Diversification des exportations au Rwanda: Promotion des ventes des produits de l'artisanat et de l'horticulture - UNCTAD
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Diversification des exportations au Rwanda: Promotion des ventes des produits de l’artisanat et de l’horticulture Document rédigé par Daniel J. Plunkett Consultant de la CNUCED Mai 2008 Le présent document n’a pas été édité. Les vues exprimées sont celles de l’auteur et ne sont pas nécessairement partagées par la CNUCED.
Introduction Le présent rapport final a été rédigé par Daniel J. Plunkett, consultant auprès du Secrétariat de la CNUCED à Genève. La mission initiale au Rwanda s’est déroulée du 29 janvier au 5 février 2008. Le rapport final est destiné à servir de base à un atelier de suivi en juin 2008 sur le développement de stratégies de groupements pour promouvoir les exportations rwandaises dans les secteurs à la fois de l’artisanat et de l’horticulture. Ces secteurs ont été identifiés comme des domaines commerciaux prioritaires et ont été inclus dans la Matrice d’action de l’Etude diagnostique sur l’intégration commerciale (EDIC) pour le Rwanda, dont les constatations et recommandations ont été validées en septembre 2005. Une mission de la CNUCED effectuée en juin 2006 a débouché sur la préparation de plans d’action motivés rationnellement pour la promotion des exportations des secteurs de l’artisanat et de l’horticulture au Rwanda (CNUCED, 2006c). Ces plans d’action figurent dans les annexes 1 et 2. Un troisième secteur considéré comme une priorité pour la diversification des exportations, à savoir les cuirs et les peaux, est également examiné par un consultant de la CNUCED. 1
Liste d’acronymes ACP Pays de l’Afrique, le Caraïbe et la Pacifique AGOA Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (Programme du SGP des Etats-Unis) APE Accord de partenariat économique COMESA Marché commun des Etats de l’Afrique orientale et australe EAC Communauté de l’Afrique orientale GAP Bonnes pratiques agricoles (Good agricultural practices) KORA Association des artisans du Rwanda MAGERWA Service des douanes du Rwanda MINAGRI Ministère de l’agriculture du Rwanda MINICOM Ministère du commerce et de l’industrie du Rwanda PWC Price Waterhouse Coopers RHODA Agence de développement horticole du Rwanda RIEPA Agence de promotion des exportations et des investissements du Rwanda RRA Administration fiscale du Rwanda SGP Système généralisé de préférences TSA Tout sauf les armes (Programme du SGP de l’Union européenne) TVA Taxe sur la valeur ajoutée USDA Département de l’agriculture des Etats-Unis 2
Table des matières Résumé directif 5 I. Vue d’ensemble 6 I.1 Cadre pour exporter vers l’Europe et les Etats-Unis 9 II. Artisanat 10 II.1 Vannerie et tissage 16 II.2 Poterie 18 II.3 Peintures (imigongo) 19 ÏI.4 Sculptures sur bois et masques 22 III. Horticulture 23 III.1 Fleurs coupées (floriculture) 28 III.2 Ananas 37 III.3 Avocats 39 III.4 Bananes 42 III.5 Fruits de la passion 44 III.6 Pois mangetout 45 III.7 Piments 49 III.8 Huiles essentielles 50 III.9 Autres produits intéressants 51 IV. Principales constatations et recommandations 52 V. Bibliographie 57 Annexe 1: Plan d’action pour les exportations rwandaises d'artisanat 61 Annexe 2: Plan d’action pour les exportations de produits horticoles 62 3
Liste des tableaux Tableau 1: Résumé des exportations rwandaises de produits d’artisanat et d’horticulture Tableau 2: Ciblages recommandés pour accroître les exportations rwandaises Tableau 3: Exportations des produits d’artisanat rwandais Tableau 4: Importations mondiales de poterie Tableau 5: Importations mondiales d’objets d’art Tableau 6: Principaux importateurs de roses en 2005 Tableau 7: Principaux exportateurs de roses en 2005 Tableau 8: Principaux importateurs d’autres types de fleurs coupées, y compris les bourgeons Tableau 9: Principaux exportateurs d’autres types de fleurs coupées, y compris les bourgeons Tableau 10: Exportations rwandaises de roses Tableau 11: Exportations rwandaises de floriculture Tableau 12: Exportations rwandaises d’ananas Tableau 13: Données agrégées sur les exportations rwandaises d’ananas, d’avocats et de goyaves Tableau 14: Principaux marchés européens d’importation d’ananas Tableau 15: Prix moyens des importations européennes d’ananas Tableau 16: Principaux marchés européens d’importation d’avocats Tableau 17: Moyenne des prix des importations européennes d’avocats Tableau 18: Exportations rwandaises d’avocats Tableau 19: Exportations rwandaises de bananes-dessert Tableau 20: Exportations rwandaises de bananes Tableau 21: Exportations rwandaises de fruits de la passion Tableau 22: Autres exportations rwandaises de fruits (y compris les fruits de la passion) Tableau 23: Exportations rwandaises de légumes comestibles, y compris tous les types de pois Tableau 24: Principaux marchés européens d’importation de petits pois Tableau 25: Prix moyens à l’importation des petits pois en Europe Tableau 26: Prix moyens à l’importation en Europe des piments, y compris les piments verts Tableau 27: Prix moyens à l’importation des piments rouges et verts Tableau 28: Importations mondiales d’huiles essentielles Tableau 29: Ciblages recommandés pour accroître les exportations rwandaises Liste des figures Figure 1: Carte du Rwanda Liste des encadrés Encadré 1: Influences des acheteurs d’articles en bois Encadré 2: Tuyaux pour l’expédition des produits d’artisanat en bois vers le marché des EU Encadré 3: Contraintes identifiées dans le secteur de l’horticulture rwandaise Encadré 4: Eléments requis pour une floriculture réussie Encadré 5: Combinaison potentielle des produits dans le secteur des fruits de la passion 4
