Femmes de sports - Alain Cadec Entretien avec - Conseil Départemental des Côtes d'Armor
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Contre les stéréotypes et les clichés Femmes de sports Entretien avec Alain Cadec 150 / MARS - AVRIL 2016 À découvrir Anne Ropers raconte Shelburn
2/ SOMMAIRE 10 20 32 30 34 16 22 33 À VOIR À SUIVRE AH, SI J’ÉTAIS... 4 ▶ LE COUP DE CRAYON 4 15 ▶ Les criées ont 15 32 ▶ Bruno Solo, acteur, 32 d’Alain Goutal le vent en poupe scénariste, réalisateur, 5 ▶ ZAPPING 16 ▶ Le Potager aux mille saveurs producteur 6 ▶ 60 JOURS EN IMAGES 18 ▶ Cores Art - Nos rebuts, 8 ▶ À VENIR leur trésor 19 ▶ Un jour avec Isabelle À PARTAGER À LA UNE Goré-Chapel 20 ▶ Des intervenantes sociales 33 ▶ Le circuit du Mené 33 10 ▶ Femmes de sports 10 au commissariat et à la gendarmerie a 35 ans 34 ▶ Cécile Métral, 22 ▶ Entretien avec Alain Cadec sur le mini-fil de la vie 36 ▶ Cuisine : l’agneau, E BREZHONEG une tradition pascale 14 ▶ Les révélations 14 À DÉCOUVRIR 24 37 ▶ Mots fléchés par Briac Morvan d’une coque 24 ▶ Un menhir qui défie sur sa vie en baie le temps de Saint-Brieuc 26 ▶ Exposition, Être PORTE-PAROLE une femme au 20e siècle 27 ▶ Éric Hamon, guide de pêche 38 ▶ L’expression 38 28 ▶ Michelle Brieuc, itinéraire des groupes politiques d’une enfant obstinée du Conseil départemental 30 ▶ Plouha, Anne Ropers raconte Shelburn Pour suivre toute l’actu du département... cotesdarmornotreDepartement @cotesdarmor22 +cotesdarmorfr cotesdarmor.fr
Côtes d’Armor magazine / N° 150 / Mars - Avril 2016 ÉDITO / 3 PHOTO THIERRY JEANDOT Votre quotidien, notre priorité la veille du vote du budget primitif qui aura lieu Le quotidien de la collectivité doit permettre à nos À les 14 et 15 mars prochains, nous souhaitons ré- former en profondeur notre collectivité départemen- concitoyens de mieux vivre en Côtes d’Armor grâce à des infrastructures de qualité. Je pense à nos routes, à tale. Parce que nous faisons de votre quotidien une nos ports et à nos barrages. Le dynamisme de notre priorité, nous nous employons à rendre cette institution département passe également par des collèges où il est bicentenaire plus proche de vous. agréable d’étudier. Il se traduit aussi par des pôles uni- versitaires qui offrent de nouvelles opportunités à nos Au quotidien, nous agissons pour rendre nos inter- jeunes et nos entreprises. ventions dans le domaine social plus performantes. Cela signifie un traitement plus juste et équitable des La qualité de vie en Côtes d’Armor est un axe majeur allocataires, la prise en compte des parcours de vie des de notre politique départementale. Elle concerne tout le personnes âgées ou handicapées dans les établissements monde et fonde nos compétences phares : les solidarités spécialisés, une politique de l’habitat et du logement comme renfort des plus fragiles, les territoires comme revue ou encore un meilleur accompagnement des potentiel de développement de nos forces vives. familles et de leurs enfants. La modernisation du Département ne pourra pas se Votre quotidien, c’est vous offrir les moyens de vous faire sans les forces vives des Côtes d’Armor. Celles qui épanouir grâce à une offre culturelle et patrimoniale se trouvent dans nos territoires, dans nos communes. adaptée, à une politique sportive qui privilégie autant Les territoires sont au cœur de notre stratégie de déve- le loisir que le haut niveau, à des événements de grande loppement et de cohésion sociale. envergure où les Costarmoricains se retrouvent et par- tagent des moments de convivialité. Notre quotidien est d’agir pour le vôtre. ◀ Président du Département des Côtes d’Armor, Député européen BIMESTRIEL ÉDITÉ PAR LE DÉPARTEMENT DES CÔTES D’ARMOR. Courriel: lemagazine@cotesdarmor.fr / Site internet: cotesdarmor.fr DIRECTEUR DE LA PUBLICATION: Alain Cadec. DIRECTRICE DE L’INFORMATION ET DES RELATIONS AVEC LES CITOYENS: Julie Hourmant. RÉDACTEUR EN CHEF: Stéphane Hervé. JOURNALISTES: Bernard Bossard, Laurent Le Baut, Yves Colin, Stéphanie Prémel. PHOTOGRAPHE: Thierry Jeandot. ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO: Stéphanie Stoll, Briac Morvan, Alain Goutal, Fouad Souak, Arthur Roncin. PHOTOS: Bruno Torrubia. ASSISTANTES DE LA RÉDACTION: Kristell Hano, Maryline Meyer. CRÉATION-EXÉCUTION-RÉALISATION: Cyan 100. IMPRESSION: Imaye Graphic - 81 boulevard Henri-Becquerel- 53021 Laval. DISTRIBUTION: La Poste. N°ISSN: 1283-5048. TIRAGE: 317320 exemplaires. Pour tout problème de réception du magazine, contacter les services de la Poste au 02 99 92 34 59 Magazine imprimé en France sur papier “Eural Premium”, recyclé à partir de vieux papiers et cartons désencrés et blanchis sans chlore, agréé par l’Association des Producteurs et Utilisateurs de Papiers Recyclés.
