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Monter son
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                             Ben Milstead

 © Éditions Eyrolles, 2002
  ISBN : 2-212-11074-X
Voix et prise de son
4 - Voix et prise de son

Si vous comptez enregistrer des voix, ce chapitre est pour vous ; il vous intéressera également si vous avez un projet dans le domaine
de la musique classique. La voix humaine étant sans doute l’un des sons les plus difficiles à enregistrer, quelques notions d’enregistre-
ment vocal vous seront certainement très utiles.
Dans ce chapitre, nous aborderons :
– l’évaluation de votre voix ;
– le choix d’un microphone pour le chant ;
– l’enregistrement des groupes vocaux et des chœurs ;
– les effets et les mixages vocaux.

     Votre voix

Commençons par une rapide présentation de la mécanique du chant. Si vous ne chantez pas, vous pouvez sauter cette sec-
tion et passer à la suivante, « Choisir un microphone ». Nous vous conseillons néanmoins de la parcourir, car vous enregis-
trerez mieux les voix si vous savez ce qui se passe lorsque quelqu’un chante.
La voix humaine est un sujet vaste et complexe qui fait l’objet d’un nombre incalculable d’ouvrages, de cours universitaires
et, plus récemment, de sites Web. Ce chapitre ne saurait donc traiter le thème en détail. Il existe un grand nombre de
techniques pour apprendre à chanter ; certaines suivent des approches très différentes. La plupart s’appuient cependant sur
quelques concepts fondamentaux que je vais énumérer et m’efforcer d’interpréter à bon escient dans les pages suivantes.

Posture
Pour un chanteur d’opéra, la posture est très importante ; elle l’est sans doute un peu moins pour un chanteur de rock,
mais elle compte quand même. Vous chanterez mieux si vous êtes détendu et si vous ne ressentez aucune tension dans le
haut du corps. Ne baissez pas trop les épaules et ne relevez (ou n’avancez) pas trop le menton, et soyez détendu.

Respiration
Pendant le chant, la respiration est très importante, mais il vous sera difficile de comprendre en quoi, sauf si vous pratiquez
des exercices respiratoires depuis longtemps. Il s’agit en effet d’une action involontaire, comme nous le savons depuis notre
plus jeune âge. Plus votre respiration est aisée, mieux vous chantez ; autrement dit, n’espérez pas chanter juste avec une
affection pulmonaire ou après avoir fumé votre deuxième paquet de cigarettes de la journée. La règle d’or est la suivante :
il faut soulever le sternum afin de faciliter les mouvements du diaphragme.

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      Souffle
      Le souffle est le contrôle que vous exercez sur la pression de l’air dans vos poumons afin de maintenir la note et de garder
      un ton juste. Il influe aussi sur la puissance de votre chant et, dans une certaine mesure, sur votre timbre. Tous ces facteurs
      sont liés à la quantité d’air que vous inspirez et expirez. Vous devez être détendu et maintenir un souffle régulier pour évi-
      ter les irrégularités lors de l’expiration.

      Registre
      La notion de registre est sujette à de fortes variations. La plupart des professeurs de chant (et les auditeurs !) s’accordent
      cependant sur le fait que les ruptures ou les transitions perceptibles entre les notes, dans le registre d’un chanteur, sont
      désagréables à l’oreille. Par exemple, si votre voix se brise, elle produit une rupture qui sonne mal. Il s’agit, dans ce con-
      texte, de maintenir un son régulier, c’est-à-dire, en pratique, à chanter dans la tessiture qui est la vôtre en sachant jusqu’où
      vous pouvez pousser une note.

      Résonance
      La résonance concerne ce qui se passe dans l’air entre votre bouche et le microphone. Le mouvement de votre mâchoire
      et de votre langue, une affection nasale, le mouvement du palais et celui du larynx agissent tous sur la résonance. Pour imi-
      ter Bob Dylan, vous devez modifier la résonance de votre voix…

      Expression
      L’expression est la partie la plus subjective, et la plus importante, du chant. La dynamique de votre voix, son timbre (uni-
      que), la vitesse à laquelle vous chantez, la clarté de votre diction, l’adéquation des paroles avec la musique ont des effets
      significatifs sur le chant. Toutes ces caractéristiques sont à la fois relatives au matériel et à votre état émotionnel pendant
      que vous chantez.
      Nul ne saurait vous imposer un mode d’expression ; l’expressivité est votre apport personnel en tant que chanteur (ou en
      tant qu’ingénieur du son chargé d’enregistrer le chanteur). Au moment où vous vous exprimez, vous ne pensez pas du tout
      à votre posture, ni à votre respiration, ni à la résonance, ni aux autres éléments physiques qui participent à votre expres-
      sion durant le chant.
      Votre expression doit être totalement personnelle. N’imiter pas Bob Dylan, sauf si vous voulez faire un enregistrement
      comique… Soyez vous-même, chantez comme vous chantez (quel que soit le résultat). L’imitation est l’un des principaux
      problèmes des chanteurs ; elle a causé la disparition de bien des groupes car, très souvent, les chanteurs qui s’inspirent trop
      de leur rock star favorite finissent par perdre le contact avec ce qu’ils chantent. Si l’imitation est une forme d’hommage, elle
      pousse aussi l’interprète à chanter faux, dans le mauvais registre et dans un contexte émotionnel complètement différent
      de celui exigé par la chanson. La prestation est très médiocre et, le plus souvent, le mixage tourne au cauchemar.
      N’oubliez jamais que vous êtes unique. Même si vous reprenez une chanson, seules votre interprétation et votre expression
      comptent ; ne tentez pas de chanter comme le créateur de la chanson, qui a déjà apporté à celle-ci sa touche personnelle.

