Août 2018 - Association québécoise de la garde ...
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L’Association québécoise de la garde scolaire Description de l’organisme L’Association québécoise de la garde scolaire est un organisme sans but lucratif qui travaille à faire reconnaître le service de garde en milieu scolaire comme un des acteurs clés de la réussite éducative de l’élève. Elle détient plus de 30 ans d’expertise en matière de garde scolaire et est présente sur l’ensemble du territoire québécois. Elle peut rejoindre, par ses actions et programmes, l’ensemble du personnel éducateur, soit près de 12 000 personnes œuvrant auprès de 300 000 élèves. Vision L’Association travaille à faire reconnaître le service de garde en milieu scolaire comme un des acteurs clés de la réussite éducative de l’élève. Mission Soutenir le développement des services de garde en milieu scolaire du Québec en faisant la promotion de leur rôle complémentaire à la mission de l’école, en représentant leurs intérêts collectifs et en favorisant le développement des compétences du personnel. Valeurs L’Association est une organisation qui fonde sa raison d’être et son action sur les valeurs de collaboration, de solidarité et d’équité. L’approche se veut accueillante, ouverte et respectueuse des différences. Cette manière se caractérise également par une expertise démontrée et une connaissance approfondie des enjeux et des besoins du milieu. L’Association appuie la garde scolaire et son personnel dans ses efforts à offrir un meilleur encadrement aux élèves en dehors des heures de classe. La volonté, toujours plus grande, de l’Association de contribuer au développement de compétences professionnelles est au cœur de sa planification stratégique 2015-2020. Pour faire de la garde scolaire un partenaire clé de la réussite éducative des élèves, l’Association s’est engagée à mettre sur pied une offre de formation répondant à cet objectif et à accompagner et outiller le personnel dans cette mission, dans une optique où la garde scolaire est considérée comme un espace complémentaire à l’enseignement et où les apprentissages peuvent être consolidés.
Résumé Écollation est un projet pilote d’une durée de trois ans (2017-2020) qui s’articule autour de la distribution de collation de fruits et de légumes aux jeunes fréquentant des écoles de milieux défavorisés, incluant les élèves de la maternelle 4 ans. Il vise la réduction des inégalités sociales de santé, dans une perspective de promotion de la saine alimentation et de développement durable. L’Association québécoise de la garde scolaire est mandatée pour réaliser ce projet, en collaboration avec les membres de la Table québécoise sur la saine alimentation (ministères et organismes impliqués). Le projet s’inscrit dans le cadre de la Politique gouvernementale de prévention en santé qui prévoit l’amélioration des conditions de vie qui favorisent la santé, notamment en favorisant l’accès à une saine alimentation, et ce, particulièrement dans les communautés défavorisées ou isolées géographiquement. La Politique prévoit également l’amélioration du développement des capacités des personnes dès leur plus jeune âge. Cette orientation inclut l’objectif d’améliorer, entre autres, l’acquisition et le renforcement de compétences permettant d’effectuer des choix éclairés en matière de santé et d’alimentation chez les jeunes d’âge scolaire. Dans le cadre du projet, la distribution de collations de fruits et de légumes permettra de réduire les inégalités sociales de santé. En travaillant à la fois sur l’accès aux fruits et aux légumes chez les jeunes issus de milieux défavorisés et leur acceptabilité, le projet pourra avoir un effet sur la consommation d’aliments sains, soit les fruits et les légumes. En vue de promouvoir la saine alimentation, dans un horizon rapproché et à plus long terme, le projet vise à renforcer les compétences alimentaires et culinaires des jeunes et à leur permettre de se découvrir comme mangeur. L’acquisition et le renforcement des compétences pourra avoir un effet sur le développement de la confiance en soi. En impliquant les jeunes dans le projet, que ce soit par la préparation de collations ou leur distribution, cela