La LETTRE de l'UNC Isère - www.unc38.fr
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La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 Articles sélectionnés sur internet par Jean-Philippe Piquard et mis en forme par Jean-François Piquard Frappes en Syrie : pourquoi l’Elysée hésite La présence de centaines de combattants d’origine française dans les rangs de Daesh embarrasse l'exécutif qui hésite à participer aux frappes antidjihadistes Les faits - La France a décidé de mobiliser trois Rafale supplémentaires - soit neuf au total - et une frégate antiaérienne dans le golfe arabo-persique, dans le cadre des opérations militaires contre l’Etat islamique (EI), a annoncé mercredi le ministère de la Défense, à l'issue d'un conseil restreint de défense. Depuis le début des opérations militaires, le 19 septembre, la France n'a effectué que deux frappes, contribuant pour moins de 1% aux actions militaires sur l'ensemble du théâtre syro-irakien. La France repousse pour l'instant toute idée de frappes aériennes en Syrie et continue de «soutenir par tout moyen l'opposition démocratique en Syrie». Ne pas prendre le risque de tuer avec des bombes françaises des citoyens français partis faire le djihad. C'est le grand non-dit des hésitations de l'Elysée quant à une intervention militaire en Syrie contre l’Etat islamique. D'autres arguments, plus ou moins convaincants, sont mis en avant. Mais de celui-ci, personne ne veut parler. Le sujet est politiquement explosif. Au plus mal dans l'opinion publique, le pouvoir est-il prêt à assumer que des jeunes Français, pour la plupart d'origine immigrée, soient tués par l'armée française aux ordres d'un gouvernement socialiste ? Pour l'instant, la réponse est négative - d'où les atermoiements de la position de Paris telle qu'elle a encore été exprimée jeudi par un communiqué de l'Elysée à l'issue d'un conseil restreint de défense. Une source au ministère de la Défense estime que 350 à 360 Français, ou résidents en France, sont actuellement présents sur le théâtre, l'immense majorité d'entre eux en Syrie et non en Irak. Au total, près d'un millier de personnes, la plupart très jeunes, sont impliquées dans ce djihad tricolore. Près d’un quart d’entre eux sont des convertis et les femmes sont environ 20%. On compte aussi quelques mineurs. La même source
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 page2 assure que 37 Français ont déjà été tués dans les combats, par les forces de Bachar, d'autres groupes rebelles ou par les récentes frappes arabo-américaines. Si, demain, la France décidait d'élargir les (rares) frappes qu'elle conduit en Irak sur le territoire voisin de la Syrie, il est quasiment certain que des Français feraient partie des victimes. Ce sera une première dans l'histoire récente de notre pays. Certes, une grande majorité de l'opinion publique ne trouverait rien à redire à ces «dommages français collatéraux» de la lutte contre le djihadisme, mais cela pourrait radicaliser plus encore une partie de ces jeunes touchés par la propagande djihadiste et les pousser à passer à l'action sur le territoire national. Les responsables de la sécurité intérieure suivent ce dossier comme le lait sur le feu. Sans compter que les familles pourraient engager des procédures juridiques contre l'Etat. Même si celles-ci auraient peu de chances d'aboutir, elles créeraient un climat de polémique dont le gouvernement préfère se passer. Alors ministre de l'Intérieur, Manuel Valls parlait en 2012 de «l'ennemi de l'intérieur» : «La menace terroriste est bien là, présente sur notre sol en particulier dans nos quartiers populaires». Deux ans plus tard, les choses ne se sont pas améliorées, tant s'en faut. Cet «ennemi de l'intérieur» préfère aujourd'hui s'exporter au Moyen- Orient pour y combattre les «mécréants» sous les ordres du «calife Ibrahim». Mais dans ce monde globalisé, les concepts d'«intérieur» et d'«extérieur» perdent beaucoup de leur signification. Est-il légitime, pour un gouvernement, de tuer ses ressortissants qui combattent dans un pays étranger ? L’armée française se contente du service minimum en Irak A peine deux frappes depuis l’annonce de l’engagement il y a un mois. Les militaires français ne regardent que vers le Sahel Le ton était martial mais la réalité l’est moins. Quatre semaines après la conférence de presse du 18 septembre, au cours de laquelle François Hollande annonçait le « soutien aérien » de la France à l’Irak contre les djihadistes de Daesh, où en sommes-nous militairement ? Pas très loin… L’armée de l’Air n’a procédé qu’à deux frappes, les 19 et 26 septembre, contre des dépôts logistiques. Et depuis lors, rien. Les combattants islamistes voient passer chaque jour les Rafale au-dessus de leur tête, mais aucune bombe GBU-12 ne tombe du ciel. Entre-temps, le Français Hervé Gourdel a été décapité par des djihadistes algériens en réponse à l’opération française, baptisée Chammal. Sur le terrain, l’essentiel de l’action se déroule en Syrie, où Paris a décidé, pour l’instant, de ne pas intervenir militairement. Par sa communication, le ministère de la Défense remplit le silence des armes, avec une vingtaine de communiqués publiés à ce jour. On y annonce d’abord la décision d’envoyer trois Rafale en renfort, puis leur départ de Saint-Dizier, puis leur arrivée à Al-Dhafra, la base française aux Emirats arabes unis, puis leur première mission, puis leur premier vol de nuit… Les djihadistes tremblent. Ce n’est pas la « drôle de guerre » de 1939-1940, mais ça y ressemble, en beaucoup plus modeste. En privé, les interrogations fusent désormais de toutes parts : « Que sommes-nous allés faire là-bas ? » « On y est, mais on ne fait rien. C’est grotesque, » tranche un observateur proche du dossier. A l’état-major, on se défend en expliquant que l’action de la coalition s’inscrit dans le « long terme » et qu’il faut compter en mois. Au moins. Sur l’ensemble du théâtre Syrie-Irak, la participation aérienne française représente environ 1 % des missions d’une coalition à 90 % américaine. Le poids de la France correspond à celui des fidèles alliés de Washington