ZAPPING À VOIR / 5 Vers une meilleure desserte numérique des territoires ruraux INFOS-SERVICES Le 15 janvier, Alain Cadec, président Comment faire une du Département, et Armelle Botho- demande d’Apa*? rel, présidente de l’association des maires des Côtes d’Armor, ont si- Telle est l’une des questions très gné la « Charte qualité réseau » avec fréquemment posées aux téléconseil- lers d’Infos Services, la plate-forme PHOTO THIERRY JEANDOT Orange, représenté pour l’occasion par Bruno Janet, conseiller du Pdg d’informations des usagers du Conseil de l’entreprise. départemental. Objectif : renforcer la maintenance Réponse d’Infos Services: « Vous préventive et la qualité – notamment pouvez trouver le formulaire de de- le débit - des boucles locales de fils de cuivre qui desservent nos communes. Les élus locaux mande d’Apa en téléchargement sur pourront transmettre en temps réel à Orange chaque incident qu’ils constateront sur leur cotesdarmor.fr (rubrique Solidarités, territoire (poteau cassé, fils coupés, armoire détériorée...), Orange s’engageant à intervenir puis Personnes âgées, puis Apa), ou dans un délai de 24 h. Déjà expérimenté dans 11 communes, le dispositif a fait ses preuves, au CCAS de votre commune (CIAS offrant un gain de débit significatif sur les réseaux cuivrés, en attendant la généralisation dans certaines intercommunalités). Le de la fibre optique pour tous à l’horizon 2025. Département peut également envoyer sur simple demande le formulaire par voie postale. Dans la procédure, une visite à domicile est prévue avec le Labocea sur France 2Ñ: précisions bénéficiaire et un évaluateur Apa, afin d’évaluer les besoins de la personne et En janvier, dans un reportage sur les finances des Départements, France 2 citait l’exemple son degré de perte d’autonomie, pour d’un avis rendu par la Chambre régionale des comptes sur les dépenses de personnel de lui proposer un plan d’aide adapté ». notre Département, qui auraient fait un « bond » de 10 % en 2014. À l’époque, le Conseil départemental avait pourtant bien fourni les explications : le budget annexe du laboratoire Labocéa avait été intégré cette année-là dans le budget global du Département, augmen- tant forcément de façon sensible la ▶ Horaires d’ouverture au public : masse salariale. Une hausse com- du lundi au vendredi, de 8h30 à 12h20 Alain Cadec et de 13h30 à 17h30. @AlainCadec pensée par le remboursement par le Laboratoire au Département, des *Allocation personnalisée d’autonomie Précision @France2tv: +10% correspond à salaires des agents départementaux l’intégration des agents de Labocéa au CD détachés auprès de cette structure. @cotesdarmor22 intégralement remboursée par le laboratoire C’est en substance le message que le président Alain Cadec a publié sur son compte twitter. Travaux sur les voies vertes Les Côtes d’Armor comptent plus de 280 km de voies vertes, aménagées par le Département pour accueillir marcheurs, cyclistes et cavaliers. Un réseau très fréquenté, gage d’attractivité touristique. Ces chemins sont revêtus d’une couche de sable tassé, alliant esthétique, confort et respect de l’environnement, le sable permettant un désherbage exclusivement mécanique. Chaque année, 10 % des voies vertes sont entièrement refaites. Parmi les travaux en cours ou à venir, on citera ceux qui concernent la voie verte N°3, la plus fréquentée du département, entre Plouasne et Tréméreuc. À Plouasne, une portion de la voie va être couverte d’un enrobé de PHOTO THIERRY JEANDOT couleur rose, sur la partie du chemin qui traverse un parking dans le bourg, le sable étant à cet endroit trop malmené par les manœuvres des véhicules. Et récemment, d’importants travaux d’élagage dans les parties boisées, ont été réalisés entre Tréméreuc et Pleslin-Trigavou, sur une portion de 4,8 km. Reste à y refaire le revêtement et à curer les douves avant le printemps.
6/ 60 JOURS EN IMAGES... Côtes d’Armor magazine ◀ LUNDI JANVIER 11 Loudéac Franck Guiblin et l’équipe de la Cie Arenthan se produisent devant des scolaires au Palais des congrès et de la culture de Loudéac, pour la présentation d’une partie PHOTO THIERRY JEANDOT de Transhumans, pièce pour sept danseurs et un percus- sionniste, en cours d’écriture. Première diffusion prévue en novembre 2016 à Loudéac. PHOTO THIERRY JEANDOT ◀ JEUDI 14 JANVIER Saint-Brieuc À la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, une douzaine de détenus laissent leur talent s’exprimer le temps d’un atelier PHOTO THIERRY JEANDOT peinture proposé dans le cadre du projet européen Erasmus+. Variations sur un même thème: la Grèce. ◀ VENDREDI 22 JANVIER Saint-Brieuc ◀ MARDI À l’occasion de son intervention auprès 26 Saint-Brieuc JANVIER des agents du Département, Alain Cadec a notamment expliqué vouloir mettre en Alors que la détresse des agricul- lumière la Villa Rohannec’h, «bijou teurs s’exprime depuis des mois, costarmoricain niché au cœur de la ville Alain Cadec, en sa qualité de préfecture» pour en faire «le phare de PHOTO THIERRY JEANDOT président du Conseil départemen- la politique culturelle du Département». tal et député européen, reçoit Didier Lucas, Président de la FDSEA22, ainsi qu’une délégation d’agriculteurs.
