Dossier de présentation Projet 2018 - Compagnie Chat Perché
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Synopsis Spectacle de marionnette à partir de 7 ans Durée 45 Minutes Dans un monde futuriste la nature s'est faite muette. Les espèces s’éteignent petit à petit. Le silence s'est installé, insidieux, sans que l'on y prête attention. Couvert par les bruits métalliques et grinçants des grandes métropoles. Le monde tourne vite, trop vite.... Quelques prophètes hèlent les passants et les grands de ce monde, mais leurs voix se perdent dans le crissement des usines. Implacables celles-ci broient les idéaux pour en faire des produits propres à la consommation: Rien ne se perd, tout se consomme. Silence annonciateur d'un dernier combat. L'homme contre l'homme. Une déflagration, le monde s'est tu. Le Grand Ménage. X dont les parents ont disparu lors du Grand Ménage a été recueilli par un étranger. L'homme s'est occupé de lui. Ils ont emménagé dans un étrange vaisseau. Il lui a appris à survivre dans un monde où les ressources sont très difficiles à obtenir. Son père adoptif meurt à la suite d'une étrange maladie. Il lui confie une mission importante. «La grande bouche» est le nom qu'ils ont donné au vaisseau machine. Elle est vorace. Il doit la nourrir. Sinon une catastrophe va se produire. Une sonnerie retentit et appel les rôdeurs. Créatures hybrides naîent du Grand Ménage! Il ne peut pas partir. Il a promis. Mais le monde qui aime tant les curieux et les rêveurs ne va pas le laisser tranquille. Une rencontre va bouleverser sa destinée. Le pousser vers une voie qu'il n'avait pas prévue. L'importance n’étant pas la destination mais le chemin parcouru, notre héros va se confronter à lui même, à ses peurs, à sa colère et il va trouver en lui les ressources nécessaires pour triompher de l'adversité. Thème abordés : la mort des parents, la guerre, les technologies, la rencontre avec l'autre, le changement, l'avenir..... Éléments techniques Genre: marionnette Ouverture plateau: 5 x 7 m Âge: à partir de 8 ans Jauge: 120 Durée: 45 Minutes Distribution Mise en scène et manipulation: Anouchka Pasturel Manipulation: Distribution en cours Création sonore: Distribution en cours Création vidéo: Distribution en cours Construction des marionnettes : Virginie Lallement Construction des décors: Distribution en cours
Note d'intention C'est en parcourant un article paru dans le monde: «Le grand orchestre de la nature est peu à peu réduit au silence» de la journaliste Marie-Béatrice Baudet que l'idée du spectacle est nait. Dans cet article, elle interview un musicien américain nommé Bernie Krause. « Il est une figure emblématique de la musique électronique. Il a participé en studio à l'enregistrement de musiques de films célèbres (Rosemary's Baby, Apocalypse Now). Cet amoureux des sons et de la nature, devenu docteur en bioacoustique, a inventé le terme biophonie (les sons émis par les organismes vivants). Cf article en pièce-jointe Ce passage de l'article m' a particulièrement intéressé: «Les sons ont-ils disparu ou la cacophonie humaine fait-elle qu'on ne parvient plus à les entendre ? Les deux. L'extraction minière, l'exploitation forestière, l'étalement urbain, et la pollution qui en résulte, réduisent la superficie des habitats sauvages. De même, en noyant les sons naturels de la biophonie et de la géophonie (les sons provenant d'éléments naturels tels que le vent, l'eau, la pluie et les mouvements du sol) sous notre cacophonie, nous perturbons ou détruisons la nature elle- même.» Réponse de Bernie Krause à la journaliste Marie-Béatrice Baudet dans une interview publiée dans le journal Le Monde.1 La lecture de cet article m'a permis d'alimenter une réflexion qui germait dans mon esprit depuis longtemps. De nombreux questionnements en tête : Quels sont les impacts des grands bouleversements géopolitiques, les catastrophes naturelles, les grandes découvertes technologiques dans nos vies au quotidien? Que deviendrait le monde si, l'Homme, dans sa course effrénée du savoir, du pouvoir, ne se préoccupe plus de son environnement, des minorités, de l’éthique ? Les discours alarmistes de l'O.M.S font de l'écologie une question sociale. Le poids des conditions environnementales dans les destins sociaux est considérable selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «les facteurs environnementaux modifiables » (c’est-à-dire sur lesquels on peut agir) expliqueraient 24 % de la de morbidité totale (années de vie en bonne santé perdues) et un tiers de celle des enfants dans le monde. Selon d’autres estimations, 40 % des maladies dans le monde seraient attribuables à la présence, dans l’environnement physique des individus, d’agents pathogènes chimiques ou biologiques.» La réduction de la superficie des glaciers, la fonte de la calotte glaciaire, le recul de la banquise et la disparition des icebergs est la conséquence la plus visible du réchauffement climatique. La fonte des glaciers et des banquises est problématique, car les conséquences environnementales et humaines sont graves : migrations des peuples menacés, inondations, baisse de la ressource en eau potable, destruction de l'habitat de la