Je contacte mon député - 2013 Alliance Anticorrida

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Je contacte mon député - 2013 Alliance Anticorrida
Je contacte mon député

                   Alliance Anticorrida
                                                2013

                      Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   1
Je contacte mon député - 2013 Alliance Anticorrida
Origine de la lutte contre la corrida
   En France, les pratiques sociales de lutte contre la corrida sont nées avec l’introduction de la corrida, et
   depuis l’accompagnent. Pratique de la corrida et pratique de la lutte anticorrida sont inextricablement
   corrélées, sur le plan historique1,2,3,4 comme sur le plan anthropologique5. L’opposition aux corridas peut
   prendre des formes diverses : manifestations et rassemblements réunissant un nombre croissant de
   personnes (2 500 à 3 000 personnes à Nîmes le 11 septembre 2010 voir p.7), recours administratifs,
   judiciaires ou législatifs, constitution d’associations, rédaction d’articles et de revues, confection de
   banderoles et de pancartes, reprise de slogans etc.
   Avant que la corrida espagnole soit codifiée telle que nous la connaissons actuellement, la bulle De Salute
   gregis dominici, émise par le pape Pie V, le 1er novembre 1597, condamnait et interdisait les courses de
   taureaux sanglantes, sans effet… Au XVIIIe siècle et au début du XIXe, des voyageurs étrangers ou des
   diplomates, comme Jean-François Bourgoing, rapportent dans leurs écrits6 leur indignation face aux
   spectacles tauromachiques.
   C’est à partir du XIXe siècle que le mouvement de lutte contre la corrida prend corps, avec d’une part la
   création de la Société protectrice des animaux (SPA) en 1845, et, en parallèle l’introduction des corridas
   espagnoles sous la pression d’Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III, qui assiste à une corrida à
   Saint-Esprit, près de Bayonne en 1853. Le spectacle est organisé en infraction avec la loi Grammont qui
   punit les « mauvais traitements aux animaux ». Dès 1855, la SPA estime que les courses de taureaux
   font partie de ses cinq principales préoccupations et, à partir de 1880, l’association institue des
   campagnes et des tournées dans les villes du sud de la France. Elle introduit également des recours
   administratifs ou judiciaires.
   Malgré la censure de l’Empire, la presse manifeste une large opposition à la corrida laquelle s’implante
   avec difficulté à Dax (1878), Arles (1892) et Nîmes ne voit que neuf saisons tauromachiques entre 1853
   et 1891. Malgré des tentatives jusqu’en 1930, y compris à Paris où une corrida est organisée en 1900
   pour l’Exposition universelle, la tauromachie ne connaît qu’insuccès dans le Nord. Exilé, le médecin
   Ernest Cœurderoy, s’indigne contre ces spectacles dans son ouvrage « Jours d’exil » (1854) au même
   titre que Victor Hugo. Le docteur Henri Blatin, vice-président de la SPA, et vice-président de la Société
   protectrice de l’enfance, décrit l’horreur des corridas et les multiples réactions de rejet qu’elles suscitent
   dans Les courses de taureaux7.
   Jules Michelet ou Pierre Larousse, républicains progressistes et laïcs, s’y opposent aussi et deux évêques
   de Nîmes, Claude-Augustin Plantier (1863) et Xavier-Louis Besson (1885), prennent clairement position
   au moment où ces manifestations s’implantent dans la cité des Antonin.

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   1 Élisabeth Hardouin Fugier – Histoire de la corrida en Europe du XVIII au XXI siècle.
                                                                                                          e
   2 Maurice Agulhon. – Le sang des bêtes. Le problème de la protection des animaux en France au XIX siècle. In: Romantisme, 1981, n°31.
   Sangs. pp. 81-110.
   3 Christophe Traïni – La cause animale – 1820-1980 : Essai de sociologie historique. PUF, 2011.
   4 Dimitri Mieussens – L’exception corrida : de l’importance majeure d’une entorse mineure. L’Harmattan, 2005.
   5 Christophe Traïni – Aficionados et opposants à la tauromachie. Les formes plurielles de la civilisation. In: Politix. Vol. 16, N°64.
    e
   4 trimestre 2003. pp. 103-125.
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   6 Élisabeth Hardouin Fugier – Histoire de la corrida en Europe du XVIII au XXI siècle, p 59-66.
   7 Les courses de taureaux (SPA, Paris, 1863). Cf. aussi chap. VII (Les courses de taureaux dans le Midi de la France), p. 113-136, de Nos cruautés
   envers les animaux, au détriment de l'hygiène, de la fortune publique et de la morale. Hachette, 1867.
   http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6228833v/f123.tableDesMatieres.

