Harry Potter et les chrétiens : pourquoi tant de haine ? - Reforme.net

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Publié le 26 mai 2020(Mise à jour le 15/07)
Par Louis Fraysse

Harry Potter et les chrétiens :
pourquoi tant de haine ?
Depuis la parution du premier tome de Harry Potter, en 1997, la saga littéraire et
cinématographique a subi les foudres de certains milieux chrétiens.

Ce jeudi 15 juillet 2021, TF1 proposera le troisième opus de la saga Harry Potter,
Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban.

En mai 2020, TF1 avait diffusé Harry Potter et les reliques de la mort : 1ère
partie, le septième et dernier volet de l’œuvre sortie de l’imagination de la
Britannique J. K. Rowling. Le succès populaire était au rendez-vous. Mardi 19 mai
2020, Le Prince de sang-mêlé, sixième épisode de la série, a réuni plus de six
millions de personnes devant leur écran, soit près de 30 % de part d’audience.

Depuis la parution en 1997 de Harry Potter à l’école des sorciers, la saga fait
dans la démesure. Si la Bible est considérée comme le livre le plus écoulé de tous
les temps, Harry Potter est la série littéraire la plus vendue de l’Histoire. Plus de
500 millions de copies ont été vendues à ce jour.
Autodafés publics
Ce succès planétaire n’est sans doute pas étranger à la défiance avec laquelle
certains chrétiens ont accueilli les aventures du jeune sorcier. Cette défiance a
parfois pris un tour radical. Des exemplaires de Harry Potter ont ainsi été brûlés
en public par un prêtre catholique polonais ou une Église évangélique américaine.

Tout anecdotiques qu’ils soient, ces autodafés ne sont que la partie émergée de
l’iceberg. Pour de nombreux chrétiens, principalement au sein du monde
évangélique mais aussi chez les catholiques, Harry Potter est dangereux. Quelles
en sont les raisons ?

Mensonge et désobéissance
Un premier argument tient à la moralité de l’œuvre. En désobéissant à sa famille
adoptive et en bafouant les règles érigées par Dumbledore, le directeur de l’école
de sorcellerie Poudlard, pour sauver ses amis, Harry Potter donnerait un bien
mauvais exemple aux enfants. Il encouragerait ces derniers à mentir et à désobéir
à l’autorité, deux choses que la Bible réprouve. “La morale et l’éthique dans les
contes fantastiques de Rowling sont au mieux flous, au pire ouvertement
contraires à la Bible”, avance ainsi l’auteur évangélique américain Richard
Abanes dans son livre Harry Potter et la Bible : le danger derrière la magie.

Non seulement Harry Potter est accusé de désobéir à ses professeurs, mais il est
en outre rarement puni pour cela. Richard Abanes ajoute : “au lieu de suivre une
mesure objective du bien et du mal (par exemple les règles de Poudlard), Harry
laisse ses propres intérêts et rationalisations subjectives déterminer ses actions.”
Harry Potter, en somme, serait un bien piètre modèle pour la jeunesse.

L’omniprésence de la magie
Cette ligne de critique, somme toute assez classique, ne constitue cependant pas
le cœur des attaques chrétiennes contre Harry Potter. Ce qui dérange le plus,
dans l’œuvre de J. K. Rowling, c’est l’omniprésence de la magie. “Les
évangéliques s’opposent à Harry Potter pour les mêmes raisons qu’ils
s’opposaient à Donjon et Dragons (célèbre jeu de rôle sur table, ndlr) dans les
années 1970 : l’idée que donner une image positive de la sorcellerie et de la
magie risque de faire basculer les jeunes dans l’occulte, rapporte, joint par
courriel, Christopher Douglas, professeur de littérature à l’université de Victoria
au Canada. Ces évangéliques vivent dans un monde hanté par les démons, où des
forces surnaturelles maléfiques tentent d’inciter les humains à interagir avec
Satan. Ils arguent que Harry Potter et Donjon et Dragons initient de jeunes
lecteurs et joueurs à des influences démoniaques qu’ils ne comprennent pas.”

