DOSSIER PEDAGOGIQUE Dossier Élève Niveau 4e et 3e - Hôtel de Caumont
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SOMMAIRE 1 : PRÉPARE TA VISITE… 1. Présentation de Caumont Centre d’Art 4 2. Que vas-tu voir ? 5 3. Caumont Centre d’Art et l’Histoire des arts 6 4. Caumont Centre d’Art dans l’Histoire d’Aix-en-Provence 8 5. Une exposition à découvrir : Canaletto, Rome-Londres-Venise. 9 6. Je te présente Canaletto 10 7. Chronologie autour de Canaletto et Venise 11 8. Un plan pour mieux te repérer 12 2 : DÉCOUVRE CAUMONT CENTRE D’ART ET L’EXPOSITION : CANALETTO, ROME, LONDRES, VENISE. LE TRIOMPHE DE LA LUMIERE. 1. La visite de Caumont Centre d’Art et de ses jardins 13 2. L’exposition Canaletto, Rome, Londres, Venise. 21 Analyse des œuvres de Canaletto et de ses contemporains 3. Le film Cezanne au pays d’Aix pour clore le parcours artistique 37 3 : QU’AS-TU RETENU ? 1. Evocation de Caumont Centre d’Art 38 2. Analyse des œuvres de Canaletto 40 3. Questionnaire d’analyse du film Cezanne au pays d’Aix 49 4. Quiz 50 2
AVANT DE COMMENCER Ce questionnaire va te guider tout au long de ta visite de Caumont Centre d’Art. Il te permettra de revivre au XVIIIe siècle, au temps des Lumières, et de découvrir les salles somptueuses et les jardins à la française. L’exposition Canaletto, Rome, Londres, Venise, le triomphe de la lumière t’entraînera ensuite à Venise, sur les traces de ce grand peintre, avec autant de témoignages d’une époque où la peinture permettait de découvrir Venise et des paysages inconnus. Enfin le film Cezanne au pays d’Aix te permettra de mesurer l’évolution de la peinture du XVIIIe à la fin du XIXe siècle, à l’aube de l’époque moderne. Tu devras alors : Comprendre ce Observer un Analyser en Expliquer ce que tu que tu vas voir paysage choisissant tes auras vu ou un tableau réponses Bonne Visite ! Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 3 Caumont Centre d’Art
I-PRÉPARE TA VISITE 1. Présentation de Caumont Centre d’Art L’Hôtel de Caumont est l’une des plus prestigieuses demeures du patrimoine aixois, au cœur du quartier Mazarin, l’écrin architectural de cette ville d’art. Il a été construit au XVIIIe siècle, lorsque François Rolland de Réauville, Marquis de Cabannes, voulut ériger un hôtel particulier digne de sa charge de second Président à la Cour des Comptes d’Aix-en-Provence, cité de premier plan du royaume de France. La mission fut confiée à Robert de Cotte, Architecte des Bâtiments du Roi, et la construction s’étendit à partir de 1715, sur une trentaine d’années. L’édifice typique du « baroque aixois », mêlant le baroque provençal influencé par l’Italie au classicisme français, devint au gré des successions et des reventes la propriété de Pauline de Bruny qui épousa en 1796 Amable de Seytres, marquis de Caumont. La marquise anima alors la vie artistique aixoise dans son hôtel particulier. Elle lèguera son hôtel particulier en 1850, des figures de l’histoire locale y vécurent, avant que ce lieu ne compte dans l’histoire de la résistance française. Devenu en 1964 Conservatoire nationale de musique, l’Hôtel de Caumont va poursuivre sa vocation d’écrin artistique, malgré une perte de ses éléments décoratifs d’origine au XXe siècle. Depuis 2013, Culturespaces redonne vie et authenticité à l’Hôtel de Caumont, en tant que Caumont Centre d’Art, témoin du siècle des Lumières. Le ravalement de la façade, la réhabilitation des espaces intérieurs, notamment les pièces évoquant Pauline, la marquise de Caumont, permettent de créer les conditions propices à la diffusion de la culture pour tous. Ces dossiers pédagogiques participent à la mission de favoriser l’accès aux arts et au patrimoine de tous les jeunes publics. La remise en état des jardins à la française, leur agrandissement, donne un lustre supplémentaire à Caumont Centre d’Art, lieu de partage et d’échange de différents expressions artistiques. Les beaux-arts sont au centre du projet avec les expositions temporaires, la première de celle-ci accueillant au printemps 2015 les œuvres de Canaletto : Canaletto, Rome, Londres, Venise. Le triomphe de la lumière. Dans le cadre du projet artistique, scientifique et pédagogique porté par Culturespaces, l’auditorium projettera en permanence le film « Cezanne au pays d’Aix » , une œuvre évoquant la vie et l’œuvre du grand peintre, point final d’une visite centrée sur la découverte de grandes étapes de l’histoire de l’art européen. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 4 Caumont Centre d’Art
I-PRÉPARE TA VISITE 2. Que vas-tu voir ? En entrant dans Caumont Centre d’Art, tu vas parcourir ces lieux imprégnés de l’atmosphère du siècle des Lumières, jusqu’à l’entrée des grandes salles de l’exposition consacrée à Canaletto. • Des fiches de questionnaire permettront de montrer que tu as bien su comprendre ce que tu as visité. • La découverte du site de l’Hôtel de Caumont, au patrimoine architectural étonnant (cour, façade, appartements, jardins à la française) introduit le visiteur dans le monde du XVIIIe siècle, le temps des Lumières, et lui fera revivre l’ambiance des salons aixois avec Pauline de Caumont, une introduction à la compréhension de l’exposition temporaire et des courants artistiques de cette époque. • L’exposition Canaletto, Rome, Londres, Venise. Le triomphe de la lumière, met en évidence le maître le plus admiré de l’époque, alors que Venise est encore au centre des regards des cercles lettrés et artistiques. Venise, Rome, mais aussi Londres vont jalonner le parcours de celui qui incarne la peinture de ce grand siècle. • Le film « Cezanne au pays d’Aix » met en perspective l’approche des œuvres du XVIIIe siècle, tant architecturales que picturales, avec l’évolution de l’art jusqu’aux portes de la modernité marquée par le génie de Cezanne. Il est approché ici de manière vivante et incarnée, à travers la vie et la genèse de l’œuvre du grand peintre. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 5 Caumont Centre d’Art
