Et nous le vêtement, vecteur de signes - Cultures - Cultures & Santé
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Réalisation : Cultures & Santé asbl Graphisme : Marina Le Floch Texte : Cultures & Santé asbl éditeur responsable : Denis Mannaerts 148 rue d’Anderlecht, B-1000 Bruxelles éducation permanente 2012 D/2012/4825/13 Cet outil peut être téléchargé sur notre site www.cultures-sante.be. Il peut être commandé gratuitement, sous conditions, auprès de notre centre de documentation cdoc@cultures-sante.be +32 (0)2 558 88 11 Imprimé sur papier recyclé Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles
t a b le d e s m at iè r e s # 05 Présentation # 09 Repères théoriques # 17 Repères pour l’animation # 29 Quelques ressources
Histoire du projet Lors d’un atelier mené par Cultures&Santé, humeur, une appartenance... Mais ces une participante raconta une expé- informations peuvent être interprétées rience au cours de laquelle elle eut le de manières multiples. L’interprétation sentiment d’être prise pour quelqu’un des signes livrés au travers des vête- de peu instruit en raison des vêtements ments dépend notamment des per- traditionnels qu’elle portait. Elle vécut sonnes, tant de celles qui portent les cette situation comme une injustice. Ce vêtements que de celles qui y lisent une jugement porté sur elle à cause de son information. aspect physique lui parut totalement infondé. Cette anecdote suscita une dis- à travers des mises en situation, les cussion entre les participants de l’atelier participants auront l’occasion d’être à qui engagèrent le débat sur les vête- la fois émetteurs de signes au travers ments et la diversité de messages qu’ils des vêtements puis, récepteurs de peuvent renvoyer. Que reflètent de signes à interpréter. Par cet exercice, nous les vêtements que nous portons ? ils déconstruiront eux-mêmes la com- munication qui se joue au travers des De cet échange, est née l’idée de créer vêtements, mettant en lumière la rela- un outil d’animation sur les vêtements tivité de cette interprétation. et les signes qu’ils renvoient. Le support s’articule autour de deux Des habits et nous est un outil qui se veut thématiques, garantissant ainsi une cer- participatif, il vise à susciter l’échange taine cohérence : entre les participants, la réflexion et >>les fonctions du vêtement ; la co‑construction de savoirs autour >>l’émetteur, les récepteurs et la re- de la communication vestimentaire et lativité des messages véhiculés par de la relativité des messages. Au tra- les vêtements. vers de nos vêtements, nous véhicu- lons des messages qui participent à la Chacune de ces 2 thématiques est communication entre personnes, nos exploitée au travers de repères théo- vêtements transmettent aux autres des riques et d’une étape d’animation. L’ar- informations sur nous-mêmes : des élé- ticulation entre les repères théoriques ments identitaires, un état d’esprit, une et l’animation est ainsi facilitée. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 7
Objectif général Libre à l’animateur d’adapter les pistes d’animation proposées ici en fonction Prendre conscience que le vêtement du temps qu’il souhaite consacrer à cet véhicule des messages et que ceux-ci outil. dépendent entre autres de l’émetteur et des récepteurs. Nombre Public de participants Pour favoriser la dynamique et les Ce support d’animation est destiné échanges entre participants, il est aux professionnels des champs de la conseillé de limiter le groupe à 15 par- culture, de l’alphabétisation, de l’inser- ticipants. tion socioprofessionnelle et du social qui travaillent avec des groupes de Un minimum de 4 participants est né- jeunes et d’adultes. cessaire pour réaliser l’animation. Les participants à l’animation ne doivent pas spécifiquement maîtriser Contenu la lecture pour participer, à condition que l’animateur dispose du temps né- de l’outil cessaire à la lecture des cartes « récits >>1 manuel d’accompagnement de vie » au sein de chaque sous-groupe à destination des professionnels (voir Repères pour l’animation). Si les >>10 cartes « Récit de vie » participants sont d’un niveau « alpha >>3 fiches « identité » vierges, débutant », il est préférable d’être deux à photocopier pour chaque professionnels pour mener la deu- sous‑groupe constitué à l’étape 2 xième partie de l’animation L’ émetteur, de l’animation les récepteurs et la relativité des messages >>3 classeurs « vêtements » avec véhiculés par les vêtements. 