biodiversité vivant sur la banquise. Les dérives des nouvelles technologies et moyens de communications ont fait beaucoup de dégâts. Le tout-à-distance-virtuel nous isolerait socialement avec les risques de n’avoir plus que des cyber- relations. Sommes-nous à ce point infantilisés par le système que nous ayons besoin d' écrans nous exhortant à manger 5 fruits et légumes par jour ou à bouger ? Chez les enfants, la sédentarisation et l’absence d’exercices physiques, liés à l’informatisation pourraient avoir des répercussions sur leur santé et engendrer une augmentation de l’obésité et des maladies cardio-vasculaires. « L’OMS reconnaît que la prévalence croissante de l’obésité de l’enfant est le résultat de changements survenus dans la société. L’obésité de l’enfant est essentiellement associée à une alimentation malsaine et au manque d’activité physique, bien que le problème ne réside pas seulement dans le comportement des enfants mais aussi, de plus en plus, dans le développement social et économique ainsi que dans les politiques mises en œuvre dans les domaines de 1 Cf. "Le grand orchestre de la nature est peu à peu réduit au silence", Le Monde, 30 octobre 2013, propos recueillis par Marie-Béatrice Baudet, disponible à l'adresse suivante : http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/30/l-orchestre-de-la-nature-se-tait-peu-a-peu_3150765_3244.html
l’agriculture, des transports, de la planification urbaine, de l’environnement, de la préparation, de la distribution et de la commercialisation des aliments, sans oublier l’éducation Ces interrogations renvoient à la question de l'humanité, de la place de l'homme dans la cosmogonie et le prix à payer dans sa quête du savoir, du lien ténu unissant les concepts de Nature et Culture. Créer un spectacle dont l'histoire s’ancre dans un univers post-apocalyptique permet d’aborder ces thématiques. Un monde où les codes sociaux auraient explosés suite à une catastrophe. Je voulais faire évoluer des personnages après un grand bouleversement. Les animer en les confrontant à des problématiques précises: Comment peut-on se reconstruire après un grand traumatisme ? Comment se (re)mettent en place des mécanismes de survie chez des personnes qui ont été une partie de leur vie sédentarisée ? Comment vivre dans un monde où la nature a subi de nombreuses transformations: biomécanique, modification génétique.... Le genre littéraire de la science fiction se prête bien à cet exercice. Le récit étant structuré par des hypothèse sue ce que pourrait être le futur ou le présent ( Planètes éloignées, monde parallèle, uchronie) en partant des connaissances actuelles. (Scientifique, technologique, ethnologique) Depuis les années 1960 émerge une science fiction influencée par la contre-culture et les sciences humaines. Elle porte un regard critique sur le monde et traite de problématiques sociétales contemporaines: Drogue, écologie, politique, nouvelles technologie tout en restant une oeuvre d'évasion. En m’inspirant de ce courant, J'ai choisi de créer une histoire où la nature se tait. Elle disparaît suite aux grands bouleversements technologiques. Les espèces s’éteignent et l'on n'entend qu'un immense capharnaüm de machinerie, d' usine et de rouages. Un scientifique décide de remédier à ce chaos en créant une machine capable de modifier des animaux génétiquement pour qu'il survivent à la révolution industrielle. Les choses ne se passent pas comme prévu. Après le Grand Ménage le scientifique disparaît. Il fait promettre à son protégé de prendre soin de la machine en le laissant dans l'ignorance de sa véritable fonction.... Les thèmes traités : la mort des parents, la guerre, les technologies, la rencontre avec l'autre, le changement, l'avenir..... En choisissant de les traiter de manière distanciée, en les ancrant dans un univers fictive, les enfants peuvent au grès de leur imagination voyager avec les personnages. Confronter leur propres interrogations, leurs angoisses, se laisser aller à la rêverie. Les deux marionnettes sont des jeunes gens. Cela permet aux enfants de s'identifier aux personnages et de goûter pleinement à leurs aventures. Un univers Steam-punk: Le terme s'applique de façon plus large, à des œuvres pouvant se dérouler en d'autres temps ou en d'autres lieux, mais possédant une ambiance proche de celle d'un 19ème de fantaisie, caractérisé entre autres par les technologies exagérées de la révolution industrielle : on y trouve de grosses machineries rutilantes et boulonnées, des roues dentées, bielles, leviers et des machines à vapeur grinçantes et crachotantes…) Ancré l'histoire dans un monde steam punk amène à l'enfant de quoi nourrir ses réflexions sur le monde qui l'entoure et le plonge dans un monde peuplé de machines et de créatures oniriques. La musique à une place prépondérante dans le spectacle . Nous allons travailler sur un répertoire sonore emprunté à la biophonie et sur des bruits mécaniques : usines,machineries... Création d'une bande sonore inspiré de l' electro-swing. La plupart des extraits utilisés datent des années 1930 et 1940 et sont dus à Duke Ellington, Cab Calloway, Lionel Hampton et Benny Goodman parmi beaucoup d'autres.
