Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...

 
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Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Juillet 2020

                                                                   Demi‑tour pour
                                                                   le secteur de
                                                                   l’automobile ?
                                                                   Il n’y a pas si longtemps, le secteur de l’automobile
                                                                   avait la voie libre vers la voiture de l’avenir.
                                                                   Aujourd’hui, saura‑t‑il se frayer un passage sans
                                                                   embardée à travers les obstacles laissés par la
                                                                   COVID‑19 ?

                                                                   Entrevue avec Joseph Spak, CFA | Page 4

  Article de fond                         Actions mondiales :                    Titres mondiaux à revenu fixe :   Devises
  Les soins de santé                      Une manifestation                      La boucle de l’économie           Dollar américain :
  en excellente posture                   de retenue                                                               La pression s’accroît

Voir les déclarations importantes et obligatoires sur les analystes qui ne sont pas américains à la page 27.
Production le 2 juillet 2020 à 16 h 15 (HE) ; diffusion le 6 juillet 2020 à 8 h (HE).

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y compris la possibilité de perdre le capital investi.
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Perspectives
        mondiales
       Juillet 2020

                                            Table des matières
                                            4       Demi‑tour pour le secteur de l’automobile ?
                                            Il n’y a pas si longtemps, le secteur de l’automobile avait la voie libre vers la voiture de l’avenir.
                                            Aujourd’hui, saura‑t‑il se frayer un passage sans embardée à travers les obstacles laissés par
                                            la COVID‑19 ? Quelle sera la prochaine étape pour le secteur de l’automobile, et quelles seront
                                            les conséquences sur l’avenir des véhicules électriques et autonomes ?

                                            9       Les soins de santé en excellente posture
                                            Le secteur des soins de santé offre une combinaison unique de croissance des bénéfices
                                            prévisionnels supérieure à la moyenne, portée par de puissantes tendances à long terme,
                                            et de valorisations inférieures à la moyenne. Même si le secteur peut être volatil lors d’une
                                            année électorale, les investisseurs devraient selon nous mettre l’accent sur ses perspectives
                                            durables à long terme.

                                            14      Actions mondiales : Une manifestation de retenue
                                            Même si les marchés et l’économie ont parcouru beaucoup de chemin en peu de temps, nous
                                            croyons qu’il est souhaitable de tenir compte des risques liés aux conditions économiques et au
                                            climat des affaires. Nous chercherions donc à investir dans des actions, mais pas outre mesure.

                                            18 	Titres mondiaux à revenu fixe : La boucle de l’économie
                                            La cadence habituelle du cycle économique semble se maintenir, en dépit du profil atypique
                                            des récessions qui ont lieu actuellement aux États‑Unis et ailleurs. Nous tournons le regard vers
                                            la courbe des taux pour tenter d’anticiper la durée de la récession et la vigueur de la reprise.

                                            Les coulisses des marchés
                                            3       Position de RBC en matière de placements

                                            14      Actions mondiales

                                            18      Titres mondiaux à revenu fixe

                                            22      Marchandises

                                            23      Devises

                                            24      Principales prévisions

                                            25      Feuille de pointage du marché

                                            Sauf indication contraire, toutes les valeurs sont en dollars américains et établies au 30 juin 2020, à la clôture
                                            du marché.

2   Perspectives mondiales | Juillet 2020
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Aperçu mondial
des catégories d’actif

                                                   Position de RBC en matière
                                                   de placements
Opinions sur les actifs mondiaux

Catégorie Opinion                                  Actions
d’actif                                            • Même si les grandes économies rebondissent, des obstacles se dressent toujours sur le
             —           =         +                 parcours vers un certain retour à la normale du PIB. La récente apparition de nouveaux
Actions                                              foyers de COVID‑19 aux États‑Unis et le nouveau durcissement des mesures de confinement
                                                     qui en découle soulèvent des questions concernant le temps que prendra le retour de la
                                                     production économique aux niveaux d’avant la pandémie.
Titres
à revenu                                           • RBC Gestion mondiale d’actifs prévoit que le recul du PIB des États‑Unis ne sera pas effacé
fixe                                                 avant la toute fin de l’année 2021. Une telle reprise serait beaucoup plus rapide que celle
                                                     qui a suivi la crise financière mondiale de 2008‑2009. Nous croyons toutefois que même
                                                     ce rythme accéléré est un peu plus lent que ce à quoi s’attendent les marchés boursiers
                                                     mondiaux. La vitesse de la reprise des bénéfices des sociétés semble elle aussi suivre un
              Rendement      Rendement
                  anticipé   anticipé                décalage similaire. Nous préconisons encore une légère sous‑pondération des actions dans
                 inférieur   supérieur               les portefeuilles.
            à la moyenne     à la moyenne

                                                   Titres à revenu fixe
                                                   • Les interventions de la Réserve fédérale américaine (Fed) visant à maintenir de faibles
    Voir la section « Explication des
     opinions » pour plus de détails                 taux d’intérêt à court terme afin de soutenir la croissance économique et les attentes
                                                     d’inflation ont entraîné une légère accentuation de la courbe des taux, caractérisée par une
   Source : RBC Gestion de patrimoine.               augmentation des taux à long terme. Cette évolution représente un changement notable
                                                     par rapport à l’aplatissement et aux inversions de la courbe observés ces dernières années.
                                                     Par conséquent, nous avons adopté un profil de duration neutre, par rapport à une duration
                                                     modérément longue auparavant. Même si des risques subsistent, les valorisations actuelles
                                                     offrent toujours un profil risque‑rendement attrayant dans certains segments des titres à
                                                     revenu fixe, dont celui des titres de créance de sociétés.

                                                   • Nous maintenons notre pondération neutre pour les titres mondiaux à revenu fixe. Étant
                                                     donné que la demande d’actifs sûrs demeure robuste et que les marchés tiennent déjà
                                                     compte d’une courte récession, nous maintenons notre surpondération globale des titres
                                                     de créance de sociétés.

                                                   Explication des opinions
                                                   (+/=/–) représente l’opinion du Comité des Services‑conseils en gestion mondiale
                                                   de portefeuille pour un horizon de placement de 12 mois.

                                                   + Surpondération laisse entendre un potentiel de rendement supérieur à la moyenne
                                                   pour la catégorie d’actif ou la région par rapport aux autres catégories d’actif ou régions.

                                                   = Pondération neutre laisse entendre un potentiel de rendement moyen pour la catégorie
                                                   d’actif ou la région par rapport aux autres catégories d’actif ou régions.