3. Caumont Centre d’Art et l’Histoire des arts. Atlante : Deux colosses furent sculptés dans le stuc par des artistes du pays, Esprit Routier et Honoré Gastaud. Ils semblent porter l’hôtel ; l’un observe l’entrée et l’autre scrute l’escalier. Ces atlantes utilisés depuis la Renaissance évoquaient l’Antiquité, à l’image d’Atlas portant le monde. Blason : Les Roland de Réauville laissèrent leur marque par ces R entrelacés dans les volutes de feuilles d’acanthe du garde-corps … Un véritable chef-d’œuvre de ferronnerie du serrurier Reynaud. Et le cerf des Bruny est là également, sur le macaron face à l’entrée. Classique : L’art classique va s’épanouir en France au XVIIe siècle et se poursuivra au XVIII e siècle, en privilégiant les formes simples, une architecture géométrique et ordonnée, à la différence du baroque qui dominera avec ses courbes et son exubérance décorative l’espace italien ou allemand. Versailles marque le triomphe de l’art classique, de ses inspirations antiques déclinées dans les façades (chapiteaux, pilastres encastrés, frontons), ses motifs de sculpture. La peinture de sujets mythologiques leur répond en écho. Cour : (des communs, cour d’honneur) : : Une fois le porche franchi, qui délimite l’espace public et celui de l’hôtel, s’ouvre la cour d’honneur, pavée, qui recevait les équipages des carrosses venus du cours Mirabeau et laissait entrer les familles nobles invitées aux réceptions des propriétaires. A sa droite s’ouvre la cour des communs, invisible car close, où s’affaire toute la nombreuse domesticité. Leurs pièces de vie, exigües, s’ouvrent sur cette cour des communs. Fronton : Dans les temples grecs, puis romains à leur imitation, les frontons de pierre marquaient le dessus de la façade des temples, avec souvent des frises sculptées dans leur triangle posé sur la colonnade. Après la Renaissance et son retour à l’antique, les frontons réapparaissent en façade des églises mais aussi dans l’architecture des façades, cependant les goûts évoluent et les frontons perdent leur rigueur triangulaire pour devenir des arcs comme ici ou les deux formes rythment la façade vers le ciel. Gypseries : Les gypseries sont des ornements muraux de plâtre en relief, les « gipiers » aixois se fournissent en matière première dans des carrières du quartier de Célony. Ils peuvent réaliser des dessins originaux pour leur commanditaire, ou s’inspirer de répertoires de formes édités en France et en Italie, qui diffusent des modèles inspirés du style Renaissance. Des éléments répétitifs de décors sont parfois moulés puis collés, mais la taille directe des motifs semble dominer. À l’Hôtel de Caumont, les gypseries sont présentes dès le hall d’entrée ; au plafond, se trouvent des cartouches- des formes de cartes à demi déroulées- sur des thèmes mythologiques qui rappellent subtilement les armoiries des Bruny : Diane chasseresse, accoudée à un cerf. Dans les salons du rez-de-chaussée, les gypseries sont aussi à l’honneur. Le décor du Salon Bleu, aux cartouches sur fond bleu, est dédié à Vénus accompagnée de ses amours. Mais elle partage aussi la vedette avec quelques dragons, chimères et allégories, comme dans les cartouches centraux où sont symbolisées la tempérance, la prudence, la force et la justice. Les quatre coins du plafond de ce qui fut une chambre au XVIIIe siècle arborent les R entrelacés des Réauville. Mythologie, animaux fantastiques et allégories se retrouvent également dans le Salon Chinois, la Grande Galerie, et le Salon des Putti avec son décor gris. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 6 Caumont Centre d’Art
3. Caumont Centre d’Art et l’Histoire des arts. Jardin à la française : Les jardins à la française sont des œuvres végétales inspirées par les jardins à l’italienne du XVIe siècle. Ils représentent la maîtrise de l’homme sur la nature. Les buis taillés dessinent des motifs géométriques de part et d’autre des allées avec symétrie. Ces jardins furent privilégiés par le Roi-Soleil, à Versailles, il souhaitait que l’architecture des jardins évoque sa domination sur la nature. Ordre dorique : Dans son premier projet de 1715, Robert de Cotte impose un goût classique qui fait autorité dans les milieux parisiens : une façade unie avec un étagement des trois ordres d’architecture, dorique, ionique et corinthien, hérités de la Grèce et de l’architecture classique transmise par la Renaissance. Seul l’ordre dorique apparaît encore sur la façade, sous le balcon avec des pilastres aux chapiteaux de formes simples et évasés, ses triglyphes à trois traits verticaux qui scandent la frise, séparant les métopes ou plaques sculptées. Quartier Mazarin : Du nom de l’archevêque d’Aix-en-Provence Michel Mazarin, frère du célèbre cardinal. En 1646, il décide d’agrandir la ville sur le terrain d’anciennes fortifications. Marchands fortunés, grosse bourgeoisie, ou noblesse de robe -surtout composée de roturiers qui, au XVIIe siècle, ont acheté une charge parlementaire les anoblissant- font construire des demeures luxueuses, ce qui ne manque pas d’attirer à proximité bon nombre d’artisans. Loin de la vieille noblesse qui se maintient dans le centre-ville, se constitue un emplacement privilégié qui finira par charmer les véritables nobles. Ils deviennent majoritaires dans le quartier au début du XVIIIe siècle. Cependant