Aux États-Unis, l’influente organisation évangélique Focus on the Family a
rapidement fait part de ses réserves au sujet des aventures du jeune sorcier.
“Satan est bel et bien vivant, et l’attrait pour l’occulte est un danger croissant
dans la société actuelle”, lit-on ainsi sur le site du mouvement, en réponse à une
question portant sur Harry Potter. Focus on the Family continue : “C’est pourquoi
il est si crucial de mettre en garde les jeunes au sujet des mouvements modernes
comme la Wicca. Les jeunes filles, en particulier, sont attirées par la Wicca en
quantités record. En tant que chrétiens, nous nous devons d’oser proclamer la
vérité de Dieu quant aux périls de la sorcellerie et du satanisme.”

Un pouvoir éloigné de Dieu
Un article de Plugged in, la publication culturelle de Focus on the Family, établit
une distinction essentielle pour comprendre la perspective évangélique. Le
“culturel” est à distinguer du “spirituel”. Plugged in écrit : “Sur un plan culturel,
Rowling peut être félicitée pour sa volonté d’éloigner les jeunes admirateurs de
Harry Potter du prétendu côté obscur, mais dans une perspective spirituelle, il est
évident qu’il n’y a pas de côté obscur et de côté clair en matière de sorcellerie :
tout est noir comme le péché.” L’occulte, précise plus loin l’auteur, n’est pas
qu’une vue de l’esprit. Il est “très réel”.

Dans les cercles néocharismatiques, on retrouve aussi semblable méfiance. La
lecture de Harry Potter serait une pente glissante vers l’occulte. En 2001, la
pasteure américaine Cindy Jacobs s’était ainsi penchée sur la question pour
Charisma Magazine, l’une des principales publications pentecôtistes et
charismatiques des États-Unis. “Harry découvre qu’il peut utiliser ses pouvoirs
magiques pour faire le bien ou le mal. L’attrait de Harry Potter s’explique
largement par l’idée de pouvoir personnel, mais c’est un pouvoir personnel
éloigné de Dieu. C’est une grave tromperie, contre laquelle 1 Timothée 4,1 nous
met en garde.”
Harry Potter contre Le Monde de Narnia
Cindy Jacobs poursuit : “Il fut un temps où ceux qui lisaient des ouvrages occultes
étaient considérés comme déviants, mais ce n’est plus le cas. Harry Potter et ce
type de livres sont des portes d’entrée sur l’occulte qui exposent les lecteurs à la
sorcellerie, aux sortilèges et à un pouvoir spirituel éloigné de Dieu. Ce qui
commence par la littérature de fantasy mène à des potions et à des sortilèges bien
réels. Ces livres sont un boulevard pour devenir un pratiquant de la magie.”

Pour le sociologue Philippe Gonzalez, maître d’enseignement et de recherche à
l’université de Lausanne, la réaction à Harry Potter en dit long sur les convictions
partagées par de nombreux évangéliques. “Le refus d’un rapport métaphorique à
la réalité me paraît significatif, avance-t-il. Ces évangéliques doivent en effet
traiter Harry Potter avec “réalisme”, afin de garantir la réalité du monde
surnaturel qu’ils transposent de la Bible à leur quotidien. La seule littérature
fantastique qui ne pose pas de problème serait Le Monde de Narnia ou Le
Seigneur des anneaux. Ces deux œuvres sont lues comme des “contes présentant
le salut” de façon à peine voilée – ce qui est assez juste pour Narnia, mais
réducteur pour la trilogie de Tolkien.”

La réalité du monde invisible
Voilà pourquoi la réaction à Harry Potter est aussi “viscérale”, continue Philippe
Gonzalez. Elle touche fondamentalement à la réalité du monde invisible. “Pour le
dire de manière succincte, ces évangéliques sont dérangés par le rapport à
l’imaginaire, à moins que celui-ci ne soit enrôlé dans la promotion de leur
compréhension du message chrétien.”

