Ecole Polytechnique : Le berceau des ingénieurs de haut niveau

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Ecole Polytechnique : Le berceau des ingénieurs de haut niveau
Ecole Polytechnique : Le berceau des ingénieurs de haut
niveau
Source : Reference News, Groupe Agence Chine Nouvelle, China

Date : 21 novembre 2011

Auteur : SHU Shi

A Palaiseau, dans la banlieue sud de Paris, en France, se situe une école d’ingénieurs jouissant
d’un grand prestige dans l’enseignement supérieur en France et dans le monde. Elle arrive
régulièrement en tête des classements d’écoles d’ingénieurs françaises. Son nom est souvent
associé à la sélectivité et à l’excellence académique. C’est l’Ecole Polytechnique.

Ayant le statut d’établissement public d’enseignement et de recherche, l’Ecole Polytechnique,
surnommée « X », est placée sous la tutelle du ministère de la Défense. Elle est considérée
comme l’institution scientifique française la plus prestigieuse par le MIT et l’université
Columbia. A l’échelle internationale, elle figure au 63e rang mondial et 2e rang en France dans
le classement du Times, en 14e position du Classement international professionnel des
établissements d’enseignement supérieur de Mines ParisTech. Un tel classement est une
véritable affirmation de sa qualité d’enseignement et de recherche pour cette école avec un
effectif total (élèves, enseignants et chercheurs) de seulement 3200.

Une Formation Militaire
L’École Polytechnique est fondée en 1794 sous le
nom d’École centrale des travaux publics. En 1795,
Claude     Prieur     (co-fondateur    de   l’École
Polytechnique) décide de réformer l’École. Celle-ci,
renommée « École Polytechnique », est transférée à
l’hôtel de Lassay. En 1805, Napoléon 1er donne à
l’École un statut militaire et l’installe sur la
Montagne Sainte-Geneviève à Paris. En 1816,
l’École est congédiée pour indiscipline par Louis
XVIII. Elle est recréée en 1817 sous le nom d’École
Royale Polytechnique, puis prend le nom d’École
Impériale Polytechnique sous le Second Empire.

Malgré des tours et détours, l’École Polytechnique
est devenue le pôle d’enseignement scientifique le
plus important de la France. L’École est surnommée
l’ « X » depuis le milieu du XIXe siècle en raison
de la prééminence des mathématiques dans la
formation. En 1970, elle reçoit un statut civil tout en
restant rattachée au Ministère de la Défense. L’admission des femmes dans cette école est
autorisée depuis 1972 et, dès 1972, sept femmes l’intègrent. En 1976, l’École déménage à
Palaiseau et à présent 3 200 personnes travaillent sur le site dont la moitié dans le centre de
recherche.

La devise de l’École Polytechnique est « Pour la Patrie, les sciences et la gloire ». Le prestige
de l’École Polytechnique au sein de l’enseignement supérieur en France est dû à son modèle
militaire-aristocratique initial, à son corps d’éminents professeurs, à ses promotions de taille
réduite et à son concours parmi les plus sélectifs de toutes les écoles d’ingénieurs, à l’origine
sociale de ses élèves ainsi qu’à la forte représentation des polytechniciens dans les grands
corps de l’État.

Les élèves de l’X sont nommés « Polytechniciens ». Durant leur scolarité, les élèves de
nationalité française ont un statut militaire d’officier. A ce titre, ils perçoivent une solde. Ils
doivent suivre une formation initiale d’élèves officiers et un service militaire ou civil au cours
de leur première année scolaire. Tous les élèves (français ou non) possèdent un uniforme
spécifique à l’X, appelé « Grand Uniforme » (ou GU). Celui-ci comporte notamment un
bicorne et une épée. Il est revêtu pour les cérémonies militaires et d’autres manifestations
comme le bal de l’X. Maintenant lors de conférences importantes où sont invités des
intervenants extérieurs, les élèves portent l’uniforme afin de monter l’esprit Polytechnicien.