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Sous la IIIe République, dans les années 1880 et 1890, à la faveur d’un regain de régionalisme, des
corridas sont régulièrement données, confortées par la loi du 5 avril 1884 sur l'autonomie communale,
et encouragées, dans le Sud-est, par Frédéric Mistral et le Félibrige. Émile Reynaud, maire de Nîmes, fonde
un comité sur les bancs de l’Assemblée nationale en 1887, pour en défendre le maintien8.
La résistance s’organise autour de la SPA qui en obtient l’interdiction en 1881, en 1884, en 1886.
Le 27 juin 1884, une circulaire de Waldeck-Rousseau, ministre de l'Intérieur, précise que les corridas
relèvent bien de la loi Grammont. Son successeur, Ferdinand Sarrien, réitère l’interdiction en 1886.
En janvier 1887, Marie Huot, fondatrice de la Ligue populaire contre la vivisection, organise une action à
l’aide de sifflets, pour faire cesser une corrida sur l’Hippodrome de l'Alma, suscitant des réactions
violentes de la part des amateurs de tauromachie. À partir de 1890, Caroline Rémy, – dite Séverine –
disciple de Jules Vallès et collaboratrice au Cri du peuple, publie de nombreux articles contre
l’implantation des corridas en France.
Le 22 juin 1894, appuyé par des personnalités comme Georges Clémenceau, Victorien Sardou, Puvis de
Chavannes et Maurice Leblanc, le président de la SPA adresse une pétition aux députés demandant
l’interdiction des courses de taureaux9, et le 23 septembre, une circulaire ministérielle recommande aux
préfets l'interdiction de toute corrida espagnole. Dans son domaine de Maisons-Laffitte, Max Lebeaudy,
fils du puissant industriel sucrier organise des corridas. Des matadors sont expulsés de France, à l’instar
du célèbre Mazzantini, qui fait la une du Petit Journal, le 15 septembre 1895. Georges Leygues, ministre
de l’Intérieur, fait même donner la maréchaussée et l’armée à Bayonne. Mais en 1896 son successeur,
Louis Barthou, revient au laisser-faire. Une inégalité fustigée par Séverine qui martèle, dans L’Écho de
Paris : « la loi pour tous ou pas de loi du tout ! ».
Émile Zola écrit au journaliste Marcel Laurent, en octobre 1899 : « je suis absolument contraire aux
courses de taureaux qui sont des spectacles abominables dont la cruauté imbécile est, pour les foules,
une éducation de sang et de boue. On finira par nous faire une jolie France à la veille du XXe siècle, si tous
les braves gens ne se mettent pas en travers10. » D’autres écrivains ou artistes expriment leur rejet de la
corrida : Camille Saint-Saëns, Jules Lemaître, Léon Bloy, Charles Péguy, Octave Mirbeau…
Par des arrêts successifs (16 février 1895, 17 octobre 1895 et 4 novembre 1899) la Cour de cassation confirme
l’interdiction d’organiser des corridas et s’en tiendra à cette jurisprudence jusqu’au milieu du XXe siècle.
En 1900, Philippe Maréchal, médecin et ami de Waldeck-Rousseau, perturbe une corrida organisée à
Enghien en jouant de la corne à vent sur les gradins. Il fait le point sur l’opposition à la corrida dans
L’évolution de l’opinion publique sur les courses de taureaux (Charles, Paris, 1902). Une proposition de
loi (Paul Bertrand) soutenue par 155 députés, est examinée mais n’arrive pas au vote en séance. Un
projet de loi en 1910, et une proposition de loi en 1911, sont déposés sans aboutir. Lors de son voyage
officiel en Espagne en 1913, Raymond Poincaré refuse d’assister à une corrida organisée en son
honneur. En mai 1930, Camille du Gast, présidente de la SPA et vice-présidente de la Ligue française du
droit des femmes organise une action avec une trentaine de manifestants qui sautent dans une arène
montée à Melun, accompagnés de sifflets et de bombes fumigènes de la part des centaines d'autres
manifestants restés sur les gradins11.

8 Claire Starozinski – La Face cachée des corridas, p.13.
9 Georges Fleury – La belle histoire de la S.P.A. De 1845 à nos jours, p.173.
10 Élisabeth Hardouin Fugier – La Corrida de A à Z, p.29-30.
11 Emmanuel de Monredon – Le regard des choses. Histoire française de la taurophobie, p.227-259.
http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&f_typedoc=images&q=corrida+de+Melun

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Plusieurs facteurs viennent pourtant affaiblir les protestations. Parmi eux, peut-être, une édulcoration
du spectacle : esthétisation croissante de la posture du torero, diminution du nombre de piques et
surtout, à partir de 1928, l’introduction du caparaçon pour protéger les chevaux généralement étripés
lors du premier tercio. Après la deuxième guerre mondiale, les élites et les médias, par un effet de
mode, se convertissent à la corrida12. Les opposants traversent une période difficile, d’autant que la loi
du 24 avril 1951 apporte une immunité pénale en cas de « tradition ininterrompue », à ce qui n’était
jusqu’alors, qu’une tolérance administrative depuis le tournant du siècle.
C’est dans les turbulences des années 1970 que la lutte anticorrida réinvestit l'espace public avec Charlie
Hebdo qui impose son style décapant dans le paysage médiatique et fustige les corridas. Le long
métrage Les Charlots font l’Espagne, en 1972, ridiculise ces spectacles que le vétérinaire médiatique
Pierre Rousselet-Blanc, invité chez Chancel en 1977, critique vertement13. Une double-page intitulée La
corrida sang ou or ?, dans le quotidien Le Monde du 13 novembre 1982, oppose Théodore Monod,
naturaliste et membre de l'Institut, à Pierre Dupuy, directeur de la revue Toros. On peut, de plus en plus,
exprimer publiquement son opposition, comme Alain Gillot-Pétré sur le plateau de Thierry Ardisson, le
10 octobre 199214.
Du 16 au 18 avril 1993, ont lieu les Journées européennes anticorrida à Béziers sous l'égide du
professeur Monod. Et de 1995 à 2012, aux moyens traditionnels d’expression et d’action précités
s’ajouteront la mise en place de larges pétitions15 (plus de 93 000 signatures), de mises en scène
visuelles et sonores, de campagnes collectives d’écriture, de sites Internet et l’utilisation des réseaux
sociaux dont les opposants à la corrida s’empareront avec efficacité.

