Évaluation de la place des antibiotiques dans les BPCO - Edimark

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M       I S E           A U          P O I N T

Évaluation de la place des antibiotiques dans les BPCO
  P. Léophonte*, M. Murris*

RÉSUMÉ. L’évaluation de l’antibiothérapie au cours des exacerbations de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est difficile.
La BPCO n’est pas, en effet, une maladie infectieuse au sens habituel (un germe et sa pathologie) ; c’est une maladie inflammatoire des
bronches susceptible de se compliquer d’infection. Néanmoins, elle donne lieu à la prescription empirique quasi constante d’un antibiotique
au cours des exacerbations qui en caractérisent l’évolution. Les principales difficultés d’évaluation des antibiotiques tiennent à l’absence de
critères cliniques prédictifs spécifiques de l’infection bactérienne et à l’absence de corrélations constantes entre la présence de bactéries dans
les sécrétions bronchiques et les exacerbations. L’hétérogénéité des patients dans la plupart des études évaluant un antibiotique versus pla-
cebo explique l’absence de démonstration d’un bénéfice significatif de l’antibiotique dans la plupart d’entre elles. Une méta-analyse portant
sur les principales études met en évidence un bénéfice modeste mais indiscutable de l’antibiotique, d’autant plus significatif que le patient est
plus atteint et présente des signes d’exacerbation bien caractérisés (triade d’Anthonisen).
Les études récentes tendraient à montrer que la présence des germes dans les sécrétions bronchiques au cours des exacerbations n’est pas
seulement le témoin d’un trouble aigu de l’épuration mucociliaire, mais s’accompagne de signes d’invasion de la muqueuse, en particulier en
ce qui concerne Haemophilus influenzae. Des progrès sont attendus pour identifier plus précisément en clinique l’origine bactérienne des
exacerbations. L’individualisation d’un bénéfice clinique avec des antibiotiques mieux adaptés dans cette indication implique des études non
plus d’équivalence, mais de supériorité, sur la base d’un suivi prolongé des patients après stratification de la gravité de la BPCO en état stable.
Les récentes recommandations visent à réduire le volume des prescriptions des antibiotiques et à mieux cibler les indications. Cela implique
des alternatives crédibles à l’antibiothérapie quand celle-ci n’est pas indispensable.

Mots-clés : BPCO - Exacerbation - Infection - Évaluation des antibiotiques.

L
         a bronchopneumopathie chronique obstructive                         est longtemps asymptomatique, dépisté par une spirométrie
         (BPCO) est une maladie fréquente et grave, en pro-                  chez un sujet à risque, avant que n’apparaisse une dyspnée
         gression constante, principalement en relation avec le              (généralement pour un VEMS entre 40 et 60 % des valeurs pré-
tabagisme à la cigarette. Selon des projections de l’OMS, en                 dites). Le niveau de gravité de la BPCO a été stratifié en fonc-
2020, elle sera au nombre des douze principales maladies dans                tion du degré d’obstruction des bronches ; il est évalué par le
le monde et au troisième rang des causes de décès (1). L’éva-                VEMS selon qu’il se situe à l’état basal entre 50 et 80 % de la
luation de l’antibiothérapie dans cette indication est difficile.            valeur théorique, 50 et 30 %, ou qu’il est inférieur à 30 % (3).
En effet, la BPCO n’est pas une maladie infectieuse au sens                  Toutes les bronchites chroniques n’évoluent pas vers la BPCO :
habituel (un germe et sa pathologie). C’est une maladie inflam-              cette évolution concerne environ 15 % des sujets (généralement
matoire des bronches susceptible de se compliquer d’infections.              fumeurs) ; d’autre part, environ 20 % des patients atteints d’une
En pratique, elle donne lieu à la prescription empirique quasi               BPCO n’ont pas présenté une symptomatologie de bronchite
constante d’un antibiotique au cours des épisodes d’exacerba-                chronique (définie par convention depuis le Ciba Symposium
tion qui en caractérisent l’évolution (dans 95 % des cas en                  de 1958 comme l’association d’une toux et d’une expectora-
France d’après une enquête européenne) (2).                                  tion chroniques plus de 3 mois par an depuis plus de 2 ans, après
                                                                             exclusion d’une cause spécifique). Un asthme est associé quel-
                                                                             quefois : dans ce cas, le VEMS est réversible d’au moins 15 %,
DÉFINITIONS - HISTOIRE NATURELLE DE LA MALADIE                               ou s’améliore d’au moins 200 ml après un traitement bron-
La BPCO est caractérisée par une obstruction progressive des                 chodilatateur ou par corticostéroïde. L’évolution de la BPCO
voies aériennes distales en relation avec une bronchite chro-                est caractérisée par des exacerbations (en moyenne deux
nique et/ou un emphysème. Elle se traduit par une limitation                 épisodes par an). La définition des exacerbations est variable
chronique des débits aériens et par un déclin accéléré du volume             selon les auteurs. L’usage est de se référer aux critères dits
expiratoire maximal seconde (VEMS). Le déficit ventilatoire                  d’Anthonisen (ou de Winnipeg) (4). La présence des trois
                                                                             critères suivants est généralement retenue comme orientation
                                                                             en faveur d’un traitement antibiotique : augmentation du
                                                                             volume de l’expectoration, modification de l’expectoration,
* Service de pneumologie, hôpital Rangueil, 31403 Toulouse Cedex 04.         devenue purulente, apparition ou majoration d’une dyspnée.