« L’École Polytechnique est très réputée en France. On peut dire que c’est l’une des
meilleures institutions d’enseignement supérieur de la France. En sortant de l’école, les
Polytechniciens n’ont aucun problème pour trouver leur premier emploi. Tant qu’ils font les
efforts et fixent bien leurs objectifs, ils peuvent toujours trouver un emploi à leur propre goût.
Grâce à la longue histoire et la bonne réputation de l’École, les Polytechniciens sont très
respectés en France » dit M. LU Shengyun, élève chinois diplômé de l’École Polytechnique.

Une sélection extrêmement rigoureuse
Dans le système éducatif français, les formations d’ingénieur se trouvent au sommet de la
pyramide, et attirent les étudiants les plus brillants. En France, pour chaque tranche d’âge, on
compte 800 000 jeunes, dont environ 600 000 passent le baccalauréat, avec un taux de réussite
d’environ 80%, et la grande majorité de ces lauréats poursuit ensuite des études supérieures.
Chaque année, parmi les 120 000 bacheliers scientifiques, seuls 13 000 sont admis dans les
sélectives classes préparatoires aux écoles d’ingénieur, formation élitiste les conduisant au
bout de deux ou trois ans à participer aux concours d’admission aux Grandes Ecoles.

L’Ecole Polytechnique forme chaque année 500 élèves ingénieurs, parmi lesquels on trouve
une centaine d’étudiants étrangers. L’immense majorité des élèves vient des classes
préparatoires, tandis qu’un petit nombre est originaire des universités. Le concours
d’admission à l’Ecole Polytechnique compte parmi les plus anciens et les plus difficiles de
France, avec un taux de réussite de moins de 5%. Depuis 1937, l’Ecole remet aux étudiants
ayant validé 3 années de la scolarité le titre d’ « Ingénieur de l’Ecole Polytechnique ». Depuis
2004, le cursus dure 4 ans, et au terme de ces quatre années, les élèves reçoivent en sus un
deuxième diplôme, nommé « Diplôme de l’Ecole Polytechnique ». En plus des « Ingénieurs
Polytechniciens », l’Ecole forme également des diplômés de Master et de Doctorat.
« Le concours d’admission très rigoureux est la base du système de formation d’élites de
l’Ecole Polytechnique, et c’est également la raison principale pour laquelle l’Ecole maintient
un niveau scientifique très élevé », note Lu Shengyun. Cela fait maintenant longtemps qu’il
est diplômé de l’Université Tongji et qu’il est venu étudier à l’Ecole Polytechnique par le
biais du programme de ParisTech « 50 ingénieurs ». Cela a beau être un programme de
coopération, il est quand même obligatoire de passer un cours très difficile avec des épreuves
de mathématiques, de physique ainsi que d’autres matières, d’abord à l’écrit puis après une
première sélection à l’oral. Pour cette deuxième partie, des professeurs français se rendent
chaque année en Chine pour la tenue des épreuves, ainsi que pour garantir le niveau des
étudiants admis.

Par ailleurs, l’Ecole Polytechnique applique strictement les principes méritocratiques dans sa
sélection des étudiants. Que ce soit pour les classes préparatoires ou pour le concours final,
aucune considération de la situation économique des postulants n’entre en compte. Dès la
création de l’Ecole, l’Assemblée Nationale a mis en place ce système équitable, afin d’éviter
que tous privilèges, relations personnelles ou préjugés n’entrent en compte dans la sélection
des élèves, et afin de ne recruter que sur le seul talent.

Une formation complète
L’Ecole Polytechnique fournit à ses étudiants une formation très complète, conformément à la
tradition établie depuis sa création. L’Ecole compte plus de 400 professeurs, et a un ratio
professeurs/élèves parmi les plus élevés de toutes les universités de classe mondiale. Par
ailleurs, l’Ecole a recruté plusieurs célèbres écrivains, journalistes, philosophes, dirigeants de
grandes entreprises, pour participer à la formation des élèves, et développer leurs qualités
humaines et commerciales.