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12 Élisabeth Hardouin Fugier – Histoire de la corrida en Europe du XVIII au XXI siècle, p 193-222.
13 http://www.ina.fr/media/entretiens/video/PHD95077533/pierre-rousselet-blanc.fr.html (vers 42 mn).
14 http://www.ina.fr/ardisson/double-jeu/video/I09302220/info-intox-corrida-reponses.fr.html
15 http://petition-anticorrida.com

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Raisons de la lutte contre la corrida
   La corrida a été introduite en France à partir des années 1850, et reste autorisée, au titre de la
   « tradition », dans certaines zones de onze départements du sud de la France, soit moins d'un dixième
   du territoire. Cette étonnante dérogation à la loi commune, contre laquelle s'élève un nombre croissant
   de Français, se trouve dans l’alinéa 7 de l'article 521-1 du code pénal consacré aux « sévices graves » et
   « actes de cruauté envers les animaux domestiques apprivoisés, ou tenus en captivité », lorsqu’une
   tradition locale ininterrompue peut être invoquée.

   Le droit reconnait ainsi que les courses de taureaux (corridas) sont une pratique portant atteinte à
   l’animal, laquelle justifie pour son auteur, une peine passible de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000
   euros d’amende. Nonobstant l’atteinte précitée à l’intégrité de l’animal, celle-ci est tolérée lorsqu’elle
   s’inscrit dans une « tradition locale ininterrompue ». Dans ce dernier cas, les sévices graves et l’acte de
   cruauté s’effacent pour laisser place à une manifestation festive, au cours de laquelle « la corrida
   apparaît comme une cérémonie16 ». Il y a là une incongruité juridique et morale à considérer et à punir
   une corrida à Lille ou à Paris comme des sévices graves, et à autoriser une corrida à Nîmes, au seul
   prétexte qu’il s’en tient régulièrement depuis plusieurs années.

   Au cours d'une corrida, six taureaux sont successivement mis à mort dans une mise en scène codifiée
   durant une quinzaine de minutes pour chacun d’entre eux. Pendant le « tercio de piques », le picador à
   cheval enfonce une lance terminée par une pointe en acier dans le dos du taureau. Pendant le « tercio
   de banderilles », les banderilleros plantent trois paires de harpons – dits banderilles – dans le dos du
   taureau. Pendant le « tercio de mort », le matador enfonce une épée dans le dos du taureau pour le
   tuer. L’estocade, souvent longue et laborieuse, se poursuit par l'emploi d'une épée spéciale (le
   descabello) et de la puntilla (poignard) à la base de la nuque.

   En Espagne même, son pays d'origine, cette pratique est de plus en plus contestée. Une organisation de
   vétérinaires opposés à la corrida a vu le jour en 2008 : l’Asociación de Veterinarios Abolicionistas de la
   Tauromaquia (AVAT). En Catalogne Espagnole, deuxième province du pays, plus de 80 municipalités se
   sont déclarées anticorrida – dont la capitale Barcelone – et les parlementaires catalans ont
   voté l’interdiction de la tauromachie sur leur territoire à compter du 1er janvier 2012.

   Les opposants à la corrida reçoivent l'appui croissant de spécialistes de divers horizons, tant du côté des
   sciences humaines que des disciplines biologiques. Leur combat est d'ordre éthique, et porte sur les
   sévices exercés sur les taureaux mis à mort au terme d'un spectacle jugé barbare par beaucoup, voire
   sadique par certains, avec l'utilisation particulièrement destructrice de la pique et, à un moindre degré,
   des banderilles. La critique la plus commune porte sur la présence de spectateurs (contrairement aux
   abattoirs). Il s’agit là de la mise en scène de la mort et des souffrances de l'animal, présentées comme
   une manifestation artistique, terme derrière lequel se cache la réalité de la mort donnée en spectacle
   qui constitue une violence préoccupante, notamment vis-à-vis du jeune public.

   16 Fiche d’inventaire « La corrida en France ».

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12 septembre 2010. 2 500 personnes ceinturent symboliquement les arènes de Nîmes à l’appel de l’Alliance Anticorrida.

 QUESTIONS ÉCRITES
Durant les deux premières années de la précédente législature (2007 et 2008), des parlementaires de
diverses couleurs ont posé des questions écrites au ministre de l'Intérieur ou de la Justice, pour soulever
la question de l'accès des arènes aux mineurs de moins de 15 ou 16 ans :
 Députés : Christian Vanneste, Françoise Hostalier, Jean-Christophe Lagarde, Armand Jung, Jean-Marc
Roubaud, François de Rugy, Marie-Line Reynaud, Laurent Hénart, Catherine Quéré, Jacques Remiller,
Yves Cochet, Jean-Yves le Déaut, Christian Eckert et Hervé Féron.
 Sénateurs : Bernard Barraux, Muguette Dini, Michèle San Vicente-Baudrin, Charles Gautier et André
Vantomme.
Durant les deux dernières années de la précédente législature (2011 et 2012), des parlementaires ont
posé des questions écrites au ministre de la Culture et de la Communication pour s'élever contre
l'inscription de la corrida à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français :
 Députés : Anny Poursinoff, Muriel Marland-Militello, François Grosdidier, Maryse Joissains-Masini,
Jean-Pierre Nicolas, Michel Zumkeller, Françoise de Salvador, Françoise Hostalier, Armand Jung, Antoine
Herth, Rémi Delatte, Gérard Menuel, François Vannson, Claude Darciaux et Richard Dell'agnola.
 Sénateurs : Catherine Deroche et Roland Povinelli.

 PROPOSITION DE RÉSOLUTION
16 octobre 2007 : les députés Geneviève Gaillard, Jacques Remiller, Muriel Marland-Militello, Armand
Jung, Lionnel Luca et Gérard Bapt déposent la proposition de résolution n° 289 demandant la création
d’une commission d’enquête sur l’argent de la corrida en France : son poids et ses enjeux économiques
locaux, son opacité financière etc.

