EY Perspective Clôture au 30 juin 2019 - Synthèse de l'actualité réglementaire et comptable
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EY Perspective Synthèse de l’actualité réglementaire et comptable Clôture au 30 juin 2019
Prévention contre la fraude, loi PACTE, politique RSE, Normes IFRS, réforme européenne de l’audit, etc. Les réglementations se sont multipliées ces dernières années, incitant les sociétés à repenser leur organisation pour y répondre. Contraintes ou opportunités ? Cette nouvelle édition d’EY Perspective dresse un état des lieux des impacts et de la mise en application de ces réglementations. La réforme européenne de l’audit a introduit il y a deux ans le Rapport dit « Complémentaire » des Commissaires aux comptes à destination des Comités d’Audit (RCCA), encourageant l’harmonisation des sujets présentés. Forts de ces deux années de recul et d’une étude menée par EY, il ressort que la rédaction du RCCA permet une meilleure communication entre les parties prenantes, mais également une meilleure appréhension des travaux réalisés par l’auditeur. Également en œuvre depuis deux ans, la loi Sapin 2, dont le volet anticorruption oblige les entreprises assujetties à déployer un programme de conformité complet. Afin de s’assurer de la qualité et de l’efficacité de leur dispositif anticorruption, l’Agence française anticorruption effectue des contrôles en portant une attention particulière sur la cartographie des risques, l’évaluation des tiers et les contrôles comptables. La loi PACTE a quant à elle été adoptée par l’Assemblée nationale le 11 avril 2019, comportant un ensemble de dispositions relatives à la gouvernance des entreprises autour de plusieurs thèmes innovants. A titre d’exemple l’introduction du « ratio d’équité » entre la rémunération de chaque dirigeant et la rémunération moyenne et médiane des salariés. Du côté de l’actualité comptable, la nouvelle norme IFRS 16 relative aux contrats de location et l’interprétation IFRIC 23 relative à la comptabilisation des incertitudes liées à l’impôt sur le résultat entrent en vigueur pour les exercices ouverts à compter du 1er janvier 2019. Nul doute que l’information qui devra être produite dans les comptes au 30 juin pour expliquer l’impact de la première application de ces textes fera l’objet d’une attention toute particulière. Enfin, les entreprises qui ont clôturé leurs comptes au 31 décembre 2018 publient pour la première fois la « Déclaration de performance extra-financière » dans leur rapport 2019. Il en ressort déjà que les directions financières commencent à percevoir le changement malgré des difficultés subsistantes dans la conception du rapport. Bonne lecture. 1 2 3 Réforme européenne de l’audit Loi Sapin 2 et Investigations Gouvernance Rapport complémentaire des commissaires L’an 2 de la Loi Sapin 2 et le développement Loi PACTE et gouvernance : de réelles aux comptes à destination des comités d’audit attendu des investigations internes innovations à l’épreuve du terrain 4 5 6 Actualité comptable Actualité fiscale Actualité extra -financière Un agenda comptable chargé Mesures à retenir des lois de finance Bilan du premier exercice de Déclaration de performance extra-financière
1 Réforme européenne de l’audit Rapport complémentaire des commissaires aux comptes (RCCA) à destination des comités d’audit Le commissaire aux comptes a toujours communiqué avec le comité d’audit en application du Code de commerce et des Normes d’exercice professionnel mais il n’existait pas de format standard et la liste des points communiqués, hormis quelques sujets obligatoires, était laissée à son appréciation. Depuis deux ans, le commissaire aux comptes présente une longue liste de sujets dictés par le règlement européen1 dans son RCCA2. Forts de ces deux années de recul, nous avons mené la comptes à présenter de nouvelles informations, telles que présente analyse en examinant d’une part un échantillon de les seuils d’audit qui étaient auparavant considérés comme rapports émis au titre des exercices 2017 (voir encadré) et en confidentiels. Ayant désormais connaissance des risques sur nous entretenant avec un panel d’associés EY. Il ressort de lesquels le commissaire aux comptes s’est focalisé, mais aussi cette étude que la rédaction du RCCA représente un travail de l’approche d’audit, et des seuils choisis, les comités d’audit important pour l’auditeur mais qui s’est révélé vertueux. peuvent mieux appréhender les travaux réalisés et apporter d’avantage de commentaires constructifs. Harmoniser tout en personnalisant Chiffres clés : 165 Le règlement européen, qui définit le contenu du RCCA, a permis d’harmoniser les thèmes évoqués avec le comité d’audit. En revanche, la rédaction du RCCA a représenté 88% rapports étudiés un véritable exercice de communication pour le commissaire rédigés en français aux comptes. L’enjeu était double : répondre aux attentes 107 pages du comité d’audit, mais également lui apporter l’information jugée importante pour lui, avec le niveau de détail approprié. La volumétrie