L'engagement religieux dans les politiques de la planification familiale - Une expérience dans six pays majoritairement musulmans - Amazon S3
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L’engagement religieux dans les politiques de la planification familiale Une expérience dans six pays majoritairement musulmans Katherine Marshall Octobre 2015
Liste des Abréviations AMPF Association Marocaine de Planification Familiale (Maroc) ASBEF Association Sénégalaise pour le Bien-Être Familial (Sénégal) BKKBN Conseil de coordination national de planification familiale (Indonésie) CIPD Conférence internationale sur la population et le développement DIU Dispositifs intra-utérins DW Dharma Wanita (Indonésie) EDS Enquêtes Démographiques et Sanitaires FALAH Family Advancement for Life and Health (la Promotion de la famille pour la vie et la santé) FNUAP Fonds des Nations unies pour la population IEC Information, education et communication ISSU Initiative Sénégalaise de Santé Urbaine (Sénégal) MUI Majelis Ulama Indonesia NU Nahdlatul Ulama (Indonésie) OMS Organisation Mondiale de la Santé ONG Organisations non gouvernementales PF Planification familiale PKB Partai Kebangkitan Bangsa (Indonésie) PKK Pemberdayaan Kesejahteraan Keluarga (Indonésie) PNPF Programme national de la planification familiale (Maroc) ROM Rabita Mohammedia des Oulémas (Morocco) SU Santé Universelle TFT Taux de fécondité total TMM5 Taux de mortalité des moins de 5 ans Copyright © octobre 2015 World Faiths Development Dialogue TPC Taux de prévalence contraceptive (WFDD). Tous droits réservés. USAID United States Agency for International Conception : Sensical Design & Communication Development Photo de couverture : Al Hadji Sene VDMS Visites à domicile de motivation systématique Calligraphie de dos de couverture : Mahmoud Elalamy (Maroc)
Table des Matières Avant-propos 2 Préface 3 1. Comparaison des indicateurs : Le Bangladesh, l’Indonésie, l’Iran, le Maroc, le Pakistan et le Sénégal avec la Tunisie et le Suède comme comparateurs 4 2. L’Islam et la planification familiale : Consensus et débats 7 3. Etudes de cas des pays Le Bangladesh : Politiques de planification familiale de 1975 à 2015 9 L’Indonésie : Progrès spectaculaire, stagnation, ensuite nouvelle priorité à la planification familiale de 1965 à 2015 14 La République Islamique de l’Iran : Les politiques de planification familiale de 1967 à 2015 21 Le Maroc : Planification familiale et les approches de santé reproductive de 1965 à 2015 28 Le Pakistan : Essais et erreurs dans la politique de la planification familiale de 1960 à 2015 32 Le Sénégal : Revitalisation des politiques de la planification familiale de 1980 à 2015 36 4. Perspectives 42 Annexe 1 : Mots clés 44 Annexe 2 : Versets du Coran et des Hadiths auxquels on réfère en relation à la planification familiale 46 Liste des références 48 WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 1
Avant-propos C ela n’est pas une coïncidence que parmi toutes les particulier dans les communautés pauvres où la santé mater- agences de développement au sein des Nations nelle et familiale nécessite un engagement créatif et réfléchi unies, le Fonds des Nations unies pour la Population par les spécialistes. (FNUAP) s’est concentré plus profondément et plus long- Les pays majoritairement musulmans sont très divers : temps sur les rôles et les acteurs religieux que les autres. Son géographiquement, culturellement, politiquement, écono- but est de « Créer un monde ou chaque grossesse est voulue, miquement, linguistiquement et démographiquement. Le chaque naissance est sans danger, le potentiel de chaque jeune rôle du facteur religieux dans le comportement, ainsi que la est rempli. » Pour accomplir cela, le FNUAP travaille pour as- création des normes, peut être très variée. Chaque pays néces- surer que tout le monde, surtout les femmes et les jeunes, sont site une approche spécifique adressée à son histoire, besoins capables d’accéder à un service sanitaire sexuel et reproductif et son contexte. Plusieurs pays s’inspirent des leçons apprises de qualité, y compris la planification familiale, pour qu’ils dans d’autres pays. Les interprétations de l’islam dépassent les puissent être informés et prendre leurs décisions volontaire- frontières menant à des pratiques et des enseignements riches ment sur leurs vies sexuelles. à travers le monde musulman. Le mandat du FNUAP, mis en place par le Conseil éco- Ce rapport nous offre un trésor d’informations et d’idées nomique et social des Nations unies en 1973 et confirmé en sur comment les facteurs religieux et l’influence islamique ont 1993, est de (1) Bâtir la connaissance et la capacité de ré- été engagés dans la formulation des politiques de planification pondre aux besoins dans la planification familiale au sein de la familiale. Ce rapport met en évidence les rôles importants des population ; (2) De sensibiliser les pays développés ou en voie leaders religieux joués dans plusieurs pays et sociétés. Les idées de développement sur les problèmes de la population et des qui y émergent sont importantes pour le travail du FNUAP stratégies possibles pour les éradiquer ; (3) De faire face aux parce que cela souligne l’importance du contexte et la com- problèmes de population dans la forme la plus adéquate selon plexité des facteurs, aussi bien que les dangers d’ignorer les le pays spécifique ; (4) D’agir comme guide dans les Nations rôles religieux dans la création des attitudes sur la planification unies afin de faire connaitre les programmes de la population, familiale. Il n’y a pas qu’un seul modèle : dans chacun de ces et de coordonner les projets soutenus par le Fonds. six cas, les approches ont été crées en mettant en interaction A la Conférence internationale sur la population et le déve- les circonstances et des personnalités différentes. Le niveau du loppement (CIPD : Caire, 1994) ces idées ont été approfon- succès différent dans les six pays partage une leçon commune : dies pour souligner les dimensions du genre et des droits de une politique efficace de la planification familiale doit prendre l’homme. Le FNUAP a eu un rôle de leader pour aider les pays à la religion en considération, intelligemment, explicitement, prendre en charge le Programme d’Action, qui a été adopté par continuellement et d’une manière créative. 