LA PARTICIPATION DES ENFANTS AUX DÉCISIONS PUBLIQUES - Pourquoi et comment impliquer les enfants ?
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VA D E - M E C U M LA PARTICIPATION DES ENFANTS AUX DÉCISIONS PUBLIQUES Pourquoi et comment impliquer les enfants ?
rédaction : Mieke Schuurman (EN) coordination de la version française : Dominique Rossion, Anne Swaluë Vade-mecum basé sur une recherche pilotée par l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles (www.oejaj.cfwb.be) coordination : Mafalda Leal, Eurochild Dépôt légal : 2014/8651/2 — Bruxelles, 2014. mise en page : Pascal-Emmanuel – In-Octavo
vade – mecum 3 la participation des enfants aux décisions publiques MEMBRES DU COMITÉ −− Maud Dominicy Policy Officer à UNICEF D’ACCOMPAGNEMENT −− Stephan Durviaux DE LA RECHERCHE Représentant du Délégué général aux droits de l’enfant −− Marc Fanuel Représentant de la Commission consultative des organisations de jeunesse −− Mafalda Leal Senior Policy Coordinator à Eurochild −− Bernard Mathieu Représentant de la ministre de la Jeunesse (Evelyne Huytebroeck) −− Géraldine Motte Secrétaire générale du Conseil de la jeunesse −− Isabelle Pierret Représentante du ministre-coordinateur des Droits de l’enfant (Rudy Demotte) −− Dominique Rossion Chargée de recherche à l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse −− Mieke Schuurman Consultante du projet pour Eurochild −− Anne Swaluë Chargée de recherche à l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse −− Michel Vandekeere Coordinateur de l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse −− Benoit Van Keirsbilck Directeur de Défense des enfants International Belgique
vade – mecum 4 la participation des enfants aux décisions publiques 1. INTRODUCTION 6 Structure du vade-mecum 7 2. QU’EST-CE QUE LA PARTICIPATION DES ENFANTS ? 8 La participation, un droit 9 La participation, à quel sujet ? 11 . QU’APPORTE LA PARTICIPATION DES ENFANTS? 12 4. COMMENT FAIRE PARTICIPER LES ENFANTS AUX DÉCISIONS PUBLIQUES ? 16 Transparence et information 17 Organisation du processus de participation 18 5. QUELS ENFANTS IMPLIQUER ? 20 6. COMMENT METTRE EN PLACE DES PROCESSUS DE PARTICIPATION ADAPTÉS AUX ENFANTS ? 24 Acteurs, méthodes et calendrier 25 Information et consentements 28 Niveaux d’engagement des enfants 29 Règles de base pour les adultes menant le processus de participation des enfants 30 Compétences communicationnelles requises pour animer les dispositifs participatifs avec des enfants 32 Adaptation de l’environnement aux enfants 33 Moyens suffisants 33 Sélection des enfants 34 Outils pour animer les activités en groupe 36
vade – mecum 5 la participation des enfants aux décisions publiques 7. COMMENT GARANTIR LA SÉCURITÉ DES ENFANTS DANS LES PROCESSUS PARTICIPATIFS ? 40 Mesures de protection des enfants 41 Précautions à prendre lors de la préparation du processus de participation 42 Principes de base relatifs à la protection des enfants à respecter tout au long du processus 43 Lignes directrices pour l’animation 44 8. QUI PEUT ANIMER LE DISPOSITIF DE PARTICIPATION DES ENFANTS ? 46 Un coordinateur du processus 47 Formation des adultes et des enfants impliqués dans le processus de participation des enfants 49 9. COMMENT ÉVALUER LA PARTICIPATION DES ENFANTS ? 50 Evaluation de la participation avec les enfants et les adultes impliqués 51 Feedback aux enfants ayant participé 53 ANNEXE 55 Liste des critères du vade-mecum 56 RÉFÉRENCES 63
vade – mecum 6 la participation des enfants aux décisions publiques INTRO SI ON ENTEND BEAUCOUP PARLER DE LA PARTICIPATION DES ENFANTS ET DES JEUNES, CEUX-CI CONTINUENT NÉANMOINS TROP SOUVENT À SE SENTIR TRAITÉS AVEC CONDESCENDANCE PAR LES ADULTES. MAL INFORMÉS, ILS RESTENT TENUS À L’ÉCART DE DÉCISIONS PUBLIQUES IMPORTANTES POUR LEUR VIE ACTUELLE ET FUTURE. ET CE, MÊME LORSQU’ILS ONT LÉGALEMENT LE DROIT D’ÊTRE IMPLIQUÉS DANS LA PRISE DE DÉCISION. EN RÉSULTE UN SENTIMENT DE NE PAS ÊTRE PRIS AU SÉRIEUX OU D’ÊTRE IMPLIQUÉS DE MANIÈRE PUREMENT SYMBOLIQUE. OR, LA PARTICIPATION DES ENFANTS ET DES JEUNES EST UN DROIT RECONNU PAR LA CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’ENFANT (CIDE) ET INSCRIT DANS LA CONSTITUTION BELGE. Quand le vade-mecum mentionne les enfants, il se réfère à la définition de la Convention internationale des Nations Unies relative aux droits de l’enfant : “tout être humain âgé de moins de dix-huit ans (...)”. Le terme “enfants” englobe les enfants et les jeunes, car le mot “jeunes” est souvent employé pour désigner les adolescents.