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M     I S E          A U        P O I N T

Le rôle de l’infection respiratoire comme cofacteur dans la                 Gram négatif [BGN] (entérobactéries, Pseudomonas) et Sta-
genèse de la maladie est au nombre des hypothèses envisagées                phylococcus aureus. (figure 1) (14). S’agissant d’isolements
(infections respiratoires récidivantes dans l’enfance, infection            qui portent sur les expectorations, la validité des résultats pour-
virale chronique latente) (5-8). L’inflammation de la muqueuse              rait être contestée : les faux négatifs sont nombreux au cours
bronchique, qui est une donnée permanente de la BPCO, a pour                de ce type de prélèvement, ainsi que les faux positifs par conta-
conséquence une altération de l’épithélium cilié, une hyper-                mination à partir de la flore commensale du rhinopharynx, com-
plasie des cellules caliciformes du revêtement épithélial et une            posée de saprophytes, mais aussi, dans une proportion variable,
hypertrophie des glandes de la sous-muqueuse. Il s’ensuit une               de H. influenzae, S. pneumoniae et entérobactéries. D’autre part,
altération de la clairance mucociliaire qui favorise la colonisa-           la présence de Pseudomonas pose le problème de l’inclusion
tion bactérienne bronchique. Le rôle de cette colonisation                  de patients bronchectasiques (il y a des formes de chevauche-
microbienne dans la constitution et l’aggravation de l’obstruc-             ment entre bronchite chronique et bronchectasies). Quatre
tion bronchique n’est pas clairement établi (9). L’hypothèse                études ont été réalisées ces dernières années, portant sur des
d’un cercle vicieux, inspirée de Cole [décrit par celui-ci au cours         patients en exacerbation ayant bénéficié d’un prélèvement pro-
des bronchectasies] (10), a été proposée (11). L’infection paraît           tégé sous fibroscopie bronchique (15-18). Deux études por-
être la cause la plus fréquente des exacerbations (virale ou                taient sur des patients ambulatoires (15, 16), deux sur des
virobactérienne principalement). D’autres causes sont discu-                patients beaucoup plus gravement atteints, hospitalisés en unité
tées (parfois intriquées), dont la prévalence reste incertaine :            de soins intensifs pour une décompensation respiratoire aiguë
pathologie aiguë et chronique infectieuse de la sphère ORL,                 (17, 18). Dans les quatre études, le pourcentage de patients pour
autre comorbidité (cardiopathie gauche), pic de pollution atmo-             lesquels le prélèvement fut positif ( 103 UFC/ml) fut concor-
sphérique ou au domicile, variation météorologique, maladie                 dant, entre 46 et 52,5 % des cas. L’étude de Monso et al. est
intercurrente, épisode allergique... L’infection est la première            particulièrement intéressante, car elle comporte un groupe de
cause d’hospitalisation et de décès au cours d’une exacerbation             contrôle de 29 patients en état stable. La comparaison des deux
de BPCO compliquée d’une décompensation respiratoire                        groupes illustre deux données en apparence contradictoires : la
(11, 12) ; c’est la raison pour laquelle les indications de l’anti-         présence de bactéries pathogènes était deux fois plus fréquente
biothérapie sont d’autant plus larges que la BPCO est plus                  dans le groupe en exacerbation et la concentration microbienne
sévère en état stable.                                                      plus élevée (19), mais des bactéries à concentration infectante
                                                                            étaient retrouvées chez 25 % des patients en dehors de tout
                                                                            signe d’exacerbation. Deux travaux ultérieurs ont confirmé cette
EXACERBATION DE BPCO ET INFECTION                                           observation chez respectivement 22 % (20) et 30,7 % (21) de
Infection bactérienne                                                       bronchitiques chroniques en état stable, en corrélation avec le
La présence de bactéries à concentration infectante dans les                tabagisme et dans l’une des études avec la sévérité de l’obs-
bronches au cours des épisodes d’exacerbation a été établie de              truction (21) : H. influenzae, S. pneumoniae et M. catarrhalis
longue date. Il y a presque un demi-siècle, May (13) isolait dans           étaient les principales bactéries pathogènes isolées.
un cas sur deux Haemophilus influenzae et/ou Streptococcus
pneumoniae. Plusieurs études ont confirmé ces données par la                L’étude de Fagon et al. (17) portant sur des patients en réani-
suite, objectivant une relative prédominance de H. influenzae,              mation montre que dans le groupe de sujets ayant un prélève-
l’association fréquente des deux germes chez un même malade                 ment positif, il y a un fort pourcentage de bactéries considérées
et la présence, avec une moindre fréquence, de Moraxella                    comme peu ou pas pathogènes (Haemophilus para-influenzae,
catarrhalis. Chez certains malades sont isolées des bactéries à             en particulier) posant le problème de l’opportunisme microbien

      Micro-organisme                                                             Pourcentage       Intervalle
                                                                                    moyen

   H. influenzae                                                                        30,5          (21-47)

   S. pneumoniae                                                                        21,5          (13-28)

   M. catarrhalis                                                                       6,5            (3-10)

   S. aureus                                                                            6              (3-10)

   Bacilles à Gram négatif                                                              16,5           (0-37)      Figure 1. Prévalence
                                                                                                                   des bactéries pathogènes
   P. aeruginosa                                                                        11             (8-15)      associées aux exacerba-
   Autres                                                                               3,5             (1-8)
                                                                                                                   tions de bronchite chro-
                                                                                                                   nique. (D’après trois études
                                                                                                                   [639 patients]) (14).

La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - nos 1-2 - janvier-février 2002                                                                   13
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sur des bronches pathologiques. Toutefois, le rôle potentielle-                   lisation des immunoassays, alors qu’il y a une hétérogénéité
ment pathogène de H. para-influenzae a été mis en doute par                       des souches infectantes. Des études plus récentes ont établi
les résultats d’un travail récent (22). Cette étude (17) établit que              qu’en recourant à des souches homologues, une réponse
l’absence de traitement antibiotique dans le groupe de patients                   immune significative était observée au décours d’un épisode
sans isolement microbien dans les bronches n’a pas d’incidence                    d’exacerbation vis-à-vis de H. influenzae, S. pneumoniae
sur le pronostic.                                                                 et M. catarrhalis (27, 28). D’après des données portant sur
                                                                                  l’expectoration, le lavage broncho-alvéolaire et des biopsies
Dans les deux études portant sur des patients ventilés (17, 18), il               bronchiques, il y a un recrutement de cellules de l’inflamma-
a été trouvé un fort pourcentage de BGN, Pseudomonas aerugi-                      tion (éosinophiles, neutrophiles) au cours des exacerbations
nosa en particulier. Deux études récentes (23, 24) ont établi des                 (29, 30). Les marqueurs de l’inflammation neutrophilique
corrélations chez des patients hospitalisés, mais moins gravement                 (IL-8,TNFα, élastase, myéloperoxydase) sont plus élevés au
décompensés, entre la sévérité du syndrome ventilatoire obstruc-                  cours des exacerbations bactériennes (27). Une coloration par
tif (SVO) (figure 2) et la présence de BGN, incluant le Pseudo-                   l’immunoperoxydase et l’utilisation de la PCR sur des biopsies
monas (mais les antécédents d’hospitalisation et des traitements                  bronchiques prélevées au cours d’exacerbations bactériennes
antibiotiques antérieurs souvent itératifs chez ces malades pour-                 ont permis de révéler la présence de H. influenzae dans l’épi-
raient être mis en cause, plus que la gravité du SVO).                            thélium et la sous-muqueuse bronchique, l’interstitium et
                                                                                  l’épithélium alvéolaire (31). Il a été démontré que H. influen-
                                                                                  zae pénétrait par macropinocytose dans les cellules non ciliées
               70                                                                 de l’épithélium bronchique (32). L’ensemble de ces données
                                                               63                 tendrait à établir qu’au cours des exacerbations, H. influenzae,
               60                                                                 le micro-organisme le plus souvent isolé, n’est pas seulement
                                                                                  présent dans les sécrétions bronchiques et adhérent à l’épithé-
               50     47                        46
Pourcentage