179 gouvernements. En 2010, l’Assemblée générale des Nations Nous sommes redevables au World Faiths Development unies a prolongé le CIPD au-delà de 2014, ce qui avait été la Dialogue, ainsi que la Fondation Hewlett pour leur soutien, date limite du Programme d’action de vingt ans. d’avoir souligné des leçons importantes et d’avoir mis en place Le travail du FNUAP est affecté par des décisions prises une nouvelle direction pour un travail et une recherche futurs. par des couples, orientées par le contexte culturel, social et communautaire ainsi que leurs conditions de vie. Le FNUAP Azza Karam doit être conscient de l’influence de la religion et de la culture. Conseillère principale, Coordinatrice de la Culture. Comment peut la religion influencer ces décisions ? Com- UN Inter-Agency Task Force on Religion and Development ment peut-elle influencer le rôle des femmes et comment (Groupe de travail inter-agences sur la religion et le développe- l’éducation des filles peut influencer la santé des femmes ? ment des Nations unies) Ces problèmes sont pertinents partout, mais ils sont d’intérêt Fonds des Nations unies pour la population / FNUAP 2 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
Préface L es décisions sur la planification familiale sont des choix l’Iran, le Maroc et le Sénégal. Ces pays ont été choisis en te- intimes reflétant l’influence de plusieurs facteurs : nant en compte des séries de circonstances différentes et de les attentes et les espoirs formés par la culture et les l’effort par le gouvernement et d’autres chefs pour engager les circonstances familiales, économiques et sociales ; l’accès communautés religieuses. Ce rapport vise à servir comme de à l’information et les moyens de contrôler la fécondité ; et référence dans le contexte sénégalais, mais il est aussi pertinent les préoccupations de santé. La politique et les programmes pour une audience plus large puisqu’il comble des lacunes gouvernementaux, ainsi que des normes et des priorités dans la connaissance en focalisant une attention explicite internationales en pleine évolution, affectent l’offre et la sur l’engagement des religieux dans les stratégies et les pro- demande de planification familiale. Le rôle des croyances grammes de la planification familiale. et communautés religieuses sur les plans familial, social et Le récit de chaque pays souligne les approches du gouver- individuel peut être significatif, encourageant des actions nement, le rôle des ONG et le rôle des chefs religieux. Nous positives ou décourageant certaines formes de contraception. espérons que ce rapport va informer les personnes intéressées Cependant, les conséquences de ces rôles peut être difficile à sur les liens entre la religion et le développement, surtout déterminer et varient fortement selon la localité et les tradi- dans le contexte de la planification familiale, et encourager la tions religieuses. Comprendre comment les gouvernements conversation et la recherche. prennent les attitudes religieuses en considération est un Ce rapport est basé sur les informations tirées des études facteur important dans l’évaluation des approches variées de académiques publiées, des rapports gouvernementaux et des la planification familiale. ONG, des articles ainsi qu’un nombre limité d’interviews Le World Faiths Development Dialogue (WFDD), dans avec des praticiens. Dans le cas du Maroc et du Sénégal, il le cadre de son travail sur les dimensions religieuses du dé- est basé sur une recherche et discussion du WFDD récente. veloppement, a entrepris des recherches sur les politiques Katherine Zuk, une collaboratrice du WFDD, a entrepris partout dans le monde, comprenant toutes les traditions une recherche initiale, travaillant sous l’orientation de Crystal religieuses et, bien sûr, l’islam. La planification est l’un des Corman, gestionnaire de programmes du WFDD. Lindsay enjeux sur lequel le WFDD a fait une analyse approfondie Horikoshi, étudiante à l’Université de Georgetown, a fourni (Voir Faith and International Family Planning (2014))1. Un un soutien de recherche précieux. Lauren Herzog, coordi- projet en cours au Sénégal (partie du multipartenaire, Parte- natrice du programme au WFDD, est notre coauteur avec nariat Ouagadougou, et soutenu par la Fondation William et la section sénégalaise. J’ai supervisé le processus, et j’ai édité Flora Hewlett) engage systématiquement les religieux dans et finalisé le rapport. Les commentaires de Douglas Huber, les programmes de planification familiale. L’expérience dans Ray Martin, Nancy Smith-Hefner, et Lauren Van Enk sont des pays à majorité musulmane a une pertinence spéciale sur vivement appréciés. les réflexions stratégiques sur l’engagement religieux dans l’Afrique de l’ouest. Ce rapport reflète une partie de ce tra- Katherine Marshall vail, qui inclut une visite au Maroc par des chefs religieux Directrice Exécutive, World Faiths Development Dialogue sénégalais. L’attente est que les chefs sénégalais—publiques Octobre 2015 et privés, religieux et laïques—utiliseront cette information dans les efforts en cours à développer des programmes adaptés Note de bas de page au contexte sénégalais. 1. “Faith and International Family Planning.” Le World Faiths Ce rapport contient une série de courts récits sur les pro- Development Dialogue. Février 2014. http://repository. grammes de la planification familiale dans six pays différents à berkleycenter.georgetown.edu/140201WFDDFaithand majorité musulmane : l’Indonésie, le Bangladesh, le Pakistan, InternationalFamilyPlanningReport.pdf WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 3
Comparaison des indicateurs Le Bangladesh, l’Indonésie, l’Iran, le Maroc, le Pakistan, et le Sénégal avec la Tunisie et le Suède comme comparateurs Figure 1 : Population des pays étudiés, Figure 2 : Population des pays comparatifs, en millions en millions 300 Indonésie Pakistan Senegal Suède Tunisie Tunisia Bangladesh Iran 10 Morocco Maroc Sénégal Sweden 200 Iran Bangladesh 6 100 Pakistan Indonesia 2 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s Figure 3 : Taux de croissance de la population Figure 4 : Taux de croissance de la population des pays étudiés (pourcentages annuels) des pays comparatifs (pourcentages annuels) 5% 5% Indonésie Pakistan Bangladesh Senegal Suède Tunisie Tunisia Iran Maroc Sénégal Morocco Sweden Iran 3% 3% Bangladesh Pakistan 1% Indonesia 1% 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 4 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