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 page3 également présents : le Royaume-Uni (qui a quand même procédé à cinq frappes en une semaine), les Pays- Bas, la Belgique, le Danemark et l’Australie. La réalité militaire de la participation arabe aux côtés des Etats- Unis – uniquement en Syrie – est difficile à évaluer ; seuls les Emirats semblent fournir un vrai effort aérien. Une source militaire reconnaît que les frappes françaises sont « extrêmement modestes » parce que « les occasions de frapper sont rares ». « Il n’y a pas en Irak de “zones de chasse libre” comme il y en avait par exemple en Libye », où tout combattant repéré dans un secteur défini était considéré comme hostile. En Irak, « l’alliance entre les tribus sunnites et Daesh » pose un problème politico-militaire. Tirer sur des combattants ennemis signifierait, dans de nombreux cas, tuer des sunnites ralliés à Daesh, mais pas forcément des djihadistes de l’Etat islamique. Or, la stratégie globale de la coalition vise à séparer les sunnites de Daesh, pas à les précipiter dans leurs bras. Toute la difficulté est donc de « discriminer » les uns des autres. Pas simple, d’autant qu’il existe une « fusion » entre les combattants et la population. Toute frappe peut donc se solder par des pertes civiles, qui dresserait l’opinion sunnite contre la coalition. On l’a vu en Afghanistan et l’on craint de le revoir en Irak. Cette modeste participation militaire présente un avantage : elle permet à la France d’être présente politiquement sur ce dossier. « Ne pas être dans la coalition contre Daesh aurait été incompréhensible » assure un diplomate français de haut rang. Grâce à ses diplomates et ses militaires, « la France occupe une position centrale dans la gestion des crises, elle est au cœur du laboratoire », ajoute-t-il. Interrogé sur les succès de la politique étrangère dans la région, il concède toutefois que « la médecine peut être en difficulté face à la maladie » Bref, que notre belle machine ne produit guère de résultats concrets en Afrique du nord et au Moyen-Orient. Pour la Défense, l’Irak n’est pas le dossier prioritaire. Alors que le renseignement est essentiel, les militaires connaissent mal le terrain, à l’exception du Kurdistan où ils ont gardé de vieux contacts, et savent que c’est d’abord une affaire américaine. Ils seraient plus à l’aise pour intervenir en Syrie – mais l’Elysée met toujours son veto. Le grand sujet qui préoccupe l’armée française, c’est le Sahel et la Libye. Sur une carte interne au ministère de la Défense, on pouvait récemment voir un grand ovale courant du nord-Mali au sud-ouest libyen. Moins de deux ans après le début de l’opération Serval, les groupes armés terroristes opèrent à nouveau dans tout le secteur, en particulier dans le nord du Mali. En septembre, ils ont tué dix casques bleus tchadiens et, début octobre, neuf casques bleus nigériens. L’Algérie observe la remontée en puissance des groupes terroristes sur son territoire avec beaucoup de préoccupation, comme le Tchad ou le Niger. Le sud-ouest de la Libye, où aucune force armée nationale ou internationale n’est présente, est livrée aux groupes terroristes et/ou mafieux. Les 3 000 militaires français de l’opération Barkhane dans la bande sahélo-saharienne sont aux premières loges. Or, cette opération repose sur une étroite coopération avec les Etats-Unis qui fournissent du renseignement, des drones, des ravitailleurs en vol. Au Sahel, la France ne peut pas se passer de l’aide militaire américaine. Difficile, dans ces conditions, de dire non à la Maison Blanche – même si personne n’y a songé – lorsqu’elle demande à la France de se joindre à la coalition en Irak. Fût-ce pour un apport militaire modeste, mais important pour l’affichage politique. lopinion.fr Khorasan, la face cachée des frappes américaines en Syrie Des sources françaises confirment que ce groupe d'Al-Qaïda, très peu connu, préparait des réseaux depuis Alep pour commettre des attentats en Occident
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 page4 Attention, un bombardement peut en cacher un autre ! Les prmières frappes américaines en Syrie n'avaient pas pour unique objectif le groupe djihadiste Etat islamique. Une autre organisation terroriste, plus directement menaçante pour l'Occident, était visée. Inconnu jusqu'alors, en dehors des professionnels de l'antiterrorisme, le groupe Khorasan a peut-être été sérieusement affaibli par les huit frappes que le Pentagone reconnaît avoir menées, sans la collaboration des aviations arabes, aux premières heures de mardi à l'ouest d'Alep. Il est pour l'instant impossible de connaître l'efficacité du bombardement américain. L'existence de Khorasan a été publiquement révélée lundi matin par le New York Times, sur la base de sources dans les milieux du renseignement, quelques heures avant les frappes sur la Syrie. Selon les informations de l'Opinion, les autorités françaises partagent la même crainte que leurs homologues d'Outre- Atlantique. Une source proche du dossier nous confirme que «ce groupe représente une véritable menace, car son principal objectif est de recruter, former et projeter des opérationnels capables de mener des actions terroristes en Occident.» Khorasan relève plus de la logique