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    Choisir un microphone

L’enregistrement du chant est, davantage que celui des instruments, presque aussi subjectif pour l’artiste home-studiste que
pour l’ingénieur du son professionnel. Pourquoi presque ? Pour deux raisons. D’abord, dans un home studio, vous utilisez
essentiellement le microphone pour le chant – et éventuellement pour enregistrer des guitares ou une batterie (reportez-
vous aux chapitres 6 et 7, « Enregistrement d’un son de guitare » et « Prise de son de la batterie »). Ensuite, en tant que
home-studiste, vous n’aurez probablement pas les moyens de vous procurer l’espace, les instruments ou le nombre de
microphones nécessaires à un enregistrement en direct de bonne qualité.
Nous constatons en tout cas que l’accroissement du nombre de home studios ces dernières années a entraîné l’apparition
d’une multitude de microphones et de préamplificateurs à bas prix. Les fabricants ont répondu aux attentes des musiciens
en herbe et des home-studistes en créant des modèles bas de gamme qui, lorsque le musicien « passe aux choses
sérieuses », se valent tous et produisent le même piètre résultat.

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                                                Un préamplificateur de microphone est un amplificateur qui prélève le signal
                                                de sortie du microphone (parfois avec une petite alimentation en 48 volts) et
                                                le fait passer d’environ –60 à –50 dB/volt à un niveau d’enregistrement
                                                acceptable de –10 dB/volt ou +4 dB/unité. Cette opération est nécessaire car,
                                                dans la plupart des microphones, l’amplification de signal intégrée est insuffi-
                                                sante. Le terme « préamplificateur » (au lieu d’« amplificateur ») est dû au
                                                fait que l’amplification ne suffit pas à une écoute claire mais peut aisément
                                                être reprise et amplifiée par un préamplificateur externe ou un mélangeur.

                                                                                                                    Astuce
                                                N’enregistrez jamais le chant en branchant directement le microphone dans
                                                le jack de 3,5 mm de la carte son. Utilisez l’entrée Mic du mélangeur externe
                                                ou du préamplificateur de microphone externe.

Les types de microphones
Il existe deux grands types de microphones : les microphones dynamiques et à condensateur. Les microphones dynamiques
sont moins chers que leurs homologues à condensateur, mais les premiers ne valent pas les seconds pour l’enregistrement
du chant.
Microphones dynamiques
Les microphones dynamiques utilisent un conducteur bobiné placé dans l’entrefer d’un aimant pour capter les ondes sono-
res (voir la figure 4.1). Le conducteur se déplace selon les vibrations de l’air, en réponse au son reçu, produisant un voltage
proportionnel à l’intensité du son. Le signal produit par un microphone dynamique est une représentation relativement

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      fidèle du son, mais dont l’exactitude est davantage due aux fluctuations du voltage qu’à la source sonore (votre chant, par
      exemple).

      Figure 4.1
      Un microphone dynamique
      fonctionne comme un haut-
      parleur inversé : les
      vibrations de l’air produites
      par le son déplacent le
      diaphragme.

      Les petits microphones dynamiques à diaphragme sont loin de valoir les microphones couramment utilisés pour la prise de
      son directe. Du fait de leur conception rudimentaire, ils sont très robustes et fonctionnent sans alimentation électrique.
      Les microphones dynamiques les plus répandus sont les Shure SM57 et SM58. Des sociétés comme Audio-Technica, Senn-
      heiser, AKG et Sony proposent également de bons appareils. Au moment où nous écrivons ces lignes, la plupart des micro-
      phones dynamiques coûtent moins de 150 euros.

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                                                        Les microphones à moins de 15 euros commercialisés par les boutiques
                                                        d’électronique grand public sont des microphones dynamiques à diaphragme.
                                                        Évitez-les, car quelles que soient vos qualités vocales, vous n’obtiendrez
                                                        jamais un bon son avec ce genre de matériel.

      Il existe aussi des microphones dynamiques à grand diaphragme. Ils sont moins répandus et servent à enregistrer les instru-
      ments aux sons très bas et très forts comme les grosses caisses, les caissons de basse, les cuivres et, dans certains cas, les
      amplificateurs de guitare. Ces appareils se prêtent assez mal à l’enregistrement de la voix, sauf si elle parle au lieu de chanter.

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L’Electro-Voice RE20 est un microphone dynamique à grand diaphragme renommé, apprécié depuis plusieurs années par les
studios radiophoniques et par les ingénieurs du son (pour les batteries). Il en va de même du modèle Shure SM7.
En conclusion, si vous enregistrez les voix en home studio avec un microphone dynamique, la reproduction du chant sera
assez fidèle, mais vous obtiendrez rarement un son riche, chaud et véhiculant avec exactitude les fréquences moyennes et
hautes. Or, ces dernières sont justement les plus importantes dans les prestations vocales. Pour enregistrer la voix dans de
bonnes conditions, vous devez impérativement acquérir un microphone à condensateur.

Microphones à condensateur
Comme le montre la figure 4.2, les microphones à condensateur sont constitués d’un diaphragme tendu parallèlement à
une mince plaque conductrice chargée. Un courant électrique est envoyé à la fois au diaphragme et à la plaque : les fluctua-
tions du diaphragme causent de légères variations du courant, produisant ainsi le signal de sortie. La charge est due à une
alimentation en courant continu produite soit par une pile, soit, dans le cas d’un préamplificateur ou d’un mélangeur, par
une « alimentation fantôme » de 48 volts.

Figure 4.2
Grâce à la pression de l’air
sur le diaphragme, le
microphone à condensateur
capte les fréquences avec
une grande précision.

Le principe du microphone à condensateur repose sur une conception en deux parties et sur une plaque toujours électri-
quement chargée. Le diaphragme peut être très mince, ce qui rend les microphones à condensateur beaucoup plus sensi-
bles que leurs homologues dynamiques (notamment dans les fréquences moyennes et hautes) : l’idéal pour
l’enregistrement du chant !