Lu Shengyun explique ainsi que ce système de formation d’élite est beaucoup plus généraliste
que le système d’enseignement plus spécialisé appliqué en Chine. L’Ecole met beaucoup
l’accent sur les bases en mathématiques en en physique des élèves, et développe leur sens
logique et leur aptitude à faire face à des problèmes variés puis à les résoudre. L’Ecole
Polytechnique estime qu’une fois cette aptitude acquise, plus aucun problème ne sera
insoluble pour les élèves.

En parallèle, l’Ecole encourage également les élèves à innover, en mettant à leur disposition
de nombreux laboratoires, ainsi que le budget et les équipements nécessaires pour leurs
expériences. Les professeurs ont pour habitude de mettre leurs étudiants face à des sujets
difficiles, nécessitant de faire appel à toute leur force d’innovation pour en venir à bout. Le
travail en équipe est également activement développé, en particulier lorsque les professeurs
donnent des exercices demandant de réunir des talents dans différentes disciplines, maîtrisées
par différents élèves, et de se réunir et de réfléchir ensemble pour parvenir à une solution.

Lu Shengyun précise que l’Ecole Polytechnique insiste fortement sur la capacité à « poser les
problèmes, y faire face puis les résoudre », bien plus que sur la simple accumulation de
connaissances. Ce système éducatif est plus à même de développer les capacités d’innovation
des élèves, et de leur faire prendre conscience de leurs points forts ; il apporte également une
dimension ludique non négligeable.

Au-delà de la formation scientifique, l’Ecole met également l’accent sur la formation littéraire
des élèves. Il y a des cours obligatoires de philosophie la première année, et des cours
d’ouverture culturelle au choix la seconde année. Pour ceux-ci, le choix est extrêmement large,
allant du management des entreprises à la politique, de la musique à l’histoire de l’art.

La formation sportive n’est pas en reste. Ainsi, les élèves français subissent de difficiles
épreuves d’admission, et effectuent la première année une formation militaire de 7 à 8 mois.
Une fois la formation scientifique commencée, chaque élève doit choisir une spécialité
sportive, et suivre un minimum de 6 heures de cours hebdomadaires de ce sport. Tout cela
contribue à façonner des élèves avec un corps fort et résistant.

Au final, l’Ecole développe les capacités d’innovation des élèves, leur fournit une formation
humaine et sociale de qualité, et les encourage à conserver un corps sain - on peut vraiment
parler d’une formation complète, « de corps et d’esprit, de vertu et d’esthétique, et de goût du
travail ».

Pluridisciplinarité et internationalisation sont également des caractéristiques bien particulières
de l’Ecole Polytechnique. Tous les Polytechniciens, lors de leur 4ème année de scolarité, sont
amenés à poursuivre leurs études soit dans une école partenaire, soit dans un des grands corps
techniques de l’Etat, ou encore dans une université étrangère comme Harvard, le MIT, Oxford,
l’Université Technologique de Zurich ou d’autres universités mondialement connues.

Une vie associative attirante
Les activités associatives sont aussi une particularité de l'Ecole Polytechnique. Différentes
associations d'étudiants se regroupent ensemble pour former une fédération. Cette fédération
contient aujourd'hui plus de 100 associations. Cette fédération ressemble beaucoup au bureau
d'élèves dans les universités chinoises, les membres de la fédération s'occupent d'organiser
des activités pour les étudiants, de représenter les élèves, de communiquer avec l'Ecole, et de
renforcer la relation entre étudiants. Cette fédération a encore d'autres droits, par exemple, le
budget pour toutes les activités des associations.