Figure 5 : Densité de la population des pays Figure 6 : Densité de la population des pays étudiés (personnes par km carré) comparatifs (personnes par km carré) 1500 80 Indonésie Pakistan Senegal Suède Tunisie Tunisia Bangladesh Iran 1200 Maroc Sénégal Morocco Sweden 60 Iran 900 Bangladesh 40 600 Pakistan 20 300 Indonesia 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s Figure 7 : Taux de fécondité des pays étudiés Figure 8 : Taux de fécondité des pays (nombre d’enfants par femme) comparatifs (nombre d’enfants par femme) 8 8 Senegal Tunisia Morocco Sweden 6 6 Iran 4 4 Bangladesh Pakistan 2 2 Indonesia Indonésie Pakistan Bangladesh Suède Tunisie Iran Maroc Sénégal 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 5
Figure 9 : Population âgée entre 0–14 dans Figure 10 : Population âgée entre 0–14 dans les pays étudiés (pourcentage du total) les pays comparatifs (pourcentage du total) 50% 50% Senegal Tunisia Morocco Sweden Iran 30% 30% Bangladesh Pakistan 10% Indonesia 10% Indonésie Pakistan Bangladesh Iran Maroc Sénégal Suède Tunisie 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s Figure 11 : Population âgée entre 15–24 dans Figure 12 : Population âgée entre 15–24 dans les pays étudiés (pourcentage du total) les pays comparatifs (pourcentage du total) 30% 30% Senegal Tunisia Morocco Sweden 20% 20% Iran Bangladesh 10% Pakistan 10% Indonesia Indonésie Pakistan Bangladesh Iran Maroc Sénégal Suède Tunisie 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 6 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
L’islam et la planification familiale Consensus et débats L a planification familiale est un concept et pratique anciens Les débats au sein des savants de l’islam spécifiquement au sein des communautés et familles musulmanes (comme sur la planification familiale ont une tendance à se concen- le cas de tout le monde). C’est aussi un long sujet de discus- trer sur des interprétations variées du Coran et de la Sunna, sion par les savants islamiques et les chefs religieux (cependant, et d’une compréhension des principes basiques de l’islam. trouver des publications historiques et des publications récentes Chacune des écoles majeures de pensée de l’islam a produit peut être un peu difficile). Les compréhensions contemporaines des opinions sur ces problèmes. Le consensus large est que sont partiellement le résultat des changements démographiques la planification familiale est permise dans l’islam. Chaque résultant de l’augmentation de l’espérance de vie, la diminution opinion, cependant, est nuancée et explore les légalités de pro- des décès d’enfants, des nouvelles études et tendances démogra- blèmes spécifiques qui incluent des méthodes traditionnelles, phiques. Il y a une reconnaissance croissante au sein des gouver- modernes4 et permanentes5 de la planification familiale. nements et des savants islamiques que la croissance rapide de la Malgré un consensus large que les traditions islamiques population facilitée par la médicine moderne use des ressources soutiennent la planification familiale, largement depuis les et menace les normes de vie. Les risques de santé pour les mères, années 1970, des débats contentieux ont émergé au sein de les enfants et les familles, des naissances rapprochées et les certaines communautés musulmanes. Dans les débats cultivés, grossesses précoces (par des femmes très jeunes) sont de plus en les tensions primaires sont entre ces textes qui encouragent la plus reconnus. Un nouveau facteur relatif est une concentration croissance de la population musulmane et de l’autre part les internationale sur les bénéfices du dividende démographique, ce enseignements coraniques qui mentionnent la qualité de la vie. qui est un encouragement pour les prospects de la croissance et Le Coran inclut des admonestations que les parents doivent la société plus généralement qui accompagne la période durant prendre soin de leurs enfants et leur fournir le nécessaire d’une laquelle la mortalité diminue tout comme la fécondité1. manière égale6. Le prophète a dit trois fois7, « Traitez vos en- Entre les savants et les juristes de l’islam, les débats sur fants d’une manière égale8. » Alors que cela ne veut pas dire la planification familiale sont généralement cadrés dans les que les familles doivent faire des restrictions sur leurs tailles, enseignements de base de l’islam qui ont un rapport avec les cela suggère qu’ils doivent planifier pour leurs enfants, et qu’ils politiques. Les préceptes majeurs du Coran qui sont cités ne doivent pas avoir plus qu’ils ne peuvent se permettre pour dans le concept de l’islam étant une religion d’aisance et non garantir un traitement égal. Les juristes contemporains font de difficulté, de modération et de qualité2, avoir une famille référence à une tradition qui recommande la séparation des ne doit surtout pas être un fardeau et la taille d’une famille enfants durant leurs sommeils, ce qui n’est faisable qu’avec un ne doit pas compromettre la qualité de la vie3. Ces concepts nombre limité d’enfants. (Sha’rawi, Tantawi, Abdel-Aziz ‘Iesa) basiques sont appliqués dans différentes communautés musul- Malgré ces enseignements, perceptions que l’islam glo- manes, y compris des communautés sunnites et chiites aussi balement oppose ou qu’il n’est pas encourageant envers la bien que par des savants respectés. planification familiale sont très répandues et impliquent des WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 7
