District de Viengkham, Province de Luang Prabang, RDP Laos - Agrisud International
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Analyse de l’adoption des systèmes améliorés et des pratiques agroécologiques District de Viengkham, Province de Luang Prabang, RDP Laos PROJET AGRICOLE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ ET DE PRÉSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES POUR LES POPULATIONS DE MONTAGNE DU NORD DU LAOS Janvier 2018
Introduction Dans les montagnes du Nord du Laos, 90% des ménages dépendent de l’agriculture et des ressources naturelles pour le maintien de leurs modes de vie. La préservation des ressources naturelles est donc un enjeu majeur pour le développement socio-économique du Laos. Dans cette région montagneuse, les populations rurales pratiquent en majorité l’essartage pour couvrir leurs besoins en riz ; des cultures semi-pérennes ou pérennes (manioc, arbres fruitiers), quelques activités d’élevage dans les sanam (avicole, porcin, caprin, bovidés), et la collecte des produits forestiers non ligneux pour l’amélioration de leur alimentation et revenus. Aujourd’hui, leur mode de vie est menacé par l’insécurité alimentaire et sanitaire liée à la dégradation de leur environnement et de leurs ressources productives. La réduction des temps de jachère à 2-3 ans (au lieu de 15 ans) sur les cultures en rotation, et la surexploitation des parcelles de montagne ont provoqué une baisse de fertilité des sols et une érosion des flancs de montagne qui se traduit par la présence de ravines plus ou moins prononcées. Les forêts naturelles, lieux traditionnels de chasse et de cueillette, sont aujourd’hui également menacées par la déforestation et la surexploitation de leurs ressources. L’abattage des forêts naturelles affecte également les sources de montagne, tant sur la quantité, que sur la qualité de l’eau. Agrisud, Association de Solidarité Internationale, s’implique depuis 1992 dans le développement économique des pays du Sud. Depuis 2009, Agrisud International est présent dans les montagnes du Nord du Laos pour lutter contre l’insécurité alimentaire, tout en préservant l’environnement et les ressources naturelles. Agrisud est maître d’œuvre du projet et coordonne les interventions des différents partenaires, tel que les services décentralisés de la Province de Luang Prabang et du District de Viengkham (PAFO, DAFO, DONRE, DHO, LWU), l’association laotienne SAEDA, l’ONG française Etc Terra, .. Une première opération menée entre 2009 et 2012 avait pour objectif d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition parmi les ménages les plus vulnérables. Un deuxième projet a vu le jour sur la période 2014-2018 pour venir prolonger le travail déjà effectué. L’objectif est de mettre en place des modèles d’agriculture durable qui contribuent à la réhabilitation, la préservation et la valorisation des ressources naturelles, ainsi qu’à l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Ces systèmes améliorés promus reposent sur des pratiques clés, qui ont une importance majeure dans la mise en œuvre des systèmes par les producteurs. L’adoption de pratiques simples doit permettre aux producteurs d’intensifier à long terme leur production sur les zones agricoles déjà ouvertes, en améliorant la gestion de la fertilité. Ainsi, l’adoption des pratiques a directement un lien avec les objectifs de réhabilitation, préservation et valorisation des ressources naturelles. Cette étude, commanditée par Agrisud International, présente une évaluation de la situation initiale et vise à comprendre l'appropriation des systèmes améliorés par les agriculteurs. Page 2
Sommaire CADRE DE L’ÉTUDE Cadre de l’étude 3 Caractéristiques de l’agriculture 5 Le Nord du Laos, une région rurale montagneuse Présentation du projet 7 Situé au milieu de l’Asie du Sud-Est, le Laos est un pays aux paysages et écosystèmes variés. La composante agricole d’Agrisud International 8 Le District de Viengkham fait partie de la province de Luang Prabang, au Nord du Laos. La Les systèmes promus par Agrisud International 9 population du district, s’élevant à 30 000 personnes, soit 4942 familles, appartient à trois Méthodologie de l’étude 10 groupes ethniques : les Lao (12%), les Khmu (78%), et les Hmongs (10%). Ces familles sont Le profil des producteurs 11 réparties dans 10 kumbans (regroupement de villages), dont 6 ont été sélectionnés pour Evaluation des pratiques améliorées participer au projet (Figure 1). Les villages cibles ont des profils et des facilités d’accès - Localisation des exploitations évaluées 12 différents, selon leur proximité ou non avec le réseau routier. - Systèmes vivriers 13 - Maraîchage 16 - Arboriculture 18 - Produits forestiers non ligneux 20 - Pâturage et fourrage 21 Etude de cas d’un village bénéficiaire 24 Recueil de témoignages 25 Les contraintes rencontrées 27 Facteurs d’adoption des pratiques agroécologiques 28 Bibliographie de l’étude 30 Les problématiques du District de Viengkham Les habitants du district dépendent majoritairement de l’agriculture pour leur subsistance. D’un côté, les enquêtes standardisées de type FCS (Food Consumption Score) ont montré que la diversité alimentaire était bonne, mais de l’autre, les enquêtes économiques comme le STE (Suivi Technico- Economique) montrent de faibles revenus annuels et une très faible disponibilité en « cash flow ». Les systèmes agricoles, très diversifiés pour la consommation des ménages, dépendent des pluies pour l’irrigation et des brûlis pour le nettoyage et la fertilisation des parcelles. Ils s’avèrent cependant peu productifs et le District reste peu attractif pour les entreprises et Figure 1 : Localisation du District de Viengkham et des villages bénéficiaires du projet FORAE. collecteurs de produits agricoles. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 3
