Equipe typée du siècle (4/4) : les bad boys - racingstub.com
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11/07/2022 17:34 https://racingstub.com Cette page peut être consultée en ligne à l'adresse https://racingstub.com/articles/1811-equipe-typee-du-siecle-4-4-les-bad-boys Equipe typée du siècle (4/4) : les bad boys 0.0 / 5 (0 note) 02/07/2007 05:00 Bilan Lu 7.920 fois Par filipe 0 comm. Provocateurs, casseurs, vantards, fêtards, excentriques, égocentriques, fêlés, géniaux, contestataires... ils ont des défauts bien souvent incompatibles avec la pratique d'un sport collectif. Pourtant, que serait le football sans eux ? Après les moustachus, les chevelus et les chauves, quittons les joueurs aux mythiques caractéristiques physiques pour le dernier épisode sur un siècle de footballeurs strasbourgeois : aujourd'hui ceux qui ont la "bad boy attitude". Ils sont dérangeants, anti-conformistes, hors normes et parfois de véritables « mauvais garçons », transgressant alors toutes les règles et traçant leur route comme ils l'entendent. Et malgré tous les excès, il est bien difficile de ne pas les aimer, au fond. José Luis Chilavert « Je suis un indien guarani, j'ai ma fierté ». Et au palmarès du Paraguayen, entre autres, une sortie kamikaze contre Martin Palermo, une tentative étranglement sur Marcelo Gallardo, un crachat sur Roberto Carlos et un coup de pied aux fesses d'un ramasseur de balle pas assez rapide à son goût. Capable également de quelques sorties médiatiques incomparables (« je ne serrerai jamais la main d'un pédé comme Palermo » - « En Argentine, ils pensent que les Paraguayens doivent travailler sur les chantiers : ils nous prennent pour des Boliviens ! »), Chilavert était haï par la quasi-totalité des autres joueurs sud-américains : « Chilavert est un pauvre type. Un cul-terreux ne doit pas venir nous expliquer, à nous, comment jouer au football » (Diego Maradona). Né dans une famille très pauvre, Chilavert s'amusait de sa revanche sur le destin : « Je suis fou et macho. J'aime qu'on crie, qu'on m'insulte, ça prouve que je suis important. Je me fous que l'on parle de moi en bien ou en mal. L'important, c'est que l'on parle de moi. Et je suis le meilleur gardien du Monde. » Il est vrai que sur le terrain, ses performances ont longtemps parlé pour lui. Avec l'aide de Carlos Bianchi, son entraîneur à Velez Sarsfield, il gagna tout : trois championnats d'Argentine, quatre Coupes sud-américaines et une Coupe intercontinentale contre le Milan AC. Il fut aussi élu meilleur gardien de l'année par la FIFA en 95 et 97, meilleur joueur sud-américain en 96 et fut un buteur régulier en club et en sélection (62 buts sur penalty ou coup-franc). Et puis il y a l'autre Chilavert, celui qui fut fidèle à la sélection de son pays pendant 15 ans, formidable leader d'une équipe qui fit trembler la France à Lens en 1998. Celui qui aime lire Garcia Marquez, écouter Bruce Springsteen, celui qui créé des fondations pour les enfants handicapés paraguayens, celui qui ramène des fleurs à sa femme tous les soirs. Appelé à la rescousse à Strasbourg par Patrick Proisy en novembre 2000, il ne parvient pas à sauver le Racing de la L2. Mais en marquant le tir au but décisif lors de la finale contre Amiens (2-1), il ajouta une nouvelle ligne à son palmarès et remporta la Coupe de France. Ou plutôt, comme il dira lui-même, le championnat de France de la Coupe... Frank Leboeuf Irréprochable sur les pelouses, son caractère bien trempé lui a parfois causé quelques inimitiés importantes. Fâché notamment avec Yvon Pouliquen au sujet du brassard de capitaine de l'équipe, brouillé avec Franck Sauzée ainsi qu'avec l'entraîneur Gilbert Gress contre lequel il s'opposa régulièrement pendant leurs deux années communes à Strasbourg.