                                                   – Sous‑pondération laisse entendre un potentiel de rendement inférieur à la moyenne
                                                   pour la catégorie d’actif ou la région par rapport aux autres catégories d’actif ou régions.

     3     Perspectives mondiales | Juillet 2020
Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Article
                       de fond

                                                   Demi‑tour pour le secteur
                                                   de l’automobile ?
                                                   Il n’y a pas si longtemps, le secteur de l’automobile avait la voie libre
                                                   vers la voiture de l’avenir. Aujourd’hui, saura‑t‑il se frayer un passage
                                                   sans embardée à travers les obstacles laissés par la COVID‑19 ?
                                                   John Stackhouse, premier vice‑président, Bureau du chef de la direction,
                  Joseph Spak, CFA                 RBC, et Joseph Spak, analyste du secteur américain de l’automobile
      RBC Marchés des Capitaux, SARL
                                                   à RBC Marchés des Capitaux, SARL, explorent la prochaine étape du
                New York, États‑Unis
                                                   secteur de l’automobile et ses conséquences sur l’avenir des véhicules
                                                   électriques et autonomes. Nous espérons que ce commentaire vous
                                                   sera utile. — Jim Allworth

                                                   L’article qui suit est la mise à jour d’une entrevue publiée le 3 juin 2020.

                                                   • Le secteur de l’automobile reprend ses activités en respectant les protocoles relatifs
                   John Stackhouse
            Banque Royale du Canada                  à la COVID‑19.
                    Toronto, Canada                • Les exigences concernant le travail à la maison et l’aversion pour le transport en commun
                                                     et le covoiturage pourraient stimuler la demande de voitures.
                                                   • La conception des véhicules autonomes ralentit, mais la conception et la production
                                                     de véhicules électriques prennent de l’ampleur.

                                                   John Stackhouse : Le secteur nord‑américain de l’automobile a recommencé ses activités
                                                   et les usines rappellent les travailleurs pour relancer la production. En quoi la pandémie
                        Jim Allworth               a‑t‑elle transformé la construction d’automobiles ?
                    Vancouver, Canada
                 jim.allworth@rbc.com              Joseph Spak : Avant toute chose, nous croyons que la plupart des entreprises ont donné
                                                   priorité à la santé et à la sécurité des travailleurs au moment de reprendre leurs activités.
    Joseph Spak est premier directeur              Dans un contexte de reprise graduelle de la production, les constructeurs d’automobiles,
 général et responsable de l’analyse
    du secteur de l’automobile et des              les fournisseurs et autres acteurs de l’industrie ont véritablement coordonné leurs efforts
  pièces automobiles à RBC Marchés                 pour remettre le secteur en marche. Nous avons vu des entreprises instaurer de nouveaux
 des Capitaux. Il figure constamment
        parmi les analystes de premier             protocoles exigeant le port de masques et d’autres équipements de protection individuelle,
          plan du sondage auprès des               des contrôles de la température, un plus grand espacement des lignes et, parfois, des
     investisseurs institutionnels, et il
     s’est classé au deuxième rang en              barrières physiques. Beaucoup d’usines ont commencé à mettre en place des quarts
   2019. M. Spak détient une maîtrise              de travail réduits ou décalés. Nous avons aussi vu bien des chefs de file de l’industrie,
  en administration des affaires de la
     Yale School of Management et un               comme Aptiv, Magna, Ford, General Motors et Lear, publier des manuels et des protocoles
  baccalauréat en administration des               de redémarrage que leurs fournisseurs auront aussi à respecter.
 affaires de l’Université du Michigan.
                                                   Nous ne serions pas étonnés d’apprendre que les entreprises cherchent d’autres formes
       À titre de premier vice‑président,
         Bureau du chef de la direction,           d’automatisation pour certaines parties des véhicules s’y prêtant afin de s’adapter à la
   de RBC, John Stackhouse est chargé              nouvelle réalité de l’aménagement des usines. Je dois ajouter que les entreprises ont pris
d’interpréter les tendances mondiales
     et de renseigner la haute direction           beaucoup de mesures temporaires jusqu’à présent pour faciliter la gestion des marges.
      et le Conseil d’administration sur           Nous croyons toutefois que ces coûts temporaires pourraient devenir permanents et
l’incidence de ces tendances sur RBC,
    ses clients et la société en général.          entraîner une structure de coûts plus concurrentielle pour l’avenir.

       4   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Demi‑tour
  pour le secteur
de l’automobile ?
                                            M. Stackhouse : Comme nous l’avons vu, la crise a révélé quelques faiblesses plutôt
                                            importantes des chaînes d’approvisionnement. À votre avis, que font les fabricants pour
                                            renforcer leurs chaînes d’approvisionnement dans ce nouveau contexte ?

                                            M. Spak : Le secteur de l’automobile est une véritable industrie mondiale. Il s’est avéré très
                                            intéressant d’observer les effets de la pandémie se répercuter en Amérique du Nord durant
                                            sa progression. Au début de l’épidémie de COVID‑19, les constructeurs d’automobiles et les
                                            fournisseurs se sont d’abord inquiétés des perturbations des chaînes d’approvisionnement,
                                            surtout en raison des pièces provenant de la Chine et peut‑être d’autres pays de l’Asie.

                                            Ensuite, des usines ont été fermées en Amérique du Nord et en Europe, alors que la
                                            production de la Chine commençait à s’accélérer du fait de la reprise de l’activité
                                            économique dans ce pays. Durant cette période, quelques perturbations des chaînes
                                            d’approvisionnement ont eu lieu dans le monde entier. Même aujourd’hui, au moment
                                            de la relance de la production en Amérique du Nord, quelques fermetures temporaires
                                            sont annoncées, parfois en raison de cas d’infection confirmés dans des usines. Les autres
                                            fermetures temporaires ont toutefois été causées par des chaînes d’approvisionnement
                                            exploitées dans diverses régions ayant différents protocoles ou se situant dans d’autres
                                            parties de la courbe de la pandémie. À titre d’exemple, le Mexique n’est pas au même stade
                                            que les États‑Unis sur la courbe, mais de nombreuses pièces de véhicule proviennent
                                            du Mexique. Chacune de ces fermetures temporaires se répercute sur la chaîne
                                            d’approvisionnement parce qu’il s’agit d’une industrie très axée sur le « juste‑à‑temps »
                                            et que les fabricants ne peuvent pas construire de voitures en ayant seulement 90 % des
                                            pièces. Tout cela arrête donc les commandes des autres pièces, et ce, même si ces pièces
                                            ne sont pas nécessairement celles qui n’arrivent pas à temps.

