Impact économique de l'exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie
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Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie Table des matières Table des matières 2 Glossaire des principaux termes 7 1 Introduction 8 2 Le marché énergétique tunisien 12 3 Arrière-plan du projet 21 4 La contribution économique de l’exploration et du développement 29 5 L’impact économique régional 40 6 Avantages plus importants par effet de catalyseur 45 7 Conclusion 51 8 Annexe technique 52 Octobre 2013 1
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie Résumé Le présent rapport fournit une évaluation exhaustive de l’impact économique de zones de ressources de liquides de schiste et de gaz de schiste en Tunisie. Les études géologiques menées en Tunisie ont aujourd’hui permis d’identifier plusieurs zones de ressources potentielles. Aucune de ces zones de ressources n’a cependant encore été démontrée de façon définitive et toutes nécessiteront le forage de puits d’exploration pour prouver leur potentiel, suivi d’une phase d’essais cruciale avant de pouvoir passer au stade de l’évaluation complète et de l’exploitation finale. Aucune des zones de ressources tunisiennes n’offre de garantie de réussite commerciale à ce stade. Au vu des incertitudes associées à la production de telles ressources, il a été décidé d’utiliser différents scénarios basés sur le nombre de zones de ressources qui atteignent avec succès la phase d’exploitation, conformément à un calendrier d’activité type pour cette industrie. On trouvera ci-dessous une description plus détaillée de ces scénarios : • Scénario 1 – Basé sur une zone de ressources générique parvenant au stade d’exploitation. Il est actuellement estimé qu’un tel scénario permettrait d’extraire 97 mégatonnes d’équivalent pétrole (mtoe) (660 millions de barils (Mmbbls)/3,9 trillions de pieds cubes (Tcf)). • Scénario 2 - Basé sur deux zones de ressources génériques parvenant au stade d’exploitation. Il est actuellement estimé qu’un tel scénario permettrait d’extraire 195 mtoe (1330 Mmbls/7,5 Tcf). • Scenario 3 - Basé sur quatre zones de ressources génériques parvenant au stade d’exploitation. Il est actuellement estimé qu’un tel scénario permettrait de produire 389 mtoe (2650 Mmbbls/15,0 Tcf). Pour mener à bien cette étude, nous avons collaboré avec de nombreux experts tunisiens qui nous ont aidés à recueillir les données et à affiner notre approche méthodologique. Nous aimerions saisir cette occasion pour remercier toutes les personnes dont le soutien a contribué à l’enrichissement de notre analyse. On trouvera ci- dessous un résumé des principaux résultats de cette étude. Un énorme potentiel de production … • Selon les projections actuelles, les réserves potentielles de liquides de schiste et de gaz de schiste pourraient être considérables par rapport aux réserves conventionnelles matures actuelles. • Selon les trois scénarios d’exploitation relatifs aux différentes zones de ressources, nous estimons que la production pourrait représenter de 65 % à 260 % des réserves pétrolières et gazières existantes de la Tunisie à l’horizon du projet. …pourrait avoir des implications « transformationnelles » pour le marché énergétique tunisien… • Compte tenu de la croissance attendue du PIB réel, la demande énergétique devrait progresser de façon constante à l’horizon du projet. Nos prévisions de référence tablent sur une hausse de la demande totale en énergie primaire (TPED) de 9,4 mtoe estimées en 2012 à 34,6 mtoe en 2061, soit une croissance annuelle moyenne de 2,7 %. Conjuguée aux projections de l’évolution des tendances de consommation par secteur, la demande combinée en pétrole et en gaz devrait passer de 8,5 mtoe estimées en 2012 à 33,1 mtoe en 2061. • En revanche, il semble peu probable que la production de pétrole et de gaz conventionnels progresse de manière proportionnelle à moyen terme. La production de gaz devrait augmenter à court terme d’ici 2016, avant de retomber, tandis que la production de pétrole devrait progressivement décliner au fur et à mesure de l’épuisement des réserves. • Compte tenu de ces projections, la balance de la production de gaz et de pétrole devrait rester (marginalement) déficitaire jusqu’en 2020. Si la production continue à reposer uniquement sur des ressources conventionnelles, il est probable que la Tunisie sera de plus en plus dépendante des importations de gaz et de pétrole (courbe bleue sur les Graphiques E.1 et E.2). Les ressources de gaz et d’huile de schiste pourraient modifier cette situation, même si cela dépendra en grande partie du nombre de zones qui atteindront la phase d’exploitation. Selon les projections du scénario 3, qui prévoit l’exploitation de quatre zones sur six, l’économie disposerait d’un excédent significatif de gaz et de pétrole durant les années de pic de production du projet. 2 Octobre 2013
