DOSSIER PÉDAGOGIQUE ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE
Paul Cezanne, Autoportrait au chapeau melon (esquisse), 1885-86, huile sur toile
             44,5 x 35,5 cm, Copenhague, Ny Carlsberg Glyptothek, © akg-images / Erich Lessing

Ce dossier est conçu pour les enseignants et les personnels encadrants des structures
socioculturelles. Il propose des questionnements, des outils méthodologiques et des pistes
d’exploitation pédagogique.

En regard des référentiels de l’Éducation nationale, il a pour mission de favoriser une approche
contextualisée des œuvres et des artistes mis en scène dans les programmes numériques de
l’Atelier des Lumières.
DOSSIER PÉDAGOGIQUE ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE
SOMMAIRE

1. AVANT LA VISITE
  Les expositions immersives en 2022                                            4
  La fonderie parisienne                                                        5
  L’Atelier des Lumières, l’exposition immersive et les programmes scolaires    6
  Méthode du dossier : de la préparation au réinvestissement en classe          9
  L’Histoire des arts : les mouvements artistiques à la fin du XIX siècle
                                                                 e
                                                                               10
  Biographie de Cezanne                                                        12
  Cezanne en quelques dates                                                    13

2. PENDANT LA VISITE
  Cezanne, lumières de Provence                                                14
  Parcours de l’exposition immersive                                           15
  Vassily Kandinsky, l’odyssée de l’abstrait                                   24
  Recoding Entropia                                                            25

3. APRÈS LA VISITE
  Découverte des tableaux de Cezanne - Cycle 2                                 26
  Découverte des tableaux de Cezanne - Cycle 3                                 34

4. ACCOMPAGNER VOTRE VISITE
  La Fondation Culturespaces                                                   45
  Informations pratiques                                                       46
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1. AVANT LA VISITE
Les expositions immersives en 2022

Situé entre Bastille et Nation, dans une ancienne fonderie du 11e arrondissement parisien, l’Atelier des
Lumières propose des expositions immersives monumentales.

Avec 140 vidéoprojecteurs et une sonorisation spatialisée, cet équipement multimédia unique en son genre
épouse 3 300 m2 de surfaces, du sol au plafond, avec des murs s’élevant jusqu’à 10 mètres.

Trois « expositions » sont proposées en permanence dans deux espaces distincts : LA HALLE sur
une surface de 1500 m2 et LE STUDIO sur 160 m2.

DANS LA HALLE

Programme long : « Cezanne, lumières de Provence »
Cette nouvelle exposition numérique et immersive propose un voyage au cœur des œuvres majeures de l’artiste
aixois, suivant le fil rouge de la nature vers la Provence et la Sainte-Victoire.
À travers un parcours thématique, intime et introspectif, l’exposition immersive révèle la tourmente intime de
Cezanne, la force de ses constructions, son rapport à la lumière et aux couleurs et son lien avec la nature, qui
reste son grand modèle, sa référence obsessionnelle. Le visiteur est immergé dans la nature, sous les grandes
frondaisons des arbres et forêts, des parcs et jardins où se reposent les baigneuses pour finir sur la nature
cézannienne par excellence : Bibémus, l’Estaque, et, point culminant, la Sainte-Victoire.
 35 min.
Mise en scène et animation vidéo Cutback sous la direction artistique de Gianfranco Iannuzzi.
Production CULTURESPACES DIGITAL®.

Programme court : « Vassily Kandinsky, l’odyssée de l’abstrait ».
Après « Cezanne, lumières de Provence », l’Atelier des Lumières présente une création réalisée à partir
des œuvres de l’artiste prolifique et visionnaire, Vassily Kandinsky (1866-1944) et livre sa quête spirituelle,
à travers les grandes étapes artistiques de sa vie, de Moscou à Paris.
Véritable invitation au voyage dans le cosmos intérieur de Kandinsky, l’exposition immersive invite le visiteur
à perdre ses repères pour arriver à une osmose finale abstraite et libérée.
 10 min.
Mise en scène et animation vidéo Cutback sous la direction artistique de Virginie Martin.
Production CULTURESPACES DIGITAL®.

DANS LE STUDIO

Recoding Entropia : une création originale pour l’Atelier des Lumières
Recoding Entropia propose une immersion dans un environnement voulu comme infini et vertigineux. Jouant
des matières et de leurs interactions, il nous emmène au cœur d’une poésie crépusculaire dans un drame
envoûtant.
 10 min.
Par François Vautier. Production CULTURESPACES DIGITAL®.
Espace dédié à la création contemporaine, le STUDIO donne carte blanche à des artistes du numérique.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
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La fonderie parisienne

Fonderie de fer du Chemin Vert en 1891 © Culturespaces / Famille Plichon

Lorsque l’ancienne fonderie du XIXe siècle devient lieu d’expositions numériques,
l’Atelier des Lumières écrit l’histoire d’une revalorisation patrimoniale, celle de l’ancienne fonderie
de fer PLICHON.

Créée au XIXe siècle au cœur de l’Est parisien, la fonderie est pour Culturespaces une
composante essentielle de l’expérience artistique. Plus qu’un simple support, le lieu forge
l’identité du projet, par ses volumes, son histoire, son caractère industriel. Grâce à son
architecture monumentale, soulignée par la structure métallique originelle qui scande la grande
halle, l’ancienne fonderie de fer offre un cadre de choix aux expérimentations numériques.

Au sein de la halle, les visiteurs trouvent des éléments monumentaux (cheminée, tour de séchage,
bassin, réservoir d’eau...) aménagés pour développer les interactions avec le public.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
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L’Atelier des Lumières, l’exposition immersive
et les programmes scolaires

Dans le cadre de la visite des publics scolaires, l’Atelier des Lumières propose une découverte
aussi riche qu’originale aux élèves de l’école élementaire, tant dans le domaine artistique et
culturel que par la découverte du site, un patrimoine architectural étonnant.

