EXCURSION À LA BUTTE MONTCEAU-FONTAINEBLEAU ÉTUDE DE RELATIONS SOL-VÉGÉTATION
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1 EXCURSION À LA BUTTE MONTCEAU-FONTAINEBLEAU ÉTUDE DE RELATIONS SOL-VÉGÉTATION Paris VII (CAPES SVT) - Paris XI et VI (Module SOLT) J-M. Dreuillaux, S. Meyer, A. Zanella. Aperçu géographique et géologique La Butte Montceau est une butte témoin culminant à 125 m située dans le bassin de Paris, à l Est de Fontainebleau, le long de la Seine dont le lit est à 45 m d altitude. Elle est constituée de terrains datant principalement de l Oligocène, où les premières influences marines se manifestent dès les dépôts du calcaire du Sannoisien relayé plus à l est par le calcaire de Brie (épaisseur 10-15 m). La formation la plus puissante de la butte appartient à l étage Stampien avec une épaisseur de sable d environ 40 m. Plus précisément, de la rive de la Seine au sommet de la butte, se succèdent (fig 1): le calcaire de Champigny formant un escarpement abrupt, puis les marnes vertes, auxquelles suivent en pente plus douce le calcaire de Brie et le sable de Fontainebleau, et enfin le sommet coiffé par le calcaire de Beauce, dépôt peu épais (3-4 m). La route (D138) est construite sur les sables de Fontainebleau. La butte Montceau, comme les autres collines au Sud d Avon, est dite témoin car détachée de la sédimentation initiale (le calcaire de Beauce) que l on retrouve plus au Sud à partir d Étampes jusqu à la vallée du Cher et dont l épaisseur moyenne est de 40 m. L extension actuelle du calcaire de Beauce qui couronne ces collines est très réduite par rapport au dépôt originel, en raison de la très forte érosion au Miocène et de la silicification d une partie du calcaire au Nord d une ligne Fontainebleau-Nogent le Roi (meulière de Montmorency). La végétation couvrant la butte de Montceau est principalement forestière. Différents types de station forestière se distinguent par le sol, l exposition et la composition floristique.
3 La végétation et sols En relation avec sa géologie variée, son relief et l orientation de ses versants, la butte Montceau abrite une flore diversifiée sur des sols contrastés. Une chênaie-frênaie à tilleul et érables, avec une strate arbustive diversifiée (aubépine Crataegus monogyna, sureau Sambucus nigra, fusain Euonymus europaeus, troène Ligustrum vulgaris, frêne Fraxinus excelsior) et une strate herbacée à mercuriale vivace (Mercurialis perennis), lamier jaune (Lamium galeobdolon) ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum), iris fétide (Iris foetidissima) et scolopendre (Asplenium scolopendrium), occupe l étroite plateforme calcaire qui longe de la Seine. Le sol qui caractérise cette formation végétale se développe dans un substrat calcaire d origine mixte colluviale (par érosion de la pente) et alluviale (par débordement de la Seine). Ce sol est classé comme calcosol à eumull. Sur la partie abrupte du relief constitué par le calcaire de Champigny, au pied des petites falaises, se forme un sol moins profond et plus noir avec profil de type AC, classé dans les Rendosols. Pont 1. Chênaie-frênaie à tilleul sur Calcosol à eumull Pont 1. Calcosol à eumull Roche mère:alluvions/colluvion en strate mince sur Calcaire de Champigny 0 cm Aca 10 Sca 20 30 Cca 40 Fig. 2. Site n° 1. Sur le talus qui longe la Seine, dans la chênaie-frênaie calcicole des étudiants observent le passage graduel entre les horizons d un mince calcosol. Au dessus des Marnes vertes, sur le calcaire de Brie, se développe une chênaie-charmaie au sous-bois riche en espèces et sur un calcosol à mull, semblable à la formation précedente. En se rapprochant du contact entre le calcaire de Brie et le sable de Fontainebleau, la flore herbacée change progressivement et se raréfie. La forêt évolue vers une chênaie-hêtraie à anémone sylvie (Anemone nemorosa), chevrefeuille (Lonicera periclymenum), sur sol brun lessivé (luvisol) à humus de type dysmull (fig. 3). Lorsque l épaisseur du sable de Fontainebleau augmente, des espèces acidiphiles comme la canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), germandrée (Teucrium scorodonia) et la fougère aigle (Pteris aquilina) et le carex à
