Folia Pharmaco-therapeutica - CBIP

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Folia
                       Pharmaco-        Maladie de Lyme: mise à jour
                       therapeutica     >>p. 37

                                        Voyages et médicaments
                                        - Bon usage des répulsifs
  Périodique mensuel                      >>p. 42
           Mai 2015                     - Diarrhée du voyageur
          Volume 42                       >>p. 44
           Numéro 5

                                        Informations récentes avril 2015:
                                        albiglutide, népafénac, ulipristal
                                        >>p. 45

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         P209156          www.cbip.be
CE MOIS-CI DANS LES FOLIA
Il existe ces derniers temps une polémique à propos de l’existence éventuelle d’une cer-
taine forme chronique de la maladie de Lyme et de ce que cela pourrait impliquer. Cette
polémique est parfois présentée par les médias de manière peu scientifique, à l’appui de
témoignages faisant sensation. Ce numéro des Folia propose, sur base d’une recommanda-
tion récente belge (BAPCOC), une synthèse basée sur des données scientifiques concer-
nant les tableaux cliniques de la maladie de Lyme en Belgique, et la façon de la prévenir
et de la traiter. Cet article aborde parfois aussi de manière quelque peu approfondie des
aspects qui sortent peut-être du cadre pharmacothérapeutique, mais qui nous paraissent
utiles pour permettre au lecteur d’avoir une vision suffisamment large et de faire la part des
choses entre les affirmations pseudo-scientifiques et réellement scientifiques.

A l’approche de la saison des voyages, parfois dans des contrées lointaines, il nous paraît
utile d’actualiser l’ information à propos des répulsifs et de la diarrhée du voyageur. Ce
numéro des Folia a pour objectif d’apporter au lecteur le support nécessaire pour pouvoir
conseiller correctement les voyageurs.

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ADRESSES DE CORRESPONDANCE                            COMITÉ DE RÉDACTION
Rédaction                                             T. Christiaens (Universiteit Gent), G. De Loof (Domus Medica) et
(à propos du contenu des publications du CBIP)        J.M. Maloteaux (Université Catholique de Louvain), rédacteurs en chef
CBIP
c/o Campus Heymans - Blok B, 1er étage
De Pintelaan 185, 9000 Gent                           M.H. Antoine (Université Libre de Bruxelles),G. Beuken (Société Scientifique de
E-mail: redaction@cbip.be                             Médecine Générale), M. Bogaert (Universiteit Gent), D. Boudry, W. Buylaert
                                                      (Universiteit Gent), A. Crepel, P. De Paepe (Universiteit Gent), N. Fierens, L. Hamtiaux,
Administration et problèmes techniques                G. Laekeman (Katholieke Universiteit Leuven), I. Latour, D. Leyh (Agence Fédérale des
CBIP                                                  Médicaments et des Produits de Santé), T. Roisin (Centre Belge de Pharmacovigilance),
c/o Agence Fédérale des Médicaments et
    des Produits de Santé (AFMPS)
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MALADIE DE LYME: MISE À JOUR
  La Commission belge de coordination de la politique antibiotique (BAPCOC), en
  concertation avec la Société Belge d’Infectiologie et de Microbiologie Clinique, a
  publié récemment un document sur la maladie de Lyme (syn. borréliose de Lyme
  ou simplement borréliose), reposant sur les données scientifiques les plus récentes.
  La surveillance sérologique et clinique montre que le nombre de cas de maladie de
  Lyme est resté assez stable ces 10 dernières années. La prévention primaire consis-
  tant à éviter les morsures de tiques est la meilleure prophylaxie; une prophylaxie
  antibiotique n’est utile que dans des cas exceptionnels. En cas de manifestations cli-
  niques de la maladie de Lyme, un traitement antibiotique est toujours indiqué, mais
  pour poser le diagnostic, il est essentiel de prendre en compte le contexte clinique
  et épidémiologique, surtout dans les formes précoces de la maladie. Pour le dia-
  gnostic des formes tardives, outre les manifestations cliniques, la sérologie et l’ana-
  lyse du liquide cérébrospinal (concernant la neuroborréliose) sont déterminantes.

