HOWARD GRIFFITHS - Clic Musique !
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Clic Musique ! ClicMag n° 46 Votre disquaire classique, jazz, world Février 2017 HOWARD GRIFFITHS Un chef rare, à la direction de l’inconnu © Peter Hundert Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !
Discographie Howard Griffiths Bach à Brandebourg : Œuvres Brahms : Symphonies n° 1 et 2 J. Brahms : Symphonies n° 3 et 4 B. Britten : Variations sur un thème L. Cherubini : Symphonie en ré Franz Danzi : Les symphonies orchestrales de J.S. et C.P.E. Bach Brandenburgisches Staasorchester Brandenburgisches Staatsorchester de Bridge; Saint Nicolas majeur; Il Giulio Sabino; Lodoiska Orchestra della Svizzera Italiana; Howard Brandenburgisches Staatsorchester Frankfurt; Howard Griffiths Frankfurt; Howard Griffiths Mark Tucker; Zucher Kammerorchester; Orchestre de Chambre de Zurich; Howard Griffiths Frankfurt; Howard Griffiths Howard Griffiths Griffiths KL1502 - 1 CD Klanglogo KL1513 - 1 CD Klanglogo KL1514 - 1 CD Klanglogo CLA2302 - 1 CD Claves CPO999521 - 1 CD CPO CPO777351 - 2 CD CPO Happy Go Lucky : Strauss, Offen- Franz A. Hoffmeister : Symphonies Joseph Holbrooke : Amontillado; Joseph Holbrooke : «The Raven»; Concertos pour instruments tradi- Salomon Jadassohn : Symphonie bach, Gershwin, Bizet… en do et ré majeur The Viking; Ulalume «Auld Land Syne»; Concerto violon tionnels suisses de J. Daetwyler, H. n° 1-4 Brandenburg State Orchestra Frankfurt; Orchestra della Svizzera Italiana; Howard Brandenburg State Orchestra Frankfurt; J. Ingolfsson, violon; Brandenburgisches Marti, P. Huber Brandenbourgisches Staatsorchester Howard Griffiths Griffiths Howard Griffiths Staatsorchester Frankfurt; Howard Griffiths Orchestre de Chambre de Zürich; Griffiths Frankfurt; Howard Griffiths KL1516 - 1 CD Klanglogo CPO777895 - 1 CD CPO CPO777442 - 1 CD CPO CPO777636 - 1 CD CPO MGB6167 - 1 CD Mus. Suisses CPO777607 - 2 CD CPO Rudolf Kelterborn : Concerto Gustave Kerker : Opérettes «Die Musique de films : Star Wars, Liste Orchestra Lollipops : Elgar, Nielsen, Dora Pejacevic : Concerto pour Ignaz J. Pleyel : Symphonies B 115, violoncelle et orchestre; Namenlos; oberen Zehntautend», «Burning to de Schindler, James Bond, Pirates Gershwin, Strauss II... piano et œuvres orchestrales 126 et 140 Concerto pour clarinette basse Sing», «The Belle of New York» des Caraïbes, Apocalypse Now… Brandenburgisches Staatsorchester Oliver Triendl, piano; Ingeborg Danz, alto; Orchestre de Chambre de Zurich; Howard Monighetti; Müller; OS de Bâle; Griffiths Kottmair; Stefanoff; Wiemer; Griffiths Brandenburgisches Staatsorchester... Frankfurt; Howard Griffiths Howard Griffiths, direction Griffiths MGB6182 - 1 CD Mus. Suisses CPO777509 - 2 CD CPO KL1518 - 1 CD Klanglogo KL1506 - 1 CD Klanglogo CPO777916 - 1 CD CPO CPO999759 - 1 CD CPO Ferdinand Ries : Die Räuberbraut F. Ries : Intégrale des symphonies F. Ries : Ouvertures «La Fiancée F. Ries : Symphonies n° 3 et 5 F. Ries : Symphonies n° 4 et 6 Ahmed A. Saygun : Concertos pour op. 156, opéra en 3 actes Orchestre de Chambre de Zurich; Howard de Messine», «Don Carlos», «Bar- Orchestre de Chambre de Zurich; Howard Orchestre de Chambre de Zurich; Howard piano n° 1 et 2 Ruth Ziesak; Thomas Blondelle; OS de la Griffiths dique», «L’Apparition» Griffiths Griffiths G. Onay, piano; OS de Bilkent; Howard radio de Cologne; Howard Griffiths OS de la radio de Cologne; Griffiths Griffiths CPO777655 - 2 CD CPO CPO777216 - 4 CD CPO CPO777609 - 1 CD CPO CPO999547 - 1 CD CPO CPO999836 - 1 CD CPO CPO777289 - 1 CD CPO Ahmed A. Saygun : Concerto pour M. Schütter : Concerto piano; L. Spohr : Symphonies n° 3 et 10; L. Spohr : Symphonies n° 2 et 8 L. Spohr : Symphonies n° 4 et 5; Louis Spohr : Symphonies n° 7 et 9 alto, op. 59 Pastorale clarinette et orchestre / H. Grand Concert Ouverture OP de la radio allemande; Howard Griffiths Ouverture «Der Matrose» OP de la radio de Hanovre; Howard Mirjam Tschopp, alto; OS de Bilkent; Schaeuble : Concerto piano, op. 50 OP de la NDR; Howard Griffiths OP de la NDR; Howard Griffiths Griffiths Howard Griffiths A. Rebstein; Orchestre de Zürich; Griffiths CPO777290 - 1 CD CPO MGB6162 - 1 CD Mus. Suisses CPO777177 - 1 SACD CPO CPO777178 - 1 SACD CPO CPO777745 - 1 SACD CPO CPO777746 - 1 SACD CPO L. Spohr : Symphonies n° 1 et 6 ; A. Tansman : Concertino, Stele, Johann B. Vanhal : 2 Symphonies; Pavel Vranicky : Grande sinfonie, C.M. von Weber : Intégrale des Johann W. Wilms : Symphonies n° 1 Ouverture, op. 12 Elégie pour piano et orchestre Concerto pour violoncelle op. 31; Symphonie, op. 52 ouvertures et 4; Ouverture en ré majeur OP de la NDR; Howard Griffiths C. Seibert; Brandenburgisches Staatsor- István Várdai, violoncelle; Camerata OP de la radio de Hanovre; Howard OS de la radio de Cologne; Howard OP de la NDR; Howard Griffiths chester Frankfurt; Howard Griffiths Schweiz; Howard Griffiths Griffiths Griffiths CPO777179 - 1 SACD CPO CPO777449 - 1 CD CPO CPO777612 - 1 CD CPO CPO777054 - 1 SACD CPO CPO777831 - 1 CD CPO CPO777209 - 1 SACD CPO 2 ClicMag février 2017 www.clicmusique.com
Artiste du mois Une présence forte, en disque ou en concert, l’anglais Howard Griffiths, actuellement chef principal de Brandenburgisches Staatsorchester Frankfurt et souvent à la tête des plus grands orchestres aux quatre coins du monde, s’est donné comme mission la découverte de répertoires et de compositeurs peu connus, allant du 18è siècle à nos jours. merveille les multiples qualités de cette musique : notamment le charme des mélodies et la finesse de l’orchestration. (Jérôme Angouillant) Louis Spohr (1784-1859) Symphonies n° 1-10 Howard Griffiths son exploration du gigantesque cata- Orchestre Philharmonique de la radio de Hanovre; logue de cette figure majeure du renou- Howard Griffiths, direction veau de la musique britannique au XXe CPO555105 • 5 SACD CPO Siècle (Jean-Charles Hoffelé) S aluons l’heureuse initiative du label Joseph Holbrooke (1878-1958) CPO de faire paraître en un seul cof- Variations pour grand orchestre, op. 