Zonage agro-écologique de la zone d’étude Climat Le Nord du Laos profite d’un climat subtropical, avec une pluviométrie annuelle moyenne de 1200mm. Les précipitations marquent les variations de saisons et se produisent de Mai à Octobre. La saison sèche succède à la saison des pluies avec une première période fraiche, de Novembre à Février, puis une période chaude, de Mars à Jan. Fev. Mars Avril Mai Juin Juil. Aout Sept. Oct. Nov. Dec. Avril (Figure 2). Les températures sont comprises entre 7 et 35°C, avec une moyenne Figure 2 : Schéma de la répartition des différentes de 20°C. saisons au Nord du Laos. Paysage Le District de Viengkham est une zone montagneuse avec 80% de territoire sur pentes, sur des altitudes variant entre 400 m et 1500 m. Deux types de paysages y sont représentés : les plaines, principalement occupées par l’agriculture de bas-fonds (riz principalement), et les montagnes, qui sont couvertes par des forêts, des jachères et des parcelles de cultures pluviales. Le réseau hydrographique est très important, avec beaucoup de sources et de cours d’eau. Biodiversité La forêt primaire, aujourd’hui disparue dans le district de Viengkham, a laissé la place à des forêts, relativement jeunes, dont près de 50% de la surface est dégradée. Elles sont largement dominées par deux espèces : Castanea mollissima (Fagaceae) et Schima wallichii (Theaceae). Les forêts de conservation, soumises à des restrictions, sont cependant moins dégradées et plus diversifiées que celles qui sont sujettes à des coupes sélectives. Sols L’argile rouge est caractéristique des sols du Nord du Laos, aussi appelés ultisols. Ils ont un pH acide (souvent inférieur à 5), contiennent beaucoup d’oxyde de fer (terre de couleur rouge), mais peu de calcium et potassium (faible potentiel agricole en l’absence de fertilisants et de chaux). Leur capacité de drainage insuffisante cause des excès d’humidité sur les zones planes lors de la saison des pluies, tandis que les zones en pentes sont sujettes à l’érosion. Parcelle de riz pluvial à Moktaned en Août 2015 Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 4
CARACTÉRISTIQUES DE L’AGRICULTURE L’agriculture dans les montagnes du Nord du Laos Les systèmes de production préexistants Une enquête a été réalisée en début de projet, en 2014, pour connaître le Lors de l’enquête réalisée en 2014, les principales activités agricoles des profil des familles bénéficiaires du projet FORAE : familles bénéficiaires ont pu être évaluées : Nombre de personnes vivants dans la maison : 5,7 (dont 4,3 enfants) Riz 100% Elevage 99% Main d’œuvre à temps plein : 2,1 personnes Maïs 79% Age moyen du couple : 40 ans Maraîchage (s. sèche) 60% PFNL 78% Agriculteurs à temps plein : 96% des familles Cependant, les performances du secteur agricole restent faibles, car ces La grande majorité des familles, vivant dans cette région rurale, pratiquent montagnes sont loin des grands axes de circulation et présentent des l’agriculture comme activité principale. A l’analyse des résultats, 4 profils conditions climatiques et géographiques contraignantes. N’étant donc pas d’agriculteurs se sont présentés. Dans l’ensemble des cas, la main d’œuvre suffisamment compétitives pour les grands marchés, les productions sont familiale est complétée par de l’entraide et des échanges de services entre majoritairement destinées à l’autoconsommation et aux marchés locaux. villageois, en particulier lors des semis, des désherbages et des récoltes. Cultures pluviales: Rotation de cultures pluviales (riz, Les agriculteurs favorisant les productions génératrices de manioc, sésame, maïs et larme de job) sur les pentes, en revenus association avec des arachides, des courges ou quelques Surface : Supérieure à 10 ha légumes. Le riz est principalement autoconsommé, mais le Activité d’élevage bien développée sésame, maïs (variété améliorée) et larme de job, sont des cultures commerciales, vendues à des collecteurs et à des Les agriculteurs à plein temps sur les activités pluviales entreprises pour les marchés chinois et vietnamiens. Surface : Entre 5 et 10 ha Petit cheptel de bovins pour placer leur argent Élevage: Système d'épargne traditionnel, peu géré (animaux Multiples activités selon la saison (maraîchage en saison sèche, en divagation). Les élevages sont : porcin, volaille, caprin, bovin récolte de produits forestiers non-ligneux) et bubalin. Les travailleurs faisant de l’agriculture un second revenu Collecte de PFNL: La collecte de produits forestiers non Surface : Moins de 5 ha ligneux est une activité économique saisonnière, pratiquée par les agriculteurs lorsque les activités dans les champs sont Les agriculteurs visant uniquement la subsistance réduites. Les principaux produits collectés sont la Peu de pouvoir agricole (très petite surface, fortes contraintes) cardamome, le galanga, le genêt à balais, le puak muak et le Personnes isolées ou peu actives (personnes âgées, célibataires) rotin. Ils sont vendus pour les marchés chinois et vietnamiens. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 5