d'al-Qaïda canal historique que des djihadistes de Daesh (Etat islamique) tout à leur projet de califat en Irak et en Syrie. Dans les milieux du renseignement, on assure que «ce groupe s'inscrit dans un agenda internationaliste et inclut dans ses rangs des combattants occidentaux». «Ces djihadistes sont des combattants expérimentés, vétérans d'Afghanistan et ils prônent une allégeance directe au commandement d'al-Qaïda», c'est-à-dire à Ayman al-Zawahiri, le successeur d'Oussama Ben Laden. Cela les distingue des filiales locales, comme Aqmi au Sahel et plus encore de Daesh, qui a rompu avec al-Qaïda. Khorasan «s'est relocalisé en Syrie à partir du début 2013 où il s'est rattaché à la bannière du Jabhat al-Nosra (le groupe syrien d'al-Qaïda, ndlr) qui lui apporte un soutien logistique et des financements» poursuit cette même source tenue à l'anonymat. Depuis Beyrouth, le jeune chercheur français Romain Caillet, spécialiste du djihadisme, confirme l'apparition récente de Khorasan dans le région : «Ils ont quitté leurs bases en Afghanistan/Pakistan pour s'installer dans le secteur d'Alep, proche de la Turquie. C'est-à-dire quasiment à la frontière de l'Europe. Ils y étaient sous la couverture des autres forces de la rébellion anti-Assad avec laquelle ils avaient de bons rapports» précise-t-il. «Il faut voir Khorasan comme un commando, une équipe d'élite. Grâce à al-Nosra, ils profitaient du vivier de combattants étrangers pour y recruter des gens afin de conduire des opérations en Europe», ajoute de son côté Yves Trotignon, ancien de la DGSE et analyste en contre-terrorisme chez Risk&Co, la première entreprise française de sécurité internationale. Ce groupe Khorasan était discrètement suivi par les services occidentaux depuis son apparition dans la région. Cette semaine, les Américains ont profité du bruit provoqué par leurs frappes contre l'Etat islamique, pour lui porter un coup qu'ils espèrent décisif. Ce n'est pas la première fois qu'ils procèdent ainsi, mais jusqu'alors le Pentagone et la CIA le faisaient avec plus de discrétion. Ainsi, en août 2010, quand ils accentuèrent leurs frappes de drones au Pakistan pour contrer un groupe d'al-Qaïda soupçonné de préparer des attentats massifs à Paris, Londres et Berlin. Ou plus récemment, en juillet 2013, avec d'autres frappes de drones au Yémen pour prévenir des attaques terroristes en préparation. Le chef de Khorasan est bien connu des services américains qui offrent 7 millions de dollars pour des informations qui permettraient son arrestation. Il pourrait avoir été tué lors des frappes de mardi matin, comme l'ont affirmé mercredi les autorités américaines, déclarant : «Nous pensons qu'il est mort». Né le 24 avril 1981 au Koweït, Mohsin al-Fadhli était «à la tête de la branche d'al-Qaïda en Iran», note Alain Rodier, lui aussi ancien de la DGSE, aujourd'hui au Centre français de recherche sur le renseignement. Il passe pour avoir été proche de Ben Laden au point d'avoir été mis au courant de la préparation des attentats du 11-Septembre, alors qu'il avait à peine vingt ans. Difficile à vérifier. En revanche, il a joué un rôle important dans les transferts page5
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 d'argent et de militants d'al-Qaïda, un élément essentiel de l'ingénierie terroriste. Son groupe se serait rapproché d'al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), qui abrite en son sein un spécialiste des explosifs redouté des services occidentaux Ibrahim al-Asiri. Donné plusieurs fois pour mort, il semble toujours actif, s'ingéniant à mettre au point des bombes indétectables dans les aéroports. La décision américaine d'interdire les embarquements avec des appareils électroniques déchargés pourrait être liée à l'activité de ce trentenaire saoudien, qui, selon d'autres sources, travaillerait sur des explosifs à base de dentifrice... Eliminé, affaibli ou pas, le groupe Khorasan trouve son origine dans le nom d'une région couvrant l'Est de l'Iran et l'Afghanistan. Pour se libérer de l'héritage des Etats nés du colonialisme, les djihadistes utilisent volontiers les noms puisés dans la géographie traditionnelle de l'Islam. Pour les lettrés pieux, ce mot renvoie également à un hadith célèbre – un propos rapporté de Mahomet : «Des étendards de couleur noire sortiront de Khorassân ; rien ne les empêchera, alors, de parvenir jusqu'à Jérusalem où ils seront hissés». Des drapeaux noirs aujourd'hui brandis par les islamistes. L'existence de ce groupe terroriste confirme qu'al-Qaïda n'a pas renoncé à frapper son «ennemi lointain», l'Occident. La stratégie territoriale de Daesh, qui vise à constituer un Etat islamique affrontant d'abord ses «ennemis proches» (chiites, kurdes, régimes arabes «apostats»), est loin de faire l'unanimité dans la mouvance djihadiste. Mais les événements récents pourraient rapprocher les deux tendances opposées. Comme le fait remarquer Romain Caillet, «l'Etat islamique est en train de basculer d'une stratégie territoriale à une stratégie globale en mettant sur pied sa propre coalition internationale». Des groupes égyptiens ou philippins lui font allégeance. Comme le Jund al-Khilafa algérien qui a assassiné mercredi l'otage français Hervé Gourdel en réponse aux frappes françaises en Irak L'Etat islamique a fait voler trois avions de chasse pris à l'armée syrienne Les jihadistes de l'État islamique ont fait voler trois avions de chasse saisis à l'armée syrienne, grâce à l'aide de pilotes de l'ex-armée irakienne, rapporte vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) signalé par l'AFP. Une nouvelle relativement inquiétante pour la coalition internationale mais qui prouve surtout que le groupe terroriste