                                            Je me demande si ce contexte n’entraînera pas un autre léger glissement du « juste‑à‑temps »
                                            vers le « juste‑au‑cas ». Les entreprises devront aussi réfléchir en profondeur à certaines
                                            considérations liées au fonds de roulement. À notre avis, la pandémie a entraîné quelques
                                            innovations et changements ailleurs dans la chaîne de valeur de l’automobile. Par exemple,
                                            les concessionnaires ont dû recourir davantage aux ventes en ligne et à la livraison sans

                                            Ventes de véhicules légers aux États‑Unis
                                            Millions d’unités, données désaisonnalisées, taux annualisé

                                               20
                                               18                                                                                                     Les ventes d’automobiles
                                               16                                                                                                     ont augmenté de 40 %
                                                                                                                                                      d’un mois à l’autre en
                                               14
                                                                                                                                                      mai aux États‑Unis,
                                               12                                                                                                     ce qui a incité les
                                               10                                                                                                     fabricants à accélérer
                                                8                                                                                                     leurs plans de production
                                                6                                                                                                     pour juin et juillet.
                                                4
                                                2
                                                0
                                                    2008
                                                           2009
                                                                  2010
                                                                         2011
                                                                                2012
                                                                                       2013
                                                                                              2014
                                                                                                     2015
                                                                                                            2016
                                                                                                                   2017
                                                                                                                          2018
                                                                                                                                 2019
                                                                                                                                        2020
                                                                                                                                               2021

                                            Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bureau of Economic Analysis des États‑Unis.

5   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Demi‑tour
  pour le secteur
de l’automobile ?
                                            contact. Il s’agit probablement d’une bonne nouvelle pour bien des gens, mais cette
                                            tendance force les concessionnaires et les constructeurs d’automobiles à revoir leur
                                            technologie et certains outils de commercialisation dont ils se servaient pour vendre
                                            leurs véhicules.

                                            M. Stackhouse : Avant la pandémie, il était question de l’« économie de partage », et
                                            bien des prophéties annonçaient la disparition de l’automobile. Vous avez affirmé que
                                            la COVID‑19 pourrait renverser la tendance à la baisse de la possession de véhicules.
                                            Quelles sont les idées qui vous ont mené à une telle conclusion ?

                                            M. Spak : Le secteur de l’automobile compte quatre grands thèmes de longue durée
                                            désignés par l’acronyme CASE (« connected, autonomous, shared, and electric » ou
                                            « connecté, autonome, partagé et électrique »). La pandémie a eu des effets considérables
                                            sur le thème du partage, qui correspond au covoiturage, à mon avis. Par exemple,
                                            le service Uber a connu une baisse de 80 % en avril à l’échelle mondiale. Une partie de
                                            cette baisse s’explique de toute évidence par les politiques de confinement à la maison.
                                            Les consommateurs rechignent toutefois à monter dans la voiture d’un étranger, ne
                                            sachant pas qui étaient les précédents occupants.

                                            Parlons également du transport collectif original, c’est‑à‑dire le service public de transport
                                            en commun. Dans les grandes villes du monde, nous avons vu une diminution de plus de
                                            80 % du nombre d’usagers du transport en commun, soit le métro et l’autobus, par rapport
                                            à l’utilisation habituelle de ces services. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit encore une fois de
                                            l’effet des politiques de confinement à la maison, mais les gens ont aussi une aversion pour
                                            les espaces bondés d’étrangers. Des études ont laissé entendre que les métros, comme celui
                                            de la ville de New York, avaient grandement favorisé la propagation du virus. À mon avis,
                                            de telles choses peuvent produire un effet psychologique.

                                            En Chine,certains constructeurs d’automobiles attribuent déjà une partie du rebond de
                                            leurs ventes en avril et en mai aux consommateurs optant pour la sécurité de leur propre
                                            voiture au lieu du réseau de transport en commun de la Chine. Nous avons aussi eu
                                            connaissance de quelques signes d’un phénomène semblable aux États‑Unis. Des résidents
                                            de grandes villes comme New York ou San Francisco qui n’avaient peut‑être jamais eu de
                                            véhicule avant en acquièrent actuellement. Il s’agit peut‑être aussi d’un moyen de sortir
                                            de la ville au moment voulu la fin de semaine ou durant la semaine.

                                            Nous avons toutefois réfléchi à deux autres aspects. Premièrement, nous avons entendu
                                            parler pendant des années de la tendance vers une plus grande urbanisation qui rend le
                                            covoiturage et le partage plus pratiques que la possession d’un véhicule. Cette tendance
                                            en faveur de l’urbanisation s’inversera‑t‑elle en partie dans la foulée de la pandémie ?
                                            Un tel renversement accroîtrait le besoin de véhicules dans mon esprit.

                                            Deuxièmement, mentionnons la tendance du travail à la maison. La boîte de Pandore
                                            a peut‑être été ouverte légèrement à cet égard. Nous pourrions désormais voir un plus
                                            grand nombre d’employés faire du télétravail. Donc, il y aurait plus de personnes à la
                                            maison le jour. On compte actuellement environ 1,9 véhicule par ménage aux États‑Unis.
                                            Nous nous demandons toutefois si le travail à la maison n’entraînera pas une hausse de
                                            la densité de véhicules. En outre, si les gens s’installent davantage dans les banlieues, ils

6   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Demi‑tour
  pour le secteur
de l’automobile ?
                                            parcourront de plus grandes distances aux États‑Unis, ce qui aura une incidence sur la
                                            durée de vie des véhicules. Les répercussions sur les budgets municipaux, l’urbanisme
                                            et l’immobilier seraient aussi énormes.

                                            M. Stackhouse : Comme vous l’avez mentionné, deux autres grandes tendances se
                                            dessinaient avant la COVID‑19, soit l’avènement des véhicules autonomes et la croissance
                                            des voitures électriques. La COVID‑19 a‑t‑elle modifié la trajectoire de ces tendances ?