                                                                                  lium, mais envahirait également la muqueuse (27).
               40
                                           33
               30
                                30                                                Infection virale
                                      27
                           23                        23                           Il est admis assez généralement que l’infection virale est la prin-
               20                                                                 cipale cause d’exacerbation, isolément ou précédant une sur-
                                                          13
                                                                                  infection bactérienne. Dans les années 70, plusieurs études lon-
               10                                                                 gitudinales avaient évalué le rôle des virus à l’origine des
                0
                                                                                  exacerbations en moyenne à 30 % (33-35), un taux significati-
                       Stade I         Stade II      Stade III                    vement supérieur à celui des séroconversions asymptomatiques
                    VEMS ≥ 50 %       35-50 %        < 35 %                       chez ce type de malades (figure 3). Des études plus récentes
                                                                 VEMS/théorique   complétées par des méthodes de biologie moléculaire ont
              S. pneumoniae & coques à Gram +                                     obtenu des résultats discordants, de sorte qu’il est difficile
              H. influenzae/M. catarrhalis                                        actuellement d’avancer une valeur moyenne, même approxi-
              Enterobacteriaceae, Pseudomonas spp                                 mative, de la prévalence des infections virales à l’origine des
Figure 2. Distribution des bactéries infectantes au cours des BPCO                exacerbations (25). Seemungal et al. (36) ont mis en évidence
selon le niveau de gravité de l’obstruction bronchique (23).                      que 23 % de 43 exacerbations étaient associées à une positivité
                                                                                  de la RT-PCR pour des rhinovirus. Aaron et al. (37) ne retrou-
                                                                                  vent une positivité par une recherche exhaustive des virus que
L’établissement d’une relation de causalité forte entre l’identi-                 dans 3 cas sur 14 exacerbations au cours d’un suivi pendant
fication de bactéries endobronchiques et la survenue d’exacer-                    15 mois. Dans l’étude de Soler et al. (18) portant sur des
bations implique que plusieurs conditions soient remplies (25) :                  malades en exacerbation grave, ventilés en unité de soins inten-
prévalence et concentration plus élevées des bactéries lors des                   sifs, et 38 patients sur 50 ayant bénéficié d’un prélèvement séro-
exacerbations qu’à l’état stable ; variation du taux des anticorps                logique, l’infection virale était confirmée dans 6 cas (15,8 %)
spécifiques ; arguments anatomopathologiques en faveur d’une                      (cinq fois la grippe, une fois le VRS). L’infection virale était
atteinte bactérienne de la muqueuse bronchique ; efficacité ver-                  intriquée à une infection bactérienne dans 3 cas. Récemment,
sus placebo d’une antibiothérapie appropriée. L’étude de Monso                    une enquête longitudinale sur une durée de 4,5 ans portant sur
citée plus haut (15) a démontré que des bactéries à concentra-                    62 patients BPCO stratifiés selon la gravité du syndrome
tion infectante ( 107 UFC/ml) étaient deux fois plus souvent                      ventilatoire obstructif, comparés à 55 témoins, a recensé
isolées qu’en état stable et en plus forte densité. Des études                    2,4 épisodes d’exacerbations en moyenne par an chez ces
anciennes avaient établi que les patients ayant une BPCO                          patients (3 en cas de SVO modéré à sévère) ; 19 % des épisodes
avaient des titres anticorps élevés pour H. influenzae et S. pneu-                étaient en relation avec une infection virale. Dans cette popu-
moniae par rapport à des témoins indemnes (11). Plusieurs                         lation dont la couverture vaccinale antigrippale avoisinait
auteurs ont échoué à démontrer une élévation significative du                     les 90 %, les principaux virus étaient des picornavirus, virus
taux des anticorps au cours des exacerbations (26) ; mais une                     para-influenzae, coronavirus.Une infection virale asymptoma-
même souche standard était utilisée au laboratoire pour la réa-                   tique était notée dans moins de 1 % des cas (38).

14                                                                                     La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - nos 1-2 - janvier-février 2002
M       I S E         A U         P O I N T

                                                                                                                                                         Figure 3. Virus en cause au
                                                      40
                                                                                                                                                         cours des exacerbations de
                                                                                                                                                         BPCO (24).
                                                      35
        Proportion d'exacerbations d'origine virale

                                                      30

                                                      25

                                                      20

                                                      15

                                                      10

                                                      5

                                                      0
                                                           Influenza    Para-influenza Rhinovirus      Coronavirus   Adénovirus           VRS