60 images par classeur >>3 supports « modèle » Durée de l’animation L’animation complète nécessite 2h30 au minimum. Si l’animateur le souhaite et si les partici- Cultures&Santé tient à remercier pants sont loquaces, chaque volet de ce tous les participants de son support (Les fonctions du vêtement et L’émet- groupe FLE, du CFBI et de teur, les récepteurs et la relativité des messages Convergences qui ont contribué à véhiculés par les vêtements) peut faire l’objet la concrétisation de cet outil. d’une animation de 2 heures en soi. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 8
Les fonctions du vêtement Pourquoi portons-nous des vêtements ? Pourquoi s’habille-t-on ? Ce geste quotidien va tellement de soi, est tellement automa- tique, que nous ne réfléchissons pas aux différentes raisons de nous vêtir. Au-delà de la protection contre le froid, réponse première pour bon nombre de personnes, le vêtement remplit de nom- breuses autres fonctions1 dont nous n’avons pas toujours conscience. Aussi est- il intéressant de marquer un temps d’arrêt pour y réfléchir... Le vêtement protège Les tous premiers hommes ont commen- Si le vêtement remplissait la seule fonc- cé à se vêtir pour se protéger du froid. tion de protection face à l’environne- Aujourd’hui encore, une des premières ment extérieur, nous vivrions nus dès fonctions du vêtement est de nous pro- que le climat et les facteurs nuisibles téger du climat : du froid, de la chaleur, de nous le permettraient. Ce n’est pour- la pluie, du soleil, du vent... tant pas le cas, on s’habille même lorsqu’il n’y a nul danger. En dehors des éléments météoro- logiques, le vêtement nous permet également de nous protéger d’autres désagréments : des piqûres d’insectes, 1- Voir notamment : des morsures d’animaux, des écor- DESCAMPS M.A., Psychosociologie de la mode, chures... On porte un casque de pro- PUF, 1979, www.europsy.org/marc-alain/psyvet1. tection sur un chantier, des brassières html GHERCHANOC F. & HUET V., « Pratiques colorées avec des bandes réfléchis- politiques et culturelles du vêtement », santes lorsque l’on est éboueur... in : Revue historique 1/2007 (n° 641), pp. 3-30. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 11
Le vêtement cache et montre le corps Se vêtir est propre à l’homme et il correspond, entre autres, à un besoin semble que le vêtement soit une ten- humain universel : répondre au senti- dance universelle chez ce dernier. ment de pudeur, qui lui-même varie. En effet, la ou les parties du corps qui L’être humain est le seul être vivant à font l’objet de pudeur varient selon les avoir conscience de sa nudité. Com- époques, les sociétés et les contextes plètement nu face aux autres, nous (la plage, l’école, le lieu de culte...). nous sentons gênés. Par pudeur, nous avons besoin de cacher certaines par- À l’inverse, le port d’un vêtement peut ties de notre corps et de nous habiller. servir à attirer les regards sur une par- À travers le temps et l’espace, même tie du corps ou à la sublimer. On choi- au sein des sociétés traditionnelles pri- sira de porter telle tenue plutôt qu’une mitives, l’homme a toujours recouvert autre pour se rendre à une fête, car elle certaines parties de son corps. Le vête- nous met plus en valeur. ment, dans la multiplicité de ses formes, Le vêtement communique Le vêtement parle : que l’on en soit renvoyant à l’appartenance socioéco- conscient ou pas, qu’on l’investisse in- nomique de la personne, à ses convic- tentionnellement ou pas de cette fonc- tions religieuses, à sa culture, à son rôle tion, le vêtement livre à autrui nombre social, à son opinion politique, à ses d’informations sur soi-même. valeurs... Les vêtements que nous portons nous À partir du vêtement, on peut supposer permettent de nous exposer, de nous l’époque et la région du monde où mettre en scène, de livrer une part de vit la personne qui le porte. L’habit, est notre identité. « Le vêtement révèle structuré par des codes socioculturels autant qu’il cache. »2 variables ; chaque groupe élabore ses propres codes relativement divergents La façon dont une personne s’habille les uns des autres. Ce qui est jugé dé- dépend notamment de son âge et de cent ou indécent est, par exemple, ex- son sexe. Mais elle ne se limite pas, loin trêmement différent selon les époques, de là, à ces deux caractéristiques. Le mais aussi selon les régions du monde. vêtement porté comporte des signes 2 - GHERCHANOC F. & HUET V., « Pratiques politiques et culturelles du vêtement », in : Revue historique 1/2007 (n° 641), pp. 3-30 Cultures & Santé asbl Des habits et nous 12
