It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma

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It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
LE MENSUEL

                             It Must
                             Be Heaven
                             de Elia Suleiman
                             Le Lac aux oies sauvages de Diao Yinan
                             rencontres avec
                             Karim Aïnouz pour
                             La Vie invisible d’Eurídice Gusmão
                             Anne Émond pour Jeune Juliette
                             Andreas Horvath et Patrycja Planik
                             pour Lillian

                             Bilan 2019
DÉCEMBRE 2019
•
#12
It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
SOMMAIRE
BILAN 2019

                  FILMS DU 4 DÉCEMBRE 2019
Brooklyn Affairs de Edward Norton		         		             HHH
Ceux qui nous restent de Abraham Cohen      		             HHH
La Famille Addams de Conrad Vernon et Greg Tiernan		       H
It Must Be Heaven de Elia Suleiman		        		             HHH
Jumanji : Next Level de Jake Kasdan			                     H
Made in Bangladesh de Rubaiyat Hossain		                   HH
Le Meilleur reste à venir
de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière   		   HH
Premiers pas dans la forêt Film collectif             		   HH
Les Reines de la nuit de Christiane Spiéro            		   HH
Seules les bêtes de Dominik Moll		                    		   HH
Souviens-toi de ton futur de Énora Boutin             		   HHH
Un été à Changsha de Zu Feng		                        		   HH
Le Voyage du prince
de Jean-François Laguionie et Xavier Picard 			            HHH

                 FILMS DU 11 DÉCEMBRE 2019
Le Choix d’Ali de Amor Hakkar			             		            HH
Le Cristal magique de Regina Welker et Nina Wells		        HH
Docteur ? de Tristan Séguéla			              		            H
Les Envoûtés de Pascal Bonitzer		            		            HH
Jeune Juliette de Anne Émond			              		            HHH
Rencontre avec Anne Émond
Lillian de Andreas Horvath		            			                HHHH
Rencontre avec Andreas Horvath et Patrycja Planik
Lola vers la mer de Laurent Micheli			                     HH
Pahokee de Ivete Lucas et Patrick Bresnan    		            HH
Sans rivages de Mathieu Lis			               		            H
Une vie cachée de Terrence Malick		          		            HH
La Vie invisible d’Eurídice Gusmão de Karim Aïnouz         HHH
Rencontre avec Karim Aïnouz
It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
FILMS DU 18 DÉCEMBRE 2019
Après la nuit de Marius Olteanu      			           HH
Au cœur du monde de Gabriel & Maurilio Martins		   HH
Emma Peeters de Nicole Palo			               		    H
The Lighthouse de Robert Eggers		            		    HH
Notre dame de Valérie Donzelli			            		    HH
Paroles de bandits de Jean Boiron-Lajous     		    HHH
Talking About Trees de Suhaib Gasmelbari     		    HHH

             FILMS DU 25 DÉCEMBRE 2019
Benjamin de Simon Amstell			                 		    HHH
Charlie’s Angels de Elizabeth Banks		        		    H
Jésus de Hiroshi Okuyama		            			          HH
Le Lac aux oies sauvages de Diao Yinan       		    HHH
La Sainte famille de Louis-Do de Lencquesaing			   H
La Vérité de Hirokazu Kore-eda		      			          HH
It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
Bilan 2019

                                                                                                             QUI EST IN
LES FICHES DU CINÉMA
                                                                                                            QUI EST OUT
26, rue Pradier
75019 Paris
Administration & Rédaction :
01.42.36.20.70                                                   Parasite de Bong Joon-ho
Fax : 09.55.63.49.46
..............................................................
RÉDACTEUR EN CHEF                                                  Il y a deux ans, l’événement qui avait le plus bouleversé les cinéphiles
Nicolas Marcadé
redaction@fichesducinema.com
                                                                   était une série (Twin Peaks : The Return de David Lynch). En 2019,
RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT                                          l’année a été fortement marquée par deux films non distribués en
Michael Ghennam                                                    salle : le dernier Scorsese, The Irishman, diffusé sur Netflix, et le
michael@fichesducinema.com                                         Mektoub my Love : Intermezzo de Kechiche, présenté en compétition
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Thomas Fouet
                                                                   à Cannes dans une atmosphère de scandale et renvoyé à un destin
thomas@fichesducinema.com                                          de film maudit (remontage, disparition : on ne sait quel sera son
..............................................................     futur). De plus en plus la vie du cinéma n’est plus circonscrite à ses
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO                                          activités intramuros (l’actualité des sorties) mais étendue à tout ce
Michel Berjon, Adèle Bossard-
Giannesini, Isabelle Boudet,
                                                                   qui se déroule dans sa périphérie : dans les festivals, sur Netflix, à la
Jef Costello, Marguerite Debiesse,                                 télé… Et puis dans l’actualité. En effet, si le cinéma français a réussi
Paul Fabreuil, Venceslas Fouineteau,                               à créer l’événement cette année, cela n’a pas été à travers un film
Margherita Gera, Michael Ghennam,                                  mais un entretien télévisé : l’intervention d’Adèle Haenel sur le site
Simon Hoareau, Amélie Leray, Julie
Loncin, Jacques-Antoine Maisonobe,
                                                                   de Mediapart pour dénoncer le harcèlement dont elle dit avoir été
Nicolas Marcadé, Keiko Masuda,                                     victime de la part du cinéaste Christophe Ruggia, et plus généralement
Sulamythe Mokounkolo, Marion                                       les violences faites aux femmes dans le milieu du cinéma. Cette
Philippe, Marine Quinchon,                                         prise de parole, venant après un très long silence et engendrant une
Gaël Reyre, Gilles Tourman,
Valentine Verhague.
                                                                   modification de fond des comportements et des modes de pensée,
Les commentaires des «Fiches»                                      était à l’image de cette fin de décennie où tout ce qui avait longuement
reflètent l’avis général du comité                                 incubé, dans une atmosphère de pression et d’apathie, semble enfin
..............................................................     se déclarer, se manifester avec force dans les actes. Le “moment
PRÉSIDENT
François Barge-Prieur
                                                                   Adèle Haenel” a posé un jalon. Tout le monde en a entendu parler.
ADMINISTRATION                                                     Tout le monde en a parlé. Cela se passait dans le cinéma. Mais ça ne
administration@fichesducinema.com                                  se passait pas au cinéma.
TRÉSORIER                                                          De fait, on sent en ce moment une sorte de déséquilibre entre ce
Guillaume de Lagasnerie
Conception Graphique
                                                                   que sont les films et la puissance des enjeux qui les entourent et les
5h55                                                               traversent. Certes, il s’en est encore trouvé plusieurs (Le Traître, Once
www.5h55.net                                                       upon a time… in Hollywood, La Flor, Nuestro tiempo par exemple)
IMPRESSION                                                         pour, en 2019, porter haut les puissances de l’image, de la mise en
Compédit Beauregard
61600 La Ferté-Macé
                                                                   scène, de la fiction. Mais pas mal d’autres ont pu sembler décevants
Tél : 02.33.37.08.33                                               ou insuffisants. Souvent le cinéma a paru tâtonner de façon encore
..............................................................     trop maladroite autour de l’élaboration de nouveaux langages qui lui
«Les Fiches du Cinéma».                                            permettraient de se synchroniser avec un monde qui se transforme.
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                                                                   Cependant, si elle n’a pas encore livré les grands films qu’il revient
textes est soumise à autorisation.                                 sans doute aux années 20 de produire, l’année cinématographique
Photo de couverture :                                              2019 a su renvoyer, sur les écrans et autour, une image juste de
It Must Be Heaven (Le Pacte)                                       l’époque. En premier lieu en donnant celle d’un monde coupé en
© Rectangle Prod. - Nazira Films
- Pallas Film - Possibles Media
                                                                   deux, traversé de toutes parts par des lignes de fracture et divisé en
- Zeyno Film                                                       clans, qui s’opposent, noir contre blanc, avec de moins en moins de
WWW.FICHESDUCINEMA.COM                                             zones grises pour faire un lien.
It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
La Flor de Mariano Llinas

