les recevra sur son écran pour pouvoir réagir très vite. Toutefois, l’homme restera dans la boucle, comme pour le pilotage des drones armés. Des petits drones pourront lancer des grenades avec précision pour éviter les dommages collatéraux. Les prochains investissements porteront sur de nouveaux drones, la lutte anti-drones par brouillage, mitraillage de saturation ou laser actif qui suit une cible mouvante pour la neutraliser. L’adversaire pourrait cumuler les effets d’essaims de drones et…de drones anti-drones ! Les matériels de plus de 20 t du programme Scorpion seront renouvelés avec la prise en compte de la défense
contre les engins explosifs improvisés, suite au retour d’expérience de l’opération « Pamir » en Afghanistan. La défense sol-air sera modernisée en 2035. L’adversaire pouvant détecter l’arrivée d’un avion, la portée de l’artillerie sera doublée à 80 Km avec une précision métrique, grâce à des munitions à propulsion additionnelle vers 2040. A cette date, l’hélicoptère d’attaque Tigre sera remplacé. Toutefois, avertit le général Beaudoin, des choix s’imposeront pour tenir les engagements et alléger les contrôles pour diminuer les coûts et raccourcir les délais de construction et de livraison. Coopérations européennes. Prévu pour 2028, l’Eurodrone devrait être aussi performant que le Reaper américain pour le même prix. Le MGCS (système de combat terrestre principal) franco-allemand doit remplacer les chars Leopard 2 et Leclerc en 2035. Le partenariat franco-belge CaMo (2019) a permis la production en série des blindés légers Griffon et Jaguar, composants du système de combat Scorpion. Enfin, le traité de Lancaster House (2010) prévoit l’interopérabilité des AT française et britannique par des exercices conjoints réguliers. Loïc Salmon Armée de Terre : entraînement et juste équilibre technologique Armée de Terre : « Scorpion », le combat collaboratif infovalorisé Armement : l’influence des SALA sur la conflictualité future Défense : relance de la politique immobilière des armées
Adaptation des infrastructures aux grands programmes d’armement, amélioration de l’habitat militaire et transition écologique constituent les piliers de la nouvelle politique immobilières des armées. Un document, rendu public à Paris le 21 janvier 2021, récapitule les avancées réalisées dans le cadre de la loi de programmation miliaire 2019-2025. Grandes infrastructures. Les armées bénéficient progressivement des investissements nécessaires à l’accueil et au soutien des grands équipements militaires de nouvelle génération. L’armée de Terre va recevoir des véhicules blindés multi-rôles Griffon et engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar. Ainsi, 17 M€ ont été consacrés à l’adaptation de la zone technique du 13ème Bataillon de chasseurs alpins à Saint-Alban/Barby, inaugurée en mars 2021. En outre, 4,5 M€ sont destinés à la construction du bâtiment d’accueil des simulateurs Griffon et Jaguar du 1er Régiment de chasseurs d’Afrique de Canjuers (juin 2021). La Marine nationale doit pouvoir assurer le soutien des sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda et des frégates multi-missions (FREMM). Ainsi, 18,2 M€ ont été alloués à la construction d’un second ponton pour les FREMM à la base navale de Brest (mars 2021). Par ailleurs, 30,2 M€ ont
financé la construction des bâtiments et aires aéronautiques pour la 3ème Flottille de chasseurs embarqués Rafale de la base de Landivisiau (janvier 2021). L’armée de l’Air et de l’Espace doit prendre en charge les avions de transport militaire polyvalents A400 M et de transport et de ravitaillement en vol Airbus A330 MRTT. Par ailleurs, 67 M€ ont été alloués à la construction, pour une inauguration en novembre 2021, des infrastructures « techniques et horizontales » pour l’unité de transport aérien franco-allemand C-130J sur la base aérienne 105 d’Evreux. Habitat à « hauteur d’homme ». Le plan d’amélioration d’hébergement en enceinte militaire a engagé des travaux à hauteur de 237 M€ en 2021, soit une augmentation de 60 M€ par rapport à 2020 et deux fois plus qu’en 2019. Les livraisons