60; fret les cinq volumes des symphonies Concerto pour violon et orchestre, op. 59; du compositeur allemand Louis Spohr Poème pour orchestre n° 1, op. 25 interprétées par Howard Griffiths et le Judith Ingolfsson, violon; Brandenburgisches NDR RadioPhilarmonie (Hanovre). Les Staatsorchester Frankfurt; Howard Griffiths Johannes Brahms (1833-1897) amateurs de Spohr (ils sont nombreux) CPO777636 • 1 CD CPO Symphonies n° 3 et 4 J devaient se contenter jusque-là de osef Holbrooke demeure le génie Brandenburgisches Staatsorchester Frankfurt; l’intégrale d’Alfred Walter (chez Marco maudit de la musique britannique Howard Griffiths Polo, désuète et assez mal enregistrée) comme le fut Rued Langaard pour la KL1514 • 1 CD Klanglogo et celle d’Howard Shelley chez Hyperion Franz Krommer (1759-1831) P musique danoise : des originaux abso- our cet enregistrement des Troi- de meilleure qualité mais dispersée. Né lus, libres dans la marge, maudits par Symphonies n° 1-3 sième et Quatrième Symphonies de à Brunswick en 1784, Ludwig Spohr l’institution malgré leurs succès publics Orchestra della Svizzera Italiana; Howard Griffiths débute sa carrière comme violoniste (il Brahms, Howard Griffiths s’est appuyé et l’admiration des lettrés, réfugiés dans CPO555099 • 1 CD CPO sur la dernière édition de l’Urtext tout en écrira quinze concertos) avant d’être un L leurs œuvres qui les rédimeront pour e Tchèque Franz Krommer est l’un intégrant les travaux d’un certain Fritz chef d’orchestre et pédagogue réputé en la postérité. C’est à peu prés entendu des principaux compositeurs ger- Steinbach (1855-1916), chef allemand Angleterre puis à Vienne et à Kassel où pour les Symphonies de Langaard, bien maniques de la période classique reconnu et cité par le compositeur lui- il restera le musicien attitré du Prince moins pour Holbrooke dont le génie aux côtés de Haydn, Mozart, Gluck Electeur jusqu’à sa mort en 1859. Il même comme étant, à l’époque, son orchestral est pourtant saisissant. Com- et CPE Bach. Violoniste, organiste et compose beaucoup de musique de meilleur interprète. Directeur musical de mencez donc le disque par son dernier chef d’orchestre, il devient en 1813 le chambre avant de se consacrer à l’or- la Hofkapelle de Meiningen (Thuringe) opus, ce Corbeau (The Raven). Les au- compositeur officiel de la Cour Impé- chestre. Outre les concertos (pour vio- entre 1886 et 1903, il inscrit les œuvres diteurs du Crystal Palace le découvrent riale d’Autriche. Bien qu’il soit alors lon et pour clarinette), dix symphonies de Brahms au répertoire de cette forma- un soir de 1900, conte noir inspiré par considéré comme l’égal de Haydn et et quelques oratorios verront le jour. tion alors très renommée : travaillant Poe, l’opus 1 d’un jeune homme qui que son imposante production (plus Ces œuvres témoignent avant tout d’un sans cesse ses partitions d’orchestre n’a pas encore passé ses 22 ans. Sen- de 300 œuvres répertoriées) soit reçue métier sûr, sans révéler de véritable per- au point de les couvrir d’innombrables sonnalité. Fidèle à la grande forme, ama- sation devant cet orchestre fuligineux, favorablement par la critique, sa mu- sombre, génialement composé qui dis- sique souffre de la concurrence locale notes, commentaires et observations, il teur de contrepoint, Spohr puise dans le tille un malaise. Des dames se seraient (Beethoven notamment) et se démode instaure par sa manière de diriger ces répertoire classique (Mozart était son évanouies dit-on. En tous cas la carrière rapidement : sitôt après sa mort son symphonies une « tradition de Meinin- dieu) pour composer des symphonies riches de mélodies fluides et orches- s’ouvrait devant le jeune compositeur. nom tombe dans l’oubli. Ecrites entre gen » cautionnée par Brahms et perpé- trées toujours efficacement. Privilégiant Il restera fidèle à Poe, proposant sa 1797 et 1807, ces trois symphonies de tuée ensuite par ses élèves et succes- pupitres ou solistes à la manière de propre version des Carillons qui tient jeunesse (sur un total de douze) se dis- seurs. L’apport de Steinbach consiste concertos. Si le pédagogue, interprète tête fièrement à celle de Rachmani- tinguent par un style alerte et inventif, essentiellement à s’autoriser de légères et compositeur Spohr fréquente des nov, dressant le portrait de l’écrivain et un brillant traitement des vents (fruit variations liées aux tempi (plutôt enle- musiciens aussi différents que Weber, américain dans sa Première Sympho- de quelques années de service auprès vés) et à l’équilibre des ensembles et Liszt, Berlioz, Wagner ou Paganini, il nie. Le fantastique, l’étrange furent sa d’un général d’infanterie) qui met en des voix, permettant ainsi d’accentuer restera toujours étanche aux nouveau- vraie nature. Et qui entendra ici « The valeur leurs couleurs et leurs timbres, le phrasé de certains thèmes et de tés de son époque et à l’influence de Raven » dans la lecture crépusculaire et particulièrement lors des dialogues nuancer ou contraster certaines cou- ces derniers. On entend dans ce classi- fantasmagorique qu’en délivre Horward avec les cordes. Alors que la Première leurs tonales. Même si cette version ne cisme élégant et hautain le raffinement Griffiths et son orchestre ne pourra être Symphonie opère une habile synthèse bouleverse pas une discographie déjà d’un Mendelssohn, quelques échos que saisi par l’art suggestif du compo- des styles de Haydn et Mozart, les deux pléthorique, le résultat est toutefois beethovéniens et des réminiscences ro- siteur : rien ne s’était vu en Albion de si suivantes s’émancipent de ces modèles intéressant et probant : ces deux sym- mantiques (Schubert). La Sixième sym- sombre, de si prégnant, de si singulier. et adoptent un langage plus personnel Le reste du disque illustre l’autre face, phonies gagnent en effet sensiblement phonie dite « Historique » offre ainsi un où pointent déjà des accents préro- celle du compositeur adoubé, installé, en fluidité, vigueur et clarté, bénéfi- panel d’emprunts stylistiques de