Encadré 1: Justifications pour la planification familiale acceptées par les juristes9 La planification familiale est permise afin de: 1. Eviter les risques de santé pour un bébé en cours 6. Eviter les problèmes économiques de prendre d’allaitement du lait « changé » (diminué ou soin d’une famille plus large, ce qui peut forcer stoppé) de la mère enceinte (Ibn Hajar) les parents à se tourner vers des moyens illégaux pour subventionner les besoins de la famille; ou 2. Eviter les risques de santé pour une mère à cause trop se fatiguer pour survivre (al-Ghazali) des grossesses multiples, courts intervalles, ou un jeune âge (Abdel Aziz ‘Iesa) 7. Permettre l’éducation, un élevage propre et un enseignement religieux des enfants ce qui est 3. Eviter la grossesse d’une femme déjà malade plus faisable avec une petite famille qu’avec une (Sayyid Sabiq) grande famille (Tantawi) 4. Eviter la transmission des maladies de parents 8. Eviter que les enfants se convertissent de l’islam déjà malades (Shaltout) en territoire ennemi (Hanafites, Hanbalites) 5. Préserver la beauté de la femme et sa condition 9. Eviter de donner naissance à des enfants en physique, pour le plaisir de son mari et une vie période de déclin religieux (Hanafites) matrimoniale plus saine et aussi pour préserver la loyauté de son mari (al-Ghazali) savants, des clercs et des adeptes dans plusieurs régions du Routledge: New York, 1992; Farzaneh Roudi-Fahimi. monde. S’opposer à ou hésiter envers la planification fami- “Islam and Family Planning.” Population Reference Bureau (2004); et Ra’ufa Sherry Tuell. Islamic Approaches to Patient liale est partagé avec plusieurs sociétés traditionnellement Care: Muslim Beliefs and Healthcare Practices for Caregivers. conservatrices, avec des différentes traditions religieuses. De Beltsville: Amana, 2011. même, le soutien envers la planification familiale est trouvé 3. Voir Annexe 2 pour voir les Versets du Coran et les Hadiths au sein de différentes sociétés et traditions religieuses. Les sur les préceptes de l’Islam rôles de la culture contre les enseignements et les croyances 4. Permanent ici fait référence à la stérilisation religieuses peuvent être difficiles à distinguer. Il faut souligner 5. Voir Annexe 1 pour la terminologie appliquée aux différentes méthodes de la planification familiale que, cependant, l’encouragement et le refus de la planification 6. Voir Annexe 2 pour voir les Versets du Coran et les Hadiths familiale venant des enseignements religieux, avec une analyse sur les préceptes de l’Islam plus profonde, peuvent être expliqués avec plus de précision 7. Le fait de le répéter trois fois en fait un devoir (wujub) par les traditions culturelles que par les enseignements reli- 8. Aliah Schleifer. Motherhood in Islam. Islamic Texts Society: gieux, ou par la combinaison des deux. Louisville, 1986. 9. Abdel Rahim Omran.“Family Planning in the Legacy of Islam.” Fonds des Nations unies pour la population. Notes de bas de page Routledge: New York, 1992; Farzaneh Roudi-Fahimi. 1. Deux descriptions de ce phénomène peuvent être trouvées “Islam and Family Planning.” Population Reference Bureau au Fonds des Nations unies pour la population et le Fonds (2004); et Ra’ufa Sherry Tuell. Islamic Approaches to Patient Monétaire International respectivement: http://www.unfpa. Care: Muslim Beliefs and Healthcare Practices for Caregivers. org/demographic-dividend et http://www.imf.org/external/ Beltsville: Amana, 2011. pubs/ft/fandd/2006/09/basics.htm 2. Abdel Rahim Omran. “Family Planning in the Legacy of Islam.” Fonds des Nations unies pour la population. 8 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
Le Bangladesh Politiques de planification familiale de 1975 à 2015 L ’expérience du Bangladesh à la planification familiale pris deux chemins différents. À la fin des années 1980, le pro- et le rôle de la politique du gouvernement dans la gramme de planification familiale du Bangladesh a été bien promotion de la planification familiale sur une longue lancé en montrant des résultats. Les progrès ont été soutenue période sont largement considérés et respectés à l’échelle depuis. Cette histoire est particulièrement remarquable par internationale comme un succès. Les changements dans les rapport au Pakistan, compte tenu des relations historiques pratiques de santé reproductive sont liés à des programmes étroites entre les deux nations. Les rôles joués par les autorités officiels de planification familiale et d’un appui substantiel de religieuses et l’engagement avec les gouvernements sont des la société civile. Entre 1975 et 2010, le pourcentage de femmes facteurs importants. utilisant la contraception a augmenté significativement. Le Le premier Plan quinquennal (1973–1977) du gouver- taux de fécondité a chuté de 6,9 enfants par femme en 1975 nement du Bangladesh (1973–1977) s’est concentré sur la à 2,2 enfants par femme en 2012 ; le taux de la prévalence récupération de la destruction massive des structures et des contraceptive se situait à 61,2 pour cent en 20121. Le succès programmes gouvernementaux suite à la guerre, aggravée du Bangladesh est en partie attribuable à son utilisation des par les dégâts du cyclone et il s’est axé sur la reconstruction médias pour diffuser le message sur les avantages de la plani- des agences et des institutions. Le plan a donné la priorité à fication familiale et la localisation des services de santé aux rétablir le programme de planification familiale. Les raisons côtés des cliniques, avec des femmes comme agents de terrain comprenaient la conscience de la densité de population très qui étaient responsables de la sensibilisation et du suivi pour élevée du Bangladesh et une appréciation croissante des liens les patients. Le gouvernement a également donné la permis- entre la lutte contre la pauvreté et la grande taille de la famille. sion de facto pour l’avortement durant le premier trimestre en Le programme de planification familiale avant l’indé- permettant (une partie du programme de planification fami- pendance a été exécuté par l’intermédiaire du Conseil de la liale depuis 1975) une procédure connue comme régulation Planification familiale (un organisme indépendant), mais menstruelle.2,3 Lié par certains aux réactions à des grossesses dans le cadre du premier Plan quinquennal, il a été rétabli généralisées résultant de viols en temps de guerre pendant les sous le Ministère de la Santé et de la Planification familiale. luttes pour l’indépendance, le processus permet une certaine L’objectif était une approche multisectorielle qui distribuerait marge pour l’avortement, ce qui est illégal. les responsabilités pertinentes (et multiples) pour la planifi- Peu de temps après le Bangladesh est devenu indépendant cation familiale pour huit ministères différents. Le nouveau en 1971, le nouveau gouvernement a décidé de donner une programme a été entièrement fonctionnel à partir de 1975. haute priorité à la planification familiale. Il y avait eu une Bien que cette approche multisectorielle ait été conçue pour certaine concentration sur la planification familiale plus tôt, élargir le soutien, il a également posé des problèmes de coordi- quand la nation était une partie du Pakistan, mais quand les nation. La progression a été ralentie par la répartition des res- deux pays se sont divisés, leurs politiques de population ont ponsabilités et le budget de plusieurs ministères. L’application WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 9