N°150 / Mars - Avril 2016 À VOIR / 7 ◀ JEUDI JANVIER 28 Plœuc-sur-Lié Le Maréchal polonais de Warmie et Mazurie, est accueilli en Côtes d’Armor pour la première fois, dans le cadre de la coopération décentralisée. Ici, il est reçu chez Frédéric Houée, agriculteur à Plœuc-sur-Lié. Une visite qui tombe à pic pour le Maréchal, docteur en agriculture! PHOTO THIERRY JEANDOT ◀ JEUDI 4 FÉVRIER Pléneuf-Val-André Depuis plusieurs semaines, c’est l’effervescence à Pléneuf-Val-André qui accueille le tournage de L’accident, série réalisée pour France 3 et qui sera diffusée en fin d’année. En tête d’affiche, Bruno Solo (lire aussi p.32) PHOTO THIERRY JEANDOT ◀ LUNDI FÉVRIER 8 Saint-Brieuc L’assemblée départementale examine son rapport d’orientations budgétaires, en amont du budget primitif qui sera voté les 14 et 15 mars en session publique. Des orientations sur lesquelles Alain Cadec revient en pages 22-23. Les débats seront visibles en direct sur cotesdarmor.fr PHOTO THIERRY JEANDOT
8/ ...À VENIR Côtes d’Armor magazine DIMANCHE 13 MARS SAMEDI 23 AVRIL Couleur Jazz SAM. 26 – DIM. 27 MARS Forum pour l’emploi Ploufragan ESCALES Eréac/Église paroissiale LES L’ensemble vocal Couleur Jazz, c’est une cinquantaine d’artistes DE BINIC – des musiciens, des solistes – qui nous vient de Saint-Brieuc. La 7e édition des Escales de Binic sera l’occasion de Ce jour-là, c’est à Eréac qu’ils rencontrer de nombreux auteurs de romans, poésie, viendront recouvrir l’église de B-D, littérature jeunesse, voyage... Au programme : D.R. couleur jazz. Un concert pour toutes tables rondes, les oreilles, initiées ou non, et pour Ce forum, organisé par la cité poésie vivan- des Métiers de Ploufragan, est l’occa- tous les âges. te, lecture à 3 sion de s’informer sur les formations ▶▷ Concert à 16h30. Entrée: 10 €, voix, et contes et les métiers, d’avoir des conseils gratuit pour les moins de 18 ans estoniens avec spécialisés, de nouer des contacts... + d’info patrimoine-ereac.com Brigitte Giraud Et peut-être même de trouver et Albin de la un emploi grâce à la rencontre avec Simone. des chefs d’entreprises et aux offres VENDREDI 25 MARS d’emplois qui seront proposées. Concert en duo ▶▷ Cité des Métiers des Côtes d’Armor + d’info 02 96 76 51 51 | citedesmetiers22.fr Yffiniac ▶▷ escales-de-binic.overblog.com DIMANCHE 1ER MAI SAM. 16 – DIM. 17 AVRIL Sur les pavés...les vélos Dinan Festival de la BD à Perros-Guirec Pour cette 50e édition, les organi- sateurs ont mis les grands moyens. Outre l’épreuve réservée aux profes- Le 23e festival de la Bande-Dessi- sionnels, les amateurs auront droit D.R. né mettra cette année à l’honneur, à des démonstrations de BMX (club Mandryka, créateur du célèbre de Quévert et école cycliste de Le duo Octanrion, avec Eléonore « concombre masqué ». Il sera en- Dinan), à une randonnée cyclo (or- Billy et Gaëdic Chambrier, apporte touré d’une quarantaine d’auteurs ganisée par l’Amicale Vélo Détente de une touche de modernité à la des différents courants de la BD. Dinan). Une tombola permettra enfin pratique d’instruments scandinaves À lire ou à découvrir, L’épervier, de suivre, dans une voiture VIP, une traditionnels et nous offre un voyage Moby Dick ou encore L’histoire de course dont les 70 derniers km seront musical avec des compositions la famille de Motordu. retransmis en direct sur France 3. et adaptations d’airs nordiques ▶▷ de 10h à 18h30 - Entrée: Une journée 4€, et celtiques. week-end 6€, gratuit moins de 6 ans ▶▷ + d’info avddinan22@orange.fr ou + d’info bdperros.com – 02 96 49 02 45 dinan-avdd22clubeo.com ▶▷ 20h30 – Salle Belvédère à Yffiniac + d’info 02 96 72 60 33 SAMEDI 26 MARS SAM. 23 – DIM. 24 AVRIL Le logiciel FÊTE DE LA libre en fête COQUILLE Lannion Grande fête numérique à la salle SAINT-JACQUES des Ursulines à Lannion le samedi À PAIMPOL 26 mars de 10 h à 18 h. Libre en Fête en Trégor est une journée dédiée Pour la première fois depuis sa création en 1992, au logiciel libre avec au programme la fête de la Coquille Saint-Jacques fait escale cette des animations, démonstrations, année dans le port de Paimpol. Un rendez-vous conférences, ateliers et échanges. festif et gastronomique avec dégustation et vente Les visiteurs pourront également de coquilles. Au menu musical, des artistes de rue, découvrir Dat’Armor, le portail fanfares, concert de chants de marins, le bagad de de l’open Data du département. Vannes, Les Ramoneurs de Menhirs, la Zmala et ▶▷ + d’info libre-en-fete-tregor.fr Cali, la tête d’affiche. Le samedi matin, démonstra- tion de danse bretonne par le Cercle Angela Duval. ▶▷ Concerts gratuits + d’info fetedelacoquille2016.wix.com/paimpol2016
10/ À LA UNE... Côtes d’Armor magazine Mélissa Plaza, joueuse de football et doctorante La tête et les jambes Mélissa Plaza pourrait bien devenir le premier docteur en sciences sociales joueuse de football professionnelle. À 27 ans, la doctorante milieu de terrain de l’En Avant est un exemple qui bouscule, à plus d’un titre, les stéréotypes. PHOTO THIERRY JEANDOT
N°150 / Mars - Avril 2016 À LA UNE / 11 D “ ans un laps de temps « Le sport est peut-être le dernier do- très court, Mélissa maine où les inégalités sont légitimées. On me traitait de Plaza peut vous par- Historiquement conçu par et pour les garçon manqué. J’ai ler de la recherche hommes, le sport est encore globalement simplement fait ce que universitaire, « c’est perçu comme une activité masculine. hyper intéressant, Beaucoup de filles n’en font pas parce j’avais envie de faire ça me plaît à fond » qu’elles estiment que ce n’est pas pour et enchaîner sur son prochain match elles. Cela relève pourtant d’une problé- de Coupe de France, « ça va être un matique de santé. La sédentarité est l’un certains n’entrent pas dans ces cases ». combat », « une baston ». L’une des bril- des gros problèmes du XXIe siècle ». Plutôt foot que poupée dans les lantes recrues de l’En Avant de Guin- Au carrefour de la psychologie sociale cours de récré, elle a dû naviguer à gamp pour cette saison (championne et cognitive, ses travaux passent au contre-courant. « On me traitait de gar- du monde universitaire, sélections en crible nos croyances, nos associations çon manqué. J’ai simplement fait ce que équipe de France...) est comme ça. d’idées et d’images, les mécanismes j’avais envie de faire. Je ne suis pas une Elle mène de front deux carrières qui conscients mais aussi inconscients qui personne manquée », vous lance-t-elle, à elles seules suffiraient à bien rem- influencent notre regard sur le monde. avec un sourire désarmant. plir une vie. D’un côté, le football dans Ils participent ainsi d’une grande re- l’élite française, ses sept entraînements mise en question culturelle. « Pourquoi Le foot comme exutoire hebdomadaires, les matchs et leurs tel sport est masculin ? Pourquoi tel autre Le parcours de cette universitaire spor- déplacements en car dignes, en durée, féminin ? C’est une construction sociale tive qui se définit comme « une bat- de voyages à l’autre bout du monde… de longue date. Les sports sont devenus tante, j’aime les défis », est d’autant plus De l’autre, un parcours universitaire en des territoires genrés, il est finalement remarquable