pourra leur permettre de développer un plus grand sentiment d’appartenance. À terme, ce qui est visé est l’amélioration de la capacité des jeunes à faire de meilleurs de choix pour leur santé. Le projet Écollation entend répondre aux critères de développement durable. Sa principale cible d’action est de miser sur des collations de fruits et de légumes, les aliments les plus gaspillés du système alimentaire, afin de réduire le gaspillage d’aliments sains. En plus, en impliquant plusieurs acteurs de la société touchés de près ou de loin par l’ensemble de la problématique à laquelle s’adresse le projet, ce dernier entend les mettre en relation afin de développer des partenariats durables pour favoriser l’autonomie des milieux. De plus, le projet Écollation travaillera de manière à minimiser l’impact de sa mise en œuvre et à contribuer à un avenir durable pour tous. 4
Le projet pilote Description du contexte général Le taux d’insécurité alimentaire au Québec est préoccupant. Ce sont 8,1 % des ménages qui vivent de l’insécurité alimentaire. Plus d’un enfant sur 10 vit dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire1. L’insécurité alimentaire se définit par un accès inadéquat ou incertain à l’alimentation en raison d'un manque de ressources financières. Cela peut aller de la peur de manquer de nourriture à la privation de nourriture une journée entière en l'absence d'un revenu suffisant pour se nourrir2. Par ailleurs, le recours aux banques alimentaires s’est accru pour la troisième année consécutive au Québec. En mars 2015, 163 152 personnes ont reçu des denrées d’une banque alimentaire et 36,4 % de ces personnes sont des jeunes3. Ajoutons à ces statistiques les familles qui n’osent pas fréquenter les banques alimentaires de peur du jugement et d’une impression d’atteinte à leur dignité4. L’insécurité alimentaire affecte particulièrement les populations vivant dans des milieux défavorisés1. Des mesures agissant sur les déterminants de pauvreté et de la précarité financière apparaissent donc fondamentales. D’autres mesures doivent toutefois être mises en place pour atténuer les nombreuses conséquences de l’insécurité alimentaire, tant sur les plans psychologique, physique que social, que vivent les personnes qui en souffrent. Chez les jeunes, l’insécurité alimentaire a notamment comme conséquences de diminuer leur niveau de concentration, de développer des problèmes comportementaux et émotionnels et de nuire à leurs résultats scolaires5. Les adolescents en situation d’insécurité alimentaire sont également plus à risque de souffrir de dépression, de troubles anxieux et de pensées suicidaires5. L’insécurité alimentaire perturbe les habitudes alimentaires. On remarque d’ailleurs que l’alimentation des personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire est moins variée et que les aliments de haute valeur nutritive, tels que les fruits et les légumes, sont moins consommés5. Cela est préoccupant lorsqu’on sait que la consommation de fruits et de légumes est un indicateur fiable de la qualité de l’alimentation et qu’une alimentation de qualité moindre augmente le risque de développer des déficiences nutritionnelles et des problèmes de santé, exacerbant ainsi les inégalités sociales de santé6. Près du tiers des jeunes de 9 à 13 ans vivant dans des milieux moyennement à très défavorisés consomment moins que le nombre minimal de portions de fruits et légumes recommandé. On note également que plus d’un de ces jeunes sur 10 ne déjeune pas avant d’aller à l’école. Ils sont significativement moins nombreux que ceux vivant dans un contexte favorisé7. Différents facteurs peuvent expliquer une faible consommation de fruits et légumes chez les jeunes vivant en contexte d’insécurité alimentaire. À titre d’exemple, les fruits et les légumes sont plus dispendieux pour les calories qu’ils apportent que les aliments à densité énergétique plus élevée, mais de moindre qualité nutritionnelle. Ces aliments de moindre qualité nutritionnelle sont généralement vendus à plus faible coût, et donc plus accessibles aux populations disposant d’un plus faible revenu. En contrepartie, les fruits et légumes sont les aliments les plus gaspillés dans le système