Guide thématique IRS - Prévenir les troubles musculosquelettiques N 2
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ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:36 Page 2 Guide thématique IRS N° 2 Décembre 2000 Prévenir les troubles musculosquelettiques CENTRE DES JEUNES DIRIGEANTS D’ENTREPRISE
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:36 Page 3 IRS et Réalisations Sociales Avec plusieurs centaines de cas accessibles à tous et à tout moment sur Internet, Innovations et Réalisations Sociales (IRS) est la plus grande base de don- nées de réalisations sociales innovantes en entreprise dans les domaines du changement concerté du travail. Aménagement et réduction du Chaque cas d’entreprise est présen- temps de travail, té avec les mêmes informations : dialogue social, santé et sécurité au travail, - une présentation rapide de l’inno- formation, emploi, NTIC... vation avec le nom de l’entreprise, son secteur d’activité, sa région, sa Des entreprises inventent chaque taille, un titre et le signalement de jour de nouvelles voies pour conci- la réalisation. lier performance économique et progrès social. - le descriptif de l’innovation, en un ou plusieurs écrans (contexte, Accéder à leurs témoignages démarche, déroulement, bilan). concrets grâce à la base IRS, c’est se donner le moyen le plus direct de - les coordonnées d’un contact dans rencontrer l’entreprise pour favoriser l’échange l’innovation sociale direct. sur le terrain. Le contenu et les coordonnées du cas sont validés et mis à jour régulièrement avec l’entreprise. www.irs-france.com
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:36 Page 4 1 Prévenir les troubles musculosquelettiques Les troubles musculosquelettiques (TMS) sont diverses pathologies touchant la périphérie des articulations. Ils affectent principalement les muscles, les tendons et les nerfs qui permettent le mouvement des pièces osseuses des membres supérieurs et inférieurs. Le syndrome du canal carpien (SCC) est la pathologie la plus connue et la plus répandue. En France, la plupart de ces pathologies sont reconnues comme maladies professionnelles (tableaux 57, 97 et 98 du régime général et tableaux 39, 57 et 57 bis du régime agricole). TMS : enjeux économiques et sociaux pour l’entreprise Avec près de 9000 cas en 1998, 70 % du total des maladies professionnelles reconnues, et une progression de l’ordre de 20 % par an, les TMS sont devenus un enjeu majeur de santé au tra- vail. Cette situation se retrouve également dans la plupart des pays européens. Les secteurs économiques les plus touchés sont l’agroalimentaire, les industries de l’habille- ment, les industries de montage d’appareils électriques, la construction automobile, le bâti- ment ... Mais les services et les activités de bureautique sont aussi de plus en plus concernés. En réalité, plus que dans des secteurs économiques spécifiques, ce sont plutôt dans des acti- vités présentant des caractéristiques communes, indépendamment de la branche profession- nelle, que l’on voit se développer les TMS : exigences de rapidité, de précision, de répétition sous forte contrainte temporelle sollicitant très fortement les membres supérieurs. Le coût humain est important : souffrances, gênes dans le travail et la vie quotidienne, inap- titude, séquelles fonctionnelles parfois irréversibles, risques de perte d’emploi et d’exclusion. Le coût économique pour l’entreprise est également conséquent : coût direct de la réparation mais aussi coûts indirects liés aux difficultés de plus en plus grandes de gestion des effectifs à un moment où les entreprises sont à la recherche de plus de souplesse et de flexibilité. La disparition des “postes doux“ dans beaucoup d’entreprises rend le reclassement plus diffi- cile. Par ailleurs, le vieillissement généralisé de la population active pose le problème avec encore plus d’acuité. Les difficultés de la prévention La prévention des TMS est complexe car ces pathologies sont d’origine multifactorielle. Pour autant, des solutions existent comme le montrent les cas d’entreprises présentés dans ce guide. Cependant, plusieurs conditions préalables sont nécessaires pour construire une pré- vention efficace. En premier lieu, il convient de reconnaître les pathologies des salariés comme de vraies pathologies professionnelles. Et de permettre d’en débattre dans l’entre- prise. Plus la prévention est précoce, plus elle sera efficace. D’où l’importance de reconnaître la plainte du salarié comme un indicateur précoce et d’organiser son recueil (cf. importance du rôle du service médical du travail).