Figure 13 : Taux de croissance de la population Encadré 2 : La chronologie du Bangladesh au Bangladesh (pourcentages annuels) 1947 : Partition de l’Inde et le Pakistan : le Pakistan oriental fait partie du Pakistan. Propagation de 3% violence et de dislocation des populations Pré-1971 : La santé et les politiques de la population fonctionnaient en tant qu’une partie du 2% Pakistan 1971 : Un cyclone massif et guerre d’indépendance. 1% Propagation de violence y compris le viol comme arme de guerre. 1972 : Le Bangladesh devient indépendant 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1975 : Le programme de planification familiale est établi au sein du Ministère de la santé. Figure 14 : Taux de fécondité total au 1985 : Publication par la fondation islamique Bangladesh (nombre d’enfants par femme) l’Islam et la famille (Islam and the Family) indiquant 8 son soutien à la planification familiale. Les années 1990 : De l’opposition religieuse de 6 groupes bengalis, liée à la polarisation religieuse et la croissance d’éléments extrémistes. Compris comme étant motivée politiquement; y inclus des 4 attaques contre les cliniques. 2010: Les programmes de planification familiale 2 bien établis, un engagement régulier des chefs religieux principalement à travers la Fondation 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s islamique. pour les femmes, principalement en les encourageant à se significative des méthodes de planification familiale n’a pas joindre à des clubs de femmes, coopératives, et des projets de été vue jusqu’à la fin des années 1980. formation professionnelle5. Cette argumentation a été pos- Le message de base que le gouvernement et ses alliés uti- sible à la fois en raison de la large ethos de la pré indépendance lisaient pour soutenir la planification familiale était qu’il a du Bangladesh, qui a favorisé de nouvelles initiatives, et par le donné aux femmes une plus grande liberté ce qui va bénéficier contexte religieux et culturel qui a eu sa fierté dans l’ouverture à la société : si les femmes pouvaient prendre des décisions sur et la tolérance. la planification familiale, elles auraient alors plus de pouvoir Dans le décor contemporain, le gouvernement organise de décision dans la famille et pourraient contribuer davantage des services de planification familiale à travers les cliniques, à la communauté4. Le gouvernement a également lancé un les services communautaires et les points de vente6. Beau- programme qui offrait « des alternatives à la procréation » coup sont gérés par des ONG, y compris des campagnes de 10 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
marketing social. Les services cliniques sont offerts à upazila assure le suivi auprès des patientes). L’accent significatif sur les complexes de santé du gouvernement local (des centres services au niveau communautaire et l’attention constante sur contentant 31 lits qui offrent la stérilisation et la pose du DIU le développement de services pareils (par les deux partenaires dans le cadre de leurs services) ou de centres de bien-être santé gouvernementaux et non gouvernementaux) est un facteur et famille au niveau local (qui ont souvent un assistant médical important expliquant le succès du programme. Au niveau de et une assistante de bien-être de la famille, qui insère le DIU et la communauté, les travailleurs féminins distribuent le plus Encadré 3 : Mettre en avant le programme de la planification familiale en Bangladesh 1. Le programme de planification familiale en de l’industrie des vêtements qui a embauché Bangladesh a été intégré au Ministère de la santé plusieurs femmes a joué un rôle. Les femmes qui et a été adopté en tant que programme de santé, ont participé aux alternatives de la grossesse noté en tant qu’agenda de politique séparée. Cela ont généralement un taux de contraception plus a rationalisé le processus bureaucratique mais a élevé que la moyenne nationale. donné aussi une légitimité au programme. 5. Le succès du programme de la planification 2. Les problèmes de la planification familiale ont familiale est dû en grande partie à l’efficacité fait l’objet de vifs débats entre les experts et les de l’utilisation des mass médias pour propager chefs politiques, et ils ont aussi fait l’objet de les messages concernant les bénéfices de la débats publics sur des dimensions variées de la planification familiale et des problèmes pratiques planification familiale sur différentes phases. En comme la localisation des services de santé aux général, ces débats ont entrainé une meilleure cotés des cliniques, avec des femmes employés conscience de la part de la population sur ces sur le terrain responsable de sensibiliser et de problèmes et ils ont contribué ultimement à faire le suivi avec les patientes. forcer l’acception dans la société. 6. Le gouvernement a inclus les chefs religieux 3. Des partenariats forts ont été établis avec des comme une partie intégrale de la discussion et organisations non gouvernementales parce qu’ils l’implantation des initiatives de la planification étaient au premier plan dans l’établissement familiale. Les chefs religieux ont eu aussi une de stratégies pour implanter le programme de exposition substantielle aux pensées progressistes planification familiale. Un large encouragement des mullahs et des imams indonésiens à travers des partenaires et de la communauté les voyages éducatifs auparavant en dans le internationale (par exemple, la Banque Mondiale, programme de Bangladesh (les Bengalis sont allés UNFPA, USAID, etc.) était un facteur clef dans le en Indonésie et vice versa). soutien des programmes et leurs résultats. 7. L’engagement des chefs religieux, même si 4. Le gouvernement a encouragé « des alternatives pas toujours mis en avant comme une mesure à donner naissance7 », comme les clubs de clé de réussite, était un facteur important femmes, coopératives, et des programmes de dans le succès à travers ces années. L’absence formations professionnelles, ce qui a donné aux d’une organisation religieuse opposée durant femmes des activités possibles à suivre, pour au les premières années critiques a joué un rôle moins, retarder la grossesse. La croissance rapide signifiant, si difficile à cerner. WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 11
