J'ai pour toi un lac Francine Bordeleau - Continuité - Érudit

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J'ai pour toi un lac Francine Bordeleau - Continuité - Érudit
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Continuité

J’ai pour toi un lac
Francine Bordeleau

Villégiature : Oh les beaux jours
Number 101, Summer 2004

URI: https://id.erudit.org/iderudit/15680ac

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Publisher(s)
Éditions Continuité

ISSN
0714-9476 (print)
1923-2543 (digital)

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Bordeleau, F. (2004). J’ai pour toi un lac. Continuité, (101), 35–37.

Tous droits réservés © Éditions Continuité, 2004                        This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
                                                                        (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be
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J'ai pour toi un lac Francine Bordeleau - Continuité - Érudit
J'ai
       pour toi U n

                 Nombreux sont ceux qui rêvent de « se construire » sur les rives d'un lac.
    Cette spéculation sur les paysages n 'est-elle pas en train de conduire à leur dénattiration ?
                                   Quelques intervenants du milieu se prononcent.

        p a r Francine Bordeleau                MRC. Mais il remarque aussi q u ' u n
                                                nombre croissant de Montréalais y érigent
               peine plus d'une heure de        des résidences de plus en plus impo-

A
               route sépare Montréal de la      santes, déplore que des propriétaires
               MRC de Matawinie et de ses       déboisent les rives parce qu'ils «veulent
               ZEC, ses pourvoiries, son Parc   avoir une vue panoramique sur le lac à
               du Mont-Tremblant et son         partir de leur salon », et constate que cer-
                                                                                                A Saint-Alexis-des-Monts en Mauricie,
               fameux réservoir Taureau. Les    tains pans du territoire ont l'allure de ban-   l'Hôtel Sacacomie offre une vue imprenable
rives du réservoir, privées dans une propor-    lieues huppées.                                 sur le lac du même nom. Ce bâtiment de
tion d'environ 15%, sont par endroits pas-                                                      bois r o n d érigé en 1996 s'inscrit dans le
sablement occupées. «Normal: les plans                L A BANLIEUE TRANSPLANTÉE                 paysage et p r o p o s e aux villégiateurs une
d'eau ont depuis toujours un effet              Voilà ce que l'aménagiste paysagiste            g a m m e d'activités liées à la nature
attrayant», rappelle Gilles Locat, respon-      Chantai Prud'Homme appelle la « gen-            environnante.
sable du .Service d'aménagement de la           trification » de la villégiature. D'abord       Photo: Hôtel Sacacomie

                                                              D o s s i e r                                                            numéro cent un u
J'ai pour toi un lac Francine Bordeleau - Continuité - Érudit
pour le « produit lac ». Après quelques exer-
                                                                                                         cices collectifs de remue-méninges, «nous
                                                                                                         avons déterminé, voilà déjà 10 ans, que le
                                                                                                         lac Mékinac offrait le meilleur potentiel
                                                                                                         de d é v e l o p p e m e n t » , dit M. Filteau.
                                                                                                         L'industrie récréotouristique paraissant
                                                                                                         aussi de cet avis, la MRC n'attendait plus,
                                                                                                         dès lors, que « le projet structurant » créa-
                                                                                                         teur d'emplois et susceptible d'attirer les
                                                                                                         villégiateurs en masse.
                                                                                                         Le lac étant situé sur les terres publiques
                                                                                                         (qui représentent 92% du territoire qué-
                                                                                                         bécois non municipalise, soit 1,4 million
                                                                                                         de kilomètres carrés), rien ne peut s'y
                                                                                                         faire sans l'aval du ministère des Ressour-