4 pilules (Carex pilulifera) apparaissent progressivement. Quand l épaisseur de la couche sableuse dépasse les 100-120 cm, un nouveau processus pédogénétique se met en place. La géochimie est alors dominée par des composés minéraux de l aluminium (libéré par altération acide du peu d argile qui se trouve dans la roche mère sablo-limoneuse) dans la solution du sol. Une migration de chélats organo-minéraux (acides fulviques liés aux hydroxydes de fer et d aluminium) peut être observée (podzolisation). Cette modification se manifeste à la surface du sol avec un changement de la forme d humus (fig. 4). Point 2. Luvisol Point 2. Luvisol àà dysmull dysmull dans dans le le Limon Limon desplateaux desplateaux et et le le Sable Sable de de F Fontainebleau ontainebleau sur sur Point 2. Chênaie-charmaie sur Luvisol à dysmull calcaire calcaire de de Brie Brie Roche mère: Limon des plateaux et Sable de Fontainebleau sur Calcaire de Brie 0 0 cm cm A 10 10 20 20 E 30 30 40 40 BT 50 50 Fig.3. Site n° 2. Dans la chênaie-charmaie du deuxième site, le processus de lessivage produit l éloignement de l argile de l horizon E et son accumulation sur le fond du profil dans l horizon BT. Dans ces sols particuliers, la podzolisation est à ses débuts et se reconnait par la présence sous l horizon A d un horizon BPhs, de couleur violacée. La migration de la matière organique et des hydroxydes de fer et d aluminium se met en route dans le profil d un sol acide dans ses horizons superficiels (pH 4-5). Point 3. Chênaie-hêtraie sur Podzosol ochrique à moder Point 3. Podzosol ochrique à eumoder dans le Sable de Fontainebleau. Horizons Roche mère: Sables de Fontainebleau superficiels OLn OLv OH 0 cm OF A 5 BPhs 10 Fig. 4. Site n° 3. Sur les sols plus acides et filtrants, le hêtre remplace le charme et dans la partie superficielle du profil débute un processus de podzolisation.
5 Au sommet de la butte, sur le calcaire de Beauce (Fig. 5), on observe des oppositions de versant ubac-adret comme en montagne. En Adret nous rencontrons un ensemble de plantes calcicoles avec en plus un cortège de plantes sub-méditerranéennes en limite d aire (chêne pubescent Quercus pubescens, garance Rubia peregrina, carex humble Carex humulis) sur un calcisol a dysmull (fig. 6), alors qu en ubac nous retrouvons la chênaie-charmaie classique de la région parisienne avec carex des bois (Carex sylvatica), euphorbe des bois (Euphorbia amygdaloides), arum maculé (Arum maculatum) et ficaire (Ficaria verna) sur un calcosol à eumull. Point 4. La butte Montceau en coupe: limon, dalle calcaire fracturèe et sable de Fontainebleau Cailloux calcaires Limon des plateaux Sable de Fontainebleau Fig.5. Site n°4. Couches géologique au sommet de la butte Montceau. Point 5. Calcisol a dysmull Point 5. Chênaie à chêne pubescent, sur calcisol à dysmull 0 cm 5 Aci (pH 5,5) 10 15 Sci (pH 6) 20 25 30 Fig. 6. Site n° 5. Sur le versant sud-ouest de la butte Montceau s installe une forêt thermophile à chêne pubescent sur un sol filtrant et décarbonaté.
6 ANNEXES Lexique : les horizons holorganiques : OL = L comme litière : feuilles, aiguilles, rameaux, écailles, morceaux d écorce, animaux ou végétaux morts, restes organiques de toute sorte que les organismes vivants perdent au cours de leur vie Moins de 10 % de restes très transformés (déjections, matière organique très finement morcelée). OF = F comme fragments de OL : plus de 30% du volume de cet horizon est constitué de fragments grossiers dont on peut reconnaître l origine. OH = H comme humus : plus de 70% du volume de cet horizon est constitué de microfragments organiques dont on ne peut reconnaître l origine ou de déjections animales. Contenu en matière organique supérieur à 30 %. Nouvelle clé dichotomique pour la classification des formes d humus aérées forestières (d après Jabiol et al. 2007)
7 Carte géologique, la butte de Montceau EXTRAIT DE LA CARTE GEOLOGIQUE DE FONTAINEBLEAU (1/50 000) Données bibliographiques M. Bournerias, G. Arnal, C. Bock (2001). Guide des groupements végétaux, Belin, 640 p. B. Jabiol et al. (2007). L humus sous toutes ses formes ENGREF, Nancy, 68 p. P. Duchaufour P. (1983) Pédologie, Masson, J.-M. Gobat, M. Aragno, W. Matthey (2003) le sol vivant, Presses polytechniques et universitaires romandes. C. Pomerol et L. Feugueur (1986). Guides géologiques régionaux: Bassin de Paris. Masson. J-C. Rameau, D. Mansion et G. Dumé (1989) Flore forestière de France. Guide écologique illustré. IDF D. Soltner (1979) Les bases de la production végétale. Tome 1 Le sol. Collection Sciences et Techniques agricoles. A. Zanella et al. (2001). Humus forestali. Manuale per il riconoscimento e l interpretazione. Applicazione alle faggete. Ed. CEA (Trento, Italy), 321 p.
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