L’exposition immersive de l’Atelier des Lumières est une source pédagogique pour l’initiation à
l’art et à la culture, adaptée à une initiation artistique des élèves. Immergé dans l’image et le son,
l’élève peut se plonger dans l’œuvre d’un peintre…

Au cycle des apprentissages fondamentaux (cycle 2 : CP, CE1 et CE2),
l’exposition immersive s’adresse aux domaines de l’éducation humaine
et artistique.

1. Découvrir le monde :

La vision d’un artiste en rupture avec la peinture de son temps, qui fut parmi d’autres aux sources
de l’art moderne. Cezanne symbolise bien une époque où s’ébaucha une nouvelle forme d’art.

2. Arts visuels et première initiation à l’Histoire des arts :

• L’image est utilisée ici sous ses formes animées (thème des programmes : l’environnement
  familier ou non).

• Étude de tableaux, composantes, structuration du paysage et de l’espace (thème des
  programmes le monde proche et lointain).

• Le patrimoine régional est mis en valeur par l’étude d’un artiste inspiré par les lieux et la culture locale.

• Le patrimoine local est évoqué par l’architecture de l’Atelier des Lumières.

Cycle des approfondissements (cycle 3 : CM1 et CM2) : domaines de
l’éducation humaine et artistique.

1. Histoire :

Aux XIXe et XXe siècles, le spectacle évoque la vision d’artistes en rupture avec l’expression
traditionnelle de la peinture, qui en feront des pionniers de l’art moderne. Cezanne incarne bien
la richesse d’une époque où, à la suite de l’impressionnisme, il entame une recherche qui établira
les codes de la modernité.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
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2. Arts visuels :

• L’image animée est utilisée ici sous toutes ses formes.

• Étude de tableaux, avec leurs composantes, la structuration du sujet et de l’espace.

• Sensibilisation à une expression originale, celle de l’artiste et de sa vision personnelle.

• Patrimoine régional mis en valeur par l’étude d’un artiste inspiré par les lieux et la culture locale.

3. Histoire des arts :

L’Histoire des arts est un enseignement de culture artistique, concernant tous les arts.
Ce dossier concerne parmi les six domaines prévus au programme :

• Les « arts de l’espace » : architecture de l’Atelier des Lumières.

• Les « arts du visuel » : arts plastiques à travers les œuvres du peintre.

• Les « arts du son » : évocation musicale de divers compositeurs et époques.

Les objectifs d’apprentissage

1. Acquisition de capacités :

• Les fiches de travaux à réaliser à partir des différentes œuvres, observées dans l’exposition
  immersive et fournies ensuite sur les fiches des élèves, proposent une démarche progressive.

• Les questionnements s’y réfèrent avec une démarche fondée sur deux niveaux de difficulté en
  cycle 2 et 3.

L’Histoire des arts est au carrefour de diverses disciplines et s’appuie sur les
compétences communes mises en jeu dans les apprentissages :

• Formes d’expression, matériaux, techniques et outils avec leur vocabulaire spécifique.

• Découverte de diverses œuvres d’art appartenant aux différents domaines étudiés.

• Repères spatiaux et temporels dans les ères historiques abordées.

L’Histoire des arts suggère une étude de diverses œuvres, reliées dans un contexte
donné, c’est pourquoi ce dossier réunit des œuvres complémentaires pour le site et
le peintre étudié.

• Le questionnement de chacune de ces petites fiches coordonne l’échange entre ces œuvres,
  et développe leur compréhension réciproque.

• La démarche sollicite les apports de diverses disciplines et de leurs acquis.

• L’étude se fonde d’abord sur une identification, précédant l’analyse et enfin l’interprétation plus
  libre d’une œuvre appartenant au même espace culturel ou au même type d’expression.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
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2. Quatre critères au moins guident ce travail :

• Les formes : il s’agit de les identifier, de les comprendre et de les situer dans un ensemble.

• Les techniques : comment ces œuvres ont-elles été créées, par qui, avec quels outils, sur
  quels supports ?

• Les significations : que signifient ces œuvres, quel a été le message du créateur, pour quels
  destinataires ? Que disent ces œuvres d’une époque, des mentalités ?

• Les usages : à quoi servaient ces objets et à qui ? Dans quelles circonstances ?

3. Activités de l’élève et compétences de difficulté progressives mises en œuvre au
cycle 2 :

• Pour percevoir le support de l’œuvre…
  Approcher le sujet de l’œuvre à l’aide de son titre.

• Pour réfléchir aux éléments de l’œuvre…
  Faire la différence entre les éléments des différents plans.
  Trouver l’élément essentiel dans chaque plan, sans tenir compte de sa taille (près ou loin).
  Faire des liens entre des éléments de même nature quelle que soit leur situation dans l’œuvre.

• Pour établir des liens entre les différents éléments.
  Regrouper les éléments par thème, en tenant compte de la consigne.
  Comprendre quel est le thème le plus important ou celui à sélectionner par la consigne.

4. Activités de l’élève et compétences de difficulté progressives mises en œuvre au
cycle 3 :

• Pour percevoir le support de l’œuvre, le contexte de sa création…
  Approcher le sujet de l’œuvre à l’aide de son titre.
  Trouver l’auteur et l’époque de création s’ils sont mentionnés.

• Pour réfléchir aux éléments de l’œuvre…
  Faire la différence entre les éléments des différents plans.
  Trouver l’élément essentiel dans chaque plan, sans tenir compte de sa taille (près ou loin).
  Faire des liens entre des éléments de même nature quelle que soit leur situation dans l’œuvre.
  Donner un nom à chaque renseignement prélevé pour pouvoir le citer en le localisant
  précisément.

• Pour établir des liens entre les différents éléments.
  Regrouper les éléments par thème, en tenant compte de la consigne.
  Comprendre quel est le thème le plus important ou celui à sélectionner par la consigne.
  Pour analyser l’œuvre par rapport à son contexte et l’intention de l’artiste…
  Par quel procédé l’artiste a-t-il mis son sujet en valeur (lumière, mouvement, situation dans le tableau) ?
  Quel est l’élément principal définissant l’œuvre et son genre ? Quelle était l’intention de l’artiste ?

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Méthode du dossier :
de la préparation au réinvestissement en classe

Deux modes de découverte (le site et l’exposition immersive), et trois étapes pour organiser le
travail de l’élève.