Résumé directif Le Rwanda peut diversifier ses exportations en traitant l’organisation du marché de ses secteurs de l’artisanat et de l’horticulture et en améliorant l’infrastructure physique de la logistique des exportations. Le total des exportations horticoles a atteint 1,4 million de dollars EU en 2007, les légumes comestibles connaissant la croissance la plus forte de ces dernières années. Les exportations artisanales ont totalisé moins de 450 000 dollars, avec en tête à ce jour les sculptures et les statues, bien que des secteurs tels que la vannerie et les sacs à provisions tissés puissent avoir un potentiel supérieur de croissance des exportations. Les acteurs publics et privés du secteur de l’exportation devraient faire leur la notion qu’accroître les exportations revient à accroître les quantités et les valeurs des exportateurs existants (les exportateurs expérimentés allant vers des produits à plus forte valeur ajoutée) tout en accueillant des nouveaux venus et en les aidant à prospérer. Une diversification réussie des exportations exigera une coopération entre exportateurs rwandais, et non une concurrence entre eux. Pour l’artisanat le Rwanda dispose d’une large gamme de produits, y compris des activités traditionnelles comme la poterie, la vannerie, le tissage, la peinture, la sculpture sur bois et les masques, dont beaucoup ont une présentation tout à fait moderne. Ce secteur est handicapé par la faible taille des sociétés impliquées, ainsi que par le manque d’intrants tels que les fibres brutes pour la vannerie et le tissage dans certaines zones. Il y a largement assez de talents au Rwanda pour produire des objets artisanaux répondant aux exigences de la commercialisation moderne, mais les exportateurs rwandais doivent améliorer leurs techniques pour pénétrer les marchés. L’horticulture a des opportunités d’exportation prometteuses pour plusieurs fruits et légumes, mais les coûts de transport supplémentaires imposés par l’enclavement du pays et la petite taille des exploitations constituent un défi. Il y a lieu de noter qu’une commerçante rwandaise a prouvé que les fleurs coupées peuvent être produites au Rwanda et exportées en Europe en dépit de difficultés logistiques. Pour d’autres produits intéressants de l’horticulture tels que les ananas, les avocats, les bananes, les fruits de la passion (maracuja) et les pois mangetout, entre autres, le Rwanda a la possibilité d’élargir ses exportations vers ses marchés actuels dans la région ou de petits magasins de détail en Europe qui n’exigent pas le respect des normes GAP mondiales. De plus le Rwanda est engagé dans le long processus d’une amélioration des normes et de la qualité de ses produits afin de pénétrer le secteur plus vaste orienté vers les supermarchés en Europe. Les piments et les huiles essentielles (huile de géranium et patchouli) étant moins périssables, il serait bon de cibler le marché des Etats-Unis. Les principales constatations sont que pour l’artisanat, le Rwanda manque d’un organe de coordination pour rapprocher d’une manière cohérente les besoins en amont (fourniture d’intrants) et en aval (commercialisation des exportations). Pour l’horticulture, la présente étude permet de réaffirmer qu’il y a des contraintes institutionnelles et de coordination sur l’ensemble de la chaîne des valeurs. 5
Les principales recommandations pour l’artisanat concernent des mesures à prendre pour améliorer l’aptitude des exportateurs rwandais à expédier des produits prêts à l’exportation vers les principaux ports maritimes du Kenya et de la Tanzanie, ainsi que la manière d’exploiter de nouveaux marchés et de repositionner les produits rwandais pour répondre à une demande mondiale émergente. Pour l’horticulture, les principales recommandations visent à remédier aux ruptures de la chaîne du froid, à stimuler des atouts commerciaux et à développer les associations d’exportateurs horticoles. Attirer de nouveaux investissements vers les fleurs coupées devrait être une priorité, tandis qu’une meilleure sélection de produits d’une qualité exportable permettra des ventes d’une plus grande valeur pour les autres secteurs horticoles. I. Vue d’ensemble Le présent rapport vise à apporter des informations sur le marché des produits intéressants à l’exportation dans les secteurs de l’artisanat et de l’horticulture, ainsi que des suggestions pour intensifier d’effet de groupement dans chaque filière, ou chaîne de valeur reliant la production, la commercialisation et l’exportation. Afin de promouvoir les exportations dans ces deux secteurs, les opérateurs économiques rwandais devront développer une éthique de coopération, plutôt que de compétition, comme meilleure méthode d’élargissement des marchés. En ce qui concerne l’artisanat, le Ministère du commerce du Rwanda (MINICOM) devrait s’atteler à créer l’équivalent de la RHODA pour le secteur de l’artisanat, c’est-à- dire une organisation sommitale emblématique de l’artisanat rwandais. Il est conseillé de créer des associations d’exportateurs pour chaque catégorie de produits d’artisanat, avec des services utiles à tous les niveaux des participants (artisans, entrepreneurs-artisans, commerçants). Avec ses “paniers de la paix,” le Rwanda est en bonne position pour stimuler les possibilités d’“achats de sympathie” des consommateurs des marchés du Nord, en développant, par exemple, les branches d’exportations d’AVEGA, association d’artisans qui emploie les veuves du génocide, et d’APROHADA, autre association d’artisans qui emploie des artisans handicapés. Le MINICOM et le Ministère de l’agriculture (MINAGRI) devraient coordonner les activités d’approvisionnement en intrants afin d’encourager la fourniture régulière des matières premières de l’artisanat dans des zones ciblées du pays. En ce qui concerne l’horticulture, la structure institutionnelle pour la promotion des exportations peut être renforcée de plusieurs manières, tandis que l’infrastructure d’exportation nécessite une attention concertée. Plusieurs suggestions pour améliorer la chaîne du froid des exportations sont examinées. Avec les troubles au Kenya voisin, le moment est opportun pour améliorer la base d’investissements et la viabilité de la production de fleurs coupées au Rwanda, à la fois pour accroître le volume des exportations d’exportateurs existants et pour encourager des nouveaux venus. Les roses sont une de rares exportations horticoles qui répondent aux normes strictes des GPA mondiales. La plupart des exportations horticoles rwandaises vont vers de petits magasins de détail en Europe qui ciblent les populations africaines résidentes plutôt que 6
