Hôpitaux suisses : santé financière 2016 - www.pwc.ch/hopitaux-suisses
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Soins aigus Psychiatrie Sommaire Taux de croissance en 2016 Taux de croissance en 2016 Table des figures 4 Introduction 5 1. L’importance des ratios financiers pour l’hôpital 6 Une marge EBITDA de 10 % est pertinente dans le secteur des soins aigus 6 2. La santé financière des hôpitaux suisses de soins aigus 8 Maintien de la tendance « ambulatoire avant stationnaire » 8 Coûts légèrement supérieurs 9 4,0% 3,9% 5,7% 1,0% 3,2% 1,4% Baisse de la rentabilité 10 Croissance Croissance Croissance Croissance Croissance Croissance Stabilité de la structure du capital 12 chiffre charges de charges chiffre charges de charges d’affaires personnel d’exploitation d’affaires personnel d’exploitation Modèles économiques durables et leur financement ; entretien avec Thomas Brack, hôpital Limmattal 13 Répartition des coûts en 2016 Répartition des coûts en 2016 3. Défis financiers pour les établissements psychiatriques 16 (en % du chiffre d’affaires) (en % du chiffre d’affaires) Stagnation de la croissance et orientation vers les traitements ambulatoires 16 Stabilité de la rentabilité au cours des dernières années 16 Numérisation des prestations psychiatriques ambulatoires ; entretien avec David J. Bosshard, groupe Clienia 20 63,6% 12,3% 74,6% 13,0% 4. Financements externes : aujourd’hui et après-demain 24 Options de financement externe pour les hôpitaux suisses 24 Charges de personnel Autres charges Charges de personnel Autres charges Marchés du crédit et des capitaux 24 Financement par levée de fonds propres 29 Instruments de financement hybrides 29 16,4% 2,6% Processus de financement et défis posés au management hospitalier 30 Financement externe aujourd’hui 30 Matériel médical Matériel médical Digression : forme innovante de financement ICO 32 Financement externe après-demain 34 Marges de rentabilité en 2016 Marges de rentabilité en 2016 5. Le paysage des soins en pleine transformation 36 Les patients : entre évolution démographique et attitude revendicatrice 36 10,0% Les fournisseurs de prestations : professionnels et prestataires de soins sous pression 37 Objectif de marge 8,0% Comment remédier à la pénurie de professionnels 38 Objectif de marge 9,9% Les soins, au carrefour des générations ; entretien avec la professeure Rebecca Spirig, USZ 41 Les prestataires : entre centralisation et décentralisation 44 7,6% 7,4% 5,5% Digression : les cliniques de consultation sans rendez-vous 46 Changement et progrès : innovations techniques et informatiques en médecine 47 L’avenir et le développement des soins ; entretien avec Isabelle Lehn, CHUV 48 Marge Marge Marge Marge EBITDAR EBITDA EBITDAR EBITDA 6. Conséquences pour les patients 51 Le parcours du patient 52 7. Conclusion et perspectives 54 A Annexe 55 Liens utiles 56 Échantillon 56 Valeurs médianes et valeurs moyennes 57 Ratios utilisés 57 Bibliographie 58 Contacts 59 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 3
Table des figures Introduction Figure 1 : Calcul de l’objectif de marge EBITDA nécessaire 6 Chère lectrice, cher lecteur, Figure 2 : Croissance du chiffre d’affaires dans les soins aigus en Suisse, répartie entre prestations ambulatoires et stationnaires 8 Le domaine des soins médicaux change en permanence, influencé par de nouvelles structures, de nouvelles attentes des Figure 3 : Croissance du chiffre d’affaires en 2016 dans les soins aigus selon le nombre de lits 9 patients et de nouveaux profils professionnels. Nous vous parlerons de toutes ces évolutions dans l’étude que vous avez Figure 4 : Croissance et répartition des coûts des hôpitaux suisses de soins aigus 10 entre les mains. De plus, les hôpitaux développent des projets d’envergure et font face au défi de leur financement. Plu- sieurs solutions adaptées de financement externe existent et vous seront présentées en détails. Figure 5 : Évolution de la rentabilité des hôpitaux suisses de soins aigus 11 Figure 6 : Différences des marges EBITDA et EBITDAR selon le nombre de lits 11 Dans cette étude, la cinquième depuis 2011, nous analysons la santé financière des hôpitaux suisses en 2016 par le biais des Figure 7 : Évolution du ratio de fonds propres des hôpitaux suisses de soins aigus 12 indicateurs financiers. Dans un bref état des lieux, nous expliquons l’importance de ces ratios pour la gestion de l’hôpital. Figure 8 : Croissance du chiffre d’affaires des établissements psychiatriques suisses, répartie entre prestations Rendez-vous au chapitre 1 pour en savoir davantage. ambulatoires et stationnaires 16 Figure 9 : Répartition des coûts en 2016 (en % du chiffre d’affaires global) des établissements psychiatriques suisses 17 Depuis 2012, les ratios financiers des hôpitaux de soins aigus, tels que les marges EBITDA et EBITDAR ou les ratios de Figure 10 : Évolution de la rentabilité des établissements psychiatriques suisses 18 fonds propres et d’endettement ont subi des changements qui sont expliqués au chapitre 2. Notre échantillon d’hôpitaux de Figure 11 : Exemple d’évolution des coûts relatifs par jour selon TARPSY 19 soins aigus s’est enrichi de nouveaux établissements en passant de 28 à 45. Figure 12 : Vue d’ensemble des options les plus fréquentes de financement externe 24 Nous avons eu la chance de parler à Thomas Brack, directeur de l’hôpital Limmattal qui nous a décrit des modèles écono- Figure 13 : Évolution du z-spread des hôpitaux privés et publics depuis 2015 28 miques durables et leur financement. David J. Bosshard, CEO du groupe Clienia, nous a également accordé du temps pour Figure 14 : Les cinq phases du processus de financement 31 nous expliquer la numérisation des prestations psychiatriques ambulatoires. Figure 15 : Les rôles dans les soins selon le niveau de formation 38 Figure 16 : Représentation graphique de la formation « hub and spoke » 45 Le contexte dans lequel évoluent les établissements psychiatriques change également avec l’introduction du TARPSY. Tableau 1 : Calcul de l’objectif de marge EBITDA 7 Concernant les indicateurs financiers, nous avons élargi notre échantillon à 12 institutions. Le chapitre 3 vous informe plus largement sur les évolutions du