Gestion de la santé en entreprise
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
HR Today Special 2016 Gestion de la santé en entreprise Le supplément thématique de la revue HR Today Stratégie: Une GSE flexible pour faire face à l’accélération des rythmes de travail – Best Case Axa Winterthur Processus: Comment Romande Energie s’est soumise à un test d’évaluation du niveau de stress avec l’outil S-Tool Résultats: Micarna et ses recettes de succès éprouvées
Le label Friendly Work Space est un label de qualité octroyé aux entreprises qui ont intégré avec succès dans leur stratégie la gestion de la santé en entreprise (GSE). La GSE implique la création de structures internes et de processus qui garantissent des conditions favorables à la santé des collaborateurs de manière durable et contribuent ainsi au Une GSE systématique s’avère payante succès de l’entreprise. LES DIFFÉRENTES ÉTAPES MENANT À UNE GSE SYSTÉMATIQUE CONCEPT / I SENSIBILISATION II ANALYSE III CONCRÉTISATION IV MISE EN ŒUVRE Fixation des objectifs de la Présentation de la GSE Analyse de la situation Self-assessment GSE / définition d’indicateurs Visite clients et Analyse des lacunes Atelier Readiness-test présentation Acquisition des Enquête auprès des Elaboration du concept Assessment connaissances collaborateurs Formation continue S-Tool Conseil Conseil Sensibilisation de la Analyse des chiffres Direction / des cadres / de la santé des collaborateurs Atelier Conseil Engagement de la Direction pour Analyse globale Concept GSE GSE systématique le projet GSE V ÉVALUATION / PROCESSUS D’AMÉLIORATION CO AC COMMUNICATION GSE A faire Produits / mesures Conseil facultatif
Sommaire / Editorial Gestion de la santé en entreprise Sommaire Introduction 04 C ulture de la santé Ancrer stratégiquement la gestion de la santé du personnel constitue le prérequis au développement d’une culture d’entreprise saine. Une contribution de Thomas Mattig, directeur de Promotion Santé Suisse. 05 J ob Crafting Le travail devient-il meilleur et plus sain si on l’organise soi-même? Professeur en psychologie du travail et de l’organisation, Gudela Grote plaide en faveur d’une participati- on active des collaborateurs dans l’organisation de leur travail. 06 B e healthy! Beaucoup d’entreprises sont malades. Les symp tômes: des collaborateurs peu impliqués ou résignés. Michael Chères lectrices, chers lecteurs, Sonntag, médecin spécialiste en psychiatrie et psychothérapie, préconise un rejet des systèmes de gestion traditionnels. Rien n’influe autant sur la santé des collaborateurs que le comporte- ment et le style de management de leurs supérieurs. La culture d’entreprise joue là un rôle important qu’il convient de ne pas sous- Stratégie estimer: soit elle est favorable à la santé des individus, c’est-à-dire 08 B est Case Axa Winterthur Une GSE pour tous? Les straté- qu’elle les valorise et leur donne des signes de reconnaissance, soit gies commerciales évoluent. La vie privée des collaborateurs elle les laisse se vider intérieurement. En ces temps où beaucoup aussi. D’où la nécessité de mettre en place un système de d’entreprises peinent à trouver de la main-d’œuvre qualifiée, celles gestion de la santé en entreprise (GSE) flexible, expliquent qui remporteront la course aux meilleurs talents seront celles qui Regula Keller et Esther Graf, responsables GSE de la compagnie auront investi dans le développement de leur culture d’entreprise Axa Winterthur. pour humaniser cette dernière. Processus Mais alors, pourquoi tant d’entreprises ont-elles de la peine à créer une culture d’entreprise saine? Pour Michael Sonntag, médecin spé- 11 B est Case Romande Energie L’outil S-Tool permet aux cialisé en psychiatrie et psychothérapie, ainsi que pour Gudela Grote, entreprises de mesurer le niveau de stress du personnel. Jean- professeur en psychologie du travail et de l’organisation, la cause du Georges Walter, Jean-Daniel Habegger et Christian Bieri se sont problème est à rechercher dans la fausse représentation de l’humanité livrés à cet exercice de mise à nu. qui prévaut encore trop souvent dans les entreprises organisées de manière traditionnelle. Celles-ci se fondent sur la conception de Mesures l’humain explicitée dans la théorie X de McGregor, selon laquelle les 14 Les nouveaux espaces bureautiques Pour dépasser la «pen- travailleurs ne se prennent pas eux-mêmes en charge et doivent par sée en silo» qui prévaut souvent, les entreprises misent de plus conséquent être récompensés, poussés ou même punis (pages 5/6). en plus sur les bureaux multi-espaces. Daniel Schweingruber, directeur des nouveaux mondes de travail chez Witzig, et Certes, les valeurs, normes et convictions véhiculées ne sont pas di- Nathalie Bourquenoud, directrice Human Development à la rectement mesurables, mais elles sont perceptibles et ont des consé- Mobilière, en témoignent. quences. Notamment sur la capacité d’innovation et donc la survie de l’entreprise. Trois exemples, celui d’Axa Winterthur, de Romande Energie et de Micarna, témoignent de cette perceptibilité de la cul- Résultats ture d’entreprise. 16 Best Case Micarna Tandis que beaucoup d’entreprises en sont encore au stade des tentatives en matière de promotion Promotion Santé Suisse mise aussi sur le changement culturel. Ainsi, de la santé au travail, Micarna s’est déjà vu décerner trois fois le Congrès national pour la gestion de la santé en entreprise qui aura le label Friendly Work Space. Les explications de Stefan Harder, lieu le 24 août à Zurich s’inscrira sous le signe de la culture d’entreprise. directeur RH, sur les raisons de ce succès. Nous vous souhaitons une lecture riche en découvertes. 19 L a GSE au service de l’image employeur Les plates-formes Au nom de la rédaction d‘emploi jobs.ch et jobup.ch ont entamé une collaboration avec Promotion Santé Suisse. Interview de Renato Profico, CEO Corinne Päper, rédactrice HR Today, responsable de l’édition spéciale de Jobcloud. «Gestion de la santé en entreprise» HR Today Special 2016 3