La directive de BAPCOC sur la maladie de                         meilleur moyen de prévenir les morsures de
Lyme (syn. borréliose de Lyme ou simple-                         tiques est de porter des vêtements couvrants
ment borréliose)1 a été rédigée suite à une                      (pantalon, chaussettes, longues manches, ...)
controverse concernant “la maladie de Lyme                       et d’appliquer toutes les 2 à 3 heures un ré-
chronique”, un concept qui n’est pas claire-                     pulsif de type DEET 20-50 % sur la peau
ment défini, et qui est parfois pris en charge                   exposée, en évitant le visage et les mains.
par de longues cures d’antibiotiques, sou-                       Chez les femmes enceintes et les enfants, la
vent avec différents antibiotiques: il n’existe                  concentration maximale est de 30 %, et il
aucune preuve scientifique étayant une telle                     est préférable de rincer le DEET lorsqu’une
approche, et l’antibiothérapie peut être à l’ori-                protection n’est plus requise. Pour les profes-
gine d’effets indésirables parfois graves.                       sions à risque, on recommande d’appliquer
                                                                 de la perméthrine sur les vêtements de tra-
1. Transmission et épidémiologie                                 vail. Après une activité extérieure, il convient
Borrelia burgdorferi, le spirochète responsable de               de procéder à une inspection afin de vérifier
la maladie de Lyme, est transmis à l’homme par                   la présence de tiques sur le corps et de les
une morsure de tique infectée. La surveillance                   retirer dès que possible par une technique
sérologique et clinique montre que le nombre                     adéquate (pince, crochet ou lasso à tiques; ne
de cas de maladie de Lyme est resté assez stable                 pas utiliser d’éther ou de pince à épiler).
ces 10 dernières années. Pour plus de détails:                   - Après une morsure de tique survenue en
voir l’article intégral sur notre site Web.                      Belgique, il n’est pas recommandé d’admi-
                                                                 nistrer une prophylaxie antibiotique. Bien
2. Prévention et prophylaxie                                    que l’administration d’une dose unique de
    médicamenteuse                                               200 mg de doxycycline dans les 72 heures
- Lors d’activités extérieures, plus particu-                    après la morsure de tique diminue le risque
lièrement pendant la période à risque, le                        de manifestations cliniques (de 3,2 à 0,4 %),
1 La directive est disponible sur le site Web du BAPCOC (www.health.belgium.be/antibiotics) sous les rubriques
  “Pratique ambulatoire” et “Médecine hospitalière”.

Folia Pharmacotherapeutica   42,   mai 2015   •   www.cbip.be                                                37
ce bénéfice n’est observé qu’en présence             l’efficacité clinique du traitement; il n’est
des trois conditions suivantes réunies: (1) si       donc pas justifié de suivre le taux d’anticorps.
le taux d’infestation des tiques par Borrelia        - Le contexte clinique et épidémiologique
spp. dépasse 20 %; en Belgique, en moyenne           est essentiel pour le diagnostic des formes
12 % seulement des tiques sont infectées             précoces de la maladie de Lyme. Pour les
par Borrelia spp. (écarts 2,8% à 21,6%), (2)         formes plus tardives, la sérologie a aussi une
si la tique n’est enlevée qu’après 24 heures         place importante.
ou plus tardivement et (3) si la tique est au        - Pour confirmer une neuroborréliose, une
stade de nymphe.                                     synthèse intrathécale d’anticorps doit être
- Il est par contre recommandé, en cas de            prouvée, ce qui nécessite une ponction
morsure de tique documentée ou suspectée,            lombaire.
d’assurer un suivi clinique pendant 30 jours,        - Les anticorps IgG n’ont pas d’effet pro-
afin de s’assurer de l’absence de développe-         tecteur et ne permettent donc pas d’éviter
ment de manifestations cliniques de la mala-         une nouvelle infection.
die de Lyme. Après une morsure de tique, un          - Toutes les manifestations cliniques de la ma-
suivi sérologique ne se justifie pas en l’ab-        ladie de Lyme doivent être traitées de manière
sence de symptômes de la maladie de Lyme.            ciblée par des antibiotiques. Pour Borrelia spp.,
                                                     aucune résistance aux antibiotiques n’a été
3. Tableau clinique, diagnostic et                   rapportée à ce jour. Si une antibiothérapie cor-
traitement                                           recte n’aboutit pas à une guérison (complète),
- Plus de la moitié des patients présentant          il convient de revoir le diagnostic. Il n’est pas
des symptômes cliniques de la maladie de             recommandé de prolonger la durée du traite-
Lyme ne se rappellent pas avoir été mordus           ment ni de combiner des antibiotiques, l’effi-
par une tique. Il conviendra donc de tenir           cacité de telles mesures n’ayant pas été prouvée.
compte, lors du diagnostic, de la probabi-
lité d’une morsure de tique (activités exté-         3.1.	Réactions à une morsure de tique
rieures, régions visitées, ...).                     Comme toute piqûre d’insecte, une morsure
- Un grand nombre de patients ayant été              de tique peut donner lieu dans les 2 jours à
exposés à Borrelia ne développeront jamais           une réaction érythémateuse locale, générale-
de symptômes cliniques, mais produiront              ment prurigineuse: ce n’est pas un symptôme
toutefois des anticorps spécifiques (IgG).           de la maladie de Lyme. Une surinfection bac-
Dans certaines catégories de personnes (fo-          térienne de la lésion peut survenir.
restiers, travail ou loisirs dans la nature, ...),
cela peut concerner jusqu’à 50 % des per-            3.2.	Maladie de Lyme localisée précoce
sonnes. Une sérologie positive sans symp-            Le diagnostic des formes localisées précoces
tômes caractéristiques n’indique donc pas            de la maladie de Lyme repose sur le tableau
une infection active.                                clinique et l’épidémiologie. Une sérologie
- La sérologie peut rester positive pendant          n’est pas indiquée étant donné que celle-ci
des années, même en cas de traitement anti-          sera encore souvent négative à ce stade de la
biotique. Il n’y a pas de relation claire entre      maladie. Le traitement des formes localisées
la diminution du taux d’anticorps après un           précoces de la maladie de Lyme est résumé
traitement chez un patient en particulier et         dans le Tableau 1.