domaine de la psychiatrie. Tableau 2 : Comparaison des instruments d’emprunt à long terme 26 La question du financement externe dans le secteur suisse de la santé aujourd’hui et après-demain préoccupe beaucoup les acteurs. Nous l’avons donc étudiée et avons pu ainsi constater que, sur le marché secondaire suisse pour les obligations du secteur, les hôpitaux et cliniques privés affichent une prime de risque plus élevée d’environ 100 points de base par rapport aux établissements publics. Plus de détails au chapitre 4. La mue du secteur de la santé touche tous les niveaux et tous les domaines, des patients aux prestataires de soins et aux nouvelles solutions techniques médicales et pharmacologiques. Nous aborderons les moteurs de cette mutation et nous nous projetterons en 2030 : à quoi ressemblera alors le système de santé ? La professeure Rebecca Spirig, directrice des soins médicaux et des actes médico-thérapeutiques et médico-techniques à l’hôpital universitaire de Zurich, et Isabelle Lehn, directrice des soins au CHUV (Lausanne) nous présentent leur vision de la situation générationnelle et de l’évolution des soins. Découvrez leurs perspectives aux chapitres 5 et 6. Enfin, vous trouverez notre conclusion au chapitre 7. Nous vous souhaitons une lecture enrichissante. Votre équipe PwC Patrick Schwendener Philip Sommer Responsable Deals Secteur de la santé Responsable conseil Secteur de la santé 4 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 5
« L’objectif de 10 % de marge EBITDA (ou EBITDAR pour 1. L’importance des ratios financiers pour les hôpitaux qui louent leurs locaux) conserve toute sa vali- les hôpitaux dité dans le contexte actuel » Amortissement des immobilisations Bien entendu, il peut être judicieux d’adapter légèrement Le développement du secteur de la santé s’accélère. Nous tablons sur une durée moyenne d’amortissement de cette valeur aux particularités individuelles. Des diffé- Figure 1 : Calcul de l’objectif de marge EBITDA nécessaire Le financement hospitalier en vigueur soumet les hôpitaux l’ensemble des immobilisations de 25 ans dans le secteur de rences de taille, de types de propriété ou de situation à une concurrence plus rude, bien que très réglementée. la santé. Nous partons de l’hypothèse que des investisse- financière peuvent être déterminantes. Dans tous les cas, Marge EBITDA minimale-= ƒ (WACC, rotation du capital, amortissements, impôts) De ce fait, l’orientation vers la performance et les considéra- ments durables comme les immeubles ou les équipements les types de propriété ont un impact primordial sur les coûts tions économiques sont devenues aujourd’hui indisso- en % du capital inv. en % du chiffre d’affaires constituent la majorité des immobilisations (dans notre du capital étranger sous forme de crédits, d’emprunts ou de ciables de la gestion d’entreprise. Ainsi, l’objectif de 10 % échantillon, près de 64 % en valeur médiane sur les cinq prêts et influencent ainsi nettement le coût moyen pondéré × Rotation du capital WACC ≈ ROIC EBIT en % EBIT en % que nous mentionnions en 2011 déjà pour la marge EBITDA dernières années). Pour les nombreux hôpitaux planifiant du capital. En fait, le risque de crédit perçu pour un hôpital a été repris, depuis, dans de nombreuses stratégies d’entre- Marge EBITDA actuellement des projets de construction importants ou les qui appartient au canton ou à l’État, avec garantie implicite, prise et de propriétaires d’hôpitaux. En principe, les Amortissements Amortissements réalisant déjà, cette valeur sera probablement un peu plus est estimé plus faible que celui d’un hôpital en mains Ø Durée de vie hôpitaux devraient pouvoir générer suffisamment de en % en % élevée à l’avenir. Cette tendance sera toutefois atténuée par privées, ce qui se traduit par des primes de risque plus rendement afin de pouvoir financer à long terme les le recours à des investissements à plus court terme dans les élevées (z-spreads) pour ces derniers. Le thème du finance- investissements nécessaires de manière autonome. technologies de l’information et de la communication (TIC) ment externe est abordé au chapitre 4. ou dans la numérisation (digitalisation). Face à l’ampleur des investissements, de nombreux hôpi- La rotation du capital effective d’un hôpital peut également taux doivent développer une stratégie globale de finance- Une marge EBITDA de 10 % est appropriée Rotation du capital influencer l’objectif à définir : les hôpitaux propriétaires de ment, car, en règle générale, le canton n’assume plus le rôle dans le secteur des soins aigus leurs immeubles ont une rotation du capital nettement Nos calculs sur la rotation du capital aboutissent à des d’investisseur, transmettant ainsi l’entière responsabilité du inférieure à celle des hôpitaux qui louent leurs locaux. La marge EBITDA bénéficie d’une large adhésion en tant multiplicateurs compris entre 0,9 × et 1,1 ×. Cela signifie budget à l’hôpital. Une planification consciencieuse de Fréquemment, le canton loue les immeubles aux hôpitaux. que ratio de rentabilité dans le secteur hospitalier suisse. qu’un hôpital produit en moyenne chaque année, à partir l’avenir, reposant sur des plans d’affaires bien construits et De ce fait, les coûts de location correspondent globalement L’objectif de 10 % à atteindre à long terme est désormais de chaque franc investi dans le capital, un chiffre d’affaires des calculs fiables de capacité financière, n’est désormais aux coûts des amortissements et du service de la dette sur établi. Dans ce qui suit, nous examinons d’un œil critique de CHF 0.90 à 1.10. Cette valeur correspond à la valeur plus une option. l’actif immobilisé. Nous partons donc du principe que les l’objectif que nous avions calculé il y a six ans. empirique que nous avons tirée de l’analyse des plans d’affaires à long terme. Cependant, nous considérons les hôpitaux qui louent leurs locaux ont une marge EBITDAR La planification, la gestion et le reporting sur la base des similaire à la marge EBITDA. Cependant, lorsque l’im- valeurs actuelles déduites de valeurs historiques comme indicateurs financiers clés sont des éléments fondamentaux Le calcul de la marge EBITDA comme objectif à long terme meuble est loué au prix du