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      L’inconvénient des microphones à condensateur est qu’ils ne sont, dans l’ensemble, pas aussi robustes que les microphones
      dynamiques. Leur utilisation sur scène est assez risquée, mais ils conviennent très bien au travail en studio si l’on en
      prend soin.
      Il existe des modèles à petits et à grands diaphragmes. Les microphones à condensateur à petit diaphragme ont une bonne
      réponse aux fréquences élevées et sont excellents pour enregistrer de la batterie, des cymbales, des guitares acoustiques
      et tous les instruments à cordes pour lesquels les hautes fréquences sont importantes.
      Pour la voix, en revanche, il faut se servir de microphones à condensateur à grand diaphragme. Le grand diaphragme per-
      met de capter un son complet et chaud, et vous bénéficiez en prime des avantages des microphones à condensateur, c’est-
      à-dire la richesse et la fidélité des moyennes et hautes fréquences.
      Les microphones à condensateur fabriqués par l’entreprise allemande Neumann sont très connus, des classiques U 87 ou
      U 89 aux récents microphones tubulaires comme les M 147 et M 149. Ce sont tous de bons choix. AKG produit également
      des microphones à grand diaphragme de bonne qualité ; les modèles C 12 VR et C 414, relativement récents, sont d’excel-
      lents microphones à condensateur, très appréciés dans les studios professionnels.
      Neumann et AKG ont deux points communs : ils coûtent cher (quelques milliers d’euros) non seulement à l’état neuf, mais
      aussi, bien souvent, d’occasion – surtout les classiques, et très recherchés, U 87 et U 89 d’origine.
      Il existe fort heureusement quelques modèles d’entrée de gamme dont la qualité est assez proche de celle des micropho-
      nes plus onéreux. Ces microphones à condensateur à grand diaphragme sont devenus très courants ces dernières années.
      Les microphones Rode NT-1 (vendu 250 euros) et NT-2, par exemple, sont de bonne qualité et néanmoins abordables. Il
      est dénué des options qui enrichissent les microphones à condensateur à grand diaphragme plus chers – motifs de répon-
      ses multiples, pad, filtre roll-off, etc. –, mais vous n’aurez pas besoin de ces accessoires pour obtenir un son céleste avec un
      NT-1. Les modèles AKG C 3000 B et le Shure SM87 sont eux aussi de bons microphones à condensateur.

      Zone de réponse, ou directivité
      Chaque microphone possède sa propre zone de réponse, appelée directivité : il s’agit de la capacité de l’appareil à capter les
      sons, en totalité ou partiellement, dans l’espace environnant (remarque : de nombreux microphones à grand diaphragme
      sont à double directivité et peuvent passer d’un mode à un autre). Il existe trois principaux types de directivité : omnidirec-
      tionnelle, cardioïde et bidirectionnelle.

      Microphones omnidirectionnels
      Les microphones omnidirectionnels sont conçus pour capter le son dans les espaces ouverts et sont donc idéaux pour
      enregistrer les instruments acoustiques et les chœurs. La directivité omnidirectionnelle, illustrée par la figure 4.3, permet à
      ces appareils de capter les sons provenant de toutes parts.

      Microphones cardioïdes
      Un microphone cardioïde (voir la figure 4.4) capte uniquement le son émis dans la zone située juste en face du microphone.
      Les sons latéraux sont à peine détectés et ceux provenant de l’arrière sont ignorés.
      La forme cardioïde de la zone de capture du son convient très bien aux enregistrements en home studio. Comme les sons
      provenant de l’arrière et des côtés sont ignorés ou minimisés, vous éviterez plus facilement les bruits indésirables si l’isolation

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Figure 4.3
Une directivité
omnidirectionnelle capte
l’ambiance sonore d’un
espace ouvert.

phonique du studio n’est pas totale. En revanche, le microphone captera parfaitement votre voix. Les microphones cardioïdes
sont donc particulièrement recommandés pour les enregistrements sur scène.

Figure 4.4
La zone de capture du
microphone cardioïde est en
forme de cœur, d’où son
nom. Elle fait de ce type de
microphone le mieux
adapté aux enregistrements
polyvalents en home studio.

Microphones bidirectionnels
La zone de prise de son du microphone bidirectionnel est en forme de gouttes d’eau opposées. Comme le montre la
figure 4.5, ce type de microphone capte le son à l’avant et à l’arrière de la cellule et ignore les sons latéraux. Il est particu-
lièrement adapté aux locaux très petits, à l’enregistrement de la musique classique et à la création d’une zone de prise de
son stéréophonique.

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      Figure 4.5
      Une zone de prise de son
      en forme de gouttes d’eau
      opposées, parfaite pour les
      enregistrements stéréo.

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                                                      Vous ne créerez probablement pas de zone de prise de son stéréophonique
                                                      dans votre home studio, car vous pouvez obtenir tous les effets stéréo lors du
                                                      mixage. Ce type de zone est en revanche utile lors des enregistrements en
                                                      direct, quand il faut effectuer un mixage stéréo en direct.

           Positionnement du microphone

      Le microphone à condensateur se prête particulièrement aux enregistrements en home studio car, de par sa conception, il
      permet de capter une prestation vocale avec une très grande fidélité.
      Il soulève cependant un petit problème, qui se pose avec tous les types de microphones mais qui est plus aigu dans le cas
      des microphones à condensateur : celui de son emplacement dans le home studio.
      Dans les chapitres 2 et 3, « Organisation de l’espace acoustique » et « Équipement d’un studio numérique », vous avez
      acquis des notions relatives à l’organisation du local et à l’installation de l’équipement en fonction du budget, des ambitions
      musicales et du style d’enregistrement. Vous avez appris que l’emplacement de chaque appareil dans le studio a une
      influence sur la performance et le processus de mixage, tout particulièrement dans l’enregistrement du chant.
      Si vous faites preuve d’une extrême minutie dans le positionnement du microphone dans le studio, vous ne le regretterez
      pas. Commencez par vous poser les questions suivantes :

      1 - Quel est mon style de chant ou celui du chanteur que je vais enregistrer ?

