Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma

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Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
LE MENSUEL

                 Portrait de
                 la jeune fille
                 en feu
                 Rencontres avec
                 Céline Sciamma,
                 et Adèle Haenel
                 et Noémie Merlant

                 Fête de famille de Cédric Kahn
                 River of Grass de Kelly Reichardt
SEPTEMBRE 2019

                 Ad Astra de James Gray
                 Bacurau de Kleber Mendonça Filho
                 et Juliano Dornelles
                 rencontre avec
                 Bruno Dumont pour Jeanne
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#9
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
SOMMAIRE
                FILMS DU 4 SEPTEMBRE 2019
Fête de famille de Cédric Kahn               HHH
Fourmi de Julien Rappeneau		                 H
Les Hirondelles de Kaboul
de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec     HHH
Liberté de Albert Serra			                   HH
Le Mariage de Verida de Michela Occhipinti   H
River of Grass de Kelly Reichardt            HHH
Viendra le feu de Oliver Laxe		              HH

               FILMS DU 11 SEPTEMBRE 2019
The Bra de Veit Helmer			                    HH
Ça marche !? de Camille de Casabianca        HH
Deux moi de Cédric Klapisch		                HHH
L’Insensible de Ivan I. Tverdovsky           HH
Jeanne de Bruno Dumont		                     HHH
Rencontre avec Bruno Dumont
Mjólk de Grímur Hákonarson		                 HHH
Music of My Life de Gurinder Chadha          H
Tempo comum de Susana Nobre                  HH
Tu mérites un amour de Hafsia Herzi          HHH
Une joie secrète de Jérôme Cassou            HH
Un petit air de famille Film collectif       HHH
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
FILMS DU 18 SEPTEMBRE 2019
Ad Astra de James Gray			                                HHHH
De sable et de feu de Souheil Benbarka                   HH
Edith de Simon Hunter			                                 H
Les Fleurs amères de Olivier Meys                        HHH
Kusama : Infinity de Heather Lenz                        HHH
Lucky Day de Roger Avary		                               H
Ma folle semaine avec Tess de Steven Wouterlood          HHH
Nous, le peuple de Claudine Bories et Patrice Chagnard   HHH
El Ótro Cristobal de Armand Gatti                        HHH
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma      HHH
Rencontre avec Céline Sciamma
Rencontre avec Adèle Haenel et Noémie Merlant
Trois jours et une vie de Nicolas Boukhrief              HHH
Un jour de pluie à New York de Woody Allen               HHH

              FILMS DU 25 SEPTEMBRE 2019
Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles    HHH
Ceux qui travaillent de Antoine Russbach                 HHH
De cendres et de braises de Manon Ott                    HH
Demain est à nous de Gilles de Maistre                   HH
Ne croyez surtout pas que je hurle de Franck Beauvais    HHH
Les Petits maîtres du Grand hôtel de Jacques Deschamps   HHH
Port Authority de Danielle Lessovitz                     HHH
Steve Bannon de Alison Klayman                           HHH
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
ÉDITO

                                                                 À définir
                                                                 Samedi j’étais dans un train assurant la liaison Sud-Nord, province-Paris,
                                                                 vacances-rentrées. J’avais acheté des journaux et donc, tout
LES FICHES DU CINÉMA                                             en remontant la France, pour me remettre dans le bain je consultais
26, rue Pradier                                                  une enquête publiée par les Inrockuptibles sous le titre Quel avenir
75019 Paris
Administration & Rédaction :
                                                                 pour le cinéma d’auteur français ?. C’était une sorte de synthèse assez
01.42.36.20.70                                                   documentée de toutes les raisons qu’il y a aujourd’hui de s’angoisser
Fax : 09.55.63.49.46                                             pour ledit “cinéma d’auteur” : nomination à la tête du CNC du producteur
..............................................................   Dominique Boutonnat (auteur en mai d’un rapport qui, pour schématiser,
RÉDACTEUR EN CHEF
                                                                 prônait une refonte dans un sens plus libéral du système des aides au
Nicolas Marcadé
redaction@fichesducinema.com                                     cinéma), toute-puissance de Netflix et de ses concurrents présents et
RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT                                        avenirs, etc. Je lisais tout cela, et je m’étonnais de m’apercevoir que
Michael Ghennam                                                  je n’en pensais rien. Un peu comme je ne saurais pas quoi penser du
michael@fichesducinema.com                                       cancer. Je suis contre, mais à part ça ? Boutonnat ou Netflix sont les
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
                                                                 nouveaux noms de nos angoisses, mais ce ne sont que des étapes dans
Thomas Fouet
thomas@fichesducinema.com                                        un processus continu et régulier, qui s’est amorcé depuis au moins vingt
..............................................................   ans. Dans les épisodes précédents, nous nous sommes tous suspendus
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO                                        au signal d’alarme - à coup d’articles, de tribunes, de prises de parole
François Barge-Prieur, Charlotte
                                                                 - pour essayer de freiner le train, mais au poste de pilotage, la loi du
Bénard, Isabelle Boudet, Sarah
Brunelière, Isabelle Danel, Clément                              marché se souciait avant tout de tenir sa feuille de route et ses horaires.
Deleschaud, Paul Fabreuil, Thomas                                Il n’y a donc jamais eu ni ralentissement ni déviation. Dès lors comment
Fouet, Venceslas Fouineteau,                                     peut-on encore penser un phénomène qui met une telle puissance à
Margherita Gera, Michael Ghennam,                                s’imposer comme inéluctable ? Plus tard j’ai lu l’interview donnée par le
Roland Hélié, Simon Hoareau, Amélie
                                                                 producteur Saïd Ben Saïd à Télérama (“Je n’ai jamais senti à ce point une
Leray, Julie Loncin, Nicolas Marcadé,
Marion Philippe, Marine Quinchon,                                telle détestation de la culture au sens où on l’entendait jadis [...], c’est-à-
Gaël Reyre, David Speranski, Gilles                              dire les arts, la littérature, la vie de l’esprit et les humanités. Aujourd’hui,
Tourman, Marie Toutée.                                           on parle d’industries culturelles, de soft power, etc.”). J’ai repensé à celle
Les commentaires des «Fiches»
                                                                 du critique Jean-Baptiste Thoret, parue sur le site de France Info durant
reflètent l’avis général du comité
..............................................................   l’été (“La génération qui vient se fout complètement du cinéma. Elle va de
PRÉSIDENT                                                        temps en temps voir un film de super-héros ou n’importe quoi, elle voit
François Barge-Prieur                                            des séries télés, elle voit des vidéos sur YouTube, elle ne comprend
ADMINISTRATION                                                   quasiment plus ces images-là.”). J’ai eu alors le sentiment qu’au
administration@fichesducinema.com
                                                                 croisement de toutes les problématiques et polémiques, ce qui était en
TRÉSORIER
Guillaume de Lagasnerie                                          jeu c’était finalement la définition même du cinéma. On voudrait nous
Conception Graphique                                             faire penser que tant qu’il continue à y avoir des films le cinéma continue
5h55                                                             à exister. Or, ce n’est pas forcément vrai. Dans le discours majoritaire, on
www.5h55.net
                                                                 sent l’idée qu’il y aurait d’un côté les forces, inoffensives mais incontestables,
IMPRESSION
Compédit Beauregard                                              du progrès (le réalisme économique, les séries, la diffusion des films
61600 La Ferté-Macé                                              sur des plateformes type Netflix), de l’autre les obsolètes obsessions de
Tél : 02.33.37.08.33                                             quelques passéistes (la diffusion en salle, la nécessité d’un cinéma de
..............................................................   recherche, l’idée du cinéma comme langage spécifique...). Ce qui insinue
«Les Fiches du Cinéma».
                                                                 le doute. Après tout, il est vrai qu’il faut vivre avec son temps. Après tout,
Tous droits réservés.
Toute reproduction même partielle des                            il est vrai qu’on a déclaré le cinéma mort à l’arrivé du parlant, à l’arrivée
textes est soumise à autorisation.                               de la télévision, et qu’on a dramatisé. Mais aujourd’hui le faisceau des
Photo de couverture :                                            forces qui convergent sur le cinéma pour le transformer (en produit,
Portrait de la jeune fille en feu
                                                                 en programme, en langage audiovisuel parmi d’autres…) est tellement
(Pyramide)
© Lillies Films - Hold-Up Films                                  puissant qu’il convient sans doute de s’interroger sur la définition de
- Arte France Cinéma                                             ce qu’est fondamentalement le cinéma, de ce qui nous l’a fait aimer, afin
WWW.FICHESDUCINEMA.COM                                           de pouvoir défendre au moins ça. C’est la rentrée : au travail !