Infection à germes atypiques                                                                                   ÉVALUATION DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE À VISÉE CURATIVE
Plusieurs études concordantes situent la prévalence des germes
atypiques à l’origine d’exacerbations entre 5 et 10 % des cas                                                  Essais randomisés évaluant un traitement antibiotique
(19).Une séroconversion à Mycoplasma pneumoniae est obser-                                                     comparé à un placebo
vée entre 1 et 5 % (18, 32-35) et à Chlamydia pneumoniae dans                                                  Onze études ont été réalisées entre 1957 et 1995 (4, 42-51)
4 à 5 % des cas (39, 40). Selon deux études récentes, l’infection                                              (tableau I). Elles n’apportent pas une réponse claire sur le béné-
à C. pneumoniae serait moins exceptionnelle : dans la série de                                                 fice de l’antibiothérapie au cours des exacerbations, sur ses
Soler et al. (18) concernant des patients en exacerbation grave,                                               modalités et ses indications. L’analyse des essais fait apparaître
une séroconversion était observée dans 7 cas sur 38 (18 %). Dans                                               une grande inhomogénéité des patients (non stratifiés selon la
un travail portant sur 49 patients (41) prenant pour critère un                                                gravité de la bronchopathie), ainsi que sur les signes et les
titre d’anticorps à 1/1 024 ou une séroconversion, la prévalence                                               causes des exacerbations, les critères de jugement sur l’effica-
de C. pneumoniae était de 16 % (en association avec un autre                                                   cité du traitement (52). Sur onze essais, le bénéfice de l’anti-
agent dans 6 %). Les Legionella ne paraissent pas en cause au                                                  biothérapie est statistiquement significatif dans trois (il est mis
cours des exacerbations sans pneumopathie associée.                                                            en doute dans deux d’entre eux). Dès 1975, Tager et Speizer

Tableau I. Études sur l’efficacité de l’antibiothérapie versus placebo au cours des exacerbations de bronchite chronique.
Auteur                                                        Nombre de patients       Recrutement              Antibiotique                Critère                Conclusion
                                                             et/ou d’exacerbations                                prescrit                de jugement

Elmes (1957)                                                           113               Externe               Oxytétracycline                Clinique                NS
Berry (1960)                                                            33               Externe               Oxytétracycline                Clinique                NS
Fear (1962)                                                            119               Externe               Oxytétracycline                Clinique                NS
Elmes (1965)                                                            56              Hospitalisés              Ampicilline             Clinique + DEP              NS
Petersen (1967)                                                         43              Hospitalisés           Chloramphénicol            Clinique + DEP              NS
Pines (1968)                                                            30               Externe          Pénicilline + streptomycine     Clinique + DEP        S (AB > placebo)
Pines (1972)                                                           259              Hospitalisés              Tétracycline            Clinique + DEP        S (AB > placebo)
                                                                                                               Chloramphénicol
Nicotra (1982)                                                          40              Hospitalisés              Tétracycline        Clinique + DEP + PaO2           NS
Anthonisen (1987)                                                      362               Externe                Cotrimoxazole             Clinique + DEP        S (AB > placebo)
                                                                                       VEMS < 70 %               Amoxicilline                                    (si 2 critères)
                                                                                                                  Doxycycline
Jorgensen (1992)                                                       278               Externe                 Amoxicilline             Clinique + DEP               NS
Sachs (1995)                                                            71               Externe                 Amoxicilline             Clinique + DEP               NS
                                                                                        (+ asthme)              Cotrimoxazole

NS : non significatif ; S : significatif ; AB : antibiotique ; DEP : débit expiratoire de pointe.

La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - nos 1-2 - janvier-février 2002                                                                                                          15
M      I S E         A U         P O I N T