Excepté la fédération d'étudiants, les doctorats ont aussi leur propre association qui s'appelle
"X-Doc", et les masters aussi. Ces trois grandes associations travaillent ensemble étroitement
afin de créer une vie scolaire agréable pour tout le monde à l'Ecole.

Pascal, étudiant en deuxième année de l'Ecole Polytechnique, dit qu'il existe toutes sortes
d'associations. Par exemple, « X-Tremplin » a pour but d'impliquer l'Ecole dans les activités
sociales, le Club Ciné projette chaque semaine un film à chaque étudiant à l'Ecole. Il existe
également des associations de divertissement, par exemple : le Bobar est le bar de l'Ecole, le
Styx s'occupe d'organiser des soirées à l'Ecole, l'Atelier Ondes s'occupe du cabinet
d'enregistrement pour les amateurs de musique.
La plupart des activités d'étudiants se passent le soir. Ces clubs et associations d'élèves
proposent une vie extrascolaire intéressante après les cours très intensifs dans la journée, ils
permettent également d'équilibrer la vie de chaque élève entre la détente, le repos et les études.
Surtout, l'organisation de ces activités permet aux élèves de mieux connaître la société après
les cours théoriques.

La fédération organise chaque année un certain nombre de spectacles, de bals, de concerts
musicaux et théâtraux et des débats. L'Ecole est ouverte à tout le monde presque tout le temps,
elle a attiré également d'autres associations dans la région et du nouveau public. Tout cela a
pu apporter un plus à une vie extrascolaire déjà divertissante à l'Ecole Polytechnique.

Une pionnière en regroupement des établissements supérieurs
Depuis 2007, Ecole Polytechnique a rejoint le groupe d’enseignement supérieur ParisTech, un
des plus importants et des plus prestigieux établissements d’enseignement supérieur en France,
l’Ecole Polytechnique est membre fondateur de ParisTech. ParisTech regroupe onze des plus
prestigieuses grandes écoles d’ingénieur et de commerce dans la région parisienne et est
considéré comme le berceau des ingénieurs de haut niveau, des hauts fonctionnaires, des
cadres supérieurs et des grands chercheurs. Chacune des écoles de ParisTech représente le
plus haut niveau en recherche dans chaque domaine. La France est pionnière dans ce
regroupement des établissements supérieurs, ce nouveau modèle de coopération a non
seulement aidé la France obtenir un grand succès en recherche et ses applications, mais a
aussi été bien accueilli par la société et a formé beaucoup d’ingénieurs pour la France et
l’Europe. Dans le cadre d’un développement économique rapide, d’une forte demande de
talents et de la mondialisation, ParisTech cherche à enrichir les ressources d’enseignement et
de recherche en réunissant plusieurs grandes écoles d’ingénieurs afin d’assurer le
développement durable de toutes les écoles.

Le responsable des affaires extérieures de ParisTech M. Jean-Pierre BROYART a expliqué
que, grâce au regroupement des écoles, toutes les écoles peuvent utiliser des ressources plus
efficacement et plus facilement, cela réduit la concurrence entre les écoles et permet de mieux
partager les ressources. En même temps, un consensus à l’intérieur du groupement et une
politique commune permettent de mieux soutenir une coopération avec les partenaires
extérieurs.

Le succès de l’Ecole Polytechnique est lié à ce modèle de formation pluridisciplinaire et
même multiculturel. Ce modèle a connu un développement en Europe depuis un bon moment,
il est centré sur une approche par projet où l’on réunit les connaissances de plusieurs
disciplines pour former les étudiants, par exemple, les problèmes mathématiques peuvent être
résolus via les connaissances de physique et de philosophie.

L’enseignement collectif par plusieurs écoles peut être basé sur un département d’une école,
mais il cherche à faire collaborer plusieurs domaines afin de résoudre chaque problème. Ce
type d’enseignement nécessite un regroupement des établissements supérieurs afin de
coordonner les différentes écoles et de distribuer et optimiser les ressources.
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