                                                                                                                               NICOLAS MARCADÉ
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
Fête de famille
de Cédric Kahn

Mêlant farce et drame, Kahn étudie comment, dans                                                                      CHRONIQUE FAMILIALE
                                                                                                                        Adultes / Adolescents
une famille, se distribuent les rôles autour de la figure
du fou. Le résultat est chaotique, décousu, déroutant,                       u GÉNÉRIQUE
troublant : on ne sait pas forcément quoi en penser                          Avec : Catherine Deneuve (Andréa), Emmanuelle Bercot (Claire),
mais à l’évidence il se passe quelque chose.                                 Vincent Macaigne (Romain), Cédric Kahn (Vincent), Luana Bajrami
                                                                             (Emma), Laetitia Colombani (Marie), Isabel Aimé González-Sola
                                                                             (Rosita), Alain Artur (Jean), Joshua Rosinet (Julien), Milan Hatala
                                                                             (Milan), Solal Ferreira Dayan (Solal).
                                                                             Scénario : Cédric Kahn, avec la participation de Fanny Burdino
                                                                             et Samuel Doux Images : Yves Cape Montage : Yann Dédet Son :
                                                                             Jean-Pierre Duret, Sylvain Malbrant et Thomas Gauder Décors :
                                                                             Guillaume Deviercy Costumes : Alice Cambournac Casting :
                                                                             Antoine Carrard Production : Les Films du Worso Coproduction :
                                                                             France 2 Cinéma, Tropdebonheur Productions et Scope Pictures
                                                                             Producteurs : Sylvie Pialat, Benoît Quainon et Aude Cathelin
                                                                             Distributeur : Le Pacte.

                                                      © Les Films du Worso

   HHH          Cédric Kahn est de ces cinéastes qu’un entêtement
obsessionnel sur un thème unique (en l’occurrence
la confrontation entre l’individu et le groupe, le primitif et
le social, la folie et la raison) conduit à l’explorer par le biais des                  101 minutes. France - Belgique, 2019
sujets et des genres les plus divers. Ainsi, après, entre autres,                          Sortie France : 4 septembre 2019
le film noir, la chronique sociale, le drame sentimental ou
                                                                             u RÉSUMÉ
le conte pour enfants, il donne ici sa version de ce genre en soi
                                                                             C’est l’anniversaire d’Andrea. La fête se prépare dans
qu’est le règlement de comptes familial en maison bourgeoise.                la grande maison qu’elle habite avec son mari, Jean. Ses fils
Au départ, les situations (repas, conflits, jeux d’enfants,                  sont là : Vincent, chef d’entreprise, avec sa femme Marie,
arrivée inopinée de la pluie, fraternisation autour                          et leurs deux enfants, et puis Romain, artiste plasticien,
d’un autoradio...) semblent paresseusement familières, et                    venu avec une fiancée argentine, Rosita, et une caméra
la façon d’employer Deneuve, Macaigne ou Bercot                              vidéo, car il veut faire un film sur la famille. Leur sœur,
incroyablement attendue. Puis peu à peu, ce sentiment                        Claire, psychiquement fragile, est partie aux États-Unis avec
de routine est dynamité par le ton étrange du récit, qui ne                  un homme, dont on la sait séparée. Sa fille, Emma, vit avec
                                                                             Andrea et Jean. Claire appelle. Elle s’est fait déposer non
tranche ni pour la comédie ni pour le drame, mais pour
                                                                             loin de là. Vincent va la chercher. Emma se montre glaciale,
un violent ping-pong entre les deux (les scènes de comédie                   et Andrea protectrice. Vincent appelle le mari de Claire
tendent vers la malaise et les moments d’hystérie culminent                  et apprend qu’elle lui a volé des bijoux de famille. Claire
au bord du comique). On comprend alors que Kahn est sans                     exige de ses parents qu’ils lui rendent l’argent prêté pour
doute parvenu à susciter le sentiment qu’il souhaitait : celui               l’achat de la maison. Puis elle fait venir un agent immobilier.
d’une familiarité qui se désagrège et mute en une inconfortable              La caméra de Romain ajoute aux tensions.
étrangeté. Car ce qu’il décrit c’est la fête de famille comme                SUITE... Romain emprunte la voiture de Vincent avec Rosita.
une pantomime, la cellule familiale comme une troupe de                      Ils ont un accident. Une dispute éclate avec Vincent. Le soir,
théâtre jouant en vase clos une pièce toujours identique,                    Emma présente un spectacle conçu avec son petit ami,
dans laquelle chacun est assigné à un emploi précis, dont                    Julien, et les enfants de Vincent. Au dîner, elle propose à
tous les autres veillent à ce qu’il ne sorte pas. Derrière                   Emma de vivre avec elle, ce que sa fille refuse. Rosita oblige
                                                                             Romain a révéler que c’est chez lui que Claire a passé les
le cliché, chaque personnage est donc plus ambigu, plus
                                                                             mois précédents et que c’est elle le vrai sujet de son film.
coupable ou plus innocent qu’il y paraît, et en tout cas                     Claire fait une crise d’hystérie. On l’emmène à l’hôpital.
équitablement complice de la névrose collective. Dépassant                   Vincent convainc la famille de demander son internement.
sa distance habituelle, Kahn se rapproche ici de la folie de                 Les images tournées par Romain révèlent qu’il a attisé
ses personnages, et son cinéma y gagne en intensité. _N.M.                   la folie de sa sœur pour le bien de son film.

