Fish & Chips Serie Charly Reinhardt Twink & Tweed - Fish & Chips Serie

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Charly Reinhardt

Fish & Chips Serie

  Twink & Tweed
N° ISBN Numérique : 978-2-493709-03-5
                                  © Charly Reinhardt 2022, tous droits réservés.
                           © Mmc - prodgraph et Stocksy, pour la présente couverture.
                                               Dépôt légal : Mai 2022
                                            Date de parution : Mai 2022
                           Site Internet : https://cha-raev.wixsite.com/charly-reinhardt

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À Marie.
Tu trouvais qu’il n’y avait pas encore assez de nous dans le dernier ?
                                                Challenge accepted !
Twink & Tweed
Chapitre 1

   Le miroir de poche refléta l’éclat d’un réverbère accroché aux strass des faux cils de Dave.
Même dans la lumière chiche de la ruelle assombrie par la nuit tombée et le rouge profond des
briques, les paillettes de son maquillage scintillaient avec une joyeuse effronterie. Il retoucha
son fard à paupières du bout de son index verni, effaçant une petite coulure de rien du tout, et
sortit son tube de rouge à lèvres pour terminer de se refaire une beauté.
   Une bourrasque plus frisquette que les autres piqueta d’une légère chair de poule la peau nue
de ses cuisses. Son short de cuir rouge ne le couvrait décidément pas assez au vu des
températures peu clémentes de ce mois d’octobre. Malgré ça, il n’aurait sacrifié sa pause clope
pour rien au monde. C’était son petit rituel à lui, cette cigarette. La seule qu’il s’autorisait de la
journée depuis qu’il avait décidé d’arrêter de fumer, quelques mois plus tôt.
   Sauf qu’une fois sa Malboro terminée, il était bon pour se remaquiller la bouche. Peu
importait, ça faisait aussi partie du rituel. Le bâton rouge vif glissa avec tendresse sur ses lèvres
pleines, en soulignant la pulpe. Cette couleur s’accordait bien à son teint d’Irlandais. « Plus
blanc qu’un cul », pour reprendre les mots de son frangin. Dave, lui, trouvait que ça lui donnait
un petit côté pin-up des années 50. A fortiori avec ce grain de beauté insolemment planté sur sa
joue gauche. Pile comme Marilyn…
   Le clapet du miroir de poche claqua et Dave rangea son bazar dans la petite pochette qui
l’accompagnait à chacune de ses pauses clopes-pompon, comme il les appelait. Alors qu’il
s’apprêtait à regagner la salle surchauffée du bar, la porte de service de l’établissement d’en
face s’ouvrit. Sean, l’un des serveurs, lui adressa un signe de la main que Dave retourna.
   Il avait toujours trouvé amusant que le Pink, haut lieu de rencontre pour la communauté
LGBT du coin, cohabite si bien avec le très convenable Rose and Crown, un gentlemen’s club
à la clientèle aussi huppée qu’irréprochable dans ses manières. C’était pourtant le cas et les
noctambules des deux mondes se croisaient à la sortie de leurs établissements respectifs dans
la plus béate indifférence. Ou comment faire coexister sur un coin de trottoir londonien vrais
aristocrates et drama queens d’un soir.
   Dave s’entendait très bien avec le personnel du club avec qui il échangeait quelquefois, au
hasard des pauses des uns et des autres. Le costume avait beau différer, leur boulot était le
même.
   Sean déposa trois sacs dans la benne à ordures commune aux deux établissements puis, après
un salut amical, s’en retourna à son service. Dave se dit qu’il était temps pour lui de mettre fin
à son break, d’autant que Nick l’attendait à l’intérieur, en compagnie de Jan et Tamy. Ses amis
étaient passés boire un verre, comme ils en avaient pris l’habitude depuis que leur petit groupe
s’était rencontré, et Dave avait hâte de leur raconter son abominable plan drague du week-end.
En dépit d’un manque cruel d’éloquence, le mec était plutôt prometteur avec sa carrure de
lutteur. Sauf qu’il s’était révélé aussi peu doué avec son outil qu’avec sa langue…
Dave s’apprêtait à rentrer lorsque des pas lourds et mal assurés résonnèrent. Ça, c’était plutôt
le registre de la clientèle du troisième établissement du secteur. Un pub pour le moins crasseux
et mal famé qui avait ouvert deux rues plus loin quelques mois plus tôt. Pour le coup, la
cohabitation était beaucoup moins aisée qu’avec ces messieurs de la haute. De quoi pousser le
Pink à recruter un nouveau videur, pas tant pour assurer la tranquillité à l’intérieur que pour
empêcher d’éventuelles intrusions mal intentionnées.