(53), dans un travail de synthèse portant sur les six premiers       Tableau II. Critères d’une exacerbation de bronchite chronique.
essais, concluaient que la supériorité de l’antibiotique sur le      (D’après Anthonisen et al. [4]).
placebo n’était pas prouvée : quatre essais étaient non signifi-      Type                                           Critère
catifs ; dans les deux essais où l’antibiotique était supérieur au
placebo, la durée d’hospitalisation était similaire et la propor-      Type 1                Dyspnée À
                                                                                             Volume expectoration À
tion de récidives dans les semaines suivantes identique dans les                             Purulence des crachats
deux groupes (48).                                                     Type 2                2 des 3 symptômes précédents
Depuis 1975, quatre études utilisant les antibiotiques versus          Type 3                1 des 3 symptômes précédents + 1 critère mineur
placebo ont été publiées. Un bénéfice de l’antibiothérapie a                                     – infection des voies aériennes supérieures
été démontré dans une seule, celle d’Anthonisen et al. (4), la                                      (écoulement nasal - gorge douloureuse)
                                                                                                 – À toux
mieux structurée au plan méthodologique et la plus pertinente                                    – À râles bronchiques
dans l’analyse des résultats. Cent quatorze patients ayant une                                   – À rythme respiratoire ou cardiaque > 20 %
bronchite chronique avec un VEMS < 70 % de la valeur théo-
rique ont été suivis sur une période de trois ans et demi
et 362 exacerbations de gravité moyenne ont été traitées             Une méta-analyse faite par Saint et al. (56) a porté sur les neuf
(180 sous placebo, 182 sous antibiotique), chez des patients         premiers essais randomisés antibiotiques versus placebo (4, 42-
non hospitalisés pour la plupart. Le taux global de succès a         46, 48, 49) : le bénéfice est en faveur de l’antibiotique dans
été évalué sur la résolution des symptômes cliniques au cours        7 essais sur 9 (significatif dans 2 d’entre eux) (figure 4).
d’un suivi de trois semaines : il était de 55 % sous placebo et      L’efficacité globale mesurée par l’effect size (c’est-à-dire le
de 68 % sous antibiotique. La différence en faveur de l’anti-        bénéfice moyen de l’antibiotique par rapport au placebo, divisé
biotique, bien que modeste, était significative (p < 0,01) : le      par les déviations standard) est modeste mais significative, de
bénéfice était de l’ordre de 24 % dans le groupe traité, le risque   22 % (proche des 24 % selon Anthonisen), avec un écart type
d’aggravation deux fois supérieur dans le groupe placebo.            de 10-34 %. Dans les six essais où le peak flow a été mesuré,
Dans le sous-groupe des patients dont l’exacerbation était           la tendance est en faveur de l’antibiotique dans 5 essais sur 6
caractérisée par une augmentation du volume de l’expectora-          et le bénéfice de l’ordre de 19 % (3-35 %), se traduisant par
tion, une majoration de la dyspnée et une purulence des cra-         un gain moyen (quasi négligeable) de 10,75 l/mn (4,96-
chats (type I), le pourcentage de succès était de 62,9 % sous        16,54 l/mn). Le bénéfice clinique est plus significatif dans le
antibiotique et de 43 % sous placebo ; l’aggravation était de        sous-groupe des patients plus gravement atteints, hospitalisés,
14,3 % sous antibiotique et de 30,5 % sous placebo. Il n’y           de l’ordre de 38 % (13-62 %) comparé au taux de 17 %
avait pas de différence selon l’antibiotique utilisé. L’utilisa-     (3-30 %) des patients non hospitalisés.
tion des stéroïdes (chez 42 % des malades) n’influait pas sur
les résultats. Dans le groupe antibiotique, le peak flow (débit      Essais comparant deux antibiotiques
de pointe) s’améliorait plus rapidement. Cette étude est désor-      Il y a une profusion d’études comparant deux antibiotiques entre
mais la référence pour définir une exacerbation de bronchite         eux, avec l’objectif de démontrer une équivalence d’efficacité
chronique (tableau II). Adoptée dans ses conclusions, l’étude        à des fins d’enregistrement. Dans un travail récent, Gaillat et
d’Anthonisen et al. a cependant des limites. La principale           al. (57, 58) ont fait la revue de l’ensemble des études publiées
réserve est l’absence de corrélations microbiologiques. En           entre 1991 et 1999. Sur 85 articles, ils ont retenu 34 études
outre, on ne peut pas ne pas être relativement sceptique sur la      contrôlées, randomisées, comparatives : 8 pour les bêta-lacta-
valeur prédictive en faveur d’une infection bactérienne de           mines, 14 pour les macrolides et 12 pour les fluoroquinolones.
symptômes aussi peu spécifiques que l’augmentation du                Les taux de succès vont de 70 à 95 %, valeurs supérieures aux
volume de l’expectoration et la majoration de la dyspnée (par-       63 % obtenus par Anthonisen et al. (4) avec des antibiotiques
ticulièrement subjective). Un travail récent confirmait la           de première ligne. Ces derniers ont été rarement pris comme
valeur indicative du changement de couleur des crachats : l’as-      comparateurs (15 fois sur 32, il s’est agi plutôt de coamoxiclav
pect purulent a une sensibilité de 94 % et un spécificité de         ou céfuroxime axétil). La preuve d’une efficacité supérieure
77 % en faveur d’une infection bactérienne (54). L’étude             des nouveaux traitements n’est pas apportée. Seules quatre
d’Anthonisen date de 1987, elle n’a pas été validée par une          études montrent des différences significatives sur le plan micro-
étude équivalente portant sur des antibiotiques dont le spectre,     biologique, sans corollaire clinique (59-62). Les études sont
la posologie et/ou la pharmacocinétique paraissent mieux             d’une très grande hétérogénéité, portant aussi bien sur les cri-
appropriés : les traitements antibiotiques étaient, en effet,        tères d’inclusion (cliniques, microbiologiques, fonctionnels
l’amoxicilline (250 mg x 4/j), la doxycycline (200 mg à J1           ventilatoires) que sur le suivi et l’évaluation des résultats. La
puis 100 mg/j) et le triméthoprime sulfaméthoxazole                  plupart d’entre elles se réfèrent aux critères d’Anthonisen pour
(160 mg/800 mg x 2/j). Un travail postérieur de Ball et al. (55)     définir l’exacerbation (4). Il est rare que les patients soient stra-
a mis en évidence la valeur prédictive en faveur d’une rechute       tifiés selon la sévérité de l’obstruction bronchique en état basal
dans les quatre semaines suivant l’exacerbation de deux              (il est à noter que les inclusions concernent peu de patients avec
critères qu’il conviendrait désormais d’associer aux critères        une exacerbation sévère). Le suivi excède rarement 15 à
d’Anthonisen : plus de trois exacerbations par an et une             28 jours ; or l’un des critères essentiels du bénéfice du traite-
maladie cardiaque ou pulmonaire associée.                            ment antibiotique dans cette indication est l’intervalle libre sans

16                                                                        La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - nos 1-2 - janvier-février 2002
M      I S E          A U        P O I N T

                                                                                                                          Figure 4. Bénéfice de l’an-
                                                    Placebo                        Antibiotique                           tibiothérapie par rapport
                                                                                                                          au placebo effect size
             Elmes et al. (1957)                                                                                          (56), selon neuf études ran-
                                                                                                                          domisées versus placebo.
              Berry et al. (1960)                                                                                         L’effect size est le bénéfice
                                                                                                                          moyen de l’antibiotique par
          Fear, Edwards (1962)                                                                                            rapport au placebo, divisé
                                                                                                                          par les déviations standard.
             Elmes et al. (1965)

         Peterson et al. (1967)

              Pines et al. (1972)

           Nicotra et al. (1982)

      Anthonisen et al. (1987)

        Jorgensen et al. (1992)

      Moyenne de l'ensemble

                                      - 1,0             - 0,5               0       0,5           1,0             1,5
                                                                Effect size (SD)

