Infester les zones Guy Durand - Inter Art actuel - Érudit

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Infester les zones Guy Durand - Inter Art actuel - Érudit
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Inter
Art actuel

Infester les zones
Guy Durand

Number 36, Summer 1987

URI: https://id.erudit.org/iderudit/47007ac

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Publisher(s)
Les Éditions Intervention

ISSN
0825-8708 (print)
1923-2764 (digital)

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Durand, G. (1987). Infester les zones. Inter, (36), 38–45.

Tous droits réservés © Les Éditions Intervention, 1987       This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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COLLECTI] E [RTISTS GROl P FROM Ql EBEC \T VEH ) ORK. Le Collectif d'artiste
Inter/Le Lieu a contribue à sn façon au dixième anniversaire de Franklin Furnace
( 112 Franklin Si reel Y-) ). Fonde en 1976 pur Martha II ilson, Franklin Furnace est
Infester les zones Guy Durand - Inter Art actuel - Érudit
photos: Patrick Altman
Infester les zones Guy Durand - Inter Art actuel - Érudit
Débrouillardise individuelle ou filière étatique? Y       européens et américains et un espace d'artiste, Le
a-t-il d'autres canaux pour les artistes québécois et     Lieu, en plus de produire des événements spéciaux
 canadiens qui osent créer et exposer à New York,         depuis 1981, notamment les festivals de performan-
centre occidental de l'art moderne?                       ces multidisciplinaires (trois festivals d'Interven-
   Certains risquent encore l'aventure du loft tou-       tion: Néo-song Cabaret, In memoriam Georges
jours trop onéreux même dans «East Side» en espé-         Maciunas, Espèces Nomades). Via une telle con-
rant percer sur le marché ou s'intégrer quelques          nexion c'est la dimension de réseau d'art qui prenait
temps dans des groupes «underground» de plus en           ici tout son sens.
plus à saveur multi-ethnique. C'est la loi de la jungle      Mais la présence du Collectif Inter/Le Lieu à
qui prévaut pour tous.                                    New York ne s'est pas limitée à la jonction avec
   Ilya encore une manière «institutionnelle», étati-     Franklin Furnace. En effet, les affinités Fluxus des
sée, de séjourner à New York pour les artistes d'ici.     artistes du Collectif, les nombreuses collaborations
En effet les programmes culturels subventionnés           et échanges avec nombres de praticiens(nes) ne
du Conseil des Arts et du Ministère des Affaires          pouvaient qu'élargir le rayonnement de cette pré-
Culturelles mettent à la disposition de nos créa-         sence québécoise à New York.
teurs, après sélection par concours et jurys bien
sûr. une galerie, 49' Parallèle (fédéral) et un              La venue des Dick Higgins, Alison Knowles,
studio de stage annuel (provincial) — dont la             Philip Corner lors des festivals In Memoriam Geor-
récipiendaire cette année est la journaliste Natha-       ges Maciunas (1984) et Espèces Nomades
lie Petrowsky —.                                          (automne 86) à Québec se sont traduits par l'hospi-
   Or il y a une alternative. Celle des réseaux d'art     talité et la possibilité pour les artistes québécois de
parallèle fondés sur une communauté d'esprit              créer dans les espaces new-yorkais intéressés par
(Zeitgeist) et d'intervention artistiques qui existent    le travail artistique dans le même esprit. C'est ainsi
depuis plus de dix ans maintenant. La présence du         qu'une soirée de performances par des membres du
Collectif Ouébécois Inter/Le Lieu à New York au           groupe a animé la galerie Emilie Harvey dans Soho.
mois de novembre révèle tout autant qu'elle relève        Autre pénétration en réseau, la présence de Moni>
de ce réseau.                                             Cantsin à New York, dont la filiation néoïste a cons-
   Franklin Furnace désigne donc ce centre-               tamment croisé Intervention au fil des ans en péri-
galerie axé sur les publications d'art actuel (livres     phérie québécoise, a aussi concrétisé une autre
d'artistes, revues, mouvements de poésie concrète         facette réseau de l'«activisme» d'Inter/Le Lieu à
ou performances poétiques) qui a pignon dans Tri-         New York, cette fois-ci de manière vraiment «under-
beca depuis dix ans. Son centre de documentation,         ground» et sauvage, à l'image de l'audace de l'art de
libellé the last word in museum, fait autorité. C'est     East Village. Après une performance néoïste dans
un peu pour s'associer aux célébrations de ce             une cave, deux des artistes d'intervention ont exalté
dixième anniversaire, que le Collectif Inter/Le           le NoSeNo, cet espace — couloir greffé à la fabu-
Lieu de Québec, actif lui aussi depuis bientôt dix        leuse sculpture urbaine qu'est la Vénus de Riving-
ans 1978-1988, a conçu le projet d'une exposition et      ton dans East Side.
d'une soirée de performances incluses dans le calen-         Une semaine d'interventions dans Soho (Frank-
drier de célébration de Franklin Furnace. Les con-        lin Furnace et Emilie Harvey) et East Village
tacts existaient depuis plusieurs années déjà dans        (NoSelMo), un mois d'exposition à Franklin Fur-
la mesure où Inter/Le Lieu publie la revue Inter,         nace, voilà ce qui est aussi possible du côté des
gère aussi un centre de documentation aux contacts        réseaux alternatifs.