Parcours de l’élève :
Présentation du site, de l’itinéraire de la visite, avant de faire observer le cadre environnant par
l’élève au moyen des exercices suivants :

Étape 1 : la visite de l’Atelier des Lumières

Les élèves vont être conviés dans la grande Halle pour découvrir l’exposition immersive « Cezanne,
lumières de Provence ».

Les projections multiples et en très grand format, avec une ambiance musicale suggestive,
sensibilisent les élèves à l’expression artistique. Les murs animés de visions colorées et
changeantes provoquent une initiation aussi intuitive que variée à l’œuvre du peintre.

Étape 2 : Pour prolonger le travail en classe

• Fiche de réinvestissement en classe sur des œuvres du peintre

• Fiche d’interprétation de tableaux (exercice d’Histoire des arts)

• Fiche de juxtaposition et de comparaison questionnée de deux tableaux du peintre.

Étape 3 : Qu’as-tu retenu ? Quiz bilan

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
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L’Histoire des arts : les mouvements artistiques à la
fin du XIXe siècle

Cloisonnisme : ce courant artistique s’est développé à la fin du XIXe siècle, dans le sillage
d’Émile Bernard (1868-1941), peintre et écrivain, qui prônait une peinture cernant chaque plan
intérieur du tableau.

Divisionnisme : procédé pictural mis au point à la fin du XIXe siècle et visant à juxtaposer des
touches de couleur pure sur les parcelles du tableau, à l’infini, pour composer des éléments de
l’ensemble, Ce divisionnisme avait inspiré les impressionnistes mais plus encore le mouvement
pointilliste de Signac et Seurat.

Estampes japonaises : l’art japonais fut longtemps inconnu des artistes européens, tant ce
pays vécut isolé jusqu’à la fin du XIXe siècle et l’ère Meiji. Néanmoins de grands artistes, tels
Hokusai et Hiroshige, peintres et graveurs, eurent connaissance des techniques européennes,
comme la perspective. En échange, leur art de l’estampe connut un grand succès en Europe,
avec ses aplats de couleurs, des traits simples, suggestifs, composant des œuvres populaires
et narratives, des paysages et des scènes de rues. Cet art allait considérablement influencer les
impressionnistes et toutes les écoles artistiques de la modernité, à la fin du XIXe siècle.

École de Pont-Aven : ce petit port breton abrita à la fin du XIXe siècle une colonie d’artistes,
que Gauguin rejoignit en 1886. Il en devint le chef de file, encore que cette « école de Pont-
Aven » ne se définisse à partir de 1889 que par sa rupture avec les codes traditionnels de la
peinture. Denis, Vuillard, Bonnard en firent partie.

Expressionnisme : forme d’expression picturale qui veut souligner l’importance du sujet traité
par l’intensité des couleurs, du trait, du style, de le la forme des sujets. Ce style se développera
au début du XXe siècle, mais Van Gogh en est un des précurseurs. L’expressionnisme trouva en
Allemagne un terreau fertile.

Fauvisme : à partir de 1905, cette école de peintres met en avant la couleur au détriment de la
forme, l’émotion domine le sujet traité. Réunis autour de Matisse, ces peintres s’affranchissant
des volumes et des formes, des couleurs de la réalité, furent nommés ainsi par un critique d’art,
suite à une exposition. Matisse, Derain, Van Dongen illustrèrent ce mouvement.

Impressionnisme : vers 1860, de jeunes peintres – Monet, Pissarro, Sisley – choisirent de
peindre la nature, dans un cadre réel, en privilégiant la couleur, les sensations de l’instant, au
détriment des codes académiques alors en vigueur. D’abord rejetés des salons officiels, ces
peintres prirent par défi le mot « impressionnistes » comme signe de ralliement. En effet un
critique d’art avait qualifié ainsi leur style en voyant le tableau de Monet « Impression, soleil,
levant » (1872). Valorisant la couleur, l’impression transmise par des touches de couleur pure
juxtaposées, les peintres laissaient au spectateur le soin de reconstituer l’ensemble avec ses
émotions. Ces grands peintres s’imposèrent au début du siècle suivant, à l’exemple de Monet.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
Cezanne s’intégrera à ses débuts dans le courant impressionniste, reprenant à son compte le
travail sur la lumière et la couleur primant sur la reproduction des formes, mais il s’en détachera
dès 1876 pour affirmer une recherche personnelle dans une démarche post-impressionniste.

Nabis : nom issu du mot hébreu signifiant « prophète », ce mouvement artistique fut constitué en
1888 par les peintres Vuillard, Bonnard et le sculpteur Maillol ; ces artistes voulaient dépasser la
simple illustration de l’apparence du réel. Van Gogh et Gauguin les avaient influencés, par leurs
couleurs vives, les aplats, le dépassement des formes.

Post–impressionnisme : Paul Cezanne est une des personnalités les plus en vue de ce qui
n’est pas véritablement un mouvement, mais plutôt l’évolution à travers quelques grands artistes de
l’influence de l’impressionnisme vers d’autres formes picturales. Ainsi Cezanne délaisse le travail
sur la couleur et les atmosphères qui résultent de cette observation primordiale pour s’attacher
à rendre les formes, leur densité, par le travail de la couleur et le retour à une organisation plus
classique des volumes dans le tableau. Peu à peu le travail sur les volumes se dirigera vers une
simplification, une orchestration des formes simplifiées qui mènera aux prémices du cubisme.

Symbolisme : mouvement artistique, littéraire en France avec Verlaine, Rimbaud, Mallarmé,
qui offre la primauté à la sensation. Dans le domaine de la peinture, Gustave Moreau est un
représentant de ce symbolisme privilégiant des formes issues de l’inconscient, qui influença
l’école de Pont-Aven et Gauguin.