des rapports et leur présentation se sont ainsi 42 sous forme de slides révélées très variées, comme le montre l’encadré. Le choix des éléments de RCCA à présenter en séance au comité pages en moyenne 98% plutôt que via un rapport formel 16 d’audit a également évolué d’une entité à l’autre, allant d’une pages présentation exhaustive, à une présentation très synthétique des principaux risques d’anomalies significatives et des seuils …. pour une meilleure communication de signification, ou encore se limitant aux évolutions de l’année. Offrir une meilleure compréhension de la mission Selon les commissaires aux comptes interrogés, les comités d’audit ont de l’auditeur… régulièrement souhaité creuser certains points techniques, lors de la présentation du RCCA, en posant des questions en séance. De manière générale, les comités d’audit ont semblé particulièrement intéressés par De nombreuses parties prenantes ont collaboré sur les risques d’audit, les seuils de signification et l’étendue des travaux l’élaboration de ce nouveau rapport : auditeurs du collège réalisés. des CACs, direction(s) technique(s), le cas échéant, experts et examinateur indépendant3. Cette collaboration a abouti Le RCCA représente une avancée en termes d’engagement de la à un rapport soigné tant sur la forme que sur le fond, ayant responsabilité de l’auditeur à communiquer une information claire pour objectif de pouvoir être lu et compris sans commentaires et appropriée au comité d’audit. Dans un contexte international de d’accompagnement. La mise en œuvre du RCCA a ainsi responsabilité grandissante de ce dernier, le RCCA représente donc représenté un vrai enjeu pédagogique. un outil clé de communication. Ce rapport a également métaphoriquement ouvert le dossier 1. Règlement (UE) n° 537/2014. de l’auditeur aux comités d’audit (ainsi que le cas échéant à 2. Rapport dit « complémentaire » des commissaires aux comptes à destination l’AMF et à l’ACPR4), pour en livrer tous les éléments clés. des comités d’audit (le « RCCA »), requis pour les Entités d’intérêt public (EIP) et les sociétés de financement. Le règlement européen a en effet amené le commissaire aux 3. Engagement Quality Control Reviewer. 4. En vertu du règlement européen, à la demande des autorités compétentes, le commissaire aux comptes doit mettre à leur disposition sans délai le RCCA.
2 Loi Sapin 2 et Investigations L’an 2 de la Loi Sapin 2 et le développement attendu des investigations internes En œuvre depuis juin 2017, le volet anticorruption Robustesse du programme de la loi Sapin 2 oblige les entreprises assujetties1 à de lutte contre la corruption déployer un programme de conformité anticorruption complet, qui comprend huit mesures obligatoires. PRÉ L’AFA effectue des contrôles auprès des entreprises et acteurs publics VE NT concernés sur la qualité et l’efficacité du dispositif anticorruption. Près d’une IO Cartographie N cinquantaine de contrôles seraient en cours ou terminés, parmi lesquels quatre par secteur Code de d’activité concerneraient des contrôles d’exécution judiciaire dans le cadre de CJIP2 conduite et zone (rendus publics sur le site de l’AFA). Les résultats d’un contrôle peuvent être Dispositif géographique de contrôles et une lettre de commentaire, une lettre d’avertissement ou une commission des d’évaluation interne des sanctions. RÉACTION mesures mises Dispositif en œuvre de formation Focus sur trois mesures clés Régime disciplinaire Dispositif d’alerte interne Les contrôles effectués par l’AFA se basent actuellement sur un questionnaire Procédure Procédures d’environ 160 questions. Ses rapports sont organisés en neuf thématiques, de contrôle d’évaluation comptables, clients, dont huit se rapportent à chacune des mesures de la loi, et une neuvième mesure internes ou fournisseurs externes de 1er rang et à l’engagement de la direction. Une attention particulière est portée aux trois intermédiaires mesures structurantes suivantes : la cartographie des risques de corruption, N TIO l’évaluation des tiers et les contrôles comptables. Celles-ci sont plus complexes DÉTEC que les autres à déployer car elles touchent l’organisation dans son ensemble (processus, procédures, systèmes IT, etc.). Elles méritent donc une analyse plus détaillée : 1/ La cartographie des risques de 2/ L’évaluation des tiers 3/ Les contrôles comptables corruption L’AFA attend de l’entreprise que son L’AFA attend de l’entreprise qu’elle porte L’AFA attend de celle-ci qu’elle donne une dispositif d’évaluation des tiers permette une attention particulière à son contrôle assurance raisonnable sur l’identification et d’identifier les risques spécifiques portés interne et aux contrôles de niveau I, II et III l’évaluation des risques clés. Quelques par les tiers avec lesquels elle développe en lien avec les risques spécifiques de bonnes pratiques : des relations d’affaires. Quelques bonnes corruption. Quelques bonnes pratiques : pratiques : • Réaliser une cartographie spécifique • En lien avec les principaux risques de des risques de corruption, formalisée