vade – mecum 7 la participation des enfants aux décisions publiques Le présent vade-mecum se veut un guide des enfants et les raisons pour lesquelles sur la manière de mettre en œuvre la il est intéressant d’associer les enfants et participation des enfants aux décisions les jeunes dans les décisions publiques. publiques. Il est destiné aux personnes Les chapitres 4 et 5 répondent à des actives dans la prise de décision publique questions d’ordre pratique concernant la (y compris les autorités locales, régionales manière d’amener les enfants à participer et nationales), mais aussi au secteur as- et de faire en sorte que la participation sociatif ou à toute institution qui souhaite des enfants inclue tous les enfants, quel se lancer dans un projet de participation. que soit leur âge ou leur origine ethnique et socio-économique. Le vade-mecum propose une manière Le chapitre 6 explique comment organiser d’interagir avec les enfants dans les pro- concrètement la participation des enfants, cessus de prise de décision publique et avec notamment la mise en place d’un les critères à prendre en considération. Il environnement convivial pour les enfants s’inspire d’un ouvrage de Gerison Lans- et le calendrier du processus de par tici- down, Framework for Monitoring and pation. Evaluating Children’s Participation: A pre- Le chapitre 7 donne des conseils sur les paratory draft for piloting’ ( juillet 2011), et mesures de protection des enfants né- s’appuie sur l’évaluation d’une série cessaires pour assurer leur bien-être et d’études de cas internationaux /1. Il com- leur sécurité. Le chapitre 8 examine le rôle prend aussi des exemples pratiques, fai- de l’animateur et les besoins de ceux qui sant référence à ceux-ci. organisent le processus participatif. Le chapitre 9 examine la manière de mesurer la réussite du processus, l’impact STRUCTURE de la participation des enfants et sa nécessité. DU VADE-MECUM Le vade-mecum s’achève par une liste de critères pour la participation des enfants. Le vade-mecum commence par deux cha- Il s’agit d’une liste de cases à cocher qui pitres d’introduction (chapitres 2 et 3) qui pourra servir de fil conducteur concernant expliquent ce qu’englobe la participation tous les aspects à prendre en considéra- tion lorsqu’on se lance dans la mise en 1/ Une analyse qualitative comparative de 15 études de cas place d’un processus participatif. Cette internationaux de participation des enfants à la prise de décision publique a été effectuée. Les résultats de cette liste de critères résume les principaux analyse ont été intégrés dans le présent vade-mecum. Le points soulevés dans les chapitres précé- rapport complet est consultable à l’adresse suivante : www.oejaj.cfwb.be. dents du vade-mecum.
vade – mecum 8 la participation des enfants aux décisions publiques CHAPITRE QU’EST-CE QUE LA PARTICIPATION DES ENFANTS ?