prend progressivement toutes les caractéristiques d'une armée régulière, notion habituellement réservée aux Etat. Et ceci pose vraiment question... " L'EI dispose de trois avions, vraisemblablement de type MIG 21 et MIG 23, capables de voler. Ces appareils ont été pris sur les aéroports militaires syriens désormais sous le contrôle de l'EI dans les provinces d'Alep et de Raqqa ", selon l'ONG. " Des officiers de l'ex-armée irakienne (dissoute après la chute de Saddam Hussein, ndlr)supervisent des sessions d'entraînement dans l'aéroport militaire d'Al-Jarrah ", sous le contrôle de l'EI et situé à l'est de la ville d'Alep, ajoute l'OSDH. Après la dissolution de l'armée irakienne par les États-Unis, d'anciens cadres sunnites avaient rejoint les rangs de l'État islamique d'Irak, branche irakienne d'Al-Qaïda devenue par la suite l’État islamique. Des témoins ont affirmé à l'OSDH avoir vu à plusieurs reprises des avions voler à basse altitude pour ne pas être repérés par les radars, après avoir décollé de l'aéroport al-Jarrah. Deux des appareils ont été pris à Tabqa, un aéroport militaire capturé par l'EI cet été dans la province septentrionale de Raqa. Les jihadistes contrôlent trois aéroports militaires depuis le début de l'année en Syrie. Outre Tabqa et al- Jarrah, ils ont mis la main sur celui de Bouqamal, dans l'est du pays, et tentent de prendre celui de Koueiris, Près d'Alep. L'OSDH n'était pas en mesure de vérifier si les jihadistes disposent de missiles utilisables dans des attaques aériennes. Jusqu'ici, on était plutôt habitué à des défections de pilotes syriens se posant avec leur Mig 21 en Jordanie page 6 Syrie-Irak : les drôles d'alliés de l'Occident
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 Des Kurdes du PKK, classé terroriste par l'UE, des États du Golfe sponsorisant les djihadistes... : la coalition anti-groupe EI est un attelage bizarre. D'un côté, les bons, de l'autre, les méchants. Telle est la vision binaire et simpliste que l'on tente d'accréditer à propos de la guerre contre "l'État islamique", Daesh, si l'on préfère l'acronyme arabe. Problème : dans ce sanglant chaos, il n'y a guère que des méchants, comme le fait justement observer Jean-Christophe Ruffin, ex-humanitaire, écrivain et ancien ambassadeur. Prenez les Kurdes qui se battent à Kobané, située en Syrie, sur la frontière turque. Il s'agit de militants de l'YPG (Unités de protection du peuple), filiale du PKK (Parti du peuple du Kurdistan). Le PKK figure sur la liste des mouvements terroristes de l'Union européenne. Assassinats, attentats aveugles, liquidation des "déviationnistes", racket systématique des commerçants kurdes installés à l'étranger, notamment en France : le PKK ne fait pas dans la dentelle. Son chef, Abdullah Öcalan, dit "Apo", actuellement détenu en Turquie, se réclame d'une idéologie marxiste-nationaliste. Manifestement mégalomane, il impose à ses troupes un culte de la personnalité pathologique. Convaincu que son épouse était une espionne turque, il recommande désormais la chasteté à ses combattants. Modèle tribal En prison, ce glorieux défenseur de la démocratie a officiellement renoncé au terrorisme et entamé des négociations avec la Turquie. Mais il a longtemps été protégé par Hafez el-Assad, le père de Bachar. Dans les années quatre-vingt, Öcalan, également aidé par l'URSS, avait trouvé refuge dans la plaine de la Bekaa, au Liban, alors contrôlée par les Syriens. Assad instrumentalisait le PKK contre la Turquie, éternelle ennemie. Notons aussi que, dans l'histoire, les Kurdes n'ont pas toujours été du côté des victimes. Les montagnards kurdes, alors sujets de l'Empire ottoman, ont largement contribué au massacre des Arméniens en 1915. Bien évidemment, les populations kurdes actuelles ne sont pas responsables du comportement de leurs aïeux. Le Kurdistan irakien est un îlot prospère sous l'égide du clan Barzani. Mais il est gouverné selon un modèle tribal quasi féodal avec mise en coupe réglée des richesses du pays. La politique néo-ottomane d'Ankara Autres alliés de l'Occident dans la croisade contre le mal : les États du Golfe, notamment l'Arabie saoudite. Idéologiquement, le wahhabisme est la matrice de l'islamisme politique contemporain. La dynastie saoudienne est née au XVIIIe siècle d'un pacte entre un prédicateur religieux, Mohamed Ben Abdelwahab, et un chef de guerre, Mohamed al-Saoud. L'alliance du sabre et du goupillon. Abdelwahab est une sorte de Luther musulman qui prône un retour aux sources de l'islam et une lecture très rigoriste du Coran. Le wahhabisme a irrigué les courants les plus radicaux de l'islam politique. Si le gouvernement saoudien se méfie de ces nouveaux sicaires, certains princes et parfois les services spéciaux du royaume ont apporté une aide plus ou moins directe aux mouvements les plus intégristes. Et les autorités de Riyad, impuissantes ou complices, ont fermé les yeux. Quant au Qatar, il est très proche des Frères musulmans, bête noire des Saoudiens. La Turquie, elle, soutient la coalition comme la corde soutient le pendu. Elle a laissé transiter sur son sol, en toute connaissance, les recrues de Daesh. Le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan applique une politique néo-ottomane avec une obsession : éviter un Kurdistan indépendant et, si possible, prendre des gages en Syrie. La proposition d'une "zone tampon" contrôlée par l'armée turque à l'intérieur du territoire syrien va dans ce sens. Si un modus vivendi a été trouvé avec le Kurdistan irakien, le PKK reste l'ennemi. Que ses combattants se fassent écraser à Kobané ne fera pas verser beaucoup de larmes à Ankara. Lepoint.fr page7 Terrorisme : les Français doivent-ils avoir peur ?
