Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification et appropriation de l'espace public dans l'arrondissement du Sud-Ouest de Montréal (Canada) Whose Park ...

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Lien social et Politiques

III L’épreuve du logement

Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification et appropriation de
l’espace public dans l’arrondissement du Sud-Ouest de
Montréal (Canada)
Whose Park Is It Anyway? Gentrification and Appropriation of
Public Space in Montreal’s Sud-Ouest Borough (Canada)
Hélène Bélanger

Number 63, printemps 2010                                                           Article abstract
Le logement et l’habitat : enjeux politiques et sociaux                             In this paper we present the results of an exploratory study conducted in
                                                                                    Montreal’s Sud-Ouest borough into the effects of the revitalization of public
URI: https://id.erudit.org/iderudit/044156ar                                        spaces on physical and social changes in adjacent neighbourhoods. Even if the
DOI: https://doi.org/10.7202/044156ar                                               insertion of new upscale housing into the existing urban fabric may appear to
                                                                                    be statistically marginal, traditional residents have seen, and are still seeing,
                                                                                    changes to the environment in which they live. These changes have an impact
See table of contents
                                                                                    on their everyday territory. The results of our surveys, which used a mixed
                                                                                    methodology, indicate that traditional residents of the area, excluding the
                                                                                    Lachine Canal park, have redefined their sense of home territory.
Publisher(s)
Lien social et Politiques

ISSN
1204-3206 (print)
1703-9665 (digital)

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Bélanger, H. (2010). Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification et appropriation
de l’espace public dans l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal (Canada).
Lien social et Politiques, (63), 143–154. https://doi.org/10.7202/044156ar

Tous droits réservés © Lien social et Politiques, 2010                             This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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                                                                                   This article is disseminated and preserved by Érudit.
                                                                                   Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal,
                                                                                   Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to
                                                                                   promote and disseminate research.
                                                                                   https://www.erudit.org/en/
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        Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification
        et appropriation de l’espace public dans
        l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal (Canada)1

        Hélène Bélanger

           Les espaces publics, en tant                     lais sont témoins de transforma-                    mique d’un secteur de la ville, cer-
        qu’espaces physiques ouverts à                      tions physiques et sociales par                     tains craignent qu’elles induisent
        tous, sont le théâtre d’enjeux dont                 suite des investissements gouver-                   la gentrification des quartiers.
        la résultante peut affecter tant le                 nementaux importants sur des                        Avec l’arrivée d’une nouvelle
        quotidien des individus que le                      espaces publics, à l’intérieur des                  population au mode de vie diffé-
        développement des collectivités.                    espaces résidentiels ou contigus à                  rent, la cohabitation entre les
        Dans les espaces publics, les indivi-               eux. C’est le cas du projet de revi-                deux groupes de résidants pourra
        dus et les groupes s’engagent dans                  talisation d’un parc linéaire par le                être difficile, voire conflictuelle, en
        des activités civiles, citoyennes ou                gouvernement fédéral, le gouver-                    ce qui concerne les représenta-
        commerciales. Mais les espaces                      nement du Québec et la Ville de                     tions et les modes d’appropriation
        publics sont également des lieux                    Montréal, sur le lieu de naissance                  des espaces publics.
        de sociabilité et d’identité (Bas-                  de l’industrialisation canadienne.
                                                                                                                   Le présent article expose les
        sand et coll., 2001). Ces enjeux qui                La revitalisation du parc du
                                                                                                                premiers résultats d’une recher-
        se côtoient, s’entrecroisent et se                  Canal-de-Lachine a favorisé la
                                                                                                                che exploratoire sur les percep-
        confondent parfois font des espaces                 réhabilitation de la friche indus-
                                                                                                                tions et les modes d’appropriation
        publics des « lieux propices aux
                           †                                trielle à des fins résidentielles de
                                                                                                                des espaces publics dans les quar-
        conflits » (Chaumard, 2001). Les
                 †                                          luxe. L’arrivée d’une nouvelle
                                                                                                                tiers en voie de gentrification. Des
        interventions publiques ou privées                  population dans des bâtiments
                                                                                                                nombreuses études sur la gentrifi-
        dans les espaces publics peuvent                    industriels ou sur des terrains
                                                                                                                cation, peu se sont attardées sur
        rarement être neutres.                              vacants a à son tour favorisé des
                                                                                                                les perceptions, les significations
                                                            transformations majeures du
           La ville de Montréal constitue                                                                       et l’appropriation des espaces
                                                            cadre bâti environnant.
        un excellent laboratoire d’analyse                                                                      publics des quartiers résidentiels.
        des modes d’appropriation et                           Même si certaines interventions                  C’est pourquoi, ce projet vise plus
        d’utilisation des espaces publics                   de revitalisation ont pour objectif                 spécifiquement à mieux com-
        dans les quartiers en gentrifica-                   de réduire la dégradation phy-                      prendre :1) les impacts des actions
                                                                                                                          †

        tion. Plusieurs quartiers montréa-                  sique ou le déclin socioécono-                      de revitalisation des espaces publics

        Lien social et Politiques, 63, Le logement et l’habitat : enjeux politiques et sociaux. Printemps 2010, pages 143 à 154.
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            LIEN   SOCIAL ET   POLITIQUES, 63            discussion sur les premiers résul-      sus de gentrification » en deux
                                                                                                                         †

                                                         tats d’enquêtes, toujours en cours      types de définitions. Le premier
            Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification
            et appropriation de l’espace public dans     dans l’arrondissement du Sud-           type est davantage axé sur la pro-
            l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal    Ouest.                                  duction de l’espace à travers la
            (Canada)                                                                             promotion immobilière (voir entre
                                                         Gentrification et revitalisation        autres Smith, 1996), le second, sur
                                                         des quartiers centraux                  la consommation de l’espace,
                                                                                                 c’est-à-dire à travers des actions
                                                            On doit à Ruth Glass la mise en
                                                                                                 individuelles de réhabilitation du
                                                         exergue d’une nouvelle dyna-
                                                                                                 bâti résidentiel (voir entre autres
                                                         mique de « retour en ville » de gen-
                                                                                                 Ley, 1996 ; Rose, 1984). Mais,
                                                                    †               †

                                                                                                             †

                                                         tries dans les quartiers centraux de
                                                                                                 quelle que soit la définition choi-
   144                                                   Londres au début des années 1960
                                                                                                 sie pour illustrer le processus de
                                                         (Glass, 1989). Depuis, de nom-
                                                                                                 transformations à la fois physique
                                                         breux cas similaires ont été rele-
            dans le processus de gentrifica-                                                     et sociale d’un quartier, on retrouve,
                                                         vés ailleurs dans le monde et des
            tion ; et 2) les changements de                                                      dans la plupart des cas, cette idée
                   †
                                                         différences ont été observées
            signification des espaces publics à                                                  de déplacement d’une population,
                                                         quant à l’ampleur du phénomène,
                                                                                                 d’une substitution d’une popula-
            travers les modes d’appropriation            quant à la rapidité du processus et
                                                                                                 tion de classe ouvrière, en général
            et leur influence sur la satisfaction        à ses répercussions physiques et
                                                                                                 moins fortunée, par une popula-
            résidentielle et le désir de mobi-           sociales sur les quartiers touchés.
                                                                                                 tion plus fortunée ou à tout le
            lité.                                        Certains travaux se sont particu-
                                                                                                 moins possédant un capital cultu-
                                                         lièrement intéressés à l’impact de
               Il est difficile de juger a priori                                                rel considéré plus important.
                                                         projets de rénovation urbaine
            des impacts des opérations de
                                                         comme créateur, accélérateur ou            Ces ménages « gentrifieurs », au
            revitalisation des espaces publics
                                                                                                                    †            †