vers les chaînes des supermarchés qui exigent des normes GAP mondiales. Le Rwanda devrait s’efforcer à la fois d’étendre les exportations hors GAP et de poursuivre la mise en place, l’adoption et la reconnaissance des normes GAP nationales, pour aboutir finalement à des GAP rwandaises. Le Rwanda cherche de manière compréhensible à diversifier sa base d’exportations. Le café a représenté 75% à 90% de ses recettes d’exportation, suivi par le thé à 10%. D’autres grandes cultures commerciales des agriculteurs rwandais incluent le pyrèthre (insecticide produit à partir des chrysanthèmes), les bananes, les haricots, le sorgho, les patates douces et les produits de l’élevage. Le tourisme et les produits miniers constituent d’autres atouts de l’économie du Rwanda. L’étude des investissements au Rwanda faite par la CNUCED en 2005 indique qu’il y a eu, dans les deux secteurs ci-dessus, peu d’IED favorables à la diversification des exportations, à l’artisanat et à l’horticulture. La plupart des intrants industriels et pratiquement tous les biens d’équipement sont importés au Rwanda. La contrainte des ressources humaines a pour conséquence un manque de connaissances techniques et de capacité des entreprises (CNUCED, 2005b). Dans l’artisanat comme dans l’horticulture, les exportateurs rwandais manquent généralement de connaissances sur les préférences des consommateurs finals dans chaque marché de produits (taille, forme et couleur). Figure 1: Carte du Rwanda Source: CCI. Dans le document stratégique sur la réduction de la pauvreté au Rwanda, l’horticulture a été identifiée comme le premier secteur pour la promotion des exportations. Le Rwanda 7
a un climat quasi-idéal pour certains types d’horticulture, y compris la floriculture. Pays de collines et de montagnes, jouissant d’un climat tropical exemplaire sans hiver, le Rwanda peut produire des fruits et des légumes exotiques tout au long de l’année. Sans aucun besoin de chauffage, les prix à la production y sont jugés relativement bas. D’autres caractéristiques favorables sont que le Rwanda est abondamment pourvu d’eau douce grâce à des puits artésiens pour l’irrigation et à une qualité d’eau suffisamment bonne pour envisager sa mise en bouteille comme eau de boisson. Le coût de l’eau est relativement bas, de même que le coût de la main d’œuvre, du fait en partie d’un chômage répandu. Près de 90% des Rwandais travaillent dans l’agriculture de subsistance. Tableau 1: Résumé des exportations rwandaises de l’artisanat et de l’horticulture 2007 2007 2007 moyenne moyenne sur 3ans sur 3 ans Poids net Francs Dollars EU Kg Dollars kg rwandais EU Total exportations artisanat 32 661 241 612 091 439 295 44 877 329 436 Total exportations horticulture 4 562 144 783 461 367 1 424 475 44 527 624 827 991 dont : Floriculture 153 100 174 117 334 316 577 131 652 349 647 Fruits 650 793 75 556 892 137 376 41 167 760 74 850 Légumes comestibles 3 758 251 533 787 141 970 522 3 228 212 403 494 Source: MAGERWA; calculs de l’auteur. 550 FRW par dollar. Le tableau 1 se base sur des données de 2007 du Service des douanes du Rwanda (MAGERWA) pour les exportations du secteur de l’artisanat (y compris les meubles) et pour les principaux éléments du secteur de l’horticulture. L’artisanat a enregistré une croissance forte avec 439 295 dollars d’exportations au cours de l’année 2007, dont la ventilation par catégories apparaît au tableau 3, dans la section II. En 2007, le secteur des exportations horticoles a représenté 1,4 million de dollars, avec un important accroissement des exportations rwandaises de légumes comestibles. Pour l’horticulture, le Rwanda a bien décollé en créant la RHODA et en mettant en place un régime attrayant pour l’IED. L’établissement d’une chambre froide publique disponible à l’aéroport de Kigali en 2006-2007 est une étape importante dans la mise en place d’une chaîne du froid sûre, mais il met en évidence l’absence d’autres liens critiques dans cette chaîne du froid. Selon la RIEPA, la redevance quotidienne par tonne s’élève à 50.000 francs rwandais (soit 90 dollars). L’absence d’un mécanisme d’accompagnement pour les opérations de conditionnement, permettant d’assurer le tri, le lavage, l’empaquetage et l’étiquetage fait qu’une proportion plus élevée des exportations horticoles sont expédiées hors du pays déjà abîmées en deçà des normes de qualité des exportations. Pour l’artisanat, les possibilités sont très prometteuses, car le Rwanda a des produits distincts tendant à beaucoup renforcer l’image nationale ou l’association cognitive du consommateur avec le produit. Un certain nombre de mesures sont recommandées en vue d’élaborer une stratégie appropriée de groupement pour l’organisation interne du secteur 8
et l’orientation extérieure des infrastructures d’exportation du Rwanda. Avec l’AGOA et la TSA, l’accès en franchise de douane des marchés de l’UE et des EU s’ouvre à la plupart de produits d’artisanat du Rwanda. Les Etats-Unis représentent un marché de 10 milliards de dollars d’importations d’artisanat par an, tandis que l’UE représente un marché de 20 milliards d’euros (29 milliards de dollars). Tableau 2: Ciblages recommandés pour accroître l es exportations rwandaises Secteur Principal marché ciblé Mode de Transport Artisanat Etats-Unis Fret maritime Horticulture Europe Fret aérien I.1 Cadre pour exporter vers l’Europe et les Etats-Unis Les difficultés auxquelles font face les exportateurs rwandais sont considérables, car la distance la plus proche de la mer est de 1.867 kilomètres et le pays n’a pas de chemins de fer, et 8% seulement de routes bitumées. Les exportations destinées au fret maritime doivent passer, soit au nord à travers l’Ouganda vers le port de Mombasa au Kenya, soit à l’est vers le port