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 5 2 La nécessité d’une approche globale Beaucoup de connaissances sont disponibles aujourd’hui sur les facteurs de risques et, globa- lement, partagées par l’ensemble des préventeurs. En ce qui concerne les membres supé- rieurs, les TMS résultent d’une hypersollicitation en inadéquation avec les capacités fonction- nelles des personnes au travail. Les principaux facteurs biomécaniques à l’origine du risque sont la répétitivité, l’ampleur des forces à exercer et des postures inconfortables. A côté de ces facteurs, on repère des facteurs psychosociaux relatifs à la façon dont la per- sonne perçoit son travail : appréciation de la monotonie des tâches à accomplir, la possibilité pour le salarié de faire reconnaître sa contribution à la production, la qualité des relations au sein des collectifs de travail et des relations avec la hiérarchie... Par ailleurs, des études et de nombreuses interventions du réseau ANACT ont montré les liens entre l’apparition de TMS et des formes d’organisation du travail dans lesquelles les marges de manœuvre laissées aux salariés étaient très faibles. Ces divers éléments mettent en valeur la dimension subjective de l’engagement de la personne au travail. Ainsi, dans le geste, il y a non seulement les caractéristiques du mouvement (aspects biomécaniques), mais aussi des caractéristiques cognitives (le geste est le résultat d’une stratégie mentale) et psychiques (le geste est l’expression de la participation de personne à la production et il est significatif de son identité). Cette conception globale du geste et du travail est essentielle pour bien appréhender le déve- loppement des TMS dans une entreprise et elle permet d’ouvrir les champs de la prévention. L’analyse biomécanique du mouvement est indispensable, mais elle se révèle bien souvent insuffisante. La prévention doit prendre en compte le retour à des valeurs acceptables d’ef- forts, de posture par un aménagement ergonomique des postes de travail... Elle doit aussi toucher l’organisation du travail qui doit permettre au salarié de conserver des marges de manœuvre dans la régulation de son activité. La construction d’une démarche de prévention efficace Tous les cas d’entreprise de ce guide présentent l’intérêt d’avoir développé des politiques de prévention fondées sur les caractéristiques suivantes : - Une approche globale des TMS : dans tous les cas, les entreprises sont progressivement entrées dans une analyse globale du geste et du travail. Peu à peu, elles ont dépassé la dimen- sion exclusivement biomécanique du geste et ont bien considéré l’implication des personnes au travail dans toutes ses dimensions. Elle ont alors travaillé sur l’ensemble des facteurs de risques, en particulier ceux d’ordre psychosocial. - Une action sur l’ensemble des facteurs : à partir de cette analyse, elles ont élargi le champ de la prévention : transformations du poste de travail, aménagements ergonomiques des lignes de production, transformations de l’organisation du travail, prise en compte des dimensions collectives de travail, développement organisé de la polyvalence...
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 6 3 - La prévention des TMS comme un projet : la prévention des TMS a été gérée comme un pro- jet avec une implication très forte de la direction, des moyens adaptés pour conduire l’action, une stratégie cohérente et coordonnée, du temps pour penser des solutions, et des moyens d’évaluation. - Intégrer la prévention des TMS dans les projets de l’entreprise : la prévention des TMS a été intégrée dans les projets de l’entreprise ( projet qualité, projets d’agrandissement, de trans- formation ou nouvelle unité...) et peu à peu, des critères liés à la santé ont été pris en comp- te dans les choix organisationnels et techniques. - Une approche partenariale et pluridisciplinaire : la démarche de prévention a impliqué la participation de tous les acteurs de l’entreprise, chacun avec leur point de vue et leur com- pétence propre ; le dialogue et la coopération ont été possibles entre les salariés, leurs repré- sentants et l’encadrement et entre les divers services de l’entreprise (bureau des études, méthodes, production...). Par ailleurs, les entreprises se sont appuyées sur des compétences d’acteurs extérieurs à l’en- treprise qui ont consolidé la démarche interne (ARACT, CRAM, médecins du travail, consul- tants ergonomes...). - La participation des salariés : celle-ci est essentielle et la capacité d’écoute et de parole qui a été permise est une condition primordiale du succès ; par ailleurs, elle entraîne un renou- veau certain du dialogue social au-delà des TMS et une amélioration notable du climat social. - L’acquisition et le développement de compétences en interne : beaucoup de cas d’entre- prises évoquent des processus de formation de personnes dans l’entreprise capables d’analy- ser les risques TMS dans l’entreprise ; mais au-delà de ces risques, il s’agit de développer des compétences de “veille“ sur la prise en compte des facteurs