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photos: Patrick Altman               rencontre entre le langage écrit et    tal» de son appel à exprimer la
                                     le langage de l'art: le raccourci      tendresse (/ love N-Y dit le slo-
                                     conceptuel (photo i>. Pierre-André     gan!) (photo 6) Danielle Ricard a
                                    Arcand de par des rideaux de            «littérairement» scié un livre —
                                    douches imbibés d'encres super-         dans cette île où il ne reste que
                                    visait sa fabuleuse «machine à          peu d'arbres, encore moins de
                                    mots» dérivée de la distributrice       bûcherons — (photo 15).
                                    de gomme. Une installation de              Pierre-André Arcand a sus-
                                    décentrement du mot fonction-           pendu le temps scénique en «son
                                    nel. Alain-Martin Richard oscil-        par crevaison», initiative à venir
                                    lait entre la suspension des mots       de la salle — Corner le musicien
                                    en mixte d'objectivation et une         ayant compris très vite...— (photo
                                    apparente brutalisation des lan-        16). Alain-Martin Richard aura
                                    gages réalistes (photo 20).             étonné. De manière judicieuse, il
                                        Beurk Tisselard alias Jean-         a reproduit à petite échelle la vie
                                    Claude Gagnon, cet «abominable          quotidienne d'un de ces «yellow
                                    homme des lettres», avait déballé       cabs» qui sillonnent sans relâche
                                    ses fascinants livres-récits            Manhattan. Instruments: bande
                                    dignes de l'univers mythique des        sonore d'une promenade/
                                    bandes dessinées tandis que             discussion avec un vieux routier
                                    Louis Haché faisait de la mobi-         et taxi-jouet à commande se pro-
                                    lité sa maison nomade, dont les         menant parmi les gens présents.
                                    murs s'ornaient d'énigmes grif-         La rue dans un sous-sol et des
                                    fonnées. L'Arche // (photo 18). Enfin   chocolats After Eights en cadeau!
                                    Patrick Altman. Il a su, mieux          (photo 7).
                                    que quiconque, combiner de                 Beurk Tisselard (Jean-
                                    manière «postmoderne» ce rap-           Claude Gagnon) a «joué» de ses
                                    port photographique ondulatoire         flûtes et saxophones une des
        L'exposition à              du réel et ce rapport fictif des        facettes musicales de ses «répa-
       Franklin Furnace             mots publicitaires en une instal-       rations de poésie», (photo 5). Louis
                                    lation politiquement «électri-          Haché a incarné de manière
Ln défi permanent émane de l'es-
                                    fiante» (photo 4).                      minimaliste cette soudure com-
pace d'exposition chez Franklin