de Dar es-Salaam en Tanzanie. Environ 60% du fret maritime du Rwanda passent par Mombasa (CNUCED, 2005b). Au plan international, le Rwanda dispose d’un cadre excellent pour tirer parti des possibilités d’exportation des produits de l’artisanat et de l’horticulture. Au plan multilatéral, le Rwanda a adhéré au GATT en 1966 et à l’OMC en 1996. En ce qui concerne les groupements régionaux, le Rwanda a adhéré au COMESA en 2004 et fait partie du sous-groupe des 11 pays du COMESA qui ont créé entre eux, en 20041, une zone de libre échange. En 2007, le Rwanda a adhéré à la Communauté de l’Afrique orientale (EAC), qui pratique un libre échange interne entre ses membres et un Tarif extérieur commun avec 0% de taxes sur les produits primaires et les biens d’équipement, 10% pour les produits intermédiaires et 25% pour les produits finals de consommation.2 Bien que les ventes régionales constituent une part essentielle du faisceau stratégique suggéré pour certaines exportations horticoles, l’accès bilatéral du Rwanda au marché des EU (pour l’artisanat) et au marché de l’UE (pour l’artisanat et l’horticulture), selon les programmes de SGP, est le plus intéressant pour la diversification des exportations. En vertu de la Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA) et l’initiative Tout sauf les armes de l’UE (TSA), les exportations rwandaises bénéficient de l’accès en franchise de douane à ces énormes marchés. Les exportations du Rwanda en 2006 en vertu de l’AGOA et de ses dispositions de SGP, ont été évaluées à 864.000 dollars, soit 10% du total des exportations rwandaises aux Etats-Unis (USTR). Un atelier national sur l’AGOA s’est tenu à Kigali en mars 2007, 1 Les 11 membres du COMESA participant à la zone de libre échange sont le Burundi, Djibouti, l’Egypte, le Kenya, Madagascar, le Malawi, Maurice, le Rwanda, le Soudan, la Zambie et le Zimbabwe. Les autres membres du COMESA sont l’Angola, les Comores, l’Erythrée, l’Ethiopie, la Namibie, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, les Seychelles et le Swaziland. 2 Les membres de l’EAC sont le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie. 9
avec la participation de près de 100 hommes et femmes d’affaires rwandais. Le Rwanda voudra peut-être envisager de demander une assistance des Etats-Unis pour élaborer une stratégie nationale d’exportation dans le cadre de l’AGOA, comme cela s’est fait au Burundi en 2006. En 2007, les EU et le Rwanda ont négocié un accord-cadre de commerce et d’investissement et ils sont également en train de négocier un traité bilatéral d’investissement. La plupart des produits d’artisanat rwandais peuvent entrer aux EU en franchise de douane selon l’AGOA, mais les exportations horticoles rwandaises potentielles vers les EU se heurtent à des défis beaucoup plus rudes, en raison de la distance vers le marché et de restrictions phytosanitaires. Quant au commerce avec l’Europe, il est révélateur que les statistiques d’EUROSTAT montrent que les importations rwandaises de l’UE-27 sont passées de 55 à 155 millions d’euros de 2000 à 2006, alors que les exportations rwandaises sont tombées de 45 à 43 millions d’euros au cours de la même période (EUROSTAT 2007). Néanmoins, en vertu de l’initiative Tout sauf les armes (TSA), le Rwanda bénéficie d’un accès en franchise de douane au marché de l’UE pour les produits artisanaux et horticoles. Le Rwanda négocie actuellement un accord de partenariat économique (APE) avec l’UE, qui remplace la série de conventions de Lomé (et de Cotonou) mais ne devrait guère avoir d’impact sur le niveau actuel d’accès des exportations rwandaises au marché européen. Le Rwanda subit les “conséquences sur la concurrence des coûts élevés de transport pour les exportateurs”, notamment une faible performance pour la ponctualité des livraisons (CNUCED, 2005b). Malheureusement, ces caractéristiques structurelles empêchent les exportateurs rwandais de bénéficier plus extensivement des avantages tarifaires accordés en vertu de l’AGOA ou de la TSA. Bien que le Rwanda ait un régime d’investissement favorable, une source indique que c’est un des pays les plus chers au monde pour lancer une affaire (CEA, Trade Hub 2005).3 La suppression, ces dernières années, de la “taxe d’exportation” imposée par le Service des douanes du Rwanda (MAGERWA) est un signe encourageant, ainsi que le 0% de TVA sur les exportations. Ces dernières années, le MAGERWA a fait des efforts pour faciliter les procédures d’exportation, en autorisant des inspections sur place des expéditions pour les exportateurs de produits périssables (CNUCED, 2005b). II. Artisanat Au Rwanda, bien que l’artisanat soit un secteur traditionnel et ancien, intimement lié à la tradition et à la culture rwandaises, il constitue un nouveau secteur intéressant pour l’exportation. Les caractéristiques distinctives de l’artisanat rwandais - et l’historique qui y est associé - constituent de grands arguments de vente pour la pénétration des marchés étrangers. 3 Selon un indicateur comparatif des coûts de démarrage d’une affaire, divisé par le revenu par habitant 10
Jusqu’en 2005, l’artisanat n’était pas une priorité pour les exportations. Les artisans rwandais attendaient l’arrivée de visiteurs étrangers qui achetaient des articles pour les emporter, ce qui était certainement une approche passive de l’exportation. En 2005, une décision du Gouvernement rwandais sur la promotion de la diversification des exportations a mis l’accent sur l’artisanat. Depuis lors, ce gouvernement a parrainé la participation de différents artisans à des foires internationales. En 2005, la valeur des exportations de produits artisanaux a atteint approximativement 190 000 dollars (CNUCED, 2007a). Selon la RIEPA, ces exportations ont atteint 500.000 dollars en 2006, bien que les données sur les exportations du MAGERWA indiquent qu’en 2006 elles s’élevaient à 342 465 dollars. L’objectif national d’un million de dollars d’exportations de produits artisanaux en 2007 n’a pas été atteint, car le tableau 3 