de santé dans les choix de la direction et ainsi de pérenniser une préoccupation sur ces thèmes. La prévention des TMS est complexe et n’est jamais totalement acquise. Les TMS étant d’ori- gine plurifactorielle, les transformations successives de l’entreprise et de son organisation sont capables de perturber l’équilibre des facteurs de risques. En tous les cas, les entreprises citées, par leur expérience sur TMS, ont développé des capacités d’analyse et d’anticipation qui devraient leur permettre de mieux gérer les solutions de prévention dans la durée et les évolutions de leur organisation. En ce sens, l’expérience acquise sur TMS est transférable sur d’autres risques et dans le développement de politiques d’évaluation des risques. Travailler à la prévention des TMS, c’est aussi mieux prendre en compte la valeur du travail comme contribution à l’efficacité de l’organisation productive. Philippe DOUILLET (ANACT, Santé et Travail)
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 7 S I G L E S 4 AGEFIPH Association pour la gestion du fonds de développement pour l’insertion professionnelle des handicapés ARACT Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail CAT Centre d’aide par le travail CHSCT Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail CRAM Caisse régionale d’assurance maladie DRH Directeur des ressources humaines FACT Fonds d’amélioration des conditions de travail FRAC Fonds régional d’aide au conseil INRS Institut national de recherche et de sécurité MSA Mutualité sociale agricole
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 8 MARWAL SYSTEMS 1, avenue Ampère - BP 530 Directeur des Ressources Humaines : 51009 CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE Bruno Collet 5 Tél.: 03 26 69 31 00 De l’ergonomie des postes à la prise en compte du stress Le processus de lutte contre les TMS a permis à Marwal d’identifier le stress comme facteur déclenchant et de rechercher des solutions. Contexte Marwal Systems est un sous-traitant automobile spécialisé dans la conception et la fabrication de systèmes d’alimentation en carburant. L’entreprise produit des pompes en métal et des systèmes complets en plastique qui pèsent au maximum 1 kilogramme. Elle emploie 735 salariés dont 485 ouvriers de production, en grande majorité des femmes dont la moyenne d’âge est de plus de 40 ans. Au début des années 90, elle a constaté l’émergence de troubles musculosquelettiques (TMS), principalement des tendinites au niveau de la main et du poignet. Prenant la mesure de l’impact économique, social et médical de ces TMS, l’entreprise a rapidement engagé une démarche d’analyse. Démarche Marwal a créé, en 1994, un groupe de travail pluridisciplinaire en collaboration avec la médeci- ne du travail et le CHSCT. Appelé ”Gestes Toxiques”, il a mené une étude avec l’INRS sur les fac- teurs déclenchant des TMS et les moyens à mettre en oeuvre pour les combattre. La conclusion de cette étude a donné à l’entreprise des ”préconisations process”, sous la forme de référentiels destinés à aménager et à créer des postes de travail ergonomiques. Ils ont servi de base à la conception de nouvelles lignes et de nouveaux postes de travail, testés par les salariés avant leur installation. Les résultats sont probants, du moins au premier abord. La société a pu constater une baisse importante des maladies professionnelles : de 8 cas en 1995 à 2 cas en 1999. Mais comme le souligne le DRH de l’entreprise, ”rien n’est jamais acquis en matière d’aménage- ment des conditions de travail”. Ainsi, la société est désormais touchée par des maladies plus graves, touchant le coude et les épaules. Une intervention sur les postes n’est donc pas toujours suffisante. Après avoir assisté à un colloque organisé par l’INRS en 1999, le DRH de Marwal est convaincu que ”le stress provoqué par des cadences élevées, des pannes régulières ou des problèmes rela- tionnels entre les personnes est un facteur déclenchant de TMS. Les opérateurs “compensant” par le geste un mauvais état psychique”. Et s’interroger sur le stress, c’est s’interroger sur l’orga- nisation du travail au sens large. Depuis un an, le groupe de travail a réorienté sa réflexion sur ce thème, en collaboration avec l’Anact et Omnia, un cabinet spécialisé dans l’intervention ergo- nomique. Les sujets abordés concernent de nombreux facteurs porteurs de stress : polyvalence (à certaines conditions, elle peut se révéler plus néfaste), contenu de la fonction, communication, évolution des carrières... Par ailleurs, le groupe a travaillé sur les aménagements de posture : l’alternance des positions debout et assise sur les postes peut avoir des effets bénéfiques. Le groupe de tra- vail a listé les causes de stress, recherché les causes racines et les solutions à apporter. Bilan Les premières actions qui seront menées viseront le plus souvent à réintroduire du sens dans l’activité des opérateurs. A noter : les autres entités du groupe s’inspirent régulièrement des dispositions prises par la filiale française en matière de lutte contre les TMS.
