Evolution des précipitations depuis 1864 - HYDROmaps

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Evolution des précipitations depuis 1864 - HYDROmaps
B: Eau dans l’atmosphère                                                                                                   1/5

                                                                    Evolution des précipitations depuis 1864

                                                                     Résumé
                                                                     Les présentes cartes montrent la répartition des précipitations en Suisse depuis 1864 en indiquant aussi
                                                                     bien les sommes annuelles, saisonnières et mensuelles des différentes années que les normales calculées
                                                                     sur de longues périodes. Les précipitations sont disponibles à la fois sous forme de valeurs matricielles et
                                                                     sous forme de moyennes régionales pour les bassins versants de 100 km2 et plus. Pour ces derniers, il est
                                                                     possible de générer des séries chronologiques montrant les variations sur les 150 dernières années.
                                                                    Auteurs: Francesco A. Isotta1 , Christoph Frei1 , Michael Begert1
                                                                    1 Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse, Operation Center 1, 8058 Zurich-Aéroport

                                                                    1 Introduction                                                      2 Données et méthodologie
                                                                    Les cartes présentées sont fondées sur des analyses                 Les méthodes d’analyse, les résultats des mesures
                                                                    spatiales des précipitations couvrant une période de                sous-jacents et les sources d’erreur sont décrits en
                                                                    plus de 150 ans et affichant une grande cohérence                   détail dans [1]. Voici un bref résumé des principaux
                                                                    temporelle (voir chapitre 2 pour plus de détails). Elles            points : les analyses réalisées pour l’Atlas hydrolo-
                                                                    peuvent être utilisées pour étudier les variations à long           gique sont basées sur une combinaison de longues sé-
                                                                    terme des précipitations à l’échelle régionale et quanti-           ries chronologiques homogènes et de cartes à haute
                                                                    fier l’ampleur des changements affectant le régime des              résolution des précipitations mensuelles sur une courte
                                                                    précipitations. Ces jeux de données inédits permettent              période (les deux de MétéoSuisse) :
                                                                    une comparaison directe des précipitations actuelles                     •   Séries chronologiques homogénéisées des sta-
                                                                    avec celles des périodes antérieures. Les artefacts qui                      tions [2] : pour garantir une cohérence maximale
                                                                    apparaissent dans les jeux de données conventionnels                         dans le temps, seules les séries disponibles
                                                                    en raison de la forte variation du nombre de stations                        sans interruption pendant toute la durée de la
                                                                    de mesure et de l’évolution des conditions de me-                            période considérée sont prises en compte. L’ho-
                                                                    sure dans le temps sont évités. Les cartes permettent                        mogénéisation de ces séries a nécessité des
                                                                    de suivre l’évolution des précipitations en Suisse de-                       analyses approfondies afin d’enregistrer et de
                                                                    puis le début des mesures systématiques en 1864                              corriger les effets des déplacements de stations
                                                                    sur la base des quantités annuelles, saisonnières et                         ou des modifications apportées aux instruments
                                                                    mensuelles. Ces données sont disponibles à la fois                           de mesure.
                                                                    sous forme de valeurs matricielles et sous forme de
                                                                    moyennes régionales pour les bassins versants de                         •   Jeu de données matricielles mensuelles à haute
                                                                    100 km2 et plus. Pour ces derniers, il est également                         résolution spatiale : ce jeu de données corres-
                                                                    possible de générer des séries chronologiques qui                            pond à l’analyse spatiale opérationnelle des pré-
                                                                    rendent compte des variations des précipitations men-                        cipitations de MétéoSuisse. Il est disponible à
                                                                    suelles ou annuelles au cours des 50 à 150 dernières                         partir de 1961 et repose sur un réseau géogra-
                                                                    années.                                                                      phiquement dense d’environ 400 stations (voir
                                                                    Les informations contenues dans l’Atlas hydrologique                         [3]). C’est à partir de ce jeu de données que la
                                                                    proviennent de trois jeux de données de longueurs                            carte « B01 Hauteurs moyennes des précipita-
Texte expliquant ©Atlas hydrologique de la Suisse, Berne 2020 – 1