des fournitures contraceptives et elles servent comme un Encadré 4 : Paysage religieux de Bangladesh facteur crucial pour encourager l’utilisation de la contracep- tion chez les couples éligibles. Les ONG ont joué un rôle Le Bangladesh a la quatrième plus grande important dans la distribution de contraceptifs dès le départ. population musulmane dans le monde; environ En 1990, l’organe de coordination des organisations non 90 pour cent de Bangladais sont des adeptes gouvernementales estime que les ONG étaient responsables de l’islam sunnite. Les traditions islamiques du de servir 20 pour cent des couples qui ont utilisé des méthodes Bangladesh sont diverses et ont longtemps été de planification familiale. connu pour leur ouverture et le syncrétisme. Il L’utilisation efficace des médias de masse était un aspect existe de nombreux ordres soufis localisés, ainsi important du programme de planification familiale. Elle a que de petites mais significatives communautés été particulièrement influente dans l’acquisition de nouveaux musulmanes ismaïlienne et ahmadie. Des hindous, utilisateurs. Une enquête8 en 2000 a démontré que 47 pour à 9,1 pour cent de la population nationale, sont la cent des femmes interrogées ont déclaré avoir entendu un plus grande minorité religieuse de Bangladesh. message sur la planification familiale à travers la radio, la té- Les communautés bouddhistes sont concentrées lévision, les affiches ou les panneaux d’affichages dans le mois principalement dans la région de Chittagong, précédant l’enquête9. La radio a été la source la plus utilisée constituant un autre 0,5 pour cent. Les chrétiens durant la compagne d’information ; elle est aussi un outil de toute une gamme de dénominations de communication efficace dans les zones où les femmes ne représentent 0,2 pour cent de la population et peuvent pas être alphabétisés ou leurs familles peuvent ne pas vivent dans tout le pays. Les animistes, les bahaïs, être assez riches pour posséder une télévision10. les sikhs et les jaïns ont également une présence Durant les premières années du programme de planifi- au Bangladesh, bien qu’en petites communautés. cation de la famille, il y avait peu d’opposition religieuse à la planification familiale11. Cependant, le soutien des chefs religieux est venu sous la forme de fatwas, des émissions de Le programme du gouvernement n’a pas répondu direc- radio, de télévision, des éditoriaux, de mobilisation autour tement, essentiellement en ignorant l’opposition. Cepen- de la mosquée, et de collaboration avec le gouvernement. Ce- dant, les dirigeants responsables du programme ont reconnu pendant, l’opposition a émergé, en particulier dans les années l’importance des chefs religieux, et ont décidé de participer 1990. Elle est centrée sur l’idée que la planification familiale activement avec eux. Ils ont mobilisé les dirigeants et les était un stratagème imposé par la communauté internatio- organisations religieuses afin d’éduquer leurs communau- nale pour contrôler les pauvres; ces adversaires considèrent tés sur les vues islamiques de la planification familiale14. Le la contraception chirurgicale comme étant une castration département de la planification familiale du gouvernement (une question particulièrement sensible) et trouve les incita- a travaillé avec les chefs religieux pour élaborer des messages tions financières comme des pots-de-vin12. Certains groupes de planification familiale basée sur les enseignements reli- islamistes, comme le Jamaat-e-Islami, ont fait valoir qu’ils gieux15. Les chefs religieux locaux, ou maulvis, ont utilisé ne voulaient pas que l’ingérence étrangère dans les affaires la radio et les journaux pour soutenir les programmes de internes, et ils ont répondu à l’appel pour un programme de planification familiale comme étant un principe de l’islam16. planification familiale en soutenant que la grande taille de la Le gouvernement a appuyé la Fondation Islamique, une or- famille n’est pas un problème, en particulier lorsque les en- ganisation gérée par l’Etat, mais relativement autonome, à fants indésirables supplémentaires pourrait être redistribués former des imams rurales sur le développement social et éco- aux familles riches sans enfants13. Ces critiques ont appelé à nomique dans un cadre islamique. Parmi leurs activités était un État de providence islamique plutôt que d’un nouveau une publication en 1985 intitulée « l’Islam et la famille » programme de planification familiale. (Islam and the family). 12 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
Plusieurs ONG ont complété ces initiatives gouverne- 4. Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender mentales et centré leur travail autour de la mosquée. Ils com- and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, Princeton University. prenaient Bangladesh Masjid Samaj et la mosquée Mission 5. Ibid. de Bangladesh17. Ces organisations se sont concentrées sur 6. Ann Larson and S. N. Mitra. “Family Planning in le rôle social et religieux des mosquées comme paramètres Bangladesh: An Unlikely Success Story.” International Family efficaces pour la formation des imams sur le développement Planning Perspectives, 18:4 (1992) économique et social, y compris la planification familiale. 7. Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender La planification familiale et la contraception sont mainte- and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, Princeton University. nant généralement acceptées dans la société du Bangladesh. 8. M. M. Islam et A. H. M. S. Hasan “Mass media exposure Le soutien à la planification familiale fait partie du vaste and its impact on family planning in Bangladesh.” Journal of changement de la société vers l’égalité des sexes18. La stra- Biosocial Science, 32(4), 513-526. (2000). tégie de planification familiale a fixé des objectifs réalistes 9. Ibid. et le programme a réussi à réduire les taux de fécondité, à 10. Ibid. augmenter l’utilisation des contraceptifs, et les attitudes sont 11. David Lewis. Bangladesh: Politics, Economy, and Civil Society. Cambridge University Press: Cambridge. 