Synthétisme : influencé par le symbolisme, Gauguin mit en avant cette idée, centrée sur la mise
en valeur de l’idée centrale d’un tableau, avec des contours cernés, des couleurs non pas liées à
la représentation de la réalité mais à l’idée traitée avec le sujet principal, occupant le tableau au
détriment d’une copie de la réalité observée.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
Biographie de
                                           Paul Cezanne (1839-1906)

                                           Paul Cezanne est né à Aix-en-Provence en 1839 ; il appartient par sa
                                           famille à la bourgeoisie aixoise et vit une jeunesse aisée, son père est
                                           un banquier connu de la ville. C’est ainsi qu’il fréquente le collège où il
                                           se lie d’amitié avec Émile Zola, futur grand écrivain réaliste, avec qui il
                                           gardera des liens jusqu’en 1886… Rapidement le jeune Paul montre
                                           un goût certain pour le dessin, la peinture et va suivre des cours à
                                           l’académie municipale de peinture, ce qui ne constitue pas en soi une
                                           véritable formation artistique mais l’influence paternelle lui commande
                                           de suivre un circuit classique d’études et de commencer des études
                                           de droit afin de prendre la succession familiale.

L’affirmation de sa vocation artistique n’ira pas de soi mais Paul Cezanne va se fixer à Paris dès 1863 et va peu
à peu convaincre sa famille de son talent artistique. C’est en découvrant les œuvres des grands maîtres de son
temps, Delacroix, Courbet ou Corot, que le jeune Cezanne va chercher sa voie, loin de la peinture académique
du milieu du XIXe siècle, toute dévolue aux sujets historiques et aux thèmes mythologiques, dont il s’inspire tout
de même pour quelques tableaux d’apprentissage. Il admire pourtant les grands peintres classiques, comme
Rubens ou le Tintoret et il en gardera toute sa vie une attirance certaine pour la composition rigoureuse des
tableaux, une mise en valeur des formes et des volumes.

Il s’inspire de Delacroix et produit des tableaux dans la veine du temps. Mais dans ces années 1870, c’est
l’impressionnisme de Pissarro qui le guide dans une nouvelle voie, celle où la couleur prend le pas sur la copie
réaliste, où la subjectivité du ressenti du peintre s’exprime librement. Il travaille à l’Atelier Suisse avec ses amis.
Cependant le primat de la couleur, le fondu des couleurs dans le tableau impressionniste le laisse insatisfait au
bout de quelques années et il va s’en détacher pour tenter de joindre la force des couleurs et la composition
équilibrée des formes, d’un format adapté des grands maîtres de la peinture classique.

La vie à Paris ne l’inspire guère, il ne goûte pas le fait d’appartenir à une école artistique même s’il fréquente
les impressionnistes et expose avec eux, en dehors des salons officiels. Sa peinture ne rencontre guère de
succès et il repart dans le midi, où il ne cessait de rendre à intervalles réguliers, pour se fixer aux environs de
Marseille, à l’Estaque, puis Aix-en-Provence. Les années futures le verront s’établir au mas familial du Jas de
Bouffan. Il trouve toujours davantage de motivation dans l’observation de la nature et son style se précise, entre
utilisation de la couleur et des formes dans une combinaison visant à donner de la tonicité au tableau, composé
avec soin dans ses lignes directrices.

Peu à peu les formes géométriques des constructions, des reliefs ou des ensembles naturels le conduisent
à une simplification remarquable des paysages (la montagne Sainte-Victoire si souvent peinte) et loin de la
copie illusoire du réel, il donne à voir une interprétation qui influencera fortement les premiers adeptes du
cubisme, Braque et Picasso. Il expose ses œuvres en 1889 à l’Exposition universelle et gagne peu à peu en
notoriété ; ses recherches le guident, notamment dans ses portraits de groupes ou les natures mortes vers une
autre innovation, conjuguer divers plans de visions dans le même tableau, encore une audace picturale qui va
ouvrir la voie à l’art moderne. Invité au Salon d’automne de 1905, il voit désormais ses recherches reconnues
avant de décéder en 1906 après avoir tenté une dernière fois de saisir sur le terrain l’âme même de la Sainte-
Victoire. Il va figurer rapidement comme une source d’inspiration pour Matisse ou Picasso, au confluent des
impressionnistes remettant en cause la peinture traditionnelle et des courants nouveaux qui exprimeront plus
hardiment leur vision révolutionnaire de l’art, que ce soit les fauves avec Matisse, ou le cubisme et l’abstraction
avec Picasso.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
Cezanne en quelques dates

1839 : naissance de Paul Cezanne, à Aix-en-Provence, dans une famille de la bourgeoisie.

1852 : élève du collège Bourbon, le jeune collégien est un ami de Zola.

1857 : inscrit au cours de dessin municipal, le jeune Cezanne révèle sa volonté de devenir un
artiste, loin des rêves de son père, qui souhaitait qu’il devienne banquier, comme lui.

1859 : pour suivre la demande paternelle, Paul Cezanne devient un étudiant en droit

1861 : Cezanne fuit Aix et rejoint Paris où il découvre les impressionnistes et surtout Pissarro, qui
l’influencera durablement durant sa jeunesse.

1863 : sans faire véritablement de formation artistique, il fréquente l’Académie Suisse et
commence à exposer avec ses amis impressionnistes, au Salon des Refusés par exemple.

1864 : Cezanne n’aime pas la ville et quitte fréquemment la capitale pour s’établir dans le quartier
de l’Estaque, à Marseille.

1869 : rencontre d’Hortense Fiquet, sa compagne, dont il aura un fils – Paul – en 1872.

1872-1876 : sans se fixer à Paris, Cezanne participe aux expositions des impressionnistes, mais
sans grand succès ; le mouvement en est alors à ses débuts et reste incompris du public.

1876 : rupture avec les impressionnistes, Cezanne va persévérer dans un style personnel et
demeurer désormais en Provence, au Jas de Bouffan, propriété acquise par son père.

1882 : début de reconnaissance au Salon annuel, exposition officielle des peintres à Paris.

1886 : il fréquente Monet et Renoir dans le midi mais s’éloigne de Zola à la suite de la publication
de son livre L’œuvre. Après la mort de son père il vit souvent au domaine du Jas de Bouffan mais
vivra ses dernières années à Aix-en-Provence.