que rien dans la vie ne lui passe d’aboutir à une thèse en sciences très difficile de pratiquer librement l’ac- a été servi sur un plateau. « Concernant sociales, un chemin de croix éprouvant tivité de son choix ». En clair, un homme la famille, c’était compliqué, mes parents vers un autre haut-niveau, celui des en- peut faire de la danse mais devra as- n’étaient pas des exemples », dit-elle avec seignants-chercheurs. sumer les soupçons d’homosexualité. pudeur. Le football lui est tombé des- Mélissa Plaza pointe également le « be- sus comme ça, sans environnement ou Le poids des stéréotypes soin de nos sociétés de déterminer les schéma familial favorable. « Il y a des Intellectuelle dans un sport encore très choses en les rangeant dans des cases. » photos de moi à trois ans où je shoote masculin et footeuse dans un labora- Pratique, le principe comporte ses effets dans une balle, j’aimais le ballon avec toire de recherche, Mélissa Plaza étu- pervers. « C’est un fonctionnement co- les pieds, pas avec les mains, c’est tout ». die, comme une évidence, le poids des gnitif qui simplifie le rapport à l’environ- Grâce à lui, elle fuit l’enceinte familiale stéréotypes sexués sur l’engagement, le nement mais évite d’avoir à faire preuve à 13 ans, débute une autre vie, « sym- non-engagement ou l’abandon sportif. d’ouverture d’esprit en imaginant que pa cette fois », en intégrant la section Mélissa Plaza en quelques dates Naissance le 28 juillet 1988 en Haute-Garonne 1997, première licence de football 2003-2009, Esofv La Roche 2009-2013, Montpellier HSC 2013-2015, Olympique lyonnais 2015-2016, EA Guingamp Palmarès 2008, demi-finaliste des Mondiaux des moins de 20 ans 2009, deux sélections en Équipe de France A 2014 et 2015, championne de France avec l’Olympique lyonnais 2015, championne du monde universitaire Mélissa Plaza est membre du labora- PHOTO GAELLE-ANDRE toire Epsylon, dynamique des capa- cités humaines et des conduites de santé à l’Université de Montpellier.
12 / À LA UNE Côtes d’Armor magazine jours de soi) intègre l’équipe de France ligaments croisés. D’autres pépins sui- des moins de 20 ans pour les Mon- vront, empêchant la joueuse, alors re- diaux au Chili. Son équipe se classe crue du mythique club de l’Olympique quatrième. Elle a joué (et bien) tous les lyonnais de donner la pleine mesure matchs, sa carrière pro est lancée. La de son talent. saison suivante, elle quitte la Vendée et son club de cœur, direction Montpellier Championne du monde et ses infrastructures professionnelles. Heureusement, à l’été 2015, malgré les Malgré une carrière sportive qui s’in- blessures à répétition, elle participe PHOTO THIERRY JEANDOT ternationalise, elle poursuit son cur- in extremis et remporte la Coupe du sus de Staps* au sein de la faculté de monde universitaire. Une première Montpellier. Là, « j’y ai vu un signe », un dans l’histoire du football féminin fran- laboratoire de recherche se penche en çais. « J’ai joué tous les matchs, c’était psychologie sociale, sur le lien entre les génial. Sur une photo où je pleure, on ne stéréotypes et l’engagement sportif. En sait pas si c’est de la joie ou de la rage, Sports-études de La Roche-sur-Yon. 2011, elle accepte le défi du concours c’est un mélange de tout ça ». « J’y ai rencontré des gens géniaux qui doctoral, avec une force de caractère Depuis cet été, Mélissa Plaza a rejoint m’ont remise dans le droit chemin. C’était qui en dit long. « Quand on m’a dit qu’il les rangs de l’En Avant de Guingamp la première fois que je me sentais bien, fallait finir major de promo et gagner ce pour se relancer et renouer avec du je trouvais un sens à ma vie. Le foot concours face à des étudiants en sciences temps de jeu. Elle a démarré l’ensei- m’a sauvée. Ça m’a toujours tirée vers dites dures… En psycho, je partais avec gnement en donnant quelques cours en le haut, c’était à la fois une quête et un quelques points de retard, c’était juste Staps à Saint-Brieuc et ne tardera pas exutoire ». parfait pour moi ! » Résultat : première à défendre les 300 pages de sa thèse. Si Mélissa Plaza fait ses premières appari- et concours décroché, « une revanche tout se passe bien, elle deviendrait le tions en première division avant d’avoir positive sur la vie ». premier docteur en sciences sociales 16 ans, sous les couleurs de l’Esofv La Vu d’ici, l’histoire est belle. Mais un tel joueuse de foot professionnelle. Ce Roche. En 2008, la milieu de terrain au investissement se paie. 2011 est aus- qu’aucun garçon n’a jamais fait... ◀ jeu élégant et rude (cela ne va pas tou- si l’année d’une première fracture des Yves Colin * Staps : sciences et techniques des activités physiques et sportives EN CHIFFRES 15% Le sport, ce miroir La part du sport féminin dans les programmes sportifs télévisés Le sport a toujours été le miroir de nos sociétés, ditions de pratique au niveau professionnel aux a certes doublé depuis 2012 mais elle un miroir grossissant, même. C’est ainsi qu’il antipodes de celles des garçons (notamment n’atteint pour le moment que 15 %. ne déroge pas à la règle des inégalités entre dans le football)… La médiatisation, elle-aussi, Signe d’encouragement, comme les sexes. Alors que sa pratique devrait rele- est le terrain ou s’exposent les inégalités. Inéga- le soulignait récemment l’ancienne secrétaire d’État chargée des Droits ver d’une approche de santé, de bien-être, deux lité dans le temps d’antenne et inégalité dans la des femmes, Pascale Boistard: périodes dans la vie d’une femme sont parti- manière. « On va très peu parler technique pour « Toutes les chaînes qui ont fait le pari culièrement critiques : l’adolescence, ce temps une femme, plutôt de son corps et de sa double vie de diffuser match foot féminin ont de construction identitaire où les stéréotypes de femme et de sportive », explique Sandy Mon- fait de grosses audiences ». sont autant de repères et la maternité (contrai- tañola, enseignant-chercheur à l’IUT de Lannion rement aux papas*). Bien sûr, une certaine fé- engagée dans un important projet de recherche minisation du sport est en à l’échelle nationale sur la responsabilité sociale marche. Elles sont de plus des journalistes sportifs. en plus nombreuses à être Outre l’éducation de chacun, dans le cercle fami- licenciées (+1,4 % depuis lial et à l’école, outre la contrainte législative déjà 2007*). Mais on reste loin votée d’une plus grande représentation féminine du compte : différences fi- dans les instances, une meilleure médiatisation, nancières parfois abyssales ce pan important de nos systèmes de représenta- pour des performances tion, pourra offrir au plus grand nombre autant pourtant égales, sous-re- d’exemples inspirants. Des exemples comme présentation criante des Mélissa Plaza pour interroger notre manière de femmes dans les instances voir, des exemples pour trouver cela possible, dirigeantes (elles sont seu- pour trouver cela normal... ◀ PHOTO THIERRY JEANDOT lement 12,5 % à occuper (*) Chiffres-clés – Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. des postes de directions L’essentiel. Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits dans les fédérations), con- des femmes. Édition 2015.