Harry Potter serait-il donc un héros antichrétien ? L’avis est loin d’être partagé
par tous les chrétiens, y compris au sein du monde évangélique. Certains voient
même dans le jeune sorcier une figure christique…

À suivre : Harry Potter, une figure christique ?
Et chez les catholiques ?
  La citation, à l’époque, avait créé quelques remous. Dans un courrier de mars
  2003, le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi,
  répondait à la sociologue catholique allemande Gabriele Kuby, très critique de
  l’œuvre de J. K. Rowling. Le futur Benoît XVI écrivait : “Vous avez raison
  d’éclairer les gens sur Harry Potter, parce que ce sont des séductions subtiles
  qui agissent sans qu’on s’en aperçoivent, et pour cela falsifient la vie chrétienne
  dans l’âme (des enfants) avant qu’elle ait pu croître correctement.” Dans le
  même ordre d’idées, Gabriele Amorth, alors exorciste du diocèse de Rome,
  déclarait lui que “Derrière Harry Potter se cache la signature du prince des
  ténèbres, le diable”. Mais en 2009, l’Osservatore Romano, le journal du Vatican,
  tempérait cette défiance en faisant l’éloge de Harry Potter et le prince de sang-
  mêlé, sixième épisode de la saga. Ce film, notait le journal, atteint le “bon
  équilibre” en traçant “une ligne de démarcation claire entre ceux qui œuvrent
  pour le bien et ceux qui font le mal”.

Publié le 24 juillet 2019(Mise à jour le 26/07)
Par Ousmane Yansané
Faut-il   regarder                                      les            films
d’horreur ?
De la saga d’Annabelle à La Nonne en passant par Ça, les films d’horreur ont fait
carton plein chez les téléspectateurs. Quelle vision du mal véhiculent-ils ?

L’analyse d’Alexandre Antoine, pasteur des Assemblées de Dieu (ADD) et
professeur-assistant d’histoire de l’Église à la Faculté Libre de Théologie
Evangélique.

La violence                      même              fictive            a      des
conséquences
Je ne pense pas qu’il soit bon de regarder des films d’horreur. Il est certain que
les images violentes affectent le spectateur au niveau émotionnel ou de la
banalisation de la violence. L’âme, l’esprit, les émotions et le corps ne font qu’un.

De manière générale, un film qui dégouline de sang marque les consciences et
notre équilibre intérieur. Ce type de cinéma cherche à faire du spectacle en
s’appuyant sur le sentiment de peur chez les gens. Hors, dans ce domaine, on
cherchera toujours à aller plus loin pour vivre une émotion plus forte. Cette
recherche inassouvie conduit le spectateur à toujours plus d’horreurs et de
contenus malsains.

Les limites de l’acceptable sont sans cesse repoussées. Si des films auparavant se
refusaient à évoquer certains interdits clairs (le tribalisme, l’inceste,
l’infanticide…). Aujourd’hui, c’est plutôt la complaisance qui fait loi. Le fond de
commerce de films classés dans le genre “horreur ou épouvante”, est basé sur la
violence, comme Saw.

Contraire aux valeurs du christianisme
Aujourd’hui, on assiste même à une forme d’esthétisation de la violence. La
problématique dans le cinéma de l’horreur est liée à son caractère ultra-violent et
à l’angoisse que les réalisateurs cherchent à créer chez les téléspectateurs. Ces
sentiments sont loin d’être positifs. C’est tout le contraire du christianisme. Le
but de l’Évangile n’est pas de développer des sentiments de peur, mais bien
d’offrir de la paix, de la joie et de l’amour.

Les films d’horreur décrédibilisent
l’existence du surnaturel
De plus, en Occident, c’est l’esprit cartésien qui l’emporte. Nos contemporains
ont tendance à nier toute réalité autre que le matériel. Aucun monde spirituel
n’existerait. Les histoires de fantômes ne seraient là que pour faire peur.
Pourtant, à mon avis, ces phénomènes existent. Et la mention “inspiré de faits
réels” ne devrait pas être qu’un argument commercial, mais bien nous alerter.
Même si notre culture occidentale nie la réalité de l’existence d’entités
spirituelles mauvaises, la Bible offre un tout autre regard. Ces réalités sont
tournées en fiction par le cinéma. Finalement, il enlève toute forme de crédibilité
aux phénomènes liés au diable, à la possession et à l’exorcisme.

Tout le monde se rassure en sortant de la salle obscure en se répétant que tout
cela n’est qu’une histoire. Mais ces faits peuvent être bien réels même si en
France, on en parle pas ou peu. Dans d’autres sociétés, la réalité du monde
spirituel n’a pas été oubliée. Cela est flagrant qu’en j’en parle par exemple à mes
amis d’origine africaine. Dans leur contexte à eux, ces phénomènes sont à
prendre au sérieux. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour nous ?