   Deux hommes apparurent au coin de la rue, à peine à quelques mètres de Dave, et se figèrent
en l’apercevant. Sans être aussi baraqués que son coup de la veille, ils étaient tout de même
bien bâtis. Enveloppés du triste halo de la bruine anglaise, les deux compères n’offraient pas
un tableau bien engageant.
    Dave se détourna dans l’espoir que les choses se tassent sans bobos s’il regagnait assez vite
l’intérieur. Mais comme il n’avait décidément pas de bol depuis quelques jours, ce fut là que
son talon aiguille se coinça dans un pavé et manqua de le faire trébucher. Des rires gras
s’élevèrent, aussitôt suivis des premiers quolibets.
   — Bah alors, ma mignonne ? Tu tiens plus debout ?
   — Ça, c’est parce que tu lui fais de l’effet, Pete ! Il a une tête à aimer les gros biscotos…
   Dave soupira. Tout en sachant que la situation risquait de dégénérer, il ne put s’empêcher de
répliquer du tac au tac. Et dire qu’il s’était promis de ne plus laisser son foutu sang d’Irlandais
le plonger tête la première dans les pires emmerdes…
   — Je préfère les grosses queues, mais ça n’a pas l’air au menu par ici…
    Le sens de sa répartie mit quelques secondes à atteindre le cerveau des deux idiots, un grand
rouquin au nez de patate et un petit brun courtaud et rubicond. La lumière crue des réverbères
et l’alcool consommé n’épargnaient rien à leurs visages déjà porcins.
   — Répète un peu pour voir, pédale ! gronda la patate.
   — Et en plus, c’est un lettré… T’en connais tout plein de mots, dis. C’est bien, la maîtresse
te donnera une jolie image, ricana Dave en les toisant du haut de son mètre quatre-vingt-dix.
   Il avait beau être épais comme une tringle à rideaux, sa taille lui permettait parfois d’en
imposer suffisamment pour désamorcer certaines situations. Le souci était que cela marchait
mieux quand il portait un jean et des baskets qu’habillé d’un micro-short et juché sur des talons
de douze centimètres.
   Les deux nigauds ne tinrent donc aucun compte du message silencieux. Ils n’avaient de toute
façon attendu qu’une opportunité pour chercher la bagarre. Dave soupira à nouveau en levant
les yeux au ciel tandis que Patate et Savate approchaient avec l’intention manifeste de lui faire
payer son insolence. Et son orientation sexuelle, au passage. Une histoire vieille comme le
monde. Ou, en ce qui concernait Dave, au moins aussi ancienne que sa passion pour les fards à
paupières et les chaussures à talons.
   Cependant, les gros lourdauds du genre de Patate et Savate ne se méfiaient jamais des gars
comme lui, ce qui constituait un avantage considérable. Ils avaient sans doute trop l’habitude
de voir le souffre-douleur de l’école s’écraser et encaisser. Ces mecs-là ne chassaient que les
proies faciles.
Ce qu’ils ignoraient, c’était que Dave n’en était pas une. Déjà, il avait grandi dans un quartier
bien pourri de Belfast, là où catholiques et protestants n’avaient pas tout à fait fini de se foutre
sur la gueule, là où les enfants se souvenaient encore de l’IRA autrement qu’à cause des
chansons de U2. Là où il ne faisait pas bon être une pédale sans défense.
   Heureusement, depuis toujours, il y avait Ian, son grand frère surprotecteur. Et flic…
   Ian qui avait insisté très tôt pour que Dave apprenne à se défendre, arguant qu’il ne serait
pas toujours là pour le protéger et coller des raclées aux autres mômes. Quand il y pensait, Dave
se disait souvent qu’il devait la vie à son frangin. En tout cas sa vie telle qu’il la connaissait et
avait pu la vivre. Sans Ian, l’existence du côté de Shankill Road aurait été bien plus compliquée.
Car plutôt que de toujours s’interposer, son frangin l’avait formé à rendre les coups sans
attendre que personne ne vienne à la rescousse. À se débrouiller par lui-même.
   Précisément ce qui était sur le point de se produire alors que Patate et Savate se déployaient
de part et d’autre de Dave pour le prendre en tenaille.
   — Viens par-là, espèce de petite pute. Je vais t’apprendre la politesse.
   Un sourire carnassier étira les lèvres maquillées de Dave. Il prit position, bien campé sur ses
talons, même s’il aurait préféré engager le combat juché sur des échasses un peu plus stables
que celles-ci. Il se concentra toutefois sur sa respiration et sa garde, prêt à esquiver le premier
assaut.