                                  Visa d’exploitation : 148983. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                        5                                              © les Fiches du Cinéma 2019
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
Fourmi
de Julien Rappeneau

Pour pousser son père alcoolique à se reprendre                                                                  COMÉDIE DRAMATIQUE
                                                                                                                   Adultes / Adolescents
en main, Théo, 13 ans, prétend avoir été recruté par
un grand club de foot anglais. Ce pieux mensonge                        u GÉNÉRIQUE
prend vite des proportions qui lui échappent. Un film                   Avec : François Damiens (Laurent), Maleaume Paquin (Théo),
convenu et souvent maladroit, malgré sa bienveillance.                  André Dussollier (Claude), Ludivine Sagnier (Chloé), Laetitia Dosch
                                                                        (Sarah), Sébastien Chassagne (Antoine), Didier Brice (Banal),
                                                                        Cassiopée Mayance (Romane), Pierre Gommé (Max), Ismaël
                                                                        Dramé (Karim), Nicolas Wanczycki (Éric).
                                                                        Scénario : Julien Rappeneau D’après : la bande dessinée Dream
                                                                        Team de Mario Torrecillas et Artur Laperla (2016) Images :
                                                                        Pierre Cottereau Montage : Stan Collet 1er assistant réal. :
                                                                        Alain Braconnier Scripte : Chantal Pernecker Musique :
                                                                        Martin Rappeneau Son : Pierre Mertens Décors : Marie
                                                                        Cheminal Costumes : Isabelle Pannetier Production : The Film
                                                                        Coproduction : TF1 Studio, France 2 Cinéma, Scope Pictures et
                                                                        RTBF Producteur : Michael Gentile Dir. de production : Frédéric
                                                                        Blum Distributeur : Mars Films.

                                                         © The Film

     H       Deuxième long métrage de Julien Rappeneau
(Rosalie Blum), Fourmi repose sur un renversement des
rôles : inquiet et attristé par le comportement erratique
de son père, un jeune ado se voit contraint d’en prendre soin                       105 minutes. France - Belgique, 2019
comme d’un enfant, endossant ainsi une responsabilité qui                             Sortie France : 4 septembre 2019
n’est pas de son âge. Un peu malgré lui, Théo (Maleaume
                                                                        u RÉSUMÉ
Paquin) met en œuvre un stratagème complexe afin de fournir
                                                                        Passionné de football, le jeune Théo, surnommé “Fourmi”, est
à son père (François Damiens) l’étincelle nécessaire pour               le meilleur joueur de son club. Laurent, son père, en tire
qu’il reprenne le contrôle de sa vie. Son innocent mensonge             une immense fierté. Mais ce dernier va mal : depuis son
se change en véritable imposture dont les implications                  licenciement, il a sombré dans l’alcool et s’est séparé de Chloé,
le dépassent à mesure que toute la ville s’enthousiasme                 la mère de Théo. Lorsqu’un recruteur d’Arsenal, prestigieux
de son prétendu succès et de son effet positif sur le club              club anglais, vient assister au match de Théo, Laurent déborde
local, où affluent de nouveaux membres et de nouveaux                   d’espoir. Cependant, Théo n’est pas recruté. N’ayant pas
sponsors. Cette situation de départ ne manque pas de                    le cœur de décevoir son père, il prétend le contraire et lui
                                                                        demande de l’accompagner en Angleterre. La nouvelle se
promesses, et l’on se laisserait volontiers émouvoir si
                                                                        répand : tout le monde est ravi. Dépassé, Théo demande l’aide
le scénario empruntait des chemins plus surprenants. Mais               de son ami Max, hacker hors pair, pour rendre son mensonge
l’évolution de chacun s’avère très attendue, et la galerie de           crédible en envoyant des e-mails de la part du club.
personnages décalés que propose le film tend à conforter
                                                                        SUITE... Laurent reprend contact avec l’assistante sociale
cette impression : Max, le jeune hacker agoraphobe cloîtré              qui l’a soutenu lors de sa séparation. Il arrête de boire,
dans sa chambre ; Claude, l’entraîneur qui enchaîne                     se met à l’anglais et aide Théo à s’entraîner. Malgré
les citations de footballeurs célèbres ; Antoine, son neveu             l’inquiétude de Chloé, Laurent fait de réels progrès
et stagiaire davantage intéressé par la pâtisserie que                  : grâce à l’assistante sociale, il retrouve un boulot et
par le foot ; le barman surnommé “Banal” parce qu’il ne                 un appartement. Une rencontre fortuite avec l’interprète
débite que des évidences... tous ces personnages semblent               du recruteur, qui lui révèle la vérité, le fait replonger. Théo
trop ostensiblement destinés à éveiller la sympathie des                avoue alors son mensonge, à la consternation générale.
                                                                        Mais Max convainc le recruteur d’assister à un nouveau
spectateurs, avec un effet souvent forcé, accentué par
                                                                        match de Théo. Impressionné par ses progrès, celui-ci
la maladresse du jeu, notamment - mais pas uniquement -                 le recrute. Théo part bel et bien pour l’Angleterre, mais avec
chez les jeunes acteurs. Toute cette bienveillance laisse en            Chloé : bien qu’il aille beaucoup mieux, Laurent reconnaît
fin de compte au spectateur un sentiment de fadeur et de                qu’il n’est pas encore assez solide pour offrir à son fils
manque de relief. _J.L.                                                 le soutien dont il a besoin.

                             Visa d’exploitation : 149612. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                 6                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
Les Hirondelles de Kaboul
de Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec

Adapté du roman de Yasmina Khadra, Les Hirondelles                                                                               DRAME
                                                                                                                   Adultes / Adolescents
de Kaboul parvient à montrer l’insoutenable avec
justesse et délicatesse, dans un hommage au courage                      u GÉNÉRIQUE
des femmes opprimées qui se tient à distance de tout                     Avec les voix de : Simon Abkarian (Atiq), Zita Hanrot (Zunaira),
manichéisme et de tout jugement. Une réussite.                           Swann Arlaud (Mohsen), Hiam Abbass (Mussarat), Jean-
                                                                         Claude Deret (Nazish), Sébastien Pouderoux (Qassim), Serge
                                                                         Bagdassarian (Mollah), Michel Jonasz (le professeur Arash
                                                                         Bayazid), Pascal Elbé (Mirza).
                                                                         Scénario : Sébastien Tavel, Patricia Mortagne et Zabou Breitman
                                                                         D’après : le roman de Yasmina Khadra (2002) Montage : Françoise
                                                                         Bernard Animation : Nils Robin et Nicolas Debray 1er assistant
                                                                         réal. : Marco Nguyen Musique : Alexis Rault Son : Éric Devulder,
                                                                         Pascal Villard, Bertrand Boudaud et Éric Tisserand Décors :
                                                                         Pasquale Carlotti et Pascal Gérard Production : Les Armateurs,
                                                                         Mélusine Productions et Close Up Films Coproduction : Arte
                                                                         France Cinéma, RTS et KNM Producteurs délégués : Reginald
                                                                         de Guillebon, Stephan Roelants, Michel Merkt et Joëlle Bertossa
                                                                         Producteur exécutif : Ivan Rouveure Dir. de production : Éléonore
                                                                         Arnal Distributeur : Memento Films.