1895 : Cezanne a enfin du succès, avec une grande exposition du marchand Vollard à Paris ; il
s’attache à peindre le site de la montagne Sainte-Victoire près d’Aix-en-Provence.

1901 : il construit son atelier près d’Aix-en-Provence, au plus près de cette nature qu’il ne cesse
plus de peindre.

1905 : Cezanne est invité au salon d’Automne ; l’école de la peinture nouvelle, avec les
impressionniste, est désormais reconnue.

1906 : décès de Paul Cezanne, une rétrospective lui sera consacrée l’année suivante au salon
d’Automne.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
2. PENDANT LA VISITE

« CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE »
Une création sous la direction artistique de Gianfranco Iannuzzi
En 2022, l’Atelier des Lumières s’illumine des œuvres célèbres de Cezanne (1839-
1906) tels que ses natures mortes aux pommes, Les joueurs de cartes (1890-95) et
Les grandes baigneuses (vers 1906).

Peintre autodidacte aux 900 toiles et 400 aquarelles, Cezanne représente des portraits,
des natures mortes, des paysages, des scènes historiques… et réalise de multiples
versions d’un même sujet, expérimentant sans cesse les possibilités de la matière
picturale.

D’abord rejeté au Salon puis reconnu tard par ses contemporains, lors d’une rétrospective
organisée en 1895 par Ambroise Vollard, Cezanne est aujourd’hui considéré comme le pionnier
de la modernité.
Fortement inspiré à ses débuts par Delacroix et Courbet, il délaisse ensuite son atelier pour
se tourner vers les impressionnistes, suivant l’exemple de Pissarro en peignant sur le motif.
Sa construction unique des formes et de la couleur et sa tendance à l’abstraction l’amènent à
dépasser l’impressionnisme, jusqu’à influencer les cubistes, les fauves et les avant-gardes.
Père de l’art moderne, il inspire Zola, Van Gogh, Pissarro, Monet, Renoir, Matisse… Picasso le
désigne comme « notre père à tous ».

À travers un parcours thématique, intime et introspectif, l’exposition immersive créée et mise en
scène par Cutback sous la direction artistique de Gianfranco Iannuzzi, révèle la tourmente intime
de Cezanne, la force de ses constructions, son rapport à la lumière et aux couleurs et son lien
avec la nature, qui reste son grand modèle, sa référence obsessionnelle.
Le visiteur est alors immergé dans la nature, sous les grandes frondaisons des arbres et forêts,
des parcs et jardins où se reposent les baigneuses pour finir sur la nature cézannienne par
excellence : Bibémus, l’Estaque, et, point culminant, la Sainte-Victoire.

Sa peinture est aussi d’une profonde et entière sincérité, entretenant l’incertain, la passion. Le
visiteur porte son regard sur le paysage intime de l’artiste : les autoportraits de son tourment
intérieur, la tempérance apportée par l’apaisant quotidien aixois, l’intimité de l’atelier...

La force des traits, le jeu sur la matière et son évolution, la présence permanente de la nature, la
suspension du temps, l’évolution vers une réalité abstraite de couleurs et de formes… Cezanne
est un homme au travers duquel se jouent quantités de dialogues picturaux.

« Cezanne, lumières de Provence » propose un voyage au cœur des œuvres majeures de l’artiste
aixois, suivant le fil rouge de la nature vers la Provence et la Sainte-Victoire.

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
Parcours de l’exposition immersive

PROLOGUE

« Le Louvre est un bon livre à consulter, mais il ne doit être qu’un intermédiaire. L’étude réelle et
                                  immense qui doit être prise est l’image multiple de la nature. »

                                                                « Avec une pomme, je veux étonner Paris ! »
                                                                                            Paul Cezanne

L’exposition immersive s’ouvre d’abord sur l’ambiance des expositions officielles de la fin du XIXe siècle :
tableaux de maîtres, dorures, jury... envahissent l’espace de l’Atelier, en hommage aux heures passées
par Cezanne à contempler des œuvres du Louvre.

Le calme apparent de cette séquence est soudain interrompu par le motif de la pomme issu de
ses natures mortes : les fruits bousculent alors la tranquillité préétablie, cassent les attendus et
créent une rupture avec ce premier décor, clin d’œil à l’esprit frondeur de Cezanne.

Se regroupant, ces pommes forment des compositions de natures mortes de Cezanne sur la
musique jazz et dynamique Songe d’Automne de The Rosenberg Trio composée par Django
Reinhardt.

Paul Cezanne : Pommes et oranges, 1895–1900, huile sur toile, 74 x 93 cm, RF 1972, musée d’Orsay, Paris, © akg-
images / Erich Lessing ; Un coin de table, 1895–1900, huile sur toile, 47 x 56 cm, et, Le vase paille, vers 1895, huile
sur toile, 73 x 60 cm, the Barnes Foundation, Merion (Pa), Usa, © akg-images ; Sept pommes et un tube de peinture,
1878/79, huile sur toile, 17,2 × 24 cm, musée Cantonal des Beaux-Arts, Lausanne Suisse, © akg-images ; Maurice Denis,
Hommage à Cezanne (de gauche à droite : Redon, Vuillard, Mellerio, Vollard, Denis, Sérusier, Ranson, Roussel, Bonnard
et madame Denis), 1900, huile sur toile, 180 x 240 cm, RF 1977-137, musée d’Orsay, Paris, © akg-images / Erich Lessing
Simulation © Culturespaces / Cutback

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
LA CONFIANCE : SOUS LES VOÛTES DE LA TRANQUILLITÉ

                                              « Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles. »
                                                                                        Paul Cezanne

Cette première partie entraîne d’emblée le visiteur dans la nature, au milieu des arbres,
ces « chers amis » de Cezanne. C’est la révélation du plein air. Comme une ode à la
nature, cette séquence mêle plusieurs périodes picturales, de l’impressionnisme aux
dernières œuvres du peintre.
Après la forêt, la promenade continue dans des parcs et jardins au son vif et joyeux de
guitares. Les espaces s’ouvrent, les panoramas se dégagent et le visiteur est entraîné au
milieu de scènes de vie en extérieur, de déjeuners et de virées au bord de l’eau.