Bach mantiques : les thèmes s’affirment, les à Auber. Les dernières symphonies qui sait aussi briller, cycle de varia- contrastes deviennent plus marqués et ciant d’une lecture analytique et d’un s’orientent plus spécifiquement vers le tions habilement troussée ou Concerto des effets dramatiques apparaissent : orchestre d’une grande ductilité dont chromatisme. Le chef anglais Homard pour violon bavard et jouissif, jouant notes répétées, silences, chromatismes, la pâte sonore s’éclaircit en adoptant la Griffiths est le spécialiste d’un certain des clichés avec une certaine ironie. dissonances... Vive, ardente et précise, disposition spatiale d’origine (premiers répertoire, souvent méconnu, à la char- Mais le vrai visage d’Holbrooke est tout l’interprétation d’Howard Griffiths à la et seconds violons séparés), autant de nière entre classicisme et romantisme. entier dans le coup de maître de « The tête de l’Orchestre de la Suisse Italienne détails qui rafraîchissent et renouvellent Aidé d’un orchestre rodé, il rend à Raven ». Puisse CPO poursuivre dans est superlative. (Alexis Brodsky) notre écoute. (Alexis Brodsky) www.clicmusique.com ClicMag février 2017 3
Alphabétique Sélection ClicMag ! L es trois cantates qui font l’objet de ce disque ont été composées pour la période de Noël selon le calendrier litur- peu raide de Dominik Wörner) offre encore un des plus beaux airs de can- tate composés par Bach « Ich wünschte publiées par Bach comme opus 1. Le pianiste Charles Owen qui s’est distin- gué outre-Atlantique par des disques gique et ont en commun d’être pour les mir den Tod » (La mort est mon désir). Fauré (Intégrales des Barcarolles et des deux solistes soprano et basse. Johann Extraordinaire Hana Blazikova (Une Nocturnes), joue sur un piano moderne Sebastian Bach conçoit ces cantates fidèle de l’intégrale Suzuki).Timbre déli- (Un Steinway D). Les tempi sont modé- « en dialogue » comme un dialogue spi- cat, expression soignée, incarnation à la rés, l’articulation est soignée sans au- rituel entre le Christ (Personnifié par la fois sensuelle et émouvante. Elle fournit cune affectation (zéro ornementation). basse) et l’âme (Chanté par la soprano). dans ses quatre airs une interprétation Cette interprétation fluide et languide S’y ajoute presque naturellement, pour de référence. Dominik Wörner s’avère comme un discret courant d’eau claire, un enregistrement signé du hautboïste ensuite bien plus convaincant dans vaut surtout pour sa lisibilité, comme si Alfredo Bernardini, un concerto pour l’agitation et la frénésie du « Ja ja ich l’auditeur lisait simultanément les notes hautbois d’amour et orchestre qui per- kann die Feinde schlagen ». Le Kirch- sur la partition. A contrario, si les indi- Johann Sebastian Bach (1685-1750) met aussi un dialogue concertant. La heimer Bach Consort n’a rien à envier cations (et les reprises) sont respec- Cantates en dialogue BWV 32, 57 et 58; cantate BWV 32 montre ainsi quelques aux autres ensembles baroques actuels tées, chaque mouvement dansé n’est Concerto hautbois d’amour et orchestre, exemples de dialogue voix-instrument : qui font les beaux jours des cantates pas vraiment caractérisé et ce malgré BWV 1055a Soprano-hautbois dans le sublime du Cantor (Collegium Japan ou Ricer- le beau timbre du piano. Toccatas et Hana Blazikova, soprano; Dominik Wörner, basse; air d’ouverture « Liebster Jésus mein car Consort) même articulation, même Sinfonias d’ouverture sont abordées Verlangen », Basse violon (Numéro rayonnement, et même intrépidité chez Kirchheimer BachConsort; Alfredo Bernardini, platement, et les « galanteries », ces 3) et enfin un tonique duo Basse-So- le soliste improvisé chef : Alfredo Ber- hautbois, direction danses brèves et bigarrées, sont ternes prano. La cantate BWV 57 « Selig ist nardini (Concerto BWV 1055). (Jérôme CPO555068 • 1 CD CPO et dénervées. A la longue, cette absence der mann » (chanté ici par la basse un Angouillant) de parti-pris, d’atmosphère, gomme les contrastes entre les Partitas et plus embêtant, entre chaque section (un prélude d’une bourrée, une allemande d’une courante). Exemple : la gigue fuguée de la Cinquième Partita, ébou- riffante sous les doigts d’un Scott Ross ou d’un Glenn Gould, s’avère ici bien prosaïque. A réserver aux amateurs de beau piano. (Jérôme Angouillant) Marco Dall’ Aquila (?1480-?1538) Johann Sebastian Bach (1685-1750) Johann Sebastian Bach (1685-1750) 9 Ricercars pour luth; Préambule n° 71; Suites pour luth, BWV 995-997 et 1006A Partitas n° 1-6, BWV 825-830 Fantaisies sur « Vous usurpes » et n° 29; (version guitare) Charles Owen, piano C’est a grand tort; J’ayme le cueur de Giacomo Copiello, guitare; Victor Valisena, guitare; AVIE2366 • 2 CD AVIE Records m’amye; La traditora; Bernardo non puol Michele Tedesco, guitare; Giacomo Susani, guitare stare Sandro Volta, luth STR37055 • 1 CD Stradivarius L es cinq Partitas de Bach composées entre 1726 1731 sont des suites BRIL95261 • 1 CD Brilliant Classics I ls sont quatre guitaristes du conserva- toire de Vicenza (Italie), jeunes (de 20 de mouvements dansés dans le but, indique l’incipit, « … D’enchanter les A près son volume 1 paru en 2014 à 25 ans), talentueux, et représentent, esprits des amateurs de musique » (BRIL94805) le luthiste italien San- sous l’égide de Stephano Grondona, la par leur charme « cosmopolite » et la Johann Sebastian Bach (1685-1750) dro Volta, grand expert de la période nouvelle école de guitare italienne et, sophistication de leur écriture. Elles Le clavier bien tempéré, livre 1 et 2 assurément, placent la barre bien haut. constituent le premier recueil du Cla- Sviatoslav Richter, piano (Innsbruck, 1973) Renaissance, poursuit son travail sur ce répertoire en enregistrant une série de Pour preuve cette heureuse parution du vier-Ubung et furent intégralement PDVA1501 • 1 DVD Audio Parnassus « Recercar » (traduisez par recherche) label stradivarius où chaque guitariste composée par Marco Dall’Aquila qui interprète une des quatre suites les Baker, ont mis leurs