À chacun ses limites
Le cinéma est une forme de reflet de la société. Cette société n’est pas influencée
par des valeurs évangéliques, bien au contraire. On ne peut donc attendre d’elle
qu’elle place des limites sur ce qui est acceptable ou non. La question du coup
que chaque chrétien est appelé à se poser est celle de sa propre limite face à son
exigence éthique. À partir de quel moment ce que je regarde n’est plus en accord
avec les valeurs que je défends ?

Propos recueillis par Ousmane Yansané
Publié le 15 février 2019(Mise à jour le 15/02)
Par Rédaction Réforme

Les protestants et la question du
Mal
Si Dieu est bon, pourquoi consent-il au Mal sur Terre ? Une sélection d’articles de
Réforme sur ce sujet.

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Publié le 5 juillet 2017(Mise à jour le 5/07)
Par Antoine Nouis

Les enjeux de la mémoire – l’édito
d’Antoine Nouis
Le pasteur Antoine Nouis réagit au décès de Simone Veil.

Dans un livre de dialogue entre Élie Wiesel et Jorge Semprun, les deux écrivains
évoquent la mort du dernier survivant des camps avec la conscience qu’à ce
moment de l’Histoire une page se tournera. Simone Veil n’est pas la dernière
mais, en France, c’était la plus connue des survivants.

Dans l’Israël ancien, les défunts survivaient dans la mémoire de leurs
descendants. Si bien que lorsque la dernière personne qui avait connu un ancêtre
disparaissait, cela correspondait à une seconde mort.

Ce qui était vrai des vivants l’est de l’Histoire. À l’occasion de la mort de Simone
Veil, nous devons entretenir la mémoire de cette page obscure du siècle dernier.
Alors que par notre nature, nous avons du mal à voir ce qui fait mal à voir, la
mémoire est un impératif.

Dans les geôles où l’on enferme des résistants, les oppresseurs essayent
d’affaiblir leurs prisonniers en leur faisant croire qu’ils sont seuls, que tout le
monde les a oubliés. Les associations de défense des droits de l’homme informent
pour protéger, elles résistent en cultivant la mémoire.

Le mal existe et le mal absolu existe absolument. La culture ne protège pas
puisque la Shoah a été mise en application dans un pays de haute civilisation.
Pour évoquer l’ennemi de Dieu et de l’humain, la Bible évoque la symbolique
diabolique qui nous rappelle qu’il y a une intelligence du mal.
Face au mal absolu, on ne négocie pas, on pose un interdit. Les réécritures de
l’Histoire, les discours de haine, les idéologies qui induisent le rejet d’une partie
de la population sont illicites pour les mêmes raisons qu’il est interdit de rouler à
200 kilomètres/heure sur une autoroute.

Saint Augustin disait que le diable est un chien méchant qui aboie très fort, mais
qui est attaché à une chaîne, et qui ne mord que ceux qui se jettent dans sa
gueule. L’impératif que nous impose la mémoire est de veiller à ce qu’il reste
solidement attaché.

Publié le 1 mars 2017(Mise à jour le 8/03)
Par Alain Arnoux

Matthieu 4,1-11 : Au désert, la
confrontation entre Jésus et le
diable
Pour le pasteur Alain Arnoux, le diable ne s’attaque pas aux tièdes, mais aux plus
convaincus, à ceux qui sont tentés d’imposer le Royaume.

La mission de Jésus commence par une période loin des hommes. Au désert, Jésus
se prépare à aller à la rencontre des hommes par ce que je suppose être une
retraite spirituelle, dans le jeûne, la méditation et la prière. Avant de rencontrer
les hommes, leurs attentes, leurs cris et leurs contestations, il vit un temps de
rencontre intense avec Dieu. Le problème, c’est que le diable s’invite dans la
rencontre, s’immisce dans la communion. Peut-être parce que, dans la
communion spirituelle la plus authentique avec Dieu, les hommes, leurs attentes,
leurs cris, leurs contestations sont toujours présents, même au fond du désert. Et
avec eux la question de la manière et des moyens d’y répondre. Ce qui fait de
toute communion vraie avec Dieu un combat, qui recommencera à chaque
rencontre avec les hommes, amis ou ennemis, souffrants ou arrogants.