L’Agriculture sur défriche brûlis, une des causes de la déforestation Abattage manuel d’une Les systèmes de production traditionnels sont régis par une agriculture itinérante sur abattis-brûlis, qui se portion de forêt traduit par une alternance de cycles de cultures et de jachères (Figure 3). Cette technique permet d’éliminer la biomasse existante et de mobiliser les éléments minéraux au profit des cultures. Après 2 à 4 Jachère Séchage du cycles de culture et la baisse significative de la fertilité des sols et donc des rendements, une jachère longue d’environ matériel doit intervenir dans la rotation. 3 ans végétal Plusieurs études attestent de la durabilité du système d’agriculture sur brûlis lorsqu’il est pratiqué dans un contexte de faible densité de population (Roosevelt, 2000). La jachère a un rôle déterminant dans le Brûlis de la système d’agriculture sur brûlis pour assurer le renouvellement de la fertilité. La diminution des périodes de Culture portion jachère et la pratique déraisonnée de cette technique, en fait un des moteurs de la déforestation et de la annuelle dégagée dégradation des forêts. Les pressions anthropiques exercées sur la forêt se manifestent aussi par les activités de cueillette, notamment la collecte de PFLN (Produits Forestiers Non Ligneux). Semis Figure 3 : Schéma du cycle de culture sur abattis-brûlis. PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES SYSTÈMES DE PRODUCTION FORCES FAIBLESSES - Faibles problématiques sanitaires sur les cultures de base - Agrosystémiques : gestion de la fertilité limitée à l’itinérance, maitrise limitée de - Complémentarité des cultures vivrières et des activités de contre saison la densité des cultures lorsqu’elles sont cultivées en association, successions - Utilisation faible de produits phytosanitaires culturales peu pratiquées : résultats technico-économiques des cultures de - Valorisation locale des productions et commercialisation via des collecteurs diversification limités. - Diversité de cultures importante - Faible complémentarité entre le système d’élevage et le système de culture (transferts de fertilité) - Faible pouvoir d’achat des familles OPPORTUNITÉS MENACES - Amélioration des techniques et renforcement des capacités productives - Dégradation rapide des écosystèmes cultivés (matériel végétal) : amélioration des rendements, des revenus, et sédentarisation - Amplification des phénomènes de dégradation et des pressions anthropiques sur des systèmes de production les ressources et sur l’environnement - Diversification des cultures avec de potentiels intérêts économiques : cultures - Contraintes géographiques et climatiques fruitières (agrumes), maraîchères, PFNL, élevage, légumineuses. - Problèmes de ravageurs de cultures : insectes, criquets (invasion depuis 2015), - Développement de solutions agroécologiques (biopesticides, pièges, …) pour rats, … lutter contre les ravageurs Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 6
PROJET AGRICOLE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ ET DE PRÉSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES POUR LES POPULATIONS DE MONTAGNE DU NORD DU LAOS 1ère phase du projet 2ème phase du projet Entre 2009 et 2012, la première phase du projet portait sur la sécurité En prolongation de cette première opération, la deuxième phase du projet, alimentaire pour les femmes et les familles pauvres du District de de 2014 à 2018, a comme objectif spécifique de renforcer les capacités Viengkham. Les objectifs étaient de faciliter l’accès à l’eau potable et à une agricoles des populations de montagne du Nord du Laos. Il s’agit pour cela nutrition saine pour 508 ménages, dans 25 villages, ainsi que d’appréhender de mettre en place des modèles d’agriculture, durables et performants, qui la gestion du territoire de 10 de ces villages. Ce projet a été cofinancé par contribuent à : l’Union Européenne, le MAE, France Volontaire et Agrisud. Il a pu être mené Développer l’économique et le social à bien grâce à la participation du PAFO (Provincial Agriculture & Forestry La préservation des ressources naturelles Office) de Luang Prabang, du DAFO, du DONRE, du DHO, de l’Union des Femmes Lao de Viengkham et de l’IRD/CIFOR/NAFRI. L’adaptation au changement climatique (résilience des systèmes agricoles, réduction des émissions de gaz à effet de serre et séquestration de carbone). Pour cela, différentes activités ont été mises en place : 1. Accompagnement et formation à l’amélioration des performances techniques, économiques et environnementales des exploitations. Paysage à Samton en Novembre 2015 2. Appui à l’élaboration de plans participatifs d’aménagement du Participation des partenaires sur le projet 2014-2018 territoire et à la planification et mise en œuvre d’activités de réhabilitation des zones fortement dégradées. Ce projet a vu le jour grâce à la participation de nombreux partenaires : 3. Etude de l’empreinte environnementale du projet en termes de Le DAFO de Viengkham a mis à disposition 6 techniciens agricoles et le préservation des ressources naturelles. PAFO de Luang Prabang, un coordinateur provincial, Le DONRE de Viengkham a mis à disposition 2 techniciens A la fin du projet, les résultats sont capitalisés et diffusés, les partenaires environnementaux, locaux sont formés pour une réplication du projet à plus large échelle. Le DHO de Viengkham a appuyé le projet sur le volet « eau potable » avec des techniciens, L’association locale SAEDA a fournit un agronome, Etc Terra s’est chargé des évaluations environnementales, Une VSI s'est chargée de l’appui technique et organisationnel. L’AFD, la Fondation Ensemble, la Swiss Philanthropy Foundation et le WFP ont fourni les financements nécessaires à la mise en œuvre. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 7
