Intérêt de la caractérisation moléculaire des cancers digestifs

La page est créée Nicole Courtois
 
CONTINUER À LIRE
Intérêt de la caractérisation moléculaire des cancers digestifs
POST’U (2021)

Intérêt de la caractérisation
moléculaire des cancers digestifs
    Cindy NEUZILLET
  	Département d’Oncologie Médicale, Institut Curie, Université Versailles Saint-Quentin –
    Université Paris Saclay, 35 rue Dailly, 92210 Saint Cloud
    cindy.neuzillet@curie.fr

                                             CMS : Consensus Molecular Subtypes
                                             CTLA4 : cytotoxic T-lymphocyte asso-             Introduction
                                             ciated protein 4
                                             CVB : cancers des voies biliaires
                                             EBV : virus Epstein-Barr                         Jusqu’aux années 1990, la chimio­
                                             EGFR : récepteur du facteur de crois­            thérapie cytotoxique était l’unique
                                             sance épidermique                                outil thérapeutique médical des
                                             ESCAT : ESMO Scale for Clinical                  cancers digestifs. Ces agents théra­
                                             Actionability of molecular Targets               peutiques affectent préférentielle­
 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES                                                                       ment les cellules à division rapide,
                                             ESMO : European Society of Medical
—	Connaître les principales anoma­          Oncology                                         y compris les cellules cancéreuses,
   lies moléculaires influençant la          FGFR : récepteur au facteur de crois­            mais également les tissus normaux
   décision en oncologie digestive           sance des fibroblastes                           hautement prolifératifs (notamment

                                                                                                                                         CANCÉROLOGIE
                                             GIST : tumeurs stromales gastro-in­              les muqueuses digestives et la moelle
—	Connaître les indications de la
                                             testinales                                       osseuse), ce qui entraîne des toxicités
   caractérisation moléculaire en
                                             HR : Hazard ratio                                fréquentes et limitantes. Une meil­
   oncologie digestive
                                             HRD : réparation de l’ADN par recom­             leure compréhension de la biologie
—	Connaître les modalités pratiques                                                          moléculaire des cellules cancéreuses a
                                             binaison homologue
   de réalisation d’une caractérisation                                                       conduit à la révolution thérapeutique
                                             IDH1 : isocitrate déshydrogenase-1
   moléculaire (matériel histologique                                                         des thérapies dites « ciblées », c’est-
                                             IHC : immunohistochimie
   nécessaire, circuit de la demande)                                                         à-dire des anticorps monoclonaux
                                             IMK : inhibiteur multikinase
                                             ISH : hybridation in situ                        (mAc) ou de petites molécules inhi­
 LIENS D’INTÉRÊTS                            JOG : jonction oeso-gastrique                    bitrices multikinases (IMK), dirigées
                                             mAc : anticorps monoclonal                       contre des protéines spécifiquement
Board/consultant : Amgen, Astra­                                                              soit surexprimées, soit mutées dans
                                             MAPK : mitogen activated protein
Zeneca, Baxter, Bristol-Myers Squibb,                                                         les cellules cancéreuses (1).
                                             kinase
Fresenius Kabi, Incyte Biosciences,
                                             MLH1 : mutL homologue 1                          Les thérapies ciblées ont apporté un
Merck, MSD, Mylan, Novartis, Nutricia,
                                             MMR : MisMatch Repair                            bénéfice clinique dans de nombreux
Pierre Fabre, Roche, Sanofi, Servier
                                             MSH2 : mutS homologue 2                          types de cancers, notamment diges­
Financement recherche : Roche                MSH6 : mutS homologue 6                          tifs (1, 2). Cependant, leurs effets ont
Essais cliniques : AstraZeneca, Bristol-     MSI : microsatellites instables                  parfois été décevants, en raison de
Myers Squibb, OSE Immunothera­               NIH : National Institute of Health               mécanismes de résistance intrinsèque
peutics                                      NGS : Next Generation Sequencing                 ou acquise, d’une activité limitée à
                                             PARP : poly(ADP-ribose) polymérase               certains contextes tumoraux ou sous-
                                             PCR : réaction d’amplification en
 MOTS-CLÉS                                                                                    groupes moléculaires, ou d’un profil
                                             chaîne par polymérase                            de toxicités moins favorable qu’at­
biomarqueurs, médecine personna­             PD1 : programmed death-1                         tendu. Ces échecs ont mis en évidence
lisée, thérapies ciblées                     PD-L1 : programmed death-1 ligand                l’importance d’une sélection rigou­
                                             PMS2 : postmeiotic segregation                   reuse des patients et ont révélé la
                                             increased 2                                      complexité de la biologie des cancers
 ABRÉVIATIONS
                                             SG : survie globale                              digestifs à la fois au niveau inter-tu­
ADNtc : ADN tumoral circulant                SSM : survie sans maladie                        moral et également au sein d’un type
AMM : autorisation de mise sur marché        SSP : survie sans progression                    de tumeur donné (1, 2).
CCA : cholangiocarcinome                     T-DM1 : trastuzumab-emtansine
CCR : cancer colorectal                      TNCD : Thesaurus National de                     L’identification de biomarqueurs
CIMP : CpG Island Methylation                Cancérologie Digestive                           prédictifs de la réponse à ces théra­
Phenotype                                    TRK : récepteur kinase de la tropomyo­           pies est donc devenue un enjeu
CIN : Chromosomal INstability                sine                                             majeur et l’ère de la médecine person­

                                                               153
nalisée s’est ouverte. D’un traitement         -	les marqueurs pronostiques, qui                techniques de biologie moléculaire
standard pour tous les patients dans              sont associés à une évolution de               (réaction d’amplification en chaîne
une indication donnée, des protocoles             la maladie plus ou moins favorable             par polymérase [PCR], ex. : muta­
se sont développés spécifiquement                 en termes de survie sans maladie               tions KRAS), d’immunohistochimie
pour certains sous-types de tumeurs,              (SSM, après chirurgie) ou sans                 (IHC) et/ou d’hybridation in situ
sur la base de l’identification de                progression (SSP, stades avancés)              (ISH, ex. : surexpression/amplification
biomarqueurs prédictifs.                          et/ou globale (SG), indépendam­                HER2). Ces dernières années, l’avè­
                                                  ment des traitements administrés               nement des techniques de séquen­
Selon le National Institute of Health             (« histoire naturelle ») ;                     çage à haut débit (Next Generation
(NIH), le terme de biomarqueur                                                                   Sequencing, NGS) a également élargi
désigne « une caractéristique qui est          -	les marqueurs prédictifs, qui pré­             la dimension de la recherche de ces
mesurée et évaluée objectivement                  disent l’activité d’un traitement              anomalies, passant de leur recherche
comme indicateur d’un processus                   spécifique et ont vocation à être              individuelle à l’étude de panels
biologique normal ou pathologique,                utilisés comme outils d’aide à la              pouvant atteindre plusieurs centaines
ou traduisant la réponse pharmaco­                décision thérapeutique ; lorsqu’ils            de gènes. Publiée en 2018, la classifi­
logique à une intervention thérapeu­              permettent de sélectionner les                 cation ESCAT (ESMO Scale for Clinical
tique » (3). Définis comme tels, les              patients pour un traitement, ils               Actionability of molecular Targets)
biomarqueurs peuvent s’appliquer à                sont qualifiés de « tests compa­               proposée par l’European Society of
de nombreux domaines cliniques et                 gnons » (5).                                   Medical Oncology (ESMO) permet de
peuvent être de natures très variées :                                                           classer ces altérations moléculaires
cliniques, moléculaires (sanguins ou           Nous nous concentrerons ici plus
                                                                                                 selon leur « actionnabilité », c’est-à-
tumoraux) ou d’imagerie.                       particulièrement sur les biomarqueurs
                                                                                                 dire la démonstration d’un bénéfice
                                               moléculaires tumoraux prédictifs,
                                                                                                 clinique obtenu par leur ciblage
En cancérologie, trois catégories de           influençant la réponse aux traite­
                                                                                                 thérapeutique, allant de I (prêt pour
biomarqueurs sont distinguées (4) :            ments (ciblés ou non). L’analyse des
                                                                                                 la pratique de routine) à IV (rationnel
                                               biomarqueurs est effectuée sur un
                                                                                                 pré-clinique) en fonction du niveau de
-	les marqueurs diagnostiques,                fragment de tumeur, fixé et inclus en
                                                                                                 preuve (Tableau 1) (6).
   correspondant aux tests permet­             paraffine le plus souvent ou congelé
   tant d’aider au diagnostic ou à             (biopsie ou pièce de résection chirur­            Dans cette mise au point, nous présen­
   l’identification de sous-classes            gicale, tumeur primitive ou métas­                terons les principales anomalies
   d’une maladie particulière ;                tase). Ils peuvent être étudiés par des           moléculaires influençant la décision