et • Identifier les tiers à risque dès la phase corruption identifiés, comprendre les documentée, qui intègre l’analyse des de création de la cartographie des risques procédures et les éléments de contrôle risques bruts et risques nets (et leur de corruption ; et définir les éléments des interne existants méthodologie de calcul) critères de risques • Créer/mettre en place de procédures • Déployer la cartographie au niveau des • Créer des procédures spécifiques de spécifiques anticorruption différentes activités et filiales sélection et de gestion des tiers • Respecter les trois niveaux de contrôle • L’actualiser pour intégrer les nouveaux • Réaliser les due diligences de compliance mis en œuvre par le groupe risques de corruption (niveau I, II ou III) sur les tiers en fonction • Passer en revue les transactions • Déployer un plan d’action de gestion des des profils de risques et/ou comptes risqués risques identifiés Enfin, l’AFA porte une attention toute aussi importante aux instances dirigeantes pour vérifier leur engagement dans le cadre de la mise en œuvre et de l’amélioration du dispositif anticorruption.
L’investigation : une étape indispensable Quels sont les principes clés d’une investigation pour le renforcement d’un dispositif interne ? anticorruption ; et une étape utile dans le cadre d’une négociation avec les Indépendance Impartialité autorités. Objectivité Compétence La loi Sapin 2 oblige les entreprises concernées à déployer Respect du Neutralité un dispositif anticorruption leur permettant de prévenir et mandat confié (présomption détecter des cas de non-conformité. Cette obligation a eu pour Confidentialité d’innocence) conséquence d’inciter les instances dirigeantes à réaliser des Conformité (aux Proportionnalité des enquêtes internes, au niveau du groupe et/ou des filiales, législations applicables travaux (en réponse faisant suite à la détection de comportements atypiques. et procédures du groupe) aux allégations) Des règles de l’art existent, avec des principes, des méthodes et des outils bien établis, pour mener une investigation permettant à l’entreprise de confirmer ou infirmer les L’investigation, une étape nécessaire pour comportements non éthiques allégués. pouvoir négocier une Convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) Dans le cas où l’entreprise détecte des pratiques non conformes aux lois et réglementations applicables, une Quels objectifs pour l’investigation interne ? investigation approfondie lui permettra de démontrer sa volonté de transparence et de coopération avec les autorités. • Comprendre, clarifier, documenter des faits et schémas et Ainsi, l’entreprise mettra en évidence les moyens investis en identifier éventuellement le responsable et ses complices. pour détecter les irrégularités, comprendre les dysfonction- Ces travaux permettront, le cas échéant, d’organiser nements, en évaluer les impacts et en mesurer la gravité et d’éventuelles poursuites disciplinaires, voire judiciaires. l’étendue. Elle démontrera également que les faits relevés sont limités à certains contextes, pays, à certaines périodes, • Limiter l’impact sur les opérations, minimiser les pertes à certains clients etc. et qu’il ne s’agit pas d’un modèle financières pour l’entreprise voire, lorsque cela est possible, d’entreprise mais de comportements déviants isolés. Une récupérer une partie des fonds détournés. telle approche met l’entreprise dans une situation bien plus • Réduire les risques d’atteinte à l’image de l’entreprise. favorable pour négocier avec les autorités, d’autant qu’elle aura également déployé les moyens de correction nécessaires. Les résultats des travaux réalisés sont détaillés dans un rapport factuel permettant aux instances dirigeantes La CJIP va dans le sens d’une prise en compte de ses efforts. (Conseil d’administration, Comité d’audit, etc.) de déployer Nouvel instrument juridique crée par la loi Sapin 2, elle permet un plan de remédiation structuré et de prévenir que des à l’entreprise et au ministère public de « négocier » en anomalies similaires ne se reproduisent. matière de corruption, de trafic d’influence ou de blanchiment de fraude fiscale, selon certaines conditions spécifiques que l’entreprise doit respecter y compris la reconnaissance des faits (sans reconnaissance de la culpabilité), le versement d’une amende au Trésor, la mise en place d’un programme anticorruption (ou sa revue) sous le contrôle de l’AFA. 1. Les sociétés et EPIC employant au moins 500 salariés ou appartenant à un Dans ce contexte, être en mesure de démontrer au ministère groupe de sociétés dont la société mère a son siège social en France (ou un public la profondeur des travaux d’investigations internes face groupe public pour les EPIC), dont l’effectif comprend au moins 500 salariés ; et dont le chiffre d’affaire consolidé est supérieur à 100 millions d’euros. à une alerte et la mise en œuvre d’actions correctives est 2. Convention judiciaire d’intérêt public dite « CJIP ». indispensable. Quatre CJIP ont été signées à date.