                                            M. Spak : La recherche de l’autonomie est une entreprise technique qui s’est déjà avérée
                                            plus difficile et coûteuse que beaucoup ne l’auraient imaginé. Je pense que le dévelop-
                                            pement pourrait être légèrement retardé du simple point de vue du financement. Les
                                            capitaux pourraient être un peu plus restreints. Le premier cas d’utilisation de véhicules
                                            autonomes a été celui des taxis sans chauffeur. Une utilisation accrue de ces véhicules
                                            améliorerait grandement les données économiques de ce modèle, étant donné que
                                            les véhicules autonomes s’avéreraient plus coûteux. Une fois de plus, compte tenu des
                                            préoccupations grandissantes que suscite le covoiturage, il pourrait être plus difficile
                                            d’y parvenir actuellement.

                                            Deux choses pourraient se produire selon moi. La première est un certain regroupement
                                            de fournisseurs de logiciels pour véhicules autonomes. La deuxième est une réorientation
                                            de certaines entreprises dans les domaines de la livraison autonome ou du transport de
                                            longue distance, ou vers tout autre usage de la technologie autonome qui ne comprend
                                            pas de covoiturage.

                                            En ce qui concerne les véhicules électriques, ils coûtent plus cher actuellement que leurs
                                            équivalents munis d’un moteur à combustion interne. Il pourrait donc y avoir un petit
                                            effet à court terme si le consommateur sent qu’il éprouve des difficultés économiques.
                                            Je ne pense toutefois pas que les investissements dans les véhicules électriques puissent
                                            véritablement diminuer, compte tenu des exigences réglementaires. Les gouvernements de
                                            certains pays, comme l’Allemagne et la France et même ailleurs dans l’Union européenne,
                                            offrent des incitatifs au secteur de l’automobile, mais ils sont axés sur les véhicules plus
                                            propres. En fait, la tendance à l’utilisation de véhicules électriques pourrait accélérer
                                            quelque peu.

                                            En ce qui a trait au dernier thème, soit celui de la connexion, les voitures se transforment
                                            en ordinateurs sur roues, et je crois qu’il est possible d’accroître la connectivité dans les
                                            voitures à la suite de la COVID‑19. Songeons à des questions comme la biométrie et la
                                            surveillance de la santé... La voiture pourrait‑elle devenir un outil essentiel favorisant
                                            le recours à la télémédecine ? Chaque nouvelle voiture comprend déjà de nombreux
                                            capteurs. Les voitures sont déjà connectées à Internet et munies de caméras. Au Consumer
                                            Electronics Show de janvier 2020, j’ai vu un véhicule faisant appel à différents capteurs
                                            et à l’intelligence artificielle pour surveiller la température corporelle, la respiration et la
                                            fréquence cardiaque dans l’habitacle. Ces éléments semblaient quelque peu superflus il
                                            n’y a même pas six mois. Aujourd’hui, ils pourraient s’avérer plus pertinents.

                                            M. Stackhouse : Au début de l’année, une petite guerre contre l’automobile à l’échelle
                                            mondiale, ou assurément une guerre contre le moteur à combustion interne, était en
                                            cours. À votre avis, à quoi ressemble l’avenir de la voiture actuellement ?

7   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Demi‑tour
  pour le secteur
de l’automobile ?
                                            M. Spak : Le véhicule de la société demeure l’automobile. La voiture personnelle
                                            demeure à mon avis un élément fondamental d’une plus grande mobilité. Je pense que
                                            ce qui propulse l’automobile subira certainement des changements dans l’avenir. Je crois
                                            que cette propulsion sera plus électrique ou aura peut‑être une tout autre forme.

                                            En outre, ce que le consommateur souhaite obtenir d’une voiture changera également
                                            selon moi. Vous pouvez même le voir dans les publicités actuelles. Les automobiles
                                            ne sont plus vendues pour leur puissance ou leur performance, mais davantage pour
                                            l’expérience intérieure qu’elles offrent et certaines tendances liées à la connectivité. À long
                                            terme, je prévois une tendance en faveur de véhicules plus autonomes, mais pas avant un
                                            certain temps.

                                            M. Stackhouse : Je vous remercie pour vos commentaires, Joe.

8   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Article
               de fond

                                            Les soins de santé
                                            en excellente posture
                                            Le secteur des soins de santé offre une combinaison unique de croissance
                                            des bénéfices prévisionnels supérieure à la moyenne, portée par de
                                            puissantes tendances à long terme, et de valorisations inférieures à la
                                            moyenne. Même si le secteur peut être volatil lors d’une année électorale,
             Gopa Nair, CFA
              Toronto, Canada
                                            les investisseurs devraient selon nous mettre l’accent sur ses perspectives
           gopa.nair@rbc.com                durables à long terme.

                                            • L’équation politique semble exceptionnellement favorable au secteur des soins de santé
                                              au cours du présent cycle.
                                            • En raison de la COVID‑19, les investisseurs ont mis l’accent sur l’importance du secteur
                                              pour le maintien d’une économie en croissance et productive.
                                            • Les thèmes de longue durée que sont le vieillissement de la population, la nécessité
                                              d’optimiser les dépenses liées à la santé, et la convergence des soins de santé et de
                                              la technologie offrent à notre avis de nombreuses occasions de croissance au sein
                                              du secteur.

                                            Vince Lombardi, le légendaire entraîneur de football américain, a dit une fois qu’il ne
                                            s’agissait pas de savoir si vous tombez, mais si vous vous relevez. M. Lombardi aurait sans
                                            doute aimé le profil actuel du secteur des soins de santé : il a connu sa part de difficultés
                                            au cours de l’année écoulée, mais il n’a cessé de se relever, de faire fi des coups et de
                                            poursuivre sa course.

                                            L’attention portée aux soins de santé l’an dernier découlait surtout de la possibilité
                                            qu’en cas de victoire d’un démocrate progressiste à l’élection présidentielle de 2020 aux
                                            États‑Unis, un éventuel régime Medicare pour tous soit adopté et mine grandement les
                                            modèles d’exploitation des sociétés de gestion des soins. Cependant, Joe Biden, démocrate
                                            plus traditionnel, est le candidat désigné de son parti. Par ailleurs, comme il a participé
                                            à l’élaboration et à l’introduction de l’Affordable Care Act, qui prévoyait un partage des
                                            activités entre les compagnies d’assurance privées et le gouvernement, nous croyons que
                                            la probabilité qu’un projet Medicare pour tous ébranle à nouveau le secteur a diminué.