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie Graphique E.1 : Prévision du bilan énergétique de la Tunisie par scénario (2012-61)1 Graphique E.2 : Prévision du bilan énergétique de la Tunisie par scénario (2012-61) …et des retombées macroéconomiques concrètes • Cette hausse de la production pourrait se traduire par d’autres avantages macroéconomiques. Grâce à cette indépendance énergétique accrue, l’économie serait par exemple moins exposée aux fluctuations brutales des cours des matières premières qui ont contribué à la récente vague d’inflation soutenue. La réduction de la dépendance aux importations d’énergie doperait également la balance commerciale visible, toutes choses étant par ailleurs égales. L’exploration contribuera également de manière directe et significative à l’activité économique … • Outre les développements positifs attendus pour l’avenir énergétique de la Tunisie, l’exploitation des zones de ressources contribuerait également sensiblement à l’activité économique tout au long du projet. Ces bénéfices ont été quantifiés selon trois critères clés : contribution au PIB, création d’emplois et recettes perçues par l’État. 1- Le cas de référence repose sur les projections de production de pétrole et de gaz, développées avec Ammar Jelassi, et sup- pose que les ressources non conventionnelles restent inexploitées. Octobre 2013 3
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie Toutes les valeurs monétaires rapportées sont en prix 2012 constants actualisés, sauf indication contraire2. Il convient de noter que l’exploitation et la sécurisation des zones de ressources s’effectuent généralement de manière progressive et que la vaste majorité des impacts économiques se feront probablement sentir plusieurs années après le lancement du projet, durant la phase d’exploitation. • Le Graphique E.3 démontre cet effet progressif potentiel et illustre la contribution annuelle moyenne estimée au PIB pour les différentes périodes du projet, basé sur l’exploitation d’une seule zone de ressources générique. La contribution directe du projet au PIB s’accroît progressivement jusqu’à la phase d’exploitation pour atteindre son pic entre 2026-30, avant de diminuer progressivement par la suite. Graphique E.3 : Profil de la contribution directe au PIB • Entre-temps, le profil de la création d’emplois suit une évolution similaire dans le temps, même si les emplois sont plus concentrés durant les principales années de construction de la zone de ressources, avec une baisse plus sensible au cours de la seconde moitié de la phase d’exploitation. Ces tendances sont résumées dans le Graphique E.4. Graphique E.4 : Profil de l’impact direct sur l’emploi • On trouvera ci-dessous les principales conclusions 3: o Selon les projections du scénario 1, l’activité devrait contribuer au PIB à hauteur de 11,7 milliards TND durant les 47 années du projet, avec un pic de contribution annuelle de 310 millions TND. Ces chiffres atteignent 23,4 milliards TND (620 millions TND) et 46,8 milliards TND (1,2 milliard TND) pour les scénarios 2 et 3 respectivement. 2 - Taux d’actualisation utilisé : 4 %. 3 - Note : les chiffres référencés au Tableau E.1 et dans le texte sont arrondis. 4 Octobre 2013
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie o Cette activité contribuera en outre de manière continue au marché du travail tunisien et débouchera sur la création d’un nombre constamment élevé d’emplois bien rémunérés. Pour le scénario 1, nous estimons que le projet créera 96 000 années emplois, avec un pic de création d’emplois annuel de 7700. Ces chiffres atteignent 192 000 années emplois (15 400) et 384 000 années emplois (30 800) pour les scénarios 2 et 3 respectivement. …avec des bénéfices supplémentaires grâce aux effets induits et indirects … • Par ailleurs, les effets indirects (via les achats de la chaîne d’approvisionnement) et induits (via les dépenses des salaires des employés) se traduiront par d’autres bénéfices économiques. Sur la base des modèles projetés, nous estimons que : o Pour le scénario 1, les effets indirects et induits contribueront ensemble à hauteur de 1,3 milliard TND au PIB tunisien, tandis que la contribution annuelle combinée de ces effets « multiplicateurs » atteindra un pic de 110 millions TND. Ces chiffres atteignent 2,7 milliards TND (210 millions TND par an) et 5,3 milliards TND (420 millions TND) pour les scénarios 2 et 3 respectivement. o Pour le scénario 1, les effets indirects et induits combinés se traduiront par la création de 183 000 années emplois, avec un pic de contribution annuelle de 13 900 emplois. Ces chiffres atteignent 366 000 années emplois (27 900) et 731 000 années emplois (55 700) pour les scénarios 2 et 3 respectivement 4. Tableau E.1 : Synthèse de l’impact économique estimé par scénario Des bénéfices considérables pour les finances tunisiennes… • Les calculs directs, indirects et induits reflètent en partie les paiements versés à l’État sur les bénéfices et les salaires qui seront utilisés pour financer les dépenses gouvernementales nécessaires. Au total, compte tenu des trois canaux d’impact, nous estimons que la contribution annuelle moyenne aux finances du pays sera de 206 millions TND, soit l’équivalent de 1,2 % des recettes totales de l’État en 2011. Ces chiffres incluent les projections des contributions de l’investisseur sur la valeur de la production, y compris la valeur de la production revendiquée par l’Entreprise Tunisienne d’Activités Pétrolières (ETAP), la compagnie d’exploration nationale. …qui pourraient favoriser le développement régional … • La modélisation de l’utilisation potentielle de ces recettes ne saurait rentrer dans le cadre de ce rapport, mais les importantes disparités actuelles en termes de bien-être régional, telles qu’elles sont suggérées par les indicateurs socio-économiques des gouvernorats, permettent de penser qu’une politique de développement régional correctement gérée pourrait se traduire par des gains sociaux significatifs. 4 - Dans la mesure où les pics des effets indirects et induits ne se produisent pas au cours de la même année, le pic d’effet combiné indiqué dans le texte ne correspond pas à la somme des deux pics d’impact individuels par an. Octobre 2013 5