Gestion de la santé en entreprise Stratégie Culture de la santé Ancrer stratégiquement la gestion de la santé du personnel constitue la première étape vers le développement d’une culture d’entreprise saine. Toutefois, cela ne suffit pas pour atteindre cet objectif. Un tel changement requiert un examen approfondi de la façon dont la culture existante est vécue. Une contribution de Thomas Mattig, directeur de Promotion Santé Suisse. A quoi fait-on référence lorsqu’on parle de culture gement culturel. Par exemple, il a pu être établi qu’une d’entreprise? Si l’on consulte la littérature écono- bonne approche de la santé en entreprise entraînait in- mique, on constate des divergences dans les définitions. directement une diminution des absences pour cause de Pour certains, il s’agirait de «l’ensemble des valeurs, nor- maladie. Les sondages révèlent alors généralement une mes et représentations communes». L’ethnologie, elle, augmentation de la satisfaction des collaborateurs. voit la culture comme un phénomène social «fonction- Mais ce ne sont là que certains aspects de la culture nel, assimilable et changeant». La culture d’une organi- d’entreprise. S’il est possible d’observer les comporte- sation ou d’une entreprise pourrait même être comparée ments humains et même de les mesurer, tel n’est pas le à la personnalité d’un individu… cas des «valeurs, normes et convictions» qui, selon la Une chose est toutefois claire: la culture est faite par littérature économique, forment la culture d’entreprise. Dr Thomas Mattig les hommes. Les hommes sont des êtres complexes, et la Or, bien que ces éléments ne soient pas directement Thomas Mattig, docteur en droit, est complexité augmente dès lors qu’ils travaillent ensem- mesurables, ils n’en sont pas moins perceptibles. Ils co- directeur de la Fonda- ble. Nous devons tenir compte de cette réalité si nous lorent l’ambiance de travail, s’expriment à travers tion Promotion Santé voulons introduire un changement culturel en entreprise. l’aménagement des locaux et se manifestent même dans Suisse et chargé de En soi, la notion de culture renvoie à l’agriculture. les interactions entre les collaborateurs. cours à l’Université de Autrement dit: la culture, c’est quelque chose qui a pous- Genève. Il a signé plu- sieurs travaux et pu- sé. Et derrière chaque culture d’entreprise se cache une Pas une monoculture blié dernièrement histoire. La question est: comment pouvons-nous décou- Dès lors, comment peut-on changer une culture l’ouvrage «Healthy vrir et appréhender cette histoire pour la prendre pleine- d’entreprise? Promotion Santé Suisse propose un «Road- Economy – Réflexions ment en considération? map» aux entreprises. La première étape consiste à dres- pour une économie ser un état des lieux. Les pas suivants doivent être adap- saine», aux Editions Neue Zürcher Zeitung. Le changement culturel nécessite du temps tés à l’entreprise concernée – la culture de la santé n’est Depuis environ dix ans, Promotion Santé Suisse s’occupe pas une monoculture transposable telle quelle dans intensivement de la gestion de la santé en entreprise. Des toutes les entreprises. L’élément-clé est la communica- instruments d’analyse ont été peaufinés et développés tion. Il ne faut pas croire qu’on peut imposer le change- de manière systématique. Des sondages ont permis ment, avec des phrases bien enchâssées, depuis le som- d’identifier des facteurs de stress, puis de les étudier. Les met de la hiérarchie. Il convient en revanche de s’efforcer entreprises des secteurs les plus divers reconnaissent de créer des conditions-cadres qui favorisent les échanges aujourd’hui l’importance de la santé et exploitent un de vue et le débat contradictoire. Car une saine culture système de gestion de la santé en entreprise (GSE). d’entreprise aide à bien vivre les conflits en acceptant La GSE constitue une étape importante sur la voie du l’autre comme un être complexe et en reconnaissant que changement culturel. Cependant, pour beaucoup, la productivité peut précisément résulter de la mise à l’ancrage dans la réalité n’est pas encore totalement profit des différences individuelles. n abouti. Si l’on admet que la culture d’entreprise se Thomas Mattig construit sur des années, cela signifie implicitement que le changement nécessite du temps. Dans une culture Promotion Santé Suisse d’entreprise – comme dans la personnalité d’un individu Promotion Santé Suisse est une fondation de droit – il y a des soubassements difficiles à cerner. Ainsi, privé soutenue par les cantons et les assureurs. Elle a l’expression «gestion de la santé» laisse entendre que la pour mandat légal d’initier, de coordonner et santé peut se gérer comme n’importe quel autre objectif d’évaluer des mesures visant la promotion de la santé entrepreneurial. On s’attend alors à ce que les résultats et la prévention les maladies. La fondation est sou soient mesurables et comparables. mise au contrôle de la Confédération. Avec une contribution de vingt centimes par mois prélevée par les assureurs-maladie, chaque personne en Suisse sou Valeurs, normes et convictions tient la promotion de la santé. Le siège de Promotion Il est vrai que des progrès ont été réalisés sur ce point. Santé Suisse se trouve à Berne et à Lausanne. Les effets de la GSE ont pu être démontrés. Cependant, www.promotionsante.ch les chiffres ne reflètent souvent qu’une partie du chan- 4 HR Today Special 2016