                                                                    variables, qui débutent à des moments différents (en                         tions » de l’Atlas hydrologique de la Suisse a été
                                                                    1864, 1901 et 1961). Ces jeux de données diffèrent                           établie.
                                                                    en particulier par le nombre de stations utilisées pour             Le nombre limité de stations de mesure disposant de
                                                                    modéliser la répartition des précipitations sur le ter-             très longues séries de mesures tout en répondant à
                                                                    ritoire (cf. figure 1). Le jeu de données commençant                des exigences de qualité élevées ainsi que la topogra-
                                                                    en 1961 comprend la plupart des stations et est donc                phie complexe de la Suisse nécessitent une méthodo-
                                                                    moins entaché d’incertitudes que les autres, notam-                 logie appropriée. Une méthode statistique de reconsti-
                                                                    ment dans la région alpine. Pour les deux jeux de                   tution RSOI (« Reduced Space Optimal Interpolation »
                                                                    données plus longs, la résolution spatiale est plus                 [4]) déjà appliquée par divers auteurs [5] [6] [7] a été
                                                                    faible (échelle plus grossière) en raison du nombre re-             utilisée. Celle-ci combine de longues séries chronolo-
                                                                    lativement limité de stations. Par conséquent, pour la              giques avec des informations statistiques provenant
                                                                    période 1864–2017, les moyennes régionales ne sont                  d’un jeu de données matricielles plus court, à haute
                                                                    indiquées que pour les bassins versants de plus de                  résolution. Cette combinaison permet de représenter
                                                                    1250 km2 ; en revanche, pour la période 1901–2017,                  les détails spatiaux avec une résolution supérieure
                                                                    elles sont aussi indiquées pour les bassins versants                à celle qu’il serait possible d’obtenir avec les seules
                                                                    de plus de 500 km2 et, pour la période commençant                   stations de mesure à long terme. Le jeu de données
                                                                    en 1961, pour ceux dépassant 100 km2 . Les jeux de                  matricielles à haute résolution est employé pour ef-
                                                                    données originaux sont disponibles auprès de Météo-                 fectuer une analyse en composantes principales en
                                                                    Suisse (https://www.meteosuisse.admin.ch).                          vue de déterminer les modes de variabilité dominants

                                                                                                                                                         www.atlashydrologique.ch
Evolution des précipitations depuis 1864 - HYDROmaps
2/5 – B: Eau dans l’atmosphère