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie …tandis qu’il pourrait y avoir d’autres retombées positives dans de nombreuses autres filières • La disponibilité d’une offre énergétique intérieure accrue, destinée aux industries locales, constitue un bénéfice important de l’extraction de gaz et de liquides de schiste en Tunisie. La perspective de prix énergétiques plus bas et plus stables devrait notamment profiter aux filières de production à forte consommation d’énergie, tels que les matériaux de construction et la métallurgie. • Les plans d’extraction du gaz et des liquides de schiste de l’État et de l’industrie s’accompagneront de nouvelles infrastructures, dont des routes d’accès et une modernisation des axes routiers existants en Tunisie. Les bénéfices de cette activité en termes de contribution au PIB ont été pris en compte dans l’évaluation de l’impact, mais ces investissements se traduisent généralement par des retombées positives pour la société, qu’il s’agisse de la réduction des durées de voyage, de la diminution des accidents, etc. • La présence d’une ou de plusieurs compagnies pétrolières internationales (CPI) devrait également avoir des retombées positives grâce au transfert de connaissances dont bénéficieront les sociétés nationales. Les entreprises locales, en particulier, devraient profiter de cette exposition aux processus de gestion et de production plus efficaces utilisés par les CPI. • L’industrie gazière/pétrolière conventionnelle de la Tunisie dispose aujourd’hui d’une main-d’œuvre qualifiée et compétente. L’exploration et l’exploitation des zones de ressources de gaz/liquides de schiste exigent la formation de nouveaux personnels et le développement de nouvelles technologies et de nouveaux équipements. Ce processus pourrait avoir d’autres retombées positives pour les travailleurs et les entreprises locales en les équipant mieux pour intervenir sur les zones de ressources non conventionnelles en Tunisie et à l’échelle de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). 6 Octobre 2013
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie Glossaire des principaux termes • DGE Direction Générale de l’Énergie (ministère de l’Énergie tunisien) • ETAP Entreprise Tunisienne d’Activités Pétrolières (entreprise nationale d’exploration et de production de pétrole et de gaz) • IDE Investissements directs étrangers ; investissement direct dans la production ou l’activité par une société implantée dans un autre pays. • VAB Valeur ajoutée brute : mesure utilisée pour évaluer la contribution du projet au produit intérieur brut tunisien. • AIE Agence internationale de l’énergie ; organisation autonome chargée d’assurer une énergie fiable, abordable et propre pour ses 28 pays membres et au-delà. • INS Institut National de la Statistique • CPI Compagnie Pétrolière Internationale : terme générique utilisé pour désigner une compagnie d’exploration pétrolière non tunisienne. Ce rapport repose sur l’hypothèse que l’exploration sera gérée par un investisseur international, bien que cela ne modifie guère notre analyse. • Mmbbls Million de barils ; mesure de volume utilisée pour désigner un million de barils de pétrole. • Mmboe Million de barils équivalent pétrole ; terme utilisé pour décrire une quantité d’énergie équivalente à celle provenant de la combustion d’un million de barils de pétrole brut. • MNC Multinationale ; société implantée dans plusieurs pays. • MTOE Million de tonnes d’équivalent pétrole ; terme utilisé pour décrire une quantité d’énergie équivalente à celle provenant de la combustion d’un million de tonnes de pétrole brut. • Zone de ressources terme utilisé dans ce rapport pour désigner un projet d’exploration générique ou moyen de gaz et de liquides de schiste en Tunisie. Les références à une zone de ressources exploitée ne renvoient pas aux effets attendus d’un site spécifique, mais reflètent plutôt les taux de dépenses et de production moyens pour un ensemble d’explorations potentielles. • PME petite et moyenne entreprise ; classification utilisée par les agences de statistiques nationales pour regrouper les sociétés. Désigne généralement des entreprises qui emploient moins de 250 personnes. • STEG Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz : une société publique et non administrative, qui est notamment chargée de l’électrification du pays et du développement du réseau de gaz naturel. • Tcf Trillion de pieds cubes ; mesure standard utilisée pour désigner un certain volume de gaz naturel. • TND Dinar tunisien ; abréviation de la monnaie tunisienne. • USGS United States Geological Survey; organisation scientifique dont la mission consiste à fournir des informations fiables pour décrire et comprendre la Terre, minimiser les pertes en vies humaines lors des catastrophes naturelles et gérer les ressources biologiques, hydriques, énergétiques et minérales. Octobre 2013 7