récidive. Des corrélations entre les germes présumés infectants                    économique dans le sous-groupe de patients ayant une BPCO
et le bénéfice de l’antibiothérapie ne sont pas clairement éta-                    modérée ou sévère et au moins 4 exacerbations annuelles ; le
blies. Dans une étude critique récente, Hirshmann (26) prend                       bénéfice est mieux caractérisé si l’on prend en compte l’an-
trois exemples :                                                                   cienneté de la maladie (plus de 10 ans), l’âge (plus de 56 ans)
   dans un essai comparant ciprofloxacine et coamoxiclav, un                       et les comorbidités (65). Chodosh et al. ont évalué l’intervalle
succès à J14 est obtenu dans 96 % des cas, mais une éradica-                       libre entre deux exacerbations après un traitement par cipro-
tion bactérienne n’a été obtenue que dans 87 et 84 % des cas                       floxacine et clarithromycine (141 et 51 jours respectivement)
respectivement (63) ;                                                              (59) ; dans une étude comparant la ciprofloxacine au céfuroxime
   dans un essai portant sur la lévofloxacine et le céfaclor, un                   axétil, l’intervalle libre, en revanche, est plus long avec ce der-
succès clinique était obtenu dans 92 % des cas avec les deux                       nier (147 jours versus 194) (60). Destache et al. (66) ont com-
antibiotiques, alors qu’il y avait 2 % de souches résistantes à la                 paré rétrospectivement les traitements de première ligne (amoxi-
lévofloxacine et 23 % au céfaclor, l’éradication étant obtenue                     cilline, cotrimoxazole, tétracycline ou érythromycine) à des
respectivement dans 94 et 87 % des cas (64) ;                                      traitements de deuxième ligne (C1G, céfuroxime axétil) et de
    dans une troisième étude comparant la grépafloxacine et                        troisième ligne (coamoxiclav, azithromycine, ciprofloxacine).
l’amoxicilline, le succès était de 85 % mais, alors que 98 % des                   Le taux d’échec à deux semaines après l’arrêt du traitement est
pathogènes étaient sensibles à la grépafloxacine, 69 % seulement                   plus élevé avec les traitements de première ligne qu’avec ceux
l’étaient à l’amoxicilline (61).                                                   de troisième ligne (p < 0,05) ; il est identique aux traitements
                                                                                   de deuxième ligne. Le délai de survenue des récidives est plus
Plus généralement, alors qu’on observe depuis plusieurs années                     long avec les traitements de troisième ligne (34,3 ± 35,5 jours)
une progression de la résistance aux antibiotiques des trois prin-                 versus les traitements de deuxième ligne (22 ± 24) et de première
cipaux germes isolés au cours des exacerbations, on n’enregistre                   ligne (17,1 ± 22) (p < 0,005). Les hospitalisations sont moins
pas une progression significative des échecs du traitement avec                    fréquentes après un traitement de troisième ligne (p < 0,02).
des molécules recommandées en première ligne, de spectre
souvent inadapté, ou modérément actives (ou même inactives) sur
des souches de sensibilité diminuée.                                               ÉVALUATION DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE
                                                                                   À VISÉE PROPHYLACTIQUE
D’après certaines études portant sur des sous-populations                          Dans les années 60, une antibiothérapie prophylactique au cours
ciblées, quelques observations doivent être portées au crédit des                  de la bronchite chronique était souvent prescrite à la saison
nouveaux antibiotiques. Dans une étude portant sur 115 patients                    froide, utilisant une tétracycline, un macrolide ou une amino-
traités par ciprofloxacine comparés à 107 patients traités par des                 pénicilline, 8 à 10 jours par mois. Cette stratégie a été aban-
antibiotiques de première ligne (amoxicilline, cotrimoxazole,                      donnée, car elle favorisait l’émergence de germes résistants,
tétracycline), Grossman et al. ne démontrent pas de différence                     elle était onéreuse, et son bénéfice sur la prévention des
significative sur l’ensemble des patients ; en revanche, le trai-                  exacerbations et sur le développement ou l’aggravation de l’obs-
tement par la fluoroquinolone démontre un bénéfice clinique et                     truction bronchique était controversé.

La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - nos 1-2 - janvier-février 2002                                                                          17
M       I S E           A U          P O I N T

Neuf essais randomisés prospectifs versus placebo ont été réali-                     de l’antibiothérapie a pu être établi lorsque l’exacerbation est
sés entre 1958 et 1969, incluant au minimum 25 malades (11).                         caractérisée par une purulence des crachats, l’apparition ou
Cinq essais n’ont pas mis en évidence de réduction significative                     l’aggravation d’une dyspnée, l’augmentation du volume de
sur la fréquence des exacerbations (67-71) ; quatre l’ont démon-                     l’expectoration (critères d’Anthonisen). Le bénéfice est d’autant
trée (72-75) : il s’agissait de patients ayant un grand nombre d’exa-                plus significatif que le tableau clinique est plus sévère.
cerbations (quatre ou plus). Sur deux essais, bien qu’il n’y ait pas
de différence significative sur la fréquence des exacerbations par                   En contrepoint de ces données, un bronchitique chronique sur
rapport au placebo, on notait un absentéisme professionnel                           quatre environ héberge dans ses voies aériennes basses, en
moindre dans les groupes traités par des antibiotiques (67, 70).                     dehors de tout signe d’exacerbation, H. influenzae, S. pneu-
Aucune étude n’a démontré que l’antibiothérapie séquentielle pré-                    moniae ou M. catarrhalis. Dans un cas sur deux d’exacerba-
venait ou stabilisait le développement de l’obstruction bronchique                   tions sévères chez des patients à un stade avancé de BPCO,
(67, 72, 75-77), mais ces études sont anciennes et portent sur des                   aucun germe n’est identifié dans les sécrétions bronchiques, et
effectifs limités. En contrepoint de ces données épidémiologiques,                   le pronostic n’est pas influencé par l’absence de prescription
des études expérimentales plaident en faveur du rôle délétère des                    d’un traitement antibiotique. Il n’a pas été établi de corrélations
bactéries présentes dans les bronches (78), altérant la fonction                     claires entre l’antibiotique prescrit et sa cible au cours d’exa-
ciliaire et endommageant l’épithélium. Une réponse inflamma-                         cerbations présumées bactériennes. En d’autres termes, il n’y
toire aux sécrétions bactériennes a pour conséquence la sécrétion                    a pas de corrélation bien établie entre guérison clinique et éra-
d’enzymes élastolytiques et protéolytiques aboutissant à un                          dication microbienne, entre efficacité clinique apparente et sen-
dommage tissulaire autoentretenu (11).                                               sibilité in vitro du germe à l’antibiotique prescrit. Enfin, on ne
                                                                                     dispose pas de critères cliniques et biologiques susceptibles de
                                                                                     distinguer avec certitude une exacerbation d’origine bactérienne
SYNTHÈSE ET DISCUSSION                                                               d’une exacerbation ayant une autre cause : les critères dits
Dans un cas sur deux environ de bronchite chronique en exa-                          d’Anthonisen sont non spécifiques (le moins aléatoire étant la
cerbation (la distinction avec la BPCO et le niveau de gravité                       purulence des crachats), et l’examen bactériologique des cra-
de celle-ci n’étant pas toujours établis dans la littérature), des                   chats est grevé d’erreurs diagnostiques trop nombreuses en rou-
germes pathogènes sont isolés dans les sécrétions bronchiques,                       tine ; enfin, les causes non bactériennes d’exacerbation sont
H. influenzae principalement, S. pneumoniae, plus rarement                           difficiles à évaluer, qu’elles soient virales (depuis la vaccina-
M. catarrhalis, parfois associés entre eux. Dans les formes les                      tion grippale quasi systématique chez ces patients, il ne paraît
plus sévères de BPCO (VEMS < 30-35 % de la valeur théo-                              pas que plus de 20 % des exacerbations soient de cette origine)
rique en état stable) P. aeruginosa, d’autres BGN et S. aureus                       ou d’autre nature (les données sur le rôle de la pollution, de la
sont plus souvent isolés, mais la corrélation pourrait être for-                     météorologie ou d’autres comorbidités sont très imprécises).
tuite s’agissant d’un groupe de patients plus souvent hospitali-
sés, plus souvent traités par des antibiotiques, éventuellement                      Il va sans dire que l’établissement de recommandations sur l’in-
porteurs de bronchectasies méconnues (que seule une tomo-                            dication et les modalités du traitement antibiotique au cours des
densitométrie systématique identifierait). Un ensemble de don-                       exacerbations de BPCO est un exercice difficile sur la base des
nées tendraient à accréditer que ces différents germes ne sont                       données qui viennent d’être rappelées. Tous les auteurs s’accor-
pas seulement les témoins d’un trouble aigu de l’épuration                           dent sur le constat d’une prescription excessive des antibiotiques
mucociliaire relevant d’une autre cause, mais pourraient jouer                       dans cette indication dans les pays industrialisés (la France se clas-
un rôle pathogène en soi : concentration élevée ; montée du                          sant dans les premiers rangs à cet égard). C’est pourquoi les recom-
taux d’anticorps spécifiques ; élévation du taux des marqueurs                       mandations françaises les plus récentes (tableau III) sont restric-
de l’inflammation neutrophilique ; invasion de la muqueuse                           tives en cas d’exacerbation sans syndrome ventilatoire obstructif
(établie pour H. influenzae). Un bénéfice significatif modeste                       à l’état stable, assimilant cette situation à la bronchite aiguë.