l’Hôtel de Caumont se distinguera par sa magnificence, la présence de cour d’apparat et de jardin, un plan imitant les châteaux mais peu utilisé en milieu urbain en Provence. Renaissance : A partir du XVe siècle la tradition antique (sciences, philosophie, sculpture et peinture) est remise à l’honneur. Ce mouvement se dessine d’abord en Italie, au contact des vestiges antiques, de l’apport des cultures méditerranéennes, byzantine et musulmane, qui ont reçu en héritage les textes antiques grecs. Rocaille : La chambre de Pauline de Caumont illustre bien ce style en vogue au XVIII e siècle, très présent dans les appliques aux murs de la chambre et sur la console dorée sous le miroir. Les arts décoratifs cèdent à cette mode de la volute, du motif végétal ou minéral, où rien ne semble symétrique et tout prend des formes de « coquille » et de rinceaux. Cette esthétique rocaille participe pleinement à la création d’une atmosphère intime et chaleureuse : tout est rondeur et préciosité. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 7 Caumont Centre d’Art
4. Caumont Centre d’Art dans l’Histoire d’Aix-en-Provence. 1646 : Michel Mazarin est le frère du célèbre cardinal, conseiller d’Anne d’Autriche, mère de Louis XIV. Il décide d’agrandir la ville sur le terrain du futur quartier qui portera son nom. 1715 : La première pierre de l’Hôtel de Caumont est posée en 1715, à la demande de François Rolland de Tertulle. Le seigneur de Réauville, marquis de Cabannes, est président à la Cour des Comptes. Cette date marque également la mort de Louis XIV. 1718 : Mort de François Rolland de Tertulle. 1742 : Le grand escalier est construit. 1743 : De grands travaux amènent l’eau en abondance dans les jardins. 1745 : La construction initiée par François Rolland de Tertulle est poursuivie par son fils, puis sa femme et sa belle-fille, jusqu’en 1745. 1758 : L’hôtel est vendu pour raisons financière à François de Bruny, président du Parlement de Provence. 1767 : Naissance de Pauline de Bruny, qui deviendra Pauline de Caumont en 1796. 1772 : Jean-Baptiste Jérôme de Bruny prend possession de l’hôtel. 1796 : Mariage de Pauline de Bruny avec Amable de Seytres, marquis de Caumont, marquis avignonnais (1764-1841). 1800 : Mort de Marie-Jean-Joseph, frère de Pauline, qui fait d’elle l’héritière de l’hôtel de sa famille, qui prend le nom d’Hôtel de Caumont. 1850 : Mort de Pauline de Caumont, sans héritier direct. 1854 : Vente de l’hôtel particulier à Jean-Baptiste Albert de Roux. Les propriétaires se succèdent ensuite avec peu d’intérêt pour la demeure, qui devient un immeuble de rapport divisé en ateliers et appartements. 1880 : On ajoute un bâtiment dans la cour d’honneur pour abriter l’administration des Postes, jusqu’en 1924. 1939-1945 : Durant la Seconde Guerre mondiale, l’aixoise Hélène Ardevol y abrite de nombreux résistants. 1964 : La famille Isenbart, dernière propriétaire, le cède à la municipalité d’Aix-en-Provence qui y installe le Conservatoire national de musique et de danse Darius Milhaud. 1987 : Classement de la totalité de l’hôtel à l’inventaire des Monuments Historiques. 2010 : La ville d’Aix-en-Provence cède l’Hôtel de Caumont à Culturespaces. 2013 : Un vaste programme de restauration est lancé par Culturespaces, supervisé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles, et la Conservation Régionale des Monuments Historiques et l’Architecte des Bâtiments de France. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 8 Caumont Centre d’Art
5. L’exposition … une histoire d’art. « Canaletto, Rome-Londres-Venise. Le triomphe de la lumière». Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto, (Venise 1697–1768) est connu pour être le peintre de Venise le plus important du XVIIIe siècle, celui qui a magnifié sa ville par des vues rigoureuses et empreintes d’une lumière précise et chaleureuse. Canaletto a créé la peinture de veduta à Venise, représentant avec une admirable exactitude mais aussi avec poésie des vues de sa ville natale. C’est ainsi qu’il a formidablement contribué à en créer le mythe dans toute l’Europe. Il a aussi peint dans une démarche semblable des vues de Rome et de Londres. Avec plus d’une cinquantaine d’œuvres, dont un choix très original de peintures, le parcours propose une nouvelle interprétation de différents moments de sa carrière, avec une attention particulière au processus de création. C’est la première fois que sont aussi clairement exposées les œuvres de l’artiste à ses débuts, celles de sa période anglaise et de la dernière période de sa vie. Les recherches engagées à l’occasion de l’exposition par la commissaire, Dr. Bożena Anna Kowalczyk, lui ont permis d’attribuer quatre nouvelles toiles à Canaletto, toutes quatre présentées dans l’exposition : Caprice avec ruines romaines (vers 1720-1721, collection particulière), Venise: la Basilique Saint-Pierre-de-Castello et Venise: Entrée du Cannaregio (vers 1736, The National Gallery, Londres), et Caprice avec une église sur une colline (collection particulière). Avec cette exposition inaugurale, Culturespaces expérimente aussi un nouveau type d’exposition immersif. En complément des œuvres de Canaletto, la part belle est faite aux supports numériques et multimédia pour enrichir l’expérience du visiteur. Commissaire général : Dr Bożena Anna Kowalczyk, spécialiste de la peinture vénitienne du XVIIIe siècle. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 9 Caumont Centre d’Art