Chaque groupe social a des codes vestimentaires plus ou moins élabo- rés. Au sein d’une même société, ces codes peuvent varier selon les classes sociales. Selon les groupes sociaux, les codes moraux, les normes et les mœurs, les traditions varient, ce qui n’est pas sans influence sur les habitudes vestimentaires. Ne pas s’y conformer peut-être perçu par certains comme un non-respect, voire une insulte à la coutume, une volonté marquée d’un individu de se distinguer du groupe lui- même. À l’inverse, le vêtement peut être un moyen d’affirmer une identité, une appartenance à un groupe, un atta- chement à une culture. Par le vêtement qu’elle porte, une personne montre en Ces codes vestimentaires formels ou partie à quel groupe social elle appar- informels, plus ou moins connus et maî- tient ou celui auquel elle s’identifie et trisés par les membres d’une société, voudrait appartenir. Ainsi, de manière permettent à ces membres de jouer un peu caricaturale, si l’on désire s’ha- avec ceux-ci afin de livrer une version biller comme un homme d’affaire, on d’eux-mêmes qu’ils approuvent. Ainsi, portera un costume cravate. Les uni- chacun s’approprie les codes en vigueur formes, qu’ils soient militaires, reli- selon ses expériences et selon sa per- gieux, scolaires ou autres nous infor- sonnalité. Le vêtement permet donc ment sur la fonction réelle, fictive ou de livrer des informations sur soi, il prétendue de la personne. participe à la communication iden- titaire. La séduction, l’envie de plaire On ne s’habille pas non plus de la même à soi ou à autrui, passe également par manière selon les événements et les le vêtement. Parer son corps d’attri- situations : selon que l’on aille à une buts, se « faire beau », fait partie de fête de mariage ou que l’on se rende à la communication de soi, de son état des funérailles. Et les tenues adéquates psychologique. Magnifier son corps pour ces événements ne sont pas uni- pour renvoyer une apparence soignée verselles. Par exemple, dans nos régions et préparée, ou a contrario, renvoyer la couleur traditionnelle du deuil est le une apparence négligée de soi, même noir, tandis que dans d’autres comme si cette apparente négligence est très en Chine, c’est le blanc. réfléchie, n’est pas anodin. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 13
« Il [le vêtement] relève aussi bien d’at- culte exigent de tenues particulières et titudes attendues et reconnues par un inversement, des signes religieux sont groupe, par une société donnée, que de parfois interdits dans certaines institu- stratégies de distinction particulières ». 3 tions, comme des établissements sco- laires par exemple. Certains codes vestimentaires font l’objet d’une règle morale ou juri- Le vêtement est vecteur de signes, de dique. En France, en 1800, une ordon- messages et d’informations relatives à la nance de police de la préfecture de personne qui le porte. Il participe réel- Paris interdit aux femmes de porter lement à la communication entre indivi- le pantalon, vêtement masculin4. Lors dus. Il existe tant de subtilités et de de son apparition au début des années variantes dans les vêtements que 1960, la mini‑jupe faisait scandale dans personne n’a la garantie que ses certains pays, dans certains milieux. choix soient interprétés tels qu’il le Plus récemment, depuis 2010, le règle- projette et le souhaite. ment municipal de Castellammare, en Italie, interdit le port des mini‑jupes, jugées indécentes5. Certains lieux de Facteurs influençant la façon de se vêtir Il faut bien entendu noter que le choix des vêtements portés dépend égale- ment de toute une série de facteurs. Par exemple : les ressources dont dispose l’individu, ses moyens financiers, l’offre accessible, etc. ou encore ses obliga- tions professionnelles (porter un uni- forme de pompier, de militaire...). Les choix vestimentaires ne dépendent pas uniquement du choix des personnes. 