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie 1. Introduction 1.1 Buts et objectifs L’objectif du présent rapport est d’examiner la contribution économique de l’extraction de liquides de schiste et de gaz de schiste en Tunisie. Les études géologiques menées en Tunisie ont aujourd’hui permis d’identifier environ six zones de ressources potentielles. Aucune de ces zones de ressources n’a cependant encore été démontrée de façon définitive et toutes nécessiteront le forage de puits d’exploration pour démontrer leur potentiel, suivi d’une phase d’essais cruciale avant de pouvoir passer au stade de l’évaluation complète et de l’exploitation finale. Aucune des zones de ressources tunisiennes n’offre de garantie de réussite commerciale à ce stade. Un modèle de zone générique a été développé à partir des données de l’industrie. Ce modèle générique suppose une approche basée sur la réduction progressive des risques en matière d’exploration et d’exploitation d’une zone donnée. Aux fins de ce modèle, le cycle de vie du projet d’exploration et d’exploitation repose sur une durée hypothétique de quarante ans – trente ans, conformément à la réglementation tunisienne, plus une prolongation potentielle de dix ans. Il convient de noter que l’exploitation de ce type de zones de ressources peut aller au-delà du seuil de quarante ans supposé dans l’étude. Les montants des dépenses associées à l’extraction ont été comparés à d’autres rapports (voir section 8.2 pour plus de renseignements). L’analyse suggère que celles-ci sont plus ou moins alignées sur l’expérience antérieure des zones de ressources non conventionnelles aux États-Unis, compte tenu des différences de structure des économies respectives. Étant donné l’incertitude qui entoure aujourd’hui l’extraction potentielle de ressources commercialement viables de ces zones de schiste, nous avons établi trois scénarios différents basés sur l’étendue des réserves : • Scénario 1 – Basé sur une zone de ressources générique parvenant au stade d’exploitation. Il est actuellement estimé qu’un tel scénario permettrait d’extraire 97 mtoe (660 MMboe/3,7 Tcf 5), soit l’équivalent de 65 % des réserves de gaz et de pétrole estimées de la Tunisie. • Scénario 2 - Basé sur deux zones de ressources génériques parvenant au stade d’exploitation. Il est actuellement estimé qu’un tel scénario permettrait d’extraire 195 mtoe (1330 MMboe/7,5 Tcf), soit l’équivalent de 130 % des réserves de gaz et de pétrole estimées de la Tunisie. • Scénario 3 - Basé sur quatre zones de ressources génériques parvenant au stade d’exploitation. Il est actuellement estimé qu’un tel scénario permettrait de produire 389 mtoe (2650 MMboe/15,0 Tcf), soit l’équivalent de 260 % des réserves de gaz et de pétrole estimées de la Tunisie. Bien que cette analyse vise essentiellement à évaluer la contribution économique en termes de modélisation de l’impact (voir section 1.2.1 pour plus de détails), la portée de ce rapport est sensiblement plus large. L’étude se propose en premier lieu de replacer la portée du projet dans le contexte de l’évolution attendue du marché énergétique tunisien (Chapitre 2). L’étude passe notamment en revue les prévisions quantitatives de l’offre et de la demande énergétiques (avec et sans ressources de schiste), afin d’évaluer dans quelle mesure ce projet pourrait faciliter l’indépendance énergétique pour les différents scénarios. Pour des raisons de simplicité, il a été supposé que chaque zone de ressources sera exploitée de manière synchrone au cours du cycle de 47 ans spécifié pour le projet. Il est cependant probable que l’exploitation de zones multiples se déroule de manière progressive, compte tenu des contraintes de ressources, etc. Cette étude examine en outre les effets macroéconomiques potentiels d’une telle éventualité en s’intéressant aux implications en termes d’inflation et de balance des paiements. Le rapport s’efforce en second lieu d’informer ses lecteurs sur la nature de l’exploration des schistes (Chapitre 3), tout d’abord de façon générique, avant d’examiner de manière plus spécifique les zones de ressources tunisiennes. Le Chapitre 6 aborde finalement certains des bénéfices catalyseurs ou des retombées positives qui devraient résulter d’un tel projet. 1.2 Cadre d’analyse 1.2.1 Modélisation de l’impact économique La modélisation de l’impact économique est un outil standard, qui permet de quantifier la contribution économique d’un investissement. On trouvera en Annexe les détails techniques de la méthodologie et des hypothèses utilisées. La présente section s’efforce de définir le cadre de l’analyse en termes plus généraux, afin de faciliter la contextualisation des résultats présentés plus loin dans ce rapport. 5- Ces chiffres sont basés sur les facteurs de conversion suivants ; 1 toe = 6,849 bbls; 1 toe = 38,46 bcf. 8 Octobre 2013
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie Nous avons basé cette étude sur une zone de ressources générique exploitée, compte tenu du cadre fiscal tunisien. Le code des hydrocarbures tunisien autorise l’exploitation des ressources en hydrocarbures dans le cadre d’un « contrat d’association » ou d’un « accord de partage de la production ». Nous avons établi certaines hypothèses en vertu de ces contrats, afin de refléter une répartition des revenus indicative, alignée sur les contrats existants qui se trouvent dans le domaine public. L’analyse de l’impact évalue la contribution économique d’un investissement par le biais de trois canaux différents : • Impact direct – Renvoie aux activités directement menées par un investisseur et au travail directement externalisé auprès d’entreprises tunisiennes (chaîne d’approvisionnement de premier niveau). • Impact indirect – Désigne les activités qui résultent de l’achat des