N°150 / Mars - Avril 2016 À LA UNE / 13 Des femmes et des sports ! Léna Bossard, Sandra Morcet, 36 ans, graphiste, mère de deux enfants, Louise et Joséphine. 24 ans, championne de Bretagne Joueuse et entraîneuse de basket à l’AL Saint-Carreuc. de boxe, une quarantaine de combats à son actif. « J’ai toujours fait du sport. Le but c’était d’être pépins de santé, j’ai continué à entraîner au club, avec les copines et de trouver une occupation le je marchais, essayais de trottiner. Le sport, ça fait « De plus en plus de filles nous rejoi- mercredi et le week-end. Au basket, le fait d’être juste du bien, ça vaut tous les massages en institut. gnent au club de boxe. Limite, parfois, ensemble depuis le primaire, personne n’a lâché. On s’arrange avec mon mari, lui en fait le lundi, on est plus de nanas que d’hommes à la On a joué ensemble jusqu’à nos 18 ans. Au collège, moi le mercredi. Mon père a fait du foot. Ma mère salle. La boxe s’est modernisée. J’ai com- je me suis aussi lancée dans l’athlétisme. J’ai fait était une anti-sportive qui s’est mise au footing mencé il y a une dizaine d’années. Alors, une pause sport après le bac, pendant mes études. après avoir lu qu’après 40 ans, on prenait 100 g. j’avais un ou deux combats par an. Dé- J’ai repris par du badminton alors que je travaillais chaque mois. Je l’ai accompagnée sur ses premiers sormais, je boxe plus que les hommes. à Marseille, pour rencontrer du monde. C’est là-bas 200 m, j’ai cru qu’elle allait y rester. Désormais elle La boxe féminine s’est beaucoup déve- que j’ai découvert l’escalade, je suis plutôt ‘sport-co’ fait des semi-marathons... » ◀ loppée, les organisateurs mettent l’ac- mais j’ai aimé apprendre à me dépasser cent sur les femmes. Ça attire plus de mentalement. On s’est inscrit dans un club public aussi. J’ai parfois encore l’impres- d’escalade à notre arrivée à Saint-Brieuc. sion de faire un sport d’hommes parce Louise est née en 2007. Après une petite que ça cogne et pour l’investissement ou pause – pour se faire à de nouvelles prio- la dureté du sport mais ce que je vois rités, – je me suis testée à l’aviron avant de sur les rings c’est que les femmes sont revenir à mes premiers amours : le basket ! plus courageuses que les hommes, alors J’ai retrouvé à l’AL Saint-Carreuc, où j’ha- l’un dans l’autre... bite, une équipe de nanas fou-furieuses Je suis venue à la boxe sur les conseils et un sport où j’ai mes marques. Le but de mes profs de collège. J’étais un peu PHOTO THIERRY JEANDOT était cette fois : perdre du poids, rencontrer turbulente, je commençais à ne pas aller du monde et d’avoir un temps pour moi. dans le bon sens. Ils m’ont conseillé de Joséphine est arrivée en 2010. Désormais faire un sport pour me défouler après on fait des matchs en semaine. Malgré des les cours et éviter de traîner en ville. J’ai poussé la porte du club de boxe avec une copine. Petit à petit, j’ai su donner trois-quatre coups de poing, un crochet Clémentine Dufay, passe, un gauche, on envisage un com- 35 ans, cardiologue au centre de réadaptation cardiaque de l’hôpital de Paimpol. bat... Premier combat gagné, haut la Mère de quatre enfants, Pauline, Alice, Elvire et Bertille, âgées de 5 mois à 8 ans et demi. main. Après, c’est l’envie de gagner. Si je n’y vais pas pendant quinze jours, l’esprit d’équipe, la technique, le jeu. Di- mon compagnon est le premier à me manche, j’étais à Nantes pour un tournoi dire qu’il est temps que j’y retourne. J’ai 100 % féminin de hockey-sur-gazon et besoin de me défouler, d’évacuer pour j’ai laissé mon mari avec mes quatre me sentir bien ». ◀ enfants. Je mesure ce que cela implique. C’est comme un accord tacite entre nous deux puisqu’on a toujours fait du sport. Lui est très trail-marathon, il part courir pendant deux, trois heures. Et moi, je PHOTO THIERRY JEANDOT vais de temps en temps faire du hockey avec mes copines. Ça fait partie de notre couple, on sait qu’il faut qu’on se laisse un peu de temps, l’un comme l’autre. Et puis c’est mon métier ! Je remets des « À partir du lycée, j’étais une des seules à conti- patients au sport dans le cadre de la rééducation nuer le sport. Et alors, en fac de médecine… Cette cardiaque quand ils ont subi un infarctus, un année, je fais du tennis (à défaut de pouvoir faire pontage ou une chirurgie cardiaque lourde. On du hockey-sur-gazon à proximité), le mardi soir, les incite à arrêter de fumer, on revoit