3 - GHERCHANOC F. & HUET V., « Pratiques politiques et culturelles du vêtement. », in : Revue historique 1/2007 (n° 641), p. 3-30 4 - Comment le pantalon a pris le pouvoir, Entretien de Christine BARD in : Le point, août 2010 http://www.lepoint.fr/culture/comment-le-pantalon- a-pris-le-pouvoir-19-08-2010-1226549_3.php consulté en juillet 2012 5 - Miniskirts ban planned by Italian resort, article in : The Guardian, 25 octobre 2010 http://www.guardian.co.uk/world/2010/oct/25/ miniskirts-ban-in-italian-resort consulté en juillet 2012 Cultures & Santé asbl Des habits et nous 14
L’émetteur, les récepteurs et la relativité des messages véhiculés par les vêtements La communication entre personnes est Que ce soit de manière intentionnelle composée d’un ensemble de signes qui ou pas, les vêtements que nous por- passent par la parole6 et d’autres, qui tons véhiculent des informations sur passent sans le recours à la parole. notre identité et notre personnalité. Même lorsque l’on ne veut rien expri- La personne qui reçoit un message est mer sur soi, on communique « quelque bien sûr sensible aux mots ainsi qu’au chose » à travers sa tenue. Personne vocal : intonations de la voix, silences, ne peut se vêtir de manière totalement rires, exclamations... Cependant, la neutre, tout vêtement fera toujours communication n’est pas qu’une his- l’objet d’une interprétation par autrui. toire de mots. Elle est également Chacun tentera, fût-ce de manière in- faite de tout un ensemble d’éléments consciente, d’y trouver un message ou « non‑verbaux »7, qui eux aussi parti- une information sur la personne qui le cipent à l’émission de messages. Par- porte. mi ces éléments, on retrouve, entre autres, la gestuelle, les attitudes, les mimiques faciales, les regards et... les 6 - Ou la langue des signes vêtements que nous portons. 7 - Voir notamment WINKIN Y., La nouvelle communication, Paris, Seuil, 1981 Cultures & Santé asbl Des habits et nous 15
Aussi, lorsque quelqu’un s’habille avec l’intention de communiquer des infor- mations sur lui-même, en adéquation avec son état d’esprit, ses envies, sa personnalité ou son identité, il n’a au- cune certitude quant à l’interprétation qui en sera faite par les autres. Entre ce que je souhaite ou pas com- muniquer sur moi, à partir de mes choix vestimentaires, et ce que les autres vont interpréter, lire dans mes vêtements, il peut y avoir un monde de différence. L’outil permet d’explorer cette relati- vité des signes véhiculés par les vête- ments. La façon dont je m’habille ren- voie-t-elle l’image que je lui associe ? À l’inverse, ce que je perçois d’une per- sonne, à partir de ce qu’elle porte, cor- respond-t-il à l’image que celle-ci sou- haite transmettre ou à ce qu’elle veut faire paraître ? Ce sont à ces questions que l’outil invite à réfléchir. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 16
pour l’animation Repères repères p o u r l’ a n im at io n
L’animation telle que proposée ici est Préalable général composée de deux étapes fondamen- tales. Chacune de ces deux étapes peut Comme pour toute activité d’expres- prendre plus ou moins d’ampleur, selon sion collective, il est important que la dynamique du groupe et le cadrage l’animateur rappelle au groupe les fait par l’animateur. Libre à lui de lais- règles d’écoute et de non-jugement ser la parole circuler ou de centrer les entre participants. propos sur les questions telles que pro- posées ici. La cohésion du groupe favorise la parti- cipation individuelle, l’interaction au sein Chaque étape de l’animation corres- du groupe. Une activité « brise-glace »8 pond à un des repères théoriques pro- introductive à l’animation favorise l’ins- posés précédemment, à savoir : tauration d’un climat de confiance pro- pice à une réflexion collective. >>Les fonctions du vêtement >>L’émetteur, les récepteurs et la relativité des messages véhiculés par les vêtements Elles sont conçues comme des étapes successives dans un processus progres- sif. Selon le temps dont dispose l’ani- mateur et selon ses ambitions, il peut consacrer une séance d’animation com- plète à chaque étape d’animation. 8 - Desbois M., Dugailly J., Loontjens A., Mangez N., Pinoy T. et Stercq C., Faire connaissance et participer, 1001 idées pour lancer une formation en alphabétisation, Collectif Alpha, 2010 Cultures & Santé asbl Des habits et nous 19