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3.2.1. Erythème migrant                                          les lésions disparaissent généralement au
Dans nos régions, l’érythème migrant                             cours du premier mois, mais un traitement
constitue la forme la plus fréquente de la                       antibiotique permet d’accélérer la guérison,
maladie de Lyme (77 à 85 % des cas de                            et s’avère nécessaire en prévention d’une
maladie de Lyme avec des signes cliniques).                      forme disséminée.
Cette lésion cutanée érythémateuse, avec
ou sans éclaircissement central, apparaît                        3.2.2.	Lymphocytome borrélien
dans les 3 à 30 jours (habituellement 7 à 14                     Il s’agit d’une lésion bénigne et rare (1 à
jours) après la morsure de tique et s’étend                      3 % des cas de maladie de Lyme avec des
de 5 cm à parfois plus de 30 cm de dia-                          signes cliniques) qui apparaît, générale-
mètre. La lésion cutanée se situe souvent                        ment un à six mois après la morsure de
dans un pli cutané (creux axillaire, creux                       tique, sous forme d’un nodule bleu-rouge
poplité, pli de l’aine, périnée), sur le dos ou                  de 1 à 5 cm de diamètre sans autres symp-
sur les fesses, et chez les enfants surtout aus-                 tômes locaux. Les enfants sont le plus sou-
si au niveau de la tête (nuque, cuir cheve-                      vent atteints, surtout au niveau du pavillon
lu, derrière l’oreille). La lésion est souvent                   de l’oreille, mais cette lésion se rencontre
asymptomatique, mais elle s’accompagne                           également chez l’adulte au niveau du ma-
parfois d’une douleur locale, d’une sensa-                       melon ou du scrotum. La lésion peut dis-
tion de brûlure ou de démangeaisons. Dans                        paraître spontanément en quelques mois.
10 à 30 % des cas, des symptômes généraux                        Une antibiothérapie permet d’accélérer
apparaissent également (douleur muscu-                           la guérison, avec généralement dispari-
laire, douleur articulaire, légère fièvre, fa-                   tion de la lésion au cours du premier mois.
tigue, adénopathie). Même sans traitement,

Tableau 1. Traitement des formes localisées précoces de la maladie de Lyme
 Antibiotique            Posologie adulte                        Posologie enfant                     Durée de
                                                                                                      raitement
 1er choix: Doxycy-      100 mg 2 x/j                            4 mg/kg/j en 2 prises (max.          10 jours2
 cline1                                                          100 mg/prise)
 2e choix:               500 mg 3 x/j                            50 mg/kg/j en 3 prises (max.         14 jours3
 Amoxicilline                                                    500 mg/prise)
 3e choix:               500 mg 2 x/j                            30 mg/kg/j en 2 prises (max.         14 jours3
 Céfuroxime axétil                                               500 mg/prise)
 4e choix:               Azithromycine5                          20 mg/kg en 1 prise le premier       5 ou 7 jours
 Macrolides4             1 g le premier jour, suivi de           jour, suivi de 10 mg/kg/j en 1 prise
                         500 mg/j pendant 4 jours, ou            pendant 4 jours
                         500 mg/j pendant 7 jours

                         Clarithromycine 500 mg 2 x/j            15 mg/kg/j en 2 prises               14 jours3

1 Contre-indiquée en cas de grossesse et chez les enfants âgés de moins de 8 ans.
2 Dans les études, il n’y a pas de différence entre 10 et 14 jours de traitement par la doxycycline.
3 Certains experts préconisent jusqu’à 21 jours en présence de multiples érythèmes migrants, mais il n’y a pas d’études
  établissant la supériorité par rapport à 14 jours.
4 Certaines études révèlent une efficacité équivalente, mais d’autres pas.
5 Il existe deux schémas pour l’azithromycine, ceux-ci n’ont pas fait l’objet d’études cliniques comparatives.