                                                         facilitateur de gentrification (voir    mode de vie davantage axé sur le
            sur la mobilité résidentielle. Nous
                                                         par exemple Smith, 1996), ou, à         travail et les loisirs que sur la vie
            avançons l’hypothèse que les rési-
                                                         l’opposé, se sont intéressés à l’im-    familiale comme en banlieue,
            dants traditionnels (définis sur la
                                                         pact de certaines spécificités plus     seraient attirés par la proximité
            base de leurs profils socioprofes-
                                                         ou moins locales pouvant ralentir       du centre des affaires et des infra-
            sionnels et non seulement sur la
                                                         le processus, comme le contrôle         structures culturelles et de loisir,
            durée de résidence dans le quar-
                                                         des loyers (voir par exemple            dans des quartiers possédant
            tier) se sentent envahis dans leur
                                                         Rochefort, 1991).                       d’importantes qualités architectu-
            territoire du chez-soi par l’arrivée
                                                                                                 rales et urbanistiques (Podmore,
            d’une nouvelle population qui                   Force est de constater aujour-
                                                                                                 1998 ; Ley, 1996 ; Dansereau et
                                                                                                      †             †

            s’approprie les espaces publics.             d’hui, après plus de 40 ans de
                                                                                                 L’Écuyer, 1987). En investissant
            Une réaction de repli dans la                recherche sur la gentrification, que
                                                                                                 des quartiers traditionnellement
            sphère privée (une redéfinition du           les chercheurs semblent davantage
                                                                                                 ouvriers, ils participeraient à leur
            territoire du chez-soi) pourrait en          s’éloigner d’un consensus sur ce
                                                                                                 transformation sociale et physique.
            résulter, provoquant une augmen-             qui caractérise ou définit ce ou ces
            tation du niveau d’insatisfaction            processus que de s’en approcher.        Revitalisation ou gentrification
            du milieu de vie. C’est cette ques-          La gentrification semble peu à peu      induite ?
            tion qui sera explorée dans les              devenir un concept omnipotent
            pages qui suivent. Les deux pre-             qui traduit toute dynamique d’élé-         Comme l’ont souligné entre
            mières parties de l’article servi-           vation du statut socioéconomique        autres Atkinson et Wulff (2009),
            ront à explorer les concepts de              ou socioprofessionnel dans les          les administrations publiques peu-
            gentrification, de revitalisation,           quartiers, et ce, quels qu’en soient    vent voir de nombreux avantages
            d’espace public et leur articula-            les origines, les acteurs ou les pro-   à la gentrification des quartiers
            tion. Suivront la présentation de la         cessus2. Bidou (2003 : 14) regroupe
                                                                              †                  centraux. Des quartiers aupara-
            stratégie méthodologique et une              par ailleurs ces différents « proces-
                                                                                        †        vant délabrés et abandonnés par
LSP 63-17   25/06/10       14:06   Page 145

        de nombreuses activités écono-          explique la mise en place de poli-      Déplacements forcés ou
        miques, renaissent sous l’impul-        tiques et de programmes de              succession de résidants ?
        sion de nouveaux arrivants. Le          déconcentration de la pauvreté,
        cadre bâti se refait une beauté, de                                                L’insatisfaction des résidants
                                                de reconstruction de complexes
        nouvelles activités commerciales                                                traditionnels quant aux transfor-
                                                résidentiels pour y inclure davan-
        ou de services s’installent afin de                                             mations sociales est également
                                                tage de mixité, et d’insertion de
        répondre aux besoins de cette                                                   alimentée par la crainte des dépla-
                                                nouveaux logements dans le tissu
        nouvelle population. S’ensuit une                                               cements forcés. Ces déplacements
                                                résidentiel existant, une « gentrifi-
                                                                           †

                                                                                        peuvent être forcés par l’éviction
        augmentation des revenus de             cation instantanée » dont parle
        taxation. Pour ces raisons, cer-
                                                                     †
                                                                                        du logement, par les pressions du
                                                Rose (2004).                            marché immobilier, voire même
        taines administrations seront ten-
        tées de favoriser, de faciliter la         Ces transformations sociales         par les pressions (ou le harcèle-
        gentrification, voire d’en faire un     peuvent être mal accueillies par        ment) de certains propriétaires,         145
        objectif plus ou moins avoué. Ils                                               qui voient de nombreux intérêts à
                                                les résidants traditionnels comme
        investiront alors dans la création                                              « mettre à niveau » les logements
                                                                                         †                   †

                                                le prouvent les nombreux mouve-
        ou la revitalisation d’espaces                                                  pour une population plus fortunée
                                                ments anti-gentrification qui font
        publics, dans la fourniture de ser-                                             (Smith, 1996 ; Atkinson et Wulff,
                                                                                                         †

                                                régulièrement les manchettes3.
        vices ou dans le design urbain. Ils                                             2009 ; Newman et Wyly, 2006 ;
                                                                                             †                               †

                                                Elles peuvent aussi être à la base      Freeman, 2005). Réalité difficile-
        tenteront de créer une nouvelle         d’une structure sociale tectonique
        image du quartier et ainsi d’attirer                                            ment mesurable, la question des
                                                (Robson et Butler, 2001 cités par       déplacements forcés par des pro-
        de nouveaux investisseurs et de
                                                Slater, 2005), c’est-à-dire qu’on se    cessus de gentrification n’en a pas
        nouvelles populations.
                                                trouve sans interaction ni conflits     moins fait l’objet de plusieurs tra-
           Cette interprétation serait trop     entre les groupes (voir aussi Lees,     vaux et de débats tant sur l’am-
        simpliste selon certains (voir entre    2008 ; Rose, 2004). Il reste que le
                                                     †
                                                                                        pleur du phénomène que sur sa
        autres Bourdin, 2008). Toutes les       vécu quotidien de cette mixité          signification4. Pour certains auteurs,
        villes ne sont pas à la recherche de    sociale, des tensions (ou absence       dont Freeman (2005), le phéno-
        cette image de marque qui atti-         d’interaction) qui existent entre       mène serait statistiquement peu
        rera investisseurs et populations.      les groupes aux modes de vie dif-       important. La dynamique qu’il a
        Des pouvoirs publics peuvent sim-       férents reste peu documenté             observée s’apparenterait davan-
        plement tenter de répondre aux          (Rose, 2004). Or, de nombreuses         tage à une simple succession de
        besoins d’une population locale         études ont démontré, dans un            résidants et serait similaire à ce
        prisonnière d’un quartier en cycle      contexte plus large, que la déci-       que l’on retrouve ailleurs dans la
        de déclin démographique, écono-         sion de déménager est motivée           ville. D’autres facteurs explique-
        mique ou socioéconomique, et            par l’insatisfaction quant à ses        raient la mobilité résidentielle
        l’un des outils considérés pourra                                               dans les quartiers en gentrifica-
                                                conditions de logement ou d’envi-
        être l’augmentation de la mixité                                                tion ou gentrifiés. Sans mettre en
                                                ronnement physique et social, que
        sociale à l’échelle du quartier. Aux                                            doute le nombre statistiquement
                                                cette insatisfaction résulte des
        yeux des autorités, en plus d’aug-                                              faible présenté par Freeman,
                                                particularités ou des transforma-
        menter l’assiette fiscale, cette                                                Newman et Wyly (2006) critiquent
        mixité sociale permettrait de com-      tions du ménage (voir entre autres      néanmoins ses conclusions sur la
        battre les « effets du milieu » chez
                       †                †
                                                Rossi, 1980 ; Dieleman, 2001) ou
                                                            †