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 L'appel du Quai d'Orsay à une vigilance accrue dans une quarantaine de pays a provoqué la panique de nombreux touristes. Retour sur un quiproquo. "Sales et méchants". Ainsi sont décrits les Français par l'organisation État islamique, qui appelle à s'en prendre à nos concitoyens depuis que la France participe aux frappes visant à la détruire en Irak. Une menace que les djihadistes ont mise à exécution la semaine dernière avec l'effroyable exécution d'Hervé Gourdel en Algérie. Ce drame a conduit dès le lendemain le ministère des Affaires étrangères à ajouter onze pays (Indonésie, Malaisie, Philippines, Afghanistan, Pakistan, Ouzbékistan, Comores, Burundi, Tanzanie, Somalie et Ouganda) à sa liste des États où les Français sont invités à la "plus grande prudence". Problème, en l'absence de cartes ou d'informations complémentaires du Quai d'Orsay, certains sites d'information ont alors composé leur propre infographie. Sans pour autant faire de distinction entre les différents degrés de vigilance selon le pays. Ainsi, l'ensemble du continent africain, dont le Maghreb, mais aussi tout le Moyen-Orient se sont retrouvés colorés en rouge. "Une bombe nucléaire", pointe aujourd'hui René-Marc Chikli, président du syndicat des tour-opérateurs Seto. "La communication du Quai d'Orsay a été si mauvaise qu'il y a eu confusion entre vigilance et interdiction de se rendre dans ces pays, déplore-t-il. Une vraie Bérézina pour les réservations." Maroc, Tunisie, Égypte mais aussi Turquie, toutes les destinations qui, a priori, ne constituaient pas de risque, ont été touchées. "Nos réservations ont baissé de 50 % par rapport à la semaine précédente", affirme Jean-Pierre Mas. Le président du Syndicat des agents de voyage français (Snav) dénonce une communication excessivement alarmiste du ministère des Affaires étrangères, ainsi qu'une mauvaise interprétation des médias. Le Quai d'Orsay regrette une "incompréhension" Au Quai d'Orsay, on regrette une "incompréhension" dans la presse, alors que le ministère avait uniquement appelé au renforcement du dispositif de vigilance dans quarante pays, dont onze nouveaux. Sur son site internet, le ministère des Affaires étrangères propose depuis des années une rubrique "Conseils aux voyageurs", rassemblant une myriade d'informations et d'avertissements sur les zones à éviter dans le monde entier. Avec une carte pour chaque État, mais aucun planisphère, afin de ne pas susciter de panique. Toutefois, pour dissiper aujourd'hui tout amalgame, le ministère a divulgué au Point.fr ses propres cartes (régionale et mondiale) de vigilance par pays. La première, qui se focalise sur l'Afrique et le Moyen-Orient, se répartit en trois couleurs. Le vert, minoritaire, correspond à une vigilance normale, soit aucun risque spécifique. Il s'agit notamment du Maroc, du Qatar, du Koweït, ou des Émirats arabes unis. Vient ensuite le jaune, invitant à une vigilance renforcée : des pays qui comprennent certains risques, mais qui ne constituent pas un frein au tourisme. C'est le cas de la majorité de la Tunisie, de l'Arabie saoudite, du Sénégal, du Cameroun ou d'une partie de l'Égypte. La donne se complique avec le code orange. Il déconseille tout déplacement dans ces pays sauf pour raison impérative (familiale, professionnelle). Sont concernés le nord de l'Algérie, une partie de l'ouest et du nord de l'Égypte, l'Iran, la République démocratique du Congo, ou encore le Tchad. Vient enfin le rouge, pour les pays où les déplacements sont formellement déconseillés, soit une grande partie de la bande sahélo-saharienne (sud de l'Algérie, Libye, une grande partie du Mali, de la Mauritanie, le Sinaï égyptien, mais aussi le Nigeria ou le Yémen). "Contre-productif" (L'islamologue Mathieu Guidère) page 8
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 "Cette carte apporte une distinction notable des niveaux de vigilance dont il faut faire preuve selon l'endroit où l'on se trouve", explique-t-on au Quai d'Orsay, qui précise se baser sur la territorialité. En outre, le ministère rappelle que le document, qui est en constante évolution, est la synthèse de toutes les informations communiquées dans la rubrique "Conseils aux voyageurs", qui rassemble "toutes les données envoyées par les ambassades françaises sur le terrain, en contact avec toutes les palettes des administrations et autorités de chaque pays". Mais cette approche territoriale est loin de faire l'unanimité. Professeur d'islamologie à l'université de Toulouse-Jean-Jaurès, le chercheur Mathieu Guidère déplore une méthode non pertinente par rapport à la nature du terrorisme aujourd'hui. "La méthodologie employée est contre-productive, car elle donne l'impression que tous les territoires en rouge ou orange sont sous le contrôle des terroristes, ce qui sert leur projet en faisant penser qu'ils peuvent frapper partout", estime l'islamologue. C'est pourtant ce que suggèrent les menaces de l'EI, renforcées par l'assassinat d'Hervé Gourdel, à des milliers de kilomètres de l'Irak et de la Syrie. Dans son "appel" à tuer des citoyens français, l'organisation invite les musulmans du monde entier à "tuer (...) de n'importe quelle manière". "Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture, jetez-le d'un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le", déclare notamment son porte-parole Abou Mohammed al-Adnani. "Traumatisme général" (Tour-opérateurs Seto) "À l'exception du nord-est de la Syrie et de l'ouest de