marché, l’objectif de la marge une référence non pertinente pour l’avenir, car de nom- de la communication des performances de l’établissement repose sur une méthododologie basée sur l’approche de EBITDAR durable sera fixée plus haut. breux hôpitaux incluent des placements fortement amortis pour le management (conseil d’administration, conseil de marché.1 L’EBITDA ainsi obtenu varie en fonction du coût dans les bilans et les réinvestissent actuellement ou le direction et directeurs de cliniques) et les parties prenantes moyen pondéré du capital (WACC – Weighted Average Cost Le statut fiscal de l’hôpital n’est pas non plus sans effet. La feront dans un avenir proche. De cette manière, le capital externes (propriétaires, bailleurs de fonds, régulateurs). of Capital), des amortissements des immobilisations, de la déductibilité fiscale des coûts du capital étranger net investi augmentera. En 2016, les hôpitaux suisses ont C’est ainsi que se sont imposés les ratios de rentabilité rotation du capital et des impôts. Ces paramètres sont entraînent, pour les entreprises exonérées d’impôt, un coût affiché en valeur médiane une rotation du capital de 1,4 ×. comme les marges opérationnelles EBITDAR, EBITDA et influencés par la situation du marché et changent donc au moyen pondéré du capital légèrement plus élevé. Dans la L’analyse de la rotation du capital du groupe témoin EBIT, qui sont désormais régulièrement communiqués à fil du temps. Il faut donc réexaminer régulièrement l’objec- situation actuelle des taux, cet effet est toutefois minime. d’hôpitaux européens cotés en bourse concorde avec les l’extérieur (par le biais des rapports annuels). L’augmenta- tif. Par ailleurs, il est intéressant de comparer la situation Les impôts annuels d’hôpitaux non exonérés, qui réduisent valeurs empiriques attendues tirées des plans d’affaires. tion du financement externe par le biais des marchés actuelle avec les chiffres historiques dans le contexte de le bénéfice net, sont nettement plus importants. L’EBITDA nationaux et internationaux des capitaux et du crédit a l’environnement de marché d’alors. Ci-après, les para- et l’EBITDAR étant des valeurs d’impôt perçus en amont, la mètres actuels sous-jacents de l’EBITDA sont développés Objectif pour la marge EBITDA accru les exigences de transparence et, par là même, marge EBITDA minimale est donc un peu plus faible pour l’importance des indicateurs financiers. En effet, ces plus en détails : Les hypothèses décrites précédemment aboutissent à un objectif de marge EBITDA de 9 à 12 %. Si l’on tient compte les hôpitaux non imposables. Avec un taux fiscal de 20 % derniers jouent un rôle crucial dans la décision d’investisse- pour la Suisse, la marge EBITDA ou EBITDAR requise se ment ou lors de l’octroi d’un crédit. Coût moyen pondéré du capital (WACC) de l’exonération d’impôt de nombreux hôpitaux de droit public, la fourchette minimale obtenue se réduit d’1 % pour réduit d’environ 1 %. Le tableau 1 montre dans quelle Selon nos calculs, la fourchette du coût moyen pondéré du fourchette les valeurs indicatives individuelles de marge atteindre 8 à 11 %. Dans l’ensemble, il apparaît donc que Fixer un objectif pour un ratio financier n’est pas chose capital pour les hôpitaux suisses se situe, mi-2017, entre 5,0 EBITDA ou EBITDAR devraient évoluer. l’objectif de 10 % de marge EBITDA (ou EBITDAR pour les aisée. Il ne faut pas négliger l’influence de la définition d’un et 5,8 %. À titre de comparaison, le WACC défini dans hôpitaux qui louent leurs locaux) conserve toute sa validité tel chiffre sur d’autres paramètres de la gestion hospitalière l’étude de l’IFBC en 2017 se monte à 4,8 %.2 dans le contexte actuel. ni les variations temporelles auxquelles il peut être soumis. La recommandation généralement admise est de considérer La différence principale entre les deux chiffres se justifie les objectifs sur une moyenne de trois à cinq ans ou, du par le fait que, chez PwC, nous prenons en compte pour le Tableau 1 : Calcul de l’objectif de marge EBITDA moins, de suivre à long terme une tendance de convergence calcul du coût des fonds propres, dans la partie supérieure vers ces objectifs importants. A noter encore que l’hôpital de la fourchette, des primes supplémentaires et d’éventuels WACC ≈ ROIC Rotation du capital EBIT Amortissements EBITDA en % du chiffre d’affaires devrait réexaminer périodiquement ses objectifs pour impôts.3 réagir, le cas échéant, aux changements de situation ou de Max. 5,0% 0,9 × 6,9 % 5,6 % 12,5 % contexte. 1 « Approche de marché » signifie que l’on ne fait généralement plus de différence entre les institutions publiques et privées (neutralité en matière de propriété). Par Min. 5,8% 1,1 × 6,6 % 3,0 % 9,6 % ailleurs, le calcul se base sur le CAPM (Capital Asset Pricing Model) qui part du principe que les investisseurs font preuve d’aversion au risque et de rationalité, au sens de leurs préférences en termes de rendement-risque. Médiane 5,3% 1,0 × 6,6 % 4,0 % 10,6 % 2 IFBC (2017): H+ Les hôpitaux de Suisse – Nouveau calcul du taux d’intérêt au 31 décembre 2016 (seulement en allemand). 3 Le calcul intègre l’hypothèse d’un taux fiscal moyen effectif de 20 %. 6 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 7
2. La santé financière des hôpitaux suisses de soins aigus L’analyse des indicateurs financiers ne révèle que peu de La tendance « ambulatoire avant «La tendance « ambulatoire Mesurée grâce au nombre de lits4, la taille de l’hôpital dans changements sur le marché de la santé depuis la dernière les soins aigus ne semble pas avoir d’incidence majeure sur stationnaire » se maintient étude. Les revenus et les coûts ont enregistré une croissance similaire, ce qui explique la stagnation de la rentabilité des Depuis l’introduction du nouveau financement hospitalier avant stationnaire » se poursu- la croissance du chiffre d’affaires. En 2016, les hôpitaux de soins aigus d’une capacité en lits inférieure à 250 ont hôpitaux suisses de soins aigus. L’analyse de la structure du en 2012, nous observons une croissance du chiffre d’af- ivra, et de nombreux hôpitaux enregistré une croissance de 3,8 % en valeur médiane. Les capital présente une image analogue : si certains établisse- faires