timbres uniques bien qu’originaire d’Aquila, vécut prin- plus emblématiques pour luth de Bach, BWV995 pour G.Copiello, BWV996 pour Sélection ClicMag ! mais surtout leurs génies. Révolu- cipalement à Venise où il obtint, en tion de l’interprétation historiquement privilège de son talent exceptionnel de V.Valisena, BWV997 pour M.Tedesco et informée oblige, les altos masculins compositeur et luthiste, la vente d’im- BWV1006a pour G.Susani. Bach à la s’en sont emparés – Iestyn Davies y pression pour tablatures de luth durant guitare, c’est merveilleusement beau ajoute « Ich habe genug »; mais dès une période de dix ans. Le Recercar est mais extrêmement complexe dans l’entreprise pionnière de Nikolaus Har- l’interprétation et l’expression, pié- noncourt et de Gustav Leonhardt, Paul une forme musicale instrumentale ty- geant nombre de guitaristes parmi les Esswood importa ici son allemand pique de cette période basé sur un pro- plus grands, s’imaginant, à tort, qu’il exotique : le contre-ténor allemand cédé d’imitation qui enchaîne différents faut jouer vite, afficher une virtuosité n’existait alors simplement pas, ou du épisodes musicaux. C’est une forme hors norme pour asseoir sa notoriété, moins plus. Iestyn Davies, plus formé plus ancienne et moins élaborée que la Johann Sebastian Bach (1685-1750) à Haendel, que ce soit à la chapelle ou entraînant des surenchères techniques fugue qui lui succèdera. Outre ces Re- Cantates BWV 52, 54, 82, 170 et 174 au théâtre comme l’a prouvé récem- où la musique est ramenée au second cercar, Volta interprète, avec expression Iestyn Davies, contre-ténor; Ensemble Arcangelo; ment un désarmant David, y rappelle plan. Cet aparté posé, ces magnifiques et maîtrise, de très belles fantaisies, déjà Jonathan Cohen, direction plutôt Deller qu’Eswood, question de pages, illustrant au mieux les potentiali- très structurées, et termine ce disque CDA68111 • 1 CD Hyperion timbres, d’art du mot, de ligne, et même tés polyphoniques de la guitare, exigent I par deux intéressants et rares duos de ls ont franchis le guet. Après deux d’aigus, agile et lunaire à la fois, comme un haut niveau instrumental ce qui ne luths avec l’apport de Fabio Refrigeri. A albums consacrés à l’empire des cas- si, à l’imitation de Deller justement, il fait nullement défaut aux interprètes. l’instar du célèbre Francesco da Milano, trats (Guadagni, puis Porpora), Iestyn mettait dans les textes paraboliques Mais la réussite de ces solistes, c’est Marco Dall’Aquila a considérablement Davies, Arcangelo et Jonathan Cohen des Kantaten les émotions des Songs précisément leur exceptionnelle musi- entrent chez Bach. Pour les seconds de Dowland ou de Purcell. Certains contribué à l’essor de la musique ita- calité, leur profonde sensibilité, où la ils y sont depuis leur fondation, mais crieront au détournement, pas moi, qui lienne pour luth au XVIe siècle et les technique est au service de la musique l’enfant du Yorkshire y est venu au entends ce timbre magique et cet art vingt pièces présentées offrent un sur- et non le contraire. Malgré un jeu en- disque voici relativement peu, contre- discret se fondre dans les (trop ?) jolis prenant aperçu de l’inventivité remar- core perfectible, on reste très agréa- ténor dans une Johannes Passion pour décors d’Arcangelo. Refermant l’album, quable de ce polyphoniste sur le luth à blement surpris par l’homogénéité et la le même éditeur. Le voici gravant trois me prends une irrésistible envie de six chœurs. Un magnifique voyage dans grande qualité des interprétations par- Cantates dont deux où les contralto, d’ réentendre « Vergnügte Ruh’, beliebte le temps avec cette musique intimiste et ticulièrement pour Tedesco et Susani. Hilde Rössel-Majdan à Aafe Heynis en Seelenlust » par Deller et Leonhardt…. apaisante. (Philippe Zanoly) (Philippe Zanoly) passant par Maureen Forrester et Janet (Jean-Charles Hoffelé) 4 ClicMag février 2017 www.clicmusique.com
Les deux pianistes y font preuve d’une Sélection ClicMag ! belle connivence. Ils soignent particu- lièrement les ambiances, quitte à perdre en mordant rythmique. Car l’habillage orchestral pare le mouvement lent d’appels de trompettes inquiétants mais adoucit la percussivité de l’instrumen- tation originale. Comme Bartók, Victor Babin a fui l’Europe en guerre pour les États-Unis. Mais contrairement à son Johannes Brahms (1833-1897) Max Bruch (1838-1920) aîné, sa carrière d’enseignant prendra le Symphonie n° 1, op. 68 Concerto pour violon n° 2, op. 44; Pièce pas sur sa composition, bien que son Orchestre du Gewandhaus de Leipzig; Franz de concert, op. 84; In Memoriam, op. 65; Béla Bartók (1881-1945) Konwitschny Adagio Appassionato, op. 57 concerto pour deux pianos soit joué à Concerto pour 2 pianos, percussion et 0300839BC • 1 CD Berlin Classics Jack Liebeck, violon; BBC Scottish Symphony Cleveland par George Szell. L’écriture, orchestre / V. Babin : Concerto pour 2 Orchestra; Martyn Brabbins, direction L pianos et orchestre résolument néoclassique, assimile e label Berlin Classics poursuit son CDA68055 • 1 CD Hyperion Dobri Paliev, percussion; Plamen Todorov, per- diverses tendances de son époque : hommage à l’emblématique chef cussion; Piano duo Genova & Dimitrov; Orchestre Symphonique de la Radio Nationale Bulgare; Yordan Kamdzhalov, direction la musique française dans le premier mouvement, l’énergie motorique de d’orchestre du Gewandhausorchester Leipzig avec la réédition d’un enregis- P ourquoi le Deuxième Concerto de Max Bruch, qui élève dans ses pre- mières mesures une des plus belles Prokofiev dans le brillant second mou- trement de 1962. L’excellente prise de CPO555001 • 1 CD CPO vement tout juste interrompu par une son pour l’époque permet de rendre suppliques jamais écrite pour le violon, est-il resté dans l’ombre du démonstra- A part le tube de Poulenc, peu de ironie à la Chostakovitch. L’intermezzo honneur à un type de direction au- lent avec son large choral aux cordes jourd’hui disparu. Ayant débuté comme tif Premier Concerto ? Mystère