                                                                                        « suprématie » statistique. Les rési-
                                                                                         †           †

        les populations moins fortunées et      des transformations de l’environ-       dants des secteurs touchés sont des
        projetterait une image de ville         nement physique et social (voir         victimes non consentantes d’une
        inclusive, caractéristiques essen-      entre autres Brown et Moore,            géographie d’opportunités, pour
        tielles pour attirer cette « classe †
                                                1970). En quittant le quartier, les     reprendre les mots d’Atkinson et
        créative », levier du développe-
                 †
                                                résidants traditionnels peuvent         Wulff (2009), dont ils sortent per-
        ment économique selon Florida           ainsi faciliter ou accélérer les        dants. À l’augmentation des coûts
        (2003 cité par Rose, 2004 ; voir    †   transformations sociales associées      du logement s’ajoute la récupéra-
        aussi Lees, 2008). C’est ce qui         à un processus de gentrification.       tion de logements par des couches
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            LIEN   SOCIAL ET   POLITIQUES, 63               de leur sentiment de chez-soi, ce      exercées par les individus et les
                                                            qui constituerait une forme de         groupes dans et sur ces espaces.
            Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification
            et appropriation de l’espace public dans        déplacement forcé (Newman et
            l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal       Wyly, 2006 ; Atkinson et Wulff,
                                                                        †
                                                                                                   Les espaces publics :
            (Canada)                                                                               de l’image de la ville à l’identité
                                                            2009).
                                                                                                   individuelle
                                                               La dépossession du sentiment
                                                            du chez-soi, ou la redéfinition du        Ces espaces ouverts, accessibles
                                                            territoire du chez-soi, chez les       au public, font partie des représen-
                                                            résidants traditionnels d’un quar-     tations des résidants de leur milieu
                                                            tier, reste peu documentée. Or         de vie (Bassand et coll., 2001). Ils
                                                            cette question est importante          sont aussi des espaces de sociabilité
   146                                                      pour comprendre le processus de        qui permettent la rencontre de
                                                            décision de mobilité résidentielle,    l’autre (Lofland, 1998 ; Lees, 2008),
                                                                                                                          †

                                                            qu’une décision de ce genre soit       et la reconnaissance des similitudes
            plus fortunées qui « retirent » ces †       †
                                                                                                   et des différences (Ghorra-Gobin,
                                                            provoquée par un processus de
            logements du bassin de logements                                                       2001). En ce sens, ils font partie du
                                                            gentrification ou non. La création,
            abordables (Atkinson et Wulff                                                          processus de construction identi-
                                                            la réhabilitation, la revitalisation
            2009 ; Newman et Wyly, 2006). Ils
                    †
                                                                                                   taire (Prochanski, 1978 ; voir aussi
                                                            d’espaces publics, par leur effet                                 †

            exacerbent ainsi les tensions dans                                                     Morin et coll. 2008). Différentes
                                                            d’entraînement sur les transfor-
            la disponibilité de logements abor-                                                    dimensions structurent l’identité
                                                            mations physiques et sociales du
            dables pour la population plus                                                         individuelle, dont le genre, les
                                                            quartier, pourraient être à l’ori-
            démunie financièrement, popula-                                                        caractéristiques socioprofession-
                                                            gine de cette dépossession ou de
            tion qui n’aura pas la chance d’in-                                                    nelles, le profil ethnoculturel ainsi
            vestir le quartier.                             cette redéfinition du territoire du
                                                                                                   que l’identité du lieu. L’identité
                                                            chez-soi, chez la population tradi-
                                                                                                   du lieu communique une identité,
                Il est vrai que tous les résidants          tionnelle d’un quartier.
                                                                                                   mais cette dimension spatiale per-
            profitent de l’amélioration des
                                                                                                   met également de rassembler les
            services de proximité et appré-                 Espaces publics, territoire
                                                                                                   différentes dimensions dans l’es-
            cient sans aucun doute les inves-               du chez-soi et satisfaction
                                                                                                   pace (Prochanski, 1978). En utili-
            tissements publics faits dans leur              résidentielle                          sant, en modifiant ou en adaptant,
            quartier (Freeman, 2005 ; Newman        †

                                                               On retrouve deux catégories de      en percevant et en se représentant
            et Wyly, 2006). Mais, en contrepar-
                                                            définitions de l’espace public. La     les espaces publics, les individus et
            tie, comme l’ont démontré les tra-
                                                            première catégorie, dans la lignée     les groupes montrent leurs capaci-
            vaux de Newman et Wyly (2006),
                                                            des travaux d’Habermas (1992),         tés d’usage et d’appropriation, et
            les résidants traditionnels crai-
                                                            définit l’espace public comme          communiquent leur appropriation
            gnent que ces transformations
                                                            espace de débat parmi les mem-         de l’espace ainsi que leur identité
            physiques provoquent des pres-
                                                            bres d’une communauté ou d’une         (Prochanski, 1978 ; Zukin, 1995).
                                                                                                                      †

            sions immobilières importantes
            entraînant leur départ ou celui de              société. La deuxième catégorie,           Les espaces publics représen-
            voisins, d’amis ou de membres de                liée à nos préoccupations, définit     tent également des opportunités
            la famille. En quittant le quartier,            l’espace public comme un espace        de mise en scène de la ville auprès
            ils peuvent rompre le fragile équi-             physique, ouvert au public (Bas-       d’investisseurs, de touristes, de
            libre de support mutuel qui s’y est             sand et coll., 2001). Le degré d’ou-   travailleurs ou de résidants (Chau-
            construit au fil des ans (Newman                verture et d’accessibilité au public   mard, 2001 ; voir aussi Bassand et
                                                                                                               †

            et Wyly, 2006 ; voir aussi Lees,
                                     †                      tout comme la question de pro-         coll., 2001). On assiste parfois à de
            2008). Dans ces conditions, il est              priété, sa « publicitude », peut
                                                                            †          †           véritables opérations de « net- †

            tentant de considérer que ces                   varier. L’intérêt ici se situe au      toyage » des populations margi-
                                                                                                          †