Les fonctions Durée : minimum 30 minutes. Objectif spécifique : du vêtement Prendre conscience de la diversité des fonctions que les vêtements peuvent remplir. Brainstorming sur les différentes fonctions du vêtement L’animateur note le mot « vêtement » À tour de rôle, chaque participant au centre du tableau et soumet au s’exprime sur ce sujet. L’animateur re- groupe une première question ouverte cueille les réponses des participants et suscitant l’expression. Il précise aux les note au tableau au fur et à mesure, participants qu’il n’y a pas de bonne ou sans regrouper les idées par catégories. de mauvaise réponse. L’animateur laisse un temps d’expres- Suggestions de questions : sion au groupe, jusqu’à ce que les idées s’épuisent. « Pourquoi portons-nous des vêtements ? » « Pourquoi nous habillons-nous ? » Cultures & Santé asbl Des habits et nous 20
Catégorisation des réponses L’animateur propose au groupe de relire nication) ne sont pas représentées, l’ensemble des mots inscrits, tels qu’ils il peut ré-interpeller le groupe par sont disposés au tableau. Il demande d’autres sous-questions afin de com- ensuite aux participants de former des pléter la (les) catégorie(s). En voici une groupes de mots reliés à la même fonc- liste non exhaustive ; elle figure à titre tion que remplit le vêtement. de proposition pour l’animateur qui souhaite relancer le groupe et encou- « Quelles sont les familles de mots que rager l’émergence de nouvelles idées. vous pourriez former ? » « Quels sont les mots que vous pourriez Une même question peut renvoyer à relier entre eux, qui expriment la même différentes fonctions du vêtement. idée ? » > S’habille-t-on de la même manière toute Les participants sont alors invités à l’année ? relier les mots entre eux au tableau. > S’habille-t-on de la même façon partout Si certains mots ne s’apparentent à dans le monde ? aucune des « familles » établies, ils > Habille-t-on systématiquement toutes peuvent servir de relance : à quel autre les parties de son corps ? terme ce mot vous fait-il penser lorsque > Quelle serait la première partie du corps l’on parle de vêtement ? Il s’agit alors de qu’on habillerait ? créer une nouvelle famille de mots. > S’habille-t-on de la même manière à 15 et à 60 ans ? Lorsque les familles sont établies, l’ani- > S’habille-t-on de la même manière tous mateur demande au groupe de nom- les jours ? mer ces catégories. > Y a-t-il des occasions, des événements pour lesquels on choisit plus particulière- Si l’animateur estime que les fonctions ment ses vêtements ? telles qu’identifiées dans la partie théo- > Pourquoi a-t-on parfois ou souvent envie rique (protection, pudeur, commu- de s’habiller joliment ? Cultures & Santé asbl Des habits et nous 21
Conclusion Débriefing de l’exercice Avant de finir l’animation, il est impor- Une fois les catégories nommées et tant de revenir sur la notion de com- définies, l’animateur peut interroger les munication, qui se joue notamment par participants sur la manière dont ils ont les vêtements. L’animateur peut pré- vécu l’exercice et ce qu’ils en retirent. ciser ce qu’est la communication. De Avaient-ils conscience de ces diffé- manière basique, nous proposons cette rentes fonctions ? définition : Remarque La communication est le fait d’entrer en Si la deuxième étape de l’animation à lieu relation avec quelqu’un, de lui transmettre à une date ultérieure, il est important que une information. La communication sup- l’animateur conserve les catégories éta- pose au minimum une personne qui émet blies par les participants afin de pouvoir un message, un message et une personne introduire cette deuxième étape par un qui reçoit ce message. En situation de face rappel des fonctions du vêtement. à face entre les personnes, la communica- tion de ce message passe notamment par l’oral, la voix, et par le corps. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 22