4. Je te présente Canaletto. Giovanni Antonio Canal est né à Venise, tout près du célèbre pont du Rialto, en 1697. Il appartient à une famille d’artistes, son père, Bernardo Canal, est connu pour ses scènes peintes et les décors de théâtre et c’est tout naturellement que le jeune Giovanni va aider son père et son frère Cristoforo. Il voyage en famille pour réaliser des décors de théâtre et se rend ainsi à Rome, où il va découvrir de célèbres peintres paysagers, un style très en vogue à cette époque. L’Italie du début du XVIIIe siècle est inscrite au cœur du périple que les riches aristocrates et les artistes du siècle des Lumières effectuent afin d’approfondir leur culture : c’est le Grand tour. Rome est au cœur de toutes les attentions, on redécouvre les ruines antiques, les peintres réalisent sur commande des scènes pittoresques. Revenu à Venise en 1720, le jeune Canaletto se lance à son tour dans ces vedute, ces vues panoramiques très détaillées dont les riches collectionneurs vénitiens et étrangers raffolent. En 1723, Canaletto réalise ses premières commandes, comme Venise, Le Grand Canal vers le nord-est, du Palais Balbi au pont du Rialto, et profite de toutes les cérémonies chamarrées impliquant les aristocrates de la ville pour peindre autant de scènes hautes en couleurs. A partir de ces années, Canaletto est le peintre de vedute le plus courtisé et le plus cher. Les marchands d’art et les collectionneurs veulent toujours plus de vues des divers quartiers : les aristocrates anglais se tournent vers lui. Canaletto s’intègre dans un atelier collectif de peinture pour le duc de Richmond, qui va devenir son mécène le plus représentatif avec le marchand d’art Joseph Smith. Les tableaux et gravures évoluent vers des dimensions plus modestes et sont de plus en plus précis, appréciés en Angleterre pour leur sens du détail et leur netteté. Le procédé de la Camera obscura ou chambre noire va lui être d’un grand secours : connu depuis longtemps ce procédé consiste à faire entrer à travers une lentille, dans un caisson fermé, la lumière par un petit orifice. Le paysage observé se retrouvera exactement reproduit mais à l’envers sur la face interne du caisson : on y disposera une feuille où l’on pourra reporter tous les détails. Malgré la qualité des vedute de Canaletto, les années 1740 marquent une phase de repli de ses réalisations de tableaux, dans un contexte international troublé par les guerres. L’occasion lui est donnée de partir pour Londres en 1746, où il va retrouver des mécènes parmi les ducs. Peindre palais et demeures de campagne lui procure nombre de nouvelles commandes. Il n’a revu Venise qu’une fois lorsqu’il se décide à rentrer dans sa ville natale en 1756 : collectionneurs et voyageurs lui passent à nouveau des commandes même s’il n’est plus aussi admiré qu’autrefois, comme le montre son intégration à l’Académie de Venise en 1763 ; le maître du vedutisme s’éteint en 1768 dans sa chère ville natale. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 10 Caumont Centre d’Art
5. Chronologie autour de Canaletto et Venise. 1697 : Naissance de Giovanni Antonio Canal à Venise. 1716 : Il aide son père dans l’atelier familial de décors de théâtre. 1720 : Voyage à Rome et découverte des maîtres de la peinture paysagère (Caspar van Wittel). Intronisation dans la société des peintres de Venise. 1723 : Premiers tableaux de Canaletto. 1723-1726 : Commandes de tableaux de grandes dimensions par les diplomates et les nobles de passage à Venise. 1726 : Canaletto travaille pour le duc de Richmond, l’amateur d’art Joseph Smith sera son principal intermédiaire avec le monde anglo-saxon. 1729 : Les sujets se diversifient, les fêtes commémoratives s’imposent peu à peu, comme le montre le Bucentaure au Môle le jour de l’Ascension. 1735 : Joseph Smith édite une série de gravures de Canaletto sur le Grand canal. 1730-1740 : Canaletto s’adapte au goût anglais, avec des tableaux de petite taille, aux détails extrêmement précis et bien rendus, dans un paysage sans défaut. 1744 : Mort du père de Canaletto. 1746 : Canaletto part pour l’Angleterre. 1747 : Célèbres tableaux de la Tamise, du château de Windsor. 1750-1753 : Retour momentané de Canaletto à Venise. 1755-1756 : Canaletto quitte définitivement l’Angleterre. 1760 : Tableaux des quartiers de Venise. 1763 : Canaletto entre à l’Académie de Venise. 1766 : Dernières œuvres. 1768 : Mort de Canaletto dans sa maison de Venise. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 11 Caumont Centre d’Art
6. Un plan pour mieux te repérer. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 12 Caumont Centre d’Art
II - PENDANT LA VISITE Etape 1 : La visite de Caumont Centre d’Art. Cour de réception et façade de prestige : le triomphe du classique. François Rolland de Tertulle, seigneur de Réauville, marquis de Cabannes, est à la fin du règne de Louis XIV président à la Cour des comptes, et veut ériger un monument de style parisien pour éclipser ceux de sa province aixoise. Il achète un vaste terrain et le confie à l’architecte du roi, Robert de Cotte. Celui-ci le divise en quatre parties égales : la cour des communs, la cour d’honneur, l’hôtel et le jardin à la française. Dans son premier projet de 1715, Robert de Cotte impose un goût classique qui fait autorité dans les milieux parisiens : une façade unie avec un étagement des trois ordres d’architecture, dorique, ionique et corinthien, hérités de la Grèce et de l’architecture classique transmise par la Renaissance. Joseph François Rolland de Réauville, fils du commanditaire, entend bien à la mort de son père en 1718 apporter des variantes plus méridionales. Aidé d’un architecte aixois, Georges Vallon, il brise l’ordonnance prévue, remplace les chapiteaux corinthiens par des consoles de style rocaille, amplifie le décor, ajoute un fronton au dernier