2011. en train de changer de sorte que la planification familiale est 12. Warren C Robinson. “Family Planning Programs and (généralement) considérée comme bénéfique. L’inclusion des Policies in Bangladesh and Pakistan.” Dans The Global Family chefs religieux dans la mise en œuvre du programme et dans Planning Revolution: Three Decades of Population Policies and les discussions autour de la permission des pratiques spéci- Programs, Warren C. Robinson and John A. Ross, eds. La fiques dans le contexte des croyances religieuses de la société Banque Mondiale : Washington, D.C. 2007. explique en mesure significative son succès. Le Bangladesh 13. Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, représente ainsi une réussite parmi les pays à majorité musul- Princeton University. mane pour ses approches de la planification familiale. 14. Babar Tasneem Shaikh, Syed Khurram Azmat et Arslan Mazhar. “Family Planning and Contraception in Islamic Notes de bas de page Countries: A Critical Review of the Literature.” The Journal of Pakistan Medical Association 64(4 Suppl 3): S67-72. Avril 1. Nations unies. “2015 Revision of World Population 2013. Prospects.” 2015. United Nations Department of Economic 15. David Lewis. Bangladesh: Politics, Economy, and Civil Society. and Social Affairs, Population Division, Population Cambridge University Press: Cambridge. 2011. Estimates and Projections Section http://esa.un.org/unpd/ 16. Constanze Weigl. “Reproductive Health Behavior and wpp/index.htm Decision-Making of Muslim Women: An ethnographic study 2. Guttmacher Institute, “Menstrual Regulation and Induced in a low-income community in urban North India.” 2007. Lit Abortion in Bangladesh,” septembre 2012 https://www. Verlag: Munster. guttmacher.org/pubs/FB-Bangladesh-MR.html 17. Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender 3. Ruth Dixon-Mueller, “Innovations in Reproductive Health and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, Care: Menstrual Regulation Policies and Programs in Princeton University. Bangladesh”, Studies in Family Planning, Vol. 19, No. 3 (mai– 18. David Lewis. Bangladesh: Politics, Economy, and Civil Society. juin, 1988), pp. 129–140 Cambridge University Press: Cambridge. 2011. WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 13
L’Indonésie Progrès spectaculaire, stagnation, ensuite nouvelle priorité à la planification familiale de 1965 à 2015 L es programmes audacieux de planification familiale est sous l’âge de 24 ans2. Le programme de l’Indonésie est nationale en Indonésie ont été lancés en 1965 et ont respectable aussi bien pour son succès des résultats visant la été poursuivis depuis, continuant ainsi pendant cinq baisse de la fécondité ainsi qu’ une large acceptation de la décennies. L’élan initial pour le programme de planification planification familiale parmi la population en Indonésie, et familiale du gouvernement était préoccupé par la croissance encore pour ses partenariats actifs et efficaces avec les insti- rapide de la population et surtout l’impact sur les jeunes et tutions religieuses, en particulier les grandes organisations l’impact social de la pyramide des âges. La population totale musulmanes Nahdlatul Ulama (NU), Muhammadiyah, et le de l’Indonésie a augmenté, passant de 87,8 millions en 1960 Conseil indonésien des oulémas (voir encadrés) : quelques à 100,300 millions en 1965 à un taux de 2,7 pour cent, avec 75 pour cent des Indonésiens s’identifient avec NU ou Mu- une estimation que 59,4 pour cent de la population 1965 hammadiyah. Ils ont des partenaires hautement influant pour le gouvernement et le programme3. Des organisations religieuses de femmes, généralement dans des organisations Encadré 5 : Paysage religieux de l’Indonésie encore plus larges, ont joué des rôles importants dans l’ob- L’Indonésie possède la plus grande population tention et le maintien d’un soutien religieux pour la plani- musulmane du monde. Elle est caractérisée fication familiale. par sa diversité considérable comme c’est le Les partenariats avec les organisations musulmanes, ainsi cas du paysage religieux de l’Indonésie plus que les institutions d’autres traditions religieuses, étaient le largement. De la population totale estimée à 297 fruit de consultations avec des personnalités religieuses qui millions en 2014, quelques 88 pour cent sont étaient délibérées dès le début : président Suharto, dont le musulmans1, suivis par les chrétiens (distingués leadership personnel a joué un rôle central, est dit d’avoir entre catholiques et protestants), les hindous, les consulté de hauts chefs religieux au début de la planification bouddhistes et les confucianistes ; ils constituent à la recherche de leurs points de vues sur la façon d’aborder et les six religions officiellement reconnues. La de communiquer sur la planification familiale. constitution de l’Indonésie se définit comme un Le programme de planification familiale en Indonésie a État laïque et garantit la liberté religieuse. Le fait face à deux défis importants au fil des ans : (1) le soutien concept de Pancasila est fondamental et se réfère et l’avancement des objectifs nationaux pendant une époque à la croyance en un dieu. Tandis que l’Indonésie est dans laquelle la décentralisation a transformé la politique et connue pour son harmonie religieuse, les tensions les institutions, et (2) la définition et la mise en œuvre des religieuses dans certaines parties de ce pays très rôles des acteurs publiques et privés dans la planification diversifié sont signifiantes. familiale. Les deux font actuellement l’objet de vifs débats. 14 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