Tableau III. Antibiothérapie et bronchites. [Selon les recommandations de la SPILF. (79)].
                                             Première intention                                                Évolution

Bronchite aiguë du sujet sain             Pas d’antibiotique                                 Si échec à partir de J5 : amoxicilline,
EABC sans SVO                             Pas d’antibiotique                                 C1G orale, macrolide, doxycycline
EABC                                      Amoxicilline                                       Si antibiothérapie récente pour EABC :
SVO modéré à modérément                   C1G orale                                          amoxicilline + acide clavulanique
sévère (VEMS < 80 % et > 35 %)            Macrolide                                          céfuroxime-axétil
ou dyspnée d’effort à l’état basal        Doxycycline                                        cefpodoxime-proxétil
                                                                                             céfotiam-hexétil, fluoroquinolone
EABC                                      Amoxicilline + acide clavulanique                  Si échec ou si Pseudomonas spp :
SVO sévère                                Céfuroxime-axétil                                  autres molécules (dont ciprofloxacine),
ou poussées d’EABC                        Cefpodoxime-proxétil                               seules ou en association
fréquentes (> 4/an)                       Céfotiam-hexétil, fluoroquinolone
EABC : exacerbation de bronchite chronique ; SVO : syndrome ventilatoire obstructif ; C1G : céphalosporine de première génération.

18                                                                                         La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - nos 1-2 - janvier-février 2002
M         I S E             A U             P O I N T

À l’inverse, les risques encourus par suite d’une infection bac-            les règles de l’AMM et d’exiger pour l’enregistrement non plus
térienne non traitée au cours des BPCO sévères impliquent une               des études d’équivalence, mais la démonstration d’un bénéfice
indication large de l’antibiothérapie dans cette éventualité (il            significatif supplémentaire ; à cet égard, il devrait être exigé une
est bien établi que l’infection est la cause de décès la plus fré-          stratification des patients BPCO en état stable et un suivi sur la
quente au cours d’une insuffisance respiratoire chronique par               fréquence des récidives dans les 3 à 6 mois qui suivent.
BPCO décompensée). La prescription dans le cas intermédiaire                   Proposer des solutions thérapeutiques alternatives cré-
se fonde sur les critères d’Anthonisen dont on a souligné la                dibles à l’antibiothérapie quand, comme c’est le cas bien sou-
valeur médiocre d’orientation en faveur d’une infection bacté-              vent, celle-ci n’est pas indispensable (muco-modificateurs,
rienne (à l’exception de la purulence des crachats) ; mais, à ce            bronchodilatateurs, anti-inflammatoires…).                         O
jour, aucun critère clinique plus pertinent n’a été validé, et on
ne dispose pas de marqueur biologique de l’infection bron-
chique bactérienne utilisable en routine. Alors que les recom-              R    É F É R E N C E S               B I B L I O G R A P H I Q U E S