           Tableau 1 : Classification ESCAT de l’European Society of Medical Oncology [d’après Mateo et al. (6)]

                              Classe ESCAT                            Valeur clinique                       Implication clinique

 Prêt pour        I : Couple altération moléculaire        Le traitement ciblé administré aux       L’accès au traitement doit être
 l’utilisation    et traitement ciblé associé à un         patients présentant l’altération         considéré comme la référence
 en routine       bénéfice dans des essais cliniques       moléculaire a montré une                 thérapeutique
                                                           amélioration des résultats cliniques
                                                           dans les essais cliniques prospectifs
                                                           (randomisés ou non, études basket/
                                                           multi-tumeurs, avec données de
                                                           survie)

 Expérimental     II : Couple altération moléculaire       Le traitement ciblé administré           Traitement à évaluer
                  et traitement ciblé associé à            à des patients définis sur le            prospectivement (registre ou essai
                  une activité anti-tumorale, mais         plan moléculaire est susceptible         clinique)
                  l’amplitude du bénéfice est              d’améliorer les résultats cliniques
                  inconnue                                 dans un type de tumeur (étude
                                                           rétrospective, ou prospective
                                                           sans donnée de survie), mais des
                                                           données supplémentaires sont
                                                           nécessaires

 Cible            III : Couple altération moléculaire et   Le traitement ciblé a précédemment       Essai clinique à discuter avec les
 hypothétique     traitement ciblé présumé améliorer       été démontré bénéfique pour un           patients
                  les résultats cliniques sur la base      sous-ensemble moléculaire défini
                  d’essais cliniques dans d’autres         dans un autre type de tumeur (ou
                  types de tumeurs avec la même            avec une mutation différente dans
                  altération                               le même gène), l’efficacité est donc
                                                           présumée mais non prouvée

                  IV : Actionnabilité pré-clinique         L’actionnabilité est présumée sur        Le traitement ne doit être envisagé
                  démontrée                                la base d’études précliniques,           que dans le cadre d’essais cliniques
                                                           aucune donnée clinique concluante        précoces ; le manque de données
                                                           disponible                               cliniques doit être souligné auprès
                                                                                                    des patients

 Association      V : Couple altération moléculaire        Le médicament est actif mais             Des essais cliniques évaluant
 de traitements   et traitement ciblé associé à            ne prolonge pas la SSP ou la SG,         les stratégies d’association de
                  une réponse objective, mais sans         probablement en partie en raison de      traitements pourraient être
                  bénéfice cliniquement significatif       mécanismes d’adaptation                  envisagés

                                                                  154
en oncologie digestive (ESCAT I/II (7)      un défaut de réparation de ces erreurs    pathologistes non experts (11). La
et/ou référencées dans le Thésaurus         et l’accumulation de mutations ponc­      PCR présente une sensibilité limitée
National de Cancérologie Digestive          tuelles de type indel, entraînant un      en cas de faible cellularité tumorale
[TNCD]), les indications de la carac­       décalage du cadre de lecture (8, 10).     et de contamination importante par
térisation moléculaire en oncologie         Ces erreurs s’accumulent par milliers     de l’ADN de tissu normal (> 90 %), et
digestive, et les modalités pratiques       dans le génome et en particulier au       des faux négatifs peuvent ainsi être
de réalisation d’une caractérisation        niveau des microsatellites, dont l’ins­   observés dans le cadre de biopsies, de
moléculaire.                                tabilité est le reflet phénotypique de    tumeurs mucineuses ou presque stéri­
                                            la déficience du système MMR. La          lisées par des traitements néoadju­
                                            perte d’expression d’une protéine         vants (11). La recherche de mutation
                                            du système MMR est la conséquence         de la chaperonne HSP110 (technique
Cancer colorectal (CCR)                     de l’inactivation biallélique du gène     HT17) a une sensibilité plus élevée
                                            correspondant :                           mais est encore en cours de validation
                                                                                      (11). Des erreurs diagnostiques (faux
Instabilité des microsatellites             -	par mutation constitutionnelle d’un
                                                                                      positifs) sont possibles soulignant
                                               des allèles et perte somatique du
Les progrès de la biologie moléculaire                                                l’utilité de la réalisation des deux tech­
                                               second (syndrome de Lynch, ou
ont permis d’individualiser trois prin­                                               niques pour confirmer le statut MSI en
                                               cancer colique héréditaire sans
cipaux mécanismes de cancérogenèse                                                    cas de positivité de l’une d’entre elles,
                                               polypose, associé à un spectre
colorectale : (1) l’instabilité chromoso­                                             en particulier si l’administration d’une
                                               d’autres cancers notamment de
mique (CIN : Chromosomal INstability)                                                 immunothérapie est discutée (12).
                                               l’endomètre, de l’estomac et des
impliquée dans environ 80 % des                voies urinaires ; représentant         Le statut des microsatellites doit être
CCR ; (2) l’instabilité microsatellitaire      environ 3 % des CRC et un tiers des    systématiquement déterminé par IHC
(MSI : microsatellites instables) impli­       cas de CCR MSI) ou beaucoup plus       ou PCR chez les patients atteints de
quée dans 12 % à 15 % des CCR ; (3)            rarement mutation homozygote           CCR pour 3 raisons :
l’instabilité épigénétique, non totale­        (syndrome CMMRD),
ment indépendante des deux autres                                                     -	la recherche d’une prédisposition
mécanismes, associée à une hyper­           -	o u par extinction épigénétique           au cancer colorectal/syndrome
méthylation de certaines régions de            (hyperméthylation du promoteur            de Lynch, en particulier en cas
l’ADN (CIMP : CpG Island Methylation           du gène) somatique.                       de diagnostic de CCR avant l’âge
Phenotype) induisant une inactivation                                                    de 70 ans ou quel que soit l’âge