biens et des services par la chaîne d’approvisionnement de premier niveau auprès de sociétés tunisiennes, des achats effectués par ces entreprises, etc. • Impact induit – Reflète les activités découlant de la dépense des salaires par les employés directs et indirects. La Figure 2.1 illustre l’interaction entre les différents canaux d’impact. Impact direct Impact induit Impact total Activité dans le pays Dépenses de par l’investisseur consommation Contribution Impact indirect provenant des au PNB international Achats d’intrants salaires des Externalisation auprès de employés (économie Création des contrats auprès fournisseurs tunisienne) d’emplois d’entreprises tunisiens • Alimentation tunisiennes Recettes Chaînes • Loisirs fiscales d’approvisionnement • Vêtements des fournisseurs • Logement • Biens ménagers Achats effectués auprès d’entreprises étrangères (hors économie tunisienne) Figure 2.1 : Canaux d’impact économique La portée de notre modélisation se limite à l’analyse de l’activité d’investissement dans le secteur pétrolier en amont et la manière dont elle soutient le reste de l’économie par le biais d’effets multiplicateurs. En particulier, les résultats quantitatifs présentés au Chapitre 4 ne reflètent pas l’activité en aval6 associée à l’extraction du gaz et du pétrole. 1.2.2 Principaux critères Conformément aux évaluations d’impact économique standard, l’étendue de l’impact de l’industrie est mesurée à partir de trois critères : • Valeur ajoutée brute – La valeur ajoutée brute (VAB) représente la contribution d’une institution, entreprise ou industrie au produit intérieur brut (PIB).7 La somme de la valeur ajoutée brute de toutes les organisations tunisiennes équivaut – sous réserve d’ajustements mineurs pour impôts et subventions – au PIB tunisien. De la même manière, la somme de la VAB de toutes les organisations d’une région géographique équivaut au PIB de cette région. En termes plus simples, la VAB correspond au chiffre d’affaires (c.-à-d. à la valeur des ventes), moins le coût d’achat des biens et services utilisés dans le processus de production. 6 - Le secteur pétrolier et gazier est généralement divisé en deux grandes composantes : les activités en aval et en amont. Les activités en amont désignent le travail exploratoire lié à la recherche des gisements souterrains ou sous-marins de gaz naturel ou de pétrole et aux activités de forage et d’exploitation qui s’ensuivent. A l’inverse, le secteur en aval désigne les activités de raffinage du pétrole brut et de traitement/purification du gaz naturel brut, ainsi que le transport, le stockage et la commercialisation subséquents des produits développés à partir de ces processus.. 7 - Le PIB est le principal « indicateur synthétique » de l’activité économique de la Tunisie. Octobre 2013 9
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie • Emploi – L’emploi est mesuré en termes d’effectifs plutôt que d’équivalence plein-temps. Cela signifie, fondamentalement, que les chiffres de l’emploi cités dans ce rapport refléteront à la fois les rôles à temps partiel et à plein temps. Les impacts sur l’emploi estimés sur une période de plusieurs années sont exprimés en années emplois (la notion d’année emploi correspond aux emplois créés pendant une seule année). Les chiffres de l’emploi spécifiés refléteront les rôles assumés par les Tunisiens et les travailleurs étrangers. • Recettes fiscales – La hausse des bénéfices et de l’emploi se traduira par des revenus fiscaux supplémentaires pour les finances tunisiennes. La présente étude examine les recettes provenant de l’impôt direct sur les salaires, sur les bénéfices des entreprises (y compris les impôts acquittés par les entreprises internationales) et les recettes de la TVA résultant de la dépense des salaires des employés en biens et en services locaux. Cette analyse repose sur l’hypothèse d’un accord de partage de la production entre une Compagnie Pétrolière Internationale (CPI) et l’ETAP. La valeur estimée des ressources de production revendiquées par l’ETAP dans le cadre de cet accord est incluse dans les chiffres des revenus fiscaux présentés dans ce rapport. 1.3 Calendrier du projet L’analyse d’impact économique contenue dans le présent rapport part de l’hypothèse que le forage exploratoire démarrera en 2014 et que la production se poursuivra jusqu’en 2061. Un forage exploratoire devra probablement être effectué pour chaque zone de ressources, afin de déterminer la viabilité commerciale potentielle du projet d’extraction. Les activités d’exploration suivent généralement une approche progressive pour déterminer le succès ou l’échec potentiel d’un projet. À des fins de clarification, le projet a été divisé en quatre étapes différentes, dont on trouvera ci-dessous la description : • Exploration initiale : Phase I (1-2 ans) : les deux premières années consisteront à procéder à des forages exploratoires en vue de déterminer l’existence d’une zone de ressources dans la région. À l’issue de cette période de deux ans, une décision sera prise concernant la poursuite du projet ou son abandon. • Exploration et évaluation de puits d’exploration : Phase II (3-4 ans) : augmentation accrue des activités de forage de puits par rapport à la phase d’exploration initiale ; celles-ci demeurent cependant sensiblement en deçà du niveau de forage ultérieur du projet. Une décision sera à nouveau prise à la fin de la quatrième année concernant la poursuite du projet en fonction