alimentaire. Un aliment est dit gaspillé lorsqu’il est jeté alors qu’il est encore bon pour la consommation. Certes, il s’agit d’aliments très périssables, ce qui présente des défis associés à leur distribution (incluant l’emballage, le transport et l’entreposage)8. Les producteurs, transformateurs et distributeurs pourraient optimiser certaines pratiques afin d’éviter les pertes. D’autre part, des mesures de politiques publiques peuvent également contribuer à réduire le gaspillage à la source9. Les fruits et légumes potentiellement gaspillés constituent une source d’approvisionnement non négligeable. Leur redistribution aurait de nombreux bénéfices écologiques et économiques tout en favorisant une plus grande équité envers les jeunes d’âge scolaire vulnérables au plan de l’alimentation8,9. 5
Les écoles sont un lieu privilégié pour soutenir les jeunes vivant de l’insécurité alimentaire. En effet, les deux tiers des jeunes du primaire et plus des trois quarts de ceux du secondaire restent dîner à l’école et consomment des collations durant la journée7. À cet effet, soulignons que les collations peuvent représenter une part non négligeable de l’apport nutritionnel d’un jeune. Les collations constituent donc une occasion alimentaire à valoriser pour réduire l’insécurité alimentaire chez les jeunes. Au Québec, une collation sur quatre consommée par les jeunes d’âge primaire est composée d’aliments de faible valeur nutritive, alors qu’il s’agit d’une collation sur deux chez ceux du secondaire10. L’école est un lieu d’apprentissage qui favorise le développement d’attitudes et d’habiletés personnelles des jeunes en leur permettant d’utiliser les ressources présentes dans leurs milieux de vie, notamment en termes de saine alimentation11. Par exemple, on peut développer leur capacité d’exercer un jugement critique, de résister aux pressions sociales négatives, de s’impliquer dans la création d’environnements favorables et de s’associer à des pairs positifs. Reconnaissant tout le potentiel qu’offre ce milieu de vie pour l’alimentation des jeunes, différents acteurs sont déjà mobilisés dans la promotion de la saine alimentation. Par exemple, les écoles sont activement engagées depuis 2006 à améliorer l’offre alimentaire en cohérence avec la Politique-cadre pour une saine alimentation et un mode de vie physiquement actif, « Pour un virage santé à l’école » du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur12. On compte également différentes activités éducatives en lien avec la saine alimentation qui visent le développement de l’autonomie alimentaire chez les jeunes. Certaines commissions scolaires offrent des mesures d’aide alimentaire en collaboration avec des organismes communautaires. Par exemple, 45 % des écoles primaires de la Montérégie sont impliquées dans des initiatives de soutien alimentaire et 16 % offrent quotidiennement des aliments ou des repas à faible coût ou gratuits, dont 4 % sous forme de collation quotidienne13. En Estrie, ce sont 18 % des écoles primaires et 48 % des écoles secondaires qui disposent de mesures de soutien alimentaire. Ces mesures sont généralement offertes dans les écoles situées en milieux défavorisés et visent à offrir des aliments nutritifs aux élèves, peu importe leur capacité à payer14. En utilisant les aliments initialement gaspillés pour faciliter l’accès à des aliments sains pour les jeunes vivant de l’insécurité alimentaire, le gouvernement du Québec pourrait agir de front sur deux problématiques sociétales : l’insécurité alimentaire et le gaspillage alimentaire. Mentionnons toutefois que l’efficacité d’une mesure de soutien alimentaire est améliorée lorsqu’elle s’intègre dans un portefeuille de mesures, notamment en étant combinée à des activités d’éducation en nutrition11. 6
Volets et objectifs Écollation est un projet qui, à partir de la distribution de collation de fruits et de légumes, vise trois types d’objectifs fortement interreliés entre eux, tels que présentés dans la Figure 1. Figure 1 Objectifs du projet Écollation Autour de ces objectifs, trois grands volets viennent camper le projet : un volet distribution, un volet éducatif et un volet lié au développement durable. Les volets du projet sont présentés ici séparément alors que, dans les faits, il y a une forte interaction entre eux, puisqu’ils s’influencent mutuellement. Le projet s’adresse autant aux élèves de niveau préscolaire, incluant ceux de la maternelle 4 ans, que ceux du primaire et du secondaire. 7