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 PROPOSITIONS DE LOI
8 juin 2004 : Muriel Marland-Militello, députée des Alpes-Maritimes, dépose la proposition de loi
n°1652 demandant l'abrogation de l'alinéa 3 de l'article 521-1 du code pénal qui autorise, par
dérogation, la tenue de corridas en France17.
25 septembre 2007 : Muriel Marland-Militello dépose à nouveau cette proposition de loi rectifiée sous
le n° 228 demandant l'abrogation de l'alinéa 3 devenu 7 de l'article 521-118.
27 septembre 2007 : Jean-Pierre Brard, alors député de la Seine-Saint-Denis, Jean-Jacques Candelier,
député du Nord et Daniel Paul, député de Seine-Maritime déposent la proposition de loi n°191 visant à
interdire l'accès aux courses de taureaux aux mineurs de moins de quinze ans19.
13 juillet 2010 : le Groupe d'études sur la protection des animaux à l’Assemblée nationale adopte le
principe d’une proposition de loi collaborative n°2735 demandant l'abrogation de l'alinéa 7 de l'article
521-1, avec l’ensemble des membres20.
5 mai 2011 : le sénateur Roland Povinelli dépose la proposition de loi n°493 visant à supprimer l'alinéa 7
de l'article 521-121.
13 juillet 2011 : Geneviève Gaillard dépose la proposition de loi n°3695 visant à supprimer l'alinéa 7 de
l’article 521-122.

 PROTECTION DE L’ENFANCE
Juin 1997 : condamnation du directeur des arènes de Nîmes pour infraction à la législation du travail sur
les mineurs assortie de l’interdiction de toréer pour Andy Cartagena et El Juli pendant deux ans.

12 février 2008 : Claire Starozinski, présidente de l’Alliance Anticorrida, reçue par David Teillet, chef de
cabinet du ministre de l’Éducation nationale, obtient qu’une note visant à interdire le prosélytisme en
faveur de la corrida soit envoyée aux recteurs des académies de Montpellier, Aix-Marseille et Bordeaux23.

23 avril 2008 : une motion, signée à ce jour par plus de cent psychiatres et psychologues, demande que
les mineurs de moins de 16 ans n'aient plus accès aux corridas. Le texte s'inscrit dans une double logique
de protection de l'animal et de protection de la jeunesse, et vise à attirer l'attention sur les
répercussions possibles du spectacle de la corrida sur les esprits, notamment en termes de choc affectif
ou d'accoutumance à la violence24.

1er août 2008 : le maire de Fontvieille (Bouches-du-Rhône) annule une corrida où Michelito, dix ans,
devait se produire. Il est suivi le lendemain par le sous-préfet qui annule la corrida prévue à Arles.

11 janvier 2012 : le professeur Hubert Montagner, psycho-physiologiste, éthologue et spécialiste de la
relation enfant-animal, rejoint le mouvement anticorrida, estimant que ce spectacle est « une forme de
violence néfaste pour l’enfant ». Il « souhaite voir interdire l’accès aux corridas aux enfants de moins de
16 ans ».

17 http://www.assembleenationale.fr/12/propositions/pion1652.asp
18 http://www.assembleenationale.fr/13/pdf/propositions/pion0228.pdf
19 http://www.assembleenationale.fr/13/propositions/pion0191.asp
20 http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion2735.asp
21 http://www.senat.fr/leg/ppl10-493.html
22 http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion3695.asp
23 http://www.allianceanticorrida.fr/Docs_atelecharger/recteur_montpellier.pdf
24 http://pas-de-corridas-pour-les-enfants.over-blog.fr/pages/TEXTE_DE_LA_MOTION_ET_LISTE_DES_SIGNATAIRES-3947541.html

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©Alliance Anticorrida                                   ©Alliance Anticorrida

Michelito, 10 ans. Arles, 12 septembre2009.

  SONDAGES
      Sondage Ipsos/Alliance Anticorrida du 11 septembre 2000, en Haute-Garonne : 62 % des habitants
       se disent contre l’organisation de corridas dans leur département.
      Sondage Ipsos/FLAC du 9 au 12 février 2001, à Fréjus : 62 % des habitants se prononcent contre
       l’organisation de corridas dans leur ville.
      Sondage Ipsos/Alliance Anticorrida du 17 septembre 2002, à Carcassonne : 56 % des habitants se
       disent contre le retour des corridas.
      Sondage IFOP/Midi Libre du 28 septembre 2007, en France : 50 % des Français sont favorables aux
       mesures d’interdiction de la corrida contre 48 % opposés.
      Sondage Ipsos/Alliance Anticorrida du 9 au 12 juillet 2010, dans le Gard : 66 % des habitants sont «
       défavorables aux corridas avec piques, banderilles et mise à mort du taureau ».

      Sondage IFOP/Lettre de l’opinion du 3 au 5 août 2010, en France : deux sondés sur trois se disent
       « plutôt favorables » à l'interdiction des corridas25.

 25 http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=1225

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Villes
  VILLES DÉCLARÉES ANTICORRIDA
  Ne tolérant pas que : « la banalisation de la souffrance animale serve au développement lucratif d'un
  fonds de commerce et que l'État ou les collectivités territoriales, subventionnent totalement ou
  partiellement les corridas ou toutes activités s'y rapportant », quatre villes se sont déclarées « anticorrida
  et amies des animaux » par délibération du conseil municipal : Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) 2005,
  Bully-les-Mines (Pas-de-Calais) 2006, Montignac (Périgord) 2007 et Joucou (Aude) 2009.

   VILLES AYANT RENONCÉ À LA TENUE DE CORRIDAS
             Gimont (Gers) 2006.
             Floirac (Gironde) 2007.
             Bourg-Madame (Pyrénées-Orientales) 2007.
             Port-Saint-Louis du Rhône (Bouches-du-Rhône) 2008.
             Fenouillet (Haute-Garonne) 2008.
             Saint-Perdon (Landes) 2009.
             Fréjus (Var) 201026.
             Bezouce (Gard) 2010.
             Collioure (Pyrénées-Orientales) 2012.