                                                                                                                                   CANCÉROLOGIE
                                            Les altérations de PMS2, MSH2 et
transcriptionnelle de gènes suppres­                                                     au diagnostic en cas de cancers
                                            MSH6 sont toujours constitution­
seurs de tumeur (ex. : TP53) (8, 9).                                                     multiples du spectre du syndrome
                                            nelles. Les extinctions de MLH1
                                                                                         de Lynch chez un même patient ou
Les microsatellites sont des séquences      peuvent quant à elles survenir dans
                                                                                         chez deux apparentés au premier
de l’ADN formées par une répétition         un contexte soit constitutionnel soit
                                                                                         degré, afin d’orienter le patient
de motifs composés de 1 à 6 nucléo­         sporadique, par hyperméthylation
                                                                                         vers une consultation d’oncogéné­
tides distribuées le long des régions       du promoteur du gène dans le cadre
                                                                                         tique (impact sur la surveillance du
codantes et non codantes du génome          d’une mutation BRAF V600E (30 % des
                                                                                         cas index et des apparentés) ;
(8, 10). Ces séquences sont particu­        CCR MSI) ou d’un phénotype hyper­
lièrement exposées à des erreurs lors       méthylateur sans mutation de BRAF.        -	au stade localisé : décision théra­
de la réplication de l’ADN par la poly­                                                  peutique de chimiothérapie adju­
                                            La recherche d’un phénotype MSI
mérase, avec des insertions/délétions                                                    vante pour les stades II ;
                                            peut être réalisée par deux méthodes
(indel) mono ou di-nucléotidiques.
                                            validées :                                -	au stade métastatique : marqueur
Ces erreurs sont normalement détec­
                                                                                         prédictif de réponse à l’immuno­
tées et corrigées par les protéines du      -	par IHC sur coupes en paraffine
                                                                                         thérapie.
système MMR (MisMatch Repair),                 (marquage des quatre protéines
système biologique hautement                   MLH1, MSH2, MSH6 et PMS2) :            Les CCR MSI de stade localisé (II/III,
conservé de réparation des mésap­              il s’agit alors de rechercher la       environ 15 % des patients) ont un
pariements de l’ADN, en charge du              perte d’expression de protéines du     meilleur pronostic spontané et une
maintien de l’intégrité du génome.             système MMR ;                          moindre sensibilité à la chimiothé­
Les protéines du système MMR                                                          rapie par fluoropyrimidine (13, 14).
                                            -	
                                              p ar biologie moléculaire après
comprennent quatre membres : mutL                                                     L’utilisation d’une fluoropyrimidine
                                              extraction d’ADN selon la tech­
homologue 1 (MLH1), mutS homo-                                                        en monothérapie n’améliore pas la
                                              nique du Pentaplex® analysant
logue 2 (MSH2), mutS homologue 6                                                      survie des patients par rapport au
                                              cinq microsatellites (BAT25, BAT26,
(MSH6) et postmeiotic segregation                                                     traitement chirurgical seul (14). En
                                              NR-21, NR-22, NR-24, NR-27) : le
increased 2 (PMS2) (8, 10). Elles fonc­                                               revanche, l’adjonction de l’oxalipla­
                                              phénotype est dit MSI en présence
tionnent par paires (hétérodimères)                                                   tine à une fluoropyrimidine permet
                                              d’une instabilité d’au moins trois de
associant MLH1 avec PMS2 et MSH2                                                      une amélioration significative de la
                                              ces microsatellites (11).
avec MSH6, l’expression de la seconde                                                 survie des patients présentant une
étant chaque fois dépendante de la          À noter qu’aucune des deux tech­          tumeur de stade III, mais pas de ceux
première. Une perte d’expression de         niques n’est parfaitement sensible        ayant une tumeur de stade II (15,
ces protéines (MLH1, associée par           et ni spécifique. L’IHC peut avoir une    16). Ainsi la chimiothérapie adju­
interdépendance à une perte par             sensibilité diminuée selon la méthode     vante n’est pas indiquée pour les
dégradation protéolytique de PMS2 ;         de fixation et le protocole d’IHC n’est   CCR de stade II à haut risque [T4,
MSH2, associée à une perte de MSH6 ;        pas standardisé, pouvant conduire à       < 12 ganglions (17)] MSI en raison de
perte isolée de PMS2 ou MSH6) induit        des erreurs d’interprétation par des      leur meilleur pronostic spontané (sauf