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4 - Voix et prise de son

2 - À quelle distance du microphone faut-il chanter ?

3 - Quelle est la qualité de l’isolation phonique du studio ?

4 - Dois-je utiliser un casque ou des moniteurs ?

Style de chant
Êtes-vous remuant comme Bertrand Cantat de Noir Désir, lorsque vous chantez, ou restez-vous plutôt tranquille comme
Francis Cabrel ?
Si vous ne pouvez pas vous empêcher vous trémousser, vous risquez de rencontrer quelques problèmes dans votre home
studio… Cette mobilité a une incidence sur le type de microphone que vous allez choisir : il vous faudra probablement un
microphone omnidirectionnel, qui vous permettra de capter l’ensemble de votre prestation. Sachez cependant qu’en raison
de l’étendue de sa zone de prise de son, un microphone omnidirectionnel sera plus exposé au bruit qu’un microphone car-
dioïde ou bidirectionnel. Votre local devra donc être plus silencieux et son installation coûtera plus cher (reportez-vous de
nouveau au chapitre 2).
Il n’existe pas de règle absolue en la matière, mais la meilleure solution semble être de chanter dans l’axe, c’est-à-dire face
au diaphragme du microphone. En chantant dans l’axe, vous obtiendrez une reproduction assez fidèle de votre prestation,
même si la posture requise n’est pas la façon la plus naturelle de chanter ou de « travailler au microphone ».

Travail au microphone
Beaucoup de chanteurs expérimentés pratiquent le travail au microphone. Ce « travail » est bien sûr différent d’un chanteur
à un autre. Il consiste, pour le chanteur, à déterminer la distance à laquelle il doit tenir le microphone afin d’exploiter les
bonnes zones phoniques de sa voix et de minimiser les mauvaises.
Qui plus est, se rapprocher ou s’éloigner du microphone peut avoir un effet notable sur l’intimité de la ligne vocale. Un
chanteur expérimenté effectue souvent de petits changements de position pour dramatiser plus ou moins telle ou telle par-
tie du chant. Bien entendu, il n’y pense pas pendant sa prestation, et il ne définit pas sciemment la manière dont sa ligne
vocale doit émotionnellement s’adapter au morceau. Son comportement est, comme il se doit, entièrement intuitif.

Choix de la zone de prise de son et placement du microphone
En tant qu’artiste home-studiste, vous devrez analyser votre style de chant ou celui du chanteur que vous enregistrez.
Cette tâche est assez proche de celle de l’ingénieur du son dans un studio professionnel. Il faut tout voir et tout entendre :
les moindres marmonnements et imperfections d’un chanteur, les voix chevrotantes d’un chœur ou d’un artiste qui semble
manger le microphone en chantant, etc.
Dans un studio professionnel, les chanteurs ont plusieurs types de microphones à leur disposition et l’environnement est
parfaitement isolé et contrôlé. Ce n’est probablement pas le cas chez vous. Il vous faut donc choisir un microphone corres-
pondant le plus possible à votre façon de travailler. Voici quelques recommandations :

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4 - Voix et prise de son

      ●   Pour la plupart des microphones à condensateur à grand diaphragme, l’emplacement idéal se situe légèrement au-dessus
          de la bouche du chanteur. Le corps du microphone doit être orienté vers le bas, en direction de l’artiste. Cet arrange-
          ment place le diaphragme bien en face et présente en outre l’avantage de ménager un espace de respiration plus grand et
          de « donner plus d’air » au chanteur.
      ●   Le degré de surdité du local est important lors d’un enregistrement de voix. Si votre budget est limité, l’isolation phoni-
          que de la pièce devra tout de même être aussi efficace que possible. Dans un home studio, la réverbération naturelle
          constitue une gêne surtout au moment du mixage. Vous pourrez ajouter de la réverbération – vous y serez amené, dans
          la plupart des cas, selon vos préférences vocales – ainsi que d’autres effets au moment de l’enregistrement, et seulement
          pour le monitoring. Autrement dit, vous n’enregistrez pas les effets, mais seulement le chant ; vous devez toujours enre-
          gistrer les voix « à sec ».
                                                                                                                                   Info
                                                       Suggérer de circonvenir le son naturel de votre espace d’enregistrement afin
                                                       que les voix soient le plus « sèches » possible n’est pas un conseil très
                                                       « professionnel »… En effet, dans les studios professionnels à gros budget, les
                                                       murs sont couverts de revêtement isolant hors de prix et les microphones
                                                       haut de gamme sont légion. Si vous souhaitez, d’une part, que les voix gar-
                                                       dent leur authenticité et, d’autre part, profiter d’une grande souplesse au
                                                       mixage, enregistrez toujours le chant sans aucun effet.

      ●   Vous utiliserez une bonnette antivent pour éviter la dégradation des b, des p et autres consonnes. La bonnette évite
          l’enregistrement des souffles d’air indésirables produits par la prononciation de certains mots et consonnes.

                                                                                                                         Astuce
                                                       Les prix des bonnettes antivent s’étendent de moins de 25 euros à plus de
                                                       150 euros. Voici une méthode peu coûteuse qui donne de bons résultats :
                                                       1. Achetez une paire de collants.
                                                       2. Procurez-vous un cintre en métal.
                                                       3. Étirez une jambe du collant (évitez la partie doublée) sur le cintre et immo-
                                                       bilisez-la avec un ruban adhésif solide, comme celui qu’on utilise pour fermer
                                                       les cartons.
                                                       4. Fixez la partie supérieure du cintre sur le support du microphone, juste
                                                       sous le microphone, à l’aide de pinces ou de ruban adhésif, ou bien accrochez
                                                       le cintre sur un autre support de microphone.
                                                       5. Pliez le montage afin que la partie triangulaire du cintre – celle qui porte le
                                                       ruban adhésif – se trouve à environ 15 cm du diaphragme du microphone,
                                                       exactement dans l’axe.
                                                       6. Testez votre nouvel outil en chantant et en enregistrant « Dis-moi petit pot
                                                       de beurre, quand te dé-petit pot de beurreriseras-tu… » sur un air connu.