            transformations dépossèdent les                 niveau des interactions sociales et    nales considérées indésirables par
            résidants traditionnels du quartier             des formes de contrôle qui sont        les pouvoirs publics, par les inves-
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        tisseurs ainsi que par certains usa-              les quartiers en revitalisation. Les     illustré dans les travaux de
        gers. Bien documentés dans le cas                 acteurs privés et publics associent      Schaller et Modan (2005). Ils peu-
        de la ville de Québec et de la ville              ces pratiques à des transgressions       vent même redéfinir symbolique-
        de Montréal par Morin et coll.                    de normes plutôt qu’à des pra-           ment les limites territoriales d’un
        (2008), ces efforts plus ou moins                 tiques marginales. De son côté,          quartier afin d’en exclure les sec-
        avoués de répondre à certaines                    l’étude de Schaller et Modan             teurs indésirables (voir entre
        « sensibilités », vont aussi parfois
            †              †                              (2005) montre bien comment les           autres Simon 1997, cité par Rose,
        bien au-delà de la simple expul-                  usages et les formes d’appropria-        2004).
        sion d’itinérants ou de jeunes de la              tion des espaces publics sont
        rue. On adopte des designs parti-                 influencés par les profils socioéco-     Le cas de l’arrondissement
        culiers ou des programmes d’acti-                 nomiques et ethniques de leurs           du sud-ouest à montréal
        vités attirant les uns, et repoussant             usagers. Dans ce cas, c’est plutôt
                                                          ce qui est considéré comme dési-            Le quartier Pointe-Saint-Charles      147
        les autres, ce qui conduit à une
                                                          rable, comme adéquat, qui crée           est localisé à proximité du centre
        certaine homogénéisation des
                                                          des tensions entre les groupes. Les      des affaires, dans l’arrondissement
        espaces publics et de leurs usagers
                                                          gentrifieurs considèrent la rue          du Sud-Ouest. Ce secteur est
        (Lofland, 1998 ; Vlez, 2004).
                                †

                                                          comme un espace de transit ou de         enclavé par des autoroutes et des
        Les espaces publics                               consommation tandis que les              voies ferrées, et par le canal de
        et l’environnement du chez-soi                    immigrants et les classes moins          Lachine, berceau de l’industrialisa-
                                                          fortunées l’associent à un lieu de       tion canadienne. De nombreux
           Les espaces publics ne sont pas                socialisation.                           quartiers ouvriers se sont formés à
        appropriés de la même façon par                                                            proximité des usines localisées sur
        les individus et les groupes aux                     Dans ce quartier en gentrifica-       les berges du canal, dont le quartier
        positions sociales différentes (Bas-              tion, les auteurs n’abordent pas de      Pointe-Saint-Charles. Le canal étant
        sand et coll., 2001). Il en est de                façon explicite le type de réac-         fermé à la navigation depuis 1970,
        même dans les quartiers résiden-                  tions de défense territoriale des        Parc Canada reprendra le site en
        tiels où les résidants, à travers                 différents groupes, réactions qui        1978 pour le transformer en parc
        leurs pratiques quotidiennes, leurs               pourraient varier entre la lutte         linéaire.
        usages et leurs représentations,                  pour conserver ses acquis et à la
        s’approprieront les espaces publics.              redéfinition territoriale (Taylor et        La relocalisation des industries
        Si leur sentiment de familiarité se               Brower, 1985). Cette lutte peut          à partir du milieu des années 1940
        transforme en sentiment d’atta-                   prendre la forme d’un mouve-             pour des raisons stratégiques ou
        chement, ils pourront considérer                  ment d’opposition à l’arrivée            techniques a eu un impact négatif
        ces espaces comme leur apparte-                   d’une nouvelle population, comme         sur la vitalité économique des
        nant, comme une extension de                      on le voit dans les mouvements           quartiers avoisinants. Les données
        leur logement, comme leur chez-                   anti-gentrification. Mais les rési-      compilées par Deverteuil (2004 : 78
                                                                                                                                    †

                                                          dants peuvent aussi tenter de            – notre traduction) sont éloquentes :
        soi (voir Rapoport, 1985).
                                                                                                                                        †

                                                          défendre leur territoire en l’inves-     « entre 1959 et 1970, le Sud-Ouest a
                                                                                                    †

           Dans leur chez-soi, les individus              tissant, en s’appropriant les espa-      perdu 38 % de ses emplois manu-
                                                                                                            †

        et les groupes tenteront d’exercer                ces publics laissant ainsi peu de        facturiers ». Cependant, les orga-
                                                                                                                †

        une forme de contrôle, anticipe-                  place à « l’autre ». Les résidants
                                                                     †      †                      nismes communautaires ont été et
        ront certains types d’usages et de                peuvent également abandonner la          sont toujours très actifs dans cet
        comportements, et accepteront                     lutte en se repliant dans la sphère      arrondissement qui concentre la
        plus ou moins les « dérogations » à
                                       †              †   privée, c’est-à-dire le logement.        plus grande densité de logement
        ce qui est anticipé. Morin et coll.               Des réactions face aux tensions          social et communautaire au Canada
        (2008) ont montré cette tension                   sont aussi à prévoir chez les nou-       (près de 30 %). La conversion des
                                                                                                                    †

        dans l’acceptabilité des formes                   veaux résidants qui peuvent inves-       abords du canal en parc linéaire et
        d’appropriation et de socialisation               tir l’espace public, et faire pression   sa réouverture pour la navigation
        dans les espaces publics par les                  pour en exclure usagers et usages        de plaisance en 2002 ont rendu le
        populations marginalisées dans                    considérés inadéquats, ce qui est        secteur attrayant pour les ménages
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            LIEN   SOCIAL ET   POLITIQUES, 63            semblent s’accélérer. Après 30 ans        sélectionnée pour cette recherche
                                                         de déclin démographique et éco-           (figure 1). L’intérêt de cet espace
            Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification
            et appropriation de l’espace public dans     nomique, l’arrondissement est             particulier plutôt qu’un autre du
            l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal    maintenant en phase de crois-             quartier s’explique ainsi : 1) le
                                                                                                                                   †

            (Canada)                                     sance démographique (Ville de             canal étant à l’origine de la fonda-
                                                         Montréal, 2007).                          tion du quartier, il a, à notre avis,
                                                                                                   une charge identitaire forte chez
                                                            Témoin des transformations             les résidants traditionnels ; 2) l’in-
                                                                                                                               †

                                                         physiques et sociales en cours, les       vestissement public récent et
                                                         résidants traditionnels du secteur        important a entraîné une accélé-
                                                         craignent d’être déplacés de leur         ration des investissements privés
                                                         quartier traditionnellement ouvrier       dans le secteur et l’arrivée de
   148                                                   par un processus de gentrifica-           nouveaux résidants ; 3) jusqu’à
                                                                                                                          †