Le volet distribution Le projet pilote permettra aux élèves de milieux défavorisés d’améliorer leur accès à des aliments sains sous forme de collations de fruits et de légumes. En visant directement l’amélioration de l’accès aux fruits et légumes, il est possible d’avoir un impact positif sur la qualité de l’alimentation des jeunes visés puisqu’ils sont souvent plus à risque de subir de l’insécurité alimentaire. Au niveau des écoles primaires, la distribution de collations de fruits et de légumes se fera en classe afin de rejoindre tous les élèves. La fréquence souhaitée de distribution est de trois à cinq fois par semaine, selon l'approvisionnement et la capacité à redistribuer les collations de fruits et de légumes. Il est aussi visé d’améliorer l’acceptabilité des fruits et des légumes, comme aliments et comme collation. Pour permettre une plus grande acceptabilité, en plus de l’exposition, des fiches d’animation des moments de collation pourront être utilisées par le personnel à certaines occasions. L’amélioration de l’acceptabilité pourra aussi être supportée par les ateliers de développement de compétences et d’éveil au goût. Afin d’impliquer les familles des jeunes et d’avoir une plus grande portée, un carnet de l’élève, un livret de collation pour les familles « Jardinage, cuisine et éducation au goût » et des activités de réinvestissement pour la maison pourront permettre de faire le pont et d’assurer une certaine continuité des activités entre l’école et la maison, le lieu où la majorité des choix alimentaire des élèves sont réalisés. De plus, en valorisant en parallèle les expériences positives, la consommation de fruits et de légumes peut être le sujet d’une plus grande normalisation. Certaines expériences internationales ont déjà démontré des effets à ce sujet. C’est le cas d’une intervention en Norvège, où des collations de fruits ont été offertes gratuitement à raison de deux jours par semaine, a résulté en une plus grande fréquence de collation de fruits et de légumes en provenance de la maison les jours où les collations n’étaient pas distribuées13. D’un autre côté, un projet similaire, le Dutch Schoolgruiten Project a eu comme effet à moyen et à long terme une réduction des collations issues d’aliments qui ne devraient être consommés qu’occasionnellement avec un impact qui s’est maintenu dans le temps14. Le volet éducatif Le projet Écollation comprend un volet visant l’amélioration des connaissances et des compétences des jeunes des écoles de milieux défavorisés, de sorte qu’ils soient, à terme, en mesure d’effectuer des choix éclairés. Ce volet éducatif vise plus précisément des ateliers d’éveil au goût et de développement des compétences culinaires et alimentaires. Le volet éducatif s’inscrit en cohérence avec la Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS) qui prévoit l’amélioration du développement des capacités des personnes dès leur plus jeune âge. Une orientation qui inclut l’objectif d’améliorer, entre autres, l’acquisition et le renforcement de compétences permettant d’effectuer des choix éclairés en matière de santé et d’alimentation chez les jeunes d’âge scolaire. Le volet éducatif vise donc deux types d’objectifs afin de promouvoir une saine alimentation. Le premier est le développement de certaines compétences culinaires et alimentaires chez les jeunes en misant, entre autres, sur l’éducation au goût. Cet objectif mise sur l’amélioration ou le développement de connaissances. Le second objectif est le développement d’un sentiment d’appartenance et de confiance en soi chez les jeunes afin d’améliorer l’appropriation et l’appréciation des bienfaits d’une saine alimentation et une plus grande appropriation du patrimoine culturel alimentaire. 8