leur ali- mon mari en fait le jeudi. Et, on court ou on fait mentation mais surtout, on les remet au sport ! du vélo une à deux fois par semaine. L’année D’innombrables études ont démontré l’intérêt de dernière je me suis essayée au volley, pour voir. l’activité physique pour diminuer la mortalité. PHOTO THIERRY JEANDOT Avant notre arrivée sur Saint-Brieuc (2014 ndlr), On a tendance à penser que les hommes sont j’ai aussi joué au handball avec des sensations plus exposés aux risques cardio-vasculaires mais proches du hockey. J’ai à la fois besoin de me dé- les femmes les rattrapent actuellement. Elles ont penser et, dans le sport-co, j’aime la compétition, donc tout autant besoin de sport ». ◀
14 / E BREZHONEG Côtes d’Armor magazine Consultez la version française de cet article ◀ + SUR cotesdarmor.fr Les révélations d’une coque sur sa vie en baie de Saint-Brieuc Ne blij ket d’ar c’hokouz bezañ ravanellet PHOTO THIERRY JEANDOT Équinoxe de mars : grandes marées et grands dangers pour des milliers de coques qui habitent dans le sable de nos côtes. Les féroces pêcheurs à pied viendront-ils les déloger ? Témoignage. V « Kokouz ha Itron Kokouzenn, ne gomzit ket a ran ’vez lâret Aodoù-an-Arvor bremañ ! taget gant ar c’hranked na gant ar chifre- rigadell a zo alies en un doare publik. Perak – a blij dimp ivez. tez. Pign ha diskenn, pign ha sil… Ur vuhez mat da stankañ ho peus asantet respont da Ha c’hwi ’oar e c’hall mab-den bezañ fen- simpl eo. ar foerell ! ». Côtes-d’Armor Magazine ? tus ? Selaouit ’ta. Tud zo o deus kredet Abalamour d’an Aotrou Kokouzenn ! Un aotrou on ! Da gen- kontañ an niver a gokouz. Aze ’vez pli- Petra a soñjit eus ar besketae- dro-lavar-se a Vro-Oueloù e plij tañ e rankit gouzout ec’h eo par(1) an han- jadur ! E bae Sant-Brieg e 2008 e oa bet rien ? d’an dud mont ter eus ar c’hokouz. Gant tud desket zo e kontet gant un den betek 2752 gokouzenn Al lonkerien-se ? Un druez ! Nevez zo ’m da gokousa ? vez graet diouzhimp gant un anv latin ivez, dre vetr karrez. Gwelloc’h c’hoazh gant un eus lennet en ul levr e veze dastumet mar plij ! Cerastoderma edule, taolit pled aotrou – o tont eus ar skol-veur mar plij bewech etre bep a 2,5 kg ha bep a 3 kg o tisklipañ : Ce-ras-to-der-ma e-du-le ! – aet war an aod war un enezenn e-maez kokouz gant an dud ac’h a war an aod. Da Petra ’oac’h o c’houlenn dija ? Ya, soñj ’m Alamagn. Poan benn ’n doa bet ’m eus aon lâret eo, evit bae Sant-Brieg nemetken, eus. Perak respont deoc’h ? Da gentañ rak kavet en doa 54 474 c’hokouzenn war etre 10 ha 13 tonennad bep bloaz, hep abalamour m’omp loened seven, ar pezh ur metrig karrez ! ’Vel vez lâret e Lokemo, kontañ ar besketaerien a-vicher ! Gwas- GERIA na vez ket gouvezet kement se. Bep taol lec’h ’oa Jul Gros o chom, ‘‘eno e oa ko- hoc’h c’hoazh e oa ar pezh a c’hoarveze en m’hon devez digarez da zigeriñ hon c’ho- kouz penegwir ne veze ken ’met kargañ ar Izelvroioù etre 1980 ha 2000 : batimantoù OUEG kouz dirakoc’h e vez evit bezañ poazhet voz(2) d’o’r’’. 30 metr o ravanelliñ(5) strad ar mor, kat (1) par ha lonket ganeoc’h… n’eo ket brav, me da besketa 50 000 tonennad bep bloaz. (2) mâle ’lâr deoc’h ! Kregin speredek omp-ni kouls- Penaos e tremen buhez ur Diskaret o deus tout ! Ha bremañ eo difen- boz creux koude ! gokezenn ? net kokousa mod-se. Digarezit ac’hanon, des mains Peurliesañ e vez mat pa vez uhel ar mor. Ar emañ ar mor o sevel ha poent eo din mont (3) silañ Ha gwir eo ec’h eo ledan familh reverzi ne blij ket din ! Re a besketaerien a da silañ dour. ◀ filtrer (4) pibenn ar c’hokouz ? vez, re a evned-mor o klask kokousa… ha Komzioù an ao. Kokouzenn dastumet siphon Ya vat ! Kokouz a vez kavet eus Norvej n’eo ket merc’heta ! Ni zo loened sioul, a zo gant Stéphanie Stol (5) ravanelliñ betek Senegal, da lâret eo lec’h m’emañ o vevañ en traezh hag o tremen hon amzer draguer (avec an traezh na re domm (a-us da 34 derez) o silañ(3) dour mor evit debriñ ha kreskiñ. un bateau) na re yen (dindan -7 derez). Un toullad Ganimp ’vez lakaet beg ar bibenn(4) war ÑEvit mont pelloc’h BULAIRE bras ouzhimp a vev e Mor Breizh, dreist c’horre an aod ; ur gouzoug berr eo ar bi- An Ao. Kokouzenn en deus lennet ul levr e VOCA holl kostez bae ar Somme ha war aodoù benn-se. Un treid hon eus evit pignat ha galleg, Les coques, biologie et exploitation, Kalvados. Aodoù-an-Hanternoz – ya ! goût diskenn en traezh. Evel-se ne vezomp ket Quae éditions, 2015, 20 €.