            ÉCRAN CONTRE ÉCRAN                           comme au théâtre), à diversifier leur offre… et donc,
                                                         paradoxalement, à devenir finalement une sorte de
La démultiplication des écrans et des canaux de          télévision hors les murs de la maison : un canal
diffusion, que le nom de Netflix à lui seul sert         de plus, dans lequel circulent des “programmes”.
maintenant à désigner, continue de remodeler             Ainsi, les choses étant ce qu’elles sont devenues,
en profondeur le monde du cinéma. On se pose             on arrive à cette configuration insolite qui est
désormais des questions qu’on ne se posait               que des documentaires de facture relativement
pas avant. Parmi les idées qui sont dans l’air,          télévisuelles sont diffusés sur grand écran, tandis
on peut attraper et mettre cote à cote ces deux-         que The Irishman de Martin Scorsese n’est visible
là : d’une part tous les films n’auraient pas            que sur tablette et ordinateur.
nécessairement vocation à être diffusés en salle,        À la faveur d’une sorte de tectonique des plaques,
d’autre part les salles n’auraient pas vocation          conséquence du séisme engendré notamment
à diffuser exclusivement des films. Ce que l’on          par l’explosion des plateformes de streaming, le
appelle le “hors films”, qui existe et progresse         cinéma se transforme dans son dispositif même.
discrètement depuis plusieurs années, en marge           Pour le pire le plus souvent, mais aussi parfois
du système d’exploitation traditionnel, fait son         pour le meilleur (ou du moins le plus intéressant).
petit bonhomme de chemin : en mars 2019, la              En février Libération mettait en Une le magnifique
retransmission en direct du spectacle Bonne nuit         La Flor, avec cette accroche : “Le film de quatorze
Blanche de Blanche Gardin dans 150 cinémas à             heures de l’Argentin Mariano Llinas […], explose les
travers la France, a par exemple battu un record en      codes de l’expérience cinématographique”. Et de
réunissant 92 000 spectateurs en une soirée. Dans        fait, c’était exact : par sa durée hors normes, par sa
un autre secteur économique, on remarque que             construction en forme de digression infinie, où les
les salles accueillent dans le cadre de projections      histoires ne se finissent pas, où des parenthèses
exceptionnelles un nombre grandissant de films           ne cessent de s’ouvrir dans des parenthèses, le
auto-produits se frayant une place sur les écrans        film invitait à une expérience de spectateur qui
hors du circuit de distribution classique, ou bien des   n’est ni celle proposée par le cinéma traditionnel
documentaires plus ou moins militants circulant          ni celle proposée par les séries. C’était en outre
à travers la France sous la forme de projections-        une expérience de distribution à part, impliquant
débats. Pour exister individuellement, pour se se        un rapport différent au temps, à l’expérience de la
singulariser, les salles de cinéma sont poussées à       projection, le film étant diffusé en quatre parties,
faire des “coups de programmation”, à faire vivre        sorties successivement quatre mercredis d’affilée.
leur espace comme lieu de spectacle (dans de plus        Cette expérience s’inscrivait dans la continuité
en plus de cinémas les places sont numérotées            de celle de Senses, film japonais de 5h20, qui,

                                                     5                                        © les Fiches du Cinéma 2019
It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
Adults in the Room de Costa-Gavras
présenté en festivals en un seul bloc, avait ensuite,
en 2018, été découpé en cinq épisodes et distribué
dans les salles en trois parties, avec l’accroche “La
première série cinéma”.
Globalement ces expériences s’inscrivaient
dans une tendance qui tend à se répandre, au
développement de projets hors-format, débordant
la durée et les structures du récit traditionnel :
Nymphomaniac (vaste tapisserie d’épisodes et             paraissait dans Le Monde une tribune réagissant à
de digressions découpée en deux films), Twin             ce rapport et contestant ses conclusions, intitulée
Peaks : The Return (série, certes, mais avant tout       La France : le seul pays au monde qui pense avoir
immense film d’auteur de 12h), Mektoub my Love           trop de cinéma d’auteur ! Elle était paraphée par
(projet au long cours dont le récit avance lentement     11 organisations professionnels et 800 signataires.
dans Canto Uno, puis se tient pratiquement en            Pourtant le 25 juillet Dominique Boutonnat était
suspension durant les 3h30 d’Intermezzo, et dont         nommé à la tête du CNC. Le message adressé à la
on ne sait où il ira ensuite). On pourrait encore        profession avait le mérite d’être clair : le cinéma est
citer les films-fleuve de Lav Diaz, ou, cette année,     une entreprise et la feuille de route de son nouveau
Un grand voyage vers la nuit, long métrage d’une         gérant sera la même que pour toutes les autres.
durée raisonnable (2h30) mais contenant deux films       Désormais, votre objectif n’est plus d’apporter (du
siamois, et jouant sur le rituel de la projection lui-   sens, de la pensée, de la beauté, du prestige) mais
même, en opérant un passage à la 3D dans sa              de rapporter, comme tout le monde.
seconde partie. Dans un autre registre, les 3h30
de The Irishman étant diffusées sur Netflix, une         Quand, en 2007-2008, Pascale Ferran avait fait un
proposition de découpage de l’œuvre en quatre            combat de la défense de ce qu’elle appelait les
parties, établie par des internautes, a circulé pour     “films du milieu”, le message n’était pas toujours
permettre de la regarder comme une mini-série.           bien passé, beaucoup y voyant alors le combat d’un
Dans la matière même des films, dans la façon            cinéma bourgeois, sur-subventionné, cherchant à
de les diffuser et de les voir, dans le rapport que      défendre ses privilèges. Pourtant la formule “le
les spectateurs peuvent avoir eux, plus rien n’est       milieu n’est plus un pont mais une faille” (titre
stable.                                                  du “rapport de synthèse” de son Club des 13),
                                                         aurait pu être mieux entendu, comme le constat
           ART CONTRE INDUSTRIE                          d’un phénomène systémique, rapidement appelé
                                                         à concerner tout le monde. Car aujourd’hui nous
S’il y a donc un devenir-programme des films,            en sommes là. La faille est profonde. Il y a deux
un devenir-télévision des salles, c’est avant tout       mondes, disons celui de l’art et celui de l’industrie
parce qu’il y a un devenir-produit de tout. Et ce qui    pour reprendre une dernière fois les termes d’une
a changé c’est que ce que l’on appelait “l’exception     formule usée jusqu’à la corde, qui a surtout servi
culturelle” (qui signifiait qu’un bien artistique ne     à faire passer la pilule du virage néo-libéral dans
peut pas être un produit commercial comme                le monde du cinéma. Les deux se font face. Ils se
les autres) n’est pratiquement plus protégée             regardent mais ont de moins en moins à voir l’un
par les pouvoirs publics, le respect de la chose         avec l’autre.
artistique et intellectuelle n’étant plus ancrée
dans les mœurs comme elle l’a longtemps été.             Dans Adults in the Room de Costa Gavras,
Au mois de mai, Dominique Boutonnat remettait un         reconstitution du bras de fer entre le ministre des
rapport sur le financement privé de la production        finances grec Yanis Varoufakis et les institutions
et de la distribution. Y était notamment défendue        européennes autour de la question de la dette en
l’idée qu’il se produit trop de films en France,         2015, on pouvait voir à l’œuvre cette logique de
diagnostic assorti du constat que la moitié de ces       séparation des mondes, quand elle est poussée
films fait moins de 50 000 entrées. Implicitement, il    jusqu’à l’absurde, et que la logique, le bon sens
était donc suggéré que c’est dans cette production       ou l’honnêteté ne peuvent plus intervenir pour
“improductive” qu’il faudrait tailler. Début juillet,    faire le lien. Le livre de Varoufakis dont le film est