indique que ces exportations de 2007 se sont élevées à 439.295 dollars. La catégorie “autres sculptures, statuaire” se classe comme le produit d’exportation le plus important, suivi de “peintures et dessins”.4 Ces dernières années, la plus grande partie des exportations étaient effectuées par une entreprise rwandaise, Gahaya Links, bien qu’au moins une autre entreprise établie soit active dans ce domaine, et que des exportations à petite échelle soient continuellement effectuées par beaucoup de participants au marché. La stratégie de groupements doit impliquer la promotion de l’extension des exportations par les entreprises existantes et l’introduction de nouveaux participants parmi les exportateurs. Tableau 3: Exportations de produits artisanaux rwandais Artisanat (SH4419 4602; 9502 à 9706) 2007 2007 2007 Moyenne Moyenne sur 3 ans sur 3 ans Poids net Francs Dollars Kgs Dollars en kgs rwandais EU EU 4419 Vaisselle et ustensiles de cuisine en 56 90.286 164$ 540 105$ bois 4420 Bois de marqueterie et bois incrusté 2 705 2 526.048 4593 2.435 5.988 4421 Autres articles en bois 250 144.607 263 NA NA 4602 Vannerie tressée 45 905.289 1 646 1 444 32 740 9502 Poupées* 687 747 488 1 359 353 686 9503 Autres jouets et modèles 300 988 785 1 798 354 3 110 9506 Equipement d’exercice 771 6 974 911 12 682 280 4 981 9601 Os ou corne ouvragés 230 311 410 566 NA ND 9602 Sculptures 1 430 4 158 327 7 561 2 390 16 550 9701 Peintures, dessins 4 633 19 639 097 35 707 14 997 41 927 9703 Autres sculptures, statuaire 17 065 173 551 509 315 548 19 889 197 183 9705 Pièces de collection 1 389 1 899 560 3 454 591 3 806 9706 Antiquités de plus de 100 ans 3 100 29 674 773 53 954 1 999 27 118 Total des exportations de produits de 32 661 241 612 091 439 295 44 877 329 436 l’artisanat Source: MAGERWA; calculs de l’auteur. 550 FRW par dollar. ND= données non disponibles. Les colonnes finales pour 4419 et 9502 indiquent des moyennes sur deux ans (2005 et 2007). 4 Les données sur les exportations du MAGERWA sont auto-rapportées par lui-même, les chiffres sont indicatifs et non définitifs par nature. 11
En vertu de l’AGOA et de la TSA, les produits artisanaux rwandais peuvent entrer en franchise de douane sur les marchés de l’UE et des EU. Le marché des produits artisanaux aux EU représente 10 milliards de dollars d’importations par an, tandis que le marché de l’UE représente 20 milliards d’euros (29 milliards de dollars). Contrairement aux produits horticoles, les produits artisanaux ne sont généralement pas périssables. Pour le Rwanda, cela signifie que la chaîne de commercialisation pour l’extension des exportations peut s’appuyer sur le fret maritime, beaucoup moins coûteux que le fret aérien. Toutefois, le fait que les exportations de produits artisanaux ne sont pas sensibles au passage du temps, n’étant pas périssables, n’exclut pas la nécessité, pour les exportateurs des produits artisanaux rwandais, d’assurer des livraisons ponctuelles aux acheteurs étrangers. A des fins pratiques, cela signifie que les expéditions contractuelles de produits artisanaux doivent arriver à temps aux ports de Mombasa et de Dar es-Salaam pour rejoindre les navires qui doivent assurer le transport maritime prévu. Les produits exportés sont pour la plupart acheminés par camions de Kigali, en passant par l’Ouganda, vers le port kényan de Mombasa, d’où ils sont expédiés par mer. En Europe, les produits exportés sont attendus par des intermédiaires pour les éventuels détaillants. Pour l’entreprise Gahaya Links, lorsqu’elle exporte aux EU, les produits exportés sont récupérés à leur arrivée par des intermédiaires commerciaux qui les vendent à Macy’s. Le besoin d’un intermédiaire aux EU réduit bien évidemment le pouvoir des exportateurs sur le marché et cela rend également le commerce moins profitable. Les marchandises sont, soit vendues au départ par contrat au Rwanda, soit considérées comme vendues à leur arrivée saines et sauves aux EU, auquel cas les pertes encourues en transit peuvent être déduites.5 Le Rwanda fait face à tous les défis cités par Razzaque: faiblesse de l’offre, y compris l’infrastructure ; contraintes structurelles comme la situation géographique, l’éloignement, l’exiguïté, etc. ; facilitation commerciale très médiocre ; coût élevé des affaires (Secrétariat du Commonwealth, 2007). Plus fondamentalement, un groupement peut être caractérisé par la proximité géographique et la spécialisation sectorielle (Banque mondiale, 2007). Les membres des groupements en tirent des gains d’efficacité, une acquisition plus rapide de la connaissance et de la technologie, et une adaptation et une diffusion plus faciles. Le Rwanda semble disposer de la main-d’œuvre qualifiée nécessaire au succès d’un groupement artisanal, mais il a besoin d’une information de l’extérieur pour ne pas être dépassé par les tendances mondiales des styles et des techniques du commerce. Dans le cas des produits artisanaux, de nouvelles idées découlent de plus en plus des spécifications des clients, des catalogues et des revues, de la participation à des foires commerciales nationales, de l’emploi de concepteurs et de la participation à des foires 5 C’est moins le cas pour la vannerie que pour la céramique, la poterie et la peinture. 12