Furnace: celui de déborder artis-                                           munautaire entre les artistes
tiquement la présentation des                 La soirée de                  de New York et tous les autres
oeuvres comprises et perçues               performances à                   oeuvrant «outre-pomme». Sa
comme documents (photo i9).               Franklin     Furnace              performance/installation possé-
Notamment en matières de Huit performances (présentées                      dait une esthétique du respect,
revues et de livres d'artistes. Les par Guy Durand) ont animé le            un rythme de coeur et une
«artefacts» d'Inter/Le Lieu sous-sol de Franklin Furnace le                 réflexion humaniste. Richard
allaient faire éclater ce carcan au samedi soir 15 novembre — dix           Martel, quant à lui, a fait éclater
profit d'une poétique multimédia. ans après l'élection d'un certain         l'humour, arme destructrice du
                                                                            narcissisme à outrance qui enve-
   Danielle Ricard moule en parti indépendantiste au Québec
                                                                            loppe la vie culturelle et artis-
objet les livres, déformant la —. L'autonomie cette fois se réa-
                                                                            tique actuelle. «Artist as» en
linéarité fonctionnelle de l'im- lisait par l'art. Complément à
                                                                            sketchs, une performance cons-
primé et de sa lecture logique. l'exposition, c'est cette vitalité du
                                                                            truisant une étonnante mise à
Elle déclenche une vision esthéti- Collectif à composer en direct
                                                                            distance, (photo 17).
que. Diane-Jocelyne Côté en avec l'audience new-yorkaise qui
arrive presque à faire surgir le aura été le dénominateur com-
halo de la patience, elle dont la mun des performances. Fini le              La performance à trois
micro-minutie «pictographique» repli de terroir!                               chez Emilie Harvey
brode le papier et les poèmes.          Diane-Jocelyne Côté et Valé-        Atmosphère fébrile en ce ven-
Jean-Claude St-Hilaire cadrait rie Letarte ont quasiment fait               dredi soir chez Emilie Harvey. Le
une sorte de tachisme d'avant la voir le parcours d'une simple              trio     Arcand/Martel/Richard
lettre (photo 3). Mona Desgagné phrase, ajoutant à la prestation            allait mettre en branle tout un
introvertissait en trajets ses en salle des effets spéciaux (le             dispositif poétique venu en droite
textes et textures. Une humeur tonnerre du haut des «buildings»             ligne de leurs collaborations
outrepassant le rôle documen- de Manhattan). Mona Desgagné                  antérieures en France et en Scan-
taire.                              a séduit tous les participantes         dinavie. Qui plus est, ils expor-
   Richard Martel s alliait à en les amenant à compléter indi-              taient en plein Soho l'esprit
Outenberg pour illustrer en viduellement — intimement pres-                 Espèces nomades, ce Festival
grands formats répétitifs cette que — un prolongement «art pos-             d'ln(ter)ventions qui venait tout      43
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photos: Patrick Altman