L’émetteur, les récepteurs et la relativité des messages véhiculés par les vêtements Cette étape de l’animation est articulée autour de deux moments-clés : Les participants sont émetteurs de Les participants sont récepteurs de messages : à partir d’un récit de vie, ils messages : à partir de la tenue vesti- doivent sélectionner la tenue vestimen- mentaire d’un « personnage habillé », taire du personnage décrit. Par le choix ils sont invités à décrire la personnalité de cette tenue, ils émettent un mes- qu’ils prêtent à ce personnage. Ils sont sage, d’où l’appellation « émetteurs ». donc placés dans le rôle de « récep- teurs » de messages, qu’ils interprètent. Suite à ces mises en situation et aux confrontations de représentations, le débat sur la relativité des messages véhiculés par les vêtements pourra être engagé. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 23
Durée : environ 2 heures. grandes lignes de déroulement (les 2 moments-clés : émetteur et récep- Objectif spécifique : teur) aux participants avant qu’ils prendre conscience de la relativité des n’entament le processus. messages vestimentaires en fonction de l’émetteur et des récepteurs. Si cette étape se fait à un moment ultérieur à la Préalable : première sur « Les fonctions du constituer des sous-groupes de maxi- vêtement » : mum 5 participants, pour faciliter le une synthèse de la première partie dialogue entre eux9. de l’animation est nécessaire si celle- ci a eu lieu dans un temps préalable. Un minimum de 2 sous-groupes de 2 L’animateur reprend par exemple les participants est nécessaire pour réali- différentes catégories de fonctions, ser l’animation. telles que construites par le groupe. Il introduit cette deuxième étape en Chaque sous-groupe reçoit un « clas- rappelant la fonction « communica- seur vêtements ». tion » jouée par le vêtement. Afin de faciliter la compréhension de cette partie de l’animation, il est pré- férable que l’animateur en explicite les Habiller un personnage : dans le rôle de l’émetteur Chaque sous-groupe En fonction des caractéristiques de ce reçoit une « carte récit personnage, le groupe débat et choisit de vie » sur laquelle un la tenue vestimentaire de celui-ci parmi personnage est décrit. les différentes propositions du « clas- Si les participants ne seur vêtements » (soit : un haut, un bas maîtrisent pas la lec- et une paire de chaussures). ture, l’animateur leur lit la carte et vulgarise certains termes En fonction de cette histoire, comment si nécessaire. Il s’assure de la compré- pensez-vous que cette personne s’habille hension du récit de vie par chacun des au quotidien ? membres du sous-groupe. Il est important que les autres ! sous-groupes n’entendent pas la description de la « carte récit 9 - Ce qui fera maximum 3 sous-groupes, permettant de favoriser la dynamique lors de de vie ». l’étape « Confrontation des représentations et analyse collective ». Cultures & Santé asbl Des habits et nous 24
Chaque sous-groupe doit parvenir à un Quels sont les accords et désaccords qui consensus sur la tenue vestimentaire ont marqué votre discussion ? de son personnage. Par la suite, les Le sous-groupe retient ses critères et participants devront pouvoir expliquer ne les explicite pas encore au reste des à l’ensemble du groupe ce qui a guidé participants. leur choix (étape Confrontation des re- présentations et analyse collective). Quels sont les critères qui ont influencé le choix des vêtements ? (Par exemple : « Notre personnage est sportif donc nous pensons qu’il porte un jogging ».) Décrire la personnalité du personnage habillé : dans le rôle du récepteur Les personnages ha- L’animateur vient en aide aux partici- billés sont échangés pants afin qu’ils maîtrisent les critères d’un sous-groupe à d’identité tels que proposés sur la fiche l’autre. Chaque sous- d’identité. Il les aide également à com- groupe reçoit alors pléter leur fiche s’ils n’y parviennent une fiche d’identité pas seuls. vierge, qu’il doit rem- plir d’après la tenue vestimentaire du Lors de cette deuxième phase, le personnage qu’il a sous les yeux. sous‑groupe doit également parve- nir à un consensus. Il devra pouvoir D’après les vêtements portés par ce per- expliquer ses choix par la suite (étape sonnage, quels sont les traits de personna- Confrontation des représentations et ana- lité que vous lui prêtez ? lyse collective). Comment l’imaginez-vous? Cultures & Santé asbl Des habits et nous 25