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Synonymes de Nadav Lapid

                                                                                          Joker de Todd Phillips

adapté posait en exergue à son récit la description    tendance plus vaste), formant une suite parfaitement
d’une ligne de séparation du monde : d’un côté         cohérente autour de l’idée d’une société - et d’un
les “insiders” (ceux qui sont dans le système et en    cinéma - en guerre.
assurent coûte que coûte la pérennité) et de l’autre   Joker et Synonymes ont en commun d’être,
les “outsiders” (ceux qui sont en dehors). La lutte    esthétiquement et thématiquement, entièrement
qui était ensuite décrite était ainsi posée comme      structurés autour de systèmes d’oppositions. Film
celle d’un outsider contre les insiders, et donnée     d’exil, de reniement patriotique et de quête d’un
pour cette raison comme perdue d’avance. Insiders      territoire, Synonymes, est entièrement traversé
/ Outsiders, c’est sans doute là qu’est aujourd’hui    par les frontières : entre le corps et le langage, les
la grande ligne de rupture. Celle qui englobe          riches et les pauvres, ici et ailleurs, les juifs et les
toutes les autres. Celle qui traverse la société en    autres, le fantasme et le réel, etc. Et soit dit en
la divisant en deux, mais aussi celle qui trace un     passant il reconduit (côté israélien) le constat que fait
lien entre des secteurs et des gens qui pouvaient      également (côté palestinien) cet autre récit d’exil
être jusqu’ici éloignés, mais que le fait d’être mis   qu’est It Must be Heaven d’Elia Suleiman : on
dans le même sac rassemble : chômeurs, ouvriers,       n’échappe pas à Israël, car aujourd’hui la zone de
migrants, intellectuels, fonctionnaires, artistes,     conflit est partout, la tension est la même partout.
idéalistes, etc.                                       Dans Joker, même principe de balancier entre des
                                                       contraires : la comédie / la tragédie, les pauvres /
         DEDANS CONTRE DEHORS                          les riches, le dedans / le dehors, la folie / la raison…
                                                       Et on peut encore retrouver le même principe, par
Cannes, Berlin, Venise : Synonymes, Parasite, Joker.   exemple, dans le Zombi Child de Bonello, qui lui
En 2019, dans les trois festivals du grand Chelem,     aussi avance continuellement sur deux plateaux :
les grands prix (Ours, Palme, Lion) ont tous été       le passé et le présent, les vivants et les morts, les
à des films que l’on n’attendait pas forcément si      noirs et les blancs, les élites de la Nation et les
haut (surprise à chaque fois assez réjouissante),      damnés de la Terre, le savoir et la croyance, etc. Le
mais surtout à un brelan d’œuvres agressives,          monde est clivé et les films s’en ressentent jusque
désespérées (et représentatives en cela d’une          dans leur forme.

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Us de Jordan Peel

De Parasite à Joker courait l’axe d’une lutte des       haute société en en supplantant le personnel de
classes durcie et radicalisée, auquel ils n’étaient     maison. Dans Synonymes, un jeune couple des
pas les seuls à être accrochés. Comme l’a dit la        beaux quartiers recueille dans son appartement
sociologue Monique Pinçon-Charlot : “Les ouvriers       un exilé, débarqué d’Israël, arrivé devant sa porte
sont passés du statut d’exploités au statut de          nu comme l’enfant qui vient de naître. Dans Us les
déchets. C’est un processus de déshumanisation          doubles négatifs (pauvres, abîmés, bancals) de
où les ouvriers, les salariés, les intellectuels, les   familles bourgeoises remontent des profondeurs
journalistes, qui sont les créateurs de richesse, qui   pour forcer l’entrée de leur maison, les tuer et
sont ceux qui font fonctionner l’économie réelle,       prendre leur place. Dans Chanson douce, une
deviennent des coûts, des charges, des problèmes,       nounou psychotique vient introduire le danger
des variables d’ajustement, des lignes comptables.”     dans un foyer bobo. Dans Une fille facile, l’image
Traduction en images : dans le bien nommé Parasite      matrice est encore une image d’opposition : le port
ou le pas mal nommé non plus Us de Jordan               de Cannes, et d’un côté les yachts de l’autre les
Peel, les pauvres sont montrés comme vivant             bars populaires. En douceur cette fois, par la voie
très littéralement terrés comme des rats, dans          transversale de la séduction et du sexe, quelques
Atlantique la société les rejette à la mer et dans      personnages du dehors sont invités à passer à
Bacurau ils sont convertis en gibier pour les safaris   l’intérieur. Et une fois de plus l’histoire sera ensuite
de quelques ultra riches, tandis que leur village est   celle de cette intrusion et des rapports de forces
physiquement effacé des cartes de Google Maps.          qu’elle induit.
Dans tous ces cas, évidemment, le cinéma met
en scène ce qui, pour n’importe quel scénariste
ou n’importe sociologue, apparaîtra comme                         PAROLE CONTRE SILENCE
la conséquence inévitable de cette situation, à
savoir la réplique, violente, sanglante, qui dans       C’est encore sur une ligne de rupture que s’est
Joker se formule en un slogan : “Kill the Rich” .       joué le dernier temps fort de l’année : la séquence
Enfin entre les trois grands primés, courait une        Adèle Haenel. On pourrait croire que cette ligne
image et un thème récurrents de l’année : la            est celle de la guerre des sexes. Mais en premier
maison, l’entrée de l’étranger ou de l’adversaire       lieu ce qui se joue dans cette affaire, c’est toujours
dans la maison. Dans Joker, il y a ceux qui sont        le prolongement de la même ligne. Car ce qu’a
dedans et ceux qui sont dehors. Il y a ceux qui sont    fait exploser en premier lieu ce témoignage,
dans la télévision et ceux qui sont devant. Il y a      c’est l’antagonisme entre ceux qui ont la parole
ceux qui sont dans les palais et ceux qui sont à la     et ceux qui ne l’ont pas ; ceux que le fait d’être
grille. Après avoir été l’incarnation de la seconde     à l’intérieur du système protège et ceux que le
catégorie, le héros va, avec toute la violence du       fait d’être à l’extérieur rend inaudibles. Pourtant,
refoulé faisant retour, entrer dans la télévision et    ce surgissement de la parole, en l’occurrence,
forcer la porte du palais. Dans Parasite, une famille   venait de l’intérieur. Adèle Haenel l’a dit de
pauvre s’infiltre peu à peu dans une famille de la      façon on ne peut plus claire : elle prenait la