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 9 MECAGIS 315, avenue du Maréchal Juin 45200 AMILLY Directeur industriel : Marc Daclin 6 Tél.: 02 38 95 12 12 Un groupe de travail en formation-action pour une meilleure prévention Le CHSCT de Mecagis, alerté par la hausse des TMS, a constitué un groupe de travail pour lequel une formation-action est engagée. Contexte Cette entreprise de 200 salariés réalise des pièces et des sous-ensembles magnétiques pour des appareillages électriques et électroniques. L’activité de fabrication (effectif de production de 140 personnes) se caractérise par des manipulations nombreuses de petites pièces sur des volumes de plusieurs milliers par jour, par une population essentiellement féminine. Le CHSCT est conduit à s’interroger sur l’apparition de TMS après trois déclarations en maladie professionnelle. Démarche A l’initiative du secrétaire du CHSCT et avec l’accord de la Direction, un groupe de travail inter- ne sur les TMS est constitué début 1999. Il est composé du Directeur, des membres du CHSCT, de l’animateur sécurité, du responsable maintenance, du service méthodes, d’un agent de produc- tion et du médecin du travail. Le Médecin du travail apporte une information sur les TMS, aux membres du groupe de travail, puis à l’ensemble de l’encadrement. Le groupe commence ensuite un travail de catégorisation des postes à risque grâce à une métho- de proposée par le médecin du travail. Après une formation à l’outil, le groupe l’utilise sur quelques postes. Mais devant l’ampleur du travail à mener, le groupe recherche un appui exté- rieur pour poursuivre son action et sollicite l’ARACT Centre. L’intervention de l’ARACT va être plus large. Il ne s’agit pas seulement de recenser poste par poste les risques bio-mécaniques (sur les gestes et postures) mais aussi de remonter aux facteurs de risque et leurs causes, pour ensuite proposer des pistes de travail au groupe TMS. Ainsi, trois postes de travail assez représentatifs de l’activité et considérés comme pénibles seront étudiés. Les résultats de cet état des lieux font apparaître l’influence de plusieurs facteurs touchant autant à l’organisation de la polyvalence et de la rotation sur les postes qu’à la conception des équipements ou la conception d’un produit. L’entreprise souhaite mener ses actions en interne, c’est dans ce but qu’elle a constitué le grou- pe TMS. La globalité des actions à mener fait apparaître le besoin de renforcer les compétences du groupe TMS. Il est proposé à l’entreprise de s’engager dans un processus de formation-action du groupe TMS, avec les objectifs suivants : - les membres du groupe TMS sont formés aux outils et méthodes qu’ils mettent en pratique sur quelques situations pendant la formation pour aboutir à des solutions, avec l’accompagnement de leur formateur - puis, les membres du groupe peuvent réutiliser la démarche sur d’autres actions ou projets, grâce au transfert en interne des outils et méthodes de travail. Bilan À ce jour, l’entreprise a décidé de s’engager dans la formation des membres du groupe TMS, qui sera intégrée dans le plan de formation 2001.
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 10 OLYMPIG ZI La Belle Alouette 56120 JOSSELIN Directeur : Raymond Laudrin 7 Tél.: 02 97 73 62 62 Olympig améliore son image et ses performances en aménageant les conditions de travail Par une démarche participative, cette entreprise d’abattage et de découpe de viande de porc a pu améliorer les conditions de travail sans pour autant réduire la cadence de production. Contexte Olympig est une entreprise d’abattage et de découpe de viandes de porc qui emploie un millier de personnes. En 1996, alors que ses comptes d’exploitation étaient en déficit depuis plusieurs années, Olympig a été reprise en main par une nouvelle équipe de direction. Confrontée à une image sociale dégradée, notamment marquée par un nombre important de cas de maladies pro- fessionnelles, la nouvelle direction a souhaité combiner politique d’amélioration des conditions de travail et accroissement de l’efficacité de l’outil de production. Cette orientation a été soute- nue et accompagnée par le CHSCT. Démarche Confrontée à la croissance de l’absentéisme, au développement du turn over et à la multiplica- tion du nombre de maladies professionnelles (plus particulièrement des TMS), la société a sollici- té l’Anact pour réaliser un diagnostic court dans les ateliers de découpe primaire et de condi- tionnement au sein desquels la situation était la plus préoccupante. L’opération a été lancée dans l’atelier de découpe primaire qui emploie 280 personnes. Le constat réalisé à l’époque indiquait que l’organisation de l’atelier était à repenser totalement. La direction a alors décidé de constituer des groupes de travail pour trouver une solution satisfaisante. Le pre- mier, appelé groupe de projet, regroupait des représentants du CHSCT, de l’Anact, de l’Inspection du travail, de la médecine du travail, de la direction et de la MSA. Le second était constitué de 5 salariés de chaque équipe. Un ergonome était chargé de faire le lien