                                            L’avènement de la COVID‑19 a aussi aidé le secteur. La pandémie révèle que les virus
                                            et les maladies n’ont pas été éradiqués et que les sociétés qui mènent des recherches
                                            novatrices pourront susciter des découvertes médicales et voir leurs succès récompensés.
                                            La diminution des craintes relatives à un régime Medicare pour tous et l’optimisme
                                            grandissant quant à la mise au point d’un vaccin pour le traitement de la COVID‑19 ont
                                            soutenu les actions liées aux soins de santé. Ce secteur surpasse le S&P 500 depuis le début
                                            de l’année et se classe au quatrième rang de l’indice pour le rendement.

                                            À moins de quatre mois des élections, les politiciens pourraient commencer à tourner leur
                                            attention vers l’augmentation des coûts des médicaments d’ordonnance, sujet important
                                            pour l’électorat américain. Lors du cycle électoral de 2015‑2016, le secteur des soins de
                                            santé a été volatil, car les trois principaux candidats à la présidence ont fait du prix des

9   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Demi tour pour le secteur de l'automobile ? - RBC Wealth ...
Soins de santé :
   En excellente
         posture
                                         Rendements sectoriels du S&P 500 depuis le début de l’année
                                             Techn. de l'info.
                                                                                                                          Les rendements du
                                            Consomm. discr.                                                               secteur des soins de
                                                Serv. comm.                                                               santé ont surpassé ceux
                                              Soins de santé                                                              du S&P 500 depuis le
                                                    S&P 500                                                               début de l’année.
                                         Consomm. de base
                                                    Matières
                                                  Immobilier
                                            Services publics
                                         Produits industriels
                                                     Finance
                                                     Énergie

                                                                 -40 % -30 % -20 % -10 % 0 % 10 % 20 %

                                         Source : FactSet, données au 19 juin 2020.

                                         médicaments un point central de leurs campagnes après une hausse vertigineuse de
                                         5 000 % du prix au détail du traitement antiparasitaire Daraprim. L’indice NASDAQ de la
                                         biotechnologie, qui se situait à l’époque (juillet 2015) à un sommet historique, a ensuite
                                         chuté à cause des craintes qu’une loi soit adoptée pour réduire ou plafonner les prix des
                                         médicaments. Donald Trump a remporté l’élection, mais sa promesse de faire baisser les
                                         prix des médicaments n’a jamais débouché sur une loi.

                                         Prenez deux cachets et rappelez‑moi demain
                                         Au cours des cinq dernières années, l’industrie pharmaceutique a pris acte des
                                         préoccupations soulevées par les représentants élus, les organismes de réglementation et
                                         les groupes de défense des patients. Même si les prix courants des médicaments continuent

                                         Augmentation annuelle moyenne du prix courant (brut)
                                         des médicaments d’origine
                                         16 %
                                             13,5 %
                                         14 %                                                                             Le rythme des
                                                                13,2 %
                                         12 %                                                                             augmentations
                                                                             10,5 %                                       annuelles du prix
                                         10 %                                                                             des médicaments
                                                                                         8,2 %                            continue de fléchir.
                                             8%
                                                                                                       7,2 %
                                             6%                                                                 4,9 %
                                             4%
                                             2%
                                             0%
                                               2014        2015         2016          2017       2018        2019

                                         Source : Analyse par le Drug Channels Institute des données de SSR Health ;
                                         d’après environ 1 000 médicaments d’origine dont les ventes de produits aux
                                         États‑Unis sont rendues publiques par environ 100 sociétés qui sont ou étaient
                                         cotées en bourse.

10   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Soins de santé :
   En excellente
         posture
                                         de croître, le rythme des hausses annuelles a quelque peu diminué, plusieurs sociétés
                                         ayant tenté de freiner les prix. En 2015, l’augmentation annuelle moyenne du prix des
                                         médicaments d’origine aux États‑Unis avoisinait 13 %, mais elle a diminué chaque année
                                         pour atteindre environ 5 % en 2019. Cette tendance devrait selon nous se poursuivre.

                                         Les initiatives visant à enrayer l’escalade des prix des médicaments sont populaires au
                                         sein des partis démocrate et républicain. Toutefois, nous ne prévoyons pas que des lois
                                         seront adoptées à cet effet cette année, étant donné l’impasse au Congrès et la priorité
                                         actuellement donnée au redémarrage de l’économie. Quoi qu’il en soit, vous trouverez
                                         ci‑dessous les principales propositions soumises pour remédier à la montée des prix
                                         des médicaments.

                                         Sommaire des principaux projets de réforme des prix des médicaments

                                             Programme pilote : indice international des prix pour la partie B
                                             Auteur de la proposition : Centers for Medicare & Medicaid Services
                                             Présentation : Octobre 2018   Adoption : Lancement prévu dans le courant de l’année
                                             Arrime le prix de certains médicaments visés par la partie B de Medicare à un indice international
                                             des prix pour réduire le coût du remboursement des médicaments administrés dans le bureau
                                             du médecin ou à l’hôpital1.

                                             Loi visant à réduire les prix des médicaments d’ordonnance
                                             (Prescription Drug Pricing Reduction Act, ou PDPRA) [S. 2543]
                                             Auteurs de la proposition : Sénateurs Grassley (rép. Iowa) et Wyden (dém. Oregon)
                                             Présentation : Juillet 2019 Mise à jour : Décembre 2019
                                             Adoption : Pas encore à l’étape de l’adoption
                                             Impose le versement de remises à Medicare si les sociétés pharmaceutiques augmentent leurs
                                             prix à un rythme supérieur au taux d’inflation. Franchise maximale des bénéficiaires de Medicare :
                                             3 100 $ à compter de 2022.

                                             Loi visant à réduire maintenant les prix des médicaments
                                             (Elijah Cummings Lower Drug Costs Now Act) [H.R. 3]2
                                             Auteurs de la proposition : Démocrates à la Chambre des représentants
                                             Présentation : Septembre 2019   Adoption : Décembre 2019
                                             Confère à Medicare le pouvoir de négocier directement avec les sociétés pharmaceutiques le prix
                                             de 250 des médicaments d’origine les plus coûteux 3. Permet aux Américains qui ont une assurance
                                             privée, et pas seulement aux bénéficiaires de Medicare, de profiter des prix inférieurs des
                                             médicaments négociés par Medicare. Franchise maximale des bénéficiaires de Medicare : 2 000 $

                                             Loi visant des coûts moindres et plus de traitements
                                             (Lower Costs, More Cures Act) [H.R. 19]
                                             Auteurs de la proposition : Républicains à la Chambre des représentants
                                             Présentation : Décembre 2019 Adoption : Pas encore à l’étape de l’adoption
                                             Exige qu’une notification et une explication soient données quand les prix augmentent de plus
                                             de 10 % lors d’une même année. Franchise maximale des bénéficiaires de Medicare : 3 100 $
                                             Vise à lutter contre les efforts pour retarder l’entrée de médicaments génériques ou biosimilaires
                                             sur le marché.