Stratégie Gestion de la santé en entreprise Job Crafting Le travail devient-il meilleur et plus sain si on l’organise soi-même? Gudela Grote aborde la question dans son exposé lors du Congrès national pour la gestion de la santé en entreprise. Madame Grote, vous soutenez leur disposition. Il est également important une culture d’entreprise «favora- qu’ils apprennent à sentir si on leur en de- ble à la santé». Qu’entendez-vous par mande trop (ou trop peu), ou si c’est eux qui là? placent la barre trop haut. La culture Gudela Grote: La culture d’entreprise d’entreprise ne peut toutefois exercer comprend tous les principes de base éla- qu’une influence ciblée. Par exemple, on borés au cours du traitement des problèmes peut essayer de répandre de nouvelles va- quotidiens. Ces principes sont jugés valides leurs dans une section précise du personnel. par les travailleurs, et donc transmis aux nou- Mais lorsqu’une nouvelle culture prend veaux employés. Lorsque des valeurs comme forme, c’est souvent suite à un processus le respect mutuel, l’apprentissage commun long et difficile. L’examen des critères de et l’évaluation adéquate des forces et des faiblesses des employés sont présentes, c’est «Les gens sont toujours perçus, un un bon point de départ pour créer des siècle après les travaux de Frederick conditions de travail adaptées aux besoins et Taylor, comme des machines qui aux capacités des employés. devraient pouvoir fonctionner Quelles sont les conditions pour voir ap- tout le temps à 100%.» paraître une culture favorable à la san- Gundela Grote, professeur en psychologie té? du travail et de l’organisation, ETH Zurich Les principes de base auxquels je viens de faire allusion doivent pouvoir évoluer et se base du bien-être en entreprise est en revan- développer. En plus de cela, il est utile de che assez simple: arrêts de travail pour cause trouver des modèles qui, au sein de Gudela Grote est professeur en psycholo- de maladie, présentéisme et démissions sont l’entreprise, incarnent ces idées et témoig- gie du travail et de l’organisation. des critères négatifs, tandis que l’engagement nent que les comportements qui en décou- personnel, l’esprit d’équipe, l’apprentissage Job Crafting: le travail est-il meilleur et lent seront récompensés. plus sain lorsqu’on l’organise soi-même? permanent et l’amélioration continue sont «Les hypothèses sur la façon dont les des indicateurs positifs. A votre avis, où se trouve le plus sou hommes et les valeurs vent la «faille» dans la pratique? qui en dérivent dans la vie quotidienne Quel est le rôle des RH? Je pense que les gens sont toujours per- de l’entreprise déterminent précisément Il incombe aux professionnels des res- la gestion de l’entreprise. Si ces valeurs çus, un siècle après les travaux de Frederick encouragent le respect mutuel, sources humaines de refléter le processus du Taylor, comme des machines qui devraient l’apprentissage commun et une juste changement de culture afin de l’organiser de pouvoir fonctionner tout le temps à 100%. évaluation des forces et des faiblesses, manière plus consciente. Le fait que le chan- nous détenons une bonne base pour gement soit accepté ou même souhaité est Comment peut-on changer la situation? configurer le travail de telle sorte que les intimement lié à la culture existante. Chan- exigences opérationnelles et le Job Craf- Les organisations développent toujours ting se complètent. En outre, le Job Craf- ger une culture est un processus qui une dynamique propre. L’une des tâches ting devrait être ouvert à tous les colla- s’apparente parfois à un exercice consistant principales – et l’une des plus difficiles – de borateurs et pas seulement aux à se tirer soi-même d’une situation difficile. la direction est d’observer, de réfléchir, et ou aux personnes-clés.» Si les spécialistes RH veulent exercer une in- d’influencer cette dynamique. Les décideurs fluence, ils doivent le faire en tenant compte Congrès national pour la gestion de la sont responsables de veiller à ce que les santé en entreprise 2016 de la culture existante. Mais ils doivent conditions de travail ne nuisent pas à la san- Date: 24 août 2016 également changer les représentations qui té physique et psychique des collaborateurs Heure: 11 h 45 circulent lorsque les valeurs de l’entreprise – mieux, de faire en sorte qu’elles y soient Lieu: Université Irchel, Zurich mènent à des conditions de travail qui nui- favorables. Les employés doivent participer à www.promotionsante.ch sent à la santé des employés. n cet effort en utilisant tous les moyens mis à Interview: Corinne Päper HR Today Special 2016 5
Gestion de la santé en entreprise Stratégie Be healthy! Pourquoi les entreprises qui ne remettent pas radicalement en question leur système de management ne peuvent pas être saines: les explications de Michael Sonntag au Congrès national pour la gestion de la santé en entreprise. Monsieur Sonntag, vous vous êtes Cela ne peut réussir que si nous travail- engagé en faveur de «cultures lons en accord avec la nature humaine, et d’entreprise saines». Qu’entendez-vous non contre elle. De par la génétique et la par là? neurobiologie, des principes fondamentaux Michael Sonntag: Dans un système sain, sont ancrés au plus profond de tous les il n’y a pas de contradiction entre la santé hommes depuis des centaines de milliers d’un collaborateur et celle de l’entreprise. d’années. Ces principes nous incitent à col- L’un et l’autre se renforcent mutuellement. laborer avec nos semblables pour trouver des Avec des conditions-cadres favorables, les solutions à nos problèmes. Si nous voulons collaborateurs s’investissent et restent en travailler en harmonie avec notre nature hu- bonne santé. Dans la plupart des entreprises, maine, nous devons connaître ces règles de cependant, on observe l’opposé. Souvent, base de notre bien-être et créer en consé- l’environnement de travail empêche les col- quence des structures et des processus adap- laborateurs de s’engager. Cela entraîne pas- tés. sablement de stress chronique et le taux d’absence pour cause de maladie augmente Où se situe pour vous la responsabilité en conséquence. de la direction et du management? La direction et le management ont pour Avez-vous un exemple? Michael Sonntag est médecin spécialisé en psychi- responsabilité d’organiser l’entreprise de Si un collaborateur reçoit un avertisse- atrie et psychothérapie auprès de la société Sonn- telle sorte que les collaborateurs aient à dé- tag Consulting, à Berne. ment parce qu’il a développé avec un client penser le moins d’énergie possible pour pro- une solution simple et bon marché sans en Be healthy! Pourquoi notre système de gestion ne duire un maximum de valeur ajoutée. Les référer à son supérieur, sa motivation chute- peut pas guérir? systèmes de gestion traditionnels sont, de ce ra immédiatement. Il se comportera de ma- «Les entreprises manifestent souvent des symp point de vue, hautement