Folia Pharmacotherapeutica   42,   mai 2015   •   www.cbip.be                                                       39
3.3.	Maladie de Lyme disséminée                  ciée à une méningite lymphocytaire sur-
       précoce                                    vient moins fréquemment (un quart des
Ces manifestations apparaissent quelques          cas des formes neurologiques chez l’en-
semaines à quelques mois après la morsure         fant), et s’accompagne souvent d’un syn-
de tique. Elles peuvent apparaître sans qu’il     drome méningé peu prononcé (céphalées).
n’y ait eu d’érythème migrant au préalable.       - Chez l’adulte, il s’agit le plus souvent d’une
Elles surviennent suite à la propagation par      méningo-radiculite qui se caractérise par
voie hématogène du spirochète pouvant             une douleur radiculaire (plus de 75 % des
ainsi atteindre la peau, le système nerveux,      patients ayant présenté une neuroborréliose
les articulations, le cœur et exceptionnelle-     précoce) et/ou une parésie (environ 60 %).
ment d’autres organes (yeux, foie, …). Le         La douleur peut persister pendant quelques
traitement de l’érythème migrant multiple         semaines et répond mal au traitement par
et de la neuroborréliose précoce est résumé       AINS. La parésie peut atteindre les nerfs
dans le Tableau 2.                                crâniens, avec parésie faciale; une parésie de
                                                  la paroi abdominale ou des membres infé-
3.3.1. Erythème migrant multiple                  rieurs est possible. Des céphalées sont fré-
Il s’agit de lésions secondaires généralement     quentes en cas de neuroborréliose (> 40 %),
moins importantes que la lésion au niveau         mais des céphalées prononcées sans douleur
de la morsure, et qui apparaissent quelque        radiculaire ou parésie sont rares chez l’adulte.
jours à quelques semaines après la mor-           - En cas de sérologie positive ou de séro-
sure de tique. Les lésions apparaissent, évo-     logie négative avec une forte suspicion de
luent et disparaissent spontanément sur une       neuroborréliose, il est indiqué d’effectuer
courte période. Elles sont souvent accom-         une ponction lombaire et de contrôler une
pagnées de symptômes généraux (douleur            éventuelle synthèse intrathécale d’anticorps.
musculaire, douleur articulaire, légère fièvre,   - Un traitement antibiotique n’a que peu
fatigue, adénopathie). Selon les sources, 4 à     d’impact sur l’évolution d’une parésie faciale,
20 % des cas d’érythème migrant sont mul-         mais la plupart des études montrent toutefois
tiples.                                           pour les autres manifestations une amélio-
                                                  ration significative en quelques semaines à
3.3.2. Neuroborréliose précoce                    quelques mois grâce à l’antibiothérapie. La
- Dans nos régions, une neuroborréliose           récupération est presque toujours complète,
précoce se manifeste dans 3 à 15 % des cas        mais 5 à 10% des patients correctement trai-
de maladie de Lyme avec des signes cli-           tés présentent néanmoins des séquelles.
niques. La neuroborréliose précoce appa-          - Des études scandinaves récentes ont mon-
raît quelques semaines (ou mois) après la         tré que la doxycycline semble aussi efficace
morsure de tique et peut donc apparaître          que la ceftriaxone dans le traitement de
au même moment que l’érythème migrant.            la neuroborréliose précoce. Le nombre de
Plusieurs manifestations sont possibles.          patients sévèrement atteints (encéphalite,
- Chez l’enfant, la parésie faciale, parfois      encéphalomyélite) étant peu élevé dans ces
bilatérale, est la forme la plus fréquente (au    études, certains experts optent quand même
moins 50 % des formes neurologiques).             pour la ceftriaxone en cas de formes sévères,
Une atteinte d’autres nerfs crâniens asso-        dans l’attente de données plus fiables.