N°150 / Mars - Avril 2016 / 15 À SUIVRE I N I T I AT I V E S C O S TA R M O R I C A I N E S ACTIONS DÉPARTEMENTALES EN BREF Les criées ont Plœuc-l’Hermitage Inauguration le vent en poupe de la première Maison de services Les criées costarmoricaines tion de la quantité de 1 % et de la progression des tonnages au public d’Erquy et de Saint-Quay- la valeur de 7 % par rapport à sur le gisement principal de la Portrieux ont connu une très l’année précédente. baie de Saint-Brieuc. À quoi du département belle année 2015, la meilleure Fait marquant : les ventes de s’ajoutent des marées plus (MASP) depuis 2017. Au total, 23 151 coquilles Saint-Jacques ont nombreuses et un prix moyen tonnes de produits ont été progressé de 8 % en quantité assez élevé. On y trouve La Poste, la Carsat (Caisse vendus, pour une valeur de et de 10 % en valeur. Une évo- Si les ventes de poisson ont d’assurance retraite et de la santé au 60,2 M€. Soit une augmenta- lution principalement due à quant à elles baissé de 6 % en travail), la CPAM (assurance maladie), quantité, leur valeur progresse Pôle emploi et prochainement la CAF. La première Maison de services au néanmoins de 5 %, grâce à un public du département a été inaugurée prix moyen en augmentation au mois de janvier, à Plœuc-l’Hermi- de 12 %. tage, par le préfet Pierre Lambert. Pour Hausse importante des ven- Yvan Lévy, directeur de La Poste Haute tes de céphalopodes (+ 32 %). Bretagne, « cette démarche, engagée À relativiser toutefois, tant par l’État permet un service de proxi- l’année 2014 avait été catas- mité pour les habitants. Les chargés de trophique. clientèle de La Poste ont été formés afin Du côté de la flottille, on ob- d’accompagner les personnes accueil- serve un maintien du nombre lies. Cela contribuera à la réduction des de côtiers et une augmentation inégalités d’accès aux services et parti- cipera ainsi efficacement à la moderni- des hauturiers, avec une arri- sation de l’action publique ». Le préfet vée supplémentaire à Erquy. et Alain Cadec, président du Conseil À noter enfin que des navires départemental, ont salué cette initiative d’Erquy vendent désormais et souhaité qu’elle puisse essaimer dans régulièrement à la criée de d’autres territoires. Du reste, le Schéma Saint-Quay-Portrieux. Ce qui a départemental d’accessibilité des ser- pour effet d’optimiser le fonc- vices publics, en cours d’élaboration, en PHOTO THIERRY JEANDOT tionnement des deux sites. Et a repéré au moins sept en Côtes d’Ar- de conforter l’évolution vers mor. C’est Thibaut Guignard, premier une criée unique des Côtes vice-président du Conseil départemen- d’Armor. ◀ tal et maire de Plœuc-l’Hermitage, qui en a la charge, avec Michel Laborie, sous préfet de Dinan, au titre de l’État. Ports de commerce: légère baisse des tonnages Les ports de commerce costarmoricains ont connu une année 2015 en léger recul par rapport à 2014. En cause: une conjoncture économique toujours aussi peu favorable et une baisse de l’importation des produits pour l’alimentation animale. Le port du Légué à Saint-Brieuc a connu une activité de 339084 tonnes, avec PHOTO THIERRY JEANDOT des tonnages moyens par navire qui ne cessent de s’accroître. À Tréguier, légère baisse du trafic (38536 tonnes), notamment en raison de l’absence d’engrais cette année et d’une diminution du tonnage de ferrailles. À Pontrieux, l’activité du port - liée au trafic d’amendements - est passée de 13731 t en 2014 à 26 213t en 2015.
16 / À SUIVRE Côtes d’Armor magazine INITIATIVES COSTARMORICAINES ◀ Etalées sur une claie, les fleurs de souci sèchent tranquillement, avant d’intégrer les nombreuses tisanes confection- nées par Séverine Morin et Sandra Brigaud. Le Potager aux mille saveurs PHOTO THIERRY JEANDOT Le goût et les couleurs I En mai 2012, Sandra Brigaud l y a les parfums, mais aussi les et Séverine Morin créaient le Potager couleurs. Le séchoir de Séverine aux mille saveurs à Hillion. Morin et Sandra Brigaud recèle Les deux jeunes femmes ont fait une multitude de trésors. Sur les claies, le orange des fleurs de le choix audacieux de cultiver souci complète parfaitement l’azur pro- et de commercialiser des plantes fond du bleuet, tandis que l’odeur du médicinales et aromatiques bio. basilic se mêle à celle du laurier. « On Rencontre. les remue tous les jours, ce qui permet de les aérer. Le séchage se fait tout au long de la récolte, de mai à octobre, et dure entre trois et dix jours selon les plantes. Il y a des plantes qui démarrent plus ▶ tôt que d’autres Le Potager aux mille saveurs, c’est aussi une partie culture maraîchère bio: courges, “ Les gens sont dans la saison, ce qui nous permet contents de participer d’échelonner. On à l’économie du coin peut faire jusqu’à quatre coupes sur tomates, concombres, mâche, une plante, les dernières intervenant blettes, radis, en octobre. Les plantes sont ensuite en carottes, betteraves, repos végétatif tout l’hiver », explique oignons, échalotes Séverine Morin. et plantes Les deux jeunes femmes ont créé leur PHOTO THIERRY JEANDOT aromatiques entreprise en mai 2012, sous forme fraîches. d’EARL. « On se connaissait déjà, car on travaillait au sein de la même entre- prise, dans le végétal ornemental. On
N°150 / Mars - Avril 2016 À SUIVRE / 17 INITIATIVES COSTARMORICAINES fait tout nous-mêmes, du bouturage à la plantation, en passant par la trans- formation », précise quant à elle San- dra Brigaud. Relaxante, anti fatigue, bien-être… Une fois séchées, les plantes sont triées et mélangées pour confectionner des tisanes en sachets et des condiments en pots. Une vingtaine de tisanes sont ainsi proposées : relaxante, anti-fatigue, di- gestion, nuit calme, camomille, menthe poivrée, peau d’ange, thym, bien-être, menthe bergamote, verveine citron, etc. « Tout est question d’équilibre », assure Séverine Morin. Si les propriétés et le goût sont très importants, l’esthétique entre aussi en considération. « On es- saie de faire des mélanges de couleurs PHOTO THIERRY JEANDOT qui soient jolis, poursuit Séverine Mo- rin. Au début, on n’arrivait pas à vendre la tisane bien-être à base de camomille et de mélisse. Il a suffi de rajouter des pétales de rose pour qu’elle fasse désor- V mais partie de nos meilleures ventes ! » l’économie du coin », remarque Sandra. regrettent en rien leur choix d’installa- Séverine Morin et Côté condiments, une douzaine de ré- Les deux jeunes femmes disposent de tion. « J’aime faire les marchés, discuter Sandra Brigaud férences sont proposées. « Ce sont des 2,5 ha pour leurs cultures. Des terrains avec les gens qui posent des questions sur ont créé le Potager aux mille saveurs classiques, mais on est finalement très mis en location par les parents de