3 Gouvernance Loi PACTE et gouvernance : de réelles innovations à l’épreuve du terrain Adoptée par l’Assemblée nationale le 11 avril 2019, la loi Pacte comporte un ensemble de dispositions relatives à la gouvernance des entreprises sur des thèmes innovants ou en rupture avec les pratiques antérieures. 1. Élargissement de la finalité des entreprises 2. Rémunérations : une meilleure transparence dans le partage de la valeur Le Code civil et le Code de commerce sont modifiés pour renforcer la prise en considération des enjeux sociaux et La loi PACTE introduit la notion de « ratio d’équité ». environnementaux dans la stratégie et l’activité des entreprises Le ratio entre la rémunération de chaque dirigeant et la et pour donner la possibilité aux entreprises qui le souhaitent rémunération moyenne et médiane des salariés à temps de définir une raison d’être. plein de la société et l’évolution de ces ratios au cours des L’article L.225-35 du Code de commerce précise notamment cinq derniers exercices devront être mentionnés dans le que le conseil d’administration doit déterminer les orientations rapport sur le gouvernement d’entreprise. de l’activité de la société conformément à son intérêt social en prenant en considération ses enjeux sociaux et environnementaux et en veillant à leur mise en œuvre. Quelles entreprises sont concernées ? Les entreprises peuvent par ailleurs opter pour un statut d’entreprise à mission. Les statuts de ces entreprises devront DANS LE MONDE : EN FRANCE : préciser « une raison d’être », au sens de l’article 1835 du code civil et « un ou plusieurs objectifs sociaux et environne- celles de plus de celles de plus de 5 000 1 000 mentaux que la société se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité ». Les entreprises qui opteront pour ce statut devront également créer un « comité des parties salariés salariés prenantes » ad hoc, comptant au moins un salarié, chargé exclusivement du suivi de la mission de la société. A l’heure actuelle, ce type d’information est fournie L’Index se calcule à partir de quatre à cinq indicateurs selon par seulement 16 % des sociétés du SBF120 que l’entreprise fait moins ou plus de 250 salariés : (Panorama de la Gouvernance EY 2018). • L’écart de rémunération femmes-hommes, • L’écart de répartition des augmentations individuelles, Par ailleurs, la publication obligatoire du ratio d’équité • L’écart de répartition des promotions (uniquement va également dans le sens de l’Index de l’égalité femmes- dans les entreprises de plus de 250 salariés), hommes qui doit être publié pour les entreprises d’au moins • Le nombre de salariées augmentées à leur retour 1 000 salariés sur une base annuelle depuis le 1er mars 2019 de congé de maternité, et devra l’être pour toutes les entreprises de plus de 50 • Le nombre de personnes du sexe sous-représenté salariés à partir du 1er mars 2020. parmi les 10 plus hautes rémunérations.