Le 21 mars 1993, au matin d'une rencontre face à Auxerre, alors qu'il était semble-t-il en contacts avancés avec le Borussia Dortmund, Leboeuf apprend par son agent que le transfert est annulé. La raison ? Gress aurait fortement déconseillé ce recrutement à l'entraîneur du Borussia (Ottmar Hitzfeld), arguant du mauvais caractère du libero. Consterné, Leboeuf attend alors Gress à la sortie de l'hôtel au moment de la promenade d'avant match. Quand ce dernier apparaît, Leboeuf l'applaudit ironiquement et d'après ses dires le menace au creux de l'oreille : « si vous continuez de m'enlever le pain de ma bouche, de celle de ma femme et de mes enfants, je vais vous mordre. » Pour l'anecdote, Strasbourg perdra le match 2-0 sur un doublé de Gérald Baticle. Raymond Domenech C'est suite à une action dont il n'était pas coupable que sa réputation de mauvais garçon est née. Le 12 août 1970, Helmut Metzler (un Autrichien de l'OGC Nice) dribble Domenech, alors jeune défenseur de 18 ans de Olympique Lyonnais, puis est sévèrement percuté par Jean Baeza, un autre joueur de l'OL. Metzler s'écroule, tibia et péroné fracturés. Sa carrière est terminée. Domenech fut désigné responsable, on le traite même d'"assassin". Et il ne fera rien pour se défendre : « Baeza et moi avions la même coupe de cheveux. Les journalistes nous ont confondus. Je n'ai rien fait pour les contredire Je débutais, il me paraissait important que l'on parle de moi, en mal ou en bien. Il y avait une sorte de bravade. Je suis alors entré dans mon personnage. » Sa moustache savamment entretenue devint alors le symbole du nouveau mauvais garçon du football français, qui fera ensuite tout pour faire coïncider son jeu naturellement rugueux avec sa nouvelle réputation. La saison suivante, à l'occasion d'un des rares matchs télévisés de l'époque, il en profita pour infliger au Niçois Charly Loubet un spectaculaire tacle par derrière. Les supporters niçois se rappelant de l'épisode Metzler n'en crurent pas leurs yeux. Domenech est expulsé, le mythe est installé. Pourtant, au cours de sa carrière, Domenech n'aura jamais blessé gravement aucun adversaire. Aujourd'hui sélectionneur national, il perd la finale de la Coupe du Monde 2006, battu par un bad boy italien des temps modernes. Sans moustache mais avec tatouages. Paco Mateo Mateo n'était pas un bad boy au sens propre du terme. Mais cet Espagnol passé par le Barca était près à tout pour satisfaire ses envies de pitreries érigées en mode de vie. Totalement désintéressé par les questions financières, il refusa un jour une offre mirobolante de l'OM parce que le président de Strasbourg avait accepté de lui offrir un vélo s'il restait au Racing. La veille de la finale de la Coupe de France 1947 contre Lille, il sauta tout habillé dans la Seine du haut d'un pont pour gagner un pari et obtenir la même valise en cuir que le président du RCS. Récupéré par la police au bord du fleuve, il fut conduit au commissariat dans l'hilarité de ses coéquipiers. Au cours d'une visite au musée Grévin, il se plaça immobile à côté du personnage de cire de Fernandel. Une touriste s'approcha et dit « c'est drôlement bien imité, on dirait une vraie peau » : Mateo n'avait alors plus qu'à pousser un grand "ah !" en écartant les bras. Encore une fois toute l'assistance se mit à rire. Et Mateo était surtout un formidable footballeur, un joueur légendaire adorant jouer tout le temps et partout (y compris avec les enfants dans la rue après l'entraînement du Racing) et détestant les grandes théories sur tableau noir : au cours d'un stage avec des arbitres, il demanda à ces derniers ce qu'il se passait si une ballon se posait sur la barre transversale et y restait en équilibre. Sortie de but ou ballon en jeu ? Après plusieurs minutes de réflexion, un des arbitres annonça fièrement son verdict : « Monsieur Mateo, c'est une sortie de but ! » « Non » répond Mateo, « c'est oune miracle ! » Et comme toujours, les personnes présentes éclatèrent de rire tandis que l'arbitre rejoignait sa place fâché. Gilbert Gress « Je déteste ce qui est minable, vulgaire, médiocre. Moi j'aime ce qui est bien fait, ce qui est sérieux ». Vivant dans la contestation perpétuelle, Gress s'opposait déjà au sélectionneur de l'équipe d'Alsace cadette dans laquelle il était sélectionné. Jugé trop faible physiquement pour faire une carrière pro, raillé par ses jeunes coéquipiers à cause de ses grosses lunettes et sa petite taille, il s'était juré de prendre sa revanche : « on n'a jamais cru en moi