inadéquats. Ils sont nière passive et résignée, ce qui nuira à long tômes de maladie: beaucoup de collaborateurs se inefficaces, coûteux, et ils entravent montrer résignés, ceux qui s’investissent sont ra- terme à sa santé. Sans compter que le client l’adaptation rapide. En outre, ils étouffent le res, leurs capacités d’adaptation sont faibles et sera sans doute déçu et tenté de chercher l’on observe un blocage au niveau de la culture de potentiel des collaborateurs. La direction ailleurs un meilleur partenaire en affaires. l’innovation. En partant de l’examen de systèmes doit commencer par reconnaître cet état de dynamiques sains, les participants seront amenés fait et décider de faire le nécessaire pour y A quoi tout cela est-il dû? à reconnaître les méthodes de gestion traditi- remédier. onnelles et à comprendre pourquoi elles engen L’un des grands problèmes, à mon avis, drent souvent ce genre de manifestations. Il s’agit c’est qu’on se base encore et toujours sur un dès lors d’instaurer des conditions-cadres qui favo- Quel est le rôle des RH? modèle de représentation de l’humain dis risent la cohésion des collaborateurs, au lieu d’aller Le responsable RH doit comprendre les tordu, erroné et simplificateur. Bien sûr, vous à l’encontre de la nature humaine – ceci non seu- contextes sociaux et représenter la notion ne trouverez certainement aucun chef pour lement dans l’intérêt de leur santé, mais aussi pour «working with human nature» dans tous les rester compétitif. Sans changement de paradigme vous dire qu’il souscrit à la théorie X de Mc secteurs de l’entreprise. Il s’agit de transmet- et sans un refus clair des méthodes traditionnelles, Gregor, selon laquelle il faut pousser la plu- un rétablissement s’avère pour le moins compro- tre explicitement la façon dont une culture part des gens parce qu’ils ont du mal à se mis, même avec beaucoup de bonne volonté.» favorable à la santé agit. Les processus de motiver eux-mêmes. Mais dans la pratique, gestion qui répondent à cette nécessité sont la plupart de nos décisions, procédures et Congrès national pour la gestion de la santé en tout à fait différents des processus traditi- entreprise 2016 systèmes sont issus de ce modèle de repré- onnels. Une compréhension globale de ce Date: 24 août 2016 sentation. Heure: 11 h 15 que représente une organisation «saine» est Lieu: Université Irchel, Zurich nécessaire. Dans ce cas, le responsable RH Comment peut-on changer cette situati- www.promotionsante.ch devient un partenaire actif. n on? Interview: Corinne Päper 6 HR Today Special 2016
Congrès national pour la gestion de la santé en entreprise 2016 Culture d’entreprise et gestion de la santé. Comment les entreprises réussissent à se positionner à long terme Mercredi 24 août 2016, Université Irchel, Zurich 09 h 15 09 h 45 10 h 15 16 h 30 Vers une culture de la santé: «Ma Trisa» ou comment la Le bonheur au travail? Avant Une culture d’entreprise composantes et ancrage culture d’entreprise peut tout donner du sens, du plai- favorable à la santé: entre Norbert Thom, Prof. ém., ancien avoir un impact sur le taux sir et de la fierté à chaque optimisation et renouvelle- directeur de l’Institut d’organi- d’absentéisme fonctionnaire! ment sation et de personnel (IOP) de Lucien Baumgaertner, directeur Véronique Lagrange, directrice PD Dr Georg Bauer, responsable l’Université de Berne. des ressources humaines, Mobilité, Service public fédéral de service, Institut d’épi- Trisa AG, Triengen. Mobilité et Transports, Bruxelles. démiologie, de biostatique et de prévention, Université de Zurich. Trente autres symposiums économiques et scientifiques www.promotionsante.ch/congres-gse Partenaires du congrès Sponsors principaux
Gestion de la santé en entreprise Stratégie Best Case Axa Winterthur Profondément enraciné Pour répondre aux besoins du personnel, il est indispensable de se doter d’un système de gestion de la santé en entreprise (GSE) flexible. Nous avons demandé aux responsables GSE de la compagnie Axa Winterthur, Regula Keller et Esther Graf, d’expliquer leurs priorités stratégiques. Des femmes et des hommes de tout l’apprentissage par essais-erreurs; des mo- autres le nombre de cas absolus, les heures âge, des clients privés, des entreprises: dèles de travail flexibles; des structures «fa- de consultation effectuées et les prestations la clientèle d’Axa est bigarrée – à l’image du mily friendly». en matière de GSE qui ont été les plus plébis- personnel de l’entreprise. Ce mélange ref- citées. Enfin, les collaborateurs et leurs supé- lète d’ailleurs assez fidèlement la compositi- Intégration du système GSE rieurs hiérarchiques sont régulièrement on de la population suisse, selon les deux Une entreprise aussi hétérogène ne se laisse sondés sur leurs prestations comme sur leur responsables GSE de la compagnie pas diriger depuis un seul et unique service. santé. Il est important «que le système GSE d’assurances, Regula Keller et Esther Graf. Huit collaborateurs au sein du département soit intégré et non pas utilisé comme un ex- Les collaborateurs proviennent de 33 nations RH sont responsables en matière de GSE, tra. C’est à cette condition seulement qu’il différentes; environ 26% d’entre eux travail- mais un groupe de pilotage se charge de est possible de se faire entendre», estime lent à temps partiel et, ensemble, ils repré- garantir qu’il puisse y avoir entre deux et Regula Keller. Au sein d’Axa, la gestion de la sentent une centaine de corps de métier. cinq échanges par année entre les divers santé se diffuse donc à différents niveaux: Cette diversité trouve sa justification écono- secteurs impliqués (comme l’école interne dans la charte de l’entreprise, dans le règle- mique dans la nécessité de s’adapter «Axa Academy» pour les collaborateurs et ment du personnel, dans les formations pour constamment aux besoins de la clientèle et les cadres, le Diversity Management, la dé- les cadres... avec, à chaque fois, l’objectif de trouver sans cesse des solutions inno- légation de personnel, le Corporate Respon- d’ancrer les comportements. vantes. Il s’agit pour cela de s’ouvrir à diffé- Jusqu’à