3. Composition du Conseil : une meilleure représentation des administrateurs représentant les salariés Entrée en vigueur du nouveau Les deux dispositions essentielles de la loi PACTE sur ce thème règlement européen sur les sont les suivantes : prospectus • Augmentation du nombre d’administrateurs représentant les salariés (ARS) dans les sociétés anonymes : les sociétés doivent nommer 2 ARS dans leur Conseil lorsque celui-ci est composé de plus de huit membres et un ARS lorsque leur Le nouveau règlement européen sur les prospectus Conseil est composé de huit membres ou moins. n° 2017/1129 (dit « Prospectus 3 »), applicable en cas d’offre au public ou d’admission de valeurs mobilières à la • L’obligation d’élire des administrateurs représentant les négociation sur un marché réglementé, entrera en salariés actionnaires dans les sociétés cotées est étendue aux application dès le 21 juillet 2019 pour l’essentiel de ses sociétés non cotées qui emploient à la clôture de deux exercices dispositions. Il remplacera les textes actuels (Directive UE consécutifs : au moins 1 000 salariés permanents au sein d’un n°2003-71 et le règlement CE 809-2004), en vigueur groupe établi en France ou au moins 5 000 salariés permanents depuis 2005. Le règlement a pour objectif de faciliter au sein d’un groupe établi en France et à l’étranger. l’accès aux marchés, notamment pour les PME, émetteurs fréquents et émetteurs obligataires. Parmi les principales 4. Promotion de la diversité hommes / femmes évolutions : au sein des organes de gouvernance opérationnelle • Une exonération de prospectus pour les petites offres publiques inférieures à 8 millions d’euros ou les La dernière édition du Panorama de la Gouvernance EY1 montre admissions inférieures à 20 % par rapport au nombre que la part des femmes dans les comités de direction stagne par de titres déjà admis sur un marché réglementé ; rapport aux années précédentes avec seulement 13 % dans les sociétés du SBF120. • La mise en place d’un document d’enregistrement universel (Universal Registration Document, URD) qui Le Code AFEP-MEDEF a déjà recommandé que les Conseils remplacera le Document De référence Français (DDR) ; encouragent une telle diversité en juin 2018, incitant les administrateurs à « veiller à ce que les dirigeants mandataires • De nouveaux schémas adaptés pour les émissions sociaux exécutifs mettent en œuvre une représentation équilibrée secondaires, les PME cotées sur les marchés non des sexes au sein des instances dirigeantes ». réglementés ou les offres de sociétés non cotées ; La loi Pacte consacre désormais la recherche d’une représentation • Une présentation plus pédagogique des risques avec équilibrée entre hommes et femmes au sein des organes de une meilleure information sur leur hiérarchisation et directions opérationnelles en établissant un critère précis : leurs impacts ; le conseil d’administration ou le directoire doit déterminer un • Une rationalisation du résumé du prospectus, limité processus de sélection qui garantira jusqu’à son terme la présence à sept pages. d’au moins une personne de chaque sexe parmi les candidats. Cette disposition reste toutefois non contraignante. 1. Panorama de la Gouvernance 2018, étude annuelle EY sur les pratiques de Gouvernance au sein des sociétés cotées
4 Actualité comptable Un agenda comptable chargé Une norme chasse l’autre… La nouvelle norme IFRS 16 relative aux contrats de location et l’interprétation IFRIC 23 relative à la comptabilisation des incertitudes liées à l’impôt sur le résultat entrent en vigueur pour les exercices ouverts à compter du 1er janvier 2019. Pour les entreprises ayant un exercice calendaire, et sauf • une description qualitative et quantitative de l’impact application anticipée, les comptes au 30 juin 2019 seront de la transition, dont l’étendue doit être proportionnée les premiers comptes préparés sous l’égide de ces nouveaux aux impacts de l’application d’IFRS 16 et à l’information textes. Nul doute que l’information qui devra être produite précédemment fournie dans les comptes annuels 2018. dans ces comptes pour expliquer l’impact de la première Les informations fournies devront également s’attacher à application de ces textes fera l’objet d’une attention toute éclairer les principaux jugements faits pour l’application de particulière ! la norme (par exemple concernant l’identification des contrats Il ne faut pas pour autant considérer que les normes IFRS 9 de location) ainsi que les estimations clés (par exemple la et IFRS 15 entrées en vigueur à compter du 1er janvier 2018 durée des contrats ou l’identification des paiements locatifs appartiennent déjà au passé. Désormais, ces normes doivent fixes). Cette information présente une importance particulière être appliquées à toutes les