                                                         tion5. Mais la gentrification de          récemment, Pointe-Saint-Charles
                                                         Pointe-Saint-Charles semble, encore       semblait épargnée par les proces-
            plus fortunés. Mais la régénéres-            aujourd’hui, moins avancée que            sus de gentrification.
            cence sociorésidentielle de cer-             dans les autres quartiers, ce qui en
            tains secteurs du Sud-Ouest avait            fait un cas intéressant d’étude des         La portion du parc étudié com-
            commencé avant la récente reva-              transformations du quartier et des        prend des espaces programmés
            lorisation du canal (Deverteuil,             modes d’appropriation des espaces         (une place publique avec un
            2004). C’est le cas du quartier de la        publics. La revitalisation du parc du     kiosque d’information, des espaces
            Petite-Bourgogne qui a été témoin            Canal-de-Lachine et la conversion         pour expositions temporaires, etc.)
            d’opérations de rénovation urbaine           de la friche industrielle en secteur      du côté de Saint-Henri et de la
            durant les années 1960 et 1970.              résidentiel luxueux qui a suivi           Petite-Bourgone, espace lié par un
            D’un quartier traditionnellement             influence-t-elle la (re)définition du     pont à des espaces ouverts non
            ouvrier, la Petite-Bourgogne a vu            territoire du chez-soi pour les rési-     programmés (espaces verts) tra-
            son tissu résidentiel se polariser par       dants traditionnels de Pointe-Saint-      versé par une piste cyclable du
            la construction de logements                 Charles ? L’arrivée d’une nouvelle
                                                                    †
                                                                                                   côté de Pointe-Saint-Charles.
            sociaux et de logements en copro-            population au mode de vie diffé-             Au total, pas moins de 55 heures
            priété pour classes moyennes et              rent crée-t-elle des tensions dans        d’observation participative (inco-
            moyennes supérieures. Le déve-               l’espace public et un sentiment           gnito, mais ouverte), à différents
            loppement immobilier s’est pour-             d’exclusion chez les résidants tradi-     moments de la journée et de la
            suivi durant les années 1980 à               tionnels ? Afin de répondre à ces
                                                                    †
                                                                                                   semaine, ont été faites durant l’été
            proximité du marché public                   questions, un ensemble d’outils           2008, en utilisant des cartes index
            Atwater, dans le quartier Saint-             méthodologiques complémentaires           (et une typologie prédéterminée),
            Henri. De l’autre côté du canal,             ont été utilisés dans cette recherche     des plans, appareils photos, dicta-
            Pointe-Saint-Charles n’a pas connu           exploratoire qui aborde deux              phones, etc. Pour répertorier les
            les opérations de rénovation                 thèmes : 1) les usagers et les usages ;
                                                                †                              †
                                                                                                   activités et la façon dont les usagers
            urbaine de la Petite-Bourgogne et            2) la satisfaction résidentielle et le    se partageaient l’espace, les obser-
            peu de projets d’insertion impor-            territoire du chez-soi.                   vateurs ont été postés à différents
            tants. C’est à la fin des années
                                                                                                   endroits du site afin de le couvrir en
            1980 que l’on a assisté aux pre-             Approche méthodologique                   entier. À l’été 2009, de nouvelles
            miers projets de conversion de
                                                                                                   séances d’observation ont permis
            bâtiments industriels en loge-                  Le parc du Canal-de-Lachine,
                                                                                                   de valider les résultats obtenus
            ments luxueux et à la construction           d’une longueur de 14,5 km,
                                                                                                   l’année précédente.
            de nouveaux bâtiments sur des                s’étend du vieux port de Montréal
            terrains vacants au cours de la              jusqu’au lac Saint-Louis. Seule la           À ces périodes d’observation
            décennie suivante (Poitras, 2009).           partie localisée aux limites de           s’est ajoutée la passation d’un
            Ce n’est que récemment que les               Pointe-Saint-Charles, secteur en          court questionnaire auprès de
            transformations du cadre bâti                développement intensif, a été             20 % des usagers en déplacement
                                                                                                     †
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        Figure 1.      Site à l’étude

                                                                                                                             149

        à pied dans le secteur d’étude6. Ce     précisions à    cette   recherche     à la satisfaction résidentielle et à
        questionnaire visait principale-        exploratoire.                         son environnement physique et
        ment à connaître la provenance                                                social et aux pratiques quoti-
                                                   L’enquête par entretien, qui est   diennes sur les espaces publics
        géographique des usagers (ce qui        toujours en cours, s’adresse aux
        pouvait difficilement être fait à                                             seront présentées.
                                                résidants traditionnels et gentri-
        partir des observations), leur per-     fieurs de Pointe-Saint-Charles7       Usagers et usages du parc
        ception concernant la qualité du        provenant de différents types de      du Canal-de-Lachine
        site, le partage de l’espace avec les   ménages. Les entretiens durent de
        autres usagers et l’intégration des     60 à 90 minutes et sont enregis-         Tous les résidants interviewés
        nouveaux développements rési-           trés. Les informateurs ont été        ont mentionné utiliser le parc du
        dentiels aux abords du canal. Près      sélectionnés à partir de la           Canal-de-Lachine. Les résultats
        d’une cinquantaine de passants          méthode de proche en proche et        du questionnaire indiquent par
        ont répondu à l’appel, sur une          les contacts de départ sont des       ailleurs que les résidants forment
                                                connaissances personnelles ou         une partie importante des usagers
        période de douze heures d’en-
                                                sont faits à l’aide de groupes com-   (35 sur les 49, dont 21 de Pointe-
        quête sur le terrain, ce qui repré-
                                                munautaires. L’enquête est tou-       Saint-Charles). Ils ont utilisé le
        sente un taux de réponse de 60 %. †

                                                jours en cours, ce qui ne permet      parc comme lieu de transit (57 % †

        Malgré le fait que le nombre de         pas de présenter une analyse com-     des répondants, réponses mul-
        questionnaires reste peu élevé, les     plète et approfondie des résultats.   tiples) ; pour y pratiquer une acti-
                                                                                            †

        résultats obtenus apportent un          Cependant, les grandes tendances      vité sportive (55 %) ou encore s’y
                                                                                                       †

        éclairage intéressant et quelques       chez les onze répondants touchant     promener ou relaxer (67 %). À
                                                                                                                  †
LSP 63-17    25/06/10            14:06      Page 150

            LIEN   SOCIAL ET   POLITIQUES, 63              gers et les usages de l’espace,        (cités par Slater, 2005), ce que
                                                           dynamique différente du côté           laisse aussi entrevoir les entretiens.
            Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification
            et appropriation de l’espace public dans       nord et du côté sud du canal. Sans
            l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal      détailler les dynamiques quoti-        Le milieu de vie
            (Canada)
                                                           diennes (voir à ce sujet Bélanger,
                                                           2008), mentionnons que ces diffé-      Niveau de satisfaction chez les
                                                           rences nord-sud sont attribuées, à     résidants
                                                           ce stade de l’étude, aux diffé-
                                                                                                     Parmi les onze résidants inter-
                                                           rences d’aménagement ainsi qu’à
                                                                                                  viewés, six sont des résidants tra-
                                                           la présence du marché Atwater et       ditionnels, dont certains semblent
                                                           à la plus forte présence de lieux      en ascension sociale, si on en juge
                                                           d’emploi du côté nord. De ce côté,     par leur niveau de scolarité. Le
   150                                                     les usagers plus âgés ou apparem-      profil des gentrifieurs est varié : du
                                                                                                                                   †