Scénographie: Les décors vont êtres inspirés du mouvement Steam Punk. Certains éléments technologiques de notre époque ou à venir y sont parfois ajoutés, comme le calculateur de Babbage avec ses cartes perforées, l’ancêtre de nos ordinateurs, mais qui en réalité n'a jamais été construit du vivant de son inventeur. Décor sur table de manipulation Ballon dirigeable ou vaisseau vu de l’intérieur fabriqué en cuivre, bois, laiton servant de maison au personnage. La Grande bouche: Inventée par un alchimiste-scientifique, la machine donne naissance à des animaux en voie d'extinction. Elle n'a pas fonctionné. Elle a crée des êtres hybrides féroces. Le scientifique n' a pas voulu les exterminer alors il a modifié la machine pour qu'elle repousse les prédateurs inexorablement attirés par la machine et toute source de vie. La machine doit etre nourrit pour fonctionner. La Forêt Tourmentée La nature a mutée. Elle a intégré en son sein des pièces métalliques et mécaniques. Arbre à rouages mécaniques. Branches en piston. Le tronc est couvert d'un humus vert fluorescent. On peut s'en nourrir.
Les marionnettes X jeune garçon aux yeux vairons. D'apparence frêle, il est tout de même sportif et entraîné a survivre en milieux hostiles. Il manie la fronde comme personne. Il est colérique, s'emporte facilement. Il est difficile d’accès car peut habitué à communiquer. Égoïste, il sauvera sa peau sans se préoccuper des autres. Fidèle à sa parole, il sacrifie sa vie pour tenir la promesse qu'il a faite à son père adoptif: nourrir la grande bouche. Marionnette articulée. 40 cm/Manipulation à quatre main. Z jeune fille athlétique elle porte des tatouages sur le visage. Vêtements de couleur beige-taupe.On ne sait pas trop de quelles sont ses origines. On comprend qu'elle a été bannit de sa tribue car elle a volé de la nourriture. Elle possède cependant une belle noblesse d'âme. Elle n''hésite pas à sauver la vie de X et de la drôle de créature. Elle possède un savoir différent de Z sur les plantes, la nourriture. Elle manie le bâton pour se défendre. Elle est vive et audacieuse. D'un caractère facile à vivre, elle s'adapte vite. Elle est cependant très réservée sur ses sentiments. Elle ne les laisse pas percevoir. Marionnette articulée. 35 cm/Manipulation à quatre main. La drôle de bestiole: Renard qui a subit des transformations génétiques. Il se conduit comme un félin. Il est couturé de partout. Mi machine-mi animale. On ne sait pas pourquoi, il est très affectueux et il a peu d'instinct. Il se prend d'amour pour X, qu'il suit partout. Marionnette articulée. 35 cm/Manipulation à quatre main. les Rôdeurs: Le choix d'utiliser l'image et non l’illustration. L’illustration dépend du texte l'image est porteuse d'un message. Le travail sur les estampes de l'ancien monde doivent transmettre une vison claire et sensible de la réalité. Elle doit stimuler sensibilité et imagination. Vautour au bec d'acier, Ours aux griffes metalliques aux yeux modifiés, chats se déplacant debout,.... Marionnettes portées, marionnettes à gaines....Tailles variables. Les estampes : Proposition d'estampes, de visuels visionnés par les personnages. Ils les trouvent dans une valise. Elles appartiennent au père adoptif et représentent les animaux de l'ancien monde.