Non, le diable n’a pas l’aspect repoussant et effrayant que lui ont donné les
peintres du Moyen Âge. Comment pourrait-il tenter si c’était le cas ? Oui, sans
doute, il peut prendre le visage monstrueux des dictateurs et des régimes
totalitaires qui sèment la haine et la mort, qui broient les esprits et les corps et
détruisent les âmes, mais toujours, au départ, avec un idéal capable d’exalter une
partie de l’humanité… contre l’autre. Dans ces tempêtes-là, il se révèle clairement
comme l’Ennemi, et celui qui veut détruire ce que le Dieu d’Israël et le Christ ont
donné au monde. Pourtant, même là, des chrétiens, pas forcément médiocres, se
sont laissé séduire, emballer, c’est-à-dire ficeler, par les trois propositions que le
diable fait ici à Jésus : résoudre tous les problèmes du monde (les pierres
changées en pains), prouver sa foi en faisant du spectaculaire, réussir à n’importe
quel prix. Bref, changer le monde et les hommes en mettant les forces de l’Esprit
au service d’un messianisme terrestre. Efficacité, rapidité, pragmatisme, pouvoir
et prestige. Avec les versets bibliques appropriés. Ce que Jésus a toujours refusé,
jusqu’à la croix.

Ce récit n’est pas là seulement pour nous dire le choix de Jésus et nous expliquer
son comportement. Il nous concerne. Ce sont peut-être les chrétiens les plus
ardents, ceux qui ont une vie spirituelle intense, ceux qui ont le plus à cœur de
voir l’Évangile faire bouger les gens et les choses, qui sont les plus exposés à
succomber à ces ambitions, car le « diable » ne s’attaque pas trop aux tièdes. À
cause des souffrances et des injustices de ce monde, et de la lourdeur de tout ce
qui empêche d’y remédier. À cause de la lourdeur des esprits humains. À cause de
la lenteur de la venue du Règne. Pour prouver la pertinence de leurs convictions.
Or nous n’avons rien à prouver. Pour nous comme pour Jésus il y a, jusque sur la
croix, la parole donnée à son baptême : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, celui
qu’il m’a plu de choisir. » Et dans toutes les mises en doute, dans tous les
combats incertains et dans tous les services fastidieux, cela doit nous suffire.
L’Évangile du dimanche
  Alors Jésus fut emmené par l’Esprit au désert, pour être mis à l’épreuve par le
  diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le
  tentateur vint lui dire : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres
  deviennent des pains. Il répondit : Il est écrit : L’être humain ne vivra pas de
  pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

  Le diable l’emmena dans la Ville sainte, le plaça sur le haut du temple et lui dit
  : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera à ses anges
  des ordres à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied
  ne heurte une pierre. Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne provoqueras pas le
  Seigneur, ton Dieu.

  Le diable l’emmena encore sur une montagne très haute, lui montra tous les
  royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai tout cela si tu
  tombes à mes pieds pour te prosterner devant moi. Jésus lui dit : Va-t’en, Satan
  ! Car il est écrit : C’est devant le Seigneur, ton Dieu, que tu te prosterneras, et
  c’est à lui seul que tu rendras un culte. Alors le diable le laissa, et des anges
  vinrent le servir.

Publié le 26 juin 2008(Mise à jour le 14/02)
Par redaction
T comme… tentation
Accumulation, pouvoir, séduction : ces tentations qu’a connues Jésus au désert
sont toujours les nôtres aujourd’hui.

Lorsque Jésus est baptisé, une voix se fait entendre qui le désigne comme le fils
bien-aimé du père. L’épisode qui suit est intimement lié au baptême, c’est le récit
de la tentation au désert qui est la marque de sa messianité.

L’évangile de Luc raconte que Jésus a été tenté pendant quarante jours par le
diable. Le mot diable signifie le diviseur, celui qui veut séparer le Fils de son
Père, le Christ de sa mission. Pour nous, le diable est cette parole qui nous
appelle à renoncer à notre vocation pour être sûr de ne pas passer à côté des
chimères de notre monde.