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Le Traître de Marco Bellocchio                               J’accuse de Roman Polanski

parole parce que elle – connue et reconnue,                 et le maire de Nicolas Pariser, où un insider,
socialement tout à fait bien intégrée – pouvait             maire de Lyon, homme de pouvoir accompli, fait
se le permettre, mais elle parlait avant tout               appel à une outsider, philosophe, intellectuelle,
pour “les autres” (comprendre : les “outsiders”).           pour réactiver sa capacité à produire des idées.
Étrangement, cette idée que la libération de la             La faillite des institutions (que l’on peut recroiser
parole doive venir de l’intérieur avait déjà été            dans Hors normes, où elles se montrent incapables
formulée dans des films, comme l’expression                 de gérer les cas d’autisme trop graves et se
d’une aspiration de l’époque. C’est le cas par              reposent alors - tout en la contestant - sur la
exemple dans Grâce à dieu de François Ozon, qui             bonne volonté d’un éducateur de la société civile,
évoque l’affaire (authentique) du père Preynat,             ou dans Les Misérables, où un caïd en maillot
prêtre pédophile, et du Cardinal Barbarin, accusé           de foot est appelé - et considéré comme - “le
de l’avoir couvert. En effet, dans cette histoire, le       maire” dans son quartier…) est génératrice de
personnage qui déclenche le processus judiciaire            nouveaux modes d’action et de communication.
qui mènera à la condamnation du prêtre, mais                On le voit partout dans le monde et chez nous le
avant cela à la création d’une association nommée
                                                            cas des Gilets jaunes en est un exemple frappant.
La Parole libérée, est un catholique convaincu. S’il
                                                            L’intervention d’Adèle Haenel peut en être un
trahit l’institution catholique c’est par fidélité aux
                                                            autre exemple. Car l’effet de surprise suscité par
valeurs catholiques et à la haute image qu’il se fait
                                                            la forme que prenait sa démarche a pesé dans son
de ce que doit être l’Église. En cela, son attitude
                                                            impact. Or cette démarche prenait sa source dans
est absolument semblable à celle de Tommaso
                                                            une volonté affirmée de contourner la procédure
Buschetta vis-à-vis de la camora sicilienne dans
                                                            habituelle et les institutions concernées. “La
Le Traître de Bellocchio et que celle du Colonel
                                                            justice nous ignore, on ignore la justice” affirmait
Piquard vis-à-vis de l’armée dans (curieux
paradoxe) le J’accuse de Polanski. L’un et l’autre          l’actrice en ouverture du dossier de Mediapart.
sont de fidèles soldats, qui se retournent contre           Sur cette question du langage, le cinéma peut
l’institution lorsque celle-ci leur semble faillir à son    paraître quelque peu à la traîne par rapport à la
code de l’honneur. Le “traître positif” aura donc été       société, dans la mesure où lui n’a pas encore su
une figure importante de l’année 2019, comme une            produire des prototypes ayant suffisamment force
cristallisation du rapport de défiance que l’époque         d’évidence pour créer un véritable engouement
entretient avec le pouvoir et les institutions, comme       populaire (Joker est à peu près le seul film de
un horizon d’attente. En effet, ce personnage, qui          l’année à avoir réussi l’équation entre connexion
a à voir avec les lanceurs d’alerte contemporains,          avec l’époque, originalité dans l’approche et
est aussi une représentation de ce que l’on attend          rencontre avec le public). Néanmoins on sent que
sans doute des hommes politiques aujourd’hui :              tous les ingrédients sont déjà dans les éprouvettes
qu’ils trahissent la classe politique au nom du             pour y parvenir. Il ne reste qu’à trouver le bon
respect de la fonction politique. C’est d’ailleurs          dosage. Les années 20 peuvent commencer.
plus ou moins le fantasme que caresse Alice                                                      Nicolas Marcadé

                                                        9                                        © les Fiches du Cinéma 2019
It Must Be Heaven Bilan 2019 - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
TOP 10 DE LA RÉDACTION

1. Parasite de Bong Joon Ho
2. Le Traître de Marco Bellocchio
3. Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
4. Joker de Todd Phillips
5. Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar
6. Ad Astra de James Gray
   So Long, My Son de Wang Xiaoshuai
8. Midsommar de Ari Aster
9. Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles
   Sorry We Missed You de Ken Loach
Puis... :
11. Les Éternels de Jia Zhang-ke
    La Flor de Mariano Llinás
    Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino
14. Alice et le maire de Nicolas Pariser
15. La Favorite de Yorgos Lanthimos
   Les Misérables de Ladj Ly
   90’s de Jonah Hill
   Nuestro tiempo de Carlos Reygadas
   Sibyl de Justine Triet

                                                   10              © les Fiches du Cinéma 2019
Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn)
de Edward Norton