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Tableau 2. Traitement de l’érythème migrant multiple et de la neuroborréliose précoce
 Antibiotique            Posologie adulte            Posologie enfant                              Durée de traitement
 Doxycycline 1           100 mg 2 x/j                4-8 mg/kg/j en 2 prises (max. 100 mg/prise)   14 jours2
 Ceftriaxone             2 g 1 x/j                   100 mg/kg/j en 1 prise (max. 2 g)             14 jours2

1 Contre-indiquée en cas de grossesse et chez les enfants âgés de moins de 8 ans.
2 Certains experts préconisent jusqu'a 21 jours en présence de multiples érythèmes migrants, mais il n'y a pas d'études
  établissant la supériorité par rapport à 14 jours.

3.3.3. Cardite                                                    - Sans traitement, l’arthrite peut persis-
La cardite est rare (1-5 % des manifestations                     ter pendant plusieurs mois voire plusieurs
cliniques). Pour plus de détails: voir l’article                  années. Avec un traitement, la réponse est
sur notre site Web.                                               généralement complète, mais ne se mani-
                                                                  feste parfois qu’après quelques mois. La
3.4.	  Maladie de Lyme disséminée tardive                        doxycycline ou l’amoxicilline est le pre-
3.4.1. Arthrite de Lyme                                           mier choix. En cas de réponse incomplète,
- L’arthrite peut se manifester quelques mois                     on peut opter soit pour la ceftriaxone, soit
à quelques années après la morsure de tique.                      pour une deuxième cure orale d’antibio-
Il s’agit d’une synovite avec douleur modé-                       tiques pendant 28 jours. Un nombre limité
rée et gonflement de l’articulation, le plus                      de patients (< 10 %) sont confrontés à une
souvent au niveau du genou.                                       synovite inflammatoire persistante (qui sur-
- La sérologie est positive. L’analyse du liquide                 vient surtout dans les formes américaines).
synovial après ponction articulaire (utile pour                   Un traitement par des AINS ou des corti-
le diagnostic différentiel) montre en moyenne                     costéroïdes intra-articulaires peut être envi-
25.000 (500-100.000) globules blancs/mm3                          sagé. Le traitement de l’arthrite de Lyme est
avec une prépondérance de neutrophiles.                           résumé dans le Tableau 3.
Tableau 3. Traitement de l’arthrite de Lyme
 Antibiotique            Posologie adulte            Posologie enfant                              Durée de traitement
 Doxycycline 1           100 mg 2 x/j                4 mg/kg/j en 2 prises (max. 100 mg/prise)     28 jours
 Amoxicilline            500 mg 3 x/j                50 mg/kg/j en 3 prises (max. 500 mg/prise)    28 jours
 Ceftriaxone             2 g 1 x/j                   100 mg/kg/j en 1 prise (max. 2 g)             14 à 28 jours

1 Contre-indiquée en cas de grossesse et chez les enfants âgés de moins de 8 ans.

3.4.2.	Acrodermatite chronique atrophiante ou                    3.4.3. Neuroborréliose tardive
       maladie de Pick-Herxeimer                                  Il s’agit d’une manifestation rare (< 5 % des
Cette affection touche surtout les femmes et                      formes neurologiques). Pour plus de détails:
est peu fréquente (< 5% des cas de maladie                        voir l’article sur notre site Web.
de Lyme avec des signes cliniques). Pour plus
de détails: voir l’article sur notre site Web.                    3.4.4.	Maladie de Lyme chronique et
                                                                         syndrome post-Lyme
                                                                  - Le concept de « maladie de Lyme chro-
                                                                  nique » n’est pas clairement défini et il est

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préférable de ne pas utiliser ce terme vu                  fait également l’objet de controverses. De
qu’il n’a pas été prouvé que l’infection                   plus, il n’est pas prouvé que ces symptômes
peut résister à une antibiothérapie correcte.              aspécifiques surviennent plus fréquemment
- Certains patients présentent toutefois en-               chez ces patients par rapport à la population
core des symptômes après le traitement. Il                 générale. On ne connaît actuellement pas
peut s’agir de séquelles de l’infection, mais              le mécanisme physiopathologique pouvant
dans la plupart des cas il s’agit de symptômes             expliquer ce concept. Différentes hypo-
aspécifiques tels fatigue, douleurs musculo­               thèses ont été avancées (processus auto-
squelettiques, problèmes de concentration,                 immun, perturbation des cytokines, résis-
céphalées et troubles de la mémoire.                       tance amoindrie, …), sans conclusions
- Le concept de «syndrome post-Lyme »                      claires à ce jour. En aucun cas, il n’a été
est utilisé chez des patients qui présentent               prouvé qu’une antibiothérapie prolongée
de tels symptômes depuis au moins six                      ou répétée pourrait être utile. Celle-ci ex-
mois après un diagnostic initial correct et                poserait le patient inutilement à une toxi-
un traitement adéquat. Ce terme doit être                  cité potentielle, à des effets indésirables et
utilisé avec prudence vu que ce concept                    au développement de bactéries résistantes.