Soutiens

    ARTISTES, ÉCRIVAINS, PHILOSOPHES
   En 1994, le chanteur Francis Cabrel écrit la chanson La Corrida. Extraits : « Je les entends rire comme je râle.
   Je les vois danser comme je succombe. Je ne pensais pas qu'on puisse autant, s'amuser autour d'une tombe ».
   En 2007, le chanteur Renaud écrit Rouge Sang. Extraits : « Entre ce sang qui coule sur le sable de l'arène. Et
   fait vibrer la foule barbare, inhumaine. Le sang rouge qui jaillit comme l'eau des fontaines. Du taureau
   accroupi sous l'acier madrilène ». Il enregistre également un spot contre la corrida refusé par le Bureau de
   vérification de la publicité (BVP)27, qu'il diffuse néanmoins sur écran géant durant sa tournée en France28.

   Ainsi que : Anouk Aimée, Élisabeth Badinter, Laurent Baffie, Brigitte Bardot, Jean-Paul Belmondo, Surya
   Bonaly, Philippe Bouvard, Cabu, Aymeric Caron, Jean Carrière, François Cavanna, Bernard Clavel,
   Mireille Darc, Alain Delon, Mylène Demongeot, Julien Doré, Michel Duchaussoy, Yves Duteil, Michel
   Drucker, Fabrice Éboué, Danièle Evenou, Élisabeth de Fontenay, Geneviève de Fontenay, Jacques Gaillot,
   Marion Game, Laurent Gerra, Sara Giraudeau, Gisèle Halimi, Robert Hossein, Nicolas Hulot, Albert
   Jacquard, Jean-Pierre-Jeunet, Jacques Julliard, Luz, Jeane Manson, Sophie Marceau, Raphaël Mezrahi,
   Nagui, Thomas N'Gigol, François Nourissier, Claude Pinoteau,Patrick Poivre d’Arvor, Yves Rénier, Hubert
   Reeves, Angelo Rinaldi, Jean Rochefort, Olivia Ruiz, Dany Saval, Hélène Segara, Éric Serra, Tomer Sisley,
   Walter Spanghero, Stone, Tignous, Corinne Touzet, Philippe Val, Astrid Veillon, Lambert Wilson etc.

   26 http://www.allianceanticorrida.fr/Docs_atelecharger/frejus.jpg
   27 Le Bureau de vérification de la publicité (BVP) est devenu, depuis le 25 juin 2008, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).
   28 http://www.dailymotion.com/video/x6e06n_spot-anti-corrida-n-1-renaud_animals#.UNRvlOSzJ8E

                                                                                                                          Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   9
 MAIRES, DÉPUTÉS ET SÉNATEURS
Laurence Abeille, Patricia Adam, Brigitte Allain, Nicole Ameline, André Aschieri, Danielle Auroi,
Dominique Baert, Gérard Bapt, Bernard Barraux, Jacques-Alain Benisti, Chantal Berthelot, Véronique
Besse, Christophe Bouillon, Bernard Brochand, Jean-Jacques Candelier, Jean-Paul Chanteguet, Édouard
Chaulet, Jean-Louis Christ, Sergio Coronado, Catherine Coutelle, Jean-Michel Couve, François de Rugy,
Bernard Deflesselles, Lucien Degauchy, Pascal Deguilhem, Rémi Delatte, Guy Delcourt, Catherine
Deroche, Muguette Dini, Dominique Dord, Laurence Dumont, Nicolas Dupont-Aignan, Yves Duteil,
Georges Fénech, Marie-Louise Fort, Marc Francina, Jean-Louis Gagnaire, Geneviève Gaillard, Charles
Gautier, Hervé Gaymard, Jean-Pierre Giran, Marc Goua, Philippe Goujon, Laurent Grandguillaume, Anne
Grommerch, Arlette Grosskost, Christophe Guilloteau, Francis Hillmeyer, Maryse Joissains-Masini,
Armand Jung, Christian Kert, Nathalie Kosciusko-Morizet, Patrick Labaune, Jean-Christophe Lagarde,
Jérôme Lambert, Jacques Lamblin, Anne-Yvonne le Dain, Jean-Yves Le Déaut, Annick Le Loch, Catherine
Lemorton, Lionnel Luca, Jacqueline Maquet, Franck Marlin, Alain Marsaud, Philippe-Armand Martin,
Patrice Martin-Lalande, Jean-Claude Mathis, Michel Ménard, Yves Nicolin, Bertrand Pancher, Valérie
Pécresse, Bernard Perrut, Henri Plagnol, Bérengère Poletti, Roland Povinelli, Didier Quentin, François
Rochebloine, Marcel Rogemont, Jean-Marc Roubaud, Michèle San Vicente-Baudrin, André Schneider,
Éric Straumann, Alain Suguenot, Michel Terrot, Jean-Louis Touraine, Daniel Vaillant, François Vannson,
André Vantomme, François-Xavier Villain, Simone Weil et Michel Zumkeller.

 VÉTÉRINAIRES
Mai 2010 : création du Collectif des Vétérinaires pour l'abolition de la corrida (COVAC) qui reflète
l'évolution des mentalités avec la participation de 1 400 vétérinaires au débat sur la légitimité de la
corrida. Ils ont souscrit à la déclaration suivante : « En tant que vétérinaires, nous nous déclarons
opposés à la corrida. Cette pratique, qui consiste à supplicier des taureaux en public, doit disparaître de
nos sociétés. La souffrance qu'elle fait endurer à ces animaux est injustifiable. L'évolution des
connaissances scientifiques ainsi que l'évolution des mentalités rendent désormais nécessaire la mise en
œuvre de mesures visant à supprimer de tels spectacles. »
9 juin 2010 : conférence de presse organisée à l'Assemblée nationale pour l’annonce officielle de la
création du COVAC et d'une nouvelle proposition de loi collaborative. Interventions des députées Muriel
Marland-Militello et Geneviève Gaillard, du Professeur Jean-François Courreau et des docteurs Marie-
Claude Bomsel, Michel Klein, Francesc Minguell (AVAT), Nathalie Milhas et Jean-Paul Richier29.