transactions concernées et les dans un contexte où l’application de la norme fait encore débat analyses comptables documentées selon ces nouveaux sur certains points clés comme en témoignent les travaux en principes comptables. Il faudra probablement encore un peu cours du comité d’interprétation IFRS IC. de temps pour que la comptabilisation du chiffre d’affaires Pour les groupes ayant choisi d’appliquer IFRS 16 sans selon ces nouveaux principes soit intégrée par tous, dès la retraiter les comptes comparatifs des années antérieures, négociation des contrats, et pour parachever la fourniture de une réconciliation entre le montant des engagements locatifs toutes les informations nouvelles requises par ces normes dans hors bilan donnés dans les comptes annuels 2018 et le les comptes annuels. montant de la dette de location au 1er janvier 2019, ainsi Enfin, au cours du premier semestre de l’année 2019, l’IFRIC que l’indication du taux moyen pondéré d’actualisation des a publié pas moins de 12 décisions sur des sujets variés dont paiements locatifs inclus dans la dette devront être fournis si l’application obligatoire est susceptible d’avoir des impacts la première application de la norme a des effets significatifs. parfois significatifs sur les traitements comptables retenus Enfin, la comptabilisation à l’actif des droits d’utilisation et jusqu’alors. des dettes de location est également susceptible d’avoir des impacts sur les besoins de dépréciations de certaines unités génératrices de trésorerie et une réflexion approfondie sur IFRS 16 – Quelles informations dans les comptes le sujet doit être menée, prenant en compte les éventuelles au 30 juin ? modifications apportées au processus de prévision de flux de trésorerie utilisées dans ces tests. En cas de changement de méthode comptable, les comptes intermédiaires doivent fournir une description de la nature du changement et de ses effets sur les comptes présentés. A cette fin, les comptes semestriels devront inclure : • Une description détaillée des nouvelles politiques Amendements IFRS comptables relatives aux contrats de location et entrant en vigueur des choix retenus parmi les nombreuses options offertes par la norme ; et en 2019
IFRIC 23 Décisions IFRIC du premier semestre 2019 L’interprétation IFRIC 23 Uncertainty over Income Tax Au cours du premier semestre, l’IFRS Interpretations Treatments entre en vigueur avec effet rétroactif pour les Committee a finalisé 12 décisions concernant la exercices ouverts à compter du 1er janvier 2019. comptabilisation de sujets aussi variés que : Comme l’indique l’AMF dans ses recommandations de fin • Les paiements effectués pour des redressements fiscaux d’année, « l’application de ce texte nécessite des travaux de la hors IAS 12 / IFRIC 23 contestés ; part des sociétés avec des impacts potentiellement significatifs • une facturation à un client de montants non remboursables en termes d’évaluation, de classement et d’informations en mais ne correspondant pas à une obligation de performance annexe ». distincte ; Pour la plupart des groupes, IFRIC 23 change en effet les • les passifs liés aux accords de partenariat « joint operation » ; principes de comptabilisation des incertitudes en matière • la capitalisation des coûts d’emprunts dans les stocks d’impôt sur le résultat, en imposant de comptabiliser les effets de promotion immobilière ; de ces incertitudes dès lors qu’il est plus probable qu’impro- • les accords SaaS (« Software As A Service ») ; bable que l’administration fiscale rejette une position fiscale retenue par le groupe. La probabilité que l’administration • le règlement physique de contrats portant sur l’achat effectue un contrôle et que le contrôleur soit bien informé est ou la vente d’actifs non financiers et ne répondant pas réputée égale à 100 %. Ce principe de comptabilisation devrait à l’exception « own use » ; souvent conduire à une augmentation des passifs d’impôt (ou à • les produits d’intérêts sur un actif financier précédemment une réduction des impôts différés actifs). Symétriquement, déprécié (« credit-impaired » - Bucket 3). IFRIC 23 impose également de comptabiliser des rembourse- Une fois publiées sous leur forme finale, ces décisions ments à recevoir lors du paiement d’un redressement faisant sont d’application obligatoire. l’objet d’une contestation dont le succès est probable. Selon l’article publié par l’IASB sur ce sujet (« Agenda Il convient d’un point de vue fiscal de revoir l’ensemble des Decisions - Time is of the essence ») : risques tant en central qu’au niveau des filiales, de mettre • La mise en œuvre des changements requis devrait être en place des procédures pour collecter les informations réalisée dès que possible au cas par cas (« as soon and pertinentes au-delà des redressements