quel point les besoins des colla- rents points de vue et de faire preuve de borateurs diffèrent-ils les uns des autres en «Il est important que le système GSE souplesse – sans pour autant perdre des yeux matière de flexibilité du travail? Toutes les les besoins des collaborateurs. soit intégré et non pas utilisé comme un personnes ne se ressemblent pas; toutes les C’est dans la «culture bleue» que réside extra. C’est à cette condition seulement personnes âgées de 55 ans et au-delà non la recette du succès d’Axa: cette culture ou- qu’il est possible de se faire entendre.» plus, explique Esther Graf. Et de préciser: verte, directe et respectueuse constitue en Regula Keller, responsable GSE, «Cela dépend moins de l’âge que du con- effet l’un des «piliers de la gestion de la san- Axa Winterthur texte ou des conditions de vie.» Ainsi, cer- té en entreprise», affirment Regula Keller et tains collaborateurs ont souhaité partir tra- Esther Graf. Elle détermine si les travailleurs vailler à l’étranger à l’âge de 55 ans, tandis Photos: Jeroen Singer parviendront à concevoir le sens de leur tra- sibility et le Case Management). «Cette mise que d’autres ont eu des enfants à passé 40 vail et à le trouver gérable, précisent-elles. en réseau nous aide à reconnaître de bonne ans. «Moi-même, je n’ai commencé à étu- Au cours de l’interview, certains concepts et heure les éventuels problèmes», souligne dier qu’à partir de 39 ans», confie Regula mots-clés reviennent cycliquement: estime, Esther Graf. En outre, une fois par année, les Keller. A noter que pour beaucoup de colla- confiance, discours franc. Mais aussi: une deux spécialistes GSE livrent à la direction un borateurs d’un certain âge, l’ascension pro- culture d’entreprise qui favorise «Health & Safety Report» indiquant entre fessionnelle «n’occupe pas une place pré- 8 HR Today Special 2016
Strategie Betriebliches Gesundheitsmanagement Une évidence: chez Axa Winterthur, l’intérêt de la diversité ne fait aucun doute pour Regula Keller et Esther Graf, coresponsables de la GSE. Photos: Jeroen Singer HR Today Special 2016 9
Gestion de la santé en entreprise Stratégie indifféremment plébiscitées par les collabo- rateurs, quel que soit leur âge, les séminaires ont surtout la cote auprès des plus âgés. Esther Graf a une hypothèse: en début de carrière, on veut que tout aille vite et la san- té est reléguée au second plan des préoccu- pations, parce qu’on la considère comme quelque chose de normal. A la question de savoir quelles sont les dernières tendances en matière de GSE, Re- gula Keller répond que «la santé n’est pas un sujet nouveau. Ce qu’il faut pour rester en bonne santé n’a pas grandement changé au fil du temps.» Plutôt que de tendances, la spécialiste préfère parler de classiques ou «Evergreens»: activité physique, alimentati- on, détente et prévention du stress. Ce der- nier point a pris de l’importance. La multipli- cation des options offertes par les nouvelles technologies se trouve à l’origine de cette évolution. «Autrefois, il y avait des cadres fixes qui se chargeaient de mettre des limites aux collaborateurs», remarque Esther Graf. Il n’y avait pas ou peu de flexibilité: soit on allait au bureau, soit on n’y allait pas; et la «Aujourd’hui, beaucoup de collabora- teurs pensent que tout doit être possi- ble. Ils tassent leur calendrier.» Esther Graf, responsable GSE, Axa Winterthur pondérante» d’après Esther Graf: ils veulent pendant la pause de midi au check-up médi- porte restait fermée le dimanche. simplement éprouver du plaisir à travailler – cal en passant par un lunch assorti d’un «Aujourd’hui, beaucoup de collaborateurs tout comme les jeunes –, se sentir valorisés cours sur la pleine conscience ou une initia- pensent que tout doit être possible. Ils tas- et tendre à un équilibre entre vie professi- tion à l’ergonomie. Par ailleurs, l’entreprise sent leur calendrier.» Chaque minute de la onnelle et vie privée. Au fond, tout le monde offre des cours de formation et de perfec- journée est planifiée. Il ne reste quasiment attache de l’importance au fait de pouvoir tionnement qui permettent aux collabora- plus de temps pour le repas de midi, alors travailler de manière flexible, et tout le teurs de s’orienter à différentes étapes de qu’autrefois, on rentrait à la maison pour monde est sensible à une bonne culture leur carrière ou phases de leur vie. Pour les prendre le temps de faire ceci ou cela. En d’entreprise et à une «culture de l’erreur». collaborateurs qui s’approchent de l’âge de conséquence, certains collaborateurs ont la retraite, des séminaires spécifiques ont été l’impression de courir comme un hamster Une offre de GSE en réponse à mis sur pied. Les parents aussi peuvent se dans une roue: «Ils se précipitent d’échéance des besoins multiples retrouver sur le coup de midi pour un «lunch en échéance.» Il s’agit de se réaligner avec En plus d’une vaste palette d’offres parents» où ils ont l’occasion de discuter, ses propres valeurs et de s’interroger sur ses d’accompagnement et de conseil – par ex- par-delà les niveaux hiérarchiques, de sujets propres limites. C’est ici que les entretiens emple en vue d’une réintégration professi- variés comme la garde des enfants pendant réguliers avec les supérieurs hiérarchiques onnelle après une maladie ou un accident, les vacances. prennent tout leur sens – car il n’est pas dés en cas de conflits interpersonnels, ou encore honorant d’avouer qu’on est épuisé. «Cela lorsqu’un collaborateur est confronté à des Utilisation des offres et peut arriver à tout le monde », assure Esther difficultés de performances –, Axa met des pyramide des âges Graf. Le dialogue ouvert n’en devient alors outils à disposition de l’ensemble du person Tandis que les offres telles que séances de que plus important. n nel. Cela va des séances d’activité physique massage ou abonnements de fitness sont Corinne Päper 10 HR Today Special 2016