                                                      © Les Armateurs

   HHH       Le processus de création des Hirondelles
de Kaboul s’éloigne des standards habituels du
cinéma d’animation pour se rapprocher des méthodes
appliquées au cinéma de fiction, voire au théâtre. Bien                        81 minutes. France - Luxembourg - Suisse, 2019
avant que le dessin d’Éléa Gobbé-Mévellec n’existe,                                   Sortie France : 4 septembre 2019
Zabou Breitman avait pris soin de choisir ses acteurs
                                                                         u RÉSUMÉ
pour leurs voix mais aussi leurs physiques afin de leur
                                                                         Kaboul, 1998. Zunaira dessine et écoute de la musique
faire jouer les scènes, et pas seulement les doubler.                    en cachette chez elle. Dehors, son mari Mohsen assiste à
Aucun détail n’a été laissé au hasard pour que l’animation               la lapidation d’une femme. Il jette une pierre. Atiq, gardien
soit véritablement incarnée : “Tout était fait pour que l                de prison, est usé par la vie et le cancer de sa femme
a matière de la vie soit là. Et c’est un découpage de cinéma”,           Mussarat. Mohsen et Zunaira rêvent de s’enfuir et
explique l’actrice-réalisatrice qui se lance pour la première            d’enseigner le dessin et l’histoire. Mirza, un ami d’Atiq, lui
fois dans l’animation. Librement adapté du roman du                      conseille de répudier sa femme et de trouver une jeune
même nom de Yasmina Khadra paru en 2002, Les Hirondelles                 femme vierge. Mohsen discute avec son ami professeur,
                                                                         Arash, qui lui propose d’enseigner dans une école
de Kaboul illustre avec une délicatesse inouïe l’extrême                 clandestine. Atiq apprend que Mussarat est condamnée.
violence du régime de terreur imposé par les talibans                    Mohsen et Zunaira se rendent dans une librairie qu’ils
durant la troisième phase de la guerre civile afghane.                   aimaient fréquenter.
L’implication physique des acteurs renforce leur jeu
                                                                         SUITE... Parce qu’ils rient dans la rue, Mohsen doit aller
et la puissance de l’histoire - une particularité indispensable          prier tandis que Zunaira l’attend au soleil, sous son tchadri.
dans un film où l’on peut se poser la question de                        En rentrant, elle explose de rage. Mohsen lui avoue avoir
la légitimité de son équipe (majoritairement occidentale                 jeté une pierre sur la femme lapidée. Lors d’une dispute,
et n’ayant pas vécu les faits racontés) quant au traitement              elle le repousse : il tombe sur la tête et meurt. Elle est
d’un tel sujet. Entre la sombre netteté des traits                       emprisonnée. Atiq est fasciné et cherche à la disculper
physiques et l’évanescence de ceux qui définissent le visage             car c’était un accident. Mais l’exécution de Zunaira est
de Kaboul, l’animation est parfois hésitante mais jamais                 maintenue. Atiq lui suggère de s’enfuir. Elle refuse. Mirza
                                                                         fait suivre Atiq par un sniper. Atiq le tue. Mussarat, au
le récit ne devient manichéen. Fraîchement récompensé
                                                                         courant pour Zunaira, se rend à la prison pour voir Atiq.
du Valois de Diamant à Angoulême, le film rend hommage                   Les talibans emmènent les prisonniers au stade pour
au courage des femmes opprimées et parvient à montrer                    l’exécution. Mirza tue Zunaira et lui enlève son tchadri :
l’insoutenable sans jugement, ce qui constitue sa plus grande            il s’agit en fait de Mussarat. Il tue Atiq. Zunaira s’enfuit et
force. _A.L.                                                             se rend chez Arash.

                         Visa d’exploitation : 134571. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 200 copies.

                                                                   7                                              © les Fiches du Cinéma 2019
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
Liberté
de Albert Serra

En marge d’une sombre forêt, des libertins en exil                                                                        ESSAI ÉROTIQUE
                                                                                           Adultes, des idées et des images peuvent heurter
imaginent et mettent en scène durant toute une nuit
des jeux érotiques plus transgressifs les uns que                           u GÉNÉRIQUE
les autres. Albert Serra pousse son système                                 Avec : Helmut Berger (le duc de Walchen), Marc Susini (le comte
à l’extrême, et le spectateur à l’extérieur.                                de Tésis), Iliana Zabeth (Mademoiselle de Jensling), Laura Poulvet
                                                                            (Mademoiselle de Geldöbel), Baptiste Pinteaux (le duc de Wand),
                                                                            Théodora Marcadé (Madame de Dumeval), Alexander García
                                                                            Düttmann (le comte Alexis Danshire), Luís Serrat (Armin),
                                                                            Xavier Pérez (la capitaine Benjamin Hephie), Francesc Daranas
                                                                            (la libertine), Catalin Jugravu (Catalin), Montse Triola (Madame
                                                                            Montavrile), Safira Robens (Mademoiselle de Rubens).
                                                                            Scénario : Albert Serra Images : Artur Tort Montage : Ariadna
                                                                            Ribas, Artur Tort et Albert Serra Musique : Marc Verdaguer
                                                                            et Ferran Font Son : Jordi Ribas Costumes : Rosa Tharrats
                                                                            Production : Idéale Audience, Rosa Filmes et Andergraun
                                                                            Films Production associée : Lupa Film Producteurs : Pierre-
                                                                            Olivier Bardet, Joaquim Sapinho, Albert Serra et Montse Triola
                                                                            Producteur associé : Felix von Boehm Distributeur : Sophie
                                                                            Dulac Distribution.