relativement stable des hôpitaux suisses de soins hôpitaux dont le nombre de lits dépasse 250 affichent une ments ont pris des mesures d’investissement et de finance- aigus. En valeur médiane, nous constatons une progression sont déjà en train d’adopter de croissance du chiffre d’affaires de 4,0 %. Cette différence ment d’une certaine ampleur, les ratios de fonds propres de de 3,6 % de 2013 à 2016. À titre de comparaison, une relativement faible imputable à la taille de l’hôpital se l’ensemble de l’échantillon sont restés stables en valeur analyse des hôpitaux européens cotés en bourse révèle une manière proactive de nouveaux retrouve aussi lorsque l’on considère la croissance des médiane depuis 2012. croissance de tout juste 6,0 % durant la même période. modèles d’exploitation, ou revenus dans les secteurs ambulatoire et stationnaire. De même, la composition du chiffre d’affaires ne varie guère Nous consacrons les pages suivantes, comme nous l’avons fait dans les études précédentes, à l’analyse des ratios Dans la lignée de ces quatre dernières années, le secteur s’apprêtent à le faire » selon la taille de l’hôpital. En 2016, la répartition en valeur médiane des revenus des hôpitaux de soins aigus était la ambulatoire a enregistré une croissance supérieure à la financiers clés et aux tendances du marché hospitalier moyenne. Durant l’exercice 2016, nous notons par exemple un rôle déterminant. La tendance « ambulatoire avant suivante : 61,9 % pour les prestations stationnaires et suisse. Par rapport à l’analyse de l’année dernière, nous une croissance du chiffre d’affaires de près de 8,8 % en stationnaire » se poursuivra, et de nombreux hôpitaux sont 26,4 % pour les prestations ambulatoires. La tendance à avons élargi l’échantillon des hôpitaux de soins aigus de 28 valeur médiane. Si l’on compare la croissance des presta- déjà en train d’adopter de manière proactive de nouveaux une croissance supérieure à la moyenne du secteur ambula- à 45 (18 nouveaux hôpitaux, un hôpital de moins en raison tions ambulatoires et celle des prestations stationnaires, la modèles d’exploitation, ou s’apprêtent à le faire. Cette toire se maintient aussi avec la répartition des hôpitaux sur d’une fusion). De ce fait, les ratios ne sont pas entièrement première est, en 2016, plus de deux fois supérieure à la tendance se manifeste malgré l’intervention tarifaire du la même période ; pour l’ensemble de l’échantillon, le comparables à ceux de l’étude précédente. De plus, tous les seconde. Les raisons sont multiples : les progrès de la Conseil fédéral, qui accentuera la distorsion actuelle entre secteur ambulatoire représente une part croissante du indicateurs financiers n’ayant pas été publiés avec le même médecine, le principe « ambulatoire avant stationnaire » et les tarifs ambulatoires et stationnaires. Néanmoins, pour chiffre d’affaires global. degré de détail, la taille de l’échantillon peut varier légère- les nouveaux besoins des patients. À l’avenir, des interven- exploiter entièrement le potentiel des traitements ambula- ment selon le ratio analysé, comme par exemple dans le cas tions réglementaires ou les nouveaux systèmes tarifaires toires, il est indispensable que les hôpitaux soient correcte- de l’EBITDA. (comme le Zero-Night-DRG ou le One-Day-DRG) joueront ment rémunérés. Figure 2 : Croissance du chiffre d’affaires dans les soins aigus en Suisse, répartie entre prestations ambulatoires et stationnaires Figure 3 : Croissance du chiffre d’affaires en 2016 dans les soins aigus selon le nombre de lits Croissance du chiffre d’affaires des hôpitaux de soins aigus Croissance du chiffre d’affaires en 2016 selon la taille 10,0% 10,0% 9,1% 9,0% 8,8% 8,9% 8,8% 9,0% 8,5% 8,0% 7,6% 8,0% 7,0% 6,7% 7,0% 5,9% 6,0% 5,8% 6,0% 4,8% 5,0% 5,0% 4,0% 4,0% 4,0% 3,8% 3,9% 3,7% 3,8% 4,0% 4,0% 2,9% 3,1% 3,1% 3,1% 3,0% 2,8% 2,7% 3,0% 2,5% 2,1% 2,0% 2,0% 1,0% 1,0% 0,0% 0,0% 2013 2014 2015 2016 Moins de 250 lits Plus de 250 lits Médiane Croissance des prestations ambulatoires Croissance des prestations stationnaires Croissance des prestations ambulatoires Croissance des prestations stationnaires Croissance du chiffre d’affaires Croissance du chiffre d’affaires « pairs européens » Croissance du chiffre d’affaires 4 Office fédéral de la statistique, 2015. 8 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 9
Coûts légèrement supérieurs Baisse de la rentabilité L’élargissement de l’échantillon de 29 à 45 hôpitaux de soins aigus a confirmé les indicateurs de nos études précé- « L’élargissement de l’échantillon En valeur médiane, les coûts des hôpitaux suisses de soins aigus ont faiblement augmenté. Cet accroissemment en La stagnation des revenus et l’augmentation plus que proportionnelle des coûts de personnel, de matériel dentes. Sur la base du nouvel échantillon, la marge EBIT- DAR atteint près de 8,2 % en valeur médiane entre 2012 et de 28 à 45 hôpitaux de soins valeur médiane des coûts de personnel, de matériel médical et des autres charges d’exploitation, hors amortissements, a médical et des autres dépenses ont généré en 2016 une baisse de rentabilité, en valeur médiane, des hôpitaux 2016, ce qui correspond à peu près à l’ancien échantillon. aigus a encore accru la validité été, en 2016, légèrement supérieur aux revenus. Alors que suisses de soins aigus par rapport à l’année précédente. L’analyse de la rentabilité révèle une dispersion relative- des indicateurs » ces derniers ont progressé de 3,6 % par an de 2013 à 2016, Cette constatation est particulièrement visible dans les ment large des résultats. Par exemple, les marges EBITDAR les charges de personnel et autres dépenses ont augmenté marges EBITDAR et EBITDA mais, un peu moins, au niveau minimales se situaient en 2016 entre -2,6 et 14,0 %. Nous de 3,8 % par an durant la même période. Cependant, les de la marge EBIT et du bénéfice net. observons une dispersion similaire pour les marges proportions, exprimées en pourcentage du chiffre d’af- EBITDA. A noter qu’il est réjouissant de voir qu’en 2016, 8 faires, n’ont pas particulièrement varié. Durant l’exercice La marge EBITDAR est l’indicateur le plus approprié pour hôpitaux parmi les 45 analysés atteignent une marge 2016 et comme les années