Processus Gestion de la santé en entreprise Best Case Energie Romande Une entreprise au courant La société Romande Energie a toujours beaucoup investi pour la sécurité et la santé de ses quelque 700 collabora- teurs. Son engagement dans la prévention des risques psychosociaux s’est récemment manifesté à travers l’utilisation de l’outil d’évaluation du stress S-Tool, de la Fondation Promotion Santé Suisse. En tandem: Jean-Georges Walter, responsable de la gestion RH et Christian Bieri, responsable de la gestion de la santé au sein de Romande Energie. HR Today Special 2016 11
Gestion de la santé en entreprise Processus Un soleil étincelant au milieu d’un ciel sique et ergonomique. C’est une question Etant donné les nouveaux défis qui nous at- sans nuages se reflète dans les parois plus profonde de bien-être général», souli- tendent sur le marché des énergies, nous vitrées du siège social de l’entreprise Roman- gne Jean-Daniel Habegger. Ce n’est pas une avons décidé de mesurer le niveau de stress de Energie, à Morges. Jean-Georges Walter, fin en soi non plus: «Nous espérons que les au sein de l’entreprise. Pour ce faire, avons responsable du management opérationnel activités extraprofessionnelles favorisent la choisi l’outil S-Tool de Promotion Santé Suis- au sein d’une équipe HR de six personnes, culture de résolution des conflits, ce qui peut se», explique Jean-Georges Walter. «Le nous accueille chaleureusement dans un bu- contribuer indirectement à faire diminuer le stress possède une composante psychoso- reau avec vue sur le lac Léman et les Alpes, taux d’absences.» Le fait que ces opportuni- ciale qui se laisse analyser via le sondage S- occupé par Jean-Daniel Habegger, directeur tés soient effectivement saisies par Tool. Cet outil permet en effet d’examiner les RH. Ce dernier prend place autour de la table différents facteurs impliqués – par exemple, avec Christian Bieri, responsable de la santé le stress lié au changement avec un senti- et de la sécurité (SST) au travail de Romande «Il ne s’agit pas uniquement de ment d’insécurité de l’emploi, ou le stress Energie – la plus grande entreprise de pro- promouvoir la santé dans une induit par une surcharge de travail.» duction, de distribution et de commercialisa- perspective physique et ergonomique. Aussi, la profonde mutation de tion d’énergie de Suisse romande. l’économie énergétique n’épargne pas C’est une question plus profonde de Romande Energie. L’entreprise détenue en Les absences: indicateur de stress bien-être général.» majorité par le canton et les communes vau- «Dans notre business, les erreurs survenant Jean-Daniel Habegger dois a pu opérer pendant de longues années sur le lieu de travail sont susceptibles d’avoir Directeur RH, Romande Energie – tout comme n’importe quelle autre com- des conséquences graves», déclare Jean- pagnie d’électricité dans le même cas – sur Georges Walter, qui a travaillé en tant un marché protégé. La libéralisation du mar- qu’ingénieur dans le domaine des réseaux à l’ensemble des collaborateurs est régulière- ché de l’électricité la confronte actuellement haute tension avant de rejoindre les RH de ment vérifié, indépendamment de l’évolution à une concurrence accrue et à un change- Romande Energie. «Une conscience accrue de l’absentéisme, par des sondages internes. ment des attentes de la clientèle. Cette nou- de la sécurité fait partie intégrante de notre «Nous avons constaté que ce sont les dépar- velle configuration lui impose d’adapter con- culture d’entreprise. Elle constitue une bon- tements qui affichent les taux de satisfaction stamment ses processus afin de rester com- ne base pour prendre des mesures favora- les plus élevés qui présentent aussi les taux pétitive – ce qui accroît encore la nécessité bles à la santé dans le domaine des risques d’absences les plus bas», dit Jean-Georges de développer de nouvelles compétences et psychosociaux», estime Christian Bieri, qui Walter. «Il y a là une corrélation. Les ab- de trouver de nouveaux profils. Ces facteurs s’occupe depuis 2006 du service SST menant sences n’ont pas toujours une cause médica- peuvent avoir une influence sur le bien-être notamment diverses campagnes de préven- le; souvent, elles comportent aussi une di- au travail des collaborateurs. tion touchant la santé ou la sécurité (et allant mension sociale en rapport avec les condi- À noter que la moyenne d’âge au sein de de la promotion de l’activité physique aux tions de travail et la qualité des relations Romande Energie est de 48 ans. «Comme conseils diététiques en passant par des ac- dans l’équipe et avec les supérieurs.» Or, les S-Tool permet de mesurer le niveau de stress tions de sensibilisation anti-tabac). «Nous statistiques de ces dernières années mont- et la qualité de la vie sur le lieu de travail, cultivons aussi une culture d’entreprise qui rent une constante tendance à la baisse – un nous pouvons mieux connaître les répercus- encourage les échanges et la coopération au signal très encourageant. sions des changements internes et ce, dans sein du personnel par-delà les échelons hié- chaque département», poursuit Christian rarchiques et les secteurs – et ce même en Mesurer le stress avec «S-Tool» Bieri. dehors du travail, grâce à des activités spor- Loin de Romande Energie l’idée de se repo- tives et culturelles», précise Jean-Georges ser sur ses lauriers: «Ces dernières années, Approche bottom-up Walter. «Il ne s’agit pas uniquement de pro- nous avons eu de plusieurs cas d’épuisement Jean-Georges Walter va avoir un nouveau mouvoir la santé dans une perspective phy- professionnel, à divers niveaux hiérarchiques. rôle à jouer: «Après avoir présenté les résul- 12 HR Today Special 2016