   Dans ce brouillard où s’éternisent les secondes, juste avant le combat, il enregistra le bruit
d’une porte ainsi que la voix polie du majordome du Rose and Crown. Sans doute Edwin
souhaitait-il une bonne soirée à l’un de ses clients. Savate dut le noter aussi, car il s’empressa
de tendre la main en direction de Dave, bien décidé à le happer tant qu’il n’y avait pas encore
de témoins. Il en fut pour ses frais et se laissa entraîner par son poids quand sa proie s’écarta
d’un vif pas chassé.
   — Mais qu’est-ce qui se passe ici ? demanda une voix grave.
   Sans doute le client du Rose and Crown.
   Dave ne lui accorda pas un regard et profita de la distraction momentanée de Savate pour
l’agripper afin de lui envoyer un bon coup de genou dans l’abdomen. L’homme se plia en deux
avec un gémissement sonore.
   Malheureusement pour Dave qui avait pris une seconde pour savourer la vision de son
agresseur au tapis, c’était au tour de Patate de charger. L’assaut imminent fut cependant dévié
lorsque le client du Rose and Crown s’interposa d’un splendide crochet du droit. Le
mouvement, exécuté à la perfection, tira un petit sifflement d’admiration à Dave.
    Force était d’ailleurs de reconnaître qu’en matière de chevalier blanc volant à sa rescousse,
il aurait pu bien plus mal tomber. Milord ne devait pas déparer au Rose and Crown avec sa
veste de costume bleu marine sur-mesure, son pantalon de lin écru et son impeccable chemise
boutonnée au col. Il appartenait également à la catégorie des hommes qui se bonifient avec
l’âge. Avec sa petite cinquantaine athlétique, il affichait la distance hautaine d’un Timothy
Dalton.
   En d’autres circonstances, Dave en aurait roucoulé. D’autant que le superbe crochet asséné
en guise d’entrée en matière n’avait rien eu d’accidentel. Jeu de jambes irréprochable, garde
splendide, Milord était un boxeur. Ou du moins avait-il pratiqué à un moment ou à un autre de
sa vie.
   Vaguement distrait par la présence de son preux chevalier, Dave ne vit pas tout de suite que
Savate s’apprêtait à revenir à la charge tandis que Milord occupait Patate. Profitant de cette
seconde d’inattention, Savate tenta de l’agripper par le bras, conscient que son allonge ne lui
permettrait pas de porter un coup à quelqu’un de bien plus grand que lui.
   Mauvaise idée…
   En un tir réflexe, la jambe droite de Dave partit en un high kick qui atteignit son adversaire
à la tempe. Bénis soient sa taille et ses talons ; il n’avait même pas eu besoin de s’étirer pour
porter le coup. Savate, engourdi par l’alcool et son abdomen toujours douloureux, se trouva
cueilli comme un fruit trop mûr. Titubant et étourdi, il recula en s’agrippant le crâne.
   — J’ai toujours rêvé de faire ça, gloussa Dave, fier comme un gosse.
   Pour un peu, il en aurait battu des mains.
   Il se rendit toutefois compte que Milord était en plus mauvaise posture que lui. Si Sa
Seigneurie savait boxer, Patate n’était pas non plus un débutant et le combat se poursuivait à
armes égales. D’ailleurs, chacun d’eux avait déjà pris un mauvais coup. L’œil droit de Patate
bleuissait et Milord saignait du nez.
    À en juger par la posture très académique de ce dernier, Dave se dit qu’ils risquaient d’être
encore là le lendemain. Maudits nobles et leur sens de l’honneur qui les obligeait à se battre à
la loyale… Les p’tits gars du Nord, eux, ne s’embarrassaient pas de ce genre de scrupules. Ils
avaient l’esprit pratique et l’habitude du combat de rue. Dave tapa sur l’épaule de Patate qui,
distrait, tourna la tête. Juste assez pour recevoir un uppercut en plein sous le menton qui le
sonna. Fier de lui, Dave recula et admira son œuvre.
   Patate et Savate l’observaient désormais avec une méfiance non dissimulée, à deux doigts
de recracher leurs dents sur le pavé. Dave leur sourit en arrangeant sa coiffure. Il ne manquerait
plus qu’il doive encore se remaquiller avec ces conneries…
   Ce fut l’instant que choisit Nick, sans doute alerté par la trop longue absence de son ami,
pour pousser la porte de service du Pink. Lui aussi avait trop souvent servi de punching-ball à
des types un peu trop étroits d’esprit pour ne pas comprendre de quoi il retournait. Il dégaina
son portable.
   — J’appelle les flics !