LA COMPOSANTE AGRICOLE D’AGRISUD : UN PROJET DE CHANGEMENT DE PRATIQUES Agrisud dispose de 25 ans d’expérience en matière d’appui aux Très Petites Entreprises agricoles (agroécologiques) et para-agricoles dans les pays du Sud. En 2010, Agrisud a édité un guide des pratiques en agroécologie, qui a été traduit partiellement en laotien pour ce projet, afin d’appuyer les Formation en maraîchage à futures formations et la diffusion de la méthode auprès des Samton en Octobre 2015 techniciens agricoles et des maîtres exploitants. Mode d’action L’objectif du projet est de favoriser la transition entre une agriculture d’autosubsistance, favorisant une surexploitation à Le District de Viengkham est classé parmi l’un des plus défavorisés du Laos. Ce nouveau projet court terme des ressources naturelles pour des revenus et a sélectionné 20 villages du District, répartis dans 6 kumbans (regroupements de villages, profits immédiats, vers une agriculture pérenne, appelés bans), incluant 9 villages ayant précédemment bénéficiés du projet de sécurité respectueuse de son environnement, grâce à une bonne alimentaire mené par Agrisud (Figure 1). Ceci permet de valoriser le projet antérieur par la gestion de ces ressources productives. A moyen terme, il poursuite d'activités à Viengkham et de diffuser la démarche à plus grande échelle sur de s’agit d’inverser la tendance, allant vers une dégradation de nouveaux villages du District. Au total, 29% des villages du District sont concernés par le l’environnement et des agrosystèmes des populations projet et apparaissent comme villages pilotes pour la capitalisation des résultats des activités montagnardes du Nord, et de leur permettre de vivre et leur diffusion vers d’autres villages du District et de la Province. durablement de leurs activités agricoles. Sur le long terme, la Sur l’ensemble du projet, 871 familles de producteurs volontaires ont été appuyées, pour préservation des ressources forestières et la mise en place améliorer leurs systèmes de production. Elles ont été sélectionnées en fonction de l’intérêt de pratiques agricoles conservatrices, permettent de lutter qu’elles portaient aux activités du projet, des caractéristiques du terrain sur lequel elles contre le réchauffement global et de réduire la vulnérabilité souhaitent les mettre en œuvre, de leur rigueur dans la mise en pratique et de leur des territoires face aux risques de catastrophes naturelles. disponibilité. Parmi les agriculteurs bénéficiaires, ceux reconnus comme maîtrisant différentes Lors de son projet précédent (2009-2012), Agrisud avait pu pratiques et prêts à les diffuser auprès des autres agriculteurs, sont sélectionnés comme tester la mise en place de parcelles de jachères améliorées et maîtres exploitants. de cultures en association. L'intérêt des familles face aux résultats a montré que l’introduction de nouvelles pratiques Afin de prendre en charge une partie des risques consistant à tester de nouvelles pratiques, le agricoles, liées à la préservation et à la conservation des projet fournit un appui direct en semences et en petit matériel (binette, râteau, barbelé, …) espaces et des productions, est acceptée par les populations, aux producteurs, ce qui constitue aussi une mesure d’incitation. La démarche de diffusion des qui ont pleinement conscience des problèmes liés à leur systèmes est participative, sous forme de groupes de travail pour favoriser l’émulation mode de production dans le contexte actuel. collective, et complétée par un appui individuel du technicien sous forme d’un suivi régulier de chaque parcelle appuyée par le projet en compagnie du producteur. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 8
LES SYSTÈMES PROMUS PAR AGRISUD INTERNATIONAL Afin de diversifier les productions agricoles, d’assurer la sécurité Activités d’arboriculture alimentaire et de créer des activités génératrices de revenus, Agrisud La majorité des familles possèdent quelques arbres dont les fruits sont destinés à la International encourage la mise en place de pratiques agroécologiques consommation familiale. La vente n’est pas toujours possible à cause d’une production sur de nombreux systèmes. Avant de réaliser un suivi dans les trop faible et de mauvaise qualité due à l’absence d’entretien des arbres fruitiers. Afin de parcelles, des formations techniques et pratiques sont dispensées par maîtriser cette activité, potentiellement intéressante économiquement, de nouvelles les techniciens du projet FORAE aux producteurs volontaires. techniques sont proposées aux familles identifiées : - Plantation (mélanger le sol à de l’engrais naturel, espacer les jeunes plants, irriguer, Systèmes de cultures vivrières pluviales en planter en courbes de niveau en réalisant des talus soutenus par des fascines provisoires) association avec des légumineuses - Entretien des arbres (tailler, utiliser des biopesticides, désherber, couvrir le sol avec du Cette activité est basée sur la sédentarisation partielle des cultures et sur paillage, prévenir les infections avec des mélanges d’espèces), une couverture permanent du sol (rotation, association, couverture morte). - Reproduction (greffer, marcotter, replanter les rejets des bananiers ou ananas). La qualité du sol est préservée et améliorée chaque année grâce à l’association des cultures (riz, maïs), aux légumineuses (Vigna umbellata, arachide, haricot noir, soja). Ces systèmes, alternatifs à l’abattis-brûlis, Culture de produits forestiers non-ligneux (PFNL) préservent la qualité du sol et diversifient l’alimentation par la Les familles ont l’habitude d’aller récolter ces produits naturels en forêt. La filière consommation de légumineuses. Ainsi, des démonstrations culinaires ont commerciale étant présente et intéressante, la récolte, souvent intensive et non été réalisées pour promouvoir la consommation de ces nouveaux aliments. raisonnée, mène à une raréfaction de ces ressources naturelles sauvages. Afin de lutter contre cette dégradation forestière, le projet propose des techniques de domestication Systèmes de cultures vivrières de bas-fonds de la cardamone, du galanga et du rotin. Valorisation des parcelles de bas-fonds grâce au semis de Vigna umbellata en saison sèche (après la récolte du riz). Amélioration de l’élevage et création de pâturages Les animaux sont habituellement laissés en divagation, ce qui engendre des destructions dans les parcelles, un faible rendement du fait d’une mauvaise gestion