commerciales à l’étranger. Le Rwanda devrait s’employer à intensifier ces interfaces avec les marchés. Pour ce qui est du développement de la stratégie des groupements, il est utile de considérer les produits d’artisanat selon trois catégories d’acteurs: a) les entrepreneurs commerciaux (artisans ou non), b) les entrepreneurs artisanaux et c) les travailleurs artisanaux, qui vendent leur labeur (Banque mondiale, 2006b). La dernière catégorie au Rwanda concerne probablement un million de personnes ou plus, avec plusieurs catégories de travailleurs qualifiés. Le Rwanda devrait s’efforcer de rassembler ceux qui interviennent à tous les niveaux dans ce secteur au sein d’une organisation structurée plus vaste et de faciliter le mouvement entre ces catégories. En Afrique de l’est, une des plus grandes réussites parmi les groupements artisanaux est Mwenge, dans le district de Kindoni à Dar es-Salaam en Tanzanie, qui rassemble quelque 2.200 entreprises employant chacune 15 à 20 personnes. En plus des arrangements pour l’utilisation de l’espace des ateliers, les groupes organisés à Mwenge incluent l’association des commerçants et le groupe des sculpteurs. Selon la Banque mondiale, “le groupement n’a pas de marque collective et manque de soutien à l’exportation, et il a des difficultés à être compétitif en dehors des frontières nationales ” (Banque mondiale, 2006). Il y a beaucoup d’organisations de producteurs artisanaux au Rwanda. Une des plus importantes, l’Association rwandaise des artisans (KORA), représente les producteurs de vanneries, les fabricants de meubles, le travail des métaux, la couture et la cordonnerie dans trois provinces. Une bonne partie de la production de ses membres va au-delà de l’artisanat vers des domaines fonctionnels comme l’ameublement.6 KORA ne représente pas les artisans producteurs d’objets d’art tels que l’imigongo ou les statues. KORA a 4.500 membres dont 1000 à 1300 sont des femmes, avec une formation dispensée par le Bureau international du travail (BIT). Les femmes représentent environ 80% des travailleurs de la couture, mais très peu sont impliquées dans la production d’articles pour d’autres industries, bien que les femmes soient souvent occupées dans la vente des produits de ces secteurs. KORA, transformée en une coopérative au début de 2008, s’engage à soutenir ses membres par une aide à la production, un soutien financier et des compétences pour accroître la production, mais la plupart de la production n’est pas compétitive. KORA pourrait tirer parti d’une assistance commerciale et pour rendre opérationnel son site Internet. . Il y a des centres d’artisanat à Rwamagana et à Gitarama, qui tous les deux s’occupent de répondre à une commande de vanneries du détaillant de haute gamme Macy’s à New York. Kigali a également un centre de formation artistique et Caplaki un centre d’artisanat rwandais. Ces centres d’artisanat assurent des liens avec le tourisme. Un exemple d’organisation de ventes au détail de produits artisanaux au Rwanda est le Village culturel des arts et de l’artisanat de Kigali, situé au rond-point de Kacyira dans la capitale. L’aménagement intérieur comprend 21 petits magasins (3 x 7 mètres chacun) 6 En Tanzanie, un exemple de réussite d’un groupement d’ameublement est Keko. 13
vendant tous les types de produits artisanaux, certains importés de la République démocratique du Congo, de la Tanzanie et de l’Ouganda. Chaque magasin paie un loyer de 85 000 FRW (soit 153 dollars) par mois, y compris l’électricité, l’éclairage et de nettoyage. Chaque magasin a généralement deux ou trois vendeurs qui partagent le coût de la location et achètent entièrement leurs articles aux artisans des villages (plutôt que de vendre des lots confiés à eux). Les vendeurs affirment qu’ils paient des taxes selon leurs ventes. Ils ont souligné que le Ministère du commerce rend de temps en temps visite au Village et demande à certains de ces vendeurs de participer à des foires d’artisanat à l’étranger, en payant parfois toutes les dépenses des participants et parfois les frais de transit mais pas les frais de location d’espaces (ou inversement).7 Une catégorie d’artisans qui mérite d’être promue pour accroître les exportations est celle des survivants du génocide, ou d’autres travailleurs défavorisés ou handicapés. Dans ce cas, l’organisation des artisans joue un rôle clé pour favoriser l’approvisionnement, mais “raconter l’histoire ” des créateurs des produits est aussi une clé de la commercialisation. Le site Internet du BIT contient des informations intéressantes sur le marché des produits artisanaux fabriqués par des personnes handicapées (www.ilo.org). Au Rwanda, l’Association pour les victimes des génocides (AVEGA) est un groupe souple de vanniers, parmi lesquels beaucoup de veuves. L’AVEGA a travaillé notamment avec le Ministère de la promotion féminine du Rwanda. Ce n’est pas une société structurée, mais plutôt une société souple qui rassemble ou collecte les produits de ses membres. En fait, Gahaya Links a exporté les produits de l’AVEGA. Le Rwanda a une association d’aveugles et de personnes handicapées connue sous le nom d’APROHAD qui fabrique des nappes de table et a travaillé avec le BIT. D’autres groupes comprennent des artisans ayant des membres de leur famille en prison ou qui ont été libérés de prison. Afin de “raconter l’histoire” de chaque produit d’artisanat, les commerçants qui vendent ces produits peuvent s’inspirer de travaux sociologiques ou anthropologiques antérieurs donnant des détails sur la vie rwandaise. Les contes, légendes et traditions populaires intéressent les consommateurs et stimulent leurs réflexes d’achat. En regardant un article, le consommateur se souvient de l’histoire à laquelle il renvoie, et il est peut-être mentalement transporté vers un lieu lointain et exotique. Il y a plusieurs sociétés de commerce opérant dans ce secteur au Rwanda. L’entreprise Gahaya Links est la principale exportatrice, vendant des “paniers de la paix” au grand magasin de haute qualité Macy’s, aux EU. Pour renforcer davantage ce partenariat commercial, le président de Macy’s a effectué une visite au Rwanda. Modis International, société qui dans le passé s’occupait d’exportation n’avait pas exporté récemment. Au cours de la mission de consultation de la CNUCED, le président de Modis International était aux EU à la recherche de marchés éventuels. 7 Curieusement, quand il leur a été demandé de savoir s’ils connaissaient KORA, les vendeurs interrogés au Village ont reconnu en avoir entendu parler, mais ont ajouté “c’est seulement une banque.” 14