29 http://www.veterinaires-anticorrida.fr/article-un-collectif-de-veterinaires-opposes-a-la-corrida-s-est-constitue-en-france-51729627.html

                                                                                                           Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   10
Contributions
   JEAN‐FRANÇOIS COURREAU, PROFESSEUR À L’ÉCOLE VÉTÉRINAIRE D’ALFORT.
                                En tant qu'enseignant-chercheur, vétérinaire et zootechnicien, c'est-à-dire
                                spécialiste de l'élevage des espèces domestiques, j'ai voulu apporter ma
                                contribution au mouvement d'opposition à la corrida. L'élevage de l'animal
                                domestique en vue de son exploitation par l'homme oblige à un délicat
                                compromis entre son bien-être et la recherche d'un revenu décent pour
                                l'éleveur. J'accepte ce compromis, même s'il ne place pas l'animal dans une
                                situation de bien-être telle que je pourrais la souhaiter.
                                Cependant, ce que je ne peux pas accepter, c'est la négation consciente,
                                délibérée du droit au bien-être de l'animal pour l'exploiter dans le but
                                purement ludique de la corrida. J'enseigne l'ethnologie et la génétique. En
                                tant que tel, je suis admiratif de la sélection empirique qui a conduit au toro
                                bravo, race de toute beauté et de fort tempérament. Pour autant, je
   dénonce l'objectif de cette sélection qui vise à produire des animaux dits aptes au combat et qui ne sont
   en fait que contraints à se défendre. Comment peut-on sélectionner une race pour que son destin
   inexorable soit de mourir dans un combat dédié au plaisir de l'homme qui regarde ?
   Les défenseurs de ce spectacle parlent de résistance à la douleur chez une race sélectionnée pour se
   battre : je réfute les résultats des mauvaises démonstrations cherchant à prouver l'absence de douleur !
   L'enseignement sur le bien-être et la capacité à souffrir de l'animal progresse dans la société française.
   Les écoles vétérinaires l'ont heureusement intégré dans leurs programmes.
   Mais comment le faire admettre pleinement quand des actes, qu'on peut qualifier de barbares, sont
   encore tolérés officiellement ? Je me suis posé beaucoup de questions avant de m'engager et j'ai
   cherché à comprendre les arguments des aficionados. Mais j'ai fini par trancher. Parce qu'il est
   inadmissible et dégradant que l'homme se permette de tuer un animal pour le plaisir d'un spectacle,
   longue suite de tourments avant qu'il ne soit délivré par la mort.

   JEAN‐BAPTISTE JEANGÈNE VILMER, PHILOSOPHE, POLITOLOGUE ET JURISTE.
   Tout est dit dans la loi. La corrida est en France une exception juridique,
   une exception à l’interdiction de pratiquer des « sévices graves ou actes
   de cruauté envers les animaux » (art. 521 du code pénal). Elle est donc,
   de fait, reconnue par le législateur lui-même comme sévices graves ou
   acte de cruauté, mais qui, à la différence des autres, n’est pas puni.
   Pourquoi cette impunité ? Parce qu’elle a lieu là où « une tradition locale
   ininterrompue peut être invoquée ».
   Voilà donc une pratique punie à Brest, au nom de la sensibilité de
   l’animal, mais permise à Nîmes, malgré la sensibilité de l’animal. Cette
   aberration est fondée sur l’appel à la tradition, qui est un sophisme
   connu depuis 2000 ans sous le nom d’argumentum ad antiquitam.
   L’excision est également un rite millénaire, une pratique culturelle, une
   tradition profondément ancrée. Pourtant, le même législateur l’interdit et fustige ce relativisme culturel,
   qu’il invoque au contraire quand il s’agit de protéger le « patrimoine » national, dans le cas de la corrida
   comme dans celui du foie gras. Ce n’est pas parce que l’on fait quelque chose depuis longtemps au
   même endroit que l’on a raison de le faire. Tous les progrès sociaux ont eu lieu contre les traditions, de
   l’abolition de l’esclavage au droit de vote des femmes. La tradition en elle-même explique mais ne
   justifie rien. Justement, dira-t-on, n’avez-vous pas mieux à faire qu’à vous occuper des taureaux ?

                                                                                    Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   11
Francis Wolff conseille aux militants de la cause animale de se saisir « de la Tchétchénie, de l’Irak, du
Darfour, des enfants qui crèvent de faim ou meurent sous les bombes »30. C’est encore un raisonnement
fallacieux, connu sous le nom de « sophisme du pire ». Il consiste à dire que X n’est pas un problème
puisqu’il y a pire que X, et que l’on devrait donc concentrer toute son énergie sur ce pire que X.
Non seulement ceux qui professent ce genre de conseil seraient bien en mal de l’appliquer eux-mêmes –
consacrent-ils tout leur temps à la résolution de ce qu’il y a de pire sur terre ? – mais ils présupposent une
contradiction qui dans les faits n’existe pas. S’occuper du bien-être des taureaux empêche-t-il de prendre
soin des hommes ? En réalité, ce sont souvent ceux qui citent les enfants du tiers-monde comme un
prétexte pour ne pas se soucier des animaux qui ne font strictement rien ni pour les uns ni pour les autres,
alors qu’une grande partie de ceux qui se soucient du bien-être des animaux militent également contre la
misère humaine, parce que l’humanitarisme intelligent passe la frontière des espèces31.