Vidéo La vidéo permet de faire des ressurgir les souvenirs de X, flashback d'une vie mouvementée. nous allons utiliser la technique du stop-motion et travailler sur une esthétique d'ombre et de lumière. Techniquement l'écran sera enchassé dans un élément du décor. La videodoit servir l'histoire. Le but étant de faire oublier l'aspect technique. L’équipe Mise en scène et manipulation : Anouchka Pasturel Après avoir étudié le théâtre au conservatoire d’Avignon puis celui de Toulouse dont elle sort diplô- mée en 2003, elle suit des études d’histoire de l’art à l’Université de Toulouse le Mirail. Elle a un parcours étoffé de stages et rencontres. Elle côtoie de nombreuses formes théâtrales (littéraire, ma- rionnettes, masques, conte,…). Elle multiplie les rencontres avec des publics variés. Co-fondatrice de la compagnie l'Araignée dans le plafond, elle y crée et interprète de nombreux spectacles. Elle travaille comme comédienne pour la Cie Ceux qui ne marchaient pas sur les four- mis, l'Escalier qui monte, Folavril... Elle fonde la compagnie Chat perché et signe la mise en scène du spectacle Même pas faim ! Manipulation : Distribution en cours Création sonore : Distribution en cours Création vidéo : Distribution en cours Construction des marionnettes : Virginie Lallement Plasticienne, diplômée des Arts appliqués de Paris, elle choisit de suivre la formation de l’Ecole Su- périeure des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières. Depuis, elle travaille comme scéno- graphe et créatrice de formes animées de toutes sortes pour diverses compagnies. Elle poursuit pa- rallèlement son travail de marionnettiste avec sa propre compagnie Polychimères.
Construction des décors : Distribution en cours La compagnie Chat Perché « Une pièce de théâtre doit être le lieu où le monde visible et le monde invisible se touchent et se heurtent. » Arthur Adamov La compagnie Chat Perché a été fondée par Anouchka Pasturel. Elle décide de créer le spectacle Même pas faim ! en s'entourant de Virginie Lallement, diplômée de l’école de marionnette Charle- ville-Mézières, de Richard Galbé-Delord qui lui, officie pour la Compagnie #Créature(s) et de Joël Abriac qui travaille en tant que régisseur pour les compagnies 111, Rouges les anges... La compagnie s'interroge sur le monde de l'enfance, sur la manière de s'adresser au jeune public, les thèmes à aborder et les moyens mis en oeuvre pour répondre à ces attentes. Comment appréhender le monde de l'enfance par le prisme de notre réflexion d'adulte? Ces interrogations nous poussent à renouer avec l’enfant qui se tapit en nous et à sortir des sentiers battus. L'imaginaire tient une place prépondérante dans la création des spectacles. Il puise sa source dans la littérature jeunesse, les contes, la bande-dessinée, les films d'animation. La marionnette, le théâtre d'ombre, le conte permettent d’accéder aux mondes des images, à la poésie. Ce travail artistique amène l'enfant à se connecter à son monde intérieur et à y pui- ser les ressources nécessaires pour se confronter à l'inconnu, à soi... De cette confrontation, naît l'envie de grandir, de se tourner vers les autres. Article Le grand orchestre de la nature est peu à peu réduit au silence LE MONDE | 30.03.2013 à 09h59 • Mis à jour le 01.04.2013 à 13h10 | Propos recueillis par Marie- Béatrice Baudet Entretien Musicien dès son plus jeune âge, l'Américain Bernie Krause, 74 ans, reste l'une des figures emblématiques de la musique électronique. Il a participé en studio à l'enregistrement de musiques de films célèbres (Rosemary's Baby, Apocalypse Now). Cet amoureux des sons et de la nature, devenu docteur en bioacoustique, a inventé le terme biophonie (les sons émis par les organismes vivants). Il publie chez Flammarion Le Grand Orchestre animal (324 pages, 21,85 euros). Vous avez parcouru le monde pour enregistrer les sons de la nature. Comment les reconnaître entre eux ? Chaque organisme vivant, du plus petit au plus grand, a sa propre signature acoustique. Elle peut ne pas être produite vocalement, mais par stridulation ou par grincement des dents comme chez le poisson-perroquet. Certains, comme les cétacés, émettent des signaux dont l'intensité, s'ils étaient produits dans l'air,