de Activités de maraîchage l’alimentation et de la santé animale,… Afin d’optimiser l’activité d’élevage, source de Réalisés en saison sèche, lors de la basse saison du riz, les jardins revenus intéressante, Agrisud promeut la mise en place de zones de pâturage clôturées, sont souvent à proximité de la maison et on y trouve un mélange de la production de fourrage, de pierres à lécher, d’ensilage, la construction d’abris et de cultures : des légumes feuilles (chou, salade, liseron d’eau…), des haies vives autour des cultures. cucurbitacées (concombre, courge), des tubercules, des légumineuses La création de parcelles de pâturage (Brachiaria ruziziensis, Stylosanthes, Herbe à éléphant), (haricots longs, …), des liliacées (oignon, ail), des fleurs, du piment, des individuelles ou collectives, est accompagnée par les techniciens, et 3 modèles de gestion aubergines, des arbres fruitiers, … Il est proposé un appui technique et une sont proposés: pâturage permanent; zone d’engraissement; fourrage à la coupe. diversification des productions par un accès à des semences de nouvelles variétés. L’objectif de ces nouvelles pratiques culturales est d’optimiser les capacités et la diversité du jardin : faire une pépinière, semer en lignes et en L’agroécologie combine le développement agricole et la protection/régénération planches, rajouter de l’engrais organique (fumier, compost), pailler pour de l’environnement naturel. Elle est à la base d’un système global de gestion d’une préserver l’eau, préparer et appliquer des biopesticides, associer les agriculture multifonctionnelle et durable, qui valorise les agroécosystèmes et la cultures, continuer le jardin en saison des pluies avec l’installation de biodiversité végétale, assure une diversité de services écosystémiques, optimise la serres… production et minimise l’utilisation d’intrants chimiques de synthèse. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 9
MÉTHODOLOGIE DE L’ETUDE L’ETUDE Echantillonnage L’objectif de cette étude est Le projet ne disposant que de ressources limitées pour mener les enquêtes auprès de d’évaluer la mise en pratique, l’ensemble des bénéficiaires, un échantillon raisonné et représentatif a été privilégié pour par les agriculteurs, des que les observations reflètent au mieux la réalité sur l’adoption des pratiques. techniques agroécologiques Dans chaque village sélectionné, un échange collectif de type « focus group », a été promues sur la période de réalisé avec un grand nombre de bénéficiaires du projet pour qu’ils puissent tous 2014-2018. La pertinence des s’exprimer sur leurs ressentis, doutes, pratiques, … pratiques et leur degré Le choix des producteurs rencontrés individuellement a été effectué avec les techniciens d’appropriation, sont les d’Agrisud de chaque village, selon la diversité des systèmes et des pratiques mises en paramètres à étudier pour Parcelle fourragère à Phon Keo place. Dans plusieurs villages, certains producteurs ont aussi été rencontrés de manière comprendre les forces et les en Décembre 2017 aléatoire, afin de limiter le biais lié à une sélection effectuée uniquement par le faiblesses du projet FORAE. technicien. Déroulement de Données collectées l’étude Les enquêtes ont été réalisées par une stagiaire ingénieur agronome et un traducteur anglais-laotien. Dans chaque village, le focus group était réalisé avec l’aide du technicien en charge du village qui réunissait de nombreux bénéficiaires. Puis, l’équipe Une première phase, allait interroger les producteurs de la liste établie et visitait leurs parcelles. La collecte des données concernait : bibliographique, a été consacrée à l’élaboration de - Les pratiques culturales et itinéraires techniques (enquête, observation et géolocalisation des parcelles), la méthodologie à adopter. - Les données socio-économiques (pour suivre l’évolution des conditions de vie), La deuxième phase, - Les ressentis, le niveau de satisfaction, les difficultés rencontrées, … des bénéficiaires, à travers une discussion ouverte. consacrée aux enquêtes sur Afin de proposer une évaluation pertinente, un questionnaire avait été rédigé au préalable, avec notamment : la même étude le terrain pendant quatre socio-économique qu’au début du projet, le détail des pratiques clés et des questions ouvertes pour guider la discussion… semaines, a été menée en novembre et phase, d’une durée de deudécembre Analyse des résultats 2017. Enfin, une troisième x Tous les systèmes ont été évalués à partir de plusieurs critères directement en lien avec les pratiques à respecter. semaines, a été nécessaire L’ensemble des informations obtenues au cours de l’enquête ont été prises en compte afin d’appréhender les réponses de pour l’analyse et la saisie chaque bénéficiaire. des données récoltées. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 10
LE PROFIL DES PRODUCTEURS Une étude sur la vulnérabilité des ménages enquêtés a été effectuée. L’objectif était de situer le producteur dans son environnement, afin de situer la corrélation entre le niveau de pauvreté des producteurs et l'adoption de pratiques améliorées. L’analyse socio-économique des familles bénéficiaires a été réalisée à partir d’un questionnaire composé de 13 Questions fermées à Choix Multiples, relatives aux caractéristiques du foyer et à la possession de biens, de surface agricole et d’animaux. Lors de l’enquête de terrain dans le District de Viengkham, 48 ménages, répartis dans 10 villages, ont été interrogés sur leurs pratiques agricoles et sur leurs conditions socio-économiques. Leurs situations fin 2017 a ainsi pu être comparé à celle du début du projet, en 2014. Catégorie du ménage selon le Accès à l’eau courante au robinet gouvernement • 88 % ont accès à des robinets collectifs dans le Depuis 2014, le nombre de riches, ainsi que de village. 