auquel Concertos pour deux pianos ont je n’ai jamais su répondre. Bruch l’écri- connu la célébrité. Pourtant, le duo évoque les compositeurs américains altiste dans ce même orchestre de Leip- zig sous la direction du légendaire Wil- vit pour Sarasate qui le créa le 2 février Genova & Dimitrov en a déjà enregistré (Barber, Copland) avant une fugue helm Furtwängler, Konwitschny a repris 1877 à Francfort. Son ton effusif, le plusieurs disques. L’œuvre de Bartók est joyeuse, plus proche de Poulenc que cette approche organique des oeuvres. caractère assez libre de sa structure, un arrangement de la Sonate pour deux de Bach. Remercions CPO de publier ce Défenseur farouche du grand répertoire correspondent à la nature du violoniste pianos et percussions, qu’il a réalisé à la concerto chatoyant qui s’écoute avec un allemand et autrichien, peu enclin à la espagnol. Jack Liebeck, lancé dans fin de sa vie pour son éditeur américain. réel plaisir. (Thomas Herreng) une intégrale des opus concertants de musique « moderne », il a toujours fait passer la recherche de coloration so- Bruch, y est magnifique de subtilité, de version, dont le charme poétique reste nore avant la précision analytique. Son sens des apartés, il fait paraitre avec en quelque sorte encore nostalgique interprétation de la première symphonie son archet inventif un vrai personnage, de Brahms en est un parfait exemple. un héros romantique, fidèle à l’art évo- d’un romantisme à la Mendelssohn, et Oeuvre emblématique du XIXe siècle, cateur qui fait tout le prix de la musique qui laisse l’auditeur à la fois perplexe présentée par Hans von Bülow (à tort ou de Bruch, et Martyn Brabbins avec ses et un peu frustré. On sent comme une à raison) comme la « Dixième sympho- Ecossais lui composent des paysages réticence du chef à s’engager pleine- admirables, car Bruch écrivait son or- nie de Beethoven », elle est un cheval ment dans le « programme littéraire » chestre avec un art de peintre, sfumato de bataille sur-mesure pour le chef alle- de l’œuvre. Bernstein est à mon sens compris. La plus belle version depuis le mand. Chef d’orchestre excentrique et autrement plus convaincant dans cette modèle de style laissé par Salvatore Ac- Hector Berlioz (1803-1868) attachant, pleuré par un cortège de plu- symphonie. (Bertrand Abraham) sieurs kilomètres lors de ses obsèques cardo et Kurt Masur, rien moins, et dont Symphonie fantastique, op. 14 à Leipzig, Konwitschny est un musicien l’espressivo me semble aller plus loin. Dresdner Philharmonie; Herbert Kegel que tout mélomane se doit de connaître. Deux des trois opus qui complètent ce 0300840BC • 1 CD Berlin Classics concerto-poème ne sont pas d’une eau (Charles Romano) C ette Fantastique de 1984 rééditée si pure, mais le métier de Bruch y est fin 2016 est probablement la plus si parfait que l’ajout d’un soliste aussi lente de la discographie. Mais c’est inspiré leur donne une toute autre sta- moins dans les relations entre chacun ture. Ténébreux le « Konzerstück » des mouvements que cette disten- prend ici un ton d’opéra, murmuré, « In sion surprend, que dans le rapport, à memoriam » déploie son élégie sur un l’intérieur d’un mouvement donné, des archet incroyablement ductile. Quant au « séquences » et des tempi ménagés ténébreux « Adagio appassionato » écrit Ernest Bloch (1880-1959) pour Joachim, c’est un chef d’œuvre. Le par le compositeur. (cf. « Rêveries et Schelomo, rhapsodie hébraïque; Avodath compositeur le savait bien, qui écrivait passions » et « Un Bal »). Lecture très Hakodesh, service hébraïque à son éditeur Symrock « C’est l’une de personnelle, extrêmement analytique; Johannes Brahms (1833-1897) distancée, cérébrale, trop policée. La José Fardilha, baryton; Luigi Marzola, récitant; mes meilleures œuvres ». Poème élé- Rocco Filippini, violoncelle; Gruppo vocale Cante- Quintette à cordes en fa mineur; Trio pour giaque qui dit ses vers d’une seule ligne, rêverie l’emporte nettement sur la mus; Orchestre et choeur della Svizzera Italiana; piano et cordes en la majeur passion. Du même coup la passion il est l’alpha des nombreuses pièces Alexander Vedernikov; Diego Fasolis, direction Amati Chamber Players libres pour violon et orchestre qui élar- n’apparaît plus vraiment ici comme MGB6230 • 1 CD Musiques Suisses BID80227-2 • 1 CD Biddulph giront le répertoire de l’instrument à l’exacerbation maladive d’une rêverie déjà contaminée par elle. La musique de Berlioz est sertie dans un écrin qui AVIE2294 • 1 CD AVIE Records à vous dans votre salon) et de vérité la magnifie en arrondissant les angles, Sélection ClicMag ! des timbres est impressionnante. Tant en pacifiant les fureurs. Métaphorique- ment parlant, le parquet du Bal est un U ne nouvelle version des sextuors de Brahms dans une discographie riche en gravures de référence ? Pour affron- mieux, car les Cypress et leurs amis donnent aux deux œuvres une ampleur peu trop verni et stratifié (dans tous les symphonique. Leur Brahms est véhé- ter ces deux monuments de la musique sens du terme). C’est trop serein, plus ment, au risque d’être un peu brouillon psychédélique que proprement fantas- de chambre, le Cypress String Quartet a par endroits (allegro de l’opus 18), mais tique. La « Scène aux champs » est choisi ses partenaires préférés : l’altiste cette interprétation solaire, cette dé- trop étale, l’on n’y sent pas suffisam- Barry Shiffman et le violoncelliste Zuill bauche de couleurs nous vaut des mo- ment la pulsion qui annonce les orages Bailey. Ce sera le dernier témoignage de ments de pur hédonisme sonore (an- à venir. Si la « Marche au Supplice » ce quatuor qui se sépare après vingt an- dante de l’opus 18, le deuxième thème, et le « Songe d’une nuit de sabbat » nées d’activité. Exceptionnel, ce disque à se damner). C’est tout juste si un brin paraissent plus engagés, la compacité, l’est aussi par sa réalisation : enregis- de nostalgie (fin du poco adagio de Johannes Brahms (1833-1897) de timbres et une certaine solennité un trement en studio dans les conditions l’opus 36) vient tempérer cette ivresse. peu scolaire dans les vents font l’effet Sextuors à cordes n° 1 et 2 du live, public présent, la réussite en Une très belle proposition, émouvante d’un frein. Pas de visions à la Goya, de Barry Shiffman, alto; Zuill Bailey, violoncelle; termes de spatialisation (vous aurez par sa charge symbolique même. sarcasme et de grotesque dans cette Quatuor Cypress l’impression d’avoir les musiciens face (Olivier Gutierrez) www.clicmusique.com ClicMag février 2017 5