Une partie de la stratégie nationale résultant des exportations des produits artisanaux, selon l’explication du MINICOM et de la RIEPA, consistait à pénétrer les énormes marchés de valeur intermédiaire et basse aux EU. Les exportateurs des produits artisanaux rwandais ont besoin d’assistance pour l’information sur le marché, les pistes commerciales et l’aide technique. Le gouvernement devrait approcher des groupes d’ONG comme Aide aux artisans, qui apportent une assistance spécialisée aux exportateurs des produits artisanaux des pays en développement. La RIEPA a parrainé la participation d’artisans rwandais à la Foire commerciale du village mondial à Dubai, aux Emirats arabes unis. Pour cette foire annuelle de trois mois, la RIEPA paie le transport pour la participation de commerçants rwandais de produits artisanaux et paie pour les comptoirs. Les artisans ou commerçants sont autorisés à transporter 300 kg de produits par société. Lors de la foire de début décembre 2007, 25 sociétés rwandaises ont participé à tour de rôle. Dès que l’une achevait la vente de ses produits, la suivante arrivait. Pour l’artisanat, il y a relativement moins d’étapes bureaucratiques et moins de paperasse exigée à l’exportation que pour les produits horticoles. L’Etat rwandais gère deux bureaux de promotion des exportations dénommés bureaux “Nodo”, un au Canada et l’autre en Chine. Un troisième pourrait s’ouvrir prochainement en Inde. Dans le cas du bureau du Canada, qui est responsable de tout le marché nord-américain, le responsable est un citoyen rwandais déjà installé au Canada. Ce type d’arrangement permet évidemment de minimiser les coûts du soutien au bureau, par comparaison avec l’envoi de quelqu’un pour lancer un bureau à l’étranger avec des frais de logement et autres. Une autre possibilité de promotion des exportations consiste à renforcer le rôle de l’attaché commercial dans les ambassades et consulats du Rwanda à travers le monde. Une pratique jugée efficace ailleurs en Afrique consiste à installer un entrepôt pour les exportations rwandaises dans chacun des deux ports océaniques.8 Des possibilités d’entreposage dans les ports permettraient aux sociétés exportatrices rwandaises de stocker des marchandises destinées à l’exportation tout près de navires en partance. De cette manière, les exportateurs rwandais pourraient assurer une livraison rapide aux acheteurs étrangers en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, car les produits prêts à l’exportation dans les entrepôts portuaires pourraient être chargés rapidement sur les prochains navires en partance. L’Etat rwandais pourrait aménager des entrepôts nationaux à Mombasa et à Dar es- Salaam, en espérant payer leur construction, leur entretien et leur fonctionnement avec les redevances des exportateurs en fonction des expéditions. Il pourrait également accorder le droit d’établir un entrepôt national à une société privée, en surveillant ensuite les opérations et le paiement des taxes applicables. L’idéal serait que la société de gestion de l’entrepôt soit d’origine rwandaise, pour maintenir le contrôle et tirer parti de liens linguistiques et monétaires, mais une société kényane ou tanzanienne, par exemple, pourrait aussi se charger des opérations. La RIEPA a expliqué que l’Etat rwandais a déjà 8 Par exemple, un autre pays enclavé, le Mali, maintient un entrepôt au port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. 15
un intérêt au port tanzanien de Dar es-Salaam, avec des droits partiels de propriété ou d’exploitation d’un terrain dans la zone portuaire. Jusqu’ici, la RIEPA semble relier la production locale et l’exportation commerciale, mais la création d’une nouvelle structure, probablement au sein du MINICOM, permettrait au personnel de la RIEPA de se focaliser davantage sur la promotion des exportations. II.1 Vannerie et tissage Une des plus grandes catégories de produits artisanaux, la vannerie et le tissage, a représenté un marché mondial d’importations de 1,26 milliards de dollars en 2005. La croissance annuelle des importations mondiales depuis 2000 est estimée à environ 8%. Sur le marché européen, l’Allemagne a été la première importatrice avec 131 millions de dollars en 2005, suivie par la France, le Royaume-Uni et l’Italie - entre 50 et 70 millions de dollars. Le Rwanda s’est fait connaître ces dernières années par ses “paniers de la paix.” Suite aux bouleversements de la période de génocide, les artisans d’origine aussi bien Hutu que Tutsi se sont retrouvés en train de travailler ensemble à produire des paniers pour leur subsistance. Les “paniers de la paix” sont devenus un symbole de reconstruction nationale, de travail en commun et de coopération. La vannerie rwandaise est généralement connue sous le nom d’agaseke et peut comprendre des paniers de beaucoup de dimensions (y compris des paniers emboîtés), des berceaux, des caisses, des sacs à provisions, des supports pour verres, des sous-plats, des nattes, des hamacs et des abat-jour. Les matières premières utilisées proviennent de divers végétaux - sisal, feuilles de bananier, papyrus, osier, saule, bambou, palmier et rotin. Le rôle joué par les paniers dans la société rwandaise est illustré par l’image de paniers sur la monnaie rwandaise et sur le sceau national. Les artisans rwandais produisent une gamme de paniers attrayants, dont beaucoup sont accompagnés de récits liés à l’utilisation traditionnelle du panier ou à sa décoration. Deux des thèmes les plus courants de l’agaseke, reconnaissable par son sommet conique, sont des paniers de couleur claire représentant le “jour” et de couleur sombre représentant la “nuit.” Les artisans rwandais fabriquent également des paniers pour la couture, avec ou sans poignées. Deux autres styles remarquables sont les “mille collines” et “zigzag”. Beaucoup de paniers représentent une aile d’oiseau, symbole du pouvoir du roi du Rwanda. Les paniers ou assiettes à fruits en sisal sont d’un style délicat et dans des couleurs et des formes différentes. Les paniers à fruits ont normalement une petite ficelle tissée sur le bord pour pouvoir être suspendus au mur. De grands paniers appelés inkangara, généralement d’un mètre de haut, sont utilisés dans des cérémonies de mariage, et les amis et les membres de la famille y mettent des cadeaux de mariage ou de la nourriture pour la célébration traditionnelle, comme des haricots et du sorgho. Des paniers pour les 16