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4 - Voix et prise de son

Pour obtenir un bon retour
Il faut toujours se servir d’un casque lors de l’enregistrement des chansons, sauf si vous pouvez vous offrir une petite cham-
bre sourde avec des moniteurs de grande qualité réservés au chant. Même dans ce cas, le casque reste le moyen d’écoute
du son le plus clair et le plus souple. Il va sans dire qu’il n’est pas question d’apprécier le retour d’un enregistrement vocal
via les haut-parleurs des moniteurs.

Mixage du son dans le casque
Un bon mixage du son dans le casque est important. Le son doit être aussi proche que possible du produit fini, car le
mixage des autres instruments peut avoir une grande incidence sur la manière dont la ligne vocale est exécutée.
Ces considérations ne doivent pas vous empêcher d’expérimenter différents mixages en fonction de la fatigue de la voix.
Ces essais sont même essentiels. Lorsque vous chantez, vous avez tendance à privilégier le volume de la voix au détriment
de celui des instruments. Certain chanteurs ont besoin de s’entendre à voix haute et claire, alors que d’autres ont davan-
tage d’inspiration si la musique est au même niveau sonore, ou plus forte, que leur voix.
La possibilité de modifier le volume des instruments du mixage peut jouer un rôle déterminant dans l’inspiration d’un chan-
teur, alors n’hésitez pas…

Mélange du son dans le casque avec plusieurs voix
Sélectionner une voix dans un mixage musical est une chose, mais sélectionner la voix dominante parmi plusieurs voix
humaines en est une autre.
Une technique éprouvée permet de mettre en valeur la voix d’un chanteur par rapport au chœur (ou vice versa). Elle con-
siste à écouter au casque avec une seule oreille tout en chantant. Ce procédé, qui semble assez évident, fonctionne plutôt
bien. Veillez cependant à ne pas enregistrer les fuites sonores provenant de l’oreillette non utilisée ; plaquez fermement
celle-ci contre votre tête afin de limiter ces fuites.
Ceci nous amène au thème général des voix multiples. La section suivante passe en revue quelques techniques permettant
d’enregistrer à la fois plusieurs lignes vocales et des chœurs.

    Préambule aux voix multiples

La gestion des voix multiples, ainsi que leur mixage, est l’une des tâches les plus ardues des home-studistes (pour plus de
détails, reportez-vous au chapitre 13, « Enregistrement et mixage »).
Peut-être allez-vous vous lancer dans la composition de musiques d’ambiance expérimentales post-Laurie Anderson, avec
beaucoup de bruits… Dans le cas contraire, trois raisons sont susceptibles de vous amener à enregistrer plus d’une piste
vocale :

1 - l’ajout d’une harmonie vocale ou d’un contre-chant ;

2 - le renforcement de la ligne vocale en la doublant, la triplant ou la quadruplant ;

3 - les deux raisons précédentes.
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4 - Voix et prise de son

      Techniquement, il est en outre possible de renforcer n’importe quelle ligne chantée en la réenregistrant ou en la dupliquant
      autant de fois que nécessaire – on obtient une superposition de voix – ou seulement en ajoutant telles ou telles parties.
      Comme vous le constatez, le choix final dépend moins de la structure initiale de la chanson que de sa dynamique au cours
      de l’arrangement et de l’enregistrement. Préférez-vous des voix grosses et brillantes ou des harmonies naturelles pures ?
      Examinons les deux approches dans les sections suivantes.

      Superposition de voix
      La superposition de voix – l’enregistrement des mêmes lignes les unes sur les autres ou leur duplication à l’aide d’un logiciel
      de création musicale – est une technique très répandue (pensez à Brian Wilson des Beach Boys). Elle produit un son
      consistant, quelque peu brillant, qui tend à masquer les notes en bémol et les problèmes de hauteur de note.
      Les copies multiples d’une piste sur une autre à l’aide d’un logiciel de création musicale ne sont pas le seul moyen de super-
      poser les voix : vous pouvez aussi réenregistrer plusieurs fois une même prestation. Les légères différences entre les pres-
      tations produisent d’infimes dissonances qui donnent au résultat – qui porte le nom de mur de son – un cachet particulier.
      Vous serez peut-être tenté de jeter SONAR aux orties et d’empiler des pistes vocales en copiant les prestations dans de
      nouvelles pistes, mais il vous sera difficile d’obtenir un résultat prévisible.
      Dans un home studio, vous pouvez empiler efficacement des lignes vocales les unes sur les autres en les chantant et en les
      enregistrant. Vous produirez toutefois un effet très similaire en utilisant un harmoniseur de voix (périphérique externe qui
      travaille en temps réel ou au moment du mixage) ou un logiciel d’effets capable de transposer une ligne vocale à n’importe
      quelle hauteur de note ou de voix. Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients.