                                         Nota : 1. La partie B de Medicare couvre les services médicaux et les soins en consultation externe. 2. Après
                                         l’adoption du projet de loi H.R. 3 par la Chambre des représentants en décembre, suivant les lignes de parti dans
                                         l’ensemble, le sénateur McConnell (rép. Kentucky) l’a déclaré « mort‑né » au Sénat, et la Maison‑Blanche a menacé
                                         d’imposer son veto. 3. Selon la loi intitulée Medicare Prescription Drug, Improvement, and Modernization Act
                                         (MMA), une prestation pour les médicaments d’ordonnance a été créée en vertu de la partie D de Medicare, et il
                                         est interdit au gouvernement de négocier le prix de ces médicaments au nom des bénéficiaires de Medicare.

                                         Sources : Centers for Medicare and Medicaid Services, RBC Marchés des Capitaux, RBC Gestion de patrimoine.
11   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Soins de santé :
   En excellente
         posture
                                         Croissance des bénéfices et ratios C/B prévisionnel des secteurs du S&P 500
                                                                                          Croissance du BPA                        Ratio C/B
                                                                                            (sur 12 mois)                         prévisionnel
                                             Secteur                                     P2020             P2021             P2020              P2021
                                             Énergie                                        n. s.             n. s.             n. s.            37,0 x
                                             Consommation discrétionnaire               ‑57,4 %          115,4 %              63,7 x             29,6 x
                                             Immobilier                                   1,5 %             7,6 %             24,6 x             23,1 x
                                             Technologie de l’information                 1,1 %            15,2 %             26,0 x             22,6 x
                                             Services de communications                 ‑15,5 %            23,0 %             25,1 x             20,4 x
                                             S&P 500                                    ‑22,1 %            29,0 %             24,8 x            19,2 x
                                             Consommation de base                        ‑2,6 %             7,9 %             20,7 x             19,2 x
                                             Matières                                   ‑21,2 %            28,3 %             24,1 x             18,8 x
                                             Produits industriels                       ‑47,6 %            77,4 %             32,3 x             18,2 x
                                             Services publics                             1,0 %             6,1 %             18,4 x             17,3 x
                                             Soins de santé                              ‑1,4 %            15,9 %             17,6 x             15,2 x
                                             Finance                                    ‑36,9 %            37,5 %             17,1 x             12,4 x

                                         Source : FactSet ; données au 19 juin 2020 ; les données pour le secteur immobilier tiennent compte des flux
                                         de trésorerie d’exploitation ajustés et du ratio prix/flux de trésorerie d’exploitation ajustés.

                                         Les données fondamentales des sociétés de soins de santé semblent intéressantes
                                         Malgré le bond impressionnant d’environ 40 % réalisé par le S&P 500 après ses creux de
                                         mars, les valorisations du secteur des soins de santé nous semblent attrayantes par rapport
                                         à celles de l’indice. À l’heure actuelle, ce secteur présente un ratio cours/bénéfice (C/B)
                                         prévisionnel (P2021) d’environ 15 fois, soit moins que celui du S&P 500, tout en offrant une
                                         croissance des bénéfices raisonnable par rapport à celle des autres secteurs. Même si le
                                         secteur peut être volatil lors d’une année électorale, nous croyons que plusieurs thèmes
                                         de placement justifient ses perspectives de croissance à long terme, quel que soit le
                                         contexte politique.
                                         • Vieillissement de la population : D’après le Census Bureau, l’année 2030 marquera un
                                           tournant aux États‑Unis, car tous les baby‑boomers seront alors âgés de 65 ans et plus.
                                           Cette cohorte représentera donc 21 % de la population, contre 17 % à l’heure actuelle.
                                           Qui plus est, en 2034, les États‑Unis compteront plus d’aînés que d’enfants pour la
                                           première fois de l’histoire. Les dépenses de santé par habitant étant plus élevées pour
                                           les gens âgés de 65 ans et plus, nous nous attendons à ce que le vieillissement de la
                                           population accentue le recours à des médicaments d’ordonnance, à des actes médicaux
                                           et à l’hospitalisation.
                                         • Adoption de soins fondés sur la valeur : Le rythme d’accroissement des dépenses de
                                           santé aux États‑Unis nous apparaît trop soutenu. En 2019, les États‑Unis ont consacré
                                           un total d’environ 18 % de leur PIB, ou près de 4 billions de dollars, à la santé, soit
                                           beaucoup plus que les autres pays développés, qui y allouent habituellement de
                                           10 % à 11 % de leur PIB et qui obtiennent souvent de meilleurs résultats. Même si les
                                           dépenses de santé par habitant aux États‑Unis sont supérieures, la qualité des soins
                                           n’y est pas vraiment meilleure. En raison de la hausse des coûts des soins, le système
                                           de santé se réoriente et délaisse les modèles de rémunération à l’acte au profit d’une
                                           optimisation de la valeur des soins. Le patient est ainsi placé au centre : les fournisseurs
                                           de soins comme les hôpitaux et les médecins sont rémunérés en fonction de l’évolution
                                           de l’état de santé du patient par rapport au coût de la prestation des soins. À notre avis,
                                           une meilleure gestion du traitement des maladies chroniques permettra non seulement
12   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Soins de santé :
   En excellente
         posture
                                             aux patients de recouvrer plus rapidement la santé à moindre coût, mais obligera aussi
                                             les prestataires à utiliser des solutions technologiques et à gagner ainsi en efficacité.
                                         • Télémédecine : La convergence de la sécurisation infonuagique des données, de la
                                           vidéoconférence de qualité supérieure et de la distanciation sociale a accéléré la
                                           transition vers la télémédecine. Les consultations médicales virtuelles offrent un
                                           double avantage : un diagnostic plus rapide et une solution commode pour les patients.
                                           La télémédecine est une option pratique pour les gens pressés et pour ceux qui sont
                                           incapables de quitter leur domicile ou qui vivent dans des régions où l’accès à des soins
                                           de qualité fait défaut. En outre, la télémédecine permet aux hôpitaux et aux médecins
                                           de faire facilement un suivi auprès des patients pour surveiller leurs progrès, modifier
                                           le traitement au besoin et déterminer si des soins en personne plus urgents sont requis.
                                           Grâce à un suivi fréquent, les problèmes de santé peuvent être décelés plus tôt, ce qui
                                           limite les coûts de traitement.
                                         • Intégration verticale : Un autre thème à signaler est l’intégration verticale dans le réseau
                                           de prestation des soins de santé. Ainsi, les sociétés s’unissent par voie d’acquisitions
                                           afin d’offrir sous le même toit un éventail de services comme l’assurance maladie, la
                                           pharmacie, les soins de courte durée, les soins infirmiers, les soins de santé à domicile et
                                           l’analyse des données. Une société qui intègre verticalement l’ensemble des services peut
                                           mieux exploiter son infrastructure et coordonner les soins afin d’améliorer le traitement
                                           et l’expérience du patient. En outre, la combinaison des demandes de règlement des frais
                                           médicaux et de remboursement des médicaments, ainsi que des données et des analyses,
                                           procure des avantages qui aideront à remédier à l’escalade des coûts des soins de santé et
                                           à réduire le gaspillage dans le système.