Musique :
Arpeggione Sonata D.821 de Franz Schubert interprété par Anne Gastinel, Claire Desert

Song Without Words, Book VI Opus 67: No. 2 ine F-Sharp Minor de Felix Mendelssohn interprété
par Bertrand Chamayou

Paul Cezanne, Le Pont, 1877-79, huile sur toile, 47 x 56,2, musée des Beaux-Arts de Boston, USA © akg-images

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
LA PLÉNITUDE : L’INTIMITÉ DES CORPS

   « Je voudrais marier des courbes de femmes aux épaules des collines. Si j’arrivais à faire ça,
                                                                       j’aurai touché le but. »
                                                                                 Paul Cezanne

Dans les interstices des arbres apparaissent des corps, sensuels, étranges et énigmatiques. « Ici,
au bord de la rivière, les motifs se multiplient, le même sujet vu sous un angle différent, offre un
sujet d’étude du plus puissant intérêt » écrivait le peintre à son fils en 1906.
Le visiteur se trouve au milieu des baigneuses et des baigneurs, fascinants et mystérieux per-
sonnages, aux traits extraordinairement variés et aux touches de couleurs douces et légères. Le
groupe des baigneurs se fond à la végétation et au paysage.

Les différentes études préparatoires et l’œuvre Les Grandes Baigneuses (1899-1906) conser-
vée aujourd’hui au Philadelphia Museum of Art, se forment sur les murs de l’Atelier. Ce qui prime
désormais c’est l’ensemble pictural, l’harmonie de la forme et de la couleur, des personnages et
de la nature.
Les formes diagonales des arbres se fondent avec celles des corps sur la musique jazzy Lone-
some Blues de Woody Allen.

Musique :
Lonesome Blues de Eddy Davis, Greg Cohen, Woody Allen.

Paul Cezanne, Baigneuses, 1899-1904, huile sur toile, 51,3 x 61, 7 cm, The Art Institute of Chicago, IL, USA © Amy
McCormick Memorial Collection / Bridgeman Images musée des Beaux-Arts de Boston, USA © akg-images

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
LA TORTURE INTÉRIEURE : LA TOURMENTE DES PORTRAITS

« Le monde ne me comprend pas et je ne comprends pas le monde... C’est pourquoi je me suis retiré. »
                                                                                   Paul Cezanne

Dans cette séquence, le cadre idyllique des Baigneurs se transforme brusquement en une
ambiance cauchemardesque : des peintures de scènes d’enlèvement, de crimes et de peurs
remplissent les murs. Cette transition brutale révèle la tourmente intérieure de Cezanne et rappelle
ses nombreuses réinterprétations des peintures des maîtres anciens.
Les images dures et angoissantes se dégagent peu à peu pour laisser place aux autoportraits de
l’artiste qu’il peint d’après des photographies. Le regard du visiteur croise sous tous les angles
celui de Cezanne, partage son humeur, l’intensité de sa torture intérieure et de son interrogation
intime sur ses contemporains.

                                                           1                                                 2

L’artiste peindra au total 26 autoportraits au cours de sa vie. Ces œuvres soulignent une face plus
obscure et tourmentée de Cezanne qui attaque la toile avec des coups de pinceau vigoureux et des
touches de couleurs brutales.
En voyant un portrait de l’artiste exposé au Salon en 1866, un membre du jury déclare alors qu’il est :
« peint, non seulement au couteau, mais encore au pistolet. »

Par ces peintures en pleine pâte, rugueuses et obscures, Cezanne, au début de son art (il est âgé
de 23 ans lorsqu’il réalise son premier autoportrait) s’éloigne de la peinture conventionnelle et dé-
veloppe la peinture qu’il qualifie de « couillarde », déterminante dans son approche à la couleur et à
la représentation de ses sujets.

« On ne peint pas des âmes. On peint des corps, et quand les corps sont bien peints … l’âme transparaît. »

Musique :
King Arthur or the British Worthy - Act III : What Power art thou (Cold Genius) de Henry Purcell -
par Emmanuelle Haïm

1. Paul Cezanne, La Tentation de saint Antoine, 1870, huile sur toile, 56 x 76 cm, Zurich, collection G. Bührle, © akg-images
2. Paul Cezanne, Autoportrait au chapeau melon (esquisse), 1885-86, huile sur toile, 44,5 x 35,5 cm, Copenhague, Ny Carlsberg
Glyptothek, © akg-images / Erich Lessing

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
LA SÉRÉNITÉ : L’APAISEMENT DU QUOTIDIEN

            « Le génie est la capacité à renouveler ses émotions dans l’expérience quotidienne. »
                                                                                   Paul Cezanne

Dans cette nouvelle séquence, la tension s’apaise et le visiteur se retrouve au cœur des villages de
Provence. Aix-en-Provence et ses alentours se dessinent sur les murs de l’Atelier des Lumières.

Dans sa ville natale, Cezanne retrouve la sérénité. Maisons et paysages colorés s’alternent dans
une ambiance méridionale et populaire. En Provence, Cezanne peint ses proches, ses voisins et
les personnes qui l’entourent. Ses dernières toiles représentent des paysans, des fumeurs de
pipe, des joueurs de cartes, des employés de café...
Ces portraits des « gens de peu » se côtoient et peuplent le lieu, quotidien rassurant du peintre.

Ses compositions sont dépouillées de détails, les couleurs et les traits sont réduits : Cezanne
aborde le portrait comme une nature morte. Ses modèles, patients, posent immobiles pendant
des heures pour le peintre rigoureux et minutieux : « Malheureux, vous dérangez la pose ! Je vous
le dis, en vérité, il faut tenir comme une pomme. Est-ce que cela remue, une pomme ? »

Paul Cezanne, La Maison du Jas de Bouffan, 1882-85, huile sur toile, collection privée, Photo © Christie’s Images
/ Bridgeman Images

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
2

                                                           1

Cezanne peint également les membres de sa famille : sa mère, sa sœur, son père puis
sa femme Hortense et son fils Paul. À travers cette multiplication de portraits, le visiteur
est invité à découvrir l’univers intime du peintre qui traite figure et décor comme un tout.