      Les harmoniseurs de voix
      Les harmoniseurs de voix ajoutent en temps réel les voix harmoniques que vous spécifiez. Le prix de ces périphériques, de
      la taille d’un petit boîtier à celle d’une unité montable en rack, s’étend de 500 à 2 000 euros, voire plus.
      L’harmoniseur de voix est un équipement d’effet sophistiqué. Il est basé sur des algorithmes qui transposent la voix, en
      temps réel, dans n’importe quel ton au-dessus ou au-dessous de la note chantée.
      Les modèles meilleur marché offrent moins de possibilités mais sont néanmoins remarquablement efficaces. Le Vocalist
      Performer, de DigiTech, par exemple, occupe moins de 45 cm2 et pèse environ 500 g. Il ne reconnaît pas la norme Midi,
      mais il produit jusqu’à deux voix d’harmonisation pour l’accompagnement d’une prestation vocale. Il est en outre doté de
      trois réverbérations présélectionnées pour différentes ambiances. Avec seulement six variations d’harmonies, il est possi-
      ble de combiner et de produire des centaines de superpositions.
      Le Vocalist Performer possède aussi une fonction de dédoublage (fondée sur une transposition de tonalité) qui produit une
      dissonance.
      Les modèles les plus onéreux sont équipés de fonctionnalités Midi et permettent de combiner des harmonies à l’infini à
      chaque demi-ton de la gamme. Ils effectuent aussi une transposition directe dans d’autres gammes et produisent des effets
      remarquables par dissonance. En conclusion, un harmoniseur de voix enrichira énormément vos prestations vocales si la
      superposition de voix convient à la dynamique du chant que vous enregistrez.

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4 - Voix et prise de son

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                                                Pour tout savoir sur l’interface Midi, reportez-vous au chapitre 9,
                                                « Découverte de la technologie Midi ».

Les logiciels d’harmonisation
Une autre option consiste à mêler les harmonies au moment du mixage, à l’aide d’un logiciel ou d’un module DirectX qui
altère la hauteur de la note. Les applications de ce genre sont aujourd’hui très nombreuses, et les caractéristiques des logi-
ciels de changement de tonalité sont aussi diversifiées que leur qualité.
Par exemple, les algorithmes de changement de hauteur et de longueur de note intégrés à SONAR (voir la figure 4.6), qui
fonctionnent en temps réel, ne produisent pas un ensemble harmonique réaliste. Ceux du pack DirectX XFX 1, de Sonic
Foundry, sont un peu meilleurs, et d’autres modules DirectX produisent un décalage de tonalité d’une qualité encore plus
grande. PurePitch, de WaveMechanics, est excellent ; malheureusement, il n’existe actuellement qu’en version Macintosh et
il est un peu cher (il coûte dans les 600 euros).

Figure 4.6
La fonction de transposition
Pitch-shifter de SONAR est
ludique mais ne produit pas
un son réaliste.

  Que penser du changement de tonalité qui corrige la hauteur de note ?
  Vous est-il déjà arrivé de travailler longuement sur la voix dominante avant de découvrir que vous aviez plusieurs fois
  oublié le marqueur de hauteur de ton ? Souvenez-vous… Il vous semblait que plus vous introduisiez, éditiez, copiiez,
  colliez, etc., plus l’ambiance émotionnelle de la prestation se dégradait ! Dans ce genre de situation, même si vous vous
  résolvez à éditer tous les points problématiques, vous aurez toujours l’impression que votre performance a « perdu
  son âme ».

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4 - Voix et prise de son

      Le module DirectX Auto-Tune, d’Antares – il existe sous forme matérielle, montable en rack –, résout efficacement ce
      problème. Auto-Tune est un ensemble d’algorithmes très bien écrits qui corrige les déficiences des hauteurs de notes avec
      une grande précision, en temps réel, à une vitesse de quatre millisecondes (il est donc plus rapide que l’interface Midi, qui
      tourne à environ sept millisecondes).
      Auto-Tune est doté d’un mode automatique facile à utiliser et d’un mode graphique permettant des réglages fins. Ce dernier
      est bien pratique pour éliminer de petites inflexions indésirables, supprimer un vibrato ou utiliser des gammes inhabituelles.

      Vers une harmonie parfaite
      Si vous recherchez un son harmonique pur, naturel, vous commencez généralement par limiter les harmonies à une ou
      deux parties, en doublant – manipulation plutôt rare – les lignes. Il en résulte une harmonie plus réaliste, que dans certains
      cas vous obtiendrez très facilement par superposition. Cette technique est idéale pour évoquer une certaine intimité (pen-
      sez aux Eagles).
      Pour les chœurs, l’approche est différente. Pour que le son des chœurs soit naturel, intime, vous devrez appliquer des effets
      et/ou une compression à la piste. Au lieu de doubler les prises vocales de cet épais mur de son, vous combinerez les
      meilleures parties dans le mixage final.
      Vous devez par conséquent reconsidérer le type de microphone à utiliser, ainsi que la sonorité de l’espace d’enregistre-
      ment. Pour réunir convenablement plusieurs enregistrements des mêmes parties et pour les exploiter à différents endroits,
      vous devez commencer par obtenir un son le plus cohérent possible ; sinon, vous perdrez beaucoup de temps à faire con-
      corder les prises, sans parler de la normalisation du volume des multiples pistes.
      Il est autrement plus difficile d’obtenir une harmonie parfaite que de superposer des pistes vocales. Vous n’êtes limité que
      par le mixage des voix, dont il est question dans la section suivante.

          Mixage des voix

      Si vous composez la musique, jouez des instruments, chantez, enregistrez les pistes avant de mixer le tout, votre objectivité
      est quasiment nulle. Vous êtes si impliqué dans le projet qu’il vous est impossible d’avoir une oreille impartiale.
      Or, vous n’avez certainement pas les moyens d’engager un preneur de son professionnel : vous ne pouvez compter que
      sur vous.

          Dépannage du mixage de voix

      Chaque mixage est différent, mais les mêmes problèmes reviennent d’un mixage à l’autre. Cependant, si vous n’avez pas
      assez de recul par rapport à votre musique, vous ne les décelez peut-être pas toujours. Cette section est donc consacrée
      aux éléments à surveiller et aux notions qu’il faut garder à l’esprit pendant le mixage des voix.