•                                                                                  •
                                                                                                         ces naturelles, de la Faune et des Parcs.
                                                                                                         Le Ministère et la MRC adopteront fina-
                                                                                                         lement le «concept» du Groupe Hincs
                                                                                                         et Vaugeois: trois auberges totalisant
         Dans le centre-ouest d u réservoir Taureau       et aux MRC de le «gérer» en s'appuyant         200 chambres ainsi que 830 unités rési-
         se concentre le plus g r a n d n o m b r e de    sur leur plan d'aménagement. Force est         dentielles. Le projet devrait se réaliser en
         plages de qualité. A gauche des deux             toutefois de constater que les interven-       quatre phases échelonnées sur 10 ou
         petites îles rocheuses, on aperçoit la           tions ont jusqu'à maintenant été plutôt        15 ans et promet la création de plusieurs
         Pointe-aux-Voiliers, q u i sert de halte ou                                                     centaines d'emplois. Les travaux pour-
                                                          timides.
         d'abri aux plaisanciers selon la température.                                                   raient commencer cette année, pour peu
         A droite se trouve la plage de la                      ÉCONOMIE CONTRE NATURE                   que soient franchies toutes les étapes
         Pointe-Fine. A u centre, on voit la baie
                                                          Les pouvoirs dévolus aux municipalités ne      menant à la rétrocession des terres.
         Dominique, d o n t l'embouchure est gardée
                                                          sont pas non plus illimités, et la volonté     En Mauricie, la vente de terres publiques
         par l'île Noire.
                                                          politique des élus est souvent à géométrie     à l'industrie récréotouristique a notam-
         Photo: MRC de Matawinie                                                                         ment conduit à la construction de l'Hôtel
                                                          variable. C'est que l'engouement des cita-
                                                          dins pour les plans d'eau et la nature en      Sacacomie, à Saint-Alexis-des-Monts, un
                                                          général se traduit en espèces sonnantes...     fleuron régional que le ministère des
         l'apanage des classes aisées, la villégiature    et fort bienvenues. «Soyons lucides: les       Ressources naturelles considère lui-même
         s'est rapidement démocratisée, surtout à         municipalités ont plutôt intérêt à ce que      comme une réussite. Ses propriétaires ont
         compter de la seconde moitié du                  prolifèrent les grosses résidences, qui        misé sur le charme et le rustique haut de
         XX1' siècle. À défaut de posséder une mai-       valent cher, au détriment des petits cha-      gamme, si l'on peut dire, et l'établisse-
         son de campagne, plusieurs familles se           lets qui ne rapportent pas grand-chose en      ment s'harmonise parfaitement avec le
         sont alors fait construire un chalet, histoire   revenus de taxation », dit Gilles Locat.       paysage. « Les promoteurs savent que
         de profiter de la nature pendant l'été. Il       La Matawinie est un territoire peu peu-        c'est la formule gagnante. Lin hôtel de
         n'était pas rare que mère et enfants plient      plé, forestier dans une proportion de 75 %.    type Hilton ou Holiday Inn ne cadre tout
         bagage le 24 juin, le père les rejoignant le     Les revenus que la villégiature génère         simplement pas avec le territoire rural,
         vendredi. Or depuis une vingtaine d'an-          comptent d'autant plus. Avec, par sur-         avec le produit nature», remarque Michel
         nées, la rusticité n'a plus cours dans les       croît, une carte or comme le lac Taureau,      Guimont, directeur général de la
         zones rurales ou semi-rurales. Des cita-         la MRC a pu faire du paysage l'une des         Direction de la gestion du territoire
         dins en quête de paysages grandioses et          pierres angulaires de son développement.       public, région de la Capitale-Nationale,
         de paix y ont en effet établi des rési-          « Nous devons utiliser notre ressource »,      au Ministère.
         dences secondaires habitables à l'année...       fait valoir Louis Filteau, aménagiste à la
         et finissent par y habiter toute l'année.        MRC de Mékinac. A l'instar de la                        GÉRER LA VILLÉGIATURE
         « Les milieux de villégiature deviennent         Matawinie et de plusieurs autres régions       Quand le ministère des Ressources natu-
         des milieux de vie de plus en plus perma-        de l'arrière-pays, la grande ressource, ici,   relles vend des terres publiques, c'est au
         nents», note M"" Prud'Homme.                     c'est la nature. Et elle comporte au moins     prix de solides garanties, assure
         Ces villégiateurs nouveau genre ont ten-         un joyau: le lac Mékinac, situé à 70 kilo-     M. Guimont: «Pour chaque projet sou-
         dance à transplanter le mode de vie et           mètres au nord de Trois-Rivières. Encore       mis, nous procédons d'abord à plusieurs
         l'esthétique de la banlieue, sans forcé-         peu exploité, le lac suscite néanmoins la      études. » Les règles visent la préservation
         ment se soucier d'intégrer leur habitation       convoitise des promoteurs depuis belle         du caractère naturel des sites et de la
         au paysage ni se préoccuper des particula-       lurette. Sans que la MRC y prenne              «ressource» même. Ainsi, au moins 25%
         rités de cet environnement. « En somme,          ombrage, loin s'en faut. Dans ce territoire    du périmètre d'un lac échappe au déve-
         on reconstruit des banlieues autour des          forestier à 93%, on a pris acte de l'en-       loppement, et 15% doit rester d'accès
         lacs», poursuit Chantai Prud'Homme. Ce           gouement de la population pour le « pro-       public. Dans le cas du lac Mékinac, il est
         phénomène, il appartient aux municipalités       duit nature », et tout particulièrement        déjà prévu qu'un organisme sans but