12% pauvres, a augmenté, au détriment de la classe 4% • 12 % ont un robinet d’eau privée (contre 16% 27% moyenne. Actuellement : en 2014). Cette baisse peut s’expliquer par le 88% • 27 % sont considérés comme « pauvre ». 69% déménagement récent de nombreuses familles dans • 69 % sont considérés comme « moyen ». de nouvelles maisons en ciment. • 4 % sont considérés comme « riche ». Type de maison des familles Source d’électricité • 19% ont une maison temporaire en bambou, Depuis 2014, l’accès à l’électricité par le réseau alors qu’en 2014, il y en avait 30%. 19% a augmenté, et moins de familles n’ont toujours 15% • 25% ont une maison semi-temporaire en bois 56% 25% aucune source d’électricité. Actuellement : • 56% ont une maison permanente en ciment (en • 60 % ont accès à l’électricité directement 25% nette augmentation depuis 2014, ou il n’y en 60% par le réseau (contre 42% en 2014). avait que 9%) • 25 % ont un générateur, un panneau solaire ou une turbine à eau pour produire de l’électricité. Moyen de transport • 15 % n’ont pas l’électricité (contre 33% en • 70 % des producteurs possèdent une moto, soit 2014). une diminution par rapport aux 77% en 2014. 12% • 14 % des producteurs possèdent un camion ou 8% Accès à des sanitaires une voiture, ce qui représente une 10% 27% 70 • 27 % n’ont pas de sanitaires augmentation par rapport aux 4% en 2014. % • 73 % ont des sanitaires (en 2014, il n’y en 73% • 8 % des producteurs possèdent un bateau, et ce avait que 67%) sont les mêmes que ceux de 2014. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 11
EVALUATION DES SYSTÈMES AMÉLIORÉS ET DES PRATIQUES AGROÉCOLOGIQUES PROMUES PAR AGRISUD Localisation des parcelles améliorés évaluées Dans le cadre de cette étude, et parmi les 871 producteurs bénéficiaires du projet, 135 parcelles améliorées ont été enquêtées (Figure 4) soit : 31 parcelles vivrières dont : 10 parcelles d’association maïs / légumineuses. 4 parcelles d’association riz / légumineuses. 5 parcelles de bas-fonds 31 parcelles maraîchères 30 parcelles arboricoles 27 parcelles de PFNL 16 parcelles de pâturage Focus group à Nakkang et Had Kor (Novembre 2017) Enquête individuelle (Nakkang, Novembre 2017) Figure 4 : Localisation des parcelles agricoles des familles enquêtées, dans 10 villages appuyés par le projet. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 12
LES SYSTÈMES VIVRIERS 31 parcelles vivrières ont été étudiées, dont 26 FORMATIONS PRATIQUES systèmes pluviaux et 5 systèmes dans les bas- Plantation en ligne, perpendiculairement à la pente fonds. Les systèmes vivriers améliorés constituent le . Association : Distance entre les plants de maïs (0,75-1m) cœur du projet, car ils concernent la majorité du - vigna / maïs ou Plantation du vigna en ligne, entre les rangs de l’autre culture paysage agricole local et des cultures destinées à - vigna / larme de job Distance entre les plants de vigna (30-40cm) l’autoconsommation (dont maïs pour les animaux). Couverture végétale morte (résidus de vigna et tiges de maïs) L’objectif est ici de promouvoir des pratiques simples Association : Planter les légumineuses là où le riz n’a pas germé qui peuvent favoriser l’intensification agricole sur des riz pluvial / légumineuses Distance entre les plants (30-40cm sauf soja : 50-70cm) (arachides, vigna, haricots noirs, soja) parcelles déjà ouvertes, ainsi que la diversification du Récolte des légumineuses bol alimentaire avec les légumineuses, qui jouent aussi Utilisation des légumineuses Conservation avec des cendres et des feuilles de mélia un rôle dans l’amélioration de la fertilité des sols. Consommation par la famille (démonstration culinaire) Résultats Semis en ligne et respect des écartements Suite aux formations, les producteurs ont, dans 73 % des cas, mis en pratique le semis en ligne pour les légumineuses. Celui-ci est assez bien maîtrisé, grâce à l’appui des techniciens, car les Semis en ligne 80% producteurs apprécient la facilité avec laquelle ils peuvent désherber et récolter lorsque les Respect des Consommation 60% lignes sont bien dessinées. De plus, le respect des distances entre les plants est très bien appliqué écartements 40% car les producteurs observent une meilleure productivité lors de cette mise en pratique. Ces deux techniques sont celles qui remportent le plus de succès et le plus de partage de 20% Conservation Couverture connaissances parmi les bénéficiaires et les autres producteurs. des graines 0% végétale Utilisation des légumineuses Récolte des Lorsqu’il y a récolte des légumineuses, elles sont très appréciées lors des repas. Les recettes légumineuses Maïs/vigna utilisées ne sont pas uniquement celles enseignées lors des formations, des innovations apparaissent. Cependant, la récolte des légumineuses n’a pas toujours lieu pour différentes Riz/légumineuses raisons : retards des pluies et le manque d’eau qui engendre des gousses vides ; compétition entre les différentes espèces ; ou plus généralement, destructions des plants par les animaux Figure 5 : Diagramme d’adoption des pratiques évaluées dans d’élevage en divagation, les rongeurs et les insectes. En effet, la récolte du vigna se fait après la les 26 parcelles de systèmes vivriers pluviaux, dans les 10 récolte de la culture principale (riz ou maïs), lorsque les clôtures de la parcelle vivrière ne sont villages enquêtés. plus assez robustes, pour résister aux animaux de nouveau laissés en divagation hors des sanams. Heureusement, cette tendance tend à diminuer grâce aux formations sur la gestion des animaux d’élevage, ce qui permet indirectement d’atténuer la pression sur les couvertures végétales. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 13