                                                             155
T4b), et la chimiothérapie adjuvante       évalue l’avelumab (anticorps anti-         panitumumab, autre mAc anti-EGFR
des stades III doit comporter de l’oxa­    PD-L1) vs. chimiothérapie en trai­         (34, 35). Les études ont ensuite été
liplatine (FOLFOX ou XELOX) (18). À        tement de deuxième ligne des CCR           restreintes aux CCR sans mutation de
l’inverse, chez les patients atteints de   métastatiques MSI.                         KRAS exon 2 (présente dans environ
CCR de stade IV, le statut MSI, plus                                                  40 % des CCR métastatiques). Outre
rare (environ 5 % des patients), a été     À noter que d’autres altérations molé­     les mutations de l’exon 2 de KRAS,
associé à des survies plus courtes mais    culaires peuvent être responsables         10 % à 15 % supplémentaires de
son impact pronostique n’est pas défi­     d’un phénotype hypermuté et sensible       patients atteints d’un CCR métasta­
nitivement établi (19-21).                 à l’immunothérapie, en particulier les     tique sont porteurs d’autres muta­
                                           mutations de la polymérase E pour          tions RAS. Il s’agit notamment de
La charge mutationnelle élevée             lesquelles le nivolumab est accessible     mutations de NRAS (codons 12 ou
associée au phénotype MSI génère           dans le cadre d’une cohorte ACSé           13 dans l’exon 2, et codons 59 ou
une quantité importante de néoanti­        soutenue par l’INCa (NCT03012581) et       61 dans l’exon 3), et de mutations de
gènes. Ces antigènes, très différents      sont l’objet d’une cohorte COMAD (28).     KRAS en dehors de l’exon 2 (codons
des protéines du soi, sont fortement                                                  59 ou 61 dans l’exon 3, et codons
immunogènes. Ceci est à l’origine          Mutations RAS
                                                                                      117 ou 146 dans l’exon 4) (36). Chez
d’infiltrats immunitaires lymphocy­        La voie de RAS-RAF-MEK-ERK (mitogen        les patients porteurs de l’une de ces
taires « Crohn-like » très évocateurs      activated protein kinase, MAPK) est        mutations de RAS dans le génome
du phénotype MSI (8). De plus, cette       une des principales voies de signalisa­    de leur tumeur, plusieurs études, y
immunogénicité rend les tumeurs MSI        tion en aval des récepteurs à activité     compris une analyse rétrospective des
très sensibles à l’immunothérapie par      tyrosine kinase dont le récepteur du       études CRYSTAL (FOLFIRI ± cetuxi­
inhibiteurs des points de contrôle         facteur de croissance épidermique          mab), OPUS (FOLFOX ± cetuximab) et
immunitaire (anti-programmed               (EGFR), favorisant la croissance, la       PRIME (FOLFOX ± panitumumab), ont
death-1 [PD1] et son ligand [PD-L1]        différenciation, la prolifération et       montré que l’ajout de mAc anti-EGFR
et anti-cytotoxic T-lymphocyte asso-       la survie cellulaire (Figure 1). Au        à divers protocoles de chimiothérapie
ciated protein 4 [CTLA4]) (22). Après      sommet de cette cascade de signali­        dans différentes lignes de traitements
plusieurs études de phase II positives     sation, RAS comprend une famille de        n’apportait aucun bénéfice, et pouvait
avec le pembrolizumab (anti-PD1)           GTPases cytoplasmiques dont il existe      même avoir un effet délétère spéci­
ou le nivolumab (anti-PD1) seul ou         plusieurs isoformes (KRAS, NRAS,           fiquement lorsqu’ils étaient associés
associé à l’ipilimumab (anti-CTLA4)        HRAS) (29). Une fois activées, elles       à une chimiothérapie comportant
en situation métastatique (23, 24)         stimulent en aval plusieurs voies effec­   de l’oxaliplatine (36-38). Cela a été
et néoadjuvante (25), l’étude de           trices, dont celle des MAPK, mais aussi    confirmé par Sorich et al. (39) dans
phase III KEYNOTE-177 présentée            de PI3K-AKT-mTOR et de Ral-GEF.            une revue systématique et méta-­
à l’ASCO 2020 et à l’ESMO 2020 a                                                      analyse de neuf essais contrôlés
montré la supériorité de l’immunothé­      Les anticorps anti-EGFR ont été            randomisés évaluant le traitement
rapie par pembrolizumab par rapport        développés dans le CCR métastatique        par mAc anti-EGFR chez près de
à la chimiothérapie de première ligne      initialement pour les patients dont        6 000 patients. À côté de leur valeur
en terme de SSP (objectif principal :      la tumeur exprimait ce récepteur           prédictive, le rôle pronostique des
16,5 vs. 8,2 mois, Hazard ratio [HR] :     [études BOND (30) et NCI-CO17 (31)].       mutations de RAS chez les patients
0,60, p=0,0002), de taux de réponse        Il avait été supposé que l’activité de     atteints de CCR reste controversé.
(67 % vs. 51 %), de toxicités de grade     ces anticorps serait corrélée au pour­     Un effet négatif des mutations KRAS
3-4 (22 % vs. 66 %) et de qualité de       centage de cellules positives pour         a été rapporté à la fois en situation
vie chez les patients atteints de CCR      l’EGFR et/ou à l’intensité d’expression    adjuvante et métastatique mais sans
métastatique MSI (26). Plusieurs           de ce récepteur, mais ceci n’a pas été     conclusion définitive.
autres études de phase III sont en         confirmé dans ces premières études
cours, notamment avec le nivo­             cliniques. En 2006, Lièvre et al. (32)     Sur la base de ces résultats, les traite­
lumab seul ou associé à l’ipilimumab       ont décrit que, plutôt que le statut       ments anti-EGFR (cetuximab et pani­
(NCT04008030) (27).                        d’expression de l’EGFR, les mutations      tumumab) ne doivent être prescrits
                                           activatrices de KRAS, conduisant l’ac­     qu’aux patients présentant un statut
Ces anticorps ont obtenu depuis 2016       tivation constitutive de la voie indé­     tumoral de type non muté lors d’une
une autorisation de mise sur marché        pendamment de la liaison du ligand         analyse étendue de RAS (exons 2,
(AMM) aux États-Unis « pan-tumeur »        au récepteur, étaient un prédicteur        3 et 4 de KRAS et NRAS), représen­
de phénotype MSI ; ceci n’a malheu­        de la résistance au traitement par         tant environ 50 % des patients (AMM
reusement pas été suivi rapidement         cetuximab, mAc anti-EGFR, chez les         modifiée en 2013) (40). Le statut de
d’une AMM européenne. Les résul­           patients atteints de CCR métasta­          mutation de RAS peut être obtenu
tats positifs de l’étude KEYNOTE-177       tique. Une analyse a posteriori de         par différentes méthodes, telles que
ont permis l’obtention d’une AMM           l’étude NCI-O17 a ensuite été conduite     la PCR en temps réel spécifique de
européenne pour le pembrolizumab           en fonction du statut de mutation          mutation, le séquençage de Sanger,
dans le CCR métastatique en première       KRAS (codons 12 et 13 de l’exon 2) et      le pyroséquençage, la technique
ligne (avis EMA rendu le 29/01/2021),      a montré que le bénéfice clinique était    BEAMing, le NGS et le séquençage
mais pas encore d’un remboursement         en effet confiné à la population de        didésoxynucléotidique. Il existe des
en France. Dans l’attente, ces anti­       patients ayant un CCR avec exon 2 de       tests génétiques ciblés commerciaux
corps sont accessibles dans le cadre       KRAS non muté (33). De plus, la valeur     capables de détecter des mutations
d’essais cliniques (ou à la charge de      prédictive négative des mutations de       de RAS dans des échantillons de CCR,
l’établissement). En France, l’étude       KRAS pour le bénéfice d’un traitement      dont des techniques simplifiées (ex. :
PRODIGE 54 SAMCO (NCT03186326)             anti-EGFR a été confirmée avec le          Idylla®). Les matériaux tissulaires

                                                             156
CANCÉROLOGIE
                                   Figure 1 : Voies de signalisation du récepteur de l’EGF (EGFR)
Représentation schématique des principales voies effectrices de l’EGFR : la voie Ras-ERK et ses interactions avec les voies PI3K / AKT / mTOR
et RalGEF / Ral et d’autres récepteurs [adapté de Neuzillet et al. (93)]. FdT : facteur de transcription, GAP : protéine activant la GTPase, GDP :
guanosine diphosphate, GEF : facteur d’échange nucléotidique de guanine, GTP : guanosine triphosphate.