équivaudrait à la décharge d'une arme à feu de gros calibre à quelques centimètres de votre oreille. Cela dit, proportionnellement au poids, l'un des êtres vivants les plus bruyants du règne animal est la crevette pistolet, longue de quatre centimètres. Sa puissance sonore est neuf fois supérieure à celle d'un orchestre symphonique. Elément surprenant, les animaux peuvent adapter leurs comportements acoustiques. J'ai un enregistrement réalisé en 1979 d'une orque qui imite l'aboiement de l'otarie pour l'attirer et la dévorer. De même, des papillons de nuit sont parvenus à brouiller les signaux d'écholocation des chauves-souris. Quel que soit l'objectif d'un signal – accouplement, chasse, défense du territoire, jeu –, pour remplir sa fonction, il doit être audible et sans interférences. Pourquoi parlez-vous d'un grand orchestre animal ? La nature vit en harmonie acoustique. Chaque forêt tempérée ou tropicale génère sa propre signature acoustique, qui est une expression organisée et immédiate des insectes, des reptiles, des amphibiens, des oiseaux et des mammifères. C'est cette voix naturelle et collective à laquelle je fais allusion quand je parle de grand orchestre animal. Les grenouilles arboricoles du Pacifique, qui vivent dans le nord-ouest américain, se disputent la largeur de bande acoustique aussi bien sur la fréquence que sur la plage horaire : l'une coasse, suivie immédiatement par une autre dans un registre plus aigu. J'ai trouvé en Afrique, au Kenya notamment, des paysages sonores extrêmement bien ordonnés comme le montrait l'analyse des spectrogrammes : les insectes tissaient la toile de fond, chaque espèce d'oiseau marquait son territoire acoustique, les grands félins occupaient d'autres niches à l'instar des serpents ou des singes. Vos recherches remontent aux années 1960. Comment se porte aujourd'hui le grand orchestre animal ? J'ai enregistré plus de 15 000 sons d'espèces animales et plus de 4 500 heures d'ambiance naturelle. La triste vérité est que près de 50 % des habitats figurant dans mes archives récoltées au cours de ces quarante-cinq dernières années sont désormais si gravement dégradés que beaucoup de ces paysages sonores naturels, naguère si riches, ne peuvent plus être entendus aujourd'hui, même approximativement, sous leur forme d'origine. Les sons ont-ils disparu ou la cacophonie humaine fait-elle qu'on ne parvient plus à les entendre ? Les deux. L'extraction minière, l'exploitation forestière, l'étalement urbain, et la pollution qui en résulte, réduisent la superficie des habitats sauvages. De même, en noyant les sons naturels de la biophonie et de la géophonie (les sons provenant d'éléments naturels tels que le vent, l'eau, la pluie et les mouvements du sol) sous notre cacophonie, nous perturbons ou détruisons la nature elle- même.Certains animaux, comme les insectes, sont plus touchés que d'autres. Dans les forêts tropicales, les prédateurs tentent de s'adapter car il leur est plus difficile d'entendre leurs proies. Le bruit humain peut aussi affaiblir le système immunitaire des mammifères et des poissons, réduisant leur résistance à la maladie, résultat physiologique naturel des taux élevés d'hormone de stress. Dans les cas les plus graves, lorsque les seuils de tolérance sont dépassés, il peut être fatal. De nombreuses espèces de baleines et de phoques s'échouent d'elles-mêmes pour mourir. Il y a près de cinquante ans, mes parents nous avaient emmenés, ma soeur et moi, en vacances dans le parc national de Yellowstone, près d'une large vallée couverte de neige, à l'abri de tout parasitage humain. Le calme était ponctué par les vocalisations des corbeaux, des geais, des pies, des alouettes hausse-col et des élans. Je me souviens encore du murmure des ruisseaux et de la brise légère qui soufflait dans la cime des conifères. Je suis retourné au même endroit en 2002. La magie avait disparu, anéantie par les bruits de moteur et le smog.
Comment lutter contre cette mise à mal du grand orchestre de la nature ? Le mieux serait de ne plus toucher à rien et de mettre un terme à la consommation effrénée de produits dont personne n'a véritablement besoin. Je plaide aussi pour une "écologie du paysage sonore" qui permettrait de mieux appréhender le phénomène. Bryan Pijanowski et son équipe de Purdue University (Indiana) et d'autres, à Michigan State University, sous l'impulsion de Stuart Gage, ont été parmi les premiers scientifiques à reconnaître l'intérêt d'étudier les paysages sonores naturels holistiques plutôt que de simples enregistrements de chaque espèce. Ces méthodes anciennes se limitaient à la capture fragmentaire des appels et chants d'espèces individuelles, essentiellement des oiseaux. Plus tard, ces techniques ont été élargies aux grenouilles et aux mammifères. De mon point de vue, elles revenaient à tenter de comprendre la Cinquième Symphonie de Beethoven en isolant la voix d'un seul violon sans entendre le reste de l'orchestre. L'écologie du paysage sonore se révèle, elle, un excellent outil diagnostique pour évaluer l'état de santé des divers habitats naturels et mesurer, entre autres, l'impact d'événements tels que le réchauffement climatique.
Vous pouvez aussi lire