Processus Gestion de la santé en entreprise Fotos: Jeroen Singer «Grâce à une analyse comparative au niveau suisse, «Une conscience accrue de la sécurité fait partie intégrante basée sur des indices de référence, nous savons de notre culture d’entreprise. Elle constitue une bonne base maintenant où nous nous situons exactement par pour prendre des mesures favorables à la santé dans le rapport aux autres entreprises.» domaine de la prévention des risques psychosociaux.» Jean-Georges Walter, Christian Bieri Responsable Gestion RH Responsable Santé et Sécurité Romande Energie au Travail Romande Energie tats du sondage à la direction, je vais perso- atéliers spécifiques avec le personnel.» Ob- davantage sur les risques psychosociaux et nnellement rencontrer chaque directeur jectif: élaborer avec les collaborateurs, dans les facteurs de stress qui peuvent toucher pour lui restituer les résultats détaillés de son une approche bottom-up, des idées de solu- nos collaborateurs. Ensuite, quelques idées- unité.» Ainsi, les champs du sondage qui tions qui seront ensuite présentées au ma- clé se sont dégagées, par exemple sur la fa- sont surlignés en orange appellent des éc- nagement. Une douzaine d’atéliers de ce çon dont il est possible d’induire un meilleur laircissements. L’outil de la Fondation Pro- équilibre travail-vie professionnelle, ou sur motion Santé Suisse est en effet construit de notre manière de gérer nos craintes en ma- telle sorte qu’il permet de visualiser avec des «Nous sommes convaincus que les tière de sécurité de l’emploi», affirme Chri- couleurs (vert, orange ou rouge), sur une activités extraprofessionnelles favori- stian Bieri qui tire un bilan intermédiaire po- échelle allant de 1 à 100, le degré d’urgence sent la culture de résolution des conflits, sitif. d’un besoin d’intervention. À partir de 60, Jean-Georges Walter ajoute: «Cet outil ce qui peut contribuer indirectement on entre dans la zone orange; au-delà de 90, nous a donné plus d’informations que nous on bascule dans le rouge. à faire diminuer le taux d’absences.» ne pensions pouvoir en obtenir. Grâce à une «Les champs qui s’avèrent critiques dans Jean-Daniel Habegger analyse comparative au niveau suisse, basée notre entreprise varient d’une unité à Directeur RH, Romande Energie sur des indices de référence, nous savons l’autre», révèle Jean-Georges Walter. «Si l’on maintenant où nous nous situons exacte- se met d’accord sur le fait qu’une mesure ment par rapport aux autres entreprises. Fi- particulière s’impose dans un secteur, nous genre sont prévus jusqu’au mois d’août. nalement, cette démarche a confirmé une avons la possibilité de faire appel à des con- Pour Romande Energie, trois champs de réalité que nous connaissions déjà, à savoir seillers externes de Promotion Santé Suisse, réflexion se sont cristallisés grâce à l’outil S- que nous avons de bonnes antennes.» n lesquels sont habilités à mettre sur pied des Tool. «Tout d’abord, nous en avons appris Simon Bühler HR Today Special 2016 13
M Gestion de la santé en entreprise Mesures Les nouveaux espaces bureautiques Pour devenir à la fois plus innovantes, plus agiles, et aussi pour dépasser la «pensée en silo», beaucoup d’entreprises trans- forment leurs bureaux en espaces de travail «multipostes» qui doivent faciliter les échanges interpersonnels. Celui qui opte pour ce concept doit cependant adapter sa ligne de conduite et sa culture d’entreprise en conséquence. Nous en avons parlé avec Daniel Schweingruber, directeur du Centre des nouveaux mondes de travail chez Witzig The Office Company. A quoi ressemble l’environnement qu’il sache s’organiser pour les mettre à pro- de travail optimal? fit. Agir de manière responsable et auto Daniel Schweingruber: Cet espace nome représente toutefois un défi important idéal comporte différents endroits où les col- pour les collaborateurs qui sont habitués laborateurs peuvent, selon leurs besoins, se depuis des années à recevoir des missions et concentrer, trouver l’inspiration, commu- des consignes claires. De ce fait, les RH et les niquer avec les collègues ou se retirer. En supérieurs doivent faire preuve de sensibilité tous les cas, les collaborateurs devraient et proposer des formations continues aux pouvoir choisir eux-mêmes où ils vont tra- collaborateurs pour que ces derniers puis- vailler. Cela peut être au sein de l’entreprise, sent travailler de manière productive dans les mais aussi à la maison ou dans un centre de bureaux multipostes. Les effets d’une telle location de bureaux en co-working. Beau «Laisser des surfaces de bureau modification sont sous-estimés dans la pra- coup d’entreprises ont reconnu le potentiel tique, parce que la direction a tendance à inoccupées ne fait aucun sens du point de ce concept et mettent en place les condi- partir du principe que les collaborateurs vont tions préalables nécessaires. Mais il y a en- de vue écologique et économique.» aisément s’habituer aux bureaux multi- core passablement de rattrapage à faire. Daniel Schweingruber, directeur du Centre postes. Là, une opportunité est gaspillée. des nouveaux mondes de travail et Work- space Consulting chez Witzig The Office Quels sont les principaux avantages de A quoi ressembleront nos locaux de tra- Company ces nouveaux espaces de travail? vail en 2020? Nous savons que plus de 30% des postes La fonction des bureaux est en train de travail en Suisse ne sont pas utilisés, soit d’évoluer fortement du lieu de travail vers un parce que les collaborateurs sont en réunion, agenda aidera à ne pas oublier de parler de espace de rencontre, d’échanges interper- soit parce qu’ils se trouvent à l’extérieur avec points importants ou délicats. Par ailleurs, on sonnels et de co-création. Tandis que la par- des clients ou encore parce qu’ils sont en entend souvent dire que les collaborateurs celle dédiée au travail de bureau en soi se vacances, en arrêt maladie ou en formation. qui n’ont pas de bureau souffrent de man- réduit, les zones de communication et de Laisser ces surfaces de bureau inoccupées ne quer de «point d’ancrage». Une solution travail créatif gagnent en importance. Avec fait aucun sens du point de vue écologique consiste à libérer un secteur pour les laisser la digitalisation, le besoin en espaces de ran- et économique. Cela ne veut pas dire qu’il installer leurs propres meubles de bureau, gement se réduit toujours plus. A l’avenir, faille impérativement économiser de la par exemple, ou à prévoir des casiers pour des écrans de tous types seront insérés dans place. Mais les espaces disponibles peuvent leur permettre de ranger leur matériel. les tables de travail et les parois, et l’inter être utilisés comme zones de communica- activité en deviendra encore plus attrayante. tion