                                         Facteurs positifs à long terme + risque politique moindre = rendement supérieur
                                         L’adoption de mesures législatives importantes en matière de contrôle des prix des
                                         médicaments n’est pas chose facile, même lorsqu’un parti politique est à la fois maître
                                         de la Maison‑Blanche et du Congrès. Il en est ainsi à cause de l’existence de points de
                                         vue opposés au sein d’un même parti et de la participation antérieure du secteur des
                                         soins de santé à la mise en forme de la législation. Nous ne savons pas qui de M. Biden
                                         ou de M. Trump remportera l’élection présidentielle, mais à notre avis, ni l’un ni l’autre
                                         ne représenterait une menace pour le secteur des soins de santé ou pour les sociétés
                                         pharmaceutiques en particulier. Si M. Trump est réélu, nous pensons que la situation
                                         restera généralement inchangée (le rythme d’augmentation des prix diminuera en raison
                                         des pressions politiques et de l’autoréglementation du secteur). Si M. Biden l’emporte,
                                         la couverture offerte par l’Affordable Care Act sera sans doute élargie afin de procurer
                                         aux Américains non assurés un meilleur accès aux médicaments d’ordonnance, ce qui
                                         compenserait en partie, à notre avis, les pressions sur les prix.

                                         Les prix des médicaments d’ordonnance devraient être un enjeu de l’élection à venir,
                                         comme lors des précédentes. Cependant, les risques de mauvaises nouvelles ne devraient
                                         pas constituer une raison d’éviter le secteur des soins de santé, qui conserve de saines
                                         perspectives fondamentales soutenues par les puissantes tendances à long terme
                                         décrites ci‑dessus. Les risques politiques étant jugés moins grands que lors des élections
                                         précédentes, nous croyons que le secteur offre une combinaison attrayante, à savoir un
                                         ratio C/B inférieur à la moyenne et une croissance des bénéfices supérieure à 10 %, ainsi
                                         qu’une très faible sensibilité, voire aucune, aux fluctuations du cycle économique causées
                                         par la COVID‑19, auxquelles une grande partie du reste du marché pourrait être vulnérable.

13   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Actions
          mondiales

                                         Une manifestation de retenue
                                         Les marchés et l’économie ont parcouru            Opinions sur les actions
                                         beaucoup de chemin en peu de temps.
                                                                                            Région                  Résultats      Actuel
                                         Après un début d’année favorable, la                                      précédents
                                         situation a évolué rapidement en février.
                                                                                            Monde                       −            −
                                         Mentionnons d’abord la mise à l’arrêt globale
                                         de la majorité des économies développées,          États‑Unis                  −            −
                                         puis l’effondrement des marchés boursiers          Canada                      −            −
                                         et, enfin, la mise en œuvre de mesures             Europe
                                         de stimulation monétaire et budgétaire                                         −           Û=
                                                                                            continentale
                                         herculéennes pour éloigner toute menace de
                                         pénurie du crédit et financer provisoirement       Royaume‑Uni                 −            −
                                         la consommation et l’activité industrielle.        Asie hors Japon             +            +
                                         En avril, le nombre quotidien de nouveaux          Japon                       =            =
                                         cas de COVID‑19 avait atteint un sommet, ou       + Surpondération = Pondération neutre
                                         s’en approchait, et commençait à descendre        – Sous‑pondération
                                         un peu partout dans le monde industrialisé.       Source : RBC Gestion de patrimoine.
                                         En mai et en juin, le processus de redémarrage
                                         de l’économie avait été enclenché dans            tuer le virus ou conférer l’immunité donnerait
                                         plusieurs pays.                                   probablement un coup de fouet aux cours
                                                                                           des actions.
                                         La situation pourrait ne pas se rétablir avant
                                         quelque temps. Le virus lui‑même pourrait         Le virus pourrait aussi s’affaiblir de lui‑même.
                                         réserver d’autres surprises : certaines           Des rapports provenant de l’Italie et de la
                                         pourraient entraîner une recrudescence du         Ville de New York ont indiqué que la situation
                                         nombre de nouveaux cas ou, au contraire,          s’était améliorée à ces endroits : moins
                                         tonifier la relance économique. Une remontée      de personnes infectées nécessitent une
                                         du nombre de nouveaux cas à certains              hospitalisation, et une plus faible proportion
                                         endroits fait déjà craindre une annulation        des personnes hospitalisées ont besoin d’un
                                         des réouvertures, même si de nombreux             respirateur ou de soins intensifs. Une baisse
                 Jim Allworth            autres endroits n’ont pas connu de hausse         importante du taux de mortalité permettrait
             Vancouver, Canada           importante du nombre d’infections ou              aux consommateurs et aux entreprises de
          jim.allworth@rbc.com           (plus important encore) de décès.                 reprendre confiance, ce qui faciliterait le
                                                                                           retour à la normale.
           Kelly Bogdanova               Sur le plan scientifique, les vaccins faisant
                                         l’objet d’essais cliniques soulèvent de grandes   Les investisseurs ont souvent du mal à porter
      San Francisco, États‑Unis
                                         attentes, mais la possibilité qu’ils s’avèrent    leur attention sur les valeurs à long terme en
     kelly.bogdanova@rbc.com                                                               présence d’un aussi fort potentiel de volatilité.
                                         inefficaces réduit à néant l’espoir d’obtenir
     Patrick McAllister, CFA             rapidement un traitement. Au moins                Comme nous l’avons dit précédemment, la
               Toronto, Canada           135 vaccins sont en cours d’élaboration ;         « valeur » d’un marché (ou d’une entreprise
     patrick.mcallister@rbc.com          7 en sont à la phase 1 des essais, 7 autres,      en particulier) correspond à la valeur actuelle
                                         à la phase 2. Un seul s’est rendu à la phase 3.   de tous les bénéfices futurs. Selon cette
          Frédérique Carrier             La phase 2 est celle à laquelle la plupart        théorie, même si les perspectives de bénéfices
          Londres, Royaume‑Uni           des vaccins rencontrent des obstacles             à court terme changeaient fortement et
     frederique.carrier@rbc.com          insurmontables. L’histoire nous enseigne qu’il    brusquement, l’incidence sur la valeur
                                         y a seulement 30 % de chances qu’un vaccin        marchande des sociétés serait négligeable.
               Jasmine Duan                                                                Cela est d’autant plus vrai qu’après environ
                                         potentiel franchisse la phase 2 et devienne un
             Hong Kong, Chine                                                              un an de bouleversements, la croissance
                                         traitement approuvé efficace.
        jasmine.duan@rbc.com                                                               démographique mondiale et l’essor de la
                                         L’évolution de la situation liée à la COVID‑19    prospérité retrouvent leur vigueur. Avant
              Nicholas Gwee              pourrait tout aussi bien entraîner une            un tel redressement, les marchés d’actions
                    Singapour            volatilité haussière. La mise au point d’un       recommencent à prendre en compte les
       nicholas.gwee@rbc.com             vaccin ou d’un traitement antiviral pouvant       bénéfices futurs de façon appropriée.