des lésions primitives ou métasta­                plus fréquemment observées chez                    niveau de preuve faible (analyses de
tiques peuvent être utilisés pour cette           la femme âgée, avec des tumeurs                    sous-groupe) (47) et avec des données
recherche puisque le taux de concor­              du côlon droit, peu différenciées                  récentes contradictoires (pas de diffé­
dance du statut de mutation entre                 et mucineuses, et des métastases                   rence entre doublet plus bevacizumab
sites primitifs et métastatiques atteint          ganglionnaires et péritonéales (44).               vs. triplet plus bevacizumab chez
93 % (41).                                        Ces caractéristiques pronostiques et               les patients avec CCR métastatique
                                                  clinico-pathologiques sont spécifiques             BRAF muté dans une méta-analyse
Mutation BRAF V600E                               à la mutation V600E, et les CCR por­               récente) (48). À la différence des
Plus récemment, d’autres mutations                teurs d’autres mutations de BRAF                   mutations BRAF V600E observées
de la voie des MAPK, comme celles du              (plus rares, environ 2 % des CCR) ont              dans les mélanomes, les CCR mutés
gène BRAF, ont été identifiées dans               un comportement biologique proche                  BRAF V600E ne répondent pas à l’in­
les CCR. Ces mutations de BRAF sont               des tumeurs non mutées (45). À noter               hibition de BRAF en monothérapie,
plus rares (8 % à 10 %) et sont en                qu’environ 20 %-40 % des tumeurs                   notamment en raison de boucles
grande majorité (plus de 90 % des cas)            mutées BRAF V600E présentent                       de rétrocontrôle impliquant l’EGFR,
représentées par la mutation activa­              un phénotype MSI sporadique et                     nécessitant un blocage multi-étagé
trice V600E (42). Si la valeur prédic­            répondent aussi bien à l’immunothé­                de la voie (42). L’étude de phase III
tive de la mutation BRAF V600E sur la             rapie que les tumeurs MSI non BRAF                 BEACON, a comparé chez des patients
réponse aux anti-EGFR reste débattue,             mutées. En raison de leur pronostic                atteints de CCR métastatique en deu­
sa valeur pronostique péjorative est              sombre avec un accès limité aux trai­              xième ou troisième ligne, un triplet
bien établie, en particulier aux stades           tements de deuxième ligne (
a montré la supériorité du triplet ou      peuvent être détectées dans le cadre          Plusieurs classifications molécu­
doublet de thérapies ciblées sur la        de panels NGS.                                laires des CCR ont fait l’objet d’un
SG (objectif principal, médiane : 9,0                                                    consensus international pour rete­
mois avec le triplet vs. 5,4 mois dans     Au même titre que le phénotype MSI,           nir quatre sous-groupes transcripto­
le bras contrôle, HR : 0,52, p
le lapatinib n’ont pas montré d’effica­        gènes codant pour des protéines de
Cancer œsogastrique                        cité dans les cancers de l’estomac et          signalisation oncogéniques ciblables ;
                                           de la JOG avancés HER2-positifs (1).           des tumeurs génomiquement stables,
                                           Le trastuzumab-deruxtecan a quant              qui sont enrichies en type histolo­
Surexpression/amplification                à lui montré des premiers résultats            gique diffus et porteuses d’altérations
HER2                                       d’efficacité récents (63). Le statut           génétiques impliquant des protéines
HER2 est un autre récepteur à activité     HER2 n’a en revanche pas d’impact              activant la GTPase de la famille Rho ;
tyrosine kinase membre de la famille       sur la décision thérapeutique dans les         et les tumeurs avec instabilité chro­
de l’EGFR (ERBB) (1). Il n’a pas de        formes localisées, le niveau de preuve         mosomique, qui présentent une aneu­
ligand connu et est le partenaire d’hé­    pour l’ajout de thérapies anti-HER2            ploïdie marquée et une amplification
térodimérisation préféré des autres        dans cette indication étant insuffi­           focale des récepteurs tyrosine kinases
récepteurs ERBB (ex. : HER3). Dans         sant.                                          (69).
le cancer gastrique, HER2 agit comme       La détermination du statut HER2 doit           Environ 10 % des cancers de l’estomac
un oncogène. La surexpression d’HER2       être réalisée chez tous les patients           ont un phénotype MSI (70). À la
est associée à une amplification de        avec un adénocarcinome gastrique,             différence du CCR, les méthodes de
segments du chromosome 17. HER2            de la JOG ou de l’œsophage de stade            diagnostic du statut MSI dans les
est surexprimé dans environ 30 % des       avancé, éligibles à un traitement systé­   tumeurs gastriques (et plus large­
cancers gastriques de type intestinal,     mique, et elle est recommandée (mais          ment autres tumeurs non-colorec­
15 % de type mixte, et environ 5 %         non obligatoire) chez tous les patients        tales) sont moins bien standardisées
de type diffus (60). Selon la localisa­    opérés d’un cancer gastrique (TNCD,          et il est recommandé de réaliser
tion de la tumeur, la surexpression        2018). L’IHC doit être la première             la technique complémentaire pour
d’HER2 est plus fréquente au niveau        technique réalisée (64). L’évaluation          confirmer si l’une des deux techniques
du cardia / jonction œso-gastrique         de l’expression d’HER2 en IHC dans             (IHC ou PCR) est positive (11). Outre
(JOG) (environ 30 %) que de l’estomac      le cancer de l’estomac fait l’objet            la recherche d’un syndrome de Lynch,
(20 %) (60).                               d’un protocole spécifique, distinct de         la détermination du statut MSI dans
La surexpression de HER2 chez              celui utilisé pour le cancer du sein,          l’adénocarcinome gastrique a deux
les patients atteints d’un cancer          afin de prendre en compte les spéci­           intérêts : aide à la décision pour le
gastrique avancé a été corrélée à un       ficités de l’expression d’HER2 dans            traitement péri-opératoire et sélec­
mauvais pronostic et à une maladie         l’estomac, notamment son hétérogé­             tion des patients pour une immu­

                                                                                                                                    CANCÉROLOGIE
plus agressive, bien que ces études        néité intra-tumorale et la présence            nothérapie. Les tumeurs gastriques
soient limitées par leurs faibles effec­   d’un marquage souvent incomplet et             MSI sont associées à un meilleur
tifs, l’hétérogénéité des patients, des    localisé aux membranes baso-latérales          pronostic et sont davantage chimioré­
méthodes de tests HER2 et de classi­       et latérales (Figure 2) (65, 66). Des          sistantes. Aux stades localisés, l’ana­
fication du statut HER2 (61).              échantillons chirurgicaux représenta­          lyse a posteriori de ce sous-groupe de
                                           tifs ou un nombre suffisant de biopsies        patients de l’étude MAGIC a montré
Cliniquement, HER2 a été établi            (au moins huit) sont nécessaires (64).         que les patients avec tumeur MSI non
comme biomarqueur prédictif pour les       L’ISH est indiquée en cas de marquage          traités par chimiothérapie avaient un
thérapies ciblées anti-HER2. La preuve     IHC 2+ (64). Au moins 20 cellules              excellent pronostic (médiane de SG
de concept de l’inhibition de HER2         sans chevauchement doivent être                non atteinte) alors que les patients
a été obtenue pour la première fois        évaluables. L’amplification HER2 est           MSI traités par chimiothérapie péri-­
dans le cancer du sein HER2-positif, à     définie par un ratio HER2/chromo­              opératoire avaient une SG particuliè­
la fois dans les situations de maladie     some 17 ≥ 2.0. Une tumeur est classée          rement limitée (9 mois de médiane),
précoce et métastatique avec des           HER2-positive en cas de score IHC 3+           suggérant un potentiel effet délétère
agents ciblant ce récepteur, tels que      ou IHC 2+ avec ISH positive (64). Une          de la chimiothérapie (71). De même,
les mAc trastuzumab, pertuzumab,           bonne concordance a été rapportée              les données d’une étude asiatique ont
trastuzumab-emtansine (T-DM1), et          entre la tumeur primitive et les métas­        montré l’absence d’efficacité de la
IMK comme le lapatinib (1). Dans           tases, ainsi qu’entre la biopsie et les        chimiothérapie adjuvante par XELOX
les cancers gastriques et de la JOG        échantillons de tumeurs réséquées,             dans le sous-groupe des patients
avancés, la surexpression d’HER2           bien qu’une diminution de l’expres­            MSI (72). La chimiothérapie péri-­
est prédictive de réponse au trastu­       sion de HER2 ait été observée après            opératoire par FLOT (ou FOLFOX pour
zumab, établie sur la base de l’étude      chimiothérapie néoadjuvante (67, 68).          les patients plus fragiles), standard
de phase III ToGA (62). Cette étude                                                       dans les cancers gastriques opérables,
avait montré la supériorité de l’ajout     MSI et biomarqueurs émergents                  ne semble donc pas la stratégie la plus
du trastuzumab à la chimiothérapie         (EBV, MSI, PD-L1)                              adaptée en cas de tumeur MSI (73).
par fluoropyrimidine et cisplatine         Des classifications moléculaires ont           En revanche, au même titre que les
par rapport à la chimiothérapie seule      permis de démembrer les cancers                CCR MSI, ces tumeurs sont sensibles
chez les patients atteints de cancers      gastriques en quatre sous types :              à l’immunothérapie (taux de réponse
gastriques ou de la JOG avancés HER2-      les tumeurs positives pour le virus            au pembrolizumab : 86 %), en parti­
positifs en termes de SG (objectif prin­   Epstein-Barr (EBV), qui présentent             culier aux stades avancés (74). En
cipal, médiane : 13,8 vs. 11,1 mois,       des mutations récurrentes de PIK3CA,           situation péri-opératoire, l’étude
HR : 0,74, p=0,0046) et de SSP, et a       une hyperméthylation extrême de                GERCOR NEONIPIGA (NCT04006262),
permis au trastuzumab d’obtenir une        l’ADN et une amplification de JAK2,            permet à ces patients d’avoir un accès
AMM dans cette indication en 2010.         PD-L1 et PD-L2 ; les tumeurs MSI,              à une immunothérapie par nivolumab
En revanche, à la différence du cancer     qui présentent des taux de mutation            (anti-PD1) associé à l’ipilimumab
du sein, le pertuzumab, le T-DM1 et        élevés, y compris des mutations de             (anti-CTLA4). Les cancers gastriques