Un détective privé, cherchant à comprendre les causes                                                                                FILM NOIR
                                                                                                                          Adultes / Adolescents
de la mort de son patron, se retrouve emporté dans
le New York véreux des années 1950. Ce deuxième                             u GÉNÉRIQUE
film d’Edward Norton déborde (trop) d’ambition                              Avec : Edward Norton (Lionel Essorg), Gugu Mbatha-Raw (Laura
et convoque les fantômes des grands films noirs.                            Rose), Alec Baldwin (Moses Randolph), Bobby Cannavale (Tony
                                                                            Vermonte), Willem Dafoe (Paul), Bruce Willis (Frank Minna), Ethan
                                                                            Suplee (Gilbert Coney), Cherry Jones (Gabby Horowitz), Dallas
                                                                            Roberts (Danny Fantl), Josh Pais (William Lieberman), Radu
                                                                            Spinghel (le géant), Fisher Stevens (Lou), Peter Lewis (le maire),
                                                                            Robert Ray Wisdom (Billy Rose), Michael Kenneth Williams
                                                                            (le trompettiste), Nelson Avidon (Jacob Gleason), DeShawn White
                                                                            (Betty), Leslie Mann (Julia Minna), Joseph Siravo, Isaiah J. Thompson,
                                                                            Russell Hall, Joe Farnsworth, Jerry Weldon, Eric Berryman Jr.,
                                                                            Migs Govea, Erica Sweany, Katy Davis, Olli Haaskivi, Yinka Adeboyeku.
                                                                            Scénario : Edward Norton D’après : le roman Les Orphelins
                                                                            de Brooklyn de Jonathan Lethem (1999) Images : Dick Pope
                                                                            Montage : Joe Klotz 1er assistant réal. : Adam Escott Musique :
                                                                            Daniel Pemberton Son : Danny Michael Décors : Beth Mickle
                                                                            Costumes : Amy Roth Effets spéciaux : Jimmy Hays Effets
                                                                            visuels : Mark Russell Dir. artistique : Michael Ahern Maquillage :
                                                         © Warner Bros.     Louise McCarthy Casting : Avy Kaufman Production : Class 5
                                                                            Films et MadisonWellsMedia Pour : Warner Bros. Producteurs :
                                                                            Bill Migliore, Edward Norton, Michael Bederman, Gigi Pritzker,
   HHH         Pour sa deuxième réalisation après Au nom
                                                                            Rachel Shane, Robert F. Smith et Daniel Nadler Distributeur :
d’Anna en 2000, l’acteur Edward Norton porte à l’écran
                                                                            Warner Bros.
le roman Les Orphelins de Brooklyn de Jonathan Lethem,
dont il avait acquis les droits à sa publication en 1999.                                   144 minutes. États-Unis, 2019
Un cheminement de près de vingt ans pour cette adaptation                                  Sortie France : 4 décembre 2019
ambitieuse, qui transpose l’action du roman des années 1990
                                                                            u RÉSUMÉ
dans les années 1950. Norton envisage son long métrage
                                                                            New York, 1957. Lionel Essrog travaille pour l’agence de
comme un pur film noir, respectueux du genre mais dénué                     détectives de Frank Minna. À l’issue d’un rendez-vous avec
de toute révérence excessive. Un objectif qu’il ne tient pas                William Lieberman, Frank est blessé et meurt. Julia, sa veuve,
dans son exposition, sage et explicative, qui aurait gagné                  confie la direction de l’agence à Tony Vermonte. Un indice trouvé
à être resserrée. Mais, une fois entré dans le vif du sujet                 dans les affaires de Frank mène Lionel au King Rooster,
- l’enquête initialement revancharde qui anime Lionel -,                    un club de jazz à Harlem tenu par Billy Rose. Lionel y remarque
le film plonge dans des méandres narratifs envoûtants.                      Laura, la fille de Billy et secrétaire de la politicienne Gabby
Le talent d’écriture de Norton est de raconter avec simplicité              Horowitz. Il les suit à un conseil municipal : le maire et
                                                                            le responsable du développement urbain, Moses Randolph,
une intrigue aux abords très complexes et aux ramifications
                                                                            sont pris à parti par l’assistance pour leur gestion des
tentaculaires (tendance Chinatown), tout en ne quittant                     résidences Inwood, déclarées à tort insalubres.
presque jamais son “privé” atypique. Le récit comme
                                                                            SUITE... Lionel y fait la connaissance de Paul, et sympathise avec
le spectateur avancent ainsi au gré des rencontres de Lionel,
                                                                            Laura. Billy le prend pour un sbire de Moses et le fait passer à
de la progression aléatoire de ses investigations. Et ainsi,                tabac. Lionel découvre que Paul, ingénieur, est le frère de Moses,
le cinéaste en vient à aborder de façon naturelle le cœur de                et que Lieberman reçoit des dessous-de-table sur des
son sujet : l’embourgeoisement du New York des années                       opérations immobilières. Billy est assassiné. Amoureux de
1950, exécuté à grand coups de projets urbains et de                        Laura, Lionel lui avoue les raisons de son enquête. Elle lui
spoliations des populations de couleur (ici, les Afro-                      apprend que Paul est son père. Moses pose un ultimatum
Américains). Norton introduit une figure du mal (Alec                       à Lionel : il a 24h pour lui fournir le dossier constitué par
Baldwin, imposant et inquiétant à souhait), dont il fait                    Frank. Lionel retrouve le dossier, lequel contient l’acte de
                                                                            naissance de Laura : Moses est son père. Lionel échappe
à la fois le démiurge illuminé d’une métropole ultra moderne,
                                                                            à Tony, à la solde de Moses, et sauve Laura, qui devait être
et un vulgaire parrain mafieux perpétuant les méthodes                      éliminée. Il va voir Moses, qui lui avoue avoir violé la mère
du Tammany Hall. Face à lui, Norton apporte sa justesse et                  de Laura. Lionel négocie avec Moses la sécurité de Laura,
sa fragilité à un Lionel loin des clichés du héros de film noir,            et lui révèle que Lieberman l’a trahi. Puis il envoie le dossier
et le rend résolument attachant. _Mi.G.                                     de Frank à un journaliste, et retrouve Laura.

                      Visa d’exploitation : 151926. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 250 copies (vo / vf).

                                                                    11                                                  © les Fiches du Cinéma 2019
Ceux qui nous restent
de Abraham Cohen

En 2013, le cinéma Le Méliès, à Montreuil, est                                                                        DOCUMENTAIRE
                                                                                                                  Adultes / Adolescents
le “théâtre” d’un grave et long conflit social.
Ce document partisan s’attache à relater les péripéties                  u GÉNÉRIQUE
de la lutte entre les salariés et la municipalité,                       Scénario : Abraham Cohen Images : Abraham Cohen et Olga
mais surtout son impact sur la vie des protagonistes.                    Nuevo Roa Montage : Abraham Cohen et Victoria Follonier
                                                                         Production : Ad Libitum Producteurs : Catherine Bizern,
                                                                         Dominique Cabrera et Edmée Doroszlai Distributeur : Ad Libitum.