             VOYAGES ET MÉDICAMENTS: BON USAGE DES RÉPULSIFS
  L’application d’un répulsif sur la peau constitue une mesure de prévention impor-
  tante contre certaines maladies tropicales causées par des virus, des parasites et,
  dans une moindre mesure, des bactéries, qui sont transmis par des moustiques, des
  tiques ou des mouches des sables. Le DEET 20-50 %, le PMD 30 % et l’icaridine
  20-50% sont des options bien étayées; l’IR3535 20% est une autre possibilité mais
  la durée d’action de l’IR3535 contre les moustiques Anopheles est trop courte pour
  en recommander l’usage en prévention de la malaria.

Certaines maladies tropicales causées par                  sur les zones non couvertes. Ce texte traite
des virus, des parasites ou des bactéries                  du bon usage des répulsifs, et se base sur un
sont transmises par des morsures de mous-                  article paru dans The BMJ ainsi que sur les
tiques, de mouches ou de tiques (arthropod-                recommandations belges à ce sujet (Institut
borne diseases). Il est dès lors important de              de Médecine Tropicale et Groupe d’Etude
recourir à des mesures insectifuges pour                   Scientifique de la Médecine des Voyages)1.
prévenir ces maladies: le port de vêtements                L’usage de répulsifs ne change en rien la
couvrants (éventuellement imprégnés de                     nécessité de recourir à d’autres mesures de
l’insecticide perméthrine), l’utilisation de               prévention importantes telles que la pro-
moustiquaires (de préférence imprégnées                    phylaxie médicamenteuse de la malaria.
des insecticides perméthrine ou delthamé-                  Le principe actif et le dosage (concentra-
thrine), ou l’application cutanée de répulsifs             tion exprimée en %) sont déterminants en
1 Le BMJ 2015;350:h99 (doi:10.1136/bmj.h99); site Web de l’Institut de Médecine Tropicale www.itg.be > Médecine
  des voyages > “Maladies et vaccinations” et “Informations pour experts” (entre autres documents du Groupe d’Etude
  Scientifique de la Médecine des Voyages)

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ce qui concerne l’efficacité et la durée de                      répulsif avec de l’eau, certainement chez les
protection d’un répulsif.                                        femmes enceintes et les enfants.
- Pour le DEET (20-50 %; chez les enfants                        - Dans des conditions chaudes et humides
et les femmes enceintes: 20-30%), le PMD                         et par vent fort, la durée de protection
(30 %) et l’icaridine (20-50 %) appliqués                        est généralement moins longue et des
localement, p.ex. en spray ou en lotion, il                      applications plus fréquentes peuvent être
existe suffisamment de preuves d’un effet                        nécessaires. La sueur diminue également
protecteur contre les morsures de mous-                          l’efficacité du répulsif.
tiques du genre Aedes (vecteur de la dengue,                     - Le DEET est considéré comme sûr lorsqu’il
fièvre jaune et chikungunya), Anopheles                          est correctement utilisé (respect de la dose,
(vecteur de la malaria) et Culex (vecteur de                     éviter le contact avec les yeux etc.). Une irri-
l’encéphalite japonaise et virus West Nile).                     tation cutanée peut toutefois survenir. Des
- L’IR3535 (20 %) a été moins largement                          effets toxiques sévères du DEET (entre autres
étudié que les autres répulsifs; il protège                      convulsions, encéphalopathie) ont été décrits
contre les moustiques du genre Aedes et                          en cas de mauvaise utilisation (application
Culex, mais la durée de protection contre                        abondante sur la peau, prise systémique, in-
les moustiques Anopheles est trop courte                         halation directe, contact avec les yeux), sur-
pour en recommander l’usage dans des ré-                         tout chez l’enfant. Les autres répulsifs (PMD,
gions où la malaria est endémique.                               icaridine et IR3535) sont également consi-
- Ces quatre répulsifs peuvent également                         dérés comme sûrs lorsqu’ils sont correcte-
être utilisés pour lutter contre les mouches                     ment utilisés, mais ils ont été moins étudiés.
des sables (vecteur de Leishmaniose); il                         - Le moment optimal pour appliquer le ré-
ne confèrent qu’une protection modé-                             pulsif dépend des moustiques à combattre (les
rée contre les tiques (vecteur entre autres                      moustiques Anopheles et Culex piquent entre
d’encéphalite à tique et de la maladie de                        le coucher et le lever du soleil, les moustiques
Lyme); ils ne protègent pas suffisamment                         Aedes piquent pendant la journée).
contre les mouches tsé-tsé (vecteur de la                        - Par prudence, l’application chez les enfants
maladie du sommeil).                                             et les femmes enceintes se limitera si possible
                                                                 à une seule application par jour (avec une
Le tableau repris dans l'article sur notre site                  préférence pour le DEET à une concentra-
Web reprend quelques propriétés et ins-                          tion max. de 20-30% chez les enfants et les
tructions d’utilisation (p.ex. la fréquence                      femmes enceintes, voir le tableau sur notre
d'application) de ces répulsifs. Quelques                        site Web). Dans les régions où une protec-
commentaires préliminaires.                                      tion s’avère nécessaire tant le jour que le soir
- Le répulsif doit être réparti de manière                       ou la nuit, il est donc primordial de recourir
uniforme sur toutes les parties du corps                         à d’autres mesures insectifuges (p.ex. mous-
non couvertes. Tout contact avec les yeux,                       tiquaire).
les lèvres, la bouche, les muqueuses et une                      - Des études suggèrent que le DEET di-
peau lésée ou irritée doit être évité; les                       minue l’efficacité de la crème solaire, mais
répulsifs ne peuvent pas être appliqués sur                      que les crèmes solaires n’ont par contre pas
les mains. Lorsque la protection n’est plus                      d’impact négatif sur l’efficacité du DEET.
nécessaire, il est préférable d’éliminer le                      Il est dès lors conseillé d’utiliser une crème