LES SYSTÈMES VIVRIERS Association des cultures avec des légumineuses Maïs : L’association du maïs avec le vigna a été mise en pratique dans 38% des cas. Les résultats sur la qualité de la récolte et du sol sont visibles dès le premier cycle. Cependant, plus de 80% des producteurs de maïs craignent que le vigna ne recouvre le maïs et altère la récolte. Ceux-là préfèrent donc différer cette association, en attendant d’observer les résultats sur les parcelles de leurs voisins. Riz pluvial : Les légumineuses sont majoritairement semées autour de la parcelle vivrière, mais ne sont implantées dans les zones où le riz n’a pas germé que dans 8% des cas. Ceci s’explique par une crainte généralisée que ces cultures recouvrent le riz et rendent difficile la récolte. Le riz étant l’aliment de base de tous les repas des familles du Nord du Laos, la peur qu’une récolte soit altérée par la mise en pratique d’une nouvelle technique est très forte. La mise en association du riz avec des légumineuses intéresse les familles, mais elles préfèrent franchir les étapes doucement en commençant par les semer sur des parcelles différentes avant de les associer. Ces formations ont permis aux producteurs de diversifier leur alimentation par l’introduction d’une nouvelle source de protéines végétales dans leurs repas, même si ces légumineuses ne sont pas toujours semées en association avec la culture principale sur les parcelles. Cependant, la tendance à la réplication des techniques utilisées par les voisins, laisse à penser que les associations avec les légumineuses ont de l’avenir. Témoignages de familles bénéficiaires des formations sur l’amélioration des systèmes vivriers Nous devons prendre soin du sol L’étonnante découverte du vigna “Avant, il n’y avait pas beaucoup de familles qui “Comme beaucoup de villageois, je ne connaissais faisaient du riz, donc nous pouvions changer de pas le vigna avant la venue du projet. J’ai toujours parcelles fréquemment et faire de longues eu peur qu’il recouvre le riz et qu’il porte atteinte jachères. Maintenant, trop de familles le font et à la récolte, alors je n’ai jamais osé le planter en donc les jachères ne restent que 4 ou 5 ans. Le association. Je le plante sur une parcelle différente, sol n’a pas le temps de se régénérer, il reste mais je fais des rotations. Il peut pousser sur n’importe quel sol et mauvais malgré les périodes de jachères parce l’améliore considérablement. Tant qu’il y a suffisamment d’eau, la qu’elles sont trop courtes. Je suis content récolte est toujours excellente. Lorsque je plante mes cultures sur qu’Agrisud nous apportent des connaissances ces parcelles-là l’année suivante, les récoltes sont meilleures.” pour pouvoir améliorer l’état du sol..” Mme. Khing, agricultrice à Mokkha, 2017. Mr. Sengphet, agriculteur à Moktaned, 2017. L’appropriation progressive des pratiques et leur adaptation par le producteur dans le but de les adapter au milieu spécifique de sa parcelle (type de sol, nombre d’années de culture) est une étape logique et encourageante de l’appropriation des systèmes améliorés par les agriculteurs. Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 14
LES SYSTÈMES DE CULTURES VIVRIÈRES DE BAS-FONDS Lors du lancement du projet FORAE en 2014, Agrisud n’avait pas prévu de faire des formations sur la succession du riz de bas-fond avec des légumineuses. Mais certains agriculteurs, qui avaient des parcelles pluviales et de bas-fonds, ont innové en appliquant les nouvelles techniques enseignées sur leurs deux parcelles. Au vu des bons résultats obtenus, Agrisud a intégré cette nouvelle dimension aux formations proposées depuis 2016. Cette nouvelle formation invite à planter le vigna juste après la récolte du Nakkang, Août 2017 Mr. Seu à Nakkang, Août 2017 riz, et non pas en cours de cycle comme pour les cultures pluviales. La terre est donc enrichie en azote entre deux cycles de riz, le sol a constamment un couvert végétal pour le préserver et réduire la reprise des mauvaises herbes et il n’y a aucune crainte à avoir concernant la compétition entre le riz, déjà récolté, et les légumineuses. Ceci étant tout nouveau, seulement quelques producteurs ont pu y participer et ils sont maintenant dans leur second cycle d’application sur leurs parcelles pour le village de Viengkham II, et leur premier cycle à Nakkang. Au cours de l’enquête réalisée, 5 agriculteurs qui avaient des parcelles vivrières de bas-fonds ont été interrogés. A ce stade et au vu de la taille de l’échantillon, il n’est pas encore possible d’obtenir des résultats sur la mise en pratique. Nakkang, Août 2017 Le vigna n’est pas l’unique succession réalisée sur ces parcelles. Parmi les producteurs bénéficiaires des formations sur les cultures de bas-fonds, certains ont aussi associé le riz avec du soja, du sésame, des concombres… L’engouement des premiers bénéficiaires est très encourageant et l’appui sur les systèmes de bas-fonds améliorés pourrait être poursuivi. Nakkang, Août 2017 Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 15