                                                        © Ad Libitum

                                                                                           115 minutes. France, 2019
  HHH         Depuis longtemps, le cinéma Le Méliès est                                 Sortie France : 4 décembre 2019
une institution cinématographique à Montreuil. Cet
établissement public est un lieu privilégié de transmission              ce qui explique la durée confortable du film,
du cinéma et de partage avec les spectateurs, animé                      cette lutte est ponctuée de petites victoires, de
par son directeur artistique, Stéphane Goudet. En 2013,                  moments de découragement, de dissensions
ce dernier, ainsi qu’une partie de l’équipe, sont accusés                internes, et de souffrance psychique. C’est là
entre autres de détournement de fonds publics, et de fournir             que se situe l’intérêt premier de ce film qui s’attache
des stupéfiants à des cinéastes invités (!). En conséquence,             à nous montrer à quel point le combat militant,
quatre membres sont écartés du Méliès par la municipalité,               la lutte pour garder son boulot, peuvent s’avérer âpres,
avec la bénédiction de sa maire, Dominique Voynet.                       usants, et parfois mortels à la longue. Les salariés
Les salariés du Méliès récusent ces accusations et                       doutent, souffrent, craquent, tombent malades.
s’organisent en collectif. La résistance prend la forme                  Le réalisateur prend le temps de capter ces moments
d’un mouvement de grève pour demander la réintégration                   incertains, entre deux assemblées générales, où
des professionnels. Des débats publics ont lieu dans                     les personnes vacillent, semblent vaincues par
le cinéma, les spectateurs fondent un comité de soutien ;                l’épuisement et le découragement. Des extraits
le conseil municipal est régulièrement interpellé sur                    de films diffusés au cinéma commentent les actions
cette situation par le collectif et les opposants politiques.            en cours sur le terrain du réel. Une façon d’indiquer
Les salariés tentent, avec l’appui d’un syndicat, de rencontrer          que ce documentaire sur un cinéma en lutte
la maire à plusieurs reprises, sans succès. Au bout de                   se souvient des luttes sociales telles qu’elles
plus de 45 jours de grève, le mouvement, épuisé, s’arrête.               furent montrées depuis toujours au cinéma. En
Une nouvelle direction est nommée. Mais l’affaire n’en reste             accompagnant ce petit groupe de combattants,
pas là. Et, sur fond de campagne électorale pour les élections           on s’aperçoit vite que leur mouvement se confond
municipales, la demande de réintégration de l’ancienne                   avec une haute idée de leur mission : garder
équipe reprend du souffle. Certains des candidats, s’ils                 un lieu vivant de partage et de transmission. En
sont élus, font la promesse de valider le retour de l’équipe.            mettant en évidence l’investissement personnel
Le nouveau maire communiste, après avoir tergiversé,                     et professionnel de ces personnes, le film milite
permet de clore l’affaire. L’équipe historique reprend                   aussi pour que vive un lieu de diffusion différent,
son travail dans un cinéma rénové et agrandi. Ces faits                  attaché à une certaine idée du cinéma. Et c’est
sont relatés dans ce document partisan et militant, au                   justement avec de bonnes idées de cinéma qu’il
plus près de ses acteurs. Étalée sur plusieurs années,                   y parvient. _J.C.

                                 Visa d’exploitation : 143778. Format : 1,66 - Couleur - Son : Mono.

                                                                 12                                              © les Fiches du Cinéma 2019
La Famille Addams (The Addams Family)
de Conrad Vernon et Greg Tiernan

Ces nouvelles aventures de la famille Addams                                                                                             COMÉDIE
                                                                                                                                           Famille
pâtissent d’un scénario sans surprise et d’une forme
impersonnelle. Les plus jeunes apprécieront, mais                         u GÉNÉRIQUE
les amateurs de l’ambiance gothique des films précédents                  Avec : Oscar Isaac (Gomez Addams), Charlize Theron (Morticia
pourront passer leur chemin sans regret.                                  Addams), Chloë Grace Moretz (Mercredi Addams), Finn Wolfhard
                                                                          (Pugsley Addams), Nick Kroll (l’oncle Fétide), Snoop Dogg (la Chose),
                                                                          Bette Midler (Mamie), Allison Janney (Margaux Needler), Martin
                                                                          Short (le grand-père Frump), Catherine O’Hara (la grand-mère
                                                                          Frump), Tituss Burgess (Glenn), Jennifer Lewis (la grande-tante
                                                                          Sloom), Elsie Fisher (Parker), Conrad Vernon (Lurch / le prêtre / l’esrit /
                                                                          le docteur Flambe), Aimee Garcia (Denise), Scott Underwood
                                                                          (Mitch), Mikey Madison (Candi), Pom Klementieff (Layla & Kayla),
                                                                          Chelsea Frei, Deven Green, Maggie Wheeler, Harland Williams.
                                                                          Avec : Kev Adams (Gomez Addams), Mélanie Bernier (Morticia
                                                                          Addams), Alessandra Sublet (Margaux Needler).
                                                                          Scénario : Matt Lieberman et Pamela Pettler, d’après une histoire
                                                                          de Conrad Vernon, Matt Lieberman et Erica Rivinoja D’après :
                                                                          les personnages de Charles Addams (créés en 1938) Montage :
                                                                          Kevin Pavlovic et David Ian Salter Animation : Mike Linton
                                                                          Musique : Mychael & Jeff Danna Son : Tim Chau Décors : Patricia
                                                          © Universal     Atchison et Kyle McQueen Effets spéciaux : Neil Eskuri Dir.
                                                                          artistique : Kyle McQueen Casting : Ruth Lambert et Robert
                                                                          McGee Production : MGM, Bron Creative, The Jackal Group et
     H       Ces nouvelles aventures de la fameuse famille
                                                                          Cinesite Studios Producteurs : Gail Berman, Alison O’Brien et
Addams consistent cette fois-ci en un film d’animation
                                                                          Alex Schwartz Distributeur : Universal Pictures.
en images de synthèse, inspiré néanmoins des cartoons
originaux. Malheureusement, l’esthétique d’ensemble, trop                                  87 minutes. États-Unis, 2019
lisse, ne nous fait éprouver le côté effrayant de la famille                              Sortie France : 4 décembre 2019
qu’au tout début, durant le générique. S’inscrivant dans
                                                                          u RÉSUMÉ
la mouvance des blockbusters d’animation contemporains
                                                                          Pour assurer sa sécurité, la famille Addams s’est installée
- tel Les Indestructibles -, ce style graphique est plus adapté           dans un manoir isolé sur une colline du New Jersey.
aux personnages “ordinaires” du récit - ainsi, Margaux,                   Ensemble, ils préparent la Mamoushka de leur fils Pugsley,
la présentatrice télé - qu’à la famille Addams elle-même                  rituel initiatique réservé aux garçons. Mais ce dernier ne
et à son décorum gothique. La bande originale, quant à                    s’intéresse pas à la maîtrise de l’épée, indispensable à cette
elle, manque de personnalité, et pourra paraître bien                     danse, à laquelle il préfère le maniement des explosifs.
fade en regard de celles des films de Barry Sonnenfeld.                   Dans le même temps, le quartier situé au pied de la colline
Le scénario insiste fortement sur les relations familiales, mais          est rénové par Margaux Needler, architecte d’intérieur et
                                                                          animatrice d’une émission de télévision populaire. Elle
c’est au détriment de la comédie, et le parcours initiatique
                                                                          y promeut des maisons préfabriquées qu’elle vend. Un jour,
qu’accomplissent les deux enfants prend trop de place. Cette              elle remarque l’horrible demeure des Addams.
universalisation de l’esprit Addams est peut-être idéale pour
                                                                          SUITE... Mercredi, la fille des Addams, veut découvrir
séduire les plus jeunes spectateurs, mais les amateurs de
                                                                          le monde extérieur et aller à l’école. Elle y fait la connaissance
l’humour noir propre aux personnages se sentiront oubliés.                de la fille de Margaux : elles deviennent amies. Leur relation,
Par ailleurs, si la partie consacrée à Margaux aborde des                 et l’influence qu’elles exercent l’une sur l’autre, déplaisent
thèmes actuels - notamment la société de surveillance,                    fortement à leurs familles respectives. Le jour de la fête
la manipulation de l’opinion publique… -, la façon dont le récit          de Pugsley, Mercredi quitte la maison, agacée par l’excentricité
n’a de cesse de la présenter comme une “méchante” atténue                 de sa famille. Pugsley, de son côté, rate la danse de
notre surprise lorsque sont enfin révélées ses manipulations.             la Mamoushka. Aidée des voisins de la famille Addams,
De plus, la conclusion, précipitée, n’est absolument pas                  Margaux attaque le manoir. Pour protéger sa famille,
                                                                          Pugsley utilise des explosifs. Mercredi, quant à elle, revient
convaincante : étrange scène que celle où, brusquement,
                                                                          avec son arbre qui marche, sur lequel toute la famille se
les adultes s’excusent d’avoir détruit la maison... De même,              réfugie après que le manoir a brûlé. Remarquant alors
la soudaine idylle entre Margaux et Fester, injustifiée du point          qu’ils forment, comme eux, une famille, les habitants du
de vue du scénario, conclut le récit par un happy-end sans                voisinage deviennent amis avec les Addams, qui s’installent
imagination et peu crédible. _K.M.                                        dans le nouveau quartier au pied de la colline.