que lorsque j'avais prouvé que j'était capable. On ne m'a jamais aidé ». Et quand il parvint à passer professionnel, le voilà déjà en train de contester les choix de ses entraîneurs. En particulier ceux de Robert Domergue. « Gress se levait et allait au tableau noir en disant : non, c'est pas comme ça mais comme ça ! Toute sa vie n'a été qu'une lutte contre les autres et contre lui-même » (Robert Felix). Quand il devint entraîneur au Racing, il dit à ses hommes : « je veux faire de vous de vrais professionnels. Je vois grand. Voyez grand avec moi. Vous avez le choix, ou aller à Toulon en autocar ou à Saint-Etienne en avion. Avec moi, ce sera l'hôtel minable ou le trois étoiles. » Francis Piasecki
Piasecki n'était pas un bon client pour les médias et il fut vite classé dans la catégorie des têtes de cochon. « Le type de la radio venu m'interviewer, je ne le connaissais pas. Je lui ai demandé de se présenter. C'est la moindre des choses. Sous prétexte qu'ils ont un micro dans les doigts, ils se croient tout permis. Avec moi, ça ne marche pas. J'en ai rien à faire. Si j'ai envie, j'ai envie. Sinon pas question de desserrer les dents. Moi on ne me tape sur l'épaule du jour au lendemain ». Gagneur dans l'âme, on ne compte pas ses multiples prises de bec avec les arbitres et les adversaires. Il avait également l'habitude d'invectiver vertement ses coéquipiers sur la pelouse si les évènements tournaient mal : « tout ce qui nous empêche de gagner me met en rogne. Il faut que je gueule quand ça ne va pas. » Débutant sa carrière au FC Metz en 1970, l'entraîneur le priva de sa place de titulaire au moment où il entamait son service militaire. Mécontent, Piasecki demanda immédiatement son transfert au président Molinari. Sa réputation de joueur caractériel, ronchon, bagarreur et râleur venait de naître et elle le poursuit à Sochaux, Valenciennes, Paris et finalement Strasbourg. Mais Piasecki était avant tout un professionnel jusqu'au bout de ses 9 doigts (il a perdu dans sa jeunesse l'auriculaire gauche, coupé par une scie électrique) bien qu'il trichait allégrement avec la diététique qu'imposait Gress (Piasecki avait un bon coup de fourchette, était amateur de bières et de cigarettes). Et une fois les portes du stade franchies, il aimait se détacher totalement des choses du football : « je passe ma vie à la chasse. Loin du bruit et des gens. J'oublie tout. J'aime par dessus tout le silence, ma solitude. » Oscar Heisserer
Joueur à l'hygiène de vie irréprochable, son état d'esprit perfectionniste et sa capacité de travail incomparable lui ont permis de faire une carrière remarquable. Aussi exigeant avec les autres qu'avec lui-même, il ne supportait pas la médiocrité. Devenu entraîneur à Lyon et à Strasbourg, son caractère entier et autoritaire ne lui permirent pas de poursuivre dans cette voie, déçu par l'état d'esprit des nouvelles générations : « je trouve qu'aujourd'hui tout le monde est plus crispé. Avant on gagnait beaucoup moins mais c'était la belle vie, on se battait sur le terrain (...) Aujourd'hui les joueurs n'ont plus d'endurance, ce sont des femmelettes, et puis ils sont tout le temps blessés. Dès qu'on les touche, ils tombent. L'autre jour je regardais un match avec l'Abbé et je lui disais : "tiens regarde, encore un mort, va vite lui donner l'extrême onction" ». Jean-François Larios Sa forte personnalité, ses prises de position courageuses et sa brouille avec Michel Platini lui ont coûté cher. Après des débuts réussis à Bastia et Saint-Etienne où sa technique et ses qualités physiques font merveille (élu joueur français de l'année en 1980), il profita largement de son argent et en a fait profiter beaucoup d'autres. Beau, talentueux et riche, il devint rapidement un des chouchous du public. Mais les choses ont ensuite mal tourné. D'abord à Saint-Etienne où la mésentente entre le président Rocher et l'entraîneur Herbin plongea le club dans la crise : Larios prit courageusement position en faveur de son entraîneur et le paiera cher au moment du limogeage de ce dernier. Obligé de quitter le Forez en 1983, il apprendra à ce moment que Rocher avait refusé en 1980 de le transférer au Real Madrid qui proposait 7 millions de francs. Larios n'en savait rien. Devenu quasiment l'égal de Platini au niveau du jeu, il se fâcha avec lui lors de leurs saisons communes à Saint-Etienne. Rivalité sportive, mais aussi d'après les rumeurs largement développées dans les médias, rivalité dans la vie privée. Embrouilles dans le vestiaire des Verts et