entre ces 2 groupes de réflexion. Après 8 mois de travail, à raison d’une réunion tous les deux mois, une proposition d’or- ganisation, lancée par un opérateur, a fait l’unanimité dans les deux groupes de travail. La nouvelle organisation qui fonctionne depuis 1999 a permis de mieux répartir la charge de tra- vail entre les opérateurs, de réduire le rythme de travail de chacun sans diminuer la cadence de production de l’atelier et de développer la polyvalence pour casser l’effet monotone de la chaîne. Les aménagements réalisés ont coûté 5 millions de francs. La réflexion sur l’aménagement de l’atelier de conditionnement, qui emploie 140 salariés en 2 équipes, a débuté en mars 2000 sur le même mode participatif que l’opération décrite plus haut. Enfin, depuis septembre 1999, un salarié de l’entreprise est missionné pour se rendre dans tous les autres ateliers de l’usine (abattoir, porcherie, découpe secondaire) afin d’envisager, avec les opérateurs, des aménagements poste par poste et les mettre en place. Bilan Au sein de l’atelier de découpe primaire, les déclarations de maladie professionnelle ont diminué et une enquête de satisfaction menée par le CHSCT fait apparaître que les salariés se sentent mieux dans leur travail même si des points restent à améliorer. Selon le directeur industriel d’Olympig, ”l’aménagement des conditions de travail doit permettre d’améliorer l’image sociale de l’entreprise”. La société étudie aujourd’hui la possibilité de réaliser un ”remodeling” complet de son site à partir de 2004.
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 11 POT AU PIN 6, chemin de Pot au Pin 33610 CESTAS Directeur : Christian Letierce 8 Tél.: 05 57 97 08 60 Pot au Pin combine intégration des personnes handicapées et amélioration des conditions de travail Dans le cadre de l’industrialisation de son process de production de poireaux, Pot-au-Pin a réfléchi à l’amélioration des conditions de travail et à l’intégra- tion de travailleurs handicapés Contexte La Société civile d’Exploitation agricole (SCEA) Pot au Pin est spécialisée dans la production de légumes frais (carottes, haricots verts, poireaux, salades et maïs) sur 1000 hectares. Elle emploie 58 équivalents temps plein. En 1997, elle a lancé un projet d’industrialisation de son activité ”poireaux”, qui représentait alors moins de 10 % de son chiffre d’affaires. Alertée par le risque d’augmentation des cas de tendinite dans son nouveau process, et alors que sa réflexion était déjà engagée, elle a fait appel à l’Aract Aquitaine pour mener un diagnostic court. L’intervention a été menée par le Laboratoire d’ergonomie des systèmes complexes de Bordeaux 2. Démarche Dans le process envisagé et après avoir réalisé un diagnostic de la société, l’Aract a souligné que le projet de l’entreprise devait également considérer les postes de travail des dix personnes handica- pées mises à disposition par un CAT voisin. La prise en compte du handicap, qui nécessitait de s’in- téresser aux facteurs de stress, à la pénibilité du travail et à la complexité de certaines tâches, pou- vait, par effet de loupe, permettre d’améliorer les conditions de travail de l’ensemble du personnel ! Ainsi, pour que les handicapés puissent travailler à leur rythme, il fallait que les postes de travail soient indépendants dans le déroulement de la production. La société a donc, notamment, investi dans l’ac- quisition de 17 balances sophistiquées (une par opérateur). Cette dissociation des postes, en plus de permette l’insertion des personnes handicapées, accroît l’autonomie des salariés. Parallèlement, l’or- ganisation de l’atelier a été modifiée pour que chaque salarié puisse effectuer toutes les opérations du process : le parage (enlèvement des feuilles de poireaux), le calibrage, le conditionnement et le pesage. La seconde priorité de l’Aract et des ergonomes était de travailler sur l’automatisation de la produc- tion de poireaux, en prenant en compte le facteur humain dans un souci d’efficacité et de qualité. Il s’agissait de réduire au maximum les manutentions pénibles. Ainsi, le transport de poireaux par pal- lox (de grosses caisses en fer), a été supprimé et remplacé par 4 remorques à fond mobile qui déchar- gent les poireaux sur des tapis d’approvisionnement. D’autre part, le convoyage des cagettes pleines a été installé en hauteur pour libérer les espaces et permettre au personnel de se déplacer sans entra- ve. Une mezzanine a également été réalisée pour assurer l’alimentation des postes en cagette vide. C’est une personne handicapée qui occupe ce poste. Bilan Mis en place depuis le mois de juin 1999, ce nouveau process a déjà permis d’agir sur les tendinites. 10 personnes handicapées ont été maintenues en prestation de service et 5 travailleurs handicapés ont été embauchés en CDI. Le surcoût de cette opération a été financé en partie par l’Agefiph, au prorata du nombre d’embauches, et par des d’aides de l’Etat (FACT) et de la région (FRAC). Actuellement, une évaluation est en cours pour déterminer les gains de productivité, de qualité et d’amélioration des conditions de travail.