                              Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                  13                                                     © les Fiches du Cinéma 2019
It Must Be Heaven
de Elia Suleiman

Ici, le morceau de sparadrap dont, à l’image du                                                                                         CHRONIQUE POÉTIQUE
                                                                                                                                         Adultes / Adolescents
capitaine Haddock, Elia Suleiman ne parvient pas
à se défaire, c’est son propre pays, la Palestine.                                           u GÉNÉRIQUE
Il en résulte une absurde comédie de l’absurde,                                              Avec : Elia Suleiman (lui-même), Tarik Copti (le voisin), Kareem
d’une magnifique et tendre mélancolie. Indispensable.                                        Ghneim (le fils du voisin), George Khleifi (le serveur du restaurant),
                                                                                             Ali Suliman et Fares Muqabaa (les frères au restaurant), Yasmine
                                                                                             Haj (la sœur au restaurant), Nael Kanj (l’évêque), Asmaa Azai
                                                                                             (la bédouine), Grégoire Colin (l’homme dans le métro), Vincent Maraval
                                                                                             (le producteur), Claire Dumas et Antoine Cholet (les ambulanciers),
                                                                                             Édouardric Cornet (le sans-abri), Kengo Saito (l’homme du couple
                                                                                             japonais), Yumi Narita (la femme du couple japonais), Stephen
                                                                                             McHattie (le cartomancien), Raïa Haïdar (la FEMEN), Fadi Sakr
                                                                                             (le maître de cérémonie), Kwasi Songu (le chauffeur de taxi), Guy
                                                                                             Sprung (le professeur), Nancy Grant (la productrice), Gael García
                                                                                             Bernal (lui-même).
                                                                                             Scénario : Elia Suleiman Images : Sofian El Fani Montage :
                                                                                             Véronique Lange Son : Johannes Doberenz et Lars Ginzel Décors :
                                                                                             Caroline Adler Costumes : Alexia Crisp-Jones et Éric Poirier
                                                                                             Production : Rectangle Productions, Nazira Films, Pallas Film,
                                                                                             Possibles Media et Zeyno Film Production associée : Doha Film
             © Rectangle Prod. - Nazira Films - Pallas Film - Possibles Media - Zeyno Film   Institute, Wild Bunch, Le Pacte, Schortcut Films, Maison 4:3, The
                                                                                             Arab Film Fund for Arts and Culture et KNM Coproduction : ZDF /
                                                                                             Arte, TRT et CN3 Productions Producteurs : Édouard Weil, Laurine
   HHH        Youpiiii… Après 10 ans de silence, Elia Suleiman,
                                                                                             Pelassy, Elia Suleiman, Thanassis Karathanos, Martin Hampel,
son personnage d’observateur mutique, d’alter ego rêveur,
                                                                                             Serge Noël et Zeynep Ozbatur Atakan Distributeur : Le Pacte.
va bien. Il est même en grande forme, n’a rien perdu de son
humour distancié, de sa piquante ironie, de sa mélancolie,                                      97 minutes. France - Qatar - Allemagne - Canada -
sa silhouette n’a pas forci, ni cillé son regard, son acuité n’a                             Turquie - Palestine, 2019. Sortie France : 4 décembre 2019
rien cédé aux discours convenus non plus qu’aux images
                                                                                             u RÉSUMÉ
toutes faites, peut-être a-t-il même gagné en sérénité. Au
                                                                                             Nazareth. Une procession de fidèles suit un pope dans
point de tenter ici un pari dopé au toupet : ne pas convertir,                               une église, jusqu’à la porte d’une pièce où deux hommes
comme on pourrait s’y attendre, la Palestine en métaphore                                    se sont enfermés pour s’y saouler. Le pope les en déloge
de l’incongruité du monde, mais faire de ce monde comme il                                   sans ménagement. Chaque jour, depuis son balcon, Elia
dérape et déraille, la métaphore de la Palestine en promenant                                regarde son voisin entretenir et cueillir les fruits de son
sa dégaine de merle chanteur iossellianien à travers ces                                     citronnier, sans qu’il lui en ait donné la permission. Quelque
villes-mondes que sont Paris et New York. Un “less is more”                                  temps plus tard, il quitte le pays et arrive à Paris, dont il
à 180° en somme, cul par-dessus tête soudain. Il en résulte                                  arpente les rues. Ici, des policiers vérifient la conformité
                                                                                             d’une terrasse de café... Là, des Parisiens se disputent
un film drôle, de ce Paris devenu sécuritaire (et désert) où
                                                                                             les chaises dans un parc... Là encore, une maraude du
les forces de l’ordre semblent ne plus se déplacer qu’en                                     Samu offre un plateau-repas à un SDF... Le 14 juillet, Elia
gyroroues et l’armée n’avoir d’autre fonction que défiler                                    marche dans un Paris désert, tout juste traversé, çà et là,
à ce New York où chacun vaque à son agitation, mué en                                        par des policiers en gyropode. Devant lui, passent des chars
milicien surarmé. Pour le reste, méthode et style ont peu                                    d’assaut, et partout les avions de la Patrouille de France
changé. Adossé à un cinéma de l’idée, de la trouvaille et                                    le survolent. Un producteur français le reçoit et lui dit
de la notation, It Must Be Heaven égrène, dans un même                                       le plus grand bien de son tout dernier projet... qu’il ne produira
                                                                                             toutefois pas, celui-ci n’étant “pas assez palestinien” à son
décompte, un ensemble de vignettes, de fables miniatures
                                                                                             goût.
dont les épilogues dévissent en permanence de leur prévisible
morale. Et si, à son sujet, la figure de Buster Keaton se                                    SUITE... Elia part pour New York où, apprenant qu’il est
voit souvent évoquée, pour juste que soit cet appairage, les                                 palestinien, un chauffeur de taxis lui offre la course. Dans
                                                                                             un magasin, il constate que tous les clients sont lourdement
liens de Suleiman avec le cinéma des premiers temps vont
                                                                                             armés. Dans un parc, il voit une femme portant deux ailes
très au-delà des similitudes de leur allure respective. Ainsi                                blanches échapper soudain aux policiers qui l’encerclaient...
chacune de ces vignettes, qui pourrait fuser seule, a la beauté                              Son ami Gael Garcia Bernal le présente à un producteur qui
définitive, unique, d’une “vue”, d’un plan, d’un film Lumière.                               ne le reçoit pas. Elia rentre enfin en Palestine où, installé
Comprenez combien c’est précieux. _R.H.                                                      au comptoir d’un bar, il regarde d’autres clients danser.