(espace réduit). La méthode estime ensuite un modèle         mensuelles et de faire apparaître leur répartition à pe-
linéaire entre une partie des composantes principales        tite échelle, qui n’auraient pas pu être rendues à l’aide
et les données à long terme, de sorte que l’erreur           de la seule configuration des stations [1]. La figure 1
de reconstitution prévue est minimisée (interpolation        montre les précipitations relevées en février 1970 à
optimale).                                                   titre d’exemple pour la reconstitution des précipitations
                                                             mensuelles. Tant la répartition spatiale des précipita-
3 Précision et interprétation                                tions que leurs quantités y sont très bien reproduites,
                                                             même avec le jeu de données commençant en 1864,
Pour l’interprétation, il importe de prendre en considé-     qui ne comprend que 17 stations.
ration les points suivants :                                 La cohérence temporelle de ces trois jeux de données
   •   La résolution spatiale des deux longues séries        permet d’analyser les tendances. Ces analyses ré-
       de données est nettement limitée par rapport          vèlent que, dans la plupart des cas, aucune tendance
       à celle d’un jeu de données matricielles basé         statistiquement significative ne s’observe en Suisse
       sur des centaines de stations. Les champs co-         pour les précipitations, ou alors que les tendances
       hérents dans le temps qui sont présentés ici ne       qui pourraient se dégager sont masquées par des
       remplacent donc pas un jeu de données matri-          variations à court terme (état en 2017). Il existe une
       cielles à haute résolution ; ils le complètent et     exception dans la période la plus longue (à partir de
       permettent des applications répondant à d’autres      1864) : au cours de ces années, les précipitations hi-
       besoins (p. ex. de longues séries chronologiques      vernales ont augmenté sur une grande partie du nord
       avec une grande cohérence temporelle).                de la Suisse et en Valais, ce qui s’exprime également
                                                             par une augmentation des précipitations annuelles
   •   Les erreurs typiques atteignent environ 10%
                                                             dans le nord-est de la Suisse. Les valeurs se sont
       pour les précipitations mensuelles. Les erreurs
                                                             élevées de 1 à 3% tous les 10 ans (voir figure 2).
       varient selon la région et le jeu de données sé-
                                                             Les cartes présentées dans l’Atlas hydrologique de
       lectionné. Le jeu de données le plus long (1864–
                                                             la Suisse montrent de manière saisissante la grande
       2017) est basé sur seulement 17 stations de
                                                             variabilité des précipitations d’année en année. Cette
       mesure, ce qui rend les reconstitutions incer-
                                                             variabilité est toutefois plus ou moins marquée selon
       taines, surtout dans les Alpes (tout particulière-
                                                             les régions, comme l’atteste la figure 3. Pour chaque
       ment en Valais et dans le nord du Tessin). Pour
                                                             point de grille, elle représente la différence entre le
       des analyses plus poussées, il est recommandé
                                                             95e e et le centile de toutes les sommes annuelles de la
       d’utiliser le jeu de données le plus court cou-
                                                             période allant de 1864 à 2017. La marge de fluctuation
       vrant l’ensemble de la période requise. Il faudrait
                                                             représentée est relative, normalisée par la médiane.
       éviter de comparer des informations provenant
                                                             Au Tessin, l’écart interquantile atteint environ 65%
       de jeux de données différents, car la cohérence
                                                             de la médiane, ce qui rend compte des fluctuations
       temporelle n’est plus garantie.
                                                             considérables entre les années. En revanche, l’écart
   •   En ce qui concerne les jeux de données matri-         interquantile sur le versant nord des Alpes n’est que
       cielles, il faut tenir compte de trois types d’er-    d’environ 4%.
       reurs de mesure :
         1. l’erreur de mesure systématique, c’est-à-
            dire la sous-estimation des précipitations,      5 Exemple d’application
            qui varie dans le temps et l’espace en fonc-     Sur la plateforme de données et d’analyse, il est poss-
            tion du vent et des chutes de neige ;            ible d’afficher la répartition des précipitations men-
         2. les erreurs de mesure accidentelles dues         suelles, saisonnières et annuelles sur le territoire de la
            au manque de précision des mesures, à la         Suisse pour n’importe quelle année à partir de 1864.
            défaillance des instruments ou à des pro-        La carte représente à chaque fois le jeu de données
            blèmes de transmission, dont certaines ont       basé sur le réseau de stations de mesure le plus
            toutefois été corrigées par des contrôles de     dense. Pour la période commençant en 1901, seuls
            qualité ;                                        deux jeux de données fournissent des informations
         3. les erreurs d’interpolation, qui diminuent       sur la répartition spatiale des précipitations. A partir de
            généralement à mesure que la surface du          1961, on peut compter sur les trois jeux de données.
            bassin versant et la densité du réseau de        Il suffit d’un clic sur l’un des exutoires représentés par
            mesure augmentent. Les épisodes de préci-        un point bleu pour afficher le bassin versant correspon-
            pitations intenses ont également tendance        dant et faire apparaître en couleur la valeur moyenne
            à être sous-estimés, alors que les épisodes      des précipitations pour la carte ouverte. Le régime
            de faibles précipitations sont souvent sur-      des précipitations et les séries chronologiques des
            estimés.                                         moyennes régionales peuvent aussi être consultés.
                                                             Pour les petits bassins versants d’au moins 100 km2 ,
                                                             des moyennes régionales sont disponibles pour la pé-
4 Résultats                                                  riode commençant en 1961. Pour les bassins de plus
Des analyses détaillées prouvent que cette méthode           de 500 km2 , ces valeurs sont également fournies pour
permet de reconstituer avec succès les précipitations        la période débutant en 1901. Des moyennes régio-
Evolution des précipitations depuis 1864 - HYDROmaps
Evolution des précipitations depuis 1864 – 3/5

Figure 1. Exemple de reconstitution des précipitations de février 1970 [mm/mois]. Le jeu de données matricielles
à haute résolution (en haut à gauche, voir chapitre 2) et les trois reconstitutions à long terme 1961–2017 (basée
sur 400 stations), 1901–2017 (69 stations) et 1864–2017 (17 stations). Les mesures des stations utilisées dans
chaque analyse sont symbolisées par un cercle.