Séve- les produits, faire déguster, être dehors en mai 2012. peu à faire des aromates en pots », sou- rine. « On a la chance de disposer d’une quand il y a un beau soleil. En plus, ce ligne Sandra Brigaud. bonne terre, riche en matière organique, qui est intéressant dans ce métier, c’est Les deux associées vendent directement en humus et en argile. Elle est équilibrée, qu’on ne fait jamais la même chose, car à la ferme, sur les marchés de produc- pas trop acide. Chaque type de plante va on intervient de la plantation jusqu’à la teurs l’été, à la Biocoop, à l’épicerie de y trouver le sol qui lui convient. On sait transformation », met en avant Séve- producteurs Le Local à Dahouët, au précisément où les mettre ». rine. D’ailleurs, chaque année, les deux Potager de Paulette à Plérin, via l’Amap Aux plantes médicinales et condi- agricultrices imaginent deux ou trois d’Erquy, les Voisins de paniers, ou ments vient également s’ajouter une mélanges nouveaux. Ou comment ne encore à la Binée paysanne. « Plus ça partie culture maraîchère bio : to- pas se reposer sur ses lauriers, fussent- va, plus le réseau s’élargit », se réjouit mates, concombres, mâche, blettes, ils séchés ! ◀ Laurent Le Baut Sandra. Et Séverine d’ajouter : « Il y a radis, carottes, betteraves, courges, beaucoup de jeunes qui démarrent et oignons, échalotes et plantes aroma- une vraie solidarité entre producteurs, si tiques fraîches. La vente se fait en direct bien qu’on échange nos contacts ». à la ferme, via la Binée paysanne, les ÑL’ adresse adress En outre, proposer un produit local, qui marchés, des épiceries, des associations Le Potag Potager plus est naturel, séduit de plus en plus comme la Cordée verte à Saint-Brieuc aux mille saveurs les consommateurs. « Les gens com- et « un peu en restauration scolaire avec 11 route d des Quilles mencent par goûter, puis ils reviennent l’agglomération briochine ». 22120 Hi Hillion car ils sont contents de participer à Aujourd’hui, Sandra et Séverine ne 06 23 81 84 50 Une vingtaine de tisanes Une vingtaine de tisanes sont proposées des noms qui accrochent, indique Sandra par le Potager aux mille saveurs: relaxante, Brigaud, sachant que la législation nous anti-fatigue, digestion, nuit calme, camo- interdit d’indiquer les vertus thérapeu- mille, menthe poivrée, peau d’ange, thym, tiques». Le Potager aux mille saveurs pro- PHOTO THIERRY JEANDOT bien-être, menthe bergamote, verveine pose aussi une gamme composée d’une citron, menthe forte, tilleul menthe, etc. douzaine d’aromates en pots. «Quand c’est possible, on essaie de trouver
18 / À SUIVRE Côtes d’Armor magazine - N°150 / Mars - Avril 2016 INITIATIVES COSTARMORICAINES V Arthur, Paul et Jane dans leur showroom Cores Art Nos rebuts, leur trésor PHOTO THIERRY JEANDOT Des meubles design fabriqués avec des matériaux de récupération, c’est ce que crée la jeune société Cores Art, qui s’est implantée l’année dernière à Pléneuf-Val-André. Un mélange abouti entre mobilier et art, le tout aux accents métissés du Brésil. C’ est à des milliers de kilo- triques, tourets de câblage, bidons in- franches et leurs couleurs ocres et san- mètres, au Brésil, que Jane dustriels... Dans l’atelier attenant à sa guines. Le mobilier d’art a un prix : on ÑPoint de vente Grieco a grandi. Là-bas, maison, le couple offre une seconde peut acquérir une lampe à partir de Showroom cette artiste dans l’âme nourrissait un vie à ces objets dénichés près de chez 95 €, et un fauteuil à partir de 950 € situé 2 rue rêve : venir en France. Formée aux lui. « Créer à partir de l’ancien ne va pas environ. « Nous travaillons à la com- du Maréchal Beaux-Arts à Sao Paulo, elle décide en de soi. Il faut nettoyer, transformer la mande, selon les besoins, explique Ar- Foch 22370 Pléneuf-Val-André 2005 de s’envoler pour matière, assembler... », thur. Nous sommes conscients que nous 02 96 64 60 73 le pays qui représente note Pierre, qui aime touchons des gens qui ont de l’argent ». “ 06 95 15 73 17 à ses yeux « le berceau Nettoyer, « les matériaux un peu Aujourd’hui, leur ambition est de dé- coresart.com de la civilisation, le pays transformer, abîmés, qui ont vécu. » velopper leur clientèle pour pouvoir de l’art et des musées ». Quant à Jane, loin vivre de leur activité. Et pourquoi pas, En France, elle ren- assembler... d’être un parti pris, la si les affaires prennent, ouvrir une Deux lampes contre Pierre Monne- récupération est une boutique à Paris. Au Brésil, « cores » créées rie, artiste musicien, breton bohème seconde nature. « Au Brésil, le recyclage signifie « lumière ». ◀ Stéphanie Prémel par l’entreprise autodidacte... et amoureux du Brésil. a toujours été roi chez les artistes, car les Cores Art, en Le couple s’installe à Pléneuf-Val-An- matériaux coûtent trop cher ». «100 % papier». W dré. Jane continue de peindre, d’expo- ser son travail, et se met à créer des Un showroom lampes. Pierre, bricoleur et débrouil- au cœur de Pléneuf lard, fabrique pour leur maison des En 2015, le couple décide de structu- meubles à partir de palettes. Un jour, rer son activité. Grâce à l’appui provi- une idée lui vient. « Je me suis mis à dentiel d’un ami, Jean-Michel Bréchet, fabriquer des supports en palette pour l’aventure de Cores Art démarre, avec les lampes de Jane ». De là, le couple 1 000 € de capital. En juillet, le fils, décide de conjuguer ses talents : tables Arthur, rejoint la société. « Commu- basses, fauteuils, mange-debout, rien nication, fabrication, gestion, Arthur ne résiste à la créativité débordante sait tout faire ! », affirme Pierre. De- de Pierre, qui fabrique, et de Jane, qui puis lors, la jeune entreprise multi- procède à la mise en peinture. plie les salons nationaux, et a ouvert PHOTO THIERRY JEANDOT Leurs créations ont toutes un point un showroom à Pléneuf. L’objectif, commun, elles ne sont réalisées assurer une visibilité à leurs meubles, qu’avec des matériaux récupérés. lampes et tableaux, tous marqués par Palettes en bois, bobines de fils élec- l’influence brésilienne avec leurs lignes Un fauteuil chez Jean-Paul Gaultier Ce n’est pas l’audace qui fait défaut au trio. Début janvier, ils se sont rendus à la boutique de Jean-Paul Gaultier pour lui remettre un fauteuil aux couleurs de la marinière, le vêtement fétiche du créateur. « Nous avons enveloppé notre fauteuil dans un beau paquet bleu avec un nœud blanc, et l’avons remis aux mains de son secrétaire général, qui nous a assuré que le maître des lieux découvrirait notre cadeau dès son retour, quelques heures plus tard ». La fin de l’histoire ne nous dit pas si le créateur passe désormais ses soirées assis dans son beau fauteuil bleu et blanc...
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