précédentes, les charges de comparer le résultat opérationnel des hôpitaux suisses. En EBITDA supérieure à 10 %, soit trois établissements de plus personnel ont représenté, avec 63,6 % (du chiffre d’affaires) 2016, la valeur médiane de la marge EBITDAR des hôpitaux que l’année précédente. Ces chiffres confirment également et avec 69,4 % (des coûts globaux, hors loyers et amortisse- suisses de soins aigus se montait à 7,6 %. Cela correspond à une certaine persistance, car sur les huit hôpitaux avec une ments), le poste de dépenses le plus important. Avec 16,4 % un recul de près de 0,8 point de pourcentage par rapport à marge EBITDA supérieure à 10 %, cinq dépassaient déjà (du chiffre d’affaires), le matériel médical arrive en deu- l’année précédente (8,4 %). Nous avions déjà abordé l’année précédente la barre des 10 %. Une tendance qui, xième place. Les autres dépenses, par exemple comme l’influence de la taille de l’hôpital sur les marges EBITDA et malheureusement, se confirme aussi pour les marges l’intendance et les denrées alimentaires ou les charges EBITDAR l’année dernière. En 2016, l’affirmation selon EBITDA basses et négatives. administratives, sont moins importantes. laquelle les plus petits hôpitaux ont été légèrement plus rentables que les grands hôpitaux universitaires et centraux Tout comme pour les revenus, la taille de l’hôpital n’a pas se confirme une nouvelle fois : si l’on compare leurs marges Figure 5 : Évolution de la rentabilité des hôpitaux suisses de soins aigus d’influence sur la croissance des coûts. Toutefois, la réparti- EBITDAR en 2016, les hôpitaux comptant moins de 250 lits tion des coûts par rapport au chiffre d’affaires affiche des atteignent une valeur médiane plus élevée de 0,4 point de pourcentage (8,0 contre 7,6 %). De plus, la dispersion vers Marges EBITDAR et EBITDA historiques Marges EBIT et bénéficiaire nette historiques différences minimes. Les hôpitaux qui comptent plus de 250 lits ont enregistré dans les années 2012 à 2016 des le bas est nettement moins importante que parmi les 5,5% 1,1% hôpitaux comptant plus de 250 lits. En ce qui concerne les 2016 2016 coûts régulièrement plus élevés pour le matériel médical, ce 7,6% 1,2% qui pourrait se justifier par le fait que les hôpitaux universi- marges EBITDA, la différence de rentabilité est encore plus 6,3% 1,2% palpable : les hôpitaux comptant moins de 250 lits 2015 2015 taires et centraux traitent des cas plus complexes. L’emploi 8,4% 1,5% de personnel (charges de personnel en pourcentage du atteignent une marge EBITDA de 6,8 % en valeur médiane, 5,8% 0,9% 2014 2014 chiffre d’affaires) est également légèrement plus élevé dans celle des plus grands hôpitaux se monte à 5,0 %. En outre, 8,5% 1,8% les grands hôpitaux. D’une manière générale, les diffé- la dispersion est nettement plus élevée parmi les grands 6,7% 1,1% 2013 2013 rences de coûts en fonction de la taille de l’hôpital sont très hôpitaux. 8,1% 2,4% faibles et non statistiquement significatives. Il n’est donc 6,0% 0,9% 2012 2012 7,9% 1,7% pas possible de tirer de conclusions générales. 0,0% 2,0% 4,0% 6,0% 8,0% 10,0% 0,0% 0,5% 1,0% 1,5% 2,0% 2,5% Marge en % du chiffre d’affaires global Marge en % du chiffre d’affaires global Marge EBITDA Marge EBITDAR Marge bénéficiaire nette Marge EBIT Figure 4 : Croissance et répartition des coûts des hôpitaux suisses de soins aigus Figure 6 : Différences des marges EBITDA et EBITDAR selon le nombre de lits Taux de croissance du chiffre d’affaires et des coûts Répartition des coûts en 2016 Différences de marges selon la taille de l’hôpital (en % du chiffre d’affaires global) 5,0% 4,6% 7,6% 15,0% 4,5% 4,0% 3,8% 12,3% 4,0% 3,5% 3,7% 3,8% 10,0% 3,5% 3,2% 2,9% 3,0% 2,5% 5,0% 2,0% 16,4% 1,5% 0,0% 63,6% 1,0% 0,5% 0,0% (5,0%) 2013 2014 2015 2016 EBITDAR 250 lits EBITDA 250 lits Charges de personnel Croissance du chiffre d’affaires Matériel médical Autres charges (hors loyers) Croissance des charges de personnel et des charges d’exploitation EBITDAR 10 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 11
Entretien avec Thomas Brack: Directeur de l’hôpital Limmattal Stabilité de la structure du capital Comme la rentabilité et la croissance, la structure du Nous observons ici aussi une dispersion relativement élevée, sachant que nous avons calculé les ratios de fonds propres uniquement sur la base des fonds propres princi- Modèles économiques durables et leur financement capital, elle aussi, est demeurée stable durant ces dernières paux. Nous n’avons pas intégré dans les fonds propres les années. Stabilité mais pas immobilisme, comme l’ont prêts sans intérêts ni les fonds et les prêts de parties prouvé certains hôpitaux qui ont procédé à plusieurs prenantes (p. ex. le canton ou la commune), bien que modifications, souvent dans le cadre de projets d’investisse- ceux-ci possèdent en partie des caractéristiques similaires ment et de refinancement, ou d’un changement de normes aux fonds propres (p. ex. la subordination ou l’absence de de présentation des comptes. De ce fait, nous constatons flux monétaires contractuels assurés). Certains cas isolés, dans l’ensemble, depuis 2014, des ratios de fonds propres dans le secteur privé, pourraient afficher une sous-capitali- très constants de 45,2 à 49,3 % du total du bilan. La rupture sation, voire un surendettement. La forme juridique et la a eu lieu en 2012, avec l’introduction de la LAMal. proximité de l’État permettent toutefois d’éviter ce genre de problème. En conséquence, une analyse agrégée de la Figure 7 : Évolution du ratio de fonds propres des hôpitaux structure du capital est peu pertinente. suisses de soins aigus Quant au financement de futurs projets d’investissement Taux de fonds propres 60,0% par des investisseurs et des établissements de crédit externes, les indicateurs comme le ratio de fonds propres, le Entretien avec Thomas Brack 50,0% 49,3% 48,3% 45,2% ratio de couverture d’intérêts ou le degré d’endettement net (défini comme capitaux portant intérêts nets, divisés par Directeur de l’hôpital Limmattal 40,0% 35,1% 36,8% l’EBITDA) sont toujours fondamentaux. Ils constituent 30,0% souvent des clauses contractuelles significatives des Un hôpital moderne de soins aigus est en train d’apparaître