Globalement, l’amélioration des capacités des personnes par la promotion d’une alimentation saine peut avoir des effets sur l’acceptabilité des fruits et des légumes chez les jeunes, sur leurs capacités à faire de meilleurs choix au niveau de leur alimentation, mais aussi spécifiquement sur le choix d’aliments consommés en collation. Ultimement, ce volet peut aussi favoriser un mode de consommation plus viable, tout en contribuant à créer chez les jeunes une culture citoyenne plus responsable. Le volet éducatif est réalisé en partenariat avec Croquarium et Les Ateliers cinq épices pour les niveaux préscolaire. Ces organismes offrent des programmes clé en main, sur lesquels le projet Écollation pourra miser. L’animation des ateliers En ce qui a trait à l’animation des ateliers, il est visé d’offrir un atelier par mois en classe, sur une période de huit mois. La classe est ciblée afin de rejoindre l’ensemble des élèves. Les ateliers en classe seront animés par les enseignants ou une ressource du milieu scolaire. Des ateliers supplémentaires et complémentaires peuvent aussi réalisés au service de garde afin de consolider les apprentissages réalisés en classe par les élèves. La durée d’un atelier est de 60 à 75 minutes. Les ateliers sont conçus pour favoriser l’expérimentation afin de faire vivre aux élèves des expériences signifiantes et plaisantes. Pour développer leurs compétences, les élèves pourront vivre des ateliers orientés sur le jardinage éducatif, la découverte alimentaire ou la cuisine-nutrition. Les élèves seront à même d’améliorer leurs connaissances et compétences puisque les ateliers favorisent les apprentissages de techniques culinaires et horticoles et de notions concernant les aliments, la nutrition, la santé et l’environnement. Pour favoriser l’éveil au goût, les ateliers amèneront les élèves à explorer avec leurs cinq sens. S’éveiller ou s’éduquer au goût signifie aussi de découvrir la variété que peut représenter l’éventail des aliments tout en outillant les élèves à mieux se découvrir comme mangeur, c’est-à-dire à être en mesure d’exprimer leurs préférences, de respecter le goût des autres et de prendre plaisir à goûter et manger en toute convivialité. Des formations seront requises afin de permettre au personnel de l’équipe école (enseignants, éducateurs, etc.) d’animer les ateliers. Les formations abordent les sujets du jardinage éducatif, de l’éducation au goût et de la cuisine-nutrition et seront aux choix des participants. La formation du personnel à cet égard permettra d’assurer une plus grande pérennité de l’animation des ateliers bien au-delà du projet pilote. Pour supporter le personnel, une plateforme web de formation continue et des ressources en ligne seront disponibles. De plus, une fois la formation terminée, les deux organismes, soit Croquarium et Les Ateliers cinq épices, pourront offrir de l’accompagnement aux milieux pour les soutenir dans la poursuite du projet. Le volet développement durable Tout projet développé dans une perspective de développement durable doit prendre en considération les rapports que les individus entretiennent entre eux et avec la nature. Il doit aussi considérer l’intégrité de l’environnement, viser une plus grande équité sociale et une efficience économique. Le projet Écollation, par la redistribution de fruits et de légumes qui allaient être gaspillés, a le potentiel de contribuer à la protection de l’environnement, dans la mesure où une attention particulière est portée à la provenance des denrées, à la gestion des aliments résiduels et au respect de la biodiversité et de la capacité de support des écosystèmes. De plus, l’optimisation des ressources et la réduction du gaspillage alimentaire, en s’inscrivant dans un contexte de modification du mode de consommation des aliments et des collations plus spécifiquement, peut encourager une consommation viable et plus responsable sur les plans environnemental et social. Le projet entend aussi s’inscrire dans le respect de la protection du 9