                                            MICHEL ONFRAY, PHILOSOPHE ET ÉCRIVAIN.
                                            Assister à une corrida, c’est s’installer dans ce qu’il y a de moins humain
                                            dans l’Homme : le plaisir pris à la souffrance et à la mise à mort d’un
                                            être vivant. On a beau envelopper ce rite barbare de fanfreluches
                                            culturelles, citer Goya, renvoyer à Picasso, en appeler à Hemingway ou
                                            Leiris, les ritournelles culturelles de cette pauvre caste, il n’y a pas de
                                            bonnes raisons pour un cortex normalement constitué de travailler en
                                            faveur du cerveau reptilien. Toute la civilisation est effort
                                            d’arrachement de la barbarie pour aller vers la culture : disons-le moins
                                            prosaïquement, pour aller du talion à la loi, du viol à sa condamnation,
                                            de l’exploitation des enfants à leur éducation – de la corrida à son
                                            abolition.
Il cohabite en chacun de nous un cerveau de l’intelligence et un cerveau de serpent : on doit au premier
les artistes, les écrivains, les bâtisseurs, les philosophes, les musiciens, les inventeurs, les pacifistes, les
instituteurs ; au second, les tortionnaires, les tueurs, les guerriers, les inquisiteurs, les guillotineurs, et
autres gens qui font couler le sang dont les toreros.
Sade est le maître à penser des amateurs de corrida : il fut, avant les Lumières, le dernier penseur féodal
pour qui son bon plaisir justifiait le sang versé. Il faut en effet un formidable potentiel sadique pour payer
son entrée dans une arène où le spectacle consiste à torturer un animal, le faire souffrir, le blesser avec
cruauté, raffiner les actes barbares, les codifier, (comme un inquisiteur ou un tortionnaire qui sait jusqu’où
il faut aller pour garder en vie le plus longtemps possible celui qu’on va de toute façon mettre à mort...) et
jouir de façon hystérique quand le taureau s’effondre parce qu’il n’y a pas d’autre issue pour lui.
Notre époque sent le sang.
Quelques uns s’honorent en ne communiant pas dans cette barbarie défendue par son ancienneté :
mais il est dans l’ordre des choses que toute barbarie s’enracine dans la tradition et l’ancienneté.
L’argument de la tradition devrait être définitivement dirimant.
Depuis les temps les plus anciens, le mâle viole la femelle, le fort égorge le faible, le loup dévore
l’agneau : est-ce un argument pour que les choses continuent toujours ainsi ? Il y a plus d’humanité dans
le regard de mes chats que dans celui d’un être qui hurle de joie quand le taureau vacille et s’effondre,
l’œil rempli de larmes et bientôt de néant…

30 Francis Wolff, « Gare à l’idéologie ‘animaliste'», L’Humanité hebdo, 15 septembre 2007, p. 18.
31 Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Éthique animale, Paris, PUF, 2008, p. 137-138

                                                                                                    Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   12
JEAN‐PAUL RICHIER, PSYCHIATRE.
                              Les défenseurs des animaux s'entendent régulièrement dire « Occupez-vous
                              donc d'abord des hommes ! ». Mais tenter de remédier à la détresse
                              humaine n'empêche pas de tenter de remédier aussi à la détresse animale.
                              Car, si pour se préoccuper du sort que les hommes font aux animaux, il faut
                              d'abord attendre que l'humanité tout entière baigne dans le bien-être, ceci
                              risque de reporter la question un peu loin.
                             De même, les adversaires de la corrida peuvent s'entendre dire « Occupez-
                             vous plutôt des milliards d'animaux qui souffrent de l'élevage et l'abattage
                             industriels ». Ce n'est pas en termes quantitatifs que se pose la question
mais en termes symboliques. En effet, s'agissant d'un spectacle délibérément cruel qui met en scène des
hommes contre des animaux, elle symbolise une approche très particulière de la relation homme-
animal, basée sur la domination, la prédation et la violence. Voilà pourquoi elle soulève autant de
passions de part et d'autre.
Comment les amateurs de corridas se justifient-ils ? Au fur et à mesure que les mentalités ont évolué, le
libre exercice de la violence et de la cruauté, d'abord assumé comme tel, a laissé place à des
considérations artistiques et culturelles. Le mundillo, petit monde de la corrida, décline des
considérations historiques, mythologiques, anthropologiques, fort contestables et fort contestées.
Certains assument la dimension violente de la corrida, mais pour prétendre que cette violence codifiée
protègerait le corps social au titre d'une fonction sacrificielle ou d'un effet cathartique. Dans nos
sociétés modernes il s'agit d'une imposture car on observe, au contraire, que la violence attire la
violence. Et les derniers arguments à la mode des partisans de la corrida, d'ordre écologique ou
économique, ne résistent guère à l'analyse.
Sur ce point, le monde de la corrida fonctionne sur le bon vieux principe de la privatisation des profits et
la socialisation des pertes.