l’espace en dressant des murs de plâtre qui pourront à leur 20,0% contrats de crédit. C’est pourquoi une comparaison des sur le terrain actuel de l’hôpital Limmattal. Il offrira des tour être déplacés facilement et rapidement. L’efficience par structures du capital des hôpitaux suisses de soins aigus fonctionnements innovants et des processus totalement la flexibilité était également un des axes de la planification 10,0% devrait permettre de tirer des conclusions plus précises à optimisés. L’inauguration est prévue pour l’automne 2018. du bloc opératoire. Des zones décentralisées, c’est-à-dire 0,0% l’avenir. Avec le projet « LimmiViva », le « Limmi » est le premier des locaux de préparation spatialement séparés, des salles 2012 2013 2014 2015 2016 hôpital suisse à avoir osé une nouvelle construction impor- d’opération permettent une utilisation plus efficiente des Taux de fonds propres tante en levant des fonds à long terme sur le marché des locaux disponibles et une réactivité plus souple aux évolu- crédits et des capitaux. Le projet est réexaminé régulière- tions dans le temps. De la même manière, la clinique de ment et adapté à la situation du moment. Nous nous jour est mieux reliée aux salles du bloc opératoire et sommes entretenus avec Thomas Brack, le directeur de séparée complètement des processus stationnaires. l’hôpital. « Le patient moderne vient sou- Monsieur Brack, dans quelle mesure le thème « mutation et changement » a-t-il influencé la vent avec ses appareils tels que planification de votre projet « LimmiViva » ? tablette ou notebook et préfère Les changements dans le secteur hospitalier et dans celui de la santé en Suisse sont aujourd’hui aussi variés que rapides. une bonne connexion à Internet Pour cette raison, il est difficile de dire quels sont les thèmes les plus importants. Une question qui influence à plutôt qu’un appareil de TV » coup sûr les hôpitaux est celle du « plus d’ambulatoire ». Elle est déjà identifiable au travers de la durée moyenne de Dès la planification du nouveau bâtiment, nous avons séjour en baisse et est encore soutenue par les progrès de la également pris en compte les évolutions technologiques. médecine. Mais il y a aussi des tendances opposées : C’est ainsi que nous avons prévu suffisamment de canaux l’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la d’alimentation et de connexions libres dans les structures population entraînent un accroissement de la multimorbi- porteuses pour pouvoir installer rapidement et facilement dité des patients. Il est donc impossible de prévoir les choses de futurs nouveaux appareils. précisément, de ce fait, la flexibilité et l’efficience sont une préoccupation majeure dans la planification de « LimmiViva ». Vous venez d’aborder la question du numérique. Quelle sera la place des nouvelles technologies dans l’hôpital Limmattal ? Vous avez parlé de flexibilité et d’efficience : La tendance à la numérisation nous concerne tous. Les comment se traduisent-elles concrètement dans le hôpitaux ne sont pas épargnés. L’utilisation judicieuse des projet « LimmiViva » ? nouvelles technologies est donc déterminante. Et, bien Pour dire les choses simplement, le nouveau bâtiment a été entendu, nous ne devons pas oublier le facteur humain dans conçu de manière à pouvoir adapter à tout moment la le secteur de la santé. répartition des locaux aux nouveaux besoins sans travaux supplémentaires. Dans la mise en œuvre, cela signifie que Les progrès technologiques et l’automatisation améliorent les structures porteuses constituent une sorte de grande considérablement la technique médicale. Ils recèlent des halle (construction à ossature). L’idée est d’organiser potentiels énormes, en particulier pour le patient. Notons, 12 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 13
Entretien avec Thomas Brack: Directeur de l’hôpital Limmattal « Les interventions réglementaires des cantons et de l’État, en augmenta- tion ces derniers temps et interfèrant avec les innovations ainsi qu’avec les processus dans le secteur hospitalier, sont source d’incertitude » cependant, qu’ils génèrent moins d’économies qu’un que des tiers peuvent fournir avec plus d’efficience et plus Certes, les exigences sont plus élevées, surtout envers la sentir impliquée, comprise et avoir confiance dans le plan transfert de coûts, car les appareils « high tech » sont très de qualité. Chez nous, c’est par exemple le cas pour les gestion financière et les rapports d’activité, mais ces aspects d’affaires. Un plan d’affaires de type « top-down » aura de la exigeants en termes de maintenance et d’infrastructure services informatiques et la blanchisserie. sont maitrisables sans effort disproportionné. Les change- peine à atteindre cet objectif. Pour nous, le plan d’affaires informatique. Il faut souvent consentir à des investisse- ments principaux ont été le passage aux normes comptables est un instrument fondamental. Nous prenons régulière- ments supplémentaires dans ces domaines, ce qui neutra- Swiss GAAP RPC ainsi que la concentration sur des ment du temps pour l’adapter à la situation actuelle. Nous en avons parlé : les changements nécessitent lise en partie les économies. chiffres-clés et des KPI (indicateurs de performance) souvent des investissements dont le financement spécifiques, fondamentaux pour le marché des capitaux et doit être judicieusement réfléchi. Quel a été Depuis la révision de la LAMal il y a cinq ans, Nous pensons que les appareils multimédias fixes installés les banques. De plus, il est recommandé de ne pas sous-esti- dans les chambres des patients appartiennent au passé et l’élément décisif pour le choix du financement de mer l’investissement en compétences juridiques durant le bien des éléments ont changé pour les hôpitaux que l’approche « bring your own device » prévaut. Le patient « LimmiViva » ? processus de financement. Les documents volumineux et suisses. Comment voyez-vous les choses évoluer moderne vient souvent avec ses propres appareils tels que Le choix du financement est le résultat d’un long processus. hautement complexes des contrats de crédit ont conduit à au cours des cinq prochaines années ? tablette ou notebook et préfère une bonne connexion