patrimoine culturel, puisque l’alimentation est ancrée dans la culture et les traditions. En misant sur une distribution de fruits et de légumes locaux, dans la mesure du possible, la distribution de collations devient une occasion supplémentaire de transmettre les valeurs, les traditions et les savoirs qui composent la société. La participation de différents organismes impliqués dans le projet, autant ceux œuvrant en soutien alimentaire que ceux impliqués dans le développement de compétences alimentaires chez les jeunes et les milieux scolaires, peut favoriser un plus grand engagement envers l’amélioration de l’accessibilité et la promotion des saines habitudes de vie. De plus, en mettant en place des processus et des protocoles en ce qui a trait au soutien alimentaire ou au développement des compétences, cela pourrait se traduire par une plus grande autonomie des différentes parties impliquées dans la mise en place de la distribution de collations ou du développement des compétences des jeunes. De plus, l’implantation d’une telle mesure peut être rendue plus porteuse en raison de la coopération de différentes instances, tant gouvernementales que sociales, qui œuvrent en concertation. La participation sociale des jeunes peut aussi être favorisée par le biais du projet. En impliquant les jeunes dans le processus de distribution et par le biais du développement de leurs compétences, ils peuvent y trouver un moyen supplémentaire de se réaliser, faire de meilleurs choix pour leur santé et, à terme, participer pleinement à la société. Dans l’optique d’une plus grande équité sociale, en travaillant sur l’amélioration de l’accès à des aliments sains aux jeunes de milieux défavorisés, la distribution de collations de fruits et de légumes devrait permettre d’avoir un impact sur la qualité de leur alimentation, en plus de les sensibiliser à l’importance des saines habitudes de vie. Comme les milieux plus défavorisés sont souvent plus à risque de subir de l’insécurité alimentaires et qu’une alimentation saine a des effets positifs sur la santé, entre autres au niveau de l’obésité et des maladies chroniques, viser ces milieux permet une plus grande équité. Pour être optimale et éviter la stigmatisation des jeunes issus de familles moins favorisées, une telle mesure doit être universelle dans les milieux où elle est implantée. De plus, au niveau des familles des jeunes touchés, la distribution de collations de fruits et de légumes peut avoir pour effet d’optimiser leurs ressources qui pourraient dès lors être utilisées à d’autres fins que celles de l’achat de collations. Enfin, l’optimisation des ressources alimentaires, par la distribution de collations, peut avoir un impact financier positif pour les organismes participants ou engagés dans le projet, dans la réalisation de leur mandat. Des emplois peuvent être créés ou maintenus, par exemple, ou encore des solutions novatrices peuvent émerger. Cela en vue de répondre aux besoins actuels en considérant toujours le futur. Écollation pourrait aussi venir sensibiliser les élèves au développement durable en ajoutant une action visant à sensibiliser les élèves à l'importance de ce concept. Ainsi, le développement de fiches, d'ateliers, d'animations ou autre moyen à déterminer, selon les besoins, auraient un impact complémentaire à la distribution de collation de fruits et légumes. Cette action pourrait faire l’objet spécifique, pour le primaire, d’une intervention via le service de garde en milieu scolaire. Population ciblée Les critères de sélection pour déterminer dans quelles régions et dans quelles écoles se réaliseront les projets pilotes sont la prévalence d’insécurité alimentaire des ménages, la présence de déserts alimentaires, le niveau de défavorisation des établissements scolaires en fonction de l’indice de milieu- socio-économique et la capacité à redistribuer des fruits et légumes qui seraient potentiellement gaspillés. Les écoles ont été ciblées avec la participation d’acteurs locaux, que ce soit la santé publique ou ceux du secteur scolaire. Quatre régions ont été retenues pour le pilote, soit la Gaspésie—Îles-de-la- Madeleine, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, l’Outaouais et la Montérégie. 10