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solaire avec un indice de protection plus                    sont disponibles par exemple sous forme de
élevé, d’appliquer le répulsif après la crème                lotion, d’emplâtres ou de bracelet, ne sont
solaire et de prévoir en outre des mesures                   pas à recommander. Pour certaines de ces
de protection supplémentaires contre les                     préparations, un certain effet favorable tem-
rayons UV.                                                   poraire contre les insectes est possible, mais
- Les répulsifs à base d’huiles essentielles                 on ne dispose pas de preuves suffisantes
telles la citronnelle (à ne pas confondre                    pour en recommander l’usage dans des
avec le citriodol, voir le tableau sur notre                 régions endémiques. Ceci est également
site Web), le thym, le géraniol, la menthe                   valable pour les répulsifs à base d’ultrasons.
poivrée ou le clou de girofle, à base de vi-                 La prise de suppléments en vitamine B12 ou
tamine B1 ou à base de métoflurthine, qui                    d’ail n’a pas d’effet insectifuge.

                                       DIARRHEE DU VOYAGEUR
La prise en charge de la diarrhée du voya-                   La prévention de la diarrhée du voyageur
geur a été discutée dans les Folia de mai                    repose avant tout sur des mesures hygiéno-
2007, et les recommandations de cet ar-                      diététiques, et l’utilisation préventive d’anti-
ticle restent d’actualité, notamment en ce                   biotiques est déconseillée. En cas de diarrhée
qui concerne le choix de l’antibiotique                      du voyageur, un (auto-)traitement par des
lorsqu’un tel traitement s’avère nécessaire.                 antibiotiques ne se justifie qu’en présence
Ces dernières années, l’attention est atti-                  d’une diarrhée sévère, c.-à-d. une diar-
rée sur l’augmentation de la résistance aux                  rhée sanguinolente ou mucopurulente, ou
antibiotiques et sur l’importation par les                   une diarrhée persistant plus de 1 à 2 jours
voyageurs (y compris ceux en bonne santé)                    et s’accompagnant aussi de fièvre élevée, de
de bactéries résistantes telles que les enté-                crampes abdominales sévères ou de plus de
robactéries ESBL-PE (Extended-Spectrum                       6 défécations par 24 heures. Un (auto-)trai-
Beta-lactamase-Producing Enterobacteriaceae).                tement par des antibiotiques se justifie rapi-
Le risque de contamination du voyageur                       dement en cas de diarrhée du voyageur chez
par des bactéries résistantes est accru en cas               les personnes immunodéprimées, atteintes
de survenue d’une diarrhée du voyageur                       d’une affection intestinale inflammatoire ou
pour lequel on a recours à un (auto-)traite-                 chez lesquelles la production acide gastrique
ment antibiotique. En outre, la colonisation                 est diminuée ou absente. Outre la remise de
par des bactéries résistantes peut également,                prescriptions, il importe donc aussi au méde-
en perturbant le microbiote intestinal, pré-                 cin de donner aux voyageurs des recomman-
disposer à l’apparition de problèmes intes-                  dations précises concernant la prise en charge
tinaux tels que le syndrome de l’intestin                    de la diarrhée du voyageur (voir à ce sujet
irritable postinfectieux.Tout ceci doit inci-                le site Web de l’Institut de Médecine Tropi-
ter à un usage rationnel des antibiotiques                   cale via www.itg.be/itg/Uploads/MedServ/
dans la diarrhée du voyageur.1                               medasso2014/medasso2014_FR_05.pdf ).