Alphabétique compter des années 1890. Jack Liebeck G. Fauré/A. Messager : Messe des assez proche de celui de Chopin, mais le magnifie, écoutez un peu ce violon pêcheurs de Villerville / J.S. Bach/G.B. sa sonorité est moins raffinée, sa vir- qui déclame (Jean-Charles Hoffelé) Pergolesi : « Tilge, Höchster, meine Sün- den », BWV 1083 (d’après le Stabat Mater tuosité moins complexe, moins inven- de Pergolesi) / tive ». Tentez, pour preuve, le rappro- Chœur de filles d’Hanovre; Sharon Kam & Fauré chement entre l’étude op. 10 n° 6 du Ensemble; Arte Ensemble; Gudrun Schröfel second et son probable inspirateur, le ROP6119 • 1 CD Rondeau nocturne n° 3 du premier… De plus, si C ’est un programme plutôt éclectique qui nous est proposé ici, associant une œuvre coécrite en 1881, par Gabriel Field est crédité de l’invention du genre, ses nocturnes ne sont pas encore tota- Dynam-Victor Fumet (1867-1949) lement libérés des formes antérieures. Prélude et Fugue; Le Rouet de la Vierge; Fauré et son élève André Messager, Le Réveil des Farfadets; La Souplesse de dans un style assez « fin de siècle », et Le 1 fleure bon son Clementi (hommage l’Arpège; Valse tragique; Rêve de faune; un motet pénitentiel baroque aux effets de l’élève au maître?), certains sont de Caprice / R. Fumet : L’Ange des bois; 5 César Cui (1835-1918) contrastés (sur le texte du Ps. 50/51 improvisations véritables études (le 7, avec son legato 20 Poèmes de Jean Richepin, op. 44 Miserere) que Johann Sebastian Bach Ienissei Ramic, piano main gauche et son « riff » main droite), Jean Bermes, basse-baryton; Denis Ivanov, piano composa en 1740 à partir de la parti- POL113123 • 1 CD Polymnie les clichés du bel canto sont parfois KL1411 • 1 CD Klanglogo tion du « Stabat Mater » de Giovanni F ils d’un officier de la Grande Armée qui épousa une lituanienne, ingénieur Battista Pergolesi. Si l’univers religieux du sceptique maitre de chapelle de La tout proches... Ces 18 pièces, sou- vent classées « easy listening » et que P ar l’intercession éditoriale du petit- fils Gabriel (le flûtiste), au nom du père Dynam-Victor et du fils Raphaël... Madeleine, et du futur compositeur de pourtant Liszt déclarait adorer, n’ont spécialiste des fortifications, major Ce dernier préféra la province à une car- dans l’armée, professeur, écrivain, cri- « Véronique » semble assez éloigné de pas beaucoup attiré les pianistes et les rière parisienne prometteuse. A l’école tique et… musicien à ses heures, Cesar celui du Cantor de Leipzig, la fonction de enregistrements sont rares. Raison de de musique d’Angers, il lutta contre Cui nous légua quinze operas et une chacune des deux œuvres diffère égale- plus pour s’intéresser à l’intégrale de notre autodidactisme pianistique. Im- respectable quantité de mélodies et de ment puisque la première est initiale- provisateur comme son père, il nous Roberte Mamou : plus simple et plus pièces pour piano qui n’encombrent pas ment vouée à être interprétée au cours éblouissait le dimanche à l’orgue de d’un concert donné dans une petite pa- élégiaque que John O’Connor (au sur- les programmes des salles de concerts. l’église Saint-Joseph. Nous ne sûmes roisse normande au profit des pêcheurs plus incomplet), plus libre que Miceal Qu’un disque lui soit exclusivement pas qu’il composait. Hors mode, il avait et de leur famille ; quant à la seconde, O’Rourke, elle replace les œuvres dans renoncé à toute création de ses œuvres. consacré est déjà un événement en elle ne fut redécouverte qu’au cours du ce qui me paraît la juste perspective des Formé par d’Indy, ce fut le musicien fin soi. Pour son opus 24, le compositeur 20e siècle. Ce qui rassemble ici les deux témoignages d’époque : Field ne sem- et savant d’un monde englouti de la choisit vingt poèmes de Jean Riche- pièces, c’est l’approche décomplexée tradition française, auteur d’une « Sym- pin, épigone de Verlaine et Rimbaud, blait pas jouer pour éblouir le public, qu’en offrent les interprètes, à savoir phonie de l’âme ». Elève de Franck, son des textes sérieux, drôles ou canailles, mais pour lui. Peut-on mieux dire que deux solistes, un chœur féminin plutôt père Dynam-Victor, lui, entre Scriabine magnifiés par l’excellente diction de la Liszt, dans sa préface à l’édition Schu- aérien et un ensemble de chambre, tous et Oboukhov, avait signé un « Sabbat basse luxembourgeoise Jean Bermes. dirigés par une musicienne non moins berth & Co : « Où rencontrerions-nous mystique ». Passant du petit orgue de Le volume, l’autorité de la projection talentueuse. L’aspiration à l’authenti- ailleurs une telle perfection d’incompa- Sainte-Clotilde (évidemment) au cabaret sont là, mais le timbre nasal et les cité qu’ambitionne cette production est rable naïveté ? » (Olivier Eterradossi) du Chat noir (!), cet anarchiste, ami de aigus détimbrés, quand ils ne sont pas principalement à chercher dans la frai- Satie, versa dans le spiritisme. Des Fu- franchement à côté de la note finissent cheur avec laquelle elle nous est livrée. met, on avait déjà au disque, outre leurs par lasser, et l’attention se reporte sur (Alain Monnier) intégrales pour orgue, de Dynam-Victor l’accompagnement imaginatif de Denis Ivanov, qui réussit avec naturel et délié le piano par Akiko Ebi et (deux fois) la très schumanienne Causerie opus « La nuit » pour orchestre à cordes (à 40. Un projet courageux, une redécou- ne pas confondre avec sa « Nuit », pour verte nécessaire, mais inaccomplie. orgue), puis de Raphaël la musique de chambre (dont un quatuor à