                                                           © Roman Ynan

    HH         Styliste incomparable, Albert Serra s’attache
depuis une dizaine d’années à mettre en scène des figures
mythologiques (Don Quichotte, les rois mages, Casanova,
Dracula, Louis XIV) dans des tableaux sensuels, sophistiqués,                      132 minutes. France - Portugal - Espagne, 2019
ironiques et sombres. D’une incontestable radicalité depuis                              Sortie France : 11 septembre 2019
toujours, il pousse ici le curseur (et le bouchon) un gros cran
                                                                            u RÉSUMÉ
plus loin, en tendant vers “l’expérience des limites” (pour
                                                                            1774, quelque part en Allemagne. Après avoir été expulsés
reprendre l’expression que Sollers appliquait à des écrivains               de la cour de Louis XVI, un groupe de libertins cherchent
comme Sade ou Bataille, auxquels l’univers transgressif de                  refuge en Allemagne pour y exporter leur philosophie.
Liberté renvoie inévitablement). Limite de l’abstraction :                  Notamment, ils recherchent l’appui du duc de Walchen.
le récit (toujours ténu) a ici presque disparu. Limite du visible :         SUITE... La nuit tombe dans la forêt. Deux femmes ont été
tout se déroule dans une constante pénombre. Limite du                      conviées. D’abord timides, elles discutent entre elles mais
cinéma : pur objet conceptuel, Liberté se rapproche en                      l’une d’elles finit par aller rejoindre un groupe d’hommes.
définitive davantage d’une installation d’art contemporain                  Elle retrouve ensuite sa camarade et commence à
que d’un film proprement dit. Limites du spectateurs : Serra                la déshabiller pendant que des hommes les regardent.
les titille et les teste, en appuyant sur tous les boutons                  L’une d’elles est amenée au duc de Walchen, qui se
- lenteur, durée, obscurité, caractère éprouvant des jeux                   fait caresser par celle-ci. Autre part dans la forêt,
                                                                            une troisième femme est attachée nue à un arbre et se fait
sexuels décrits... - pour susciter l’exaspération. Et de fait,
                                                                            déverser un liquide sur le corps. L’une des deux premières
prenant la forme d’un enfer déployant dans ses interminables                femmes se fait fouetter avec un bâton et, plus loin, un autre
cercles des sévices aux raffinements inépuisables,                          homme subit le même traitement. Les deux en demandent,
le film s’apparente rapidement à un vortex d’ennui, dont                    à chaque fois, plus. Ensuite, cet homme se retrouve avec
la profondeur suscite le vertige. Le style halluciné et hallucinant         l’une des dames dans une calèche et ils couchent ensemble.
du cinéaste, son sens du murmure musical et du plan fixe                    Une autre femme est enfermée dans un coffre par deux
incandescent, sont toujours là, mais l’expérience peut                      hommes et n’est libérée que bien plus tard. Dans une autre
néanmoins difficilement être vécue autrement que comme                      calèche, une femme tente de coucher avec un homme
                                                                            mais celui-ci n’arrive pas à avoir une érection, alors celle-ci
une épreuve. Comme toute épreuve et toute expérience,
                                                                            le force à lui faire un cunnilingus. Un autre homme
celle-ci reste néanmoins marquante. Mais s’il est bien ici                  se fait uriner dessus par une femme et un homme, tout
question de liberté, c’est avant tout sur celle de l’auteur,                en se masturbant, sous le regard du groupe. Une femme
souverain, que le film travaille. Au spectateur, en revanche,               se masturbe en s’asseyant sur un tronc et le groupe finit
il n’est guère laissé que celle de quitter la salle. _N.M.                  sa nuit libertine par une orgie.

                   Visa d’exploitation : 149429. Interdit aux moins de 16 ans. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                     8                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
Le Mariage de Verida (Flesh Out)
de Michela Occhipinti

Cette dénonciation de la tradition du gavage des femmes                                                                          DRAME
                                                                                                                   Adultes / Adolescents
en Mauritanie avant leur mariage est d’une fadeur
soporifique. Le style léché et propre de la photo                        u GÉNÉRIQUE
n’arrange rien. Sans rythme ni lignes de force                           Avec : Verida Beitta Ahmed Deiche (Verida), Amal Saab Bouh
dramaturgiques, le film finit par banaliser son sujet.                   Omar (Amal), Aichetou Abdallahi Najim (Aichetou), Sidi Mohamed
                                                                         Chighaly (Sidi).
                                                                         Scénario : Michela Occhipinti et Simona Coppini Images : Daria
                                                                         D’Antonio Montage : Cristiano Travaglioli 1re assistante réal. :
                                                                         Francesca Scanu Musique : Alex Braga Son : Lavinia Burcheri
                                                                         Production : Vivo Film Producteurs : Marta Donzelli, Gregorio
                                                                         Paonessa et Antoine de Clermont-Tonnerre Producteur exécutif :
                                                                         Alessio Lazzareschi Distributeur : KMBO.

                                                          © Vivo Film

     H        Le Mariage de Verida est le premier film de
fiction de Michela Occhipinti. La réalisatrice italienne est
connue pour ses documentaires, notamment Viva la Pepa !
(Give Us Back the Constitution), qui traite de la crise sociale                              94 minutes. Italie, 2019
en Argentine, et Letters from the Desert (Eulogy to Slowness),                          Sortie France : 4 septembre 2019
qui a été sélectionné dans plus de quatre-vingts festivals
                                                                         u RÉSUMÉ
dans le monde entier. Il y a une dimension documentaire
                                                                         Sa mère annonce à Verida, jeune esthéticienne
évidente dans Le Mariage de Verida. Et, malheureusement,                 mauritanienne, lui avoir trouvé un mari. Pour plaire à
en matière de fiction, Michela Occhipinti n’est guère                    celui-ci, Verida va devoir subir la tradition du gavage :
à son aise. La répétition des scènes de repas de son                     manger beaucoup pour grossir beaucoup. Verida écoute,
héroïne est rapidement lassante, tant celles-ci sont filmées             stupéfaite, une amie, coquette et moderne, lui raconter
platement, sans ligne de force dans leur dramaturgie.                    qu’elle a subi une opération pour mincir. Jour et nuit, sa
Les conversations entre Verida et ses amies sont tellement               mère lui apporte à manger. Amal, sa meilleure amie, lui dit
utilitaires, chargées qu’elles sont de véhiculer un message,             qu’elle pourra toujours divorcer si ça ne marche pas avec
                                                                         son mari. Pour la rassurer, sa mère lui déclare qu’elle
qu’elles finissent par être sans saveur. Que dire de
                                                                         sera magnifique quand son corps aura grossi et qu’il sera
la photo du film, bien léchée, propre comme celle d’un spot              couvert de vergetures. Son amie coquette est scandalisée
publicitaire ? Michela Occhipinti a travaillé également                  qu’elle accepte de manger dix fois par jour.
dans la publicité - ceci explique certainement cela. Aucun
                                                                         SUITE... Sa mère lui révèle s’être autrefois rebellée mais
des nœuds dramatiques de la vie de Verida n’est mis                      que, sa propre mère l’ayant battue avec une matraque, elle
en valeur. Pour cela, il aurait fallu que les scènes soient              s’est soumise au gavage. Sidi, le jeune homme qui vient
suffisamment développés sur la durée. Mais la réalisatrice               peser Verida régulièrement, est attiré par elle. Sa mère est
semble craindre d’ennuyer ou de choquer le spectateur.                   mécontente que Verida dorme sans voile et ne grossisse
Pourtant, elle souhaite dénoncer une tradition aliénante                 pas assez. Un soir, Verida sortie officiellement avec Amal,
pour les femmes. Mais elle ne fait pas confiance à sa fiction.           qui s’éclipse, rejoint Sidi. Ils se promènent en ville. Verida
Elle donne à voir un peu de chaque aspect du drame mais                  se rebelle mais, face à la violence de la réaction de sa mère,
                                                                         reprend son gavage. Elle prend des pilules nocives pour
ne cherche jamais à faire ressentir au spectateur ce que vit
                                                                         la santé afin de grossir plus vite. Elle croise dans la rue
son héroïne. Les trucs de la communication audiovisuelle,                Sidi, qui ne comprend pas son silence. Verida lui dit ne
qui s’efforce d’exprimer de façon aseptisée et univoque,                 plus vouloir le voir mais le remercie d’avoir su la regarder.
peuvent-ils permettre une mise en scène intéressante ?                   Un matin, sa mère ne trouve pas Verida, même sur la terrasse,
Le film démontre que non. _P.F.                                          son lieu préféré, d’où elle a certainement sauté.