1 Clinical Infectious Diseases 2015; 60:837-46 (doi: 10.1093/cid/ciu957) avec éditorial 847-8 (doi: 10.1093/cid/ciu961)

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Informations récentes avril 2015
  ▼: médicament soumis à une surveillance particulière et pour lequel la notification d’effets
  indésirables au Centre Belge de Pharmacovigilance est encouragée.
- L’albiglutide (Eperzan®▼; chapitre                             du GLP-1, l’impact de l’albiglutide sur les
5.1.6.) est, comme l’exénatide, le liraglutide                   complications à long terme du diabète n’est
et le lixisénatide, un analogue du glucagon-                     pas connu. L’albiglutide n’est dès lors pas un
like peptide-1 ou GLP-1 (syn. incrétinomi-                       traitement de premier choix dans la prise
métique). Ce nouvel analogue du GLP-1                            en charge du diabète de type 2.2
a une durée d’action d’une semaine et est                        - Le népafénac (Nevanac®▼; chapitre
proposé en monothérapie (contrairement                           16.2.2.) est un anti-inflammatoire non sté-
aux autres analogues) ou en association à                        roïdien à usage ophtalmique qui est proposé
d’autres antidiabétiques dans le traitement                      pour la prévention et le traitement de la
du diabète de type 2. La posologie est de 30                     douleur et de l’inflammation après chirur-
à 50 mg en une injection sous-cutanée une                        gie de la cataracte ainsi que pour la préven-
fois par semaine. Lors de l’instauration du                      tion de l’œdème maculaire après chirurgie
traitement, les concentrations plasmatiques                      de la cataracte chez les patients diabétiques.
d’albiglutide augmentent progressivement                         Etant donné qu’il s’agit d’une suspension, il
et l’état d’équilibre après administrations                      est important de bien agiter le flacon avant
hebdomadaires est atteint en 3 à 5 semaines.                     l’administration. Comme les autres collyres
Les effets indésirables (surtout des troubles                    anti-inflammatoires non stéroïdiens, le népa-
gastro-intestinaux), contre-indications et                       fénac expose à des effets indésirables, surtout
interactions sont ceux des autres analogues                      en cas de traitement prolongé et chez les pa-
du GLP-1. Dans une étude comparative                             tients diabétiques; il s’agit essentiellement de
avec le liraglutide (une injection journa-                       prurit, de douleur, de réactions allergiques et
lière), la diminution du taux d’HbA1c et                         dans de rares cas d’ulcérations de la cornée,
la diminution du poids corporel étaient                          de saignements et de retards de cicatrisation.
moins marquées avec l’albiglutide (une in-                       Il n’est pas prouvé que le népafénac soit cli-
jection hebdomadaire); l’albiglutide provo-                      niquement plus efficace que les autres col-
quait moins de troubles gastro-intestinaux                       lyres anti-inflammatoires non stéroïdiens et
mais plus de réactions au site d’injection.1                     son coût est beaucoup plus élevé.3
On ne dispose pas d’étude comparative                            - La spécialité Ellaone® à base d’ulipris-
avec l’exénatide à libération prolongée qui                      tal (chapitre 6.2.4.), qui est utilisée dans la
est aussi administré à raison d’une injection                    contraception d’urgence, n’est plus soumise
par semaine (Bydureon®, voir Folia de juin                       à prescription [concernant l’ulipristal, voir
2014). Comme pour les autres analogues                           aussi Folia de janvier 2015].

1 Lancet Diabetes Endocrinol 2014 (doi: 10.1016/S2213-8587(13)70214-6)
2 Pharma Selecta 2014 (september); 9
3 La Revue Prescrire 2012;347: 662; La Revue Prescrire 2012; 350: 893; Pharma Selecta 2013 (december); 14

Folia Pharmacotherapeutica   42,   mai 2015   •   www.cbip.be                                                45
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