fêtes de Pâques et de Noël sont également des articles saisonniers produits au Rwanda. Il y a également des paniers rouges et blancs pour la Saint Valentin. Un autre achat des touristes est un petit panier tissé en bambou, appelé “porte-monnaie,” parce que destiné à conserver des pièces. Il est peu ironique que des consommateurs paient cinq à dix dollars pour un article servant à garder leur petite monnaie. Les artisans rwandais utilisent aussi le sisal pour produire de grandes assiettes ou des plateaux, qui servent souvent localement pour des plats à base de pâte de manioc ou de sorgho. D’autres décorations comprennent des suspensions tissées sur les murs avec des dessins attrayants, des décorations et des ornements spéciaux de Noël tissés en fibres. Chacun de ces produits a une histoire qui en augmente l’attrait pour les acheteurs. Un certificat d’origine doit accompagner chaque produit, ainsi qu’une description des matières avec lesquelles il est fabriqué. Ces paniers délicats et magnifiquement travaillés sont en fibres naturelles et tissés selon une technique utilisée depuis près de mille ans. Les paniers, avec leur forme unique, sont produits seulement au Rwanda et dans les pays voisins, et ont été utilisées pour de nombreuses fonctions dans l’histoire du Rwanda, notamment la conservation de la nourriture, la célébration des mariages et des confidences entre femmes. Les exportateurs rwandais doivent s’assurer que tous ces produits sont désinfectés avant d’être envoyés aux EU, en général par une compagnie appelée Agrotech opérant au Rwanda. Une amélioration de ce système consisterait à délivrer un certificat de désinfection pour accompagner les produits. Il y a plusieurs modes de distribution au détail, mais la plupart des vendeurs distribuent leurs produits dans le segment des magasins de cadeaux, nationaux ou individuels. Il apparaît que les sites Web deviennent de plus en plus importants pour les ventes de vannerie. Selon une source d’information sur les exportations, (EACExport), les “tendances des couleurs et des nuances dans l’UE indiquent une préférence pour les nuances de brun, en raison de l’aspect naturel, particulièrement pour les articles utilitaires et de ménage. Toutefois, en été, lorsque la plupart des produits sont vendus comme accessoires, des couleurs plus vives sont plus populaires.”9 La feuille de bananier en particulier est une fibre naturelle robuste offrant des possibilités attrayantes pour les nuances naturelles ou la teinture. Il est également suggéré que les magasins d’articles de jardinage et de plage sont des débouchés possibles pour les tissages rwandais. 9 La même source suggère qu’une information sur les modes, les couleurs et les matières peut être trouvée sur http://www.cbi.nl/ ou (http://ambiente.messefrankfurt.com/), site Internet pour une ou deux foires importantes d’art et artisanat en Allemagne, Ambiente et Tendance. 17
Le Craft Yarn Council of America a fait don pour le tricot de plusieurs centaines de machines à coudre au Rwanda, avec plus de 1000 écheveaux de fil. La Société rwandaise de couture emploie beaucoup de survivantes du génocide à ses travaux de tricot. II.2 Poterie La poterie rwandaise comprend des plats et des plateaux, des casseroles, des pots de fleurs et des articles de décoration. Selon des données du CCI la valeur des exportations de poterie rwandaise atteignait 2.000 dollars en 2001, mais il n’y a pas eu de données pour les années suivantes. La poterie est une industrie traditionnelle au Rwanda, avec beaucoup de variations régionales. La caractéristique distinctive de la poterie rwandaise mérite d’être étudiée davantage. Les exportations de pots sont désavantagées par le poids des produits par rapport au niveau de prix. Le transport maritime est une option viable, car les livraisons sur les marchés internationaux peuvent être programmées autour des saisons où on offre beaucoup de cadeaux. Les pertes en transit sont courantes. L’aptitude et la créativité artistiques des artisans, y compris des femmes, jouent un rôle important dans le développement efficace des exportations de poterie. Toutefois, la plupart des grands distributeurs de masse sur les marchés du Nord insistent sur la normalisation de la production, au moins dans une petite gamme de couleurs ou de styles. Il est reconnu que la Chine est le chef de file mondial de l’exportation de poterie en terre, avec une croissance de 10% en 2006. Les exportations du Viet Nam, deuxième principal exportateur, se sont accrues à un rythme de 5%. Les autres exportateurs traditionnels ont vu leurs ventes chuter, notamment le Mexique, la Thaïlande et l’Italie (EACExport.com). Les importations mondiales de poterie se chiffraient à 6,86 milliards de dollars en 2005, soit 21% de croissance depuis 2001. Les Etats-Unis sont de loin le plus grand marché importateur de poterie, mais c’est un des marchés dont la croissance est la plus lente, avec une augmentation de 5% seulement de 2001 à 2005. En conséquence, la part des Etats-Unis dans les importations mondiales est tombée de 33,8% en 2002 à 28,1% en 2005. Parmi les marchés d’importation au dessus de 100 millions de dollars en 2005, ceux qui ont la croissance la plus rapide sont la Suède (120%), l’Espagne (67%) et la Belgique (61%). Parmi les marchés d’importations de plus de 50 millions mais moins de 100 millions de dollars en 2005, on a relevé des taux de croissance considérables de 2001 à 2005 en Turquie (417%), en Russie (142%), en Grèce (122%), en Corée du Sud (113%) et en Pologne (112%). Tableau 4: Importations mondiales de poterie (en milliers de dollars)1 2001 2002 2003 2004 2005 Total mondial 5 663 735 5 578 048 6 244 371 6 672 811 6 862 311 Etats-Unis 1 831 335 1 886 906 1 991 644 1 919 264 1 925 420 18
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