                                                              159
Echantillon tissulaire d’adénocarcinome œsogastrique

                                                           IHC HER2

                                        Pièce opératoire
      Pièce opératoire
                                    Marquage membranaire                Pièce opératoire
   Marquage membranaire
                                   faible à modéré, complet,
        fort, complet,                                               Marquage membranaire
                                      basolatéral ou latéral                                              Pièce opératoire
    basolatéral ou latéral                                             incomplet, minime
                                     sur ≥ 10% des cellules
   sur ≥ 10% des cellules                                            sur ≥ 10% des cellules            Absence de marquage
                                            tumorales
          tumorales                                                         tumorales                ou marquage membranaire
                                             Biopsie                                                   sur < 10% des cellules
           Biopsie                                                            Biopsie                         tumorales
                                      Groupe (cluster) de
    Groupe (cluster) de                                                Groupe (cluster) de
                                    cellules avec marquage                                                   Biopsie
  cellules avec marquage                                             cellules avec marquage
                                      membranaire faible
 membranaire fort, complet,                                           membranaire minime               Absence de marquage
                                      à modéré, complet,
   basolatéral ou latéral,                                            quelque soit le % de
                                     basolatéral ou latéral,
   quelque soit le % de                                                 cellules marquées
                                     quelque soit le % de
     cellules marquées
                                       cellules marquées

         IHC 3+                            IHC 2+                          IHC 1+                            IHC 0
           Positif                        Equivoque                         Négatif                           Négatif

    ISH non requise                          ISH                                       ISH non requise

              Figure 2 : Algorithme de scoring HER2 dans le cancer gastrique [adapté de Bartley et al. (64)]

EBV positifs semblent aussi être de         Checkmate-649 a évalué l’ajout du           KRAS, non ciblables à ce jour en théra­
bons répondeurs à l’immunothérapie          pembrolizumab à la chimiothérapie           peutique. Les thérapies ciblées admi­
(taux de réponse au pembrolizumab :         de première ligne dans l’adénocar­          nistrées à des patients atteints de
100 %), mais ces données reposent           cinome de l’estomac et de la JOG et         cancers du pancréas non sélectionnés
sur des études de faibles effectifs et      a confirmé une activité de ces trai­        sur le plan moléculaire ont, pendant
demandent à être confirmées pour            tements plus particulièrement pour          plus d’une décennie, toutes échoué à
recommander la détermination du             les patients avec expression forte          améliorer significativement la survie
statut EBV (détection par sonde EBER        de PD-L1 (score CPS ≥ 5, popula­            des patients (1). Des progrès récents
en ISH) en routine (74).                    tion cible de l’objectif principal de       sont venus de l’identification de petits
                                            l’étude). L’étude était positive à la       sous-groupes de patients avec des
En dehors du phénotype MSI, l’expres­       fois sur la SG (médiane : 14,4 vs.          altérations moléculaires spécifiques.
sion de PD-L1 est aussi prédictive de       11,1 mois, HR : 0,71, p< 0,0001)
réponse à l’immunothérapie. Dans            et la SSP (7,7 vs. 6 mois, HR : 0,68,       Environ 10 % des adénocarcinomes
le cancer gastrique, elle est évaluée       p< 0,0001) (76). L’AMM de l’immuno­         du pancréas sont développés dans
par un score combiné d’expression           thérapie dans l’estomac pourrait être       un contexte de prédisposition géné­
dit « CPS », qui correspond au ratio        limitée à ce sous-groupe de patients.       tique. L’altération génétique consti­
du nombre de cellules tumorales                                                         tutionnelle la plus fréquente est la
ou stromales PD-L1-positives sur le                                                     mutation de BRCA2, ou moins souvent
nombre de cellules tumorales, multi­                                                    de BRCA1. Ces gènes sont impliqués
plié par 100. Des études antérieures        Cancer du pancréas :                        dans les syndromes de prédisposition
en ligne tardive avaient montré une                                                     aux cancers du sein, de l’ovaire et de
activité plus importante des anti-PD1
                                            mutations germinales BRCA                   la prostate (mode de transmission
chez les patients dont les tumeurs                                                      autosomique dominant, comme le
exprimaient plus fortement le PD-L1         Les cancers du pancréas sont carac­         syndrome de Lynch), et peuvent aussi
(phase III KEYNOTE-062, seuil CPS           térisés par une fréquence très élevée       s’associer dans certaines familles
≥ 10) (74, 75). L’étude de phase III        (> 90 %) de mutations activatrices          à des cancers du pancréas. Elles