mandations de l’American Thoracic Society (ATS) (3) sont
laconiques sur le choix empirique d’une molécule (“le choix                 1. Lopez AD, Murray CC. The global burden of disease. Nat Med 1998 ; 4 : 1241-3.
                                                                            2. Huchon GJ, Gialdroni-Grassi G, Léophonte P et al. Initial antibiotic therapy
du traitement dépend de la sensibilité aux antibiotiques des                for lower respiratory tract infection in the community : a European survey. Eur
germes impliqués dans la région concernée”), les récentes                   Respir J 1996 ; 9 : 1590-5.
recommandations françaises (79) établissent une gradation                   3. Pauwels RA, Buist SA, Calverley PMA et al. Global strategy for the diagnosis,
entre des antibiotiques de première et deuxième ligne (sans pré-            management, and prevention of chronic obstructive pulmonary disease. Am J
                                                                            Respir Crit Care Med 2001 ; 163 : 1256-76.
cision de posologie) selon le niveau de gravité en état stable et           4. Anthonisen NR, Manfrada J, Warren CPW et al. Antibiotic therapy in exacerba-
la fréquence des exacerbations. Le fait de privilégier des molé-            tions of chronic obstructive pulmonary disease. Ann Intern Med 1987 ; 106 : 196-204.
cules de première ligne dans une majorité de cas se fonde sur               5. Buist AS. Risk factors for COPD. Eur Respir Rev 1996 ; 6 : 253-8.
une absence de supériorité démontrée des antibiotiques de                   6. Gold DR, Tager IB, Weiss ST et al. Acute lower respiratory illness in childhood
deuxième ou troisième ligne, sur la tolérance éprouvée de ces               as predictor of lung function and chronic respiratory symptoms. Am J Respir Crit
                                                                            Care Med 1998 ; 137 : 302-7.
molécules, sur des considérations économiques (un moindre                   7. Martinez FD, Wright AL, Taussig LM et al. Asthma and wheezing in the first
coût) et sur des extrapolations écologiques (accroître le volume            six years of life. N Engl J Med 1995 ; 332 : 133-8.
de prescription des fluoroquinolones, par exemple, aurait toute             8. Matsuse T, Hayashi S, Kazuyoshi K et al. Latent adenoviral infection in the patho-
chance d’accroître les résistances de S. pneumoniae à cette                 genesis of chronic airway obstruction. Am Rev Respir Dis 1992 ; 146 : 177-84.
classe et de compromettre une alternative thérapeutique éven-               9. Jansen HM, Sachs AP, Van Alphen L. Predisposing conditions to bacterial
                                                                            infections in chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med
tuelle dans l’avenir en cas de progression de la résistance des             1995 ; 151 : 2073-80.
pneumocoques aux autres antibiotiques). Cette politique n’est               10. Cole P. Host-microbe relationship in chronic respiratory infection.
pas dénuée de risques. Elle conduit à privilégier des antibio-              Respiration 1989 ; 55 (suppl.1) : 5-8.
tiques souvent inadaptés (macrolides et Haemophilus) et à                   11. Murphy TF, Sethi S. Bacterial infection in chronic obstructive pulmonary
accroître la résistance du pneumocoque aux bêtalactamines                   disease. Am Rev Respir Dis 1992 ; 146 : 1067-83.
(C1G orale et aminopénicilline 1,5 à 2 g/24 h prescrites à doses            12. Lange P, Vestbo J, Nybo E. Risk factors for death and hospitalization from pneu-
                                                                            monia. A prospective study of a general population. Eur Respir J 1985 ; 8 : 1694-8.
subinhibitrices vis-à-vis de souches de S. pneumoniae de por-               13. May JR. The bacteriology of chronic bronchitis. Lancet 1953 ; 2 : S34-7.
tage souvent de sensibilité diminuée). De plus, en cas de pneu-             14. Huchon G, Woodhead M, Gialdroni-Grassi G et al. Management of adult com-
mopathie non diagnostiquée par l’examen clinique, le traite-                munity-acquired lower respiratory tract infection. Eur Respir J 1998 ; 8 : 391-426.
ment de celle-ci n’est pas correctement assuré. Pour finir, le              15. Monso E, Ruiz J, Rosell A et al. Bacterial infection in chronic obstructive
                                                                            pulmonary disease : a study of stable and exacerbated outpatients using the
recours à des traitements de troisième ligne après un ou deux               protected specimen brush. Am J Respir Crit Care Med 1995 ; 152 : 1316-20.
échecs n’est pas sans conséquence économique.                               16. Pela R, Marchesani FF, Agostinelli C et al. Airways microbial flora in COPD
                                                                            patients in stable clinical conditions and during exacerbations : a bronchoscopic
                                                                            investigation. Monaldi Arch Dis Chest 1998 ; 53 : 262-7.
CONCLUSION                                                                  17. Fagon JY, Chastre J, Trouillet JL et al. Characterization of distal bronchial
                                                                            microflora during acute exacerbation of chronic bronchitis. Am Rev Respir Dis
Les conditions de l’utilisation des antibiotiques (surprescrip-             1990 ; 192 : 1004-8.
tion et prescription inadaptée) demeureront dans une impasse                18. Soler N, Torres A, Ewig S et al. Bronchial microbial patterns in severe
                                                                            exacerbations of chronic obstructive pulmonary disease (COPD) requiring
aussi longtemps qu’on n’aura pas progressé dans les trois direc-            mechanical ventilation. Am J Respir Crit Care Med 1998 ; 157 : 1498-505.
tions suivantes :                                                           19. Sethi S. Infectious etiology of acute excerbations of chronic bronchitis. Chest
   Mieux identifier l’origine bactérienne des exacerbations,                2000 ; 117 : 380 S-5.
ce qui implique des critères plus pertinents que ceux d’Antho-              20. Monso E, Rosell A, Bonet G et al. Risk factors for lower airway bacterial
                                                                            colonization in chronic bronchitis. Eur Respir J 1999 ; 13 : 338-42.
nisen et la validation de ces derniers par des corrélations micro-
                                                                            21. Zalacain R, Sobradillo V, Amilibia J et al. Predisposing factors to bacterial colo-
biologiques ; éventuellement, mieux redéfinir les modalités de              nization in chronic obstructive pulmonary disease. Eur Respir J 1999 ; 13 : 343-8.
l’examen microbiologique des crachats en routine (c’est moins               22. Sethi S, Muscarella K, Evans N et al. Airway inflammation and etiology of
un mauvais examen qu’un examen trop souvent mal fait) ; enfin,              acute exacerbation of chronic bronchitis. Chest 2000 ; 118 : 1557-65.
disposer un jour de marqueurs de l’inflammation neutrophi-                  23. Eller J, Ede A, Schaberg T et al. Infective exacerbations of chronic bronchitis.
                                                                            Relation between bacteriologic etiology and lung function. Chest 1998 ; 113 : 1542-8.
lique d’origine bactérienne.
                                                                            24. Miratvilles M, Espinosa C, Fernandez-Laso E et al. Relationship between
   Améliorer la méthodologie d’évaluation des nouveaux                      bacterial flora in sputum and functional impairment in patients with acute
antibiotiques dans cette indication, ce qui supposerait de revoir           exacerbations of COPD. Chest 1999 ; 116 : 40-6.

La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - nos 1-2 - janvier-février 2002                                                                                      19
M         I S E              A U             P O I N T

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