Organismes impliqués Dans le cadre du déploiement du projet aux niveaux préscolaire et primaire, le mandat des organismes Croquarium et Les Ateliers cinq épices est le développement d’outils pour soutenir le projet et de veiller à la formation des animateurs, soit le personnel en milieu scolaire. Au niveau de la formation, les deux organismes verront à la formation des animateurs, en plus de coordonner les activités requises à la formation et à l’animation des ateliers. Les organismes verront aussi à la production conjointe des fiches d’animation de collation, d’un livret collation pour les familles et du carnet de l’élève. De plus, Croquarium verra à la production de fiches exploratoires sur l’éducation au goût et le jardinage et de fiches de réinvestissement pour la classe et la maison en support au développement de compétences. Aussi, afin de supporter le personnel dans le cadre de l’animation des ateliers, les deux organismes mettront à la disposition du personnel formé une plateforme web de formation continue et des ressources en ligne. Le personnel des organismes sera aussi disponible pour toute la durée du projet pour répondre aux questions supplémentaires du personnel des écoles formées. Croquarium Fondé en 2005, Croquarium offre des services aux institutions et aux milieux de l’éducation, de la petite enfance, communautaires, municipaux et de l’agroalimentaire qui souhaitent mettre en place des initiatives visant le changement de comportements et l’adoption de saines habitudes de vie, notamment par des ateliers éducatifs de jardinage et d’éducation sensorielle au goût. Leurs activités sont conçues afin de créer des expériences sensorielles qui éveillent la curiosité et développent le plaisir de bien s’alimenter par une approche globale qui tient compte de l’ensemble des dimensions de l’alimentation : sociale, économique, culturelle, environnementale et physiologique. La vision de Croquarium est de contribuer à cultiver auprès de l’ensemble des jeunes le goût et les habiletés pour s’alimenter sainement et de façon responsable; d’accroître les compétences des parents et des éducateurs en éducation alimentaire, et; d’inspirer une vision renouvelée et globale de l’alimentation auprès des intervenants, des parents, du grand public, des institutions et des entreprises agroalimentaires. Les Ateliers cinq épices Fondé en 2003, Les Ateliers cinq épices ont développé une expertise en promotion de la saine alimentation via des ateliers de cuisine-nutrition auprès des enfants de deux à douze ans. Leur approche est orientée sur le plaisir et l’expérience. En manipulant, cuisinant et goûtant les aliments, les enfants développent leurs techniques culinaires, intègrent les notions de saine alimentation, découvrent de nouveaux aliments et développent une autonomie alimentaire. La mission des Ateliers cinq épices est de promouvoir l’éducation nutritionnelle et culinaire et de favoriser le développement social par le biais de l’alimentation auprès de clientèle scolaire et étudiante, de leur famille et auprès des adultes en général, et ce, principalement, en milieu appauvri. 11
Évaluation Écollation est un projet dont l’évaluation est une composante importante. Dans ce contexte, il devient nécessaire de connaître avec précision comment et de quelle façon le projet est appliqué et comment il a été adapté aux réalités de chacune des régions et écoles sélectionnées. D’une part, il existe des réalités locales qui font en sorte que la nature de l’intervention en milieu scolaire peut varier sensiblement selon les territoires des commissions scolaires. D’autre part, l’application du projet est fortement tributaire de l’engagement des intervenants des régions, du personnel des écoles, des directions d’établissement et des partenaires, s’il y a lieu, envers le projet. Le mandat d’évaluation devra donc être en mesure de documenter certains éléments du portrait de la situation afin d’identifier les besoins et les façons d’intervenir, la mise en œuvre du projet pilote et son application selon différentes réalités sur le territoire des régions sélectionnées. Il permettra également de documenter les bonnes pratiques et les difficultés éprouvées dans l’implantation du projet pilote dans les régions. Les grands objectifs de l’évaluation portent sur différents aspects, tel que la description du processus d’implantation du projet pilote, l’évaluation des effets du projet en termes de premiers résultats à court terme et la présentation des éléments favorables à l’implantation et les difficultés rencontrées et déterminer, si possible, des pistes d’amélioration. L’évaluation