                                        Visa d’exploitation : 149934. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                                       14                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Jumanji : Next Level (Jumanji : The Next Level)
de Jake Kasdan

Si cet ersatz de Jumanji n’a plus grand chose                                                                                  AVENTURES
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
à voir avec le film de 1995, il a le mérite d’essayer
des choses malheureusement jamais assez                                   u GÉNÉRIQUE
audacieuses pour convaincre vraiment. Une comédie                         Avec : Dwayne Johnson (le docteur Smolder Bravestone), Jack
d’aventures qui distraira peut-être les pré-ados.                         Black (le professeur Sheldon “Shelly” Oberon), Kevin Hart (Franklin
                                                                          “Mouse” Finbar), Karen Gillan (Ruby Roundhouse), Nick Jonas
                                                                          (Jefferson “Seaplane” McDonough), Danny DeVito (Eddie Gilpin),
                                                                          Danny Glover (Milo Walker), Alex Wolff (Spencer Gilpin), Madison
                                                                          Iseman (Bethany Walker), Ser’Darius Blain (Anthony “Fridge”
                                                                          Johnson), Morgan Turner (Martha Kaply), Rhys Darby (Nigel
                                                                          Billingsley), Colin Hanks (Alex Vreeke).
                                                                          Scénario : Jake Kasdan, Jeff Pinkner et Scott Rosenberg D’après :
                                                                          le roman Jumanji de Chris Van Allsburg (1981) et le film Jumanji :
                                                                          Bienvenue dans la jungle de Jake Kasdan (2017) Images : Gyula
                                                                          Pados Montage : Steve Edwards et Mark Helfrich Réal. 2e équipe :
                                                                          Wade Eastwood 1er assistant réal. : Matt Rebenkoff Musique :
                                                                          Henry Jackman Son : Julian Slater et Kevin O’Connell Décors :
                                                                          Bill Brzeski Costumes : Louise Mingenbach Effets spéciaux : J.D.
                                                                          Schwalm Effets visuels : Mark Breakspear et Glenn Melenhorst
                                                                          Dir. artistique : Andrew Max Cahn Maquillage : Robin Fredriksz
                                                              © Sony      Casting : Jeanne McCarthy et Nicole Abellera Production : Matt
                                                                          Tolmach Productions, Seven Bucks Productions et Hartbeat
                                                                          Productions Pour : Columbia Pictures Producteurs : Matt
     H         Les concepteurs du film ne se sont pas trop
                                                                          Tolmach, Dwayne Johnson, Dany & Hiram Garcia et Jake Kasdan
cassés la tête pour trouver le nom de ce sequel du reboot
                                                                          Distributeur : Sony Pictures.
(comprenez, la suite de la réadaptation) de Jumanji .
Le premier, le “vrai”, diront certains, avait terrifié toute                             114 minutes. États-Unis, 2019
une génération de gamins avec ses créatures effrayantes.                                Sortie France : 4 décembre 2019
En 2017, Jake Kasdan relançait l’idée en transformant quatre
                                                                          u RÉSUMÉ
ados en avatars de jeux vidéo incarnés par le bodybuildé
                                                                          De retour chez sa mère pour les fêtes, Spencer doit partager
Dwayne “The Rock” Johnson et les trublions Jack Black                     sa chambre avec son grand-père Eddie. Le lendemain,
et Kevin Hart aux côtés de Karen Gillan, toujours aussi                   Spencer retrouve à la cave les morceaux de sa vieille
légèrement vêtue. La bonne idée de ce Next Level, avec                    console, tandis que son grand-père reçoit la visite de son
aux manettes le même Jake Kasdan, c’est d’avoir échangé                   ancien ami et associé Milo. Inquiets de ne pas le voir à leur
les avatars du reboot pour mettre, par exemple, le grand-                 brunch, Bethany, Martha et Fridge vont le chercher chez
père Danny de Vito dans le corps de Dwayne Johnson. Cela                  lui. Il a disparu. Ils s’approchent de la console, et Fridge et
marcherait tout à fait si les acteurs étaient capables de                 Martha sont transportés dans Jumanji, dans les avatars
                                                                          respectifs de Shelly et Ruby. Ils retrouvent Eddie et Milo,
jouer ces différences, mais à part Jack Black, toujours
                                                                          devenus Bravestone et Moose.
irrésistible, et Awkwafina qui seule parvient à vraiment laisser
transparaître ses “hôtes”, force est de constater que la sauce            SUITE... Ils apprennent par Nigel que pour sortir du jeu ils
                                                                          doivent récupérer le Joyau faucon que Jürgen le Brutal a
ne prend jamais vraiment. Le scénario n’ose pas exploiter
                                                                          volé. Nigel les lâche en avion dans le désert, où ils échappent
ces changements, préférant nous resservir l’idylle entre                  de justesse à l’attaque d’un troupeau d’autruches. Arrivés à
le “beau gosse” (Johnson) et la fille canon (Gillan) au détour            une oasis, ils retrouvent dans un bar Spencer, dans l’avatar
d’une “retransformation” vraiment trop simple. L’histoire,                de Ming, qui essaie de voler le joyau. Ils réussissent tous à
elle, est un divertissement assez classique qui réserve le                s’échapper et parviennent à récupérer le fruit de Jumanji.
pire (l’inutilement longue séquence avec les autruches) et                Ils parviennent à un canyon qu’ils traversent en échappant
le mieux, comme cette traversée de canyon, digne d’un bon                 à des singes, et retrouvent Alex avec un cheval qui n’est
jeu de plate-forme, sur des ponts de singes flottants et avec             autre que Bethany. Ils sautent dans une eau étrange et
                                                                          retrouvent chacun leur avatar préféré. Eddie est désormais
des mandrills bien vivants et particulièrement méchants à
                                                                          Ming et Milo le cheval. Tous pénètrent dans le donjon de
leurs trousses. La deuxième partie est dans l’ensemble mieux              Jürgen le brutal. Alex va sauver Milo, qui a été capturé, et
réussie que la première, notamment parce qu’elle laisse                   Bravestone et Ruby libèrent Ming. Bravestone se bat avec
justement davantage de place à Jack Black. Un troisième                   Jürgen et récupère le joyau. Milo, malade, décide de rester
film est déjà annoncé. _M.Q.                                              dans Jumanji. Les autres retournent dans le monde réel.

                          Visa d’exploitation : 151932. Format : Scope (2D / 3D) - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                 15                                                 © les Fiches du Cinéma 2019
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