l'Irak, sous la coupe de l'organisation État islamique, aucun groupe radical ne possède de territoire à ce jour", rappelle l'islamologue Mathieu Guidère. De la même manière, Jean-Pierre Mas, le président du Snav, estime que "laisser croire qu'un pays entier constitue un risque est une erreur". "Que je sache, l'EI n'a pas donné une liste de pays où les musulmans doivent attaquer les Français. La lecture qui a été faite des déclarations du Quai d'Orsay est que les 40 pays cités étaient devenus dangereux", déplore-t-il. De quoi provoquer chez les touristes français une psychose difficilement contrôlable. "Le traumatisme était général", se souvient René-Marc Chikli du Seto. "Certains sont même allés jusqu'à annuler leur voyage en Inde, parce qu'il comportait une escale à Doha, au Qatar". Or, Mathieu Guidère en est convaincu, "se demander si un pays est plus ou moins sûr qu'un autre n'a aujourd'hui plus aucun sens car le terrorisme est déterritorialisé. Les attaques étant aujourd'hui aléatoires, c'est au touriste de modifier son comportement pour réduire les risques", affirme l'islamologue. "Partir seul, sans hôtel et sans s'assurer au préalable de sa sécurité, c'est courir de grands dangers." Ainsi, plusieurs spécialistes s'accordent à penser que le Français Hervé Gourdel s'est mis en danger en voyageant seul en Algérie dans le massif du Djurdjura, repère connu des groupes djihadistes algériens, et déconseillé par le Quai d'Orsay "sauf raison impérative" (couleur orange). À Paris, on rappelle que la rubrique "Conseils aux voyageurs" propose bien plus que des cartes sur le risque terroriste : une mine d'informations et de recommandations sur les transports de chaque pays (dont les risques d'accident), les traditions (alcool, drogue), la criminalité de droit commun ou même les risques sismiques, ce qui équivaut en quelque sorte à un "code comportemental". "Le b.a.-ba du comportement d'un voyageur en zone dangereuse est de faire preuve de la plus grande vigilance", insiste Jean-Pierre Mas, le président du Snav. Outre les indispensables "Conseils aux voyageurs du Quai d'Orsay, les touristes sont invités par le ministère à s'enregistrer sur le fil de sécurité "Ariane". En y inscrivant ses coordonnées, sa destination ainsi que son temps de séjour, le citoyen français est dès lors répertorié à l'Ambassade de France du pays visité, mais aussi au centre de crise du Quai d'Orsay. Ainsi, en cas de danger soudain dans la région, le citoyen est alerté en temps réel par e-mail et SMS. Lepoint.fr page 9
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 Ebola: l'AFRICOM aux commandes de l'opération United Assistance L'AFRICOM va mettre en place à Monrovia (Liberia) un Joint Force Command pour coordonner les efforts US et l’aide internationale pour lutter contre Ebola. Ce JFC sera placé sous l’autorité d’un général de l’US Army dépendant de l’AFRICOM et aura sous ses ordres 3 000 militaires américains. Il s'agit du général Darryl A. Williams. L’AFRICOM va aussi établir au Sénégal une “intermediate staging base” (ISB) régionale pour coordonner la logistique, les mouvements de personnel et de fret. Le génie américain va bâtir 17 unités médicales de 100 lits pour accueillir les malades. Le gouvernement US participera au recrutement du personnel de ces “Treatement units”. Un centre de formation capable former 500 auxilliaires de santé par semaine sera également construit. Le Pentagone va aussi apporter son soutien aux efforts de l’US Agency for International Development (USAID) et du Centers for Disease Control (CDC) où le président Obama s’est exprimé mardi (on lira ici la fact sheet de la Maison Blanche). Coût estimé de l'effort US: 750 millions de dollars sur 6 mois. ouest-france.fr Des failles dans la cyberdéfense made in France Les dépendances technologiques de la France à des équipements asiatiques et américains la rendent vulnérable à des risques résiduels d'espionnage, selon un rapport parlementaire. La menace d'espionnage plane en France, y compris en matière de cyberdéfense. Et elle n'est pas prête à être combattue de façon efficace. Pourquoi ? "La consolidation d'une capacité crédible de cyberdéfense française se heurte à un obstacle difficile à réduire : la dépendance technologique de l'industrie française à des équipements et des standards asiatiques ou américains, qui s'imposent parfois comme des monopoles technologiques de fait", explique un rapport parlementaire à paraître sur le contrôle de l'exécution des crédits de la défense pour l'exercice 2013, Les deux auteurs d'un rapport, Geneviève Gosselin-Fleury (SRC, Manche) et Philippe Vitel (UMP, Var), précisent que pour certains équipements, comme les routeurs - outil logiciel ou matériel informatique servant à diriger des données informatiques à travers un réseau, ou interface entre deux réseaux utilisant des protocoles différents - ou les services de cloud computing (stockage de serveurs informatiques), "les industriels français ont souvent perdu la masse critique nécessaire, voire les capacités technologiqes requises". Dans ces domaines, la demande souveraine française ne suffit pas pour constituer un marché de produits et de services à coûts raisonnables. Des produits étrangers susceptibles d'être piégés Interrogé par les deux auteurs du rapport, le responsable du pôle sécurité des systèmes d'information de la direction générale de l'armement (DGA), l'ingénieur en chef d'armement Frédéric Valette, estime que "les capacités françaises de cyberdéfense doivent être construites en intégrant des éléments produits à l'étranger, souvent susceptibles d'être piégés". Et ce dernier juge que l'enjeu réside dans la construction d'une architecture de sécurisation des données autour de ces composants. Des solutions palliatives qui ne sont d'ailleurs pas suffisantes. Car, affirment Geneviève Gosselin-Fleury et Philippe Vitel, "il n'en demeure pas moins parfois, admet-il (Frédéric Valette, ndlr) un risque résiduel d'espionnage". page 10