LES SYSTÈMES DE MARAICHAGE 31 parcelles maraîchères ont été étudiées dans le FORMATIONS PRATIQUES cadre de l’enquête sur l’adoption des pratiques du Emplacement du jardin (proximité, accès à l’eau, terrain plat) projet FORAE. Le maraîchage représente un enjeu Mise en place d’une pépinière important pour les populations du Nord du Laos, car Jardin maraîcher en saison Semer en lignes il constitue la principale source de légumes dans sèche Arroser régulièrement l’alimentation des familles pendant la saison sèche. Désherber régulièrement Pour un régime alimentaire équilibré toute l’année, il Protéger la parcelle avec des barrières en bois est conseillé d’avoir un jardin maraîcher productif et Pépinière sur pilotis, recouverte par une bâche en plastique diversifié. En cas de surplus, ces productions sont Jardin maraîcher en saison Planches de légumes surélevés vendues localement et peuvent constituer une bonne des pluies Support de protection en bambou et en feuilles source de revenus. Les personnes âgées, trop faibles Utilisation de serres pour pratiquer l’abatis-brûlis, sont particulièrement Recouvrir les planches de paillage Techniques de préservation intéressées par le maraîchage à but commercial. Cultures en cuvettes pour concentrer les apports organiques et de l’eau dans le sol réduire les arrosages L’objectif d’Agrisud est de promouvoir des pratiques Production de fumier et utilisation dans le jardin simples qui peuvent favoriser l’intensification et la Production de compost et Compostage en andain : succession de couches végétales, de sol et diversification agricole, sur des parcelles déjà de fumier de fumier ouvertes, en favorisant l’interaction positive entre Utilisation du compost dans la pépinière et sur les planches espèces et en diminuant les pertes causées par des Piment / Gingembre / Ail ravageurs, par des animaux en divagation, par des Production de biopesticides Feuilles de tabac adventices, par un manque d’eau ou par un sol trop Feuilles de Melia azadirachta pauvre. Les variétés de légumes appuyées par le Association de cultures sur la même parcelle projet ont été sélectionnées à partir des demandes Alternance de cultures dans les rangs ou en contour des planches formulées par l’ensemble des familles bénéficiaires, Association de cultures Association avec d’autres plantes pour prévenir les maladies ou les lors d’une enquête en 2014. attaques de ravageurs Résultats Emplacement du jardin maraîcher Afin d’optimiser la productivité du jardin et diminuer la pénibilité du travail, Agrisud a recommandé plusieurs critères pour le choix de l’emplacement du jardin. Une parcelle à proximité de la maison ou du sanam, sur un terrain plat et avec un accès à l’eau est à privilégier. 81% des familles enquêtées ont reconnu l’intérêt d’un tel emplacement et ont un jardin qui répond, entre autres, à ces critères. Famille bénéficiaire dans leur jardin à Viengkham II - Nov 2015 Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 16
LES SYSTÈMES DE MARAICHAGE Résultats Association des cultures L’association des cultures permet de leur faire bénéficier d’interactions Mise en place de pépinières et semis en ligne positives entre elles et optimise l’espace. Les formations présentent les L’amélioration des pratiques maraîchères débute dès la mise en terre des différents types d’associations (en alternance de lignes, en contour de semences. Il est important de sélectionner les plants les plus résistants planches, ou l’ajout de plantes isolées qui repoussent les ravageurs), afin que lors de la germination et de ne pas utiliser plus de semences qu’il n’en les producteurs puissent sélectionner celles qui correspondent le mieux à faut. Pour cela, Agrisud a appuyé, autant théoriquement que leurs besoins. L’association des cultures a été répliquée chez 68% des techniquement, la mise en place de pépinières maraîchères. 65% des familles enquêtées, mais nombreuses sont celles qui attendent de voir le familles enquêtées ont approuvé leur efficacité et reproduisent chaque résultat dans les jardins voisins avant de se lancer. année ce processus de sélection. Puis la quasi-totalité d’entre-elles les transplante en ligne dans le jardin. Toutes les familles sont ravies de l’efficacité du semis en ligne et de la diminution drastique de la pénibilité du travail lors du désherbage, de l’arrosage, de l’apport de matière organique, ou de la récolte. Réalisation et application de biopesticides Différentes recettes de biopesticides sont enseignées lors des formations, notamment une à base de piment, gingembre et ail, une autre à base de feuilles de tabac, ou encore une autre à base de feuilles de mélia. Les deux dernières sont jugées comme plus efficaces par les maraîchers, même si 48% d’entre eux utilisent les 3 recettes. Les autres considèrent qu’au vu du faible nombre d’insectes sur leurs parcelles, les retirer à la main s’avère être un gain de temps par rapport à la préparation de biopesticides. Figure 6 : Adoption des pratiques enquêtées, dans les 31 parcelles maraîchères. Jardin maraîcher pendant la saison des pluies Apport de matières organiques L’activité maraîchère est essentiellement réalisée en saison sèche. Cependant, La productivité d’un jardin est directement liée à la santé du sol et si le jardin continue à être entretenu pendant la saison des pluies, la notamment à sa richesse en matière organique. Le projet incite les consommation de légumes et la vente peuvent améliorer les conditions de maraîchers à répartir du fumier au pieds des légumes, et à réaliser leurs vie de l’ensemble de la famille. Pour s’affranchir des aléas de la pluie, les propres composts. Bien que dans 90% des cas le fumier soit utilisé, le formations proposent des techniques de surélévation des planches compost n’est fait que dans 35% des jardins. Les producteurs considèrent maraîchères et des pépinières, la fabrication de support de protection en ne pas en avoir suffisamment besoin, car le sol serait déjà en bon état, bambou et en feuilles et la mise en place de serres. Seulement quelques pour vouloir y consacrer du temps. Cependant, la plupart d’entre eux se familles du village de Viengkham ont mis en application ces techniques. Les rappellent comment faire du compost et se sentent prêts à le faire si le autres préfèrent se concentrer sur les cultures vivrières et les légumes sol se dégrade. associées aux cultures pluviales (aubergine, courges, concombre...). Présentation de la zone d’étude Le projet Méthodologie Profil producteurs Systèmes de culture Résultats de l’étude Discussion Bibliographie Page 17
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