de l'Equipe de France... comme il n'était pas question de toucher à Platoche, Larios va payer : sa carrière en Equipe de France est terminée et en quittant Saint-Etienne, il s'exile à l'Atletico Madrid où il se blesse gravement au genou. Il rejoint ensuite le Canada et puis la Suisse, à Neuchâtel avec Gilbert Gress. Revenu en France 1984, Jeff Larios arriva au Racing en 1985 pour y relancer avec succès sa carrière. On parlait même de résurrection. « A Strasbourg, j'étais tranquille parce que j'étais bien et puis il y avait de bons joueurs. Après, c'est toujours pareil, changement d'entraîneur et moi j'étais fatigué de toutes les conneries des dirigeants. » Il poursuivit sa carrière professionnelle à Nice où il se fâcha également avec l'entraîneur et enfin à Montpellier. Il traîna ensuite pendant longtemps son mal de vivre et ses problèmes d'alcool avant de devenir agent de joueurs au milieu des années 90. Malheureusement, Larios est aujourd'hui impliqué dans l'affaire des transferts suspects de l'OM. Didier Six Ailier à l'ancienne, Didier Six est aujourd'hui moins connu pour ses formidables qualités de footballeur (52 sélections en Equipe de France, auteur notamment d'un but splendide au Maracana) que pour son instabilité chronique. D'un caractère bien trempé, il entra très souvent en conflit avec ses entraîneurs et ses présidents, n'hésitant pas à changer de club et
multipliant les expériences. Considéré comme le premier mercenaire du football français, il est quasiment impossible de citer la liste de ces différents clubs sans se tromper. Egalement l'un des premiers à s'expatrier à l'étranger, il connut en plus de la France le championnat allemand, belge, anglais et turque (idolâtré à Galatasaray où il dut prendre la nationalité turque sous le nom de Dündar Siz). Pascal Nouma Capable de fracasser le nez du Messin Pascal Pierre dans les vestiaires de Saint-Symphorien après quelques injures (« je n'ai pas pété les plombs. Je suis resté très calme. Lui m'a dit ce qu'il voulait me dire, et moi j'ai fait ce que je voulais lui faire »), de marcher sur Paul Gascoigne un soir de match à Glasgow, Pascal Nouma aimait aussi passer du temps au bord d'un étang et refaire le monde avec son président strasbourgeois Roland Weller. Malgré sa propension à frapper les poteaux et manquer les occasions les plus immanquables, Nouma à une personnalité suffisamment atypique et attachante pour avoir déjà mérité un article ici. Et comme le dit l'ancien messin Stéphane Borbiconi, passé par le championnat turc : « à Besiktas, ils chantent la gloire de Nouma comme Manchester United le fait avec Eric Cantona ». Marc Molitor Alors qu'il n'avait pas 20 ans, Marco Molitor débuta sa carrière le 6 août 1969 avec le Racing et marqua le but vainqueur à la dernière minute de la rencontre face à Rouen (2-1). Des débuts tonitruants qu'il confirma dans une ascension impressionnante : 17 buts pour sa première saison en pro, première sélection en Equipe de France dès 1970 contre la Belgique (il marqua deux fois !) Acceptant de rester à Strasbourg en 1971 alors que le club descendait en D2, il y inscrit 40 buts et permit au club de retrouver la D1. En parallèle de ce début de carrière remarquable, Molitor fait le choix de poursuivre ses études de kiné contre l'avis des dirigeants du Racing. L'entraîneur Jenö Csaknady allant même jusqu'à lui dire : « tes études, c'est de la merde. Vous êtes footballeur et un footballeur cueille des diamants sur la pelouse ». Par la suite Molitor décida également de s'impliquer dans la défense des joueurs professionnels face à la toute puissante des présidents de l'époque. Inutile de dire que les dirigeants strasbourgeois n'ont pas plus apprécié. En 1972, une grève des joueurs pros est lancée en France pour obtenir un meilleur statut, Molitor en fut naturellement le meneur à Strasbourg et convainquit ses coéquipiers de ne pas jouer à Marseille. Définitivement fâché avec Molitor, Alfred Wenger, le président du RCS, démissionna quelques temps plus tard. Malgré les difficultés pour mener à bien ses deux activités (entraînement le matin, cours l'après-midi), Marco l'intello sortit major de sa promotion. Quittant Strasbourg pour Nice en 1973, il décida de mettre un terme à sa carrière trois ans plus tard alors qu'il n'avait que 26 ans. Il ouvrait alors un cabinet de kinésithérapie à Nice qu'il tient toujours aujourd'hui, bien loin du Monde du football et de toutes ses médiocrités. filipe
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