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 Du coup, les services chargés de la cybersécurité sont "contraints d'accepter certains retards technologiques", explique le rapport. C'est le cas du téléphone TEOREM, fabriqué par Thales. "Ses fonctionnalités sont très rustiques comparées à celles des smartphones actuels, mais faute d'offre industrielle nationale en la matière, il n'est pas possible pour l'heure de fournir aux forces armées et aux services de l'Etat d'autre équipement de téléphonie de très haut niveau de sécurité", regrettent-ils. A l'Etat d'orienter les efforts de recherche Pour les auteurs, il est "particulièrement important que l'Etat puisse orienter les efforts des industriels français, notamment par les programmes de recherche et technologie dont la loi de programmation militaire (LPM) pour les années 2014 à 2019 a fait une priorité". Au total, la LPM consacre près de 1 milliard d'euros sur la période. L'effort financier consenti par le ministère de la Défense a permis, selon les termes de l'officier général en charge de la cyberdéfense au sein de l'état-major des armées, le contre-amiral Arnaud Coustillière, de "changer d'échelle" et d'être "véritablement à la mesure du défi cyber". En outre, entre 2014 et 2019, les effectifs dédiés à la cyberdéfense seront en augmentation de 30 % au sein de l'état-major et de la DGA. Soit 350 postes supplémentaires. Après avoir raté le coche des routeurs, les industriels français pourront encore prendre des parts de marché sur des marchés qui sont encore qu'émergents. "L'enjeu est d'autant plus important que l'on observe une sorte de course au cyberespace qui voit notamment les Américains investir massivement dans le secteur, en achetant parfois très cher des entreprises qui développent des technologies identifiées comme particulièrement sensibles à l'horizon d'une diezaine d'années", constate le rapport. Une exécution budgétaire satisfaisante Selon Frédéric Valette et le contre-amiral Arnaud Coustillière, les réalisations budgétaires pour 2013et pour 2014 étaient tout à fait "satisfaisantes", au regard des besoins de leurs services et de la programmation. Ainsi les crédits ouverts en 2013 et en 2014 pour le programme à effet majeur SSI-Cyber (440 millions d'euros sur la période 2014-2020) ont permis "un effort signficatif de développement d'équipements de cyberprotection destinés à protéger les réseaux informatiques à protéger les réseaux informatiques - ainsi que les réseaux de communications téléphoniques - et à mettre sous surveillance certains systèmes existants afin que le Centre d'analyse en lutte informatique défense (CALID) soit en mesure de superviser dès à présent l'ensemble des systèmes informatiques les plus importants du ministère de la Défense". En 2013, les engagements ont atteint un niveau de l'ordre de 15 millions d'euros, avec le lancement de la conception de chiffreurs de très haut niveau de sécurité et des évolutions du téléphone TEOREM, qui permet de protéger des communications de niveau secret défense. La DGA a en outre consacré 24 millions d'euros en 2013 à des projets innovants. Cette enveloppe va servir à définir des architectures sécurisées pour les plateformes navales de demain. latribune.fr
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 page11 Modèle d'armée ou échenillage ? Les dissolutions, réorganisations et adaptations pour 2015 Le ministère de la Défense a enfin livré sa copie des dissolutions, réorganisations et adaptations pour 2015. Outre le 1er RAMa et l'état-major de la 1re brigade mécanisée de Châlons-en-Champagne, on liste de nombreuses évolutions, correspondant à la poursuite (forcée) d'une transformation des armées, des directions et des services interarmées. On peut aussi illustrer cette tendance et l'orientation vers le modèle d'armée 2020 avec la transformation du 8e RPIMa de Castres et du 1er régiment de tirailleurs d'Epinal en régiments d'infanterie de nouvelle génération. Sur l'autel des économies budgétaires, il faut bien repenser le modèle. Les critiques parleront d'échenillages à tous les étages : trois escadrons d'éclairage et d'investigation dans la cavalerie, deux escadrons dans le train, trois compagnies au régiment médical, la suppression totale dans l'infanterie des sections de reconnaissance régimentaire correspond plus à un nouveau modèle ; les partisans de réorientations et d'adaptations nécessaires et cohérentes (notamment avec le Livre blanc). Voici le détail... ARMEE DE TERRE - La dissolution du 1er Régiment d’artillerie de marine (1er RAMa) de Châlons-en-Champagne. - La dissolution de l’état-major de la 1re brigade mécanisée et de sa compagnie de commandement et des transmissions de Châlons-en-Champagne. - La réorganisation du régiment médical de Béligneux avec notamment la suppression de deux compagnies de décontamination NRBC et de la compagnie de ravitaillement sanitaire de Chanteau. - L’adaptation capacitaire de l’infanterie avec la transformation du 1er Régiment de tirailleurs (1er RTir) d’Épinal et du 