vade – mecum 9 la participation des enfants aux décisions publiques INTRO et d’influencer les décisions les concer- nant. La définition officielle de la partici- LA PARTICIPATION DES ENFANTS pation des enfants figure à l’article 12, AUX DÉCISIONS PUBLIQUES, QUE CE SOIT paragraphe 1er, de la CIDE : “Les États AU NIVEAU LOCAL, RÉGIONAL OU parties garantissent à l’enfant qui est ca- NATIONAL, N’EST PAS UN CONCEPT NEUF. pable de discernement le droit d’exprimer ELLE S’INSCRIT DANS UNE VISION PLUS librement son opinion sur toute question LARGE VISANT À IMPLIQUER LES l’intéressant, les opinions de l’enfant étant CITOYENS DANS LES PROCESSUS DE dûment prises en considération eu égard DÉCISION, CE QUI ENGLOBE AUSSI L’AVIS à son âge et à son degré de maturité”. DES ENFANTS ET DES JEUNES. PAR AILLEURS, L’IMPLICATION DES ENFANTS Outre l’article 12, d’autres articles sont DANS LA DÉCISION PUBLIQUE CONTRIBUE également importants pour la participation À DÉVELOPPER LEUR CITOYENNETÉ, des enfants. Il s’agit notamment de l’ar- LEUR OFFRE UNE OPPORTUNITÉ ticle 17 sur le droit d’accès à l’information D’APPRENTISSAGE DES PROCESSUS (celle-ci doit être adaptée aux enfants) et DÉMOCRATIQUES, LEUR DONNE l’article 13 portant sur le droit à la liberté CONFIANCE EN EUX ET RENFORCE LEUR d’expression. L’article 15 prévoit la liberté CAPACITÉ À FAIRE ENTENDRE LEUR d’association et l’article 14 garantit le droit VOIX /2. de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion. 2/ Politeia en coopération avec l’Association des Villes et Communes flamandes, “Weet ik veel!” Handboek voor kinder- en jongerenparticipatie’, Bruxelles, Belgique, 2010. L’article 5 précise que les parents et les tuteurs de l’enfant doivent donner à ce- lui-ci, d’une manière qui corresponde au développement de ses capacités, l’orien- LA PARTICIPATION, tation et les conseils appropriés à l’exer- cice des droits que lui reconnaît la UN DROIT Convention. Cela signifie que les adultes doivent reconnaître que les enfants ac- quièrent des aptitudes et des compé- La participation est un des droits inscrits tences au fil de leur développement et dans la Convention internationale relative que, au fur et à mesure qu’ils développent aux droits de l’enfant (CIDE). Bien plus, il ces capacités, ils sont capables d’assumer s’agit de l’un de ses quatre piliers fonda- de plus en plus de responsabilités vis-à-vis mentaux. Les enfants ont le droit de faire des décisions qui les concernent. entendre leur voix, d’être pris au sérieux
vade – mecum 10 la participation des enfants aux décisions publiques L’article 23 confère aux enfants handica- L’article 12 de la CIDE et l’Observation pés le droit de participer activement au générale n° 12 du Comité des droits de sein de leur communauté et l’article 2 l’enfant constituent le fondement du pré- exige que tous les droits reconnus par la sent vade-mecum, mais ne peuvent être CIDE soient respectés pour chaque en- considérés séparément de l’ensemble de fant, sans discrimination. la CIDE, qui reflète tous les droits spéci- fiquement reconnus aux enfants. Pour La définition de l’article 12 de la CIDE in- mettre en œuvre l’implication des enfants dique que tous les enfants ont le droit de dans la prise de décision publique, la participer activement aux décisions qui CIDE doit être connue tant des enfants les concernent et qui concernent la so- et des jeunes que des professionnels ciété dans son ensemble. Cette question travaillant avec eux. C’est pourquoi il est abordée de manière plus approfondie existe plusieurs versions de la Convention dans l’Observation générale n° 12 du des Nations Unies relative aux droits de Comité des droits de l’enfant, qui donne l’enfant adaptées aux enfants, y compris des directives quant à la mise en œuvre des versions dans différentes langues, de cet article dans une série de contextes réalisées notamment par l’UNICEF et Save et de situations, y compris au sein de la the Children. /5 famille, dans les familles d’accueil, dans le milieu des soins de santé, à l’école, dans les procédures judiciaires et admi- nistratives, dans la prise de décision pu- blique, dans les activités récréatives, dans les procédures de demande d’asile