                                                           ment plus pauvres semblent utili-      jeune travailleur dans le secteur
            l’exception de quatre usagers, tous            ser les espaces plus périphériques,    du multimédia, en passant par
            considèrent que le partage de l’es-            c’est-à-dire les tables et bancs à     l’artiste établi, la bénévole (une
            pace avec les autres usagers est               proximité du stationnement du          gentrifieuse marginale au sens de
            convivial, malgré le manque de                 marché. Ils tendront à quitter les     Rose, 1984) impliquée dans les
            civisme chez les cyclistes (29 %           †
                                                           lieux durant les pauses-midi pour      groupes communautaires, pour
            des répondants).                               laisser la place à des usagers d’ap-   finir avec la jeune retraitée vivant
                                                           parence plus fortunée, dont cer-       dans un logement luxueux face au
               Peu d’usagers observés sem-                 tains pourraient être des employés
            blent faire partie des classes plus                                                   canal.
                                                           des environs. Ils reviendront sur
            pauvres. En l’absence de données               les lieux vers la fin de la journée.      Les discussions ont révélé que
            socioéconomiques, nous avons dû                                                       dans l’ensemble, les résidants sont
                                                           Du côté sud, un groupe d’habi-
            nous rabattre sur un indicateur                                                       conscients des aspects positifs et
                                                           tués, qui semblent provenir de
            très imparfait : l’apparence phy-
                                    †
                                                                                                  des aspects négatifs de leur milieu
                                                           Pointe-Saint-Charles (information
            sique et vestimentaire des usagers.                                                   de vie, mais sont satisfaits. Ils
                                                           basée sur le point d’entrée de ces
            Ainsi, le port de vêtements peu                                                       apprécient particulièrement le fait
                                                           usagers sur le site), s’installent
            seyants et défraîchis était signe                                                     d’être à proximité du centre-ville,
                                                           tous les après-midi à proximité du
            que l’usager pouvait faire partie                                                     du marché Atwater et du parc du
                                                           kiosque de location de kayaks. Ils
            d’une classe socioéconomique                                                          Canal-de-Lachine, qualité souli-
            moins fortunée tandis qu’à l’op-               ont choisi un endroit légèrement
                                                           en retrait, mais au cœur de l’action   gnée particulièrement chez les
            posé, les vêtements griffés et l’uti-                                                 gentrifieurs, qui l’ont mentionné
            lisation d’équipements de sport                pour discuter entre eux et boire de
                                                           la bière à partir du moment de         treize fois durant les entretiens
            haut de gamme étaient signe que                                                       contre seulement quatre fois chez
            l’usager pouvait faire partie d’une            leur arrivée (en après-midi) jus-
                                                           qu’en soirée. Contrairement à la       les résidants traditionnels. « Pis   †

            classe socioéconomique plus for-
                                                           dynamique du côté nord, ces der-       l’emplacement, pour moi était de
            tunée. Cet indicateur très impar-
                                                           niers ne laisseront pas la place à     choix. […] Je suis un peu en
            fait a été utilisé avec beaucoup de
                                                           d’autres usagers.                      retrait, mais en même temps je ne
            prudence pour identifier de
                                                                                                  suis pas loin de rien » (Marie, gen-
                                                                                                                        †

            grandes tendances parmi les usa-
                                                              Les observations n’ont pas          trifieuse). Le prix du logement
            gers sans chercher à identifier
                                                           montré de tensions entre les           (achat ou location) a aussi été un
            avec précision le groupe auquel
                                                           groupes. L’interaction est mini-       argument pour la moitié des
            faisait partie chacun d’eux.
                                                           male, ce qui est moins propice à       répondants dans le choix du quar-
               Partage convivial ou conflit                l’émergence de conflits. On semble     tier. Tous les interviewés s’enten-
            d’appropriation ? La réalité semble
                                        †                  se trouver dans une structure          dent pour dire qu’ils n’ont pas de
            être à mi-chemin. Il y a une frac-             sociale tectonique pour reprendre      problèmes avec leurs voisins mal-
            ture claire entre les types d’usa-             l’expression de Robson et Butler       gré quelques petits désaccords
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        qu’ils ont pu surmonter. Ils vivent          certaine réticence […] nous on est     canal qui agirait comme une bar-
        dans un quartier où ils se sentent           de notre bord, que eux restent du      rière. « Une sorte de barrière psy-
                                                                                                      †

        en sécurité malgré quelques pro-             leur, qu’ils viennent pas nous enva-   chologique parce qu’en fait, on
        blèmes de vandalisme et le man-              hir (Maude, résidante tradition-
                                                        †

                                                                                            peut y aller. J’y vais et je connais
                                                     nelle).
        que d’entretien général dans le                                                     plein de gens qui le font. Mais une
        quartier. Ils sont dans l’ensemble                                                  grande partie des gens trouvent
                                                   Le parc du Canal-de-Lachine
        assez satisfaits des parcs et des                                                   que c’est pas à eux » (Pierre, rési-
                                                   et les nouveaux développements
                                                                                                                  †

        espaces verts, et, malgré certaines                                                 dant traditionnel). « C’est comme
                                                                                                                      †

        critiques, de la desserte en trans-
                                                   résidentiels
                                                                                            une grosse façade, il y a le canal
        port public.                                  Les informateurs gentrifieurs         pis en arrière-plan… pis en arrière
                                                   apprécient le parc du Canal-de-          du canal on voit juste des gros
           Tous les résidants interviewés
                                                   Lachine et considèrent qu’il fait        buildings pis là, tout à coup, ça
        s’entendent également pour dire                                                                                             151
                                                   partie des avantages de leur             redevient vieux » (Sylvie, rési-
                                                                                                              †

        que la mixité ethnique est une
                                                   milieu de vie (5 répondants sur 6).      dante traditionnelle).
        qualité de leur quartier, mais s’en-
        tendent moins sur la mixité                Lors des entretiens, nous avons
                                                                                               Les résidants traditionnels sont
        socioéconomique, les mentions              constaté que les résidants tradi-
                                                                                            assez critiques lorsqu’ils s’expri-
        étant à la fois positives et néga-         tionnels ne mentionnaient pas le
                                                                                            ment sur les transformations de
        tives tant chez les gentrifieurs que       parc du Canal-de-Lachine sans y
                                                                                            leur quartier. Ils critiquent surtout
        chez les résidants traditionnels.          être expressément invités, sauf
                                                                                            le manque d’intégration architec-
        Les premiers considèrent que l’ar-         peut-être pour indiquer que le
                                                                                            turale, les pressions du marché
        rivée d’une population plus fortu-         canal représentait une limite au
                                                                                            immobilier que les projets causent
        née permettra d’atteindre un               quartier. À notre avis, cette omis-
                                                                                            dans le quartier et le fait que ces
        certain équilibre et d’améliorer la        sion pourrait être interprétée
                                                                                            projets ne répondent pas aux
        desserte en services. En cela, ils         comme si le parc ne représentait
                                                                                            besoins de la population locale en
        reproduisent le discours domi-             pas un élément important de leur
                                                                                            ce qui concerne le logement.
        nant. Les résidants traditionnels          milieu de vie. Mais une fois le sujet
                                                                                            « L’immobilier devient inacces-
                                                                                             †

        de leur côté, ne sont pas opposés à        du parc clairement abordé, les
                                                                                            sible et ça engendre un phéno-
        l’arrivée de ménages plus fortu-           résidants traditionnels du secteur
                                                                                            mène de transformation, de
        nés. « J’ai déjà entendu “moi je           ont mentionné qu’ils appréciaient
                †
                                                                                            changement de la population dans
        veux pas de riches dans mon quar-          son aménagement et plusieurs ont
                                                                                            les quartiers avoisinants. C’est ce
        tier”, et je trouve ça dangereux           par ailleurs manifesté qu’ils en
                                                                                            qui est en train de se passer ici.
        parce qu’on crée des ghettos de            étaient des utilisateurs bien avant
                                                                                            (Stéphane, résidant traditionnel et
        pauvreté » (Pierre, résidant tradi-        le dernier projet de revitalisation.
                    †
                                                                                            activiste). « Je discutais avec des
                                                                                                          †