à Au moment de financer le nouveau bâtiment, nous étions des discussions juridiques longues et intenses. Notons enfin Dans un premier temps, la révision de la LAMal a octroyé Internet plutôt qu’un appareil de TV. Par ailleurs, nous l’un des premiers hôpitaux à ne pas faire appel au finance- que la forme et la structuration de la documentation des libertés économiques importantes aux hôpitaux. Elle sommes convaincus que le lien personnel avec le patient, ment public. Au début, nous voulions associer le finance- contractuelle sont très différentes selon l’instrument de leur a permis de se positionner face à la concurrence. Ce par exemple lors de la commande des repas, restera ment directement à l’adjudication du projet du nouveau financement ou la contrepartie. processus de nouvelle prise de conscience et d’ouverture à important à l’avenir, ne serait-ce qu’en raison de notre bâtiment. Cependant, cela nous est rapidement apparu peu la concurrence n’est d’ailleurs pas toujours réalisé après responsabilité sociale envers lui. réaliste. Dès lors, nous avons cherché d’autres solutions cinq ans. Ces derniers temps, divers réseaux et coopéra- avec un conseiller externe. Dans un premier temps, nous « Notre plan d’affaires est un des tions se sont développés parmi les professionnels de la Comment des modèles économiques innovants nous sommes affranchis du prêt du canton par un prêt avec reconnaissance de dette à de meilleures conditions. Le principaux instruments de ges- santé, et le potentiel de collaboration est encore loin d’être épuisé. Les interventions réglementaires des cantons et de peuvent-ils contribuer à freiner la croissance des coûts ? nouveau bâtiment à proprement parler a été ensuite financé tion. Il crée de la crédibilité vis- l’État, en augmentation ces derniers temps et interfèrant avec les innovations ainsi qu’avec les processus dans le par une combinaison de crédits syndiqués et d’emprunts. Le modèle économique « hôpital » ne va pas fondamentale- Ces derniers constituent le financement de base ; les crédits à-vis des partenaires et favorise secteur hospitalier, sont toutefois source d’incertitude. Elles ment changer, mais je suis convaincu que la question des couvrant les pics d’endettement. pèseront lourd sur l’évolution de la situation. Cependant, si soins intégrés, des coopérations, des réseaux et des fusions la confiance des collaborateurs la réglementation octroie une marge de manœuvre entre- sera plus importante. C’est un concept d’actualité pour preneuriale suffisante, nous allons alors vers un avenir l’hôpital Limmattal qui participe déjà à un réseau régional Parallèlement, des placements privés ont également représenté une alternative intéressante aux emprunts et en la direction. De plus, en tant passionnant et riche en opportunités. de cabinets de groupe. Cela renforce la collaboration avec les médecins de famille et complète la formation des aux prêts avec reconnaissance de dette. Enfin, les instru- ments utilisant les fonds propres (augmentation du capi- que responsable, on dort mieux D’une manière générale, nous souhaitons une transparence médecins assistants. Par ailleurs, nous nous engageons dans divers secteurs pour faire progresser les soins inté- tal-actions) sont eux aussi, selon la situation, une source de avec un solide plan d’affaires » accrue de type « benchmarking » entre les hôpitaux. Pas uniquement pour comparer des chiffres, mais aussi pour financement valable. Souvent, les statuts des hôpitaux grés. Il est encore possible d’améliorer considérablement publics limitent ou empêchent les financements par fonds servir de plate-forme d’échanges d’expériences et de l’efficience des interfaces, par exemple lors de l’hospitalisa- propres car il n’est pas permis de recourir à des investis- Vous travaillez depuis le début de « LimmiViva » bonnes pratiques entre les hôpitaux. Ce type de collabora- tion prescrite par le médecin de famille ou lors d’un trans- seurs privés externes. tion positive, grâce à des contacts réguliers, des coopéra- fert des soins aigus vers la réadaptation ou les soins infir- avec un plan d’affaires. Quel est son rôle dans la tions et des réseaux, ainsi que des modèles de soins inté- miers (curatifs, préventifs, de maintenance ou palliatifs). Si gestion stratégique et financière de l’hôpital grés, recèle un grand potentiel et présage d’un bel avenir. une collaboration plus intense et des soins intégrés amé- Le recours aux fonds de tiers sur le marché des Limmattal ? liorent l’efficience des hôpitaux, ils permettent également capitaux et auprès des banques est lié à des Un plan d’affaires rigoureux et orienté sur des objectifs d’augmenter la satisfaction des patients, par exemple en risques ainsi qu’à des exigences et des contraintes financiers est essentiel non seulement pour la gestion Monsieur Brack, merci pour cet entretien réagissant plus rapidement en cas de traitement inadapté. particulières. Quels ont été les plus grands défis financière mais aussi pour la gestion opérationnelle et enrichissant. pour l’hôpital Limmattal dans ce domaine ? stratégique. Notre plan d’affaires est largement inspiré du Pour ce qui est de l’externalisation des tâches et des proces- processus budgétaire. Un plan d’affaires cohérent et Un défi encore peu discuté jusqu’ici mais à prendre très au sus importants, je suis plutôt critique. La règle à respecter accepté en interne est très précieux ici ; y compris pour la sérieux en lien avec la nouvelle construction est le refinan- absolument est qu’une externalisation ne doit jamais communication avec les médecins chefs, les chefs de cement. Il reste en effet difficile à évaluer en raison des déteriorer la qualité. Un hôpital qui ne contrôle pas suffi- cliniques et le personnel soignant. Pour que le plan d’af- composants du marché, mais une gestion appropriée, samment les processus externalisés risque de perdre en faires trouve une acceptation interne suffisamment élevée, orientée vers le succès, contribue à réduire les risques et qualité. Il est normal, voire nécessaire, d’externaliser les il est important qu’il soit coordonné avec les différents influence ainsi les conditions d’un refinancement. tâches ne faisant pas partie des processus stratégiques et services et avec les personnes responsables. La base doit se 14 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 15