                                                                   « L’aboutissement de l’art c’est la figure. »

C’est ensuite le quartier du Jas de Bouffan qui est représenté : le visiteur se promène
dans le jardin du Jas de Bouffan, découvre la bastide, le bassin et l’allée des marronniers.
Dans cette séquence, peinture et photographies se croisent.

Musique :
Blessed Are The Peacemakers by Woody Jackson
Tournesol (Live) by Stephane Grappelli

1. Paul Cezanne, Madame Cezanne au fauteuil jaune, vers 1888-90, huile sur toile, 81 x 65 cm, Riehen / Bâle, Fondation Beyeler,
© akg-images
2. Paul Cezanne, Paul Cezanne, fils de l’artiste, vers 1883-85, huile sur toile, 35 x 38 cm, Paris, musée de l’Orangerie © akg-
images / Erich Lessing

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
LA STRUCTURATION : L’ATELIER, COMPOSITION & NATURES MORTES

                                        « Il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône. »
                                                                                             Paul Cezanne

L’Atelier des Lumières se transforme en l’atelier de Cezanne, « grand atelier d’artiste à la
campagne », sur l’air d’ouverture des Noces de Figaro de Mozart. Installé à Aix-en-Provence, sur
la colline des Lauves, l’atelier fait face à la montagne Sainte-Victoire. De 1902 à 1906, Cezanne
s’y installe tous les matins parmi les objets qui lui sont chers, les modèles de ses ultimes natures
mortes, son mobilier, ses croquis, ses dessins...
C’est alors que le peintre compose, structure des scènes, étudie la perspective, expérimente
les couleurs, les traits.
Ces images créent une rupture : le visiteur assiste à cet art de la structuration, à la force moderne de
la composition.

                                                                      S’en suit une profusion de natures
                                                                      mortes : les cadrages, les variations
                                                                      de couleurs, le jeu de lignes verticales
                                                                      et horizontales, les perspectives
                                                                      dénotent une réelle modernité.
                                                                      Cezanne peint parfois ses sujets
                                                                      à partir de plusieurs points de vue,
                                                                      lui permettant de rechercher et
                                                                      d’étudier l’incidence de la lumière sur
                                                                      les objets. Par ses représentations
                                                                      du réel, l’artiste ouvre la voie au
                                                                      cubisme.
                                                                      Des compositions florales viennent
                                                                      enrichir le décor et emportent le
                                                                      visiteur dans un tourbillon de couleurs.

Musique :
Waltz In A Minor opus Posth. Kk4B No 11 - Allegretto - Frédéric Chopin - interprété par Alice
Sara Ott
Cello Concerto in A Minor, RV 419: III. Allegro - Antonio Vivaldi - interprété par Christophe
Coin, Giovanni Antonini, Il Giardino Armonico
Ezra Was Right - Ghost Clock - Erol Sarp, Lukas Vogel - interprété par Grandbrothers
Sunset On M. by Sunset On M. Dardust
Rameau : Les Indes galantes, Quatrième entrée « Les sauvages » : « Forêts paisibles » (Zima,
Adario, Sauvages) - Jean-Philippe Rameau - interprété par Aimery Lefèvre, Alexis Kossenko, Le
Jeune Chœur de Paris, Les Ambassadeurs, Sabine Devieilhe

Paul Cezanne, Nature morte aux pommes, vers 1893-94, huile sur toile, 65,4 x 81,6 cm, J. Paul Getty Museum, Los
Angeles, USA, © Bridgeman Images

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
LA MATURITÉ : LES PAYSAGES DE PROVENCE

                                          « Je cherche à rendre la perspective uniquement par la couleur. »
                                                                                           Paul Cezanne

                                                                               L’exposition immersive s’ouvre à
                                                                               présent vers de vastes panoramas
                                                                               maritimes, des couleurs irradiantes de
                                                                               l’Estaque, dans un rappel de la tradition
                                                                               du paysage classique. Le soleil brûle,
                                                                               la lumière est crue, éblouissante,
                                                                               la puissance des couleurs et leur
                                                                               modulation sont mises en avant.

                                                                               « Le soleil est si effrayant qu’il me
                                                                               semble que les objets s’élèvent en
                                                                               silhouette, non pas seulement en blanc
                                                                               et en noir, mais en bleu, en rouge, en
                                                                               brun, en violet. »
                                                                         1

Au fur et à mesure, le paysage maritime laisse
place à celui des carrières de Bibémus. C’est
une nouvelle vision, où priment la sensation
que procurent les couleurs des paysages de
Provence dans lesquels Cezanne trouve les
structures essentielles et immuables de la nature.
« La nature pour nous, hommes, est plus en
profondeur qu’en surface, d’où la nécessité
d’introduire dans nos vibrations de lumière,
représentées par les rouges et les jaunes, une
somme savante de bleutés pour faire sentir
l’air. »

Musique :
Valse Triste - Sibelius – par Berliner
Philharmoniker Herbert von Karajan                                                                                                 2

1. Paul Cezanne, Vue de l’Estaque à travers les arbres, 1879, huile sur toile, 44,7 x 53,4 cm, collection privée, Photo © Christie\’s
Images / Bridgeman Images
2. Paul Cezanne, Les Carrières de Bibémus, vers 1895, huile sur toile, 92,1 x 73,3 cm, The Barnes Foundation, Philadelphia,
Pennsylvania, USA, © Bridgeman Images

Dossier pédagogique - Élémentaire		                                                                                              22
CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
FINAL : LA SAINTE-VICTOIRE

                                            « Pour l’artiste, voir c’est concevoir, et concevoir c’est composer. »
                                                                                                    Paul Cezanne

    Le parcours se termine sur les
    représentations de la montage Sainte-
    Victoire par Cezanne. Véritable muse de
    l’artiste, il va la peindre jusqu’à la fin de sa
    vie. Cezanne réalise au total 44 huiles et
    43 aquarelles de ce paysage.