                               Visa d’exploitation : 148584. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                   9                                             © les Fiches du Cinéma 2019
Portrait de la jeune fille en feu - Les Fiches du Cinéma
River of Grass (River of Grass)
de Kelly Reichardt

Avec tendresse, lucidité et un sens inné du cadrage,                                                                            ROAD MOVIE
                                                                                                                        Adultes / Adolescents
Kelly Reichardt livre un road-movie bancal comme
ses personnages, et cartographie au passage                                 u GÉNÉRIQUE
une Amérique de la pauvreté et de l’ennui, trop souvent                     Avec : Lisa Bowman (Cozy), Larry Fessenden (Lee Ray Harold),
ignorée par le cinéma. Un premier film remarquable.                         Dick Russell (Jimmy Ryder), Stan Kaplan (J.C.), Michael Buscemi
                                                                            (Doug), Lisa Robb (Cozy, jeune), Tom Laverack (l’amant de Cozy
                                                                            dans la baignoire), Bert Yaeger (le mari décédé), Mary Glenn
                                                                            (la femme à la hachette), Carol Flakes (la grand-mère de Lee),
                                                                            Frances Reichardt (la mère de Lee), George Moore (l’inspecteur
                                                                            Kirby), Mannie Mack (Mr. Humphery), Kyle Hawkins et Heather &
                                                                            Joseph Florio (les enfants de Cozy), Duncan Young (le barman),
                                                                            Monica Davidson (Mrs. Ortiz), Shelly Florio (la secrétaire), Lou
                                                                            Perdomo (le tatoueur), Barbara Bucci, Steven Lezak, Robert
                                                                            Perry, Jerry Reichardt, Kerline Alce, Ricco Jackson, Murray Von
                                                                            Murry, Carl Crowder, Barry Shore, T. Colin Dodd, Wayne Ferguson,
                                                                            Roz Delisi, Patrick Cooke, Harry Epp, Robert Greenbaum, John
                                                                            Ulrich, Will Connelly, Matthew Sigal, Santo Fazio, Greg Schroeder,
                                                                            Sheila Korsi, Mitch Lewis, les voix de Jerry Utter, Susan A. Stover.
                                                                            Scénario : Kelly Reichardt, d’après une histoire de Kelly Reichardt
                                                                            et Jesse Hartman Images : Jim Denault Montage : Larry
                                                        © Good Machine      Fessenden 1er assistant réal. : Greg Webb Musique : John Hill
                                                                            Son : Bill Chesley Décors : David Doernberg Costumes : Sarah
                                                                            Jane Slotnick Maquillage : Nina Port Production : Good Machine
   HHH         Le premier film de Kelly Reichardt, sorti
                                                                            Producteur : Jesse Hartman Producteurs associés : Susan A.
aux États-Unis en 1994, a été restauré grâce à une campagne
                                                                            Stover et Larry Fessenden Distributeur : Splendor Films.
de financement participatif et sort enfin sur les écrans
français - cet intérêt rétrospectif ayant certainement                                      74 minutes. États-Unis, 1994
été avivé par les succès critiques des excellents                                         Sortie France : 4 septembre 2019
La Dernière piste (2010) et Certaines femmes (2016).
                                                                            u RÉSUMÉ
River of Grass contient déjà les thématiques chères à
                                                                            En Floride, Cozy, mère de famille trentenaire, s’ennuie à
l’auteure : le désœuvrement et la pauvreté, la solitude,                    mourir. Son père, policier proche de la retraite et batteur de
l’abandon et l’ennui qui frappent une partie des classes                    jazz amateur, égare son arme de service. Un jeune homme
populaires américaines, dans des régions sur lesquelles                     trouve le pistolet par terre, et le donne à son ami Lee,
les projecteurs (et les caméras) se tournent rarement - en                  un jeune chômeur qui vivait chez sa grand-mère avant que
l’occurrence, une zone marécageuse de Floride surnommé                      celle-ci ne le mette à la porte. Un soir, alors qu’elle se rend
la “rivière d’herbes”. Se tenant à l’écart de tout misérabilisme,           à pied dans un bar, Cozy est presque renversée par la voiture
Reichardt pose un regard tendre, sans concession mais non                   de Lee. Plus tard, dans le bar, Cozy et Lee sympathisent.
                                                                            Lee propose à Cozy d’aller nager dans la piscine d’un ami.
dénué d’humour, sur les choses qu’elle filme. Les cadrages
                                                                            Le propriétaire surgit, et les jeunes gens, qui jouaient avec
précis et le montage rythmé font se côtoyer les visages et                  le pistolet, lui tirent accidentellement dessus. Persuadés
les paysages, les détails et les plans larges, les plantes                  de l’avoir tué, ils prennent la fuite en voiture.
et les animaux, le trivial et le poétique : et ce qui finit
                                                                            SUITE... Les deux fugitifs louent une chambre, mais
par ressortir de ce film étonnant, dont le scénario ténu                    n’ont bientôt plus assez d’argent pour la payer : Lee
et l’image délavée évoquent une version low-cost et                         revient voler une collection de vinyles chez sa grand-mère.
volontairement absurde du Badlands de Malick, c’est                         En les vendant, Lee et Cozy parviennent à tenir quelques
avant tout cet immense désir de filmer le personnage                        jours de plus. Pendant ce temps, le père de Cozy et ses
de Cozy, prête à tout (même à devenir une meurtrière)                       collègues interrogent l’homme, parfaitement indemne,
pour qu’enfin, il lui arrive quelque chose - quelque                        sur qui les deux fugitifs avaient tiré : ils font le lien avec
chose d’épique, de l’ordre de la fiction, comme on en voit                  le pistolet manquant. Un jour, Lee croise cet homme
                                                                            et le reconnaît. Lee et Cozy décident de quitter la Floride.
justement au cinéma. River of Grass est un film sur des
                                                                            Une fois arrivés au péage, ils se font arrêter par un policier
gens qui rêveraient que leur vie en soit un - un film fait                  car ils n’ont pas de quoi payer et sont forcés de faire demi-
de petits bouts de rien, loin des couleurs flamboyantes et                  tour. Lee raconte à Cozy qu’il a croisé le propriétaire de
mensongères dont l’American dream avait habillé sa bande-                   la piscine. Cozy tue Lee avec le pistolet et part au volant
annonce. _F.B-P.                                                            de la voiture.

                           Visa d’exploitation : 151364. Format : 1,33 - Couleur - Son : Mono. 100 copies (vo).

                                                                   10                                                  © les Fiches du Cinéma 2019
Viendra le feu (O que arde)
de Oliver Laxe

Après deux ans de prison pour un incendie volontaire,                                                                         CHRONIQUE
                                                                                                                     Adultes / Adolescents
Amador rentre dans son village, où l’accueille sa mère
et le jaugent les habitants. Pour son troisième long                       u GÉNÉRIQUE
métrage, Oliver Laxe apparie avec bonheur une Galice                       Avec : Amador Arias (Amador), Benedicta Sánchez (Benedicta),
détrempée et une mise en scène aride.                                      Inazio Abrao, Elena Fernández, David De Poso, Alvaro De Bazal.
                                                                           Scénario : Oliver Laxe et Santiago Fillol Images : Mauro Herce
                                                                           Montage : Cristóbal Fernández 1er assistant réal. : Luis Bértolo
                                                                           Son : David Machado, Sergio Da Silva, Amanda Villavieja et
                                                                           Xavi Souto Effets spéciaux : Raúl Romanillos Production :
                                                                           Miramemira, 4 à 4 Productions, Kowalski Films et Tarantula
                                                                           Producteurs : Andrea Queralt et Mani Mortazavi Producteurs
                                                                           délégués : Andrea Vázquez et Xavier Font Coproducteurs : Koldo
                                                                           Zuazua, Élise André et Donato Rotunno Distributeur : Pyramide.