3. Défis financiers pour les établissements psychiatriques À la différence des soins aigus, les cliniques psychiatriques imputable principalement au secteur stationnaire, ce qui sont encore en pleine mutation en termes de changement explique que l’évolution du chiffre d’affaires a été plutôt de système tarifaire. Le passage à la rémunération des plane ces dernières années. En chiffres, cela signifie que le prestations par des forfaits journaliers (liés à la prestation) chiffre d’affaires de notre échantillon a augmenté de 1,5 % selon TARPSY place les cliniques psychiatriques devant une en valeur médiane de 2013 à 2016. Nous ne parlons pas grande tâche, notamment de planification et de budgétisa- particulièrement d’une augmentation du chiffre d’affaires tion des futurs revenus d’exploitation. L’introduction des mais plutôt d’un transfert du chiffre d’affaires vers des forfaits DRG dans les soins aigus avait eu une influence revenus ambulatoires. Cette évolution se poursuivra très notable sur les résultats financiers. Il faut donc attendre probablement (voir l’entretien avec David J. Bosshard, CEO pour savoir dans quelle mesure TARPSY impactera les du groupe Clienia, page 20). résultats financiers des cliniques psychiatriques et si des adaptations de la structure tarifaire sont nécessaires. Stabilité de la rentabilité au cours des dernières années La même année, il n’a enregistré une croissance annuelle niveau suisse, comme l’introduction des forfaits DRG dans Stagnation de la croissance et orientation que de 0,5 %. Cette évolution est elle aussi une conséquence le secteur des soins aigus. L’objectif est de régler et d’harmo- Avec une faible croissance du chiffre d’affaires, les augmen- vers les traitements ambulatoires tations de coûts risquent d’affecter rapidement la rentabi- logique de la croissance des cas ambulatoires. Par rapport à niser les tarifs stationnaires dans les cliniques au niveau l’année précédente, on observe une légère hausse des national. TARPSY 1.0 prévoit actuellement 22 PCG (Psy- En 2016, nous avons analysé douze établissements psychia- lité. Mais, comme la croissance des coûts est également charges de personnel et du matériel de 2,0 % pendant que chiatric Cost Group) ou groupes de coûts psychiatriques. triques (contre onze l’année précédente) ; deux nouveaux modérée, ce n’est, semble-t-il, pas le cas. En 2016, les frais le chiffre d’affaires n’a augmenté que de 1,0 %. La rentabi- Ces groupes sont divisés en neuf catégories principales établissements sont venus s’ajouter et une clinique n’est plus de personnel ont représenté 74,6 % du chiffre d’affaires et lité des établissements psychiatriques suisses est ainsi un (PCG de base) – par exemple TP25 pour la schizophrénie ou intégrée en raison d’une fusion. 81,7 % des coûts globaux. Depuis 2013, ils n’ont augmenté peu plus faible que l’année précédente. En 2016, la marge les troubles psychotiques aigus – et jusqu’à trois PCG par que de 2,2 % par an en valeur médiane. Ceci est tout à fait EBITDAR atteignait 9,9 % en valeur médiane, soit 0,7 point PCG de base, par exemple TP25C (Schizophrénie ou Tout comme pour les soins aigus mais moins marquée, nous compréhensible dans la mesure où les prestations psychia- de pourcentage de plus. Avec 7,4 %, la marge EBITDA troubles psychotiques aigus, âge > 17 ans sans un diagnos- observons pour les établissements psychiatriques une triques reposent la plupart du temps sur un suivi individuel. affichait 0,8 point de pourcentage de moins que la valeur de tic secondaire somatique de complication). Comme Swiss- tendance aux durées de séjour plus courtes et une prise en L’augmentation des prestations ou des revenus conduit l’année précédente. DRG, TARPSY pratique une politique des coûts liés aux charge ambulatoire. Par exemple, les revenus ambulatoires automatiquement à une augmentation similaire des coûts prestations, c’est-à-dire une rémunération par cas. La ont sensiblement augmenté depuis 2013, pendant que ceux tant que la manière de fournir la prestation ne change pas Le passage au nouveau système tarifaire stationnaire rémunération uniforme par groupe de cas permet de créer du secteur stationnaire stagnaient. La part ambulatoire substantiellement. TARPSY et ses conséquences sont encore impossibles à des incitations médicales et économiques pour les cliniques, augmente donc régulièrement dans les établissements évaluer entièrement et placent la gestion financière des ce qui profite au système tout entier à long terme. Contrai- psychiatriques, même si les revenus stationnaires se taillent Le matériel médical pèse moins dans la balance des cli- établissements psychiatriques suisses devant un grand défi. rement à SwissDRG, TARPSY prévoit toutefois différents encore la part du lion dans le chiffre d’affaires total (65,4% niques psychiatriques et n’a représenté, en 2016, qu’à peine TARPSY vise avant tout à accroître la transparence et la forfaits journaliers en fonction de la gravité du cas et de la en 2016). La croissance du chiffre d’affaires est donc 2,6 % du chiffre d’affaires et 2,8 % des coûts totaux. comparabilité des prestations, des coûts et de la qualité au durée totale du séjour. Figure 8 : Croissance du chiffre d’affaires des établissements psychiatriques suisses, répartie entre prestations ambulatoires et stationnaires Figure 9 : Répartition des coûts en 2016 (en % du chiffre d’affaires global) des établissements psychiatriques suisses Croissance du chiffre d’affaires des établissements psychiatriques Croissance des prestations ambulatoires 9,9% 14,0% 12,8% Croissance des prestations stationnaires 12,0% Croissance du chiffre d’affaires 13,0% 9,1% Croissance du chiffre d’affaires 10,0% « pairs européens » 2,6% 7,9% 7,6% 8,0% 5,9% 6,0% 4,8% 4,0% 74,6% 4,0% 2,9% 2,6% 2,7% 2,2% 2,0% 2,0% 1,0% Charges de personnel 1,4% Matériel médical 0,0% Autres charges (hors loyers) (0,2%) (0,2%) EBITDAR (2,0%) 2013 2014 2015 2016 16 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 Hôpitaux suisses : santé financière 2016 17
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