                                                                        www.atlashydrologique.ch
4/5 – B: Eau dans l’atmosphère

Figure 2. Tendance linéaire des précipitations annuelles et saisonnières de la période 1864–2017 en pourcentage
par décennie par rapport à la moyenne annuelle, respectivement à la moyenne saisonnière, de la période
1981–2010. Les régions sans tendances statistiquement significatives sont tramées (niveau de signification 5%,
voir [1] pour plus de détails). Les tendances observées aux stations ayant de longues séries de mesures sont
représentées par des points de couleur.
Evolution des précipitations depuis 1864 – 5/5

                                                          [4] Kaplan, A., Kushnir, Y., Cane, M. et Blumenthal,
                                                              M. (1997). Reduced space optimal analysis for
                                                              historical data sets: 136 years of Atlantic sea
                                                              surface temperatures. In : Journal of Geophysical
                                                              Research 102.C13. https : / / agupubs . onl
                                                              inelibrary . wiley . com / doi / 10 . 1029 /
                                                              97JC01734, p. 27835–27860.
                                                          [5] Schmidli, J., Schmutz, C., Frei, C., Wanner, H. et
                                                              Schär, C. (2002). Mesoscale precipitation variabi-
                                                              lity in the region of the European Alps during the
                                                              20th century. In : International Journal of Climato-
                                                              logy 22.9. https://rmets.onlinelibrary.
                                                              wiley.com/doi/abs/10.1002/joc.769,
                                                              p. 1049–1074. DOI : 10.1002/joc.769.
                                                          [6] Schiemann, R., Liniger, M. et Frei, C. (2010). Re-
Figure 3. Ecart interquantile relatif, défini comme la        duced space optimal interpolation of daily rain
différence entre le 95e et le 5e centile de toutes les        gauge precipitation in Switzerland. In : Journal of
sommes annuelles de la période 1864–2017, divisée             Geophysical Research 115.D14. https://agu
par la médiane.                                               pubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.
                                                              1029 / 2009JD013047. DOI : DOI : 10 . 1029 /
                                                              2009JD013047.
nales provenant des trois jeux de données et couvrant     [7] Masson, D. et Frei, C. (2016). Long-term varia-
donc l’ensemble de la période depuis 1864 sont uni-           tions and trends of mesoscale precipitation in the
quement proposées pour les très grands bassins d’au           Alps: recalculation and update for 1901–2008.
moins 1250 km2 .                                              In : International Journal of Climatology 36.1.
                                                              https : / / rmets . onlinelibrary . wiley .
                                                              com/doi/full/10.1002/joc.4343, p. 492–
6 Versions                                                    500. DOI : 10.1002/joc.4343.

                 Tableau 1. Versions

       Version        Description
       v1.0 (2017)    État des données 2020

Références
[1] Isotta, F. et Frei, C. (2019). Long-term consistent
    monthly temperature and precipitation grid data-
    sets for Switzerland over the past 150 years. In :
    Journal of Geophysical Research-Atmospheres
    124.7. https://doi.org/10.1029/2018JD
    029910, p. 3783–3799. DOI : 10.1029/2018J
    D029910.
[2] Begert, M., Schlegel, T. et Kirchhofer, W. (2005).
    Homogeneous temperature and precipitation se-
    ries of Switzerland from 1864 to 2000. In : Inter-
    national Journal of Climatology 25.1. https://
    rmets . onlinelibrary . wiley . com / doi /
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    10.1002/joc.1118.
[3] Frei, C., Schöll, R., Fukutome, S., Schmidli,
    J. et Vidale, P. (2006). Future change of
    precipitation extremes in Europe: An in-
    tercomparison of scenarios from regional
    climate models. In : Journal of Geophysical
    Research-Atmospheres 111.D06105. https :
    / / agupubs . onlinelibrary . wiley . com /
    doi / abs / 10 . 1029 / 2005JD005965. DOI :
    10.1029/2005JD005965.

                                                                        www.atlashydrologique.ch
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