de la viabilité commerciale attendue. • Exploration et évaluation étendue de puits d’exploration : Phase III (5-7 ans) : L’activité s’intensifiera encore durant la phase pilote. La phase pilote marque la première étape de production de liquides et de gaz du projet d’exploration. À l’issue de ces trois années, une décision finale sera prise concernant la poursuite de l’exploitation ou l’abandon du projet. • Exploitation : Phase IV (8-48 ans) : l’étape d’exploitation sera marquée par une accélération sensible des activités de forage de puits pendant une vingtaine d’années, avant de diminuer progressivement. Ces puits continueront néanmoins à produire du gaz et du pétrole pendant une période de temps considérable par la suite. La durée exacte de la phase d’exploitation est, de toute évidence, sujette à une grande incertitude. Aux fins de notre modélisation, nous avons estimé sa durée à 40 ans. 1.4 Impacts environnementaux L’objectif de ce rapport est de présenter les conclusions de l’analyse des implications économiques de l’exploitation des ressources de gaz de schiste et de schiste riche en liquides en Tunisie. À ce titre, il ne tient pas compte des effets environnementaux potentiels ni de l’évolution des réglementations et des facteurs technologiques ou sociaux. Ce rapport entend contribuer à l’analyse globale de l’impact potentiel du projet sur la société tunisienne. Il appartient à chaque pays de décider s’il veut ou non explorer et exploiter ces ressources. Pour les pays qui exploitent avec succès ces ressources à une échelle économiquement viable, les avantages économiques peuvent être importants, notamment en termes de sécurité énergétique, d’activité économique, de créations d’emplois et d’amélioration de la qualité de vie des communautés locales. 10 Octobre 2013
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie 1.5 Remerciements Tout au long de nos recherches, nous avons travaillé en collaboration étroite avec un groupe d’experts tunisiens. Ces derniers nous ont notamment aidés à recueillir les données, élaborer des prévisions macroéconomiques à long terme pour l’économie tunisienne et modéliser l’offre et la demande énergétiques du pays. Nous tenons à les remercier pour leur contribution à ce rapport et pour l’enthousiasme et l’engagement dont ils ont su faire preuve durant cette collaboration. Nous tenons tout particulièrement à remercier : • Ammar Jelassi, consultant indépendant en énergie • Ezzeddine Larbi, économiste en chef de la Banque de développement africaine • Faicel Zidi, professeur assistant d’économie, Haute école d’économie et de services commerciaux (Tunis) • Zouhair El Kadhi, économiste en chef, Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives. Le reste de ce rapport est structuré comme suit : • Le Chapitre 2 dresse une vue d’ensemble du marché énergétique tunisien afin de contextualiser la portée de l’exploration potentielle. Cette section examine l’évolution des prévisions de l’offre et de la demande énergétiques (avec et sans ressources de schiste) et souligne le rôle que l’exploitation du schiste peut jouer pour renforcer l’indépendance énergétique de la Tunisie. • Le Chapitre 3 contient des informations de fond supplémentaires sur le projet et sur la nature de la « fracturation » ainsi que sur d’autres caractéristiques de l’exploration du schiste. Cette section contient une illustration visuelle de la géographie des zones de ressources. • Le Chapitre 4 décrit les résultats de l’analyse principale d’impact économique et décompose la contribution du projet d’exploration au PIB et à l’emploi par le biais des effets directs, indirects et induits tout au long des différentes étapes du projet. Cette section contient également une analyse de la contribution fiscale du projet. • Le Chapitre 5 décompose ces résultats à l’échelle régionale. • Le Chapitre 6 évalue les retombées positives probables du projet, y compris : les transferts de connaissances provenant de technologies et de pratiques de gestion plus avancées ; les investissements sociaux menés par l’investisseur étranger au sein des communautés locales ; les bénéfices externes associés à l’investissement dans l’infrastructure routière ; et les bénéfices potentiels pour les autres industries, notamment le secteur de la production, grâce à la disponibilité accrue de gaz et de pétrole. • Le Chapitre 7 résume les principales conclusions du rapport. • Le Chapitre 8 comprend une annexe technique détaillée, qui décrit la méthodologie employée pour quantifier les résultats présentés dans ce rapport. Octobre 2013 11
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie 2. Le marché énergétique tunisien Ce chapitre présente des informations afférentes au marché énergétique tunisien en vue de contextualiser l’étendue des ressources associées à la zone de schiste proposée. Le chapitre démarre par une analyse de l’environnement actuel et des récentes tendances, y compris la consommation d’énergie des différents secteurs et la production de gaz et de pétrole conventionnels. Il examine ensuite les prévisions de l’offre et de la demande énergétiques (avec et sans zones de schiste) sur l’ensemble du cycle de vie du projet et conclut sur le rôle potentiel du projet pour asseoir l’indépendance énergétique de la Tunisie. Ce chapitre passe finalement en revue certaines des implications macroéconomiques de l’analyse, notamment l’impact potentiel sur l’inflation et la balance des paiements. Principaux