14   Perspectives mondiales | Juillet 2020
Actions
          mondiales
                                         C’est sans doute ce qui se produit depuis que              Dans le contexte actuel, partant de ces deux
                                         les marchés ont atteint leur point le plus bas             principes, nous chercherions donc à investir
                                         avant de remonter vers la fin de mars. Les                 dans des actions, mais pas outre mesure.
                                         investisseurs ont cessé de se concentrer sur               D’après nous, la pondération en actions
                                         ce qui semblait être, en mars, un repli d’une              d’un portefeuille équilibré devrait être un
                                         durée indéterminée de l’économie et du                     peu inférieure à sa cible à long terme. Cette
                                         marché boursier. Ils ont plutôt commencé                   stratégie offrirait une meilleure stabilité si
                                         à évaluer ce que seront les perspectives des               la volatilité baissière augmentait réellement
                                         sociétés une fois la pandémie passée, alors                à l’automne et permettrait de disposer de
                                         que les trajectoires de l’économie et des                  réserves afin de profiter de belles occasions
                                         bénéfices sont susceptibles d’être positives               d’achat si les cours redevenaient attrayants.
                                         et pas trop différentes de ce qu’elles étaient             Par contre, si les marchés continuent de
                                         dans les années qui ont précédé la crise.                  monter, le prix à payer pour cette approche
                                                                                                    sera le rendement qui aurait pu être tiré de
                                         En rétrospective, un investisseur aurait été
                                                                                                    l’utilisation de la réserve aux fins d’achat.
                                         mal avisé de prendre uniquement en compte
                                         le potentiel de baisse provoqué par la crise
                                                                                                    Faits saillants par région
                                         lors du creux de mars, en fermant les yeux sur
                                         les occasions d’achat attrayantes présentes sur            États‑Unis
                                         le marché à ce moment‑là et sur la perspective             • Au deuxième semestre de 2020, le marché
                                         d’un retour à l’expansion économique après                   sera probablement beaucoup moins
                                         la crise. De la même façon, l’investisseur                   mouvementé qu’au premier semestre.
                                         qui ferait fi du risque important de volatilité              Il s’agira d’un changement qui sera bien
                                         à court terme et de déception, alors que les                 accueilli. Après la liquidation massive
                                         cours sont plus représentatifs de la pleine                  survenue sur le marché en février et en
                                         valeur des actions et beaucoup moins                         mars, et la reprise subséquente sur fond
                                         alléchants, ferait exactement la même erreur,                de forte stimulation, les principaux indices
                                         mais en sens inverse.                                        devraient s’établir dans des fourchettes de
                                                                                                      négociation caractérisées par une moins
                                         À notre avis, tout investisseur devrait conserver            grande volatilité.
                                         le plus longtemps possible les placements qu’il
                                                                                                    • Les perspectives de bénéfices des sociétés
                                         effectue dans des sociétés de la plus grande
                                                                                                      commencent à s’éclaircir pour l’année en
                                         qualité, qui sont les plus susceptibles de
                                                                                                      cours, mais demeurent incertaines pour
                                         prospérer et de croître, permettant ainsi à leurs
                                                                                                      l’an prochain. Nous croyons qu’il faudra
                                         actionnaires de profiter de taux de rendement
                                                                                                      patienter jusqu’en 2022 avant que les
                                         internes composés normalement élevés.
                                                                                                      bénéfices dépassent ceux qui ont précédé
                                         Cela dit, nous croyons qu’il est également
                                                                                                      la récession attribuable à la COVID‑19.
                                         souhaitable de réduire les risques liés aux
                                                                                                      Quant au S&P 500, les analystes prévoient
                                         conditions économiques et au climat des
                                                                                                      en général un bénéfice avoisinant 125 $
                                         affaires, s’ils sont plus grands que d’habitude.
                                                                                                      par action pour 2020, ce qui semble réaliste.

                                         Estimations moyennes des bénéfices par action du S&P 500
                                         au fil du temps
                                          225 $

                                             200 $                                                                          Une diminution
                                                                                                                            des estimations
                                                                                                                 163 $      des bénéfices au
                                             175 $
                                                                                                                            fil du temps n’est
                                                                                                                            pas anormale,
                                             150 $                                                                          mais la contraction
                                                                                                                 125 $      déclenchée par
                                             125 $                                                                          la pandémie en
                                                                                                                            mars était loin
                                                        2020        2021                                                    d’être normale.
                                             100 $
                                               Juin 2019 Sept. 2019 Déc. 2019 Mars 2020 Juin 2020
                                         Sources : RBC Gestion de patrimoine, FactSet, système I/B/E/S de Refinitiv ;
                                         données prises en compte jusqu’au 30 juin 2020.

15   Perspectives mondiales | Juillet 2020
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