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 12 SABIM ZI Aubrée 72300 SABLÉ-SUR-SARTHE Directeur des ressources humaines : Yves Mély 9 Tél.: 02 43 62 55 00 Une formation-action pour lutter contre les TMS Face au nombre croissant de TMS déclarés, la SABIM a engagé un plan de pré- vention comprenant une sensibilisation de son encadrement et une formation- action. Contexte La Sabim est une société spécialisée dans l’abattage de bétail ainsi que dans la transformation et la commercialisation de la viande. Elle emploie 800 personnes, dont 650 travaillent dans ses ate- liers de production. En 1995, elle constate une augmentation importante des cas de troubles musculosquelletiques déclarés en maladie professionnelle. Conséquence : la société rencontre des problèmes d’organisation à la suite des absences qui se multiplient et, assujettie au système de tarification individuelle pour les accidents du travail et les maladies professionnelles, elle voit le coût de ses cotisations augmenter. Démarche Elle décide donc de s’engager dans une politique de prévention des risques professionnels et met en place une formation à la sécurité à destination de ses cadres pour les sensibiliser aux effets du travail sur la santé. Dès lors, la vision des problèmes est renversée : les TMS ne sont plus imputés à l’individu ou à la malchance, mais aux conditions de travail... A partir de 1997, la prévention des TMS est intégrée à la politique sécurité/santé de l’entreprise. A la suite de cette première intervention, l’entreprise prend réellement conscience de l’ampleur du phénomène et décide de collaborer avec le médecin du travail, la CRAM et l’Aract Pays de la Loire pour analyser les situations de travail dans les ateliers. Après avoir réalisé un diagnostic court, l’Aract propose de mettre en place une formation-action dans le but de constituer un groupe de travail interne chargé de l’analyse des postes. Une proposition acceptée. Ce groupe est composé de 3 personnes du service production (dont un ouvrier), du DRH, d’une infirmière, d’un élu du CHSCT, d’un membre du service technique, du médecin du travail et de l’ingénieur de la CRAM. Cette formation-action, réalisée par un consultant, s’est déroulée sur 7 séances d’une journée de septembre à décembre 1997. Le groupe de travail a alors pu analyser les situa- tions de travail, en travaillant de manière approfondie grâce à la vidéo, et mettre en place des aménagements de postes. Le percolateur, un outil qui permet de détacher des boyaux collés ensemble sur un tissu, qui était porté par les ouvriers, est aujourd’hui suspendu à un ressort. Son poids n’est donc plus supporté par les salariés, qui bénéficient aussi de plus de liberté dans leurs mouvements. Autre exemple : l’éplucheuse, destinée à enlever la peau tendineuse des muscles du boeuf, a été disposée différemment pour faciliter le travail. En matière d’amélioration de l’organisation du travail, la polyvalence a été accrue pour per- mettre les rotations d’un poste à l’autre et la répartition des opérateurs sur la chaîne a été modi- fiée pour leur donner une marge de manoeuvre plus importante. La charge de travail a aussi été organisée de manière plus équitable. Bilan L’organisation du travail a connu des évolutions et certains postes ont été réaménagés. A ce jour, il est trop tôt pour mesurer les effets des actions menées dans le cadre du projet de prévention des TMS et donner des chiffres. Néanmoins, c’est grâce à cette capitalisation d’expériences que la SABIM pourra intégrer, à chaque étape de conception de chaînes, la prévention des risques professionnels.