Confrontation des représentations et analyse collective Les sous-groupes se rejoignent. Le procédé proposé ci-dessous est répété pour chacun des person- nages créés. - Un personnage habillé est présenté à l’ensemble du groupe ; Dans un tableau de 2 colonnes, l’animateur restitue l’ensemble des informations suivantes : Récit de vie initial reçu Fiche d’identité remplie par le sous‑groupe émetteur par le sous-groupe récepteur Âge, prénom, traits de caractère... Âge, prénom, traits de caractère... - L’animateur lit le récit de vie initial du personnage, sur la base du- quel l’un des sous-groupes a créé le personnage habillé (sous‑groupe « émetteur »). - L’animateur lit ensuite la fiche d’identité qui a été créée par un des sous-groupes pour ce personnage (sous-groupe « récepteur »). - L’animateur invite les participants à relever les similitudes et les différences entre ces différentes informations. Chaque sous- groupe ayant travaillé le personnage présenté (le sous-groupe émetteur et le sous-groupe récepteur) peut alors s’exprimer sur ses critères de choix. Le même exercice est répété pour chacun des personnages habillés par un sous-groupe. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 26
Conclusion et débat Au terme de cet exercice et des échanges suscités, l’animateur invite les participants à s’exprimer sur ce qu’ils ont ressenti durant l’animation. Il re- bondit sur les éléments qui permettent d’appuyer la notion de relativité dans la communication vestimentaire. Par quoi avez-vous été interpellés durant cette animation ? Habiller collectivement un personnage d’après un récit de vie a-t-il été facile ou difficile ? Pourquoi ? Avez-vous eu des dé- saccords ? Construire collectivement la fiche d’iden- tité d’un personnage habillé a-t-il été facile ou difficile ? Pourquoi ? Avez-vous eu des désaccords ? Avant de vous mettre d’accord en sous- Les vêtements que l’on porte livrent groupe, ces exercices (choisir les vête- des informations sur nous, sur notre ments d’un personnage et décrire la per- appartenance à des groupes et sur sonnalité d’un autre selon ses vêtements) notre personnalité. Toutefois, il existe vous demandaient-ils beaucoup de temps ? tant d’interprétations possibles de ces Aviez-vous déjà des idées de manière ra- vêtements comme signes identitaires pide, spontanée ? qu’il n’est pas possible de les décoder et de percevoir quelle est la personne Que souhaitez-vous retenir de cette ani- qui « se cache » derrière une tenue ves- mation ? timentaire. Cultures & Santé asbl Des habits et nous 27
quelques ressources Q u e lq u e s ressources
Bibliographie >>DESBOIS M., DUGAILLY J., LOONTJENS A., MANGEZ N., PINOY T. et STERCQ C., Faire connaissance et participer, 1001 idées pour lancer une formation en alphabétisation, Collectif Alpha, 2010 >>DESCAMPS M.-A., La psychologie des vêtements, article consulté en avril 2012 http://www.europsy.org/marc-alain/psyvet1.html >>ESNOULT B. & LEGRAND P., Bien communiquer par son look, Paris, Interéditions, 2010 >>GHERCHANOC F. & HUET V., « Pratiques politiques et culturelles du vêtement », in Revue historique 1/2007 (n° 641), pp. 3-30. >>GILOT B., Comment séduire ?, article consulté en avril 2012 http://www.lejournalenor.com/pagepsyparisrome.html >>HOUSSET F., Pourquoi s’habille-t-on ?, article consulté en avril 2012 http://philovive.fr/?2007/01/08/54-pourquoi-shabille-t-on >>JACKSON D., HELMICK-BEAVIN J. & WATLAWICK P., Une logique de la communication, Paris, Seuil, 1979 >>ROY A., Donnez une bonne image de vous. Plaisir d’être soi – look et marketing de soi, Paris, Interéditions, 2010 >>WINKIN Y., La nouvelle communication, Paris, Seuil, 1981 Les ouvrages proposés ici sont disponibles au centre de documentation de Cultures & Santé Ouvert le lundi, le mardi, 148, rue d’Anderlecht le mercredi & le vendredi B-1000 Bruxelles de 9h30 à 16h30 +32 (0)2 558 88 11 cdoc@cultures-sante.be Cultures & Santé asbl Des habits et nous 31
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