étage… Ainsi la façade de l’Hôtel de Caumont est le fruit de deux influences : celle de Robert de Cotte, le parisien classique, et celle de Georges Vallon, l’aixois influencé par le baroque provençal. François de Bruny rachète cet hôtel prestigieux en 1758, ce qu’évoque le balcon ouvragé, qui surplombe la porte d’entrée avec sa belle ferronnerie. En son centre se trouve ce gracieux cerf en course, le motif principal des armoiries des Bruny de la Tour d’Aigues, des arcs, des carquois et des flèches taillés dans la pierre sous le balcon. Juste au-dessus de la porte, la frise de trophées de guerre et de navires est l’œuvre des seigneurs de Réauville qui firent construire l’hôtel, et l’occupèrent les premiers. Elle témoigne de leur histoire, leurs ancêtres appartenaient au puissant Ordre de Malte qui combattait les Turcs ottomans en Méditerranée. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 13 Caumont Centre d’Art
Cour de réception et façade de prestige : le triomphe du classique. Façade de Caumont Centre d’Art © C. Michel Découvre cette cour de réception et cette façade de prestige en répondant à ces questions : 1)De quand date cet Hôtel de Caumont d’après le texte d’introduction ? 2)Observe le grand porche d’entrée et cette cour pavée, à quoi pouvait-elle servir avec de telles dimensions ? 3)Quels sont les éléments de la façade qui évoquent l’art classique lui-même inspiré de la Renaissance et de ses motifs antiques ? 4)Que représente ce cerf doré ? Les sculptures de la frise sous le balcon ? Le texte d’introduction t’aidera à comprendre. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 14 Caumont Centre d’Art
Les jardins à la française. Le site de l’Hôtel de Caumont est une des rares demeures urbaines aixoises « entre cour et jardin » qui, en rappelant les châteaux au milieu de leurs parcs, permettaient à leurs propriétaires de témoigner de leur aristocratie. Dès la conception de l’hôtel de Caumont, l’architecte Robert de Cotte en avait esquissé le dessin. Probablement inspiré des œuvres versaillaises du jardinier André Le Nôtre, le motif était régulier, géométrique, organisé autour d’une décoration végétale stylisée, et bordée de buis et de topiaires, ces arbustes taillés de formes variées. Dans ces jardins s’épanouissent les plantes typiques des jardins des belles demeures aixoises du XVIIIe siècle : le laurier et le buis comptent parmi les essences les plus fréquentes. On retrouve aussi le robinier (faux-acacia d’Amérique du Nord implanté en France par Jean Robin en 1601), le cyprès, l’if, le tilleul, le lilas, l’érable rouge et argenté, et d’autres plantes emblématiques de la région : le chêne vert, l’agapanthe et le micocoulier de Provence. Charme, murier, lierre et magnolia complètent cette belle diversité de végétaux. Le jardin haut offre une belle vue sur le jardin bas, ceint d’une double haie formée de chênes verts et d’ifs encadrant une broderie de buis. Au-delà, la fontaine des Trois-Tritons vient fermer la perspective. Sculptée dans de la pierre d’Estaillades, elle rend hommage à Robert de Cotte, initiateur du style rocaille en France. Le parterre du jardin haut est formé par une pelouse ponctuée de buis boules et dessinée en compartiments géométriques autour d’un bassin circulaire au milieu duquel trône un rocher d’où jaillissent des jets d’eau, comme sur les deux fontaines du Cours Mirabeau. Aux quatre parterres de pelouse répondent les quatre buis boule, en écho à l’architecture classique des lieux. Sous le grand marronnier se dressent des charmes, des ifs et un murier tandis que des fleurs vivaces s’épanouissent dans des vases d’Anduze. L’eau était un luxe, une joie de pouvoir se rafraîchir à la fontaine dite « des tritons » que l’on peut observer dans le jardin du bas. Les Réauville, en 1743, firent réaliser de coûteux travaux pour alimenter en eau leur hôtel. Les tritons étaient souvent sculptés par les artistes du XVIIIe siècle. Ces animaux étaient les alliés du dieu Neptune… encore une référence à la mythologie grecque inspirée d’une Renaissance qui avait su retrouver l’influence antique. La disposition de l’Hôtel de Caumont permettait aux banquets du Salon Chinois ou de la Grande Galerie de s’ouvrir dans les jardins. Jardin Bas © C. Michel Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 15 Caumont Centre d’Art
Jardin Haut © C. Michel Découvre ces jardins en répondant à ces questions : 1)Quelle est la première impression laissée par la vue de ces jardins ? 2)Observe la disposition de ces parterres, « à la française » : comment sont-ils plantés ? 3)D’après le texte d’introduction, pourquoi les a-t-on plantés ainsi ? 4)Quel jardin royal prestigieux cette mode des jardins veut-elle copier? 5) Quelle plante se prête idéalement à cette taille rigoureuse et géométrique ? Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 16 Caumont Centre d’Art