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 13 SOCAVI 4, rue du Suon - BP 10 22480 SAINT-NICOLAS-DU-PELEM Directeur : André Quéré 10 Tél.: 02 96 29 51 01 Les conditions de travail comme fil conducteur de la construction d’une nouvelle usine… Dans un programme global d’amélioration des conditions de travail, cet abat- toir a repensé ses postes et introduit des innovations technologiques dans les opérations de bridage et de calibrage, en prévention des TMS. Contexte La société Socavi est spécialisée dans l’abattage, la découpe et le conditionnement de volailles fraîches et congelées. Elle emploie 255 salariés. Totalement détruit par un incendie en 1997, cet abattoir de poulets a redémarré sa production en janvier 1999 dans des ateliers de 10 000 m2 qui ont nécessité un investissement de 75 millions de francs. Le directeur de Socavi a voulu intégrer un programme global d’amélioration des conditions de travail dès la construction de son usine. Démarche Lors de la conception de sa nouvelle entité, le directeur de l’usine a travaillé en étroite collabo- ration avec les membres du CHSCT et de la Mutualité Sociale Agricole des Côtes d’Armor. En tenant compte des causes des nombreux cas de (troubles musculo-squelettiques), plusieurs amé- nagements ont été réalisés. Certains ont concerné les espaces de travail (couloir pour faciliter l’ac- cès à chaque poste). Par ailleurs, les salariés ont été associés aux aménagements futurs de postes et ont pu tester les prototypes. Les opérations les plus innovantes ont eu lieu dans les ateliers de bridage et de calibrage, qui emploient au total 50 personnes. Le bridage des poulets consiste à mettre en forme le poulet en ficelant ses membres à l’aide d’une bride élastique. Cette opération, qui requiert une gestuelle précise, rapide et complexe, était habituellement réalisée à une température de 2°, afin de garantir la qualité bactériologique des poulets. Mais à cette température, le poulet est très rigide, ce qui rend le bridage difficile et favorise l’apparition de par une hypersollicitation des articulations des membres supérieurs. Le nouveau système de refroidissement développé par Socavi est particulièrement innovant. Il per- met désormais de brider les poulets à 15°C, la suite du refroidissement à 2°C étant effectuée après bridage. Ce process diminue grandement la rigidité des carcasses. Les efforts articulaires sont donc désormais réduits, et le refroidissement de surface est suffisant pour éviter les pro- blèmes bactériologiques. Le calibrage des poulets consiste à identifier le poids et les catégories de poulets (A ou B s’il pré- sente un petit défaut), afin de répartir les volailles en fonction des commandes. Le process utili- sé provoquait des chutes de poulets sur les avant-bras des salariés et des difficultés de répartition des flux entres les opératrices. Le nouvel équipement permet une meilleure gestion de la répar- tition des poulets dans les bacs de 10 pièces, étiquetés en fonction de leurs caractéristiques. Ce qui induit une meilleure répartition de la charge de travail entre les opératrices et une diminu- tion du stress pour toutes les opératrices. Bilan Depuis la mise en place de ces outils, seul un cas de est apparu et le directeur de la Socavi estime que ”la meilleure répartition des charges de travail entre les opératrices a considéra- blement amélioré le climat social au sein des ateliers”. En outre, il pense que ”l’amélioration des conditions de travail va permettre de fidéliser ses salariés”.
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 14 VORWERK SEMCO 20, route de Montigny - BP 21 28220 CLOYES-SUR-LE-LOIR Directeur général : Alain Roger 11 Tél.: 02 37 44 57 50 Expression du personnel et adaptation des postes pour lutter contre les TMS Confrontée à un nombre important de restrictions d’aptitudes, Vorwerk Semco a engagé une démarche d’expression du personnel et procédé à des modifica- tions de postes. Contexte Filiale d’un groupe allemand, l’entreprise fabrique des appareils électroménagers (mixer-cuiseur et entretien des sols). Son activité est centrée sur trois produits dont elle assure de façon exclusi- ve, dans le groupe, la fabrication. Sur le site de Cloyes, Vorwerk emploie 300 personnes avec une forte ancienneté et un âge moyen important. Les lignes d’assemblage comportent des opérations manuelles répétitives. C’est le Médecin du travail qui alerte l’entreprise sur les risques TMS, alors que l’entreprise constate un nombre important de restrictions d’aptitudes. Démarche L’entreprise engage des actions dans deux directions : des améliorations techniques sur les moyens de production pour réduire le risque TMS et un développement de l’expression et de la partici- pation du personnel. Le développement de l’expression du personnel se décline autour de trois axes : - la réalisation d’une enquête auprès du personnel. - la participation des salariés à groupes de travail - la mise en place d’un plan de formation innovant pour l’ensemble du personnel, afin d’élever le niveau de connaissance et de compétences Les résultats sont les suivants : ces actions ont permis une meilleure expression des salariés de leur vécu au travail et leurs propositions ont été prises en compte par l’entreprise. Par ailleurs, on a pu constater des effets positifs sur la motivation, l’implication, sur l’amélioration de la productivité et de la qualité. Les modifications techniques des moyens de production s’inscrivent dans une triple logique : - dans le cadre d’une évolution des produits et des lignes dans un objectif de prévention des risques (réalisation d’une nouvelle ligne de production) - dans le cadre d’une adaptation d’un poste sur une ligne pour maintenir en emploi une salariée avec des restrictions d’aptitude - dans le cadre du remaniement (en cours) d’une ligne de production, pour permettre d’y faire tra- vailler le maximum de salariés avec des restrictions d’aptitudes. Il est à noter que l’entreprise a bénéficié du soutien de l’AGEFIPH et de l’IDARPH pour mener les actions et réaliser les modifications techniques. Leur intervention a permis de faire connaître ce que sont les TMS et d’apporter des notions d’ergonomie pour la prévention des TMS. L’association des salariés dans un comité technique a permis d’optimiser le choix des équipements. Bilan Si l’entreprise dispose de peu de recul pour mesurer l’impact de ses actions sur la pré- vention des TMS, un apport essentiel a été relevé sur l’ensemble des actions menées : il s’agit de l’as- sociation des salariés aux actions et de leur implication. Chaque projet est désormais mené dans une démarche pour favoriser autant une amélioration des conditions de travail que le maintien de la performance de l’entreprise.