portent sur 2.250 plans d’hébergement : 850 places nouvelles, dont 500 dans les bâtiments pour les cadres célibataires (BCC) ; 1.400 places réhabilitées. Ainsi ont été attribués en 2021 : 11,8 M€ à l’armée de Terre pour la construction de 100 places BCC à l’Ecole nationale des sous-officiers d‘active de Saint- Maixent ; 10,6 M€ à la Marine nationale pour 200 places sur la base de Lorient ; 3,5 M€ à l’armée de l’Air et de l’Espace pour la réhabilitation de logements sur la base de Saint-Dizier. En outre, le projet de loi de finances 2021 prévoit 160 M€ d’autorisations d’engagement en faveur du logement familial pour les personnels. Transition écologique. Dans le cadre de la Stratégie ministérielle pour la performance énergétique, près de 500 M€ ont été mobilisés jusqu’en 2025 pour réduire les consommations énergétiques des infrastructures du ministère des Armées, remettre aux normes les installations classées et dépolluer les sols et les eaux. En 2021, 65,30 M€ d’autorisations d’engagement (AE) et 38,72 M€ de crédits de paiement (CP) ont été affectés à des investissements de transition écologique. Ainsi, 53,46 M€ en AE et 34,24 M€ en CP doivent notamment financer le remplacement de chaufferies au charbon ou au fioul lourd ou les contrats de performance énergétique, comme au camp de Mourmelon. Par ailleurs, un champ solaire a été édifié à Saint-Christol et une chaufferie biomasse construite à Mailly- le-Camp. Loïc Salmon Défense : la stratégie énergétique, un atout opérationnel pour la résilience Défense : budget 2021, commandes et livraisons
Défense : le ministère des Armées à l’ère du numérique Marines : le sous-marin, arme tactique puis outil stratégique Arme du combat naval, le sous-marin a pris une dimension stratégique dans la conduite de la guerre, la dissuasion nucléaire et le déni d’accès à un théâtre. Alexandre Sheldon Duplaix, chercheur au Service historique de la défense et conférencier à l’Ecole de guerre, l’a expliqué au cours d’une visioconférence organisée, le 3 décembre 2020 à Paris, par l’association Les Jeunes IHEDN. Evolution technologique. Le premier submersible, mu par la force humaine, apparaît en1776 aux Etats-Unis pour transporter, sans succès, une charge explosive jusqu’à la coque d’un vaisseau adverse. Au cours du XIXème siècle, l’invention des piles et batteries électriques va déboucher sur un mode de propulsion mixte pour le « torpilleur submersible ». Celui-ci se déplace en surface au moyen d’un moteur à vapeur, qui lui permet aussi de recharger des batteries
alimentant son moteur électrique pour naviguer en plongée. Pendant la première moitié du XXème siècle, le sous-marin augmente sa vitesse, grâce à sa forme hydrodynamique, pour attaquer en plongée des navires de surface avec des torpilles acoustiques. Toutefois, le « schnorchel », tube d’acier alimentant en air son moteur diesel pour recharger les batteries sans faire surface, constitue une vulnérabilité. En 1954, la propulsion nucléaire, développée aux Etats-Unis, lui permet de s’en affranchir, d’augmenter sa vitesse, de renouveler l’oxygène du bord et d’alimenter toutes les installations électriques. Le Nautilus devient le premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA). Dès 1961, l’armement nucléaire puis la technologie MIRV (missiles à plusieurs têtes suivant une trajectoire indépendante) donnent une dimension stratégique aux sous-marins américains lanceurs d’engins (SNLE). Pour combler son retard, l’URSS installe des missiles balistiques sur ses sous-marins à propulsion diesel-électrique puis construit des SNLE. Parallèlement dans les années 1950 et 1960, les Etats-Unis immergent des systèmes d’hydrophones dans les océans Atlantique et Pacifique pour surveiller les déplacements des submersibles soviétiques. Puis, l’augmentation de la portée des missiles n’oblige plus les SNLE américains à s’approcher des côtes soviétiques. L’URSS déploie alors des avions à long rayon d’action pour protéger les zones de patrouille de ses SNLE. Les Etats-Unis envoient des SNA chasser ses SNLE et menacent ses bases au moyen de leur aviation embarquée et de missiles