Le salon de musique, un art de vivre. Au XVIIIe siècle, c’est à Aix que l’on trouve le plus de familles nobles dans la région. Ces familles aixoises dominent la vie locale, l’urbanisation, la politique et l’économie, et étendent leur influence sur toute la province. Marseille est surnommée la « cité du négoce » tandis que Aix est la « cité du sang bleu ». Cette pièce évoque la vie « ders salons » du siècle des Lumières comme il ne s’en trouvait que dans les demeures de la haute noblesse : on y recevait un cercle d’intimes pour de savantes conversations, jouer de la musique ou évoquer les nouvelles idées des philosophes. Il s’agit ici d’un salon de musique, comme le montre cet écrin de clavecin et d’autres instruments. Ici, les gypseries, ces décors sculptés dans le plâtre que tu as déjà pu observer au rez-de-chaussée, sont passées à l’or fin. Leur délicatesse reflète bien le raffinement des arts décoratifs à la fin du règne de Louis XIV. Le mobilier date de la période Louis XVI, un style néo-classique inspiré de l’Antiquité avec ses lignes droites et ses cannelures qui rappellent les colonnes des temples. Il incarne plus de rigueur que le style Louis XV et ses motifs surchargés… Des putti –petits anges- peuplent les corniches de ce salon, ils célèbrent les sens ! Ici ils sont quatre en tout, à chaque angle du plafond. Il y a les astronomes qui figurent la vue avec leur lunette et leur globe, les sculpteurs qui représentent le toucher et façonnent un joli buste féminin, les pâtissiers qui expriment le goût en plongeant le doigt dans ce gâteau merveilleux, les musiciens qui évoquent l’ouïe en semblant nous donner un concert. Salon de Musique © S.Lloyd Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 17 Caumont Centre d’Art
Le salon de musique, un art de vivre. Découvre ce salon illustrant la vie intellectuelle de l’époque en répondant à ces questions : 1) Quel était l’usage de cette pièce ? Que découvre-t-on comme instrument ? 2) Quels étaient les loisirs de Pauline de Caumont et de la noblesse au XVIIIe siècle ? Aide-toi du texte et du tableau au mur. Salon de Musique © S.Lloyd Voici un écrin de clavecin italien du XVIIIe siècle, c’est à dire le meuble qui permettait de recevoir l’instrument. Son décor associe rinceaux d’acanthe, rubans, instruments. Son ornement est inspiré d’Ovide et des Métamorphoses de cet écrivain antique évoquant l’amour… Sur le dessus du couvercle, Jupiter, transformé en taureau, enlève Europe loin de ses compagnes ; sur l’intérieur, qu’on ne découvre que lorsque l’instrument est ouvert, Akteon qui a surpris Diane au bain, est changé en cerf… Et tout autour de la caisse s’ébattent des nymphes, des centaures… Quant à l’extrémité du couvercle que l’on peut rabattre sur le clavier, une femme joue de l’orgue, qui fut autrefois le joyau de ce salon. 3) Quels sont les éléments décoratifs de cet écrin à clavecin qui évoquent l’art classique ? Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 18 Caumont Centre d’Art
La chambre de Pauline de Caumont. François de Bruny avait acheté l’hôtel en 1758, il le transmit à Jean-Baptiste Jérôme de Bruny en 1772. Pauline était sa fille et elle lui donna un nouveau nom, celui de son époux, le marquis de Caumont. « Je vois dans vos yeux la bonté, Sur votre front la pureté, Dans tous vos traits la dignité, Sans faste et sans froideur écrite… » Ces vers du poète Marie-Joseph Blaise de Chénier dédiés à Pauline de Bruny traduisent l’admiration qu’inspirait cette véritable légende aixoise. Très belle, riche et instruite, c’est une adolescente qui brille au milieu des fastes de l’Hôtel de Caumont, jusqu’à ce qu’un marquis avignonnais l’épouse en 1796… Amable de Seytres, marquis de Caumont, ne fait pourtant guère honneur à ce mariage : il prend la mer quinze jours après les noces, et la délaisse dans les années tumultueuses de la Révolution française, alors que Pauline vient de perdre son père. Elle n’aura pas d’enfants, occupera alors seule l’Hôtel de Caumont à partir de 1800 jusqu’à sa disparition, 50 ans plus tard. Chambre de Pauline © S.Lloyd Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 19 Caumont Centre d’Art
Découvre cette pièce illustrant la vie de Pauline de Caumont en répondant à ces questions : Ce lit à baldaquin est dit « à la polonaise », à cause de son armature métallique qui forme un ciel de lit en dôme, orné de feuilles d’acanthes. Il est d’époque Louis XVI, vers les années 1775-1780. Ses deux chevets sont montés à châssis afin de permettre le changement des tissus à chaque saison. Sa fonction était aussi décorative qu’utile, car les larges rideaux protégeaient des courants d’air l’hiver. Ce grand lit est monté sur roulette pour faciliter son déplacement. C’est une pièce importante de la maison, car une dame noble recevait souvent en se tenant dans son lit, qui devait faire figure de mobilier d’apparat. 1) Que nous dit ce meuble de l’usage de cette pièce ? 2) Cette chambre a-t-elle le même rôle que les chambres modernes, avec quels meubles ? Dans deux tableaux du XVIIIe siècle accrochés aux murs de cette chambre, l’amour est à l’honneur. La Reine Artémise, attribué à Antoine Rivaltz, évoque le destin de la veuve du prince Mausole (Asie mineure), rapporté par l’écrivain antique Pline l’Ancien. Sa dévotion pour son mari défunt était telle que, comme sur ce tableau, elle mélangeait quotidiennement ses cendres à sa boisson. Elle fit aussi édifier à sa mémoire le Mausolée d’Halicarnasse, l’une des sept merveilles du monde (d’où le nom mausolée). L’épisode représenté par la deuxième œuvre, Femmes au bain, nous emmène probablement à la cour du roi David (référence biblique): Bethsabée, entourée de ses servantes, se pare de ses plus beaux atours pour rejoindre la couche du roi après que ce dernier, jaloux, ait fait périr son mari à la guerre. L’artiste, qui appartient à l’école hollandaise, a produit ici deux nus féminins magnifiés par un drapé, dans une atmosphère nocturne qui permet de modeler les différents volumes par les ombres. 3) En quoi ces tableaux sont-ils représentatifs de l’art classique (manière de peindre, motifs) ? 4) Vois-tu Pauline de Caumont dans cette pièce ? Comment est-elle représentée ? 5) En quoi ce portrait évoque-t-il sa jeunesse et son histoire, racontée dans le texte d’introduction ? Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 20 Caumont Centre d’Art