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 15 Pour en savoir plus… Agir sur les maladies professionnelles : l’exemple des troubles musculosquelettiques (TMS) / Directeur Pierre FRAN- CHI. - LYON : EDITIONS DE L’ANACT, 1997. - 61 pages. - (Collection Agir sur). - 69 FF TMS et évolution des conditions de travail. Séminaire Paris 1998 / Coordinateur Fabrice BOURGEOIS. - LYON : EDITIONS DE L’ANACT, 1999. - 133 pages. - (Etudes et documents). >Document Cliquez ici pour télécharger téléchargeable l'étudesur gratuitement depuis le sitele desite www.anact.fr l’Anact (www.anact.fr) Troubles musculosquelettiques et travail / Fabrice BOUR- GEOIS, Claude LEMARCHAND, François HUBAULT, et al. - LYON : EDITIONS DE L’ANACT, 2000. - 252 pages. - (Outils et méthodes). - 160 FF > En savoir plus... / commander l'ouvrage Prévenir les TMS : de l’impensable au possible. Démarches d’entreprises / Evelyne BRICAULT. - LYON : EDITIONS DE L’ANACT, 1999. - 70 pages. - (Les Cahiers de l’Anact n°14) - 75 FF Et le site dédié à la prévention des TMS : www.anact.fr/sante/tms [ Introduction, statistiques, agenda, bibliographie, fiches outils, liens vers d'autres sites, etc... ]
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:37 Page 16 Cette collection est réalisée par l’Anact, opérateur d’IRS 4, quai des Etroits - 69321 Lyon Cedex 05 Téléphone : 04 72 56 13 13 Directeur de la publication : Henri Rouilleault Directeur de la rédaction : Martine Sibertin-Blanc Coordination : Maud Annic Ont participé à l’élaboration de ce guide : Aract Aquitaine, Anact Antenne Bretagne, Aract Centre, Aract Pays-de-la-Loire, Philippe Douillet (Anact, ST), Mochon & Partenaires. Maquette : Double Action. ISSN en cours
ANACT guide IRS-2 5/12/00 9:36 Page 1 Les guides thématiques IRS Composé d’une courte introduction méthodologique et de 5 à 10 cas d’entreprises, chaque titre de cette collection met en valeur une thématique répondant à l’actualité sociale. Les cas présentés sont caractéristiques d’un changement accompagné et concerté dans l’organisation du travail. Ils sont issus de la base de données IRS, qui comprend environ 500 cas d’entreprises, alimentée par les 5 partenaires. Ministère de l’emploi et de la solidarité 1, place de Fontenoy 75007 Paris Tél.: 01 44 38 26 55 - Fax : 01 44 38 27 11 www.travail.gouv.fr ANDCP (Association Nationale de Directeurs et Cadres de la fonction Personnel) 29, avenue Hoche 75008 Paris Tél.: 01 56 88 18 28 - Fax : 01 56 88 18 29 www.andcp.fr CJD (Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise) 19, avenue Georges V 75008 Paris Tél.: 01 53 23 92 50 - Fax : 01 40 70 15 66 www.cjd.net Entreprise & Personnel 69, quai de Grenelle 75015 Paris Tél.: 01 43 92 13 00 - Fax : 01 43 79 32 39 www.entreprise-personnel.com Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail 4, Quai des Etroits 69321 LYON Cedex 05 Agence Nationale Téléphone : 04 72 56 13 13 - Télécopie : 04 78 37 96 90. pour l'Amélioration des Conditions de Travail Internet : www.anact.fr
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