                                                               160
sont plus fréquentes dans certains         un adénocarcinome du pancréas              moléculaire ciblable était d’environ
groupes ethniques, en particulier chez     métastatique contrôlé après quatre         70 %. L’administration de traitements
les Juifs ashkénazes (14 % vs. 7 %).       mois (8 cycles) de chimiothérapie d’in­    ciblés sur ces anomalies a montré
BRCA est impliqué dans la réparation       duction par FOLFIRINOX, et comprend        un bénéfice clinique (défini par le
des cassures double brin de l’ADN          un bras permettant l’administration        rapport SSP avec la thérapie ciblée
par recombinaison homologue (77).          d’un traitement de maintenance par         sur SSP avec la ligne antérieure > 1,3)
Lorsqu’il est inactivé dans les cellules   olaparib chez les patients présentant      chez 80 % des patients et un taux de
tumorales, elles deviennent défi­          une BRCAness somatique.                    réponse objective de 33 %.
cientes pour réparer ces cassures, les
rendant particulièrement sensibles         À côté des altérations de BRCA,
aux chimiothérapies induisant des          d’autres altérations peuvent être          Les principales altérations ciblables
cassures de l’ADN comme les platines       accessibles à des traitements ciblés :     décrites sont (i) dans les CCA
(78). De plus, le système poly(ADP-ri­     phénotype MSI (1 % des patients,           intra-hépatiques, des mutations de
bose) polymérase (PARP) prend alors        recommandé pour discuter l’adminis­        l’isocitrate déshydrogénase-1 (IDH1),
partiellement le relais pour réparer les   tration d’une immunothérapie dans          impliquée dans le métabolisme cellu­
cassures de l’ADN et devient le « talon    le cadre d’essais cliniques) et trans­     laire mitochondrial, et des réarran­
d’Achille » des cellules tumorales.        crits de fusion (ex. : NTRK, NRG1, ALK,    gements du récepteur au facteur de
L’enzyme PARP répare les cassures          RET ; qui peuvent être recherchés          croissance des fibroblastes (FGFR2),
simple brin de l’ADN et les inhibiteurs    par des panels NGS ARN ciblés type         présents chacun chez 10 % à 20 % des
de PARP bloquent de manière cata­          Archer®), plus particulièrement chez       patients ; (ii) des altérations des gènes
lytique cette enzyme. Des cassures         les patients non porteurs de muta­         de la famille de l’EGFR (mutation ou
double brin se produisent alors            tions KRAS (5 %-10 % des patients,         amplification HER2, HER3) dans les
pendant la réplication de l’ADN et         à discuter mais non recommandé en          CCA extra-hépatiques et les cancers
les cellules tumorales dépourvues de       routine) (80, 81).                         de la vésicule biliaire ; (iii) d’autres
système BRCA ne peuvent les réparer                                                   transcrits de fusions (notamment,
et meurent par le principe de létalité                                                NTRK) et des mutations BRAF ; (iv)
synthétique (77). Ce concept avait                                                    une instabilité des microsatellites,
déjà été démontré dans les cancers         Cancers des voies                          présente chez 5 %-10 % des CVB
                                                                                      (84). Les altérations d’IDH1 (étude
du sein, de l’ovaire ou de la prostate.    biliaires : place                          de phase III positive avec l’ivosidenib
L’efficacité de l’olaparib (inhibiteur
                                           du séquençage NGS

                                                                                                                                  CANCÉROLOGIE
de PARP) a été évaluée dans l’essai                                                   (85) chez les patients pré-traités) et
de phase III POLO en monothérapie                                                     de FGFR2 [études de phase II positives
comme traitement de maintenance                                                       avec le pemigatinib (86) et l’infigra­
                                           Comme pour le cancer du pancréas,
chez les patients atteints de cancer                                                  tinib (87) chez les patients pré-traités
                                           les essais avec des thérapies ciblées
du pancréas métastatique et porteurs                                                  et phase III en cours en première
                                           « classiques » (principalement anti-
d’une mutation germinale de BRCA1                                                     ligne] sont les deux principales cibles
                                           EGFR et anti-angiogéniques) dans
ou BRCA2, dont la maladie était                                                       thérapeutiques « modernes » dans les
                                           des populations de patients non sélec­
contrôlée après au moins quatre mois                                                  CCA intra-hépatiques dont le déve­
                                           tionnés sur le plan moléculaire, seuls
d’une chimiothérapie de première                                                      loppement clinique est le plus avancé
                                           ou en association avec la chimiothé­
ligne comportant un platine (79).                                                     (84).
                                           rapie, n’ont démontré aucun bénéfice
L’étude était positive sur son objectif    de survie significatif chez les patients
principal, la SSP (médiane : 7,4 vs.       atteints de cancers des voies biliaires
3,8 mois, HR : 0,53, p= 0,004), et ces                                                Des procédures d’accès à ces molé­
                                           (CVB) avancés (1).                         cules par ATU sont en cours d’activa­
résultats ont conduit à l’obtention
d’une AMM européenne dans cette            Ces dernières années, les connais­         tion et des essais cliniques les évaluent
indication.                                sances sur l’hétérogénéité molécu­         en première ligne. Ces opportunités
                                           laire des CVB ont considérablement         thérapeutiques et les essais théra­
Les altérations germinales de BRCA         progressé avec l’avènement des             peutiques en cours incitent à réaliser
sont recherchées au niveau sanguin,        analyses génomiques et transcripto­        précocement au cours du parcours une
dans le cadre d’une consultation d’on­     miques par NGS, ouvrant de nouvelles       détermination du statut MSI et HER2
cogénétique ou non. Ses conditions de      voies pour les thérapies ciblées           en IHC (simples et peu coûteux) et un
réalisation font actuellement l’objet      et la stratification thérapeutique         panel NGS ADN (pour la recherche
d’un groupe de travail à l’INCa afin       des patients. Certaines anomalies          des mutations, incluant IDH1, BRAF,
d’établir des recommandations. Il          moléculaires ont été identifiées           et la famille EGFR/HER) et ARN (pour
n’est pas possible à ce jour d’étendre     spécifiquement selon le type de            la recherche de transcrits de fusion,
l’indication de l’olaparib aux muta­       CVB (cholangiocarcinomes [CCA]             incluant FGFR2 et NTRK). L’ESMO a
tions somatiques (c’est-à-dire détec­      intra-hépatiques, extra-hépatiques,        récemment validé cette recomman­
tées uniquement dans la tumeur) et         adénocarcinome de la vésicule              dation de réalisation d’un panel NGS
aux mutations autres que BRCA1/2           biliaire) (82).                            chez les patients atteints de CVB en
induisant un phénotype similaire de                                                   routine (7). L’étude PRODIGE SAFIR
déficience du système de réparation        L’essai MOSCATO-01 a fourni les            ABC 10 débutera prochainement, et
de l’ADN par recombinaison homo­           premières preuves qu’un profil             proposera un traitement de mainte­
logue (HRD ou « BRCAness ») (80).          moléculaire était faisable et pouvait      nance bioguidé à partir du profil ADN/
L’étude PRODIGE MAZEPPA en cours           apporter un bénéfice chez ces              ARN de la tumeur après une chimio­
(NCT04348045) établit un profil molé­      patients (83). Le taux de réussite         thérapie d’induction par gemcitabine
culaire tumoral des patients ayant         pour détecter au moins une altération      et cisplatine.