Etape 2 : Découverte des tableaux de l’exposition « Canaletto, Rome- Londres-Venise. Le triomphe de la lumière». Salle 1 : Canaletto, l’imaginaire au théâtre et en peinture. La première salle de l’exposition nous présente à la fois les œuvres de jeunesse de Canaletto et le milieu dans lequel le jeune peintre se forma : celui des décorateurs de théâtre. Il voyage en famille pour réaliser des décors de théâtre et se rend ainsi à Rome, où il va découvrir les ruines antiques et les peintres réalisant sur commande des scènes pittoresques. Ces scènes sont reproduites pour les décors et inspirent tout autant des tableaux en vogue à cette époque, les capricci. Ces caprices sont autant des scènes imaginaires, créées à partir de l’observation des ruines antiques le plus souvent. Venise demeure l’un des centres de la production artistique et attire les aristocrates de toute l’Europe au cours de leur Grand tour italien, un passage obligé de la culture de l’époque. Pour découvrir cette première salle… Observe attentivement les trois tableaux, nommés pour certains Caprices, ils nous décrivent … Cartel n° 1 : le tableau nommé Rome, Santa Maria d’Aracœli et le Capitole est un parfait décor de théâtre ; ; il dépeint la colline du Capitole, centre de la Rome antique et de la capitale du pape, avec ses palais Renaissance. Cartel n° 3 : l’œuvre Caprice avec ruines romaines de 1720 évoque la campagne, mais au milieu de ruines, symbole d’une époque lointaine. L’inspiration est évidemment romaine (colonnade au lointain, frontons, chapiteaux). Cartel n° 5 : l’œuvre Rome, l’Arc de Septime Sévère est au cœur de Rome, ici la scène est moins imaginaire, évoquant le monument à la gloire de cet empereur soldat du second siècle de notre ère. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 21 Caumont Centre d’Art
Cartel n° 4 : l’œuvre Rome et Venise, Caprice architectonique dont la reproduction figure ci-dessous est à nouveau une scène imaginaire de Canaletto : au premier plan figurent colonnes gréco-romaines, fronton, chapiteau et monuments imaginaires, l’arrière-plan est plus réaliste avec des monuments semblables à ceux édifiés pendant la Renaissance (église à coupole). Rome et Venise, Caprice architectonique 1723 Huile sur toile, 178 x 322 cm Collection particulière Tous ces tableaux pourraient être des décors de théâtre, sur la scène où se donne à Venise les grands opéras de Vivaldi et d’autres compositeurs, un genre musical chanté né en Italie au XVIIe siècle et dont tu peux admirer les livrets présents dans l’exposition. En conclusion, à ton avis… que nous indiquent ces tableaux ? Coche les bonnes cases… Oui Non Ce sont des tableaux de jeunesse de Canaletto. Ces tableaux sont souvent des capprici, des « caprices » imaginaire du peintre. L’inspiration est antique, romaine. Ces tableaux s’attachent à reproduire avec réalisme les formes monumentales. Ces tableaux copient ce que le peintre voit à Rome. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 22 Caumont Centre d’Art
Salle 2 : Les vedute, portraits de Venise. Le jeune Canaletto se lance dès 1720 dans ces vedute, ces vues panoramiques très détaillées pour les riches collectionneurs vénitiens et étrangers. Canaletto est le peintre de vedute (panorama) le plus cher. En 1723, Canaletto réalise ses premières commandes, comme le Grand Canal vers le nord-est du Palazzo Balbi au pont du Rialto, et peint toutes les cérémonies de la ville. Canaletto fait des repérages en extérieur, multiplie dessins et croquis, qu’il assemble ensuite en de grandes scènes à l’apparence réaliste, même s’il prend des libertés avec la perspective, la taille et la disposition des monuments. Le succès de ces tableaux est également assuré par la vie qui les anime : de multiples petites scènes vivantes avec toute la société vénitienne. Pour découvrir cette seconde salle… Observe attentivement les tableaux, des vedute, ils nous décrivent … Cartel n° 7 : Venise, la Place Saint-Marc. Ce tableau de la première période du peintre se veut réaliste, la célèbre Place Saint-Marc est encombrée, une vie animée se déroule au pied de la basilique du XI e siècle, du même nom, qui traduit l’influence byzantine (à l’origine de la ville) avec ses coupoles. La place est délimitée par les procuraties, arcades soutenant des palais. Le campanile de 98 mètres trône sur la place. Cartel n°9 : Venise, le Grand Canal vers l'est, vu du Campo San Vio. Le Grand Canal est l’artère centrale de la ville, large de 30 à 70 mètres. Il est bordé d’édifices construits du XIIIe au XVIIIe siècle, Canaletto privilégie encore le réalisme avec la scène marine au premier plan. Cartel n° 10 : Venise, le Fonteghetto della Farina. Nous sommes ici dans une Venise populaire, loin des palais, avec cette vie économique toujours centrée sur l’eau et les échanges, que Canaletto s’attache à décrire avec précision pour une scène de genre. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 23 Caumont Centre d’Art