pour permettre à une nouvelle dyna- La variété des options offertes n’est-elle Peut-être aussi verrons-nous arriver les pre- mique de travail de surgir de manière infor- pas déconcertante? miers robots dans les bureaux... n melle et spontanée. Cela procure de grands Les collaborateurs pourront se sentir dé- Interview: Corinne Päper avantages aux entreprises, notamment en passés s’ils ne voient pas le sens de ces es- termes de qualité de la communication et de paces de travail, ou s’ils ne comprennent pas Littérature force d’innovation… le concept. Ils devraient donc être préparés à utiliser, dès le début du projet, toutes les «Nouveaux espaces bureautiques – déve- … et les désavantages? nouvelles possibilités qui leur seront propo- loppement de compétences pour un plus faible niveau de stress». Tel est le titre du Selon la taille et le concept multi-espaces sées. Si ces espaces sont introduits et que la document de travail élaboré en allemand choisi, il n’est plus certain que les supérieurs culture d’entreprise est modifiée en consé- par Promotion Santé Suisse en collabora- et leurs collaborateurs puissent se rencontrer quence, les options augmentent considé- tion avec la société Witzig. On y trouve tous les jours. C’est pourquoi l’échange réci- rablement. Ainsi, chaque collaborateur des points de repère pour l’organisation proque doit être planifié. Pour ce faire, il est pourra décider x fois par jour quand et où il du travail et la direction. important de ne pas se limiter à des réunions travaillera. Evidemment, il est nécessaire www.promotionsante.ch informelles autour d’un lunch. Tenir un qu’il connaisse les options à sa disposition et 14 HR Today Special 2016
Mesures Mesures Gestion de la santé en entreprise Les bureaux multi-espaces vus par la Mobilière En décembre 2015, 160 collaborateurs de Bourquenoud. Aujourd’hui, les collaborateurs la Mobilière ont pris possession de leurs ne travaillent pratiquement plus avec le pa- nouveaux bureaux. La directrice du pier, ils n’ont pas de place de travail fixe et ils secteur Human Development du Groupe expérimentent la culture du «clean and clear parle de ses expériences avec les nou- desk policy». veaux espaces de travail. La conduite managériale a également fortement changé. «La performance compte Ce ne sont pas seulement les collaborateurs aujourd’hui davantage que le temps de pré- et cadres de quatre secteurs différents (déve- sence.» Plus personne n’en est réduit à tra- loppement d’entreprise, communication vailler assis au bureau, les collaborateurs peu- d’entreprise, Corporate Social Responsibility «Nous n’avons pas seulement vent choisir l’endroit qui leur convient. Ré- et Human Development) qui ont abandonné démonté des parois, nous avons seauter et communiquer est devenu possible leurs places de travail fixes. Le CEO de la com- également créé les conditions de à partir de n’importe quel endroit grâce aux pagnie d’assurances, Markus Hongler, a base nécessaires à la culture nouvelles technologies. Jusqu’à ce que ce également troqué son ancien bureau pour le du travail de demain.» projet-pilote aboutisse, un team interdiscipli- nouvel espace de travail ouvert. Quelle a été naire a travaillé pendant près d’une année à Nathalie Bourquenoud, la raison de ce changement radical? «Avec sa réalisation. L’équipe englobait des mem- directrice du secteur Human l’avènement de la digitalisation, de nouvelles Development, Mobilière bres de la direction du secteur Human Deve- formes de travail sont apparues. Les collabo- lopment (qui a coordonné le projet), mais rateurs réclament de la flexibilité et souhai- également des représentants de plusieurs tent pouvoir travailler sans contrainte de un second temps, d’autres surfaces du même autres services: Facility Management, lieu», explique Nathalie Bourquenoud, direc- bâtiment ainsi que le siège de la direction à construction, informatique et Corporate Res trice du secteur Human Development. En ou- Nyon seront également transformés. Le ponsibility. Pour Nathalie Bourquenoud, la tre, les nouvelles technologies ont changé les concept des nouveaux paysages bureautiques valeur ajoutée de ces nouveaux espaces bu- professions, les processus et les modes de a été pleinement exploité: pour créer une am- reautiques transparaît dans «l’enthousiasme communication. biance propice au travail, des parois ont été des collaborateurs». Le taux d’occupation des Tout cela exige de faire preuve de qualités supprimées et remplacées par du bois, avec des locaux de 80% semble prouver que la Mobi- telles que la curiosité et l’ouverture d’esprit. couleurs chaudes et des lignes incurvées. Ce lière ne se contente pas d’utiliser les surfaces Le nouvel environnement de travail doit «ins nouvel environnement comprend des zones disponibles de manière optimale: elle pour- pirer les collaborateurs et leur permettre de aménagées spécifiquement pour favoriser la suit aussi une ligne directrice claire tout en continuer à se développer, à participer et à concentration, permettre le repos ou stimuler investissant pour l’avenir. «Nous n’avons pas innover», souligne Nathalie Bourquenoud. En les échanges et le travail en groupe, par exem- seulement démonté des parois, nous avons six mois, environ 2000 m2 de surface de bu- ple. Cette redéfinition de l’environnement se également créé les conditions de base néces- reau au siège social bernois ont été convertis répercute sur la cohabitation. «L’espace déter- saires à la culture du travail de demain.» ■ en paysage bureautique multi-espaces. Dans mine la culture du travail», estime Nathalie Corinne Päper Evénement Congrès national pour la gestion de la santé en entreprise 2016 «Move, Speed und Inspiration im Work- space der Mobiliar-Versicherung». Anna Coradi, directrice de projet Workspace Solutions chez Witzig The Office Company, Claudia Giorgetti Del Monte, directrice du secteur Développement de l’organisation et de la culture de la Mobilière Suisse. Photo: Nik Hunger Date: 24 août 2016 Lieu: Université Irchel, Zurich Informations complémentaires: www.promotionsante.ch HR Today Special 2016 15
Vous pouvez aussi lire