points • Le marché énergétique tunisien se caractérise par un déficit de production persistant depuis 10 ans, alors que la consommation dépasse la production. Cette situation a entraîné un déficit commercial continu en matière d’énergie, lequel a augmenté de façon sensible pour atteindre 2,7 % du PIB en 2012, même si la majorité de cette hausse peut être attribuée à des facteurs temporaires liés aux troubles politiques plutôt qu’à des effets structurels. • En dépit de la reprise attendue de la production de gaz, les projections à court terme tablent sur un déficit continu de la balance énergétique jusqu’en 2020, alors que la demande énergétique ne cessera de progresser avec une croissance du PIB réel estimée à plus de 5 % par an en moyenne. • Par la suite, le niveau de production de gaz et de pétrole dépendra probablement de la mise en œuvre et de l’exploitation des zones de ressources de schiste. Selon le scénario de base, où la production demeure purement conventionnelle, la balance de la production de gaz et de pétrole stagne actuellement et devrait, selon les provisions, se détériorer progressivement après 2018. Seul un nombre limité de projets d’exploration conventionnelle ont récemment porté leurs fruits, en terre comme en mer, et les réserves relativement modestes qui ont été découvertes ne devraient guère modifier cette tendance. • L’exploitation du gaz et de l’huile de schiste transformerait considérablement cette perspective. Selon le Scénario 3, où quatre des six zones de ressources parviennent au stade d’exploitation, la Tunisie pourrait par exemple disposer d’un excédent de production à l’horizon 2022-36. 2.1 Principaux termes Cette section se propose tout d’abord de définir certains des termes clés utilisés tout au long du chapitre8 : • Biomasse : dans cette section, les références à la biomasse renvoient à la biomasse traditionnelle. c.-à-d. à la combustion de bois combustible, charbon, fumier et autres résidus agricoles dans des fours pour produire de l’énergie, avec un taux de rendement généralement très faible. • Intensité énergétique : désigne le niveau de consommation d’énergie requis pour soutenir un niveau de PIB donné. Toutes choses étant égales, une baisse de l’intensité énergétique peut être équivalente à une utilisation plus efficace de l’énergie, même s’il est important de ne pas faire l’amalgame entre ces deux concepts. • Consommation finale totale (CFT) : équivaut à la somme de la consommation d’énergie des différents secteurs d’utilisation finale. La CFT décompose la demande d’énergie des secteurs suivants : industrie, transport, résidentiel, services commerciaux, agriculture et autres (y compris l’usage non-énergétique). Elle exclut les soutes internationales maritimes et aériennes, sauf à l’échelle mondiale où elle est incluse dans le secteur des transports. 8- Ces définitions sont basées sur les informations fournies par le glossaire en ligne de l’AIE. Voir http ://www.iea.org/glossary pour plus de détails. 12 Octobre 2013
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie • Demande totale en énergie primaire (TPED) : désigne la consommation directe, totale et à la source de l’énergie brute, c.-à-d. de l’énergie qui n’a pas subi de processus de conversion ou de transformation. La TPED comprend trois éléments : la CFT (voir ci-dessus), la production d’électricité et les autres utilisations de l’énergie. Les chiffres de la TPED fournissent une indication de la demande intérieure totale en énergie. • Approvisionnement total en énergie primaire (ATEP) : selon la définition technique de l’AIE, l’ATEP est la somme de la production intérieure et importations d’énergie, moins les exportations d’énergie, moins la consommation des soutes internationales maritimes et aériennes, plus l’évolution des stocks. L’ATEP englobe par conséquent la production d’énergie intérieure, ajustée en fonction du commerce net, des soutes et de l’évolution des stocks. Dans la pratique, l’ATEP doit être équivalent à la TPED. 2.2 Environnement actuel et tendances récentes Cette analyse repose sur les données mensuelles de l’INS relatives à la production et à la consommation d’énergie (CFT) entre 2006-12. Les données révèlent un déficit persistant, où la consommation dépasse la production pour chaque année de données disponibles. Selon les données commerciales existantes, les recettes des exportations d’énergie et de lubrifiants ont rapidement progressé entre 2003-8, avant de se replier sensiblement en 2009, reflétant ainsi l’effondrement du commerce mondial et des cours des matières premières. Elles ont ensuite rebondi fortement, allant même jusqu’à dépasser le pic de 2008 en 2012. Les importations ont suivi une courbe en grande partie similaire, la balance commerciale énergétique tunisienne ayant affiché un déficit durant chaque année entre 2000-2012, à l’exception de 2007. Le déficit s’est cependant sensiblement élargi au cours des deux dernières années, pour atteindre 1,95 milliard de $ ou 2,7 % du PIB en 2012. Graphique 2.1 : Balance commerciale énergétique* tunisienne (2000-12) En ce qui concerne l’origine des importations d’énergie tunisiennes, la vaste majorité (70 %) du gaz de pétrole provient d’Algérie, le gaz étant livré à différents endroits du gazoduc qui relie l’Algérie à l’Italie (Graphique 2.2). Pour le reste, un peu plus de la moitié provient de France, l’Italie et la Grèce étant également d’importants partenaires commerciaux. L’origine des importations de produits pétroliers est cependant plus diverse, la Russie et l’Italie fournissant près de 70 % du volume total. Bon nombre des importations proviennent également d’économies européennes telles que l’Espagne, la France, la Bulgarie et la Croatie. Octobre 2013 13