JEAN‐PIERRE MARGUÉNAUD, PROFESSEUR DE DROIT PRIVÉ ET DE SCIENCES CRIMINELLES.
Contrairement à une opinion communément répandue, l’inscription de la
corrida sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de
l’humanité ne répond pas à l’exigence de conformité aux instruments
internationaux existants relatifs aux droits de l’Homme fixée par l’article 1 de
la Convention du 17 octobre 2003.
Le préambule de la Convention de Paris se place d’emblée, dès sa première
phrase, sous l’égide des instruments internationaux protecteurs des droits
de l’Homme au premier rang desquels il fait expressément apparaître la
Déclaration universelle des droits de l’Homme (10 décembre 1948). Or, le
second considérant du Préambule de cet instrument international
hautement symbolique affirme que « la méconnaissance et le mépris des
droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité ».
Il va de soi que les actes de barbarie qui avaient révolté la conscience de l’humanité en 1948 ne sont pas
des actes qui avaient été infligés aux animaux. Il n’en reste pas moins que des actes de barbarie infligés
aux animaux en 2011 peuvent aussi révolter la conscience de l’humanité non seulement en raison des
souffrances qu’ils leur font subir mais également en fonction des menaces qu’ils font peser sur les
hommes par l’accoutumance à la cruauté qu’ils provoquent notamment chez les enfants.

                                                                                   Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   13
La corrida est constitutive d’actes de cruauté envers des animaux domestiques, car autrement, il
n’aurait pas été nécessaire que l’article 521-1 al. 7 du code pénal prenne la peine de la soustraire à
l’application des dispositions qui incriminent et punissent ce délit. Or, les actes de cruauté envers les
animaux domestiques se distinguent des mauvais traitements en ce qu’ils se rapprochent du sadisme et
de la barbarie ; donc la corrida est un acte de barbarie dont l’élimination est la motivation déterminante
de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Il suffira ici d’indiquer l’armature de ce syllogisme humaniste qu’il faudra se donner au moins la peine de
détruire avant de pouvoir prétendre que l’inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel
immatériel de l’humanité de cet acte de barbarie que constitue la corrida répond exactement à
l’exigence de conformité aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme posée par la
convention de Paris de 2003.32

                                       HUBERT MONTAGNER, PSYCHO‐PHYSIOLOGISTE, ÉTHOLOGUE,
                                       SPÉCIALISTE DE LA RELATION ENFANT‐ANIMAL.
                            Signataire, en 1989, de la Convention internationale des droits de l’enfant
                            (CIDE) promulguée par l’ONU, et porteuse d’une responsabilité historique
                            et universelle dans la défense des droits de l’Homme et du citoyen, la
                            France se doit de protéger les enfants et les adolescents du spectacle de la
                            corrida, c’est-à-dire de la mise en scène cruelle de l’exécution de taureaux
                            dans les arènes. Rien ne justifie le silence ou l’approbation sur ces
                            manifestations qui déroulent sous les yeux d’enfants et d’adolescents : les
                            blessures sanglantes que provoquent les banderilles plantées dans l’échine
des animaux, le sang qui gicle et coule sur leurs flancs, leur agonie et leur mise à mort dans une
ambiance de clameurs qui célèbrent la mort comme s’il s’agissait d’une fête.

Quels repères humanistes, quelles valeurs morales et quelle confiance dans autrui nos jeunes peuvent-
ils nourrir devant cette cruauté et cette violence scénarisées, implicitement reconnues par les plus
hautes autorités politiques, culturelles, religieuses ? Nos responsables ont-ils conscience que le
spectacle de la souffrance réelle, humaine ou animale, peut bouleverser les enfants et les adolescents
au point de les plonger dans l’insécurité affective, la détresse et la révolte, et de laisser des séquelles
dans leur univers émotionnel et affectif, surtout quand ils sont vulnérables, sensibles, en quête de
confiance, craintifs, anxieux et angoissés ? Le spectacle de la torture et de la mise à mort réelles ne peut
être confondu avec le spectacle virtuel de la torture, de la mise à mort et de la violence caricaturées,
scénarisées et déconnectées du réel, des bandes dessinées, films, vidéos, que les victimes y soient des
humains ou des animaux.

Personnes à part entière, les enfants et les adolescents peuvent, et savent faire, d’eux-mêmes, la
différence entre ce qui est réel et ce qui est virtuel. Ceux qui prétendent le contraire n’ont jamais vu
d’enfants ou d’adolescents confrontés à des souffrances et violences réelles, par comparaison avec le
spectacle d’images virtuelles, qui sollicitent leur imaginaire et leur participation sans les impliquer et
sans altérer leur sécurité affective. Au nom de quoi veut-on nous imposer une pratique et un spectacle
de violence que rejettent la grande majorité des citoyens français, qui ont besoin d’apaisement, de
respect de la vie, d’humanisme et d’amour ?

32 Jean-Pierre Marguénaud, RSDA 2012 1 « La corrida aux portes du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité ? » pp. 35-36.

                                                                                                         Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   14
Bibliographie
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Agulhon, Maurice. 1981. Le Sang des bêtes. Le problème de la protection des animaux en France au XIXe siècle. In: Romantisme.
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Auffret Van Der Kemp, Thierry et Nouët, Jean-Claude. 2008. Homme et Animal : de la douleur à la cruauté.
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Boinet, Edouard. 2011. Du Déclin à la patrimonialisation : la consécration controversée du fait culturel corrida.
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Burgat, Florence. 2004. L’Animal dans nos sociétés, problèmes politiques et sociaux. La Documentation Française.
Fabre, Marc. 2009. Les Mythes tauromachiques. Nouvelles presses du Languedoc.
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Remerciements
   Dr Jean-Paul Richier.

   Ainsi que :
   Pr Jean-François Courreau
   Jean-Baptiste Jeangène Vilmer
   Nathalie Karsenti
   Pr Jean-Pierre Marguénaud
   Pr Hubert Montagner
   Michel Onfray.

   Crédit photos :
   Christophe Lopez
   Michel Pourny
   Stéphane Rougon
   Joachim Spott
   Claire Starozinski
   Ministère de l’Agriculture.

Auteur du mémoire
   Claire Starozinski
   Fondatrice et présidente en exercice
   Alliance Anticorrida

                                          Alliance Anticorrida – Je contacte mon député   16
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