juste de se terminer à Québec —         rets (photo 9). Mais c'est bel et bien   Monty Cantsin, qui présentait
qualifié par Marianna Bech              l'«osmose» du trio avec la soixan-       lui-même ce soir-là un ghetto-
«d'événement majeur dans le             taine de gens présents (photo to),       plaster performance (photo it).
domaine de la performance en            sorte de déclamation collective          Arcand et Martel ont littérale-
1986»—.                                 des poèmes sans fin de Martel            ment «harangué» le garage/
    Cette performance collective        qui a donné l'impression de               espace d'artistes NoSeNo,
s'articulait autour de trois temps      puissance à cette prestation             jumelé à la galerie et à la déli-
forts: 1 ) d'abord un tracé de corde    québécoise.                              rante sculpture         ferraille/
au sol tramant une véritable                                                      recyclage/parc dite la Vénus de
«prise d'espace», (photo 8) 2)                                                   Rivington au coin de la rue du
ensuite une poursuite sur les            L'activisme du NoSeNo                   même nom (photo i4). Dans le
murs avec des mots et des nom-          L'art sauvage vit dans les caves         tumulte des décibels Arcand a
bres que Alain-Martin Richard           et garages d'East Side. Après            semblé devenir «sa» machine —
faisait apparaître et disparaître       minuit, l'esthétique capote, entre       clavier programmé — tandis que
(photo 2i). 3) aussi ces larges fenê-   des murs exposant du «mail art»          Martel a puisé dans sa voix
tres un instant ouvertes comme          ou au travers des décibels «heavy        amplifiée/déformée par une
pour étendre à la rue la sonorité       rock» des garages band. Alors            caisse enregistreuse miniature
de leur performance. Le dialogue        une fois close la soirée des per-        en bouche pour livrer énergique-
fonctionnait en dictions, appelant      formances chez Franklin Fur-             ment un message identique: we
soit la «machine» (Arcand), soit        nace le samedi 15 novembre,              are ail machine. Rarement l'adé-
 l'ordonnance Nature/Culture,           «l'art adventure» se transportait        quation entre le cri marginal et
 sortes de rythmes émanant des          plus à lest, dans «l'under-              le climat d'éclatement n'aurait
 légumes comestibles et fleurs          ground». De Soho vers East Side.         pu prévoir meilleure rencontre
 décoratives soumis aux coupe-          De connivence avec le néoïste            (photos 12-13).
La nuit de l'alternative:                          sus art alternatif (faire différem-     institutionnalisé dans SOHO au
     remarques sur le                                ment dans le but de remplacer, de      travers du marché des avant-
       champ de l'art                                se substituer, de contester ou de      gardes. Par exemple en 1987
                                                     critiquer), et de revoir les notions   dans Soho, l'idée à'art as Enter-
New York façonne la réalité                          d'espaces d'artistes selon l'usage     tainment fait de la performance
actuelle de l'art et force la                        en collectifs ou comme succes-         un genre artistiques officiel
réflexion critique sur ce qui se                     sion d'activités individuelles? Le     appelé à un avenir commercial et
passe là et chez nous. Manhattan                     passage d'Inter/Le Lieu à New          de loisir assuré pour les «bran-
Incarne le modèle du système de                     York devient un excellent pré-          chés»; et les centres de documen-
l'art actuel. L'art contemporain y                   texte à cette réflexion dans la        tation font du livre d'artiste, des
domine via la collusion explicite                    mesure où le contexte de l'audace      revues et affiches des objets d'art
du marché des galeristes et des                      de l'art dans la jungle du marché      significatifs, dignes d'archives et,
musées. S'y greffent les espaces                     new-yorkais est totalement diffé-       comme à Space art, de com-
d'artistes, studios (lofl) ou gale-                  rente de celle face à face avec         merce! Quelques galeries,
ries sauvages. Ici l'étagement des                   l'univers subventionné par l'État       comme Ronald Feldman — qui
réseaux de création et d'exposi-                    et la faiblesse du marché de l'art       rendait hommage à Joseph Beuys
tion fonctionnent en une géogra-                    au Québec.                              en accueillant en novembre deux
phie et des horaires institués:                         La période du Québec Under-         de ses installations les plus for-
                                                    ground 1962-1972 et ensuite la          tes sur le thème de la survie et de
        Géographie artistique                                                                l'éternité spirituelle —, Emilie
            de New York                              phase d'établissement des
                                                    réseaux parallèles et périphéri-        Harvey — Dick Higgins, le poète
 1) milieu et haul de Manhattan où se concen-