        tionnel). Cependant, ils reprochent        Certains résidants traditionnels
                                                                                            gens du quartier et je leur disais,
        à ces gentrifieurs leur manque             avouent toutefois ne pas s’y sentir
                                                                                            oui, ça a des inconvénients, mais il
        d’implication dans la vie sociale et       particulièrement à leur place sans
                                                                                            y a des avantages… Mais pour eux
        culturelle du quartier, ce à quoi les      toutefois s’en sentir exclus. « Dans
                                                                                            autres, c’est que ça les poussait
                                                                                  †

        gentrifieurs répondent en repro-           les faits, il y a peu de gens du
                                                                                            hors de leur territoire parce que
        chant aux résidants traditionnels          quartier qui l’utilisent [le parc]
                                                                                            ça devenait inabordable. On ne
        leur manque d’ouverture aux                car ils ne s’y sentent pas à l’aise »
                                                                                            pense pas à ça, mais c’est vrai
                                                                                       †

        changements.                               (Simon, résidant traditionnel).
                                                                                            pareil. » (Marie, gentrifieuse).
                                                                                                  †

                                                   Sauf un répondant, tous ont men-
            Les gens qui y habitent depuis         tionné que le parc attirait un type
            longtemps ont pas envie que ça                                                  Structure tectonique ou tensions
                                                   spécifique d’usagers, tout en res-       sociales ?
            change et ont pas nécessairement
                                                   tant très flous, pour la majorité
            envie de changer d’endroit non
            plus. C’est sur que quand tu vois un   d’entre eux, sur ce que cela signi-         Mais même si les résidants tra-
            gros projet qui va amener une          fiait. Ce sentiment d’isolement          ditionnels du secteur ont mani-
            population riche, qui va changer       serait alimenté par le type de           festé une certaine ouverture à la
            complètement le quartier, il y a une   développements aux abords du             mixité sociale, ils ont critiqué à
LSP 63-17    25/06/10            14:06      Page 152

            LIEN   SOCIAL ET   POLITIQUES, 63                      conflits donc, mais des tensions        lation locale, comme s’il ne faisait
                                                                   basées sur des modes de vie et des      aucun effort pour faire partie de la
            Pour qui et à qui ce parc ? Gentrification
            et appropriation de l’espace public dans               intérêts divergents.                    communauté. Il semble invisible,
            l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal                                                      sauf dans le parc. Il n’y aurait pas
            (Canada)                                                  En concluant sur ces entretiens,     de conflits apparents, ce qui nous
                                                                   on peut noter que les nouveaux          ramène à l’image des plaques tec-
                                                                   résidants semblent s’être appro-        toniques de Robson et Butler
                                                                   prié le parc qui constitue une          (2001, cités par Slater, 2005). Mais
                                                                   caractéristique positive de leur        cette tranquillité apparente cache
                                                                   milieu de vie. Les résidants tradi-     peut-être des conflits sous-jacents
                                                                   tionnels du secteur, de leur côté,      qui ne cherchent qu’à s’exprimer.
                                                                   ont été témoins de transforma-
   152                                                             tions physiques et sociales de leur        Les espaces publics, en tant
                                                                   environnement résidentiel. Même         qu’extension du logement, font
                                                                   s’ils fréquentent toujours le parc,     partie du territoire du chez-soi
            quelques reprises le manque d’in-                      leur sentiment d’appartenance           (Rapoport, 1985). L’arrivée d’une
            tégration sociale de la nouvelle                       semble se diluer à l’ombre des          nouvelle population au mode de
            population. Les nouveaux rési-                         nouveaux développements le long         vie différent, qui s’approprie les
            dants seraient invisibles dans l’es-                   du canal.                               espaces publics, a un impact sur le
            pace public et peu intéressés à la                                                             quotidien des résidants tradition-
            vie culturelle et sociale du quar-                     Conclusion                              nels du secteur. Ces résidants peu-
            tier. Or, les résidants traditionnels                                                          vent ressentir une insatisfaction
            considèrent qu’une caractéris-                            Depuis la revitalisation du parc     en ce qui a trait aux modes de
            tique importante du quartier est                       du Canal-de-Lachine, de nom-            cohabitation et aux nouvelles
            son esprit communautaire qui                           breux investisseurs privés ont          règles dans les espaces publics.
            s’est maintenu jusqu’à aujour-                         investi dans la conversion de la        C’est avec beaucoup de prudence
            d’hui, même si certains pensent                        friche industrielle en secteur rési-    que nous avançons que les don-
            que cet esprit s’est quelque peu                       dentiel luxueux, attirant une nou-      nées d’enquête indiquent, à ce
            dégradé ces dernières années.                          velle population au mode de vie         jour, qu’il semble y avoir (re)défi-
            Certains semblent craindre que                         différent. Les résidants tradition-     nition du territoire du chez-soi
            cet équilibre de support mutuel                        nels du secteur sont témoins de         chez les résidants traditionnels qui
            dont font mention Newman et                            transformations physiques et            excluent le parc du Canal-de-
            Wyly (2006) ne se fragilise. « Les         †
                                                                   sociales de leur milieu de vie. Les     Lachine. Mais de nombreux entre-
            gens qui habitent sur le bord du                       résultats obtenus jusqu’à aujour-       tiens sont encore à prévoir avant
            canal de Lachine, ils nous tour-                       d’hui montrent que ces transfor-        de pouvoir tirer de véritables
            nent le dos, physiquement déjà pis                     mations ont un impact sur le            conclusions sur cette question.
            le reste aussi. Ils viennent des fois,                 territoire quotidien des résidants
            c’est l’fun, mais c’est pas ça, c’est                  enquêtés. Le parc du Canal-de-                        Hélène BÉLANGER
            pas leur vie. » (Alice, gentrifieuse
                                  †
                                                                   Lachine est considéré comme un           Département d’études urbaines
            et bénévole). « Peut-être, dans le
                                      †                            avantage du quartier chez les gen-                        et touristiques
            fond, que je les rencontre à tous                      trifieurs, mais les résidants tradi-     École des sciences de la gestion
            les jours pis que je les reconnais                     tionnels du secteur ne s’y sentent      Université du Québec à Montréal
            pas. Mais en même temps, j’ai                          pas à leur place même s’ils le fré-
            quand même l’impression qu’ils                         quentent assez régulièrement. Ils
            viennent pas se mélanger aux                           sentent la barrière psychologique
            autres, aux gens de la rue. »                          que les nouveaux développements
                                                                                                           Notes
                                                               †

            (Simon, résidant traditionnel). « Il           †       immobiliers ont créée. Cette per-
            n’y a pas de conflits parce qu’on                      ception semble renforcée par le         1
                                                                                                               Ce projet a été rendu possible grâce à
            ne se rencontre jamais » (Alice,    †                  fait que « l’autre », le gentrifieur,
                                                                              †      †
                                                                                                               l’appui financier du Programme
            gentrifieuse et bénévole). Pas de                      ne semble pas se mêler à la popu-           d’aide financière à la recherche et à
LSP 63-17   25/06/10     14:06    Page 153

            la création (PAFARC) de l’Univer-            and problems of gentrification ».                                           †   DIELEMAN, Frans M. 2001. « Model-                             †

            sité du Québec à Montréal (UQAM).            Urban Studies, 40, 12 : 2343-2350.      †                                         ling residential mobility ; a review of †