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie Graphique 2.2 : Origine des importations tunisiennes de gaz de pétrole Graphique 2.3 : Origine des importations tunisiennes de produits pétroliers Les données relatives à l’origine des importations de pétrole brut n’étaient pas disponibles à la date de préparation de ce rapport. Les discussions avec Ammar Jelassi ont néanmoins permis d’établir que la majorité du pétrole brut est importé depuis la Libye, notamment de Sidra, avant d’être mélangé à du brut de Zarzaitine (El Borma) et d’être transformé dans la raffinerie nationale de Bizerte. La Direction Générale de l’Énergie (DGE) a produit des chiffres officiels pour la CFT jusqu’en 2006. Bien que les dernières données disponibles soient quelque peu obsolètes, elles n’en demeurent pas moins révélatrices de la situation actuelle, dans la mesure où la part des différents secteurs dans la CFT n’évolue que lentement. Les secteurs les plus consommateurs d’énergie sont l’industrie, le transport et le secteur résidentiel, qui représentent à eux trois près de 85 % de la CFT (Graphique 2.4). Le secteur des services représente généralement les deux tiers des 15 % restants, le reste étant imputable au secteur agricole. Graphique 2.4 : Décomposition par secteur de la consommation d’énergie finale totale en Tunisie (1997-2006)9 9- Les chiffres de ce graphique ont été légèrement ajustés à partir des données brutes produites par la DGE. En particulier, la CFT du secteur résidentiel a été ajustée à la hausse pour refléter la consommation de biomasse non enregistrée. Pour plus d’informations, prière de se reporter à la section 8.2.1. 14 Octobre 2013
Impact économique de l’exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie La balance énergétique divise également la CFT entre les différentes sources d’énergie, y compris les produits pétroliers, le gaz naturel, l’électricité (elle-même presque exclusivement produite à partir de gaz naturel) et les biocarburants10. Le Graphique 2.5 décrit la ventilation de la CFT par source pour les cinq secteurs économiques en 2006. Comme on peut s’y attendre, le degré de dépendance des secteurs par rapport aux différentes sources d’énergie varie considérablement. Par exemple, le secteur des transports dépend presque exclusivement des produits pétroliers, reflétant ainsi les contraintes de la technologie actuelle. Ailleurs, l’industrie consomme un mélange relativement équilibré de produits pétroliers, de gaz naturel et d’électricité, reflétant ainsi la diversité du secteur de la production. Le secteur résidentiel se repose fortement sur les biocarburants, avec une consommation de biomasse importante à des fins de chauffage et de cuisson dans les zones rurales, tandis que les produits pétroliers et l’électricité couvrent la majorité de la consommation d’énergie restante. Les secteurs agricoles et les services commerciaux se reposent essentiellement sur l’électricité et les produits pétroliers pour leurs besoins. Graphique 2.5 : Décomposition de la consommation d’énergie par secteur industriel et par source Comme on l’a vu à la section 2.1, la CFT ne représente qu’une partie seulement de la consommation d’énergie. Outre les utilisateurs finaux, une partie importante de l’énergie est également consacrée à la production d’électricité (certains processus, tels que le raffinage du pétrole et la production d’électricité, sont nécessaires pour produire les produits consommés par les utilisateurs finaux). Outre l’énergie utilisée par ces processus de transformation, des pertes importantes peuvent également se produire. Bien que les données relatives à la production d’énergie soient limitées, nos estimations suggèrent que la part de l’ATEP a progressé au cours de la dernière décennie, passant de 15 % environ en 2001 à un peu moins de 21 % en 201111. Cela peut s’expliquer par un certain nombre de facteurs, tels que les progrès de l’électrification. 2.3 Évolution des tendances – prévisions de l’offre et de la demande énergétiques 12 Cette section examine les prévisions de l’offre (avec et sans ressources conventionnelles) et de la demande énergétique pour l’ensemble du cycle de vie du projet. Les prévisions établies sur une telle durée s’accompagnent de toute évidence d’un degré considérable d’incertitude, et les résultats doivent donc être replacés dans ce contexte. À ce titre, le lecteur est invité à porter son attention sur les tendances générales impliquées par l’analyse plutôt que sur les chiffres mêmes, notamment en ce qui concerne la dernière phase des prévisions, 10 - Les données officielles de la DGE ne comprennent pas les biocarburants : les chiffres présentés dans le graphique ont donc été ajustés en fonction de nos estimations.. 11 - Les balances énérgétiques de l’AIE pour 2009 suggèrent une part encore plus élevée pour la production d’électricité (28 % environ), mais notre analyse, qui repose en partie sur les données disponibles de la DGE, suggèrent que les chiffres de l’AIE pour la CFT sont trop bas. 12 - Se reporter à l’Annexe, section 8.2, pour la méthodologie employée pour établir ces prévisions. Octobre 2013 15
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