de croisière. Par ailleurs, France, Grande-Bretagne et Chine construisent à leur tour des SNA pour développer une composante stratégique (SNLE). La Grande- Bretagne adopte la technologie et les missiles balistiques Polaris américains. Au début, la France dépend des Etats-Unis pour l’aide technique et l’uranium nécessaire aux réacteurs de ses sous-marins. Puis, elle met au point le concept de dissuasion pour interdire une attaque de l’URSS en visant ses principales métropoles. Dans les années 1980, l’URSS obtient, par espionnage, les codes et les zones de patrouille des sous-marins américains et les plans des hélices des SNA. A la fin de la guerre froide (1991), la Russie commence à déployer des SNA discrets. Arme égalisatrice. L’arme sous-marine est déployée pendant les guerres de Crimée (1853-1856) et de Sécession (1861-1865). En 1917, l’Empire allemand lance la guerre sous-marine à outrance dans l’Atlantique, avant que les Etats-Unis soient prêts à intervenir. Les Marines alliées instaurent alors le blocus des ports allemands et organisent la protection des convois pour le transport rapide des troupes américaines. Entre les deux guerres mondiales, les Etats-Unis mettent au
point le « plan Orange » pour couper les voies de communications du Pacifique au Japon, qui prévoit d’y affaiblir la flotte de croiseurs américains par des attaques de sous-marins avant une bataille navale décisive. L’Allemagne lance la production de sous-marins en 1942, alors que la Grande-Bretagne a déjà cassé le code de la machine Enigma utilisée par la Kriegsmarine. La guerre sous-marine américaine dans le Pacifique coupe les approvisionnements en combustibles du Japon, dont les pilotes ne peuvent obtenir une formation suffisante dès 1943. Dans les années 1980, le sous-marin intervient dans la guerre psychologique. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne l’utilisent dans des opérations spéciales pour inquiéter l’URSS. Ainsi, suite à l’échouement accidentel d’un submersible soviétique sur une côte suédoise en 1981, des incursions sous-marines dans les eaux suédoises sont attribuées à l’URSS et admises par les Etats-Unis en…2000. Pendant la guerre des Malouines (1982), un SNA britannique coule le croiseur argentin Belgrado, contraignant la flotte de surface argentine à rester dans ses ports. Le sous-marin assure des missions de renseignement et d’infiltration- exfiltration de commandos. Il participe aux guerres contre l’Irak en 1991 et 2003, avec le lancement de missiles de croisières américains Tomahawk. Des SNA restent déployés en Adriatique pendant toute la guerre du Kosovo (1998-1999) et au large de la Libye en 2011. Par ailleurs, le sous-marin classique devient une arme du combat littoral. Les Marines américaine, britannique et française, qui n’en possèdent plus, développent des drones sous-marins pour la reconnaissance et la lutte contre les torpilles, afin de conserver leurs SNA au large. Enfin, les petits sous-marins sont déjà utilisés par les narcotrafiquants pour le transport de la drogue et pourraient l’être, bientôt, par les organisations terroristes. Dissuasion géopolitique. Les Etats-Unis préparent des missiles de croisière, contre les missiles de croisière développés par la Chine, non contrainte par les traités de limitation conclus entre Washington et Moscou. Outre la mise en chantier d’un 2ème porte-avions, celle-ci a construit des pistes d’aviation sur 7 îlots et atolls poldérisés en mer de Chine du Sud, pour protéger ses côtes contre le Japon, la Malaisie et l’Australie. Elle compte sur le projet, en cours, des « Routes de la soie » pour apaiser les tensions politiques avec ses voisins, mais veut empêcher toute indépendance formelle de Taïwan, l’intégrer sans combat et empêcher la VIIème Flotte américaine, stationnée dans le Pacifique Ouest et l’océan Indien, d’intervenir. Elle modernise en conséquence ses sous-marins classiques anaérobies, pouvant rester en plongée quelques jours sans sortir leur schnorchel, et développe des SNA qui patrouillent en mer de Chine du Sud. Ses
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