Les trois tentations de Jésus évoquent trois puissances qui sont encore à l’œuvre
dans notre temps. La première est celle du matérialisme : « Transforme ces
pierres en pain ! » C’est la tentation de la consommation et de l’accumulation. La
deuxième tentation est celle du pouvoir : « Je t’offre la domination sur toutes les
nations. » C’est la tentation de la puissance. La troisième tentation est celle de la
fascination : « Jette-toi du haut du temple afin que des anges te portent et que
tous t’admirent. » C’est la tentation de la séduction.

Dans le vocabulaire biblique, ces trois tentations sont des puissances ou des
autorités. Pour la richesse, le pouvoir ou la séduction, nous avons vu des hommes
renoncer à leurs valeurs les plus chères et trahir leurs idéaux les plus nobles. Si
ces autorités sont présentées comme étant diaboliques, c’est qu’elles exercent sur
nous un pouvoir, c’est pourquoi nous sommes invités à les affronter sur le lieu de
notre spiritualité. Les hommes qui sont les plus indiqués pour parler de ces
tentations sont les Pères du désert qui ont mené des combats terribles contre le
diable. Dans leurs propos, nous trouvons quelques enseignements sur la façon
dont pouvons, à notre tour, mener le combat de la foi.

Antidotes
La première démarche consiste à nommer la tentation. Nous sommes invités à
énoncer les tentations qui nous menacent, particulièrement dans les domaines de
notre rapport à l’argent, au pouvoir et à la séduction. Un Père du désert a fait la
comparaison suivante : « Lorsqu’on cache les yeux d’un bœuf ou d’un âne, on
peut le faire marcher en rond pour entraîner la roue d’un moulin. Mais si on laisse
son regard dévoilé, il refuse de tourner autour de la meule. Il en est de même du
démon. S’il se débrouille pour obscurcir regard de l’homme, il l’entraîne dans
tous les péchés du monde. Mais si les yeux de l’homme restent ouverts, il peut
facilement échapper aux pièges qui lui sont tendus. »

Le deuxième temps consiste à refuser toute compromission avec le tentateur, et à
être d’autant plus -fermes que nous sommes séduits. Les pères qui vivaient dans
des cellules individuelles ont utilisé l’image suivante : « Si un serpent cherche à
entrer dans ta cellule, lorsque seule la tête paraît, il n’est pas difficile de l’écraser
avec ton talon ; mais si tu as laissé entrer le serpent tout entier, le combat sera
redoutable. »

Le troisième temps nous invite à cultiver les antidotes à ces autorités que nous
trouvons dans les trois vœux monastiques de la pauvreté, de l’obéissance et de la
chasteté que nous pouvons interpréter dans le cadre de notre condition laïque.
Contre la tentation de la richesse, nous sommes invités à vivre le partage et la
sobriété. Contre la tentation du pouvoir, nous pouvons nous inscrire dans
l’obéissance à un évangile de service. Et contre la tentation de la séduction, nous
sommes appelés à mettre de la pudeur et de la discrétion dans la relation avec
nos prochains.

  Les tentations de Bouddha
  Le Bouddha a aussi rencontré trois tentations alors qu’il était assis sous l’arbre
  de l’illumination. Ce furent les tentations du désir, de la peur et du
  conformisme.

  Le Seigneur du désir fit apparaître devant lui trois jolies filles qui s’appelaient
  Désir, Accomplissement et Regrets. Le Bouddha, qui s’était libéré de tout
  attachement à la sensualité, demeura paisible et serein. Le Seigneur du désir fit
  place au Seigneur de la mort qui dirigea contre le Bouddha une armée de
  monstres, mais le sage avait découvert en lui le calme parfait et les projectiles
  qu’on lui lançait se transformèrent en fleurs.
Arriva ensuite le Seigneur du devoir social qui lui dit : « As-tu lu les gazettes du
jour ? Ne sais-tu pas les tâches qui t’attendent ? » Mais le Bouddha resta
impassible.

Parce qu’il était resté indifférent à ces trois tentation, une voix est descendue
du ciel pour dire : « Celui-ci est mon fils bien-aimé que nul ne peut contester. »
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