trent les Institutions et le marché somptualre:     ques 1976-84, nés de la révolu-         «fluxus» y vend ses toiles et des-
l'art contemporain et la mémoire artistigue du      tion tranquille et des politiques       sins — et Franklin Furnace con-
siècle                                                                                      firment l'installation/sculpture
    la bibliothèque tic New York, le MOMA —
                                                    culturelles, ne vivent-ils pas des
qui exposait l'util Klee cet hiver cl les dessins   infrastructures économiques et          et l'esprit fluxus comme tendan-
tic Roy l.lchtenstein ce printemps (87) —. le       politiques, c'est-à-dire du Mécé-       ces importantes dans l'art actuel.
Whitney Museum et su biennale île printemps         nat d'État de ce côté-ci du 49'             Parce que le contexte écono-
incluant Vlto Acconcl annonçant un retour à
l'abstraction —. Le (luggenheim qui va              parallèle? Le réseau des galeries       mique de New York est prohibitif
s'agrandir, le Metropolitan Museum el les           parallèles canadien et québécois        et qu'il y a saturation des galeries
chics galeries.                                     ne s'est-il d'ailleurs pas institu-     vouées à l'art contemporain, l'al-
2) Soho qui a développé le marché de l'art des      tionnalisé rapidement: associa-         ternative prend vie dans les loge-
avant-sardes et de l'art parallèle                  tions et organisations de revendi-      ments, les petits studios et les
    l.eo Castelll dont on fête le HOT anniver-
saire d'activités, MaryBoone. Ronald h'eldman       cation vis-à-vis les programmes         garages, sorte de réponse des
le premier à exposer lieuys en Amérique. Spe-       gouvernementaux indissociables          artistes porteurs d'initiatives.
rone. Westwater, Ok Harris, DILaurenti. Emi-        ne sont-ils pas là pour le prouver?     Alternative peut-être mais seule
lie Harvey, New Museum, franklin Furnace,
Art Space, la galerie 4!? Parallèle qui expo-
                                                    L'accès au capital public et le         réponse au racisme tacite et
sait le plasticien Claude Tousignant. etc.          rapport à la technocratie cultu-        à la pauvreté. Des galeries et
3) Kast Village qui renferme le marché de l'art
                                                    relle tant aux stades de la for-        des espaces d'artistes marginaux
des ethnies et les réseaux de l'art alternatif.     mation, des expositions et lieux        aux conditions d'existence bru-
On y trouve déjà un nouvel Itinéraire du mar-       de création et de l'achat des oeu-      tes. Cette faune et ce climat de
ché des oeuvres, sorte d'officialisation de         vres structurent-ils une forme
l'underground:
                                                                                            vie renforcent la symbolique
    I'sl22. Nature Morte, NoSeNo. Vénus de          nouvelle de l'aliénation ou au          «underground».
Rivington, les caves, les logements d'artistes      contraire le contexte politique             De mail art et de performances
et les garages, etc.                                spécifique des luttes et de l'alter-    néoïstes dans des caveaux, de
   D'où cette interrogation: l'art                  native? Évidemment, c'est sous la       sculptures et de musique dans
«underground», sauvage, souter-                     pression des jeunes générations         des garages loués, de sculptures
rain, subversif — idéal de tout                     de créateurs, venus d'un système        urbaines au statut de «squatter»,
artiste rebelle et marginal —                       intégré d'éducation géré par            d'expositions de bad painting,
existe-t-il encore hors de cette                    l'État, que les prétentions d'alter-    dans des refuges illégaux, voilà
consommation parallèle et de                        native et d'autogestion artistique      de quoi se nourrit la nuit de l'al-
cette consommation officielle des                   ont pu exister dans une phase de        ternative, entre la deuxième ave-
oeuvres d'art qui n'obéissent qu'à                  luttes politiques — l'art comme         nue et l'avenue B et un arrêt au
la logique capitaliste, au moment                   mouvement social — pour                 Two B ou en face au sous-sol
où l'art semble s'individualiser,                   ensuite devenir réseau parallèle        «Save the Robot» ces bars qui
se poétiser au détriment de sa                      aux autres peut-on avancer. Il          ouvrent à trois heures! Écho
politisation? Où est rendue la                      faudra approfondir.                     écorché à cette ville violente où la
frontière?                                             On s'aperçoit qu'à New York          fièvre de créer, d'exister au pré-
   Ne faut-il pas s'engager à redé-                 l'audace de l'art circule dans un       sent et pour toujours hante les
finir, soupeser ce qu'on entend                     réseau alternatif maintenant            artistes: tel un risque.
par art parallèle (faire autre                      concentré dans East Village tan-        Inter/Le Lieu à New York, ce fut
chose, à côté, en marge de) ver-                    dis que l'art actuel parallèle s'est    un peu cela.                           45
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