et concernant le travail des enfants. Il stipule que “Le droit de l’enfant d’être entendu impose l’obligation aux États parties d’examiner ou de modifier leur législation 3/ Observation générale n°12 du Comité des droits de l’enfant, “Le droit de l’enfant d’être entendu”, §48, 2009, http://www2. afin d’introduire des mécanismes donnant ohchr.org/english/bodies/crc/docs/AdvanceVersions/ CRC-C-GC-12_fr.pdf. aux enfants un accès à une information appropriée, à un soutien adéquat, si né- 4/ Recommandation CM/Rec(2012)2 du Comité des Ministres aux États membres sur la participation des enfants et des cessaire, à des informations sur le poids jeunes de moins de 18 ans, adoptée par le Comité des Ministres le 28 mars 2012, lors de la 1138e réunion des Délégués des donné à leur opinion, et à des procédures Ministres. de plaintes, de recours ou de répara- 5/ UN Convention on the Rights of the Child In Child Friendly Language | Resource Centre et UNICEF – The Convention on tion » /3. Cette obligation est reprise dans the Rights of the Child - Resources – Child-friendly resources la Recommandation du Conseil de l’Eu- (en français, en anglais et dans d’autres langues) et http://www2.ohchr.org/english/law/crc.htm - Search. rope sur la participation des enfants et Un jeu sur les droits de l’enfant comportant des pictogrammes en forme de panneaux de signalisation, a également été créé des jeunes de moins de 18 ans. /4 par Défense des enfants International – Pays-Bas.
vade – mecum 11 la participation des enfants aux décisions publiques LA PARTICIPATION, quoi il ne faut pas restreindre les théma- tiques pour lesquelles on associe les À QUEL SUJET ? enfants. La participation des enfants doit être organisée au niveau politique le plus proche des enfants et concerner des su- EX EMPLE jets pertinents par rapport aux enfants “Planning now for the future, et aux jeunes. Ces sujets ne doivent pas Children 2020 – Start Strong se réduire à des événements culturels et strategy” - Irlande sportifs ou à des questions relatives aux Le projet “Start Strong” a consisté plaines de jeux. Les décideurs politiques en une consultation de jeunes doivent sortir des sentiers battus et ré- enfants de 3 à 5 ans au moyen d’une fléchir aux implications éventuelles de série de méthodes diverses comme des leurs décisions dans la vie des enfants. entretiens individuels et des Exemple : si le réaménagement d’une discussions en groupe, et d’une place soulève des questions relatives aux activité au cours de laquelle les places de stationnement, à la sécurité enfants ont photographié ce qu’ils routière, aux arrêts de bus, etc., ce réamé- aiment et ce qu’ils n’aimaient pas nagement peut aussi avoir un impact sur dans leur environnement. Ensuite, les jeunes qui utilisent cet espace public un ouvrage intitulé “If I had a magic comme lieu de rencontre. D’autres ques- wand” (“Si j’avais une baguette tions concernant directement les jeunes magique”) a été compilé pour peuvent donc aussi être soulevées et sont présenter les résultats des à prendre en considération lors du réamé- consultations au ministre de nagement. l’Enfance. Pour garantir une participation effective, La participation des enfants est bénéfique éthique et durable des enfants, neuf cri- à la société dans son ensemble, aux po- tères sont à respecter. Ceux-ci figurent litiques et aux lois établies par les autori- dans les chapitres suivants du vade-me- tés locales, régionales et nationales et cum. Le processus doit être transparent aux activités des associations en Belgique. et informatif, volontaire, respectueux, per- C’est un processus qui offre des avan- tinent, adapté aux enfants, inclusif, sou- tages pour toutes les parties prenantes : tenu par une formation, sûr et prenant en les autorités et le secteur associatif béné- compte tous les risques, et responsable. /6 ficient de l’apport des enfants et des jeunes et les enfants se sentent écoutés, 6/ Gerison Lansdown, “Every Child’s Right to be heard: pris au sérieux et capables de contribuer A resource guide on the UN Committee on the Rights of the Child General Comment No. 12’, Save the Children UK et aux décisions les concernant. Voilà pour- UNICEF, 2011.