8e Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (8e RPIMa) de Castres en régiment d’infanterie de nouvelle génération et la suppression des sections de reconnaissance régimentaire dans l’ensemble des régiments d’infanterie. - L’adaptation capacitaire de la cavalerie avec la suppression des escadrons d’éclairage et d’investigation du 12e Régiment de cuirassiers (12e RC) d’Olivet, du Régiment d’infanterie-chars de marine (RICM) de Poitiers et du 1er Régiment de chasseurs (1er RCh) de Thierville-sur-Meuse. - L’adaptation capacitaire de la fonction logistique avec la suppression d’un escadron de transport au 121e Régiment du train (121e RT) de Montlhéry et au 515e Régiment du train (515e RT) de Brie. - La réduction des effectifs de certaines formations du génie, de l’artillerie et des transmissions équipées de matériel en fin de vie. - La suppression d’une des musiques implantées en Île-de-France. MARINE NATIONALE - Désarmements de 5 bâtiments de combat : le transport de chalands de débarquementSiroco et le pétrolier- ravitailleur Meuse à Toulon, le patrouilleur austral Albatros à La Réunion et les deux patrouilleurs de surveillance de site Athos et Aramis à Anglet. - Suppression du Commandement de la marine (COMAR) à Strasbourg. - Fermeture de la base navale de l’Adour à Anglet. ARMEE DE L'AIR - La transformation de la Base aérienne 901 (BA 901) de Drachenbronn, dont le site continuera d’accueillir des moyens de détection et le personnel nécessaire à leur maintenance, en élément air rattaché à la Base aérienne 133 (BA 133) de Nancy. - La dissolution de la Base aérienne 117 (BA 117) de Balard dans le cadre de la mutualisation et de l’externalisation du soutien du site de Balard.
La LETTRE de l’UNC Isère www.unc38.fr octobre 2014 page 12 - Le début de la dissolution de la Base aérienne 102 (BA 102) de Dijon avec le transfert du Commandement des forces aériennes (CFA) à Bordeaux-Mérignac et son fusionnement avec le Commandement du soutien des forces aériennes (CSFA). - Le début du transfert des escadrons de Casa de Creil vers la Base aérienne 105 (BA 105) d’Évreux en vue de la fermeture de la plateforme aéronautique de la Base aérienne 110 (BA 110) de Creil en 2016. INTERARMEE - La poursuite de la rationalisation de l’état-major des armées et des états-majors d’armée, de direction et de service et leur manœuvre Balard. - Le transfert d’une partie de la Direction du renseignement militaire (DRM) de Creil vers Balard Paris. - La poursuite de la transformation des soutiens, avec notamment : pour le Service du commissariat des armées (SCA) : évolution du plan de stationnement ; rationalisations des Etablissements logistiques du commissariat des armées (ELOCA) ; première phase de la dissolution de l’ELOCA de Porte-lès-Valences (fermeture 2015-2018) ; dissolution du Service local contentieux (SLC) de Lyon. pour la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) : rationalisation des échelons de proximité ; montée en puissance des centres nationaux de mise en oeuvre. pour le Service des essences des armées (SEA) : fermeture du Centre de ravitaillement des essences (CRE) de Castelsarrasin, lréorganisation des dépôts (DEA) de Mérignac et de Lanvéoc, début de la montée en puissance de cinq échelons de proximité des Établissements des essences (EPEE). Sur la période 2016-2019, les principales mesures de restructurations du SEA concerneront les fermetures du Centre de ravitaillement des essences (CRE) de Sarrebourg (2016), du Dépôt des essences Air (DEA) de Creil (2016), du DEA de Salon-de-Provence (2017), du DEA de Hyères (2017), du DEA de Tours (2018), du CRE de Monnaie (2018), du DEALAT de Dax (2018) et du CRE de Bouy (2019). pour le Service de santé des armées (SSA) : rationalisation de l’échelon central, réorganisation de la médecine des forces, avec des centres médicaux des armées à dimension régionale, et l’évolution du modèle hospitalier. Ce dernier reposera sur une contribution différenciée des Hôpitaux d’instructions des armées (HIA) au contrat opérationnel en distinguant les hôpitaux de plateforme (Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur) des hôpitaux hors plateforme. L’hôpital du Val-de-Grâce, au sein de la plateforme Île-de-France, fera l’objet d’adaptations spécifiques (transfert de l'activité médicale pour devenir un centre de formation et de recherches). Ses activités médicales seront orientées vers deux HIA parisiens, Percy et Bégin. pour le Service interarmées des munitions (SIMu): fermeture du Dépôt de munitions (DMu) de Billard en 2015 ; sur la période 2016-2019, les principales mesures de restructuration du SIMu concerneront les fermetures des DMu de Connantray (2016), de Salbris (2017–2018), de Neubourg (2018) et de Fontvieille (2019). DELEGATION GENERALE DE L'ARMEMENT - Fermeture de deux centres techniques des systèmes d’information en région parisienne appartenant au service central de la modernisation et de la qualité. - Transfert des services de la DGA de Bagneux vers Balard. SECRETARIAT GENERAL POUR L'ADMINISTRATION - Accompagnement des évolutions du plan de stationnement des forces s’agissant notamment des structures en charge du soutien de proximité. - Finaliser le regroupement des états-majors et directions de service sur le site de Balard avec évolution du Service parisien de soutien de l’administration centrale (SPAC) ; - Intégrer les régies d’infrastructure au sein du Service d'infrastructure de la Défense (SID).
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