en cours, de choisir as quickly as possible », l’article précisant « we had in pour chaque risque la méthode d’évaluation à retenir et de mind a matter of months rather than years ») ; et documenter l’ensemble de ce processus. • Lorsqu’une décision susceptible d’avoir un impact La première application d’IFRIC 23 est susceptible d’avoir un significatif sur les comptes n’a pas encore été appliquée, impact significatif sur les capitaux propres au 1er janvier 2019 une information devra être fournie en annexe sur les qui devra être expliqué dans les comptes semestriels. analyses en cours, les enjeux potentiels ainsi que le plan de mise en œuvre. L’application d’une décision provisoire n’est en revanche • IAS 12 – Conséquences fiscales des distributions ni obligatoire ni recommandée, mais sa publication doit conduire à vérifier les traitements comptables appliqués et, • IAS 19 – Modification, réduction ou liquidation de régime le cas échéant, à faire part à l’IFRS IC de tout commentaire • IAS 28 – Intérêts à long terme pertinent sur le projet de décision. • IFRS 9 – Options de remboursement anticipé • IFRS 3 – Variations d’intérêt dans une Joint Operation • IAS 23 – Sort des coûts d’emprunt spécifique quand l’actif financé est prêt à être utilisé
5 Actualité fiscale Les mesures à retenir des lois de finance Malgré la poursuite des travaux au niveau de l’OCDE concernant la taxation du numérique, la France a pris acte de l’échec des discussions au niveau européen visant à introduire une taxe sur les services numériques. Un projet de loi déposé le 6 mars 2019 et toujours en discussion, prévoit ainsi d’instaurer une telle taxe et de revenir pour les exercices 2019 des grandes entreprises sur la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (IS). Création d’une taxe sur les services numériques Mesures IS de la loi de finances pour 2019 : les commentaires attendus en juin Cette taxe serait due par les entreprises, établies ou non en France, qui encaisseraient plus de 750 millions d’euros au Les commentaires de l’administration fiscale au sujet du niveau mondial et plus de 25 millions d’euros en France à raison nouveau dispositif de limitation de la déduction des intérêts, de la mise à disposition d’un service de mise en relation entre des modifications de l’intégration fiscale et du nouveau régime internautes ou de la fourniture de prestations de ciblage d’imposition des revenus de brevets devraient être publiés publicitaire en fonction des données des internautes au cours du mois de juin. (y compris la vente de données collectées en ligne à des fins de ciblage publicitaire). Certains services seraient exclus du champ de la taxe comme, par exemple, ceux fournis entre Limitation du taux des intérêts dus à une sociétés d’un groupe consolidé, certains services financiers, etc. entreprise liée : preuve du taux de marché La taxe, déductible du résultat fiscal, serait égale à 3 % du montant hors taxe des sommes encaissées au titre des Le Conseil d’État a retenu dans l’affaire Siblu qu’une société services taxables pouvant être rattachés au territoire français, ne pouvait pas établir le taux de marché auquel elle aurait pu déterminées en proportion des revenus mondiaux. Pour la taxe emprunter en se référant au taux prévu dans le contrat de due au titre de 2019, le projet prévoit un acompte à verser en financement de son groupe conclu avec une banque octobre 2019, calculé sur le chiffre d’affaires de 2018. indépendante. Par ailleurs, dans l’affaire Wheelabraton Group, le tribunal administratif de Versailles a demandé au Conseil d’État si le taux de marché pouvait être démontré en se Modification de la trajectoire de baisse de l’impôt référant aux taux des emprunts obligataires émis par des sur les sociétés pour les grandes entreprises sociétés tierces. Les entreprises dont le chiffre d’affaires excède 250 millions Cession à prix minoré d’une immobilisation d’euros seraient imposées à l’IS, pour les exercices ouverts en 2019 et clos après le 5 mars 2019, à un taux de 28 %, comme initialement prévu, pour la fraction de leur bénéfice inférieure Après avoir jugé dans l’arrêt Croë Suisse que la cession d’une ou égale à 500 000 euros et de 33,1/3 % (au lieu de 31 %) immobilisation à un prix significativement inférieur à sa valeur pour la fraction supérieure. Le chiffre d’affaires serait apprécié, vénale suffit à l’administration pour caractériser un acte le cas échéant, au niveau du groupe d’intégration fiscale et anormal de gestion, le Conseil d’État a considéré dans l’affaire serait proratisé en cas de durée d’exercice différente de SARL Alternance que, la cession de titres de participation à 12 mois. prix minoré constituant une libéralité, le régime de faveur dit « niche Copé » ne s’applique pas au rehaussement.