            L’auteure tient à remercier les étu-                                                                                           recent trends in research ». Journal of     †

            diants qui ont participé à la collecte    ATKINSON, Rowland et Maryann                                                         Housing and the Built Environment,
            de données dont Félix Gravel et Sara        WULFF. 2009. « Gentrification and†
                                                                                                                                           16 : 249-265.
                                                                                                                                              †

            Cameron, respectivement étudiant à          displacement : a review of approaches
                                                                             †

                                                        and findings in the literature ».                                                FRANK, Karen A. Et Quentin STE-
            la maîtrise et au doctorat des pro-                                                                                      †

                                                        AHURI Prositioning Paper no 15.                                                    VENS. 2007. Loose space : possibility           †

            grammes conjoints en études urbaines                                                                                           and diversity in urban life. New York,
                                                        Melbourne, AHURI.
            de l’INRS-UQAM. L’auteure tient                                                                                                Routledge.
            également à remercier les deux éva-       BASSAND, Michel et coll. 2001. Vivre et
            luateurs anonymes pour leurs com-           créer l’espace public. Lausanne, Pres-                                           FREEMAN, Lance. 2005. « Displace-                     †

            mentaires judicieux.                        ses polytechniques et universitaires                                               ment or Succession ? Residential†

                                                        romandes.                                                                          Mobility in Gentrifying Neighbor-
        2
            Voir par exemple les différents tra-                                                                                           hoods ». Urban Affairs Review, 40, 4 :
                                                                                                                                                  †                                                                        †

            vaux présentés dans Bidou et coll.        BÉLANGER, Hélène. 2008. « Are revita-              †                                 463-491.                                                                            153
            (2003).                                     lizing actions with respect to public
                                                        spaces contributing to the gentrifi-                                             GHORRA-GOBIN, Cynthia. (éd.) 2001.
        3
            En 2004, des individus avaient fait                                                                                            Réinventer le sens de la ville : les
                                                        cation process ? Some preliminary
                                                                                     †
                                                                                                                                                                                                           †

            couler beaucoup d’encre à Montréal                                                                                             espaces publics à l’heure globale.
                                                        results on the socioresidential dynamic
            suite à la pose de fausses bombes sur                                                                                          Paris, L’Harmattan.
                                                        of three cities ». Paper presented at
                                                                                 †

            des chantiers de construction de
                                                        Shrinking Cities, Sprawling Suburbs,                                             GLASS, Ruth. 1989. Clichés of Urban
            condos à Hochelaga-Maisonneuve,
                                                        Changing Countrysides. European net-                                               Doom and Other Essays. Oxford &
            un quartier ouvrier (voir Myles,            work for Housing Research Interna-                                                 New York, Basil Blackwell.
            2004).                                      tional Conference. Dublin 6-9 juillet
                                                        2008.                                                                            HABERMAS, Jürgen. 1992. L’espace
        4
            Voir Atkinson et Wyly (2009) pour
                                                                                                                                           public : archéologie de la publicité
                                                                                                                                                  †

            une revue assez complète.                 BIDOU, Catherine (dir.). 2003. Retours                                               comme dimension constitutive de la
        5
            Plusieurs résidants ont manifesté           en ville : des processus de « gentrifica-
                                                                 †                                           †                             société bourgeoise. Paris, Payot.
            cette inquiétude lors d’une consulta-       tion » urbaine aux politiques de « revi-
                                                             †                                                               †

                                                        talisation » des centres, Paris, Descartes.                                      LEES, Loretta. 2008. « Gentrification †

            tion publique organisée au printemps                     †

                                                                                                                                           and Social Mixing : Towards an
                                                                                                                                                                       †

            2004 par le Centre d’écologie urbaine     BOURDIN, Alain. 2008. « Gentrifica-            †                                     Inclusive Urban Renaissance ? ».                                    †   †

            sur la révision du plan d’urbanisme         tion : un “concept” à déconstruire ».
                                                             †                                                                       †     Urban Studies, 45, 12 : 2449-2470.
                                                                                                                                                                   †

            de la ville.                                Espaces et sociétés, 1-2, 132 : 23-37.               †

                                                                                                                                         LEY, David. 1996. « The New Middle
                                                                                                                                                               †

        6
            Pour des raisons de sécurité, les         BROWN, Laurence A., et Eric G.                                                       Class in Canadian Central Cities »                                          †

            cyclistes et patineurs n’ont pas été        MOORE. 1970. « The Intra-Urban       †
                                                                                                                                           dans John CAUFIELD et Linda
            approchés. L’intensité des déplace-         Migration Process : a Perspective ». †                                       †
                                                                                                                                           PEAKE (dir.) City Lives and City
            ments piétonniers n’a pas permis aux        Geografiska Annaler, 52, B : 1-13.                   †
                                                                                                                                           Forms : Critical Research and
                                                                                                                                                      †

            enquêteurs de se déplacer vers des                                                                                             Canadian Urbanism. Toronto &
            usagers en arrêt. Une deuxième série      CHAUMARD, David, 2001, « L’espace                          †                         Buffalo & London, University of
            de questionnaires est prévue pour le        public, scène et mise en scène » dans                            †                 Toronto Press, 15-32.
            printemps 2010.                             Jean-Yves TOUSSAINT et Monique
                                                        ZIMMERMAN (dir.). User, pro-                                                     LOFLAND, Lyn H. 1998. The Public
        7
            Une exception est faite pour les gen-       grammer et fabriquer l’espace public.                                              Realm : Exploring the City’s Quintes-
                                                                                                                                                      †

            trifieurs, afin d’avoir le point de vue     Lausanne, Presses polytechniques et                                                sential Social Territory. Hawthorne
            de plusieurs résidants des nouveaux         universitaires romandes.                                                           NY, deGruyter.
            développements résidentiels le long                                                                                          LONDON, Bruce et John PALEN. éd.
            du canal.                                 DANSEREAU, Francine et Daniel
                                                        L’ÉCUYER. 1987. Réanimation, re-                                                   1984. Gentrification, Displacement
                                                                                                                                           and Neighbourhood Revitalization.
                                                        conquête, reconversion. Revue de la
                                                                                                                                           Albany, State University of New
                                                        littérature et bibliographie sélective
                                                                                                                                           York Press.
                                                        annotée. INRS-Urbanisation, RR10.
        Références bibliographiques                                                                                                      MADANIPOUR, Ali. 2003. Public and
                                                      DEVERTEUIL, Geoffrey. 2004. « The                                          †

                                                                                                                                          private spaces of the city. London et
                                                        changing landscape of Southwest
                                                                                                                                          New York, Routledge.
        ATKINSON, Rowland. 2008. « Introduc-
                                        †               Montréal : a visual account ». The
                                                                         †                                           †

          tion : misunderstood saviour or ven-
                †                                       Canadian Geographer/Le Géographe                                                 MORIN, Richard, et coll. 2008. « Conflits                 †

          geful wrecker ? The many meanings
                          †                             canadien, 48, 1 : 76-82. †                                                        d’appropriation d’espaces urbains
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