doit aussi permettre de vérifier dans quelle mesure le projet pilote permet de réduire les inégalités sociales de santé et de promouvoir la saine alimentation, tout en répondant aux critères de développement durable. Afin d’évaluer si la distribution a un impact sur le nombre de portions de fruits et de légumes consommés par les jeunes, des questionnaires visant à mesurer leur consommation actuelle seront distribués aux parents des élèves de 2e et de 6e année. Ces questionnaires devront être remplis sur une base volontaire avant le début de la distribution et à la fin de chaque année scolaire. Une carte cadeau d’épicerie d’une valeur de 100 $ pourra être remportée par un répondant pour chacune des écoles. Des fiches d’observation sur le déroulement des moments de collation pourront être remplies par le personnel environ trois fois par année. Ces fiches ont pour objectif de renseigner sur le déroulement de la distribution de collation dans une optique d’amélioration continue. Enfin, il est aussi souhaité qu’au moins une personne par école accepte de participer à une entrevue téléphonique ou en personne pour les fins d’évaluation. La durée de cette entrevue est d’environ 45 minutes. 12
Modèle logique : Projet Écollation Double problématique : L’insécurité alimentaire affecte particulièrement les personnes (jeunes) vivant en milieu défavorisé. L’alimentation des personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire est moins variée et les aliments à Raison d'être haute valeur nutritive, dont les fruits et légumes, sont moins consommés. Par ailleurs, les fruits et légumes sont les aliments les plus gaspillés dans le système alimentaire. Le gaspillage alimentaire représente la seconde problématique visée par le projet. Clientèle cible Les écoles sont un lieu privilégié pour soutenir les jeunes vivant de l’insécurité alimentaire. Les écoles primaires (incluant la maternelle 4 ans) et secondaires sont visées et situées préférablement en milieu défavorisé Promouvoir la saine alimentation. Objectifs généraux Répondre aux critères de développement durable. Réduire les inégalités sociales de santé chez les jeunes. Moyen d'intervention Utilisation des aliments initialement gaspillés pour faciliter l’accès à des aliments sains pour les jeunes vivant de l’insécurité alimentaire. Activités Soutien alimentaire Éducation en nutrition Réseau de partenaires engagés dans la réduction du gaspillage Cibles d'intervention Accès aux fruits et légumes Acquisition et renforcement des compétences des jeunes Réduction du gaspillage alimentaire 1. Améliorer l’accès aux fruits et aux légumes chez les jeunes 1. Développer certaines 1. Contribuer à la réduction du fréquentant les écoles compétences alimentaires chez gaspillage des fruits et légumes primaires les jeunes en misant sur 2. Développer des partenariats l’éducation au goût durables avec des producteurs, 2. Améliorer l’acceptabilité des 2. Développer un sentiment des distributeurs et des Objectifs spécifiques fruits et des légumes chez les jeunes fréquentant les écoles d’appartenance et la confiance organismes engagés dans la défavorisées en soi chez les jeunes en les réduction du gaspillage impliquant dans les projets de alimentaire et ceux qui font la 3. Augmenter la consommation préparation et distribution des promotion de la saine de fruits et de légumes chez collations de fruits et de alimentation dans les écoles du les jeunes fréquentant les légumes Québec écoles défavorisées. - Mesure de l’acceptabilité des - Pourcentage d’enfants fruits et légumes par les participant à la mesure selon participants selon l’âge et le - Mesure du volume des fruits Effets court terme et l’âge et le sexe (cible provisoire 90 %) sexe et légumes récupérés moyen terme - Consommation de fruits et - Compétences alimentaires - Partenariats établis entre les légumes chez les participants - Sentiment d’appartenance et organisations selon l’âge et le sexe confiance en soi des jeunes qui participent au projet Saine alimentation Effets long terme Réduction du gaspillage alimentaire Impact Réduction des inégalités sociales de santé Figure 2 Modèle logique : Projet Écollation 13
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