Figure 15 : Taux de croissance de la population Encadré 6 : La chronologie de l’Indonésie en Indonésie (pourcentages annuels) 1965 : La planification commence pour le 3% programme national de planification familiale, mené par le Président Suharto 1967 : Un atelier organisé avec des représentants 2% du gouvernement et des dirigeants religieux sur la planification familiale encourage son acceptation à travers les principales traditions en Indonésie 1% 1967 : Lancement du programme national de planification familiale pilote à Jakarta 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s 1968 : Le gouvernement publie « L’opinion des religions sur la planification familiale » 1968 : Etablissement de l’Institut national de la planification familiale Figure 16 : Taux de fécondité total en Indonésie (nombre d’enfants par femme) 1969 : Nahdlatul Ulama (NU) publie une fatwa 6 encourageant le programme national de la planification familiale 1971 : Muhammadiyah publie une fatwa affirmant 4 que les contraceptifs pour la planification familiale sont permis 1987 : Le gouvernement lance l’initiative KB Mandiri 2 pour privatiser la provision des contraceptifs 1990 : Des organisations musulmanes majeures approuvent publiquement le programme national 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s de la planification familiale 1999 : Les réformes de la décentralisation nationale défient la priorité de la planification familiale Les premiers pas Le programme de planification familiale nationale a commencé 2007 : De nouvelles directives sur la santé en 1967 avec un pilote à Jakarta et a été lancé à l’échelle natio- reproductive publiées par le BKKBN en nale peu de temps après. Le Conseil de coordination national collaboration avec des organisations musulmanes. de planification familiale (BKKBN) a été créé pour assurer 2014 : Le gouvernement rétablit un soutien le leadership et la surveillance. Le gouvernement a apprécié financier pour le programme national de au départ qu’il fallait impliquer les leaders religieux dans le planification familiale et lance un programme processus. Le président Suharto a contacté l’un des principaux sanitaire universel personnages religieux, le Dr Idham Chalid4, qui a dirigé un ate- lier en 1967 qui a recherché les avis des représentants religieux WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE 15
sur la planification familiale5. Divers comités ont réuni des Encadré 7 : Nahdlatul Ulama8 représentants du gouvernement et des chefs religieux des grandes traditions en Indonésie—musulmane, chrétienne et Fondé en 1926 par Hasyim Asy’ari, Nahdlatul hindoue—ce qui a abouti à une brochure intitulée « L’opinion Ulama (NU) soutient l’éducation, l’engagement des religions sur la planification familiale6. » Haryono Suyono, culturel et le développement socio-économique le chef adjoint du BKKBN, a rassemblé des renseignements enraciné dans les principes islamiques de la justice, sur les points de vue des chefs religieux sur la planification de la diversité et de la tolérance. La plus grande familiale avec l’objectif de minimiser toute attaque potentielle organisation musulmane en Indonésie, le nombre alors que le programme a été lancé et élargi7. des membres est estimé à 30 millions. Le Partai Le BKKBN avait une structure très organisée et hiérar- Kebangkitan Bangsa (Parti national d’éveil, PKB), chisée, en commençant par le quartier général supervisant un parti politique fondé par NU en 1999, est classé les bureaux provinciaux avec les chefs de districts, les agents quatrième dans le vote populaire lors de cette de terrain locaux et les superviseurs de terrain. Les agents de élection. S’appuyant sur le respect accordé à NU au terrain se sont engagés avec les femmes, les jeunes, les groupes sein de l’Indonésie, le PKB a contribué à légitimer religieux, les écoles et les employeurs sur la planification fami- l’élection à travers leurs réseaux dans les zones liale. Comme les agents de terrain ont approché un utilisateur rurales afin d’assurer l’éducation des électeurs et le potentiel de contraception, les chefs religieux de temps en vote équitable. NU est un groupe islamique sunnite temps les ont accompagnés afin de fournir des directives sup- conservateur, mais il est aussi un ardent défenseur plémentaires et du soutien. contre l’islam radical, jugeant que l’Indonésie a Le programme du gouvernement a insisté sur l’idée de « besoin de construire une identité nationale qui inclut une famille petite mais prospère » et les « familles de qualité tous les groupes religieux. NU soutient les hôpitaux » qui étaient capables d’éduquer leurs enfants. Le programme et les écoles, à la fois religieuses et laïques, à travers de planification familiale a été entendu comme étant étroite- l’Indonésie. Ses deux organisations de femmes sont ment liée à l’expansion des écoles, publiques et religieuses, Fatayat NU et Muslimat NU. et de la formation des enseignants. Il s’est transformé en un matériel pédagogique pertinent. Bien que l’idée d’une famille petite mais prospère ait été généralement bien acceptée socia- d’une femme; prévention de la grossesse, que ce soit pour lement, le programme de planification familiale avait certains une raison spécifique ou non ne pouvait être excusée, et tout éléments de coercition. Les responsables locaux dans les zones médicament qui pourrait prévenir la grossesse a été interdit9. rurales avaient des « quotas » à respecter de nouveaux ac- En 1960, NU a déclaré dans une fatwa différente que cer- cepteurs de planification familiale afin de maintenir certains taines formes de contrôle des naissances visant à espacer les avantages. Il y avait des rapports d’acceptations forcées et de naissances étaient autorisées, telles que le coït interrompu, la stérilisations forcées dans certaines zones. phytothérapie ou la médecine injectable, mais empêcher la Une caractéristique distinctive du programme de planifica- grossesse de façon permanente était encore interdit. Après le tion familiale de l’Indonésie a été cette collaboration proactive programme national a été lancé, NU a publié un autre fatwa du gouvernement avec les hauts responsables religieux tout au pour soutenir le programme et l’a justifié par des arguments long du processus. L’objectif était de discerner et agir sur toute centrés sur le bien-être de la famille10. Cet engagement a opposition aux efforts du gouvernement. Trois organisations conduit à travailler avec les institutions religieuses de diverses musulmanes ont été au centre des efforts de planification de manières dans les écoles, les mosquées, les cercles de prière, les la famille : NU, Muhammadiyah, et le Conseil indonésien des hôpitaux et les réseaux sociaux des organisations islamiques oulémas. NU (voir encadré 7) avait émis une fatwa en 1938 afin de poursuivre le programme tout en fournissant un sou- affirmant que la grossesse était une partie naturelle de la vie tien matériel et des prix récompensant leurs participations11. 16 L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
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