cordes). (Olivier Gutierrez) Magnifique, original, leur piano est de deux créateurs que la comédie sociale isola. Alors le fils avoua ne plus croire Polibio Fumagalli (1830-1900) au succès de la « musique sérieuse ». Ascetica Musicale, op. 235; Sonates pour (Gilles-Daniel Percet) John Field (1782-1837) orgue en ré et si bémol; Emulazione; Intégrale des nocturnes Ripieno; Scherzino; Marcia villerecia Roberte Mamou, piano Marco Ruggeri, orgue (Orgues Bernasconi des ADW7555/6 • 2 CD Pavane églises de Vaprio d’Adda et San Bernardino de D Vercelli) ixit le pianiste Charles Rosen : « Il Gabriel Fauré (1845-1924) arrive que Field ait un sens du son BRIL95468 • 2 CD Brilliant Classics ment enregistré et joué sur les grandes Caprice, Feuille d’Album...) tout à fait Sélection ClicMag ! scènes internationales, on est bien plaisants et agréables, résolument en peine aujourd’hui de citer d’autres ancrés dans un romantisme persistant Johann Wilhelm Hassler (1747-1822) ouvrages du vériste Francesco Cilea. où l’on perçoit parfois l’influence de 6 sonates pour clavier (versions 1776, Restée confidentielle et partiellement Chopin (telle Mazurka) et de Schumann 1779 et 1780); Fantaisies; Das Glück in inédite jusqu’à ces dernières années, Verleumdung; Menuets n° 1 et 2; Alla (tel Scherzo). Pas de chefs d’œuvre Polacca; Rondeau; Die Zukunft; Der Bauer; son œuvre pour piano jalonne pourtant injustement méconnus ni de pages Die Hoffnung; Selig, wer mit; Sonate pour toute sa période créatrice (1883-1930) vraiment faibles au sein de ces recueils clavecin et violon et révèle un autre visage, plus léger, sans prétention, manifestement des- Michele Benuzzi, clavecin, piano-forte, clavicorde intime et secret de ce musicien qui s’est tinés à un usage didactique ou privé, BRIL95225 • 4 CD Brilliant Classics plutôt illustré dans les grands drames mais quelques pépites glanées ici et là, Francesco Cilea (1866-1950) lyriques. Elle compte une cinquantaine de pièces rassemblées sur ce double album : il s’agit essentiellement de morceaux étonnamment profonds ou inspirés qui retiennent plus particuliè- N é en 1747 à Erfurt, Johann Wilhelm Hassler est un compositeur de tran- sition, entre période baroque et période Intégrale de l’œuvre pour piano miniatures (aucune ne dépasse quatre rement l’attention et soutiennent une classique. Il étudie auprès de Johann Pier Paolo Vincenzi, piano minutes) et de morceaux de carac- écoute répétée. Sans jamais lasser, Pier Christian Kittel (Ancien élève de Bach) BRIL95318 • 2 CD Brilliant Classics tère d’une grande variété (Mélodie, Paolo Vincenzi nous entraîne avec talent et sa musique reprend naturellement H ormis l’opéra « Adriana Lecou- vreur » qui est encore régulière- Sérénade, Danse, Badinage, Nocturne, Impromptu, Prélude, Berceuse, Valse, dans cette délicieuse promenade « fin de siècle ». (Alexis Brodsky) l’héritage de Bach et de ses fils, alliant la polyphonie, la rigueur du contrepoint 6 ClicMag février 2017 www.clicmusique.com
et l’Empfindsamkeit cher à Carl Philip. tout ce que, de son vivant, Ginastera qui transfigurent la géniale Première Au fil de sa carrière d’organiste (1794 Sélection ClicMag ! aura publié pour le piano. C’est le choix Sonate : tout le vocabulaire de Ginas- Voyage à Riga, à St Petersbourg puis pratique de Michael Korstick qui ainsi tera, et jusqu’à celui radical des ultimes à Moscou où il décède en 1822) et de boucle en un disque généreux l’essen- années, y parait déjà et il faut entendre son évolution stylistique, Hassler aban- tiel de cette part du corpus du composi- comment Korstick distille les mystères donnera progressivement l’influence teur argentin. Le jeu acéré, la virtuosité sonores de l’Adagio avant de s’engager baroque pour s’orienter vers un lan- flamboyante, l’incroyable suractivité dans la chasse obstinée du final. La fi- gage ou sensibilité et classicisme se rythmique qu’y impose le pianiste alle- délité au texte n’exclue jamais ici les au- répondent. Ce coffret de quatre CD mand rappelle tout ce que doit Ginas- daces de l’interprétation : le formidable embrasse l’oeuvre pour clavier du com- tera à Bartók, plus encore en ce qui « Homenaje a Aaron Copland » des positeur à travers différents recueils de concerne sa musique de clavier. Entre « Doce Preludios americanos », ostina- les recueils où le compositeur plie les to frénétique, la langueur interrogative sonates, écrits d’abord pour le clavecin Alberto Ginastera (1916-1983) thèmes populaires à sa grande machine du « Pastoral » qui suit, illustrent l’art ou clavicorde puis dans les derniers Danses Argentines; Milonga; 3 pièces; d’ivoire et d’acier et le geste expérimen- suggestif d’un des maitres-pianistes opus, pour le pianoforte ; et quelquefois Malambo; Petite danse; Pièces pour tal de la Première Sonate, un grand d’aujourd’hui. Et gageons que demain, destinés aux trois instruments, au choix enfants; 12 préludes américains; Suite écart pourrait menacer, mais non, car dans un disque qu’il pourrait consacrer de l’interprète. Le claveciniste italien « Danzas criollas »; Rondo sur des thèmes Michael Korstick entend la grammaire au piano sud-américain, Michael Kors- Michele Benuzzi passe ainsi judicieu- pour enfants argentins; Sonates piano n° 1 du compositeur comme personne de- tick aura soin d’enregistrer les dix-sept sement du clavecin au clavicorde pour et 3; Toccata puis Barbara Nisman qui avait travaillé minutes de la Seconde Sonate, en la finalement opter pour deux pianofortes Michael Korstick, piano toute l’œuvre de piano avec le composi- couplant, pourquoi pas, avec quelques aux caractères bien dissemblables ; un CPO555069 • 1 CD CPO teur. A cela s’ajoute un imaginaire dans Sonates de Claudio Santoro (et sur- N Broadwood (1798) et un Silbermann on, pas un intégrale, la Deuxième les sonorités, un culte du pianissimo tout la 4e, dédiée à Jacques Klein). (1749). Le résultat est enthousias- Sonate manque, mais bel et bien fuligineux et de l’attaque fulgurante, (Jean-Charles Hoffelé) mant, notamment grâce au jeu élégant