                                                            © Pyramide

    HH         Dans la forêt, de nuit, deux engins fauchent des
arbres comme s’ils étaient de simples fétus de paille ; plus tard,
un hélicoptère survole la zone d’un incendie fraîchement éteint.
Entre ces deux visions, splendides, de pures présences                          85 minutes. Espagne - France - Luxembourg, 2019
machiniques (véhicules qui pourraient aussi bien se mouvoir par                         Sortie France : 4 septembre 2019
eux-mêmes, sans pilote ni conducteur), le film, qui, longtemps,
                                                                           u RÉSUMÉ
baigne dans un sfumato plus ou moins prononcé (la brume tamise,
                                                                           Dans les hauteurs de la Galice, la nuit, des camions détruisent
ou sculpte, les paysages hivernaux du massif galicien), s’offre dans       par essaims entiers des eucalyptus mais s’arrêtent nets devant
le plus simple appareil, sous la forme d’une chronique nourrie             un d’eux, menaçant, aux racines tentaculaires. Amador,
de gestes quotidiens. Il y a bien, çà et là, l’embryon d’un enjeu          un homme solitaire et taciturne, a purgé ses deux ans de prison
dramatique, la velléité d’une intrigue, mais le film s’obstine à           pour pyromanie. Il retourne dans son village natal, auprès de sa
les laisser au stade du possible. On s’en doute : la mention de            mère, une paysanne, Benedicta, qui vit là depuis une éternité,
l’incendie passé vaut pour la garantie de celui à venir ; la promesse      au milieu des vaches et des salades. Amador reprend alors
du titre sera tenue, elle n’aura pas été le point d’orgue                  sa vie de berger d’avant, mais observe quelque changement
                                                                           pendant la transhumance: une vieille dépendance de
d’une montée en tension ou en température. Le départ de feu
                                                                           la vallée est restaurée par les villageois pour y accueillir
n’était qu’ajourné ; l’été allait venir, la brume se dissiper,             des touristes, un mari respecté du village est décédé,
les conditions seraient réunies. Mais, outre cette approche                une nouvelle vétérinaire est en ville. Une saison passe,
prosaïque, le film est travaillé par une forme d’infra-fantastique,        lorsque une des vaches d’Amador se blesse. La vétérinaire,
un rapport au paysage d’un romantisme sec : Amador, le calme,              dépêchée du village, vient l’aider. Un début de relation, du
le taiseux, embrase-t-il la forêt du regard, lui communique-               moins amicale, se noue entre eux. Mais alors qu’il descend
t-il la tristesse, ou la colère (rentrées à un point tel que lui-          au village chercher un traitement pour sa vache, une tension
                                                                           se crée: elle a été mise au courant du passif d’Amador.
même paraît en ignorer l’origine : quelque chose, dans sa solitude,
son statut de quasi paria, lui échappe de toute évidence autant            SUITE... C’est l’été. Un feu de forêt se propage, détruisant
qu’à nous), que son visage (indéchiffrable) et ses mots (rares)            la ferme restaurée et toute la végétation alentour.
ne parviennent pas à exprimer ? On pourra reprocher à Viendra              Les pompiers, dont pour beaucoup il s’agit du baptême,
                                                                           ne peuvent que circonscrire les flammes, et observer
le feu de se complaire dans une forme d’aridité protocolaire,
                                                                           les dégâts. Un cheval, les yeux brûlés, être dans la lande.
de prendre trop de précaution à ne rien contextualiser, et à               es villageois, le lendemain, battent Amador dans un paysage
ne rien formuler d’un tant soit peu explicite. Reste qu’il faut            désolé ; il est accusé d’avoir récidivé. Celui-ci ne dit rien,
avoir sacrément confiance en son cinéma pour faire feu                     et part, soutenu par sa mère. Un hélicoptère treuille
(formel) d’un si petit bois (d’histoire). _T.F.                            un chargement invisible.

                                 Visa d’exploitation : 148711. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                   11                                              © les Fiches du Cinéma 2019
The Bra      (The Bra)
de Veit Helmer

Pour échapper à la solitude, Nurlan part à la recherche                                                                             CHRONIQUE
                                                                                                                           Adultes / Adolescents
de la propriétaire d’un soutien-gorge qu’il a trouvé
accroché à son train. Un film sans dialogues porté par                       u GÉNÉRIQUE
la mimique des acteurs et une belle mise en scène,                           Avec : Predrag “Miki” Manojlovic (Nurlan), Denis Lavant (l’apprenti),
mais dont l’issue est assez prévisible.                                      Chulpan Khamatova (le Point Switcher), Ismail Quluzade
                                                                             (le garçon), Maia Morgenstern (la tricheuse), Paz Vega (la femme
                                                                             oublieuse), Frankie Wallach (la danseuse), Boriana Manoilova
                                                                             (la mariée), Sayora Safarova (la fille du village), Manal Issa (la mère
                                                                             avec un bébé), Irmena Chichikova (la veuve), Ia Shugliashvili
                                                                             (la femme endormie).
                                                                             Scénario : Leonie Geisinger et Veit Helmer Images : Felix Leiberg
                                                                             Montage : Vincent Assmann 1re assistante réal. : Shirin Hartmann
                                                                             Musique : Cyril Morin Son : Julian Cropp et Robert Jäger Décors :
                                                                             Batcho Makharadze Costumes : Mehriban Effendi Effets visuels :
                                                                             Rudolf Germann Maquillage : Delia Mamedova Casting : Domnica
                                                                             Circiumaru, Lisa Stutzky et Antonia Ara Vladimirova Production :
                                                                             Veit Helmer Filmproduktion Pour : Mondex & Cie Coproduction :
                                                                             SR, SWR et BR Producteur : Veit Helmer Producteurs délégués :
                                                                             Shirin Hartmann et Tsiako Abesadze Distributeur : Bodega Films.

                                                   © Veit Helmer Filmprod.