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4 - Voix et prise de son

Problème dû à un bruit
La plupart des gens remarquent les distorsions ainsi que les bruits indésirables. En revanche, découvrir la cause de ces
bruits et apprendre à les éviter est moins évident.
Les distorsions les plus faciles à appréhender sont les pénibles crépitements qui se manifestent lorsque vous surchargez un
convertisseur AN-NA pendant un enregistrement numérique ou lorsque vous avez trop remonté le gain d’un microphone.
La solution est évidente : il faut réduire le gain du microphone jusqu’à ce que son trajet de signalisation soit normalisé. Mais
cette réduction ne doit pas induire d’autres sortes de bruits, comme un bourdonnement ou un grésillement produit par
une fréquence radio.
Il existe deux moyens d’obtenir un bon gain. Vous devez essayer chacun d’eux :

1 - Vérifiez la valeur maximale du SPL (Sound Pressure Level) et ne la dépassez pas. Par exemple, le SPL maximal du Rode
    NT-2 est de 135 dB, ce qui signifie que tout signal supérieur à 135 dB sera déformé.

2 - Faites des essais avec votre microphone. Apprenez à le connaître en effectuant des enregistrements sur le vif, en pro-
    cédant à différents tests et en écoutant les résultats pour comparer les notes. Inscrivez vos conclusions dans un carnet
    et recommencez jusqu’à ce que vous connaissiez bien votre microphone et ses possibilités.

Bien d’autres bruits, pas toujours faciles à déceler, viennent interférer avec vos mixages de voix. En général, le reste du
matériel est à l’origine des distorsions. La détection de l’appareil coupable est en général ardue. D’autres microphones, un
préamplificateur de microphone, les mélangeurs que vous utilisez – voire celui que vous n’utilisez pas –, l’ordinateur ou la
station de travail, un instrument de musique, etc., peuvent produire des distorsions chaque fois que leurs limites électromé-
caniques sont franchies. Pour contrôler la situation, il faut connaître ces limitations. Vous les découvrirez en testant les
réglages de ces appareils et en lisant quelques manuels et modes d’emploi.
Ne comptez pas trop sur les manuels d’utilisation pour vous aider. Testez plutôt votre équipement en consignant les résul-
tats que vous obtenez.

Problème dû à l’espace
L’une des erreurs les plus répandues chez les home-studistes consiste à surcompenser le son de la pièce (et un manque
d’isolation phonique) en appliquant un trop grand nombre d’effets à la voix : réverbération, délai, chorus, etc. Tous ces
effets DirectX sont certes des outils remarquables ; ils sont précieux pour créer une ambiance ou améliorer le réalisme
des mixages de voix. Toutefois, si vous en abusez, ils réduiront à néant la vie et le naturel de vos prestations.
Les effets jouent chacun un rôle particulier et leur description exhaustive remplirait facilement un gros livre. La réverbéra-
tion est celui que vous utiliserez le plus souvent – et qui vous causera bien des soucis…
La réverbération se divise en trois catégories : la réverbération plate, la réverbération de salle et la réverbération de hall.
Dans une réverbération plate, le déclin est plus bref, ce qui en fait un bon choix pour les voix, les réverbérations de salle et
hall convenant mieux aux instruments de musique.

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4 - Voix et prise de son

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                                                       Le déclin (ou decay) est le temps que met la réverbération à s’éteindre. Un
                                                       déclin court place un tracé dans les voix au moment où leurs lignes se réunis-
                                                       sent dans le mixage, alors qu’un déclin prolongé produit un effet de tenue de
                                                       la note qui peut servir à accentuer une transition, comme l’accumulation d’un
                                                       effet de chorus et d’un effet bridge.

      Le mode d’application le plus judicieux de la réverbération consiste à l’adapter à chaque partie vocale au lieu de l’appliquer
      à l’ensemble. Si vous surappliquez une réverbération à la totalité du mixage des voix, vous allez éloigner le son de la voix du
      reste du mixage, jusqu’au moment où il sera trop éloigné pour être compréhensible. Or, vous recherchez une certaine pro-
      fondeur, et non l’inintelligibité.
      Pour compenser un espace d’enregistrement exigu, pour pouvez également utiliser le panoramique à bon escient. La notion
      de panoramique est très simple : chaque signal de chaque piste que vous enregistrez peut être placé en n’importe quel
      point d’un plan stéréophonique – c’est à dire le paysage audio qui contient la musique issue de deux enceintes ou plus – pour
      créer un son qui se déplace, et donner ainsi une ambiance tridimensionnelle à vos voix.
      L’expérimentation de différents réglages du panoramique peut être très révélatrice. Supposons que vous ayez enregistré
      quatre pistes vocales similaires ; le volume et le niveau d’effets de chacune sont à peu près identiques. Le tableau 4.1 sug-
      gère quelques variations que vous pouvez apporter au mixage via différents panoramiques.

                                                                 Tableau 4.1
                                                  LES VARIATIONS DE PANORAMIQUE

         Réglages du panoramique                                                   Résultat

       Tous centrés                Rapprochement maximal ou mélange de toutes les voix.

       1G, 2 et 3 et 4 centrés     La voix 1 sera plus présente dans le mixage que les autres voix.

       1G, 2G, 3D, 4D              Les voix 1 et 2 sont mélangées, de même que les voix 3 et 4, mais la distance entre les deux paires de
                                   voix sera très grande.

       1G, 2G, 3G, 4D              La voix 4 sera quelque peu éloignée des trois autres voix, et encore plus de la musique.

       1G, 2D, 3 et 4 centrés      Les voix 3 et 4 tendront à se mêler à la musique, tandis que les voix 1 et 2 sembleront se disputer
                                   l’espace.

      Le tableau 4.1 décrit le cas général. Votre équipement dépend du genre de voix que vous enregistrez et de votre style de
      musique, mais le principe reste le même : le panoramique permet d’accentuer efficacement les voix lorsqu’elles ne sont
      plus contrôlées, et vous pouvez les retenir au besoin.