et varié de l’interprète. On y découvre un compositeur particulièrement ins- semblent juste sténographiés pour un particulièrement la légende dramatique piré qui réussit à se forger son propre copiste connaissant déjà ses codes, Nicolas de Flue (1939), sorte d’oratorio style, éliminant les scories baroques ses indications, ses abréviations. Pri- sur un texte de Denis de Rougemont vilégiant l’inspiration du moment, en (1906-1985), pour récitant, chœur pour louvoyer au gré des influences de alléchant (sauf pour les menuets, genre d’enfants, chœur mixte et orchestre l’époque (Mozart, Haydn). Signalons jugé difficilement renouvelable) par d’harmonie, que le compositeur réécrira en bonus, quelques charmants lieder des idées neuves, voire hardies. Un par après pour orchestre symphonique. accompagnés au piano et une petite so- critique reprocha d’ailleurs quelques Précisons d’emblée que la version pro- nate pour violon, intéressante elle aussi. « embardées frappantes ». C’est aussi posée ici est la partition originale avec (Jérôme Angouillant) Joseph Haydn (1732-1809) un moment charnière où notre musicien harmonie. Arthur Honegger lui-même Quatuors à cordes, op. 54 et 55 chambriste quitte les salons nobles et nous confie : « Nicolas de Flue est le Quatuor Haydn de Londres bourgeois, s’ouvre à l’acoustique des saint patron de la Suisse. Il vécut en grandes salles de concert. Pour sa pro- ermite et ne se manifestait que pour CDA68160 • 2 CD Hyperion mo sans frontières, Haydn fait confiance empêcher les conflits et les guerre » D ’une rhétorique et parfois d’une audace inouïes, ces quatuors vont moins droit au sentiment que les à l’affairiste escroc Johann Tost, son ancien violoniste, d’où peut-être la place Destinée à des chœurs d’amateurs, la partition est écrite dans un style très privilégiée accordée au premier violon. simple et populaire. L’édition sous grands jalons des opus 20 ou 50. Au- Dans le rare quatuor en fa mineur, écho rubrique qui rassemble d’excellents tour de 1788, Haydn désargenté prie de celui de l’opus 20, l’allegro réintro- amateurs, reprend fort judicieusement son éditeur Artaria de faire sonner le duit typiquement l’ambiguïté avec le et pour la première fois la partition Joseph Haydn (1732-1809) florin. Il s’agit d’exploiter sa célébrité majeur, et surprise, commence par des originale pour harmonie. D’autre part, Symphonies n° 6, 7, 8, 35, 46 et 51 européenne sur le marché internatio- variations. Dit du « rasoir » suite à un le sympathique Jean-Luc Bideau aurait Heidelberger Sinfoniker; Thomas Fey, direction; nal (surtout français et britannique), en cadeau de l’éditeur anglais John Bland. pu donner plus de force expressive à Benjamin Spillner, direction composant assez vite (étant pris ailleurs Mais décidément, cette intégrale bien un texte particulièrement redoutable, HC16088 • 2 CD Hänssler Classic par l’opéra). Des fragments manuscrits avancée sur « period instruments » est tour à tour dramatique et méditatif, nar- toujours au poil. (Gilles-Daniel Percet) ratif ou prophétique, comme le faisait superbement dans la version Tzipine dans la Vienne de Strauss et Lehár où un Jean Davy à la diction impeccable. Sélection ClicMag ! elles se jouent encore : Comtesse Ma- Par contre, chœurs et orchestre sont ritza, La princesse de cirque, Impéra- admirablement préparés et dirigés par trice Joséphine... Comme tant de Juifs, Alois Koch qui s’acquitte avec profonde l’artiste fuit en 1938 et s’installe à Paris, musicalité de sa tâche périlleuse, en avant de partir durant la guerre aux respectant cet esprit de fraîcheur popu- États-Unis, y rencontrant Oscar Straus, laire, simple et dépouillée. Précisons Korngold, Schoenberg ; puis revient à qu’il s’agit – et ceci explique proba- Paris, où il s’éteint en 1953. Le vétéran blement la ferveur intense et l’extrême Richard Bonynge a des états de service émotion – d’un enregistrement public à faire valoir dans ce répertoire parti- Arthur Honegger (1892-1955) du 13 novembre 1998. (Michel Tibbaut) culier, et pas seulement Chauve-souris Nicolas de Flue, légende dramatique Emmerich Kálmán (1882-1953) ou Veuve joyeuse : il a relancé Kál- en français, entre musique de scène et oratorio, pour récitant, choeurs d’enfants, La Bayadère, opérette en 3 actes mán en enregistrant dans la collection choeur et orchestre à vents Susanne Daum; Rainer Trost; Anke Vondung; Entartete Musik; Decca sa Duchesse de Jean-Luc Bideau, récitant; Akademiechor Luzern; Stephan Genz; Miljenko Turk; Christian Sturm; Dirk Chicago (encore un titre nobiliaire !). Chor des Collegium Musicum Luzern; Junge Schmitz; Ulrich Jielscher; Choeur et Orchestre de Naguère gravée en anglais par Newport Philharmonie Zentralschweiz; Alois Koch, direction la radio de Cologne; Richard Bonynge, direction Classics, cette très parisienne Baya- MGB6154 • 1 CD Musiques Suisses CPO777982 • 2 CD CPO dère – l’action se déroule au Théâtre L e Hongrois Emmerich Kálmán, né Koppstein, élève de Bartók et Kodály, du Châtelet – voit le chef australien en pleine forme galvaniser une équipe B ien qu’il fût Parisien de cœur, Ar- thur Honegger n’a jamais renié sa nationalité suisse. Certaines de ses homogène, majoritairement allemande, demeure en France associé à l’une de au sein de laquelle on retrouve avec œuvres témoignent de son attachement Giya Kancheli (1935-) ses plus grandes gloires, « Princesse plaisir Rainer Trost et Stephan Genz. romand : Jour de Fête suisse, pour or- 18 Miniatures pour violon et piano; Rag- Csardas » (1915). Longue est pourtant À noter, l’apparition parlée d’Yvonne chestre (1943), Le Cahier romand, pour Gidon-Time la liste de ses opérettes au chic mélo- Kálmán... fille cadette du compositeur. piano solo (1921-23), la Symphonie Andrea Cortesi, violon; Marco Venturi, piano dique irrésistible, presque toutes créées (Jacques Duffourg-Müller) n°4 « Deliciae Basiliensis » (1946), et BRIL95267 • 1 CD Brilliant Classics www.clicmusique.com ClicMag février 2017 7
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