     HH         Après Bande de canailles, Veit Helmer retourne
pour son nouveau film dans l’ex-république soviétique, dont
les paysages déserts et les petits villages reculés avaient déjà
été explorés par le cinéaste allemand dans ses précédents                             90 minutes. Allemagne - Azerbaïdjan, 2018
Absurdistan et Baikonour. C’est dans un quartier de Bakou,                                Sortie France : 11 septembre 2019
capitale de l’Azerbaïdjan, que se déroule ce conte de fées
                                                                             u RÉSUMÉ
hors du temps et de l’espace, qui ne manque pas de fasciner
                                                                             Nurlan, un conducteur de train proche de la retraite, vit
et parfois d’ennuyer un peu. Nurlan, un conducteur de train                  dans un petit village de l’Azerbaïdjan. Chaque jour, il salue
sexagénaire, traverse tous les jours cette banlieue où les rails             Nesrin, une fille qui s’occupe de l’aiguillage des trains.
sont si proches des maisons que les habitants les utilisent                  Chaque jour, le train de Nurlan passe par une banlieue où
pour bivouaquer ou étendre leur linge, et que le train, en                   les rails sont très proches des habitations. Quand il voit
passant à un cheveu des murs, recueille souvent quelque                      que le feu passe au vert, Aziz, un petit garçon, commence
vêtement qui reste accroché à la locomotive. Quand, lors                     à courir sur les voies afin de prévenir les habitants, qui
de son dernier jour de travail, Nurlan trouve un soutien-                    ont l’habitude de boire du thé ou d’étendre leur linge sur
                                                                             les rails. Mais il y a toujours des vêtements qui s’accrochent
gorge bleu, il décide de se lancer un défi : retrouver à tout
                                                                             au train lors de son passage et, en fin de journée, Nurlan les
prix sa propriétaire. Cette recherche n’a rien d’aventureux                  ramasse et les restitue à leurs propriétaires. Entre-temps,
- il s’agit plutôt d’un moyen pour lui de s’évader de la solitude -          il s’occupe de former son apprenti.
et la fin, hélas, est assez prévisible, mais le vrai défi
                                                                             SUITE... Après le dernier jour de travail, il trouve un soutien-
du film est tout autre : raconter une histoire sans utiliser                 gorge accroché à son train et se souvient de la nuit où il
de dialogues. Pourtant, il ne s’agit pas d’un film muet, mais                avait aperçu, par une fenêtre, sa propriétaire. Déterminé
d’un projet consistant en la pure mise en scène des images                   à la retrouver, il commence à aller de maison en maison,
et du son. À travers la mimique des acteurs et en alternant                  en demandant aux femmes d’essayer le soutien-gorge.
des chansons populaires du pays aux instruments joués par                    Certaines l’accueillent gentiment, tandis que d’autres lui
l’apprenti de Nurlan, interprété par un Denis Lavant toujours                claquent la porte au nez. Nurlan décide alors de se faire
impressionnant, le réalisateur parvient à nous entraîner                     passer pour un vendeur de lingerie, puis pour un médecin,
                                                                             mais les maris du quartier, jaloux, le chassent et se vengent
dans une histoire simple et subtilement ironique. Certes,
                                                                             en l’attachant aux rails. Juste avant que le train passe, Aziz
il reste des doutes sur le message qu’il veut transmettre,                   parvient à le libérer. En rentrant au village, Nurlan aperçoit
mais The Bra a sûrement le mérite de nous rappeler                           des culottes du même genre que le soutien-gorge sur
que les mots ne sont pas toujours nécessaires pour faire                     un fil à linge. Il l’accroche à leurs côtés et s’en va. Peu après,
un film. _M.G.                                                               sa propriétaire, Nesrin, le retrouve.

                         Visa d’exploitation : 151323. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies (vo).

                                                                       12                                                 © les Fiches du Cinéma 2019
Ça marche !?
de Camille de Casabiancas

Après son film sur le NPA, Camille de Casabianca                                                                           DOCUMENTAIRE
                                                                                                                       Adultes / Adolescents
s’est penchée, dans Ça marche !?, sur le mouvement
politique La République En Marche, en pré-campagne                          u GÉNÉRIQUE
des élections européennes. Un documentaire informatif                       Montage : Sandie Bompar Son : Julien Perez Production : Felix
à défaut d’être spécifiquement cinématographique.                           Films et Archipel 35 Producteurs : Denis Freyd et Patrick Blossier
                                                                            Distributeur : Dean Médias.

                                                          © Dean Médias

                                                                                               91 minutes. France, 2019
    HH        La filmographie de Camille de Casabianca,                                   Sortie France : 11 septembre 2019
la fille d’Alain Cavalier, oscille entre comédies décalées
(Pékin Central, L’Harmonie familiale) et documentaires                      celle de l’Europe : identification à l’idéal européen
( Tatami , C’est parti ). De par sa formation (diplômée                     mais parfois redéfinition de ses règles. Le film
de Sciences Po et de Berkeley), Camille de Casabianca                       prend ensuite une nouvelle tournure avec l’irruption
s’est toujours intéressée à la politique. Après son film                    des Gilets Jaunes dans le champ politique.
sur le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), C’est parti,                    Le film se termine avant les élections européennes,
elle choisit de mettre en pleine lumière le mouvement                       dont le résultat ne sera pas donné en conclusion.
En Marche. Ce qui la passionne, ce n’est pas de pointer                     Il faut reconnaître au film le talent d’exposer
sa caméra sur les vedettes de LREM, mais de filmer                          la force de conviction et la bonne foi de ces
les militants anonymes qui croient en cette volonté                         militants, totalement exempte de cynisme et
de changer la politique, voire la vie. Le documentaire                      de calcul politique, parfaitement équivalente à
se situe en 2018-2019, soit largement après la victoire                     l’authenticité de partisans d’extrême-gauche.
d’Emmanuel Macron, le fondateur du mouvement En Marche,                     Ce que le film parvient à montrer, c’est la diversité
à l’élection présidentielle du 7 mai 2017. La formation                     de ces militants qui sont loin d’appartenir tous
s’interroge ici, et par le biais des ses membres, sur sa                    à la catégorie des bourgeois blancs de condition
place par rapport à l’exécutif, celle d’un aiguillon, d’une cellule         favorisée. On retrouve ainsi au premier plan
de réflexion, en parallèle de son soutien au gouvernement                   des Français noirs ou d’origine maghrébine qui
et à l’application de son programme. On assiste donc                        souhaitent faire évoluer la société. Le grand moment
à beaucoup de réunions parisiennes ou locales des                           du film est sans doute la confrontation avec des
Marcheurs, de démarchages à domicile, de conciliabules                      Gilets Jaunes, autre manifestation d’une nouvelle
de réflexion, de débats publics, de sondages dans la rue...                 vision de l’action politique. Cependant, cette
Contrairement à beaucoup de documentaires qui ont                           confrontation ne s’achève pas sur un affrontement,
filmé la victoire d’Emmanuel Macron, ce sont les petits,                    mais plutôt sur un apaisement réciproque,
les sans-grades, les militants de base qui, ici, ont droit                  puisqu’un Gilet Jaune finit par reconnaître que
à la lumière, même s’ils ne sont pas identifiés nommément.                  les Marcheurs constituent également un mouvement
Seuls Benjamin Grivaux, Christophe Castaner et Mounir                       citoyen. On regrettera néanmoins un manque de
Mahjoubi apparaîtront, parfois fugacement, dans le champ                    construction dramatique et un filmage numérique
de la caméra. En période de pré-campagne des élections                      qui auraient pu suffire pour une diffusion sur un écran
européennes, la question qui domine sera évidemment                         de télévision. _D.S.

                            Visa d’exploitation : 151208. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 copies.

                                                                    13                                                © les Fiches du Cinéma 2019
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