          « J’ai besoin de connaître la géologie,
         comment Sainte-Victoire s’enracine, la
        couleur géologique des terres, tout cela
                    m’émeut, me rend meilleur. »
                                                                                                                                          1

    Fasciné, Cezanne reproduit sans cesse ce décor, développant sa manière de peindre et sa
    technique, révolutionnant la peinture.

    Jouant sur la lumière, les oppositions de couleurs, l’artiste dessine son thème de prédilection
    avec des touches tantôt empâtées, tantôt fluides, conjuguant rigueur de construction et liberté
    absolue de la touche.

              « Longtemps je suis resté sans pouvoir, sans savoir peindre la Sainte-Victoire parce que
            je l’imaginais l’ombre concave, comme les autres qui ne regardent pas, tandis que, tenez,
             regardez, elle est convexe, elle fuit de son centre. Au lieu de se tasser, elle s’évapore, se
                                 fluidise. Elle participe toute bleutée à la respiration ambiante de l’air. »

                                                                             Musique :
                                                                             Royer : Pièces de clavecin, Book 1
                                                                             (1746): No. 11 Le Vertigo - Joseph-
                                                                             Nicolas-Pancrace Royer - par Jean
                                                                             Rondeau

                                                                             Générique : Vremena goda, Op. 67:
                                                                             L’Automne: Petit Adagio - Alexander
                                                                             Glazunov - interpreted by Neeme Järvi
                                                                             Royal Scottish National Orchestra

2

    1. Paul Cezanne, La Montagne Sainte-Victoire et le Château noir, vers 1904-06, huile sur toile, 65,5 x 81 cm, Ishibashi Foundation,
    Tokio, Bridgestone Museum of Art, © akg-images / André Held
    2. Paul Cezanne, La Montagne Sainte-Victoire, 1904, huile sur toile, musée Pouchkine, Moscou, Russie, Photo © Photo Josse
    / Bridgeman Images

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    CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
Vassily Kandinsky, l’odyssée de l’abstrait

Après « Cezanne, lumières de Provence », l’Atelier des Lumières présente une création d’une
dizaine de minutes, réalisée à partir des œuvres de l’artiste prolifique et visionnaire, Vassily
Kandinsky (1866-1944).
Peintre, poète, théoricien de l’art et fondateur de l’art abstrait, Kandinsky révolutionne l’histoire de
l’art avec ses nombreuses compositions, aujourd’hui exposées à travers le monde.
Comme Cezanne, il se révèle relativement tard, à l’âge de 30 ans. Né à Moscou, après des études
de droit, il voyage à travers toute l’Europe et découvre les artistes avant-gardistes, Cezanne,
Monet, Matisse... Kandinsky peint d’ailleurs lui aussi, à sa façon, la montagne Sainte-Victoire.
Ses recherches sur la symbolique de la couleur et des formes font écho à celles de Cezanne :
les deux artistes contestent la perception objective et privilégient l’intériorité du peintre, l’essence
même de la création.

« Vassily Kandinsky, l’odyssée de l’abstrait » livre cette quête spirituelle de Kandinsky, à travers les
grandes étapes artistiques de sa vie, de Moscou à Paris.
L’exposition immersive se déroule en deux temps, scindée par l’avènement majeur de l’invention de
l’abstraction. La première partie évoque les débuts figuratifs de l’artiste, teintés d’impressionnisme,
de fauvisme onirique et d’une touche de pointillisme. Le visiteur est d’abord plongé dans les
souvenirs de Kandinsky, le folklore russe, son capital mythique.
La seconde partie est plus expérimentale, dévoilant la force de mouvement et de rythme des
formes et de la couleur. Plongé dans une explosion chromatique, le visiteur découvre les œuvres
les plus significatives de cet élan de modernité - Composition VIII (1923), Jaune, rouge,
bleu (1925) - jusqu’à ses créations biomorphiques de ses dernières années. S’approchant
de la musique, la peinture s’affranchit progressivement de la contrainte de la représentation
et ne prend plus pour référence le monde réel mais l’intérieur de l’être.

Véritable invitation au voyage dans le cosmos intérieur de Kandinsky, l’exposition immersive invite
le visiteur à perdre ses repères pour arriver à une osmose finale abstraite et libérée.

Exposition « Vassily Kandinsky, l’odyssée de l’abstrait » - Simulation : © Culturespaces / Cutback

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
Recoding Entropia

Un néant insondable, des horizons sans limite, des formes inertes aux soubresauts pourtant
violents, présumant du vivant, de l’organique en devenir, d’une vie par-delà l’entendement... Voilà
comment, dans sa proposition, Recoding Entropia, le film immersif de François Vautier, se révèle.
Partant d’une géométrie spécifique, perdue dans une étendue spatiale, qui ne cessera de se
transformer tout au long du récit, pour finalement apparaître sous une autre figure, l’histoire
prétend raconter une évolution de forme, d’espèce, d’intelligence.

Après I Saw The Future, film qui donnait à décrypter dans un champ artificiel les prédictions
de l’écrivain Arthur C. Clarke, et Odyssey 1.4.9, conçu comme un hommage au film de 2001: A
Space Odyssey, le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, Recoding Entropia est le dernier opus d’une
anthologie consacrée à l’évolution.

Prolongeant son cycle de réalisations, François Vautier entend proposer cette fois une immersion
dans un environnement voulu comme infini et vertigineux. Jouant des matières et de leurs
interactions, il nous emmène au cœur d’une poésie crépusculaire dans un drame envoûtant.

Recoding Entropia est un film immersif dont la proposition est essentiellement axée sur les
espaces et les valeurs d’échelles. En intime liaison avec la thématique exploitée - celle du devenir,
elle rend compte de l’immensité des possibles inhérents à la pensée. À l’unisson de ce que
suggère son récit, le film joue du trouble et de la surprise afin de déployer une boucle dans
laquelle se plonger.

 « Initialement pensé et réalisé pour la réalité virtuelle, nous avons souhaité adapter le dispositif
  à un format multi-écrans, permettant à un groupe (et non plus à un seul individu) de vivre une
                                                expérience collective au sein d’un même espace. »

Exposition « Recoding Entropia » © François Vautier

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CEZANNE, LUMIÈRES DE PROVENCE
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