   Dave hésita à l’en dissuader. Non seulement parce que Patate et Savate, en entendant ça,
avaient déjà pris leurs jambes à leur cou, mais aussi parce que Ian, de service ce soir-là, en
aurait vent. Dave serait toujours reconnaissant à son grand frère de continuer à prendre soin de
lui, mais son aîné pouvait vite se montrer étouffant quand il s’inquiétait.
   — Nick, c’est bon. Ces deux abrutis se tirent.
   — Trop tard, claironna son exubérant ami en brandissant son téléphone.
   Nick connaissait assez Dave pour deviner la raison de sa réticence, mais il était également
bien trop droit dans ses bottes pour laisser une agression impunie. Dave, lui, se disait qu’avec
la dérouillée que venaient de se prendre ces deux péquenauds, ils ne risquaient pas de remettre
ça de sitôt. Ou en tout cas pas sans s’être assurés au préalable que leur victime se laisserait
docilement tabasser.
   Il adressa un geste de la main à Nick, l’air de dire « fais comme tu veux », et se tourna vers
son chevalier blanc. Milord ne disait rien et avait sorti de sa poche un mouchoir en tissu qu’il
avait plaqué sur son nez.
   Dave se porta à sa rencontre et posa sa main sur la manche de l’autre homme. Le vernis à
paillettes de ses ongles contrasta sur le tissu sombre. En levant la tête, il plongea dans un regard
bleu délavé qui le détaillait avec une retenue toute britannique.
   — Est-ce que tout va bien ? Comment vous sentez-vous ? lui demanda l’homme.
  Oh, ce petit accent de fils de bonne famille. L’aristocrate pure souche et son anglais de
Cambridge… Dave dut se retenir de glousser comme une écolière. En lieu et place de quoi, il
haussa un sourcil.
   — Je crois que c’est plutôt à vous qu’il faut le demander… Vous saignez.
    Milord se tata le visage avec précaution, grimaça un peu puis laissa retomber sa main en
écartant le mouchoir. Son nez n’avait pas l’air cassé, bien que déjà gonflé, lui donnant un petit
air de mauvais garçon alors qu’il affichait une raideur tout aristocratique. Même sa blessure ne
rompait pas tout à fait la sévérité de ses traits.
   D’où la surprise de Dave face à l’autodérision qui perça dans la voix de son interlocuteur.
   — Je vous remercie de vous être porté à mon secours, jeune homme. Je suis contraint
d’admettre que j’avais sous-estimé l’étendue de vos talents dans le maniement du talon aiguille.
   D’abord étonné de le voir prendre cette inversion des rôles avec une telle décontraction,
Dave lui offrit bien vite un petit rire. À cheval donné, on ne regarde pas les dents. Et si ce drôle
de gentleman avait décidé que sa virilité n’avait pas à prendre ombrage de l’intervention d’un
blondinet affublé de faux cils à strass, il n’en était que plus charmant.
   Ce fut d’ailleurs ce qui décida Dave à entraîner son sauveur vers une entrée d’immeuble
adjacente à la porte de service du bar.
   — Venez, j’habite juste au-dessus. On va désinfecter votre nez. Et je dois avoir assez de
glaçons pour vous faire une poche. Histoire que vous ne ressembliez pas à un pudding de noël
demain matin…
   Sa Seigneurie hésita un court instant.
  — Je promets de ne pas me servir de mes talons aiguilles sur vous…, plaisanta Dave. Je ne
cogne que les méchants.
   — Une chance. Vous avez aussi une sacrée droite…
   Tout en entraînant l’autre homme vers l’entrée de son immeuble, Dave adressa un nouveau
signe à Nick, resté en retrait, et que Nathaniel, son compagnon, avait rejoint. Les deux hommes
indiquèrent qu’ils allaient attendre l’arrivée des flics et s’occuper des premières formalités.
Dave les en remercia silencieusement.
    — Vous ne vous débrouillez pas mal non plus, dit-il à son invité. Joli crochet que vous avez
là. Club de boxe ? Cambridge ?
   — Perspicace avec ça. Eton. Il y a longtemps…
— Cambridge, Eton, c’était l’un ou l’autre…
    Ils entrèrent dans le hall un peu défraîchi de l’immeuble de Dave. Tout y était d’une propreté
méticuleuse, mais le temps avait patiné le bois des escaliers et les cuivres de la rampe. Le papier
peint aussi aurait eu besoin d’être changé, mais les copropriétaires ne cessaient de repousser les
travaux. Au fond, ils aimaient bien cette atmosphère douillette et un peu cosy que seul confère
le temps qui passe.
   Dave entraîna Sa Seigneurie vers la volée de marches.
   — Allez venez, Milord.
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