                                                             161
métastatique, le génotypage prédit         développement de ces nouveaux trai­
Tumeurs stromales                          la sensibilité à l’imatinib. Les muta­     tements a été indissociable de l’iden­
gastro-intestinales (GIST) :               tions de KIT sont les plus fréquentes      tification de marqueurs compagnons
                                           dans l’exon 11 (63 %-66 %), suivi de       pour en orienter la prescription ;
KIT et PDGFRA                              l’exon 9 (6 %-13 %), et sont rarement      cette meilleure sélection des patients
                                           retrouvées dans les exons 13 et            a permis d’obtenir des résultats dans
                                           17 (< 2 %) (90, 91). La plupart des        des indications où les thérapies
L’imatinib, un IMK dirigé contre           GIST avec mutations de KIT exon 11 ou      ciblées « pour tous » avaient échoué
l’activité kinase BCR-ABL, c-KIT et        13 sont sensibles à l’imatinib ; la dose   (l’exemple le plus marquant étant
PDGFRA, a été le premier agent ciblé       de 400 mg/jour en première inten­          celui des CVB). Les altérations molé­
approuvé dans le traitement des            tion est validée (90-92). Les muta­        culaires ESCAT I/II dans les différentes
tumeurs stromales gastro-intesti­          tions de KIT exon 9 sont associées         localisations sont résumées dans le
nales (GIST) avancées (2). L’imatinib      à la localisation de l’intestin grêle      tableau 2 (7). Malgré ces résultats
a été initialement développé en 1998       ou du côlon, au phénotype à cellules       positifs et leur niveau de preuve, ces
pour la leucémie myéloïde chronique,       fusiformes avec des caractéristiques       innovations ne peuvent malheureuse­
une maladie provoquée par la kinase        clinico-pathologiquement agressives        ment pas être transposées immédiate­
BCR-ABL avec un phénotype de               et à une moindre sensibilité à l’ima­      ment en pratique clinique en France
dépendance oncogénique, réalisant,         tinib ; l’utilisation d’imatinib à forte   du fait de problématiques d’AMM ou
historiquement, la première preuve         dose (800 mg/jour) dans les formes         de remboursement (ex. : inhibiteurs
de concept de l’inhibition spécifique      avancées est soutenue par l’augmen­        de NTRK). Une réflexion sur l’accélé­
d’une activité tyrosine kinase en          tation de la SSP médiane, mais pas         ration et la diffusion de l’accès à l’in­
tant qu’intervention thérapeutique         en SG, qui a été observée dans la          novation, prenant en compte tout à la
cliniquement utile, et donnant le          méta-analyse MetaGIST (90-92). Les         fois le bénéfice clinique, la dimension
premier succès remarquable des IMK         mutations de KIT exon 17 sont rares et     éthique (dans le cas de l’impossibi­
en onco-hématologie. Sur la base           certaines d’entre elles (par exemple,      lité de prescription d’un traitement
de son large spectre d’inhibition du       D816V) sont résistantes à l’imatinib       efficace), et les implications en
kinome s’étendant à c-KIT, et sachant      (90, 91). Les mutations de PDGFRA          termes de coûts liés aux traitements
depuis la fin des années 1990 que          (10 %-15 %) sont fréquentes dans           eux-mêmes et aux recherches molé­
les GIST étaient entraînées par des        les GIST gastriques, avec un phéno­        culaires associées doit être engagée.
mutations de gain de fonction de           type épithélioïde et un comportement
ce récepteur tyrosine kinase, l’ima­       indolent (90, 91). Les mutations des
tinib a été testé chez un seul patient     exons 12 et 14 sont peu fréquentes
avec une GIST métastatique chimio­         mais présentent une sensibilité à
réfractaire et a montré une efficacité     l’imatinib (90, 91). À l’inverse, la
remarquable, avec une réponse méta­        mutation prédominante de PDGFRA,           Références
bolique complète et prolongée. Suite       l’exon 18 D842V, est associée à une
à la publication de ce cas clinique        résistance à l’imatinib, ainsi qu’au       1.	Neuzillet C, Rousseau B, Kocher H, et al.
en 2001, un essai ouvert de phase II       sunitinib et au régorafénib ; elles            Unravelling the pharmacologic opportu-
a montré l’efficacité de l’imatinib        peuvent être ciblées par des molécules         nities and future directions for targeted
(400 mg ou 600 mg par jour) chez           spécifiques (avapritinib, accessible           therapies in gastro-intestinal cancers Part
les patients atteints de GIST avancée                                                     1: GI carcinomas. Pharmacol Ther 2017;
                                           en ATU de cohorte). Les GIST wild-             174: 145-172.
c-KIT-positive (88). Ces résultats         type (négatives pour les mutations
ont permis l’obtention d’une AMM           de KIT et PDGFRA, 10 %-15 %) sont          2.	Neuzillet C, de Mestier L, Rousseau B,
en 2002. Par la suite, il a été démontré                                                  et al. Unravelling the pharmacologic
                                           de génotype hétérogène et peuvent              opportunities and future directions
que les tumeurs répondaient à des          inclure des mutations dans HRAS,               for targeted therapies in gastro-intes-
degrés variables en fonction du            NRAS, BRAF, NF1 ou le complexe SDH             tinal cancers part 2: Neuroendocrine
type de mutation KIT portée par la         ; certaines d’entre elles sont liées à         tumours, hepatocellular carcinoma,
GIST. Au-delà des mutations de KIT,                                                       and gastro-intestinal stromal tumours.
                                           des syndromes familiaux (90, 91).              Pharmacol Ther 2018; 181: 49-75.
d’autres profils moléculaires de GIST      Elles ont une sensibilité variable à
ont été décrits (mutation de PDGFRA,       l’imatinib mais cette molécule ne doit     3.	Biomarkers and surrogate endpoints:
GIST « wild-type » sans mutation de                                                       preferred definitions and conceptual
                                           pas être exclue (90-92). L’ensemble            framework. Clin Pharmacol Ther 2001;
KIT ni PDGFRA).                            de ces résultats justifie la réalisation       69: 89-95.
                                           d’un profil mutationnel systématique       4.	Febbo PG, Ladanyi M, Aldape KD, et
Ces résultats ont été le point de          au diagnostic de GIST (89).                    al. NCCN Task Force report: Evaluating
départ de la stratification géno­                                                         the clinical utility of tumor markers in
typique des patients dans la prise                                                        oncology. J Natl Compr Canc Netw
en charge des GIST (2). Dans les                                                          2011; 9 Suppl 5: S1-32; quiz S33.
GIST résécables, le génotype est un
outil complémentaire à la classifi­
                                           Conclusion                                 5.	Test compagnon associé à une thérapie
                                                                                          ciblée : définitions et méthode d’éva-
cation de Miettinen pour évaluer                                                          luation. Guide méthodologique HAS -
                                                                                          Février 2014.
le risque de récidive (89). Les GIST       Au cours des dernières années, l’onco­
avec mutation de KIT ont un risque         logie digestive a connu des évolutions     6.	Mateo J, Chakravarty D, Dienstmann R,
de récidive supérieur à celles avec        avec plusieurs études de phase III             et al. A framework to rank genomic alter-
                                                                                          ations as targets for cancer precision
mutation de PDGFRA, les GIST wild-         positives ayant permis de positionner          medicine: the ESMO Scale for Clinical
type ayant un risque intermédiaire         de nouvelles molécules sur des popu­           Actionability of molecular Targets
entre ces 2 groupes (89). Au stade         lations de patients sélectionnés. Le           (ESCAT). Ann Oncol 2018; 29: 1895-1902.

                                                             162
Vous pouvez aussi lire