6 Actualité extra-financière Bilan du premier exercice de Déclaration de performance extra-financière En 2018, les informations environnementales et sociales du Grenelle 2 ont été remplacées dans les rapports de gestion des entreprises françaises par la Déclaration de performance extra-financière (DPEF). Même si l’analyse des DPEF 2018 n’a pas encore été menée à son terme, quelques premiers enseignements peuvent être tirés de ce nouvel exercice. Des sujets extra-financiers plus intégrés de l’homme, les accidents du travail, etc. — pouvaient atteindre à la conduite des affaires la réputation des entreprises même si elles n’impactaient pas encore les états financiers. Le directeur financier doit être en mesure de démontrer que les dispositifs d’identification La Déclaration de performance extra-financière est passée et de prévention ont été mis en place pour éviter d’être d’une simple liste de critères environnementaux et sociaux à sanctionné financièrement ou en termes d’image de marque. renseigner à un outil permettant de renouveler la réflexion sur le modèle d’affaires et l’identification des principaux risques et Les directions financières ont également dû communiquer opportunités extra-financiers. aux investisseurs et analystes sur la performance globale de l’entreprise, à savoir ses résultats pour les actionnaires L’obligation de présenter un modèle d’affaires a souvent été mais aussi sa création de valeur pour la société dans son un déclencheur pour repenser la communication sur l’utilité ensemble. Elles ont également donné plus de perspectives sociétale de l’entreprise notamment dans le contexte de la loi financières et non financières futures (contribution au PACTE qui a introduit les concepts d’intérêt social et scénario 2°C sur le climat par exemple). d’entreprise à mission. Les directions de la communication institutionnelle et financière ont souvent été impliquées dans Des difficultés dans la conception du rapport ces réflexions. de gestion subsistent L’exercice d’identification et de sélection des principaux risques RSE a en général été mené de manière concertée avec Un des objectifs du nouveau dispositif était d’alléger le la direction des risques et de l’audit interne ; la méthodologie reporting en ciblant l’essentiel. Beaucoup d’entreprises n’ont d’analyse des risques a été alignée avec celle de l’entreprise pas saisi cette opportunité, contraintes par certaines agences mais en prenant en compte les risques et les opportunités, de notation extra-financières qui continuent de demander des sur l’ensemble de la chaîne de valeur (approvisionnement informations sur tous les sujets extra-financiers. Ainsi les en amont, impact des produits et services en aval) et pour volumes des chapitres DPEF dans les documents de référence l’entreprise mais aussi pour ses parties prenantes externes. n’ont pas tous diminués. L’arrivée des thématiques liées aux relations d’affaires, à la Aussi, l’articulation entre les chapitres facteurs de risque et lutte contre la corruption, aux impacts des produits et services, l’analyse des risques RSE a représenté une difficulté ; de même au respect des droits humains, à la protection des données que la présentation des différentes cartographies des risques personnelles et à l’évasion fiscale a naturellement nécessité d’entreprise, de RSE, de corruption ou de devoir de vigilance l’implication des responsables Éthique et Compliance. a souvent donné lieu à des tables de correspondance ou des renvois complexes. Ainsi les droits humains peuvent représenter Les directions financières ont commencé un facteur de risque pour l’entreprise en B2C, un risque RH pour à percevoir le changement les salariés et un risque de vigilance pour les fournisseurs. Enfin, la vérification externe des Déclarations de performance La DPEF a permis aux dirigeants et comités d’audit de mieux extra-financière a permis de mettre en évidence l’absence de comprendre que les thématiques extra-financières — comme certaines politiques pour couvrir des risques extra-financiers la qualité des produits et services, l’intégrité de la supply chain, mais surtout le déploiement incomplet de ces politiques dans l’éthique des affaires (corruption, blanchiment, anti- certaines géographies ou activités. Il en résulte un nombre concurrence, etc.), la protection des données personnelles, important de réserves et de commentaires des vérificateurs la contribution au changement climatique, le respect des droits pour une grande partie des DEPF publiées.
Contacts EY | Audit | Conseil | Fiscalité & Droit | Transactions EY est un des leaders mondiaux de l’audit, du conseil, de la fiscalité et du droit, des transactions. Partout dans le monde, notre expertise et la qualité de nos services contribuent à créer les conditions de la confiance dans l’économie et les marchés financiers. Nous faisons grandir les talents afin qu’ensemble, ils accompagnent les Jean-Roch Varon organisations vers une croissance pérenne. C’est ainsi que nous Associé jouons un rôle actif dans la construction d’un monde plus juste et Mail : jean-roch.varon@fr.ey.com plus équilibré pour nos équipes, nos clients et la société dans son Tél : +33 1 46 93 63 89 ensemble. EY désigne l’organisation mondiale et peut faire référence à l’un ou Camélia Bendali plusieurs des membres d’Ernst & Young Global Limited, dont chacun Chef de projet marketing est une entité juridique distincte. Ernst & Young Global Limited, Mail : camelia.bendali@fr.ey.com société britannique à responsabilité limitée par garantie, ne fournit Tél : + 33 1 66 51 33 19 pas de prestations aux clients. Retrouvez plus d’informations sur notre organisation sur www.ey.com. © 2019 Ernst & Young et Associés. Tous droits réservés. Studio BMC France : 1904BMC234 SCORE France N°2019-026 Crédits Photo : Shutterstock ED NONE Document imprimé conformément à l’engagement d’EY de réduire son empreinte sur l’environnement. Cette publication a valeur d’information générale et ne saurait se substituer à un conseil professionnel en matière comptable, fiscale ou autre. Pour toute question spécifique, vous devez vous adresser à vos conseillers. ey.com/fr
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