    numéro rent un                                                     D o s s      e r
lucratif gère les aménagements commu-
nautaires. Les promoteurs sont également
tenus de présenter un plan d'affaires et un
plan d'aménagement détaillé du secteur
convoité qui doit par surcroît s'harmoniser
avec celui du Ministère. Mais avant tout,
pour décider du visage que prendra la vil-
légiature sur les terres publiques, il existe
des tables de concertation, mécanismes de
planification dont les MRC constituent
l'une des parties prenantes.
« La nature, c'est un patrimoine collectif.
On estime donc qu'il faut gérer la villégia-
ture. A cet égard, notre philosophie repose
sur l'harmonisation des usages et l'inté-
gration de toutes les dimensions: sociale,
économique, environnementale, etc. »,
insiste pour sa part Guy Bouchard, direc-
teur régional de la Direction de la gestion
du territoire public.
En ce qui concerne le rôle du Ministère
auprès des propriétaires riverains, il se
limite à l'émission de baux de villégiature     Les fumées blanches du moulin à scie nous rappellent que depuis sa fondation, le j o l i village
(un peu plus de 20 000 citoyens en              de Saint-Michel-des-Saints doit son existence à l'exploitation forestière. La baie du Village,
détiennent un). Les municipalités ont           au second plan, constitue l'extrémité sud de la baie Dominique et représente à peine
donc un rôle important à jouer. Gilles          5 % d e l à superficie totale d u réservoir Taureau. Elle recèle plusieurs équipements nautiques
                                                et municipaux, de nombreux hameaux de villégiature et deux établissements hôteliers.
Locat croit qu'elles disposent de moyens
pour gérer la qualité du bâti et la densité     Photo : MRC de Matawinie
de population. « Il faut passer par la
préservation du territoire », dit-il. Par
exemple, des secteurs densément peuplés         mis sur pied pour éviter les déborde-
pourraient connaître des problèmes de           ments. Si le paysage est devenu un mar-
contamination des sols. Pour prévenir           ché, de telles instances de coordination
cette situation, les municipalités sont         contribueront peut-être à le civiliser.
notamment justifiées de réglementer les
gabarits.                                       Francine Bordeleau est journaliste indépen-
« Une saine gestion du milieu naturel est       dante.
possible », estime M. Locat. La Matawinie
prêche un peu par l'exemple. Certes, des
secteurs comme celui du lac Taureau
atteignent une densité limite. Mais dans
ce cas, un comité de coordination a été

                                                                         i^HBP^^H^^^^^^^^H^^^^^^^^^UBmm^i
  Exposition présenté* dans I* cadre
            e
  du 20 anniversaire                                                                                                             race
  du Tour de l'île de Montréal                                                                                                dit grand
                                                                                                                                fleuve
                                                                                                                              découvrez
                                                                                                                              le charme
                                                                                  .
                                                                                                                                discret
                                                                                                                             d'une villa
                                                                                 Auberge du Porc-Épic                       du XIX siècle.

                                                                                  600, r u e Principale O u e s t
                                                                                      C a c o u n a G0L IG0
                                                                               (418) 868-1373 • 1 888 909-1373                 I«t!^l
                                                                                   porc-epic@qc.aira.com
                                                                                                                                                   :

                                                              D o s s i e r                                                              numéro cent un rj
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