Venise, le Grand Canal vers le nord-est, du palais Balbi au pont du Rialto, 1723 Huile sur toile, 144 x 207 cm ©2014 © Archivio Fotografico- Fondazione Musei Civici di Venezia Cartel n°8 : Venise, le Grand Canal vers le nord-est du Palazzo Balbi au pont du Rialto. Canaletto peindra souvent les mêmes scènes, sous des points de vue différents : ici la belle façade du palais Balbi (fin XVIe siècle) marque à gauche le tableau, avec en perspective tous les palais de cette partie centrale du Grand Canal. Les contrastes du ciel tourmenté apportent de la vie et un éclairage étonnant sur l’eau et les façades. Cartel n° 15: Venise, le Grand Canal avec l’église San Geremia, le palais Labia et l’accès au Cannaregio. Le canal de Cannaregio se situe au nord de Venise et du Grand Canal. L’atmosphère paisible contraste avec celle du Grand Canal et l’église Saint Jérémie jouxte une petite place, tandis que le palais de la puissante famille catalane des Labia domine le canal. Cartel n° 14 : Venise, le Grand Canal avec l’église San Geremia, le palais Labia et l’accès au Cannaregio. Cette vue comparable à la précédente permet de comprendre la méthode du peintre, sa mise en perspective, ses arrangements avec la réalité. Cartel n° 11 : Venise, les Îles de la lagune, vues du Campo San Pietro di Castello, avec l’Arsenal. A l’est de Venise, l’un des îlots qui forme la ville est séparé des autres par un petit canal ; autrefois fortifié par un château –d’où son nom- ce quartier ouvre au nord sur la lagune avec cette vue des Alpes lointaines et se trouve proche du célèbre Arsenal où se fabriquaient les galères de la flotte vénitienne, toute-puissante en Méditerranée. Encore un décor pour une scène populaire et recherchée par les collectionneurs. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 24 Caumont Centre d’Art
Cartel n° 13 : Venise, les Îles de la lagune, vues du Campo San Pietro di Castello, avec Santa Maria delle Vergini. C’est une variation du tableau précédent, une autre scène de la vie de Venise. Cartel n° 12 : Venise, San Pietro di Castello. L’église importante de ce quartier rappelle qu’elle fut longtemps l’église cathédrale de la ville, en style renaissance édifiée au XVI e siècle et dominée par un grand campanile : ce sont autant de détails composant une belle architecture pour Canaletto. En conclusion, à ton avis… que nous montrent ces tableaux ? Coche les bonnes cases… Oui Non Ce sont des tableaux des différentes périodes de l’œuvre de Canaletto. Ce sont encore des œuvres de jeunesse. Ces tableaux appartiennent au genre des vedute, des panoramas urbains. L’inspiration est antique, romaine. Ces tableaux s’attachent à reproduire avec réalisme les paysages de Venise. Le réalisme se traduit par les détails de scènes de vie quotidienne. La reproduction de l’architecture est fidèle à la réalité. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 25 Caumont Centre d’Art
Salle 3 : Imaginer Venise. Au sommet de sa carrière et de sa célébrité, juste avant de quitter Venise pour l’Angleterre, Canaletto connaît une période difficile. Malgré la qualité des vedute de Canaletto, les années 1740 marquent une phase de repli de ses réalisations de tableaux. Canaletto varie alors sa production, toujours destinée aux riches collectionneurs, notamment anglais. Le consul anglais à Venise, Joseph Smith, est pour Canaletto un intermédiaire et un collectionneur providentiel. Canaletto va peindre des œuvres qui sont des scènes grandioses ou de vie quotidienne, loin du réalisme et de la représentation d’une Venise populaire de ses débuts. On note un retour vers la tradition des capprici, mais cette fois avec pour cadre Venise. Pour découvrir cette troisième salle… Observe attentivement les tableaux, des capprici, ils nous décrivent … Cartel n° 17 : Caprice, le Pont du Rialto selon le projet de Palladio,1744. Ce tableau du peintre se veut réaliste, mais il s’agit d’une scène imaginaire. Le pont du Rialto a été de tout temps le point principal de passage sur le Grand canal, mais il était fragile et en bois. Au XVIe siècle les plus grands artistes concoururent pour un projet d’édification en pierre, et Canaletto reprend ici le projet de Palladio- célèbre architecte- et rival sur ce projet de Michel-Ange, entre autre. Le projet de Palladio permet un tableau imposant, où la lumière éclaire fronton, chapiteaux, dans une scène presque dénuée de vie. Cartel n° 19 : Rome, Caprice avec le Capitole. Bernardo Bellotto peint Caprice avec le Capitole, vers 1742 ; il n’est autre que le neveu de Canaletto, accompagnant son oncle, travaillant avec lui et demeurant à Venise lorsque celui-ci partira en Angleterre. Ce caprice reprend donc la tradition familiale, et la source de l’influence romaine. Cartel n°16 : Venise, le Palais des Doges et l’escalier des Géants . Ce second tableau de Canaletto traitant de l’escalier des géants dans le Palais des doges permet une comparaison : l’architecture véritable y est bien mieux rendue, le réalisme s’attache aux détails (les tentures aux fenêtres), le peintre est à la fin de sa carrière (1765) et il revisite ses thèmes favoris. Venise, le Palais des Doges et l’escalier des Géants Vers 1744 Huile sur toile, 43 x 31 cm © Collection particulière Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 26 Caumont Centre d’Art
Cartel n° 21 : Venise : l'intérieur de la basilique Saint-Marc, le Vendredi saint, de jour. Ce tableau date de la fin de la carrière de Canaletto ; il évoque l’intérieur de la basilique Saint-Marc, avec ses mosaïques d’or d’inspiration byzantines. L’atmosphère, la lumière tamisée sont liées à l’évolution de Canaletto, sensible aux changements de style de cette période, avec des tableaux sensibles, colorés, au rendu plus vivant. En conclusion, à ton avis… que nous montrent ces tableaux ? Coche les bonnes cases… Oui Non Ce sont des tableaux des différentes périodes de l’œuvre de Canaletto. Ce sont encore des vedute. Ces tableaux appartiennent au genre des capprici, des scènes en partie imaginaires. Ces tableaux s’attachent à évoquer Venise. Le réalisme se traduit par les détails de scènes de vie quotidienne. La reproduction de l’architecture est fidèle à la réalité. Canaletto évolue au cours de sa carrière vers des tableaux moins panoramiques. Dossier pédagogique. Elève (4e et 3e) 27 Caumont Centre d’Art
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