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4 - Voix et prise de son

Problème dû au niveau
La voix humaine est sujette à d’amples – certains diraient d’extravagantes – fluctuations. Associez cette caractéristique à la
manière de travailler au microphone, qui est propre à chaque chanteur, et vous comprendrez pourquoi la quantité de régla-
ges nécessaires lors du mixage est si grande.
Dans ce contexte, la compression est précieuse. Un compresseur nivelle les crêtes d’une prestation vocale (ou de
n’importe quelle autre performance : les basses, par exemple, sont souvent compressées au mixage) en atténuant les écarts
en certains points. L’opération consiste aussi bien à monter les niveaux qu’à les réduire. Une utilisation judicieuse de la
compression transforme une montagne en taupinière…
Le prix des compresseurs varie beaucoup. Le marché propose à la fois des petits compresseurs à pédale pour guitare à
moins de 100 euros et des compresseurs à boutons, montables en rack, qui valent des milliers d’euros. Il existe aussi
d’excellents compresseurs logiciels basés sur DirectX.
En général, une bonne compression commence à un taux de 2 à 1, avec un petit relâchement et un gain de 5 à 7 dB.
Sachez cependant que si le recours au compresseur est simple, cette solution n’est pas la meilleure. Si vous travaillez avec
des logiciels d’enregistrement ou avec une station de travail DAW, par exemple, il est généralement plus rapide et plus effi-
cace de sélectionner la zone de la piste vocale qui pose problème, puis d’augmenter ou de baisser le niveau.

Problème dû à la fréquence
L’égaliseur – aussi appelé EQ dans la littérature spécialisée – peut être votre ami ou votre ennemi (la plupart sont amicaux).
Le chapitre 13, « Enregistrement et mixage », aborde l’égalisation en détail, mais il est intéressant d’évoquer ce sujet dès
maintenant.
L’égalisation est l’un des aspects les plus subjectifs de l’écoute musicale. La moindre radiocassette est aujourd’hui équipée
d’un égaliseur parce que chacun aime écouter la musique à sa manière. Il existe tout de même quelques règles de base fort
utiles pour tirer le meilleur des prestations vocales par rapport au reste du mixage.
Par exemple, dans la pop-music, le gros problème est généralement la relation entre la voix et la batterie. L’astuce va con-
sister à apparier les niveaux d’égalisation de la voix principale avec la grosse caisse et la caisse claire afin qu’ils tendent à
dominer le chant lui-même, à occuper un même petit espace musical confiné. Il est également possible de régulariser quel-
que peu le mur de son des voix en faisant passer les fréquences de 1 kHz à 3 kHz.
Le tableau 4.2 recense les effets produits par les fréquences vocales dans les plages les plus courantes.

                                                            Tableau 4.2
                                              TRAITEMENTS PAR ÉGALISATION

         Fréquences                                                        Résultat

200 à 500 Hz                  chaud, consistant, doux

1 kHz                         creux, angoissant, assourdissant

3 kHz                         frappant, excité, dynamique

                                                                                                                                    75
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4 - Voix et prise de son

                                                                 Tableau 4.2
                                                    TRAITEMENTS PAR ÉGALISATION (suite)

                 Fréquences                                                       Résultat

       5 kHz                         brillant, éclatant, clair

       7 kHz                         un peu plus brillant

       10 kHz et plus                voilé, aérien, étincelant

      Parmi toutes les fréquences du tableau 4.2, pour le mixage des voix, vous serez surtout concerné par celle de 5 kHz. Une
      fréquence de 250 Hz donne de la chaleur à la prestation vocale ; 500 Hz s’avèrent utiles pour lisser des harmonies ou don-
      ner du corps à la voix dominante. Si vous mixez des chœurs alors que vous avez déjà amené les niveaux aux valeurs requi-
      ses, essayez de les inclure dans une plage comprise entre 5 et 7 kHz afin de tirer le meilleur parti de l’égalisation. Si vous
      égalisez plusieurs lignes vocales dominantes, vous devrez travailler dans une plage dépassant 10 kHz afin de donner un peu
      plus d’éclat et de réalisme à la prestation.

          L’annulation de phase
          Si vous utilisez plusieurs microphones pour enregistrer des voix, vous risquez d’être confronté à une annulation de
          phase. Ce phénomène se produit lorsque les fréquences d’une prestation vocale annulent les fréquences d’une autre et
          inversement. L’étendue de l’annulation est très variable. En règle générale, le seul moyen d’éviter l’annulation de phase
          consiste à modifier la disposition des microphones ou à inverser la phase à l’aide d’un adaptateur externe ou de la con-
          sole de mixage (ou de la station de travail), si ces périphériques sont équipés d’un inverseur de phase.

            Le zen microphonique : les préceptes du satori vocal

      Le titre de cette section est peut-être un peu fort… mais il faut bien finir ce chapitre sur un point d’orgue, non ? Voici quel-
      ques conseils simples et rapides à mettre en œuvre, mais très utiles, relatifs à l’enregistrement et au mixage des voix :
      ●   Pour les voix, utilisez toujours votre meilleur microphone.
      ●   Appliquez tous les effets que vous désirez aux prestations vocales, mais enregistrez-les « à sec », sans fioritures.
      ●   N’abusez pas de la réverbération.
      ●   Si vous vous servez d’une station de travail numérique ou d’un logiciel d’enregistrement, utilisez un filtre passe-haut pen-
          dant le mixage. Il peut éviter aux voix de devenir trop ternes.
      ●   Utilisez un casque pendant l’enregistrement des voix. Les casques fermés – comme le Sennheiser HD 25 – sont meilleurs
          que les casques ouverts.
      ●   Remontez les fréquences de 200 à 300 Hz pour donner de la consistance aux voix.
      ●   Un bref délai, jusqu’à 50 ms, peut augmenter la « taille » des voix dominantes et leur donner un peu plus d’« épaisseur ».
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