vade – mecum 12 la participation des enfants aux décisions publiques CHAPITRE QU’APPORTE LA PARTICIPATION DES ENFANTS?
vade – mecum 13 la participation des enfants aux décisions publiques Les exemples concrets de participation INTRO des enfants /7 montrent qu’elle a une énorme valeur ajoutée pour les enfants QUELLE EST LA PERTINENCE DE participants et pour les décideurs poli- LA PARTICIPATION DES ENFANTS ET tiques. L’engagement actif des enfants QUEL PEUT ÊTRE L’IMPACT DE LA fournit des informations et de précieux PARTICIPATION DES ENFANTS SUR LES renseignements concernant leur vie, ce ADULTES, LES ENFANTS EUX-MÊMES qui est essentiel pour prendre des déci- ET LES POLITIQUES ? LES ADULTES sions en connaissance de cause concer- NE SONT-ILS PAS LES MIEUX PLACÉS nant la législation, les politiques, l’affec- POUR SAVOIR QUELLES SONT tation du budget et des services. /8 LES MEILLEURES DÉCISIONS POUR LES ENFANTS ? Il est donc faux de croire que les adultes sont les mieux placés pour savoir quelles sont les meilleures décisions à prendre pour les enfants. Le droit des enfants à la participation ne signifie pas que les enfants doivent être écoutés tout en étant incapables de prendre part au processus de décision. Faire participer les enfants signifie que leur avis doit être dûment pris en considération, en tenant toutefois compte du développement de leurs ca- pacités. Quand le processus de participa- tion est expliqué correctement, les enfants comprennent ce qu’ils peuvent apporter et ce qui sera réalisé avec les résultats de leur implication. Dans ce sens, une étape importante du processus consiste à don- ner un feedback aux enfants sur ce qui a été réalisé avec leur avis et pourquoi. 7/ Voir les publications d’Eurochild : “Valuing Children’s Potential: How children’s participation contributes to fighting poverty and social exclusion” (2010) et “Speak Up! Giving a voice to European children in vulnerable situations” (2012) ainsi que les études de cas internationales analysées (insérer la référence). 8/ Gerison Lansdown, “A Framework for Monitoring and Evaluating Children’s Participation, A preparatory draft for piloting”, juillet 2011.
vade – mecum 14 la participation des enfants aux décisions publiques La participation des enfants a une valeur semble de stratégies essentielles pour ajoutée pour les enfants participants, ils apporter une réelle protection. /9 acquièrent de nouvelles aptitudes, des connaissances, des compétences et À l’inverse, un processus participatif mal gagnent en confiance, y compris concer- mis en œuvre peut nuire à l’enfant, par nant le débat et la discussion de questions exemple quand la consultation n’est pas en groupe et sur la manière dont se dé- utile pour le processus de prise de déci- roule le processus de prise de décision sion et que la voix des enfants n’est pas démocratique. Personnellement, ils ap- prise en compte par tous. Les enfants qui prennent que leur avis compte et ils se font l’expérience d’une telle situation sentent reconnus pour leurs opinions. pensent que la participation n’a pour eux Cela leur donne de la confiance en eux aucune valeur ajoutée, puisque les adultes et les incite à défendre activement et avec ne les écoutent pas et ne prennent pas efficacité leurs propres droits. leur avis au sérieux. La participation des enfants favorise la Outre la valeur ajoutée pour les enfants, citoyenneté active des enfants et en par- les adultes impliqués dans le processus ticipant au débat sur des sujets les concer- de participation, y compris les autorités nant, ils acquièrent la capacité d’apporter et décideurs politiques, s’ouvrent à de leur contribution à la société. La prise de nouvelles perspectives sur les décisions décision démocratique repose sur le res- à prendre et sur leur impact sur les enfants pect mutuel des opinions d’autrui. La par- et les jeunes. Ils apprennent à tenir ticipation des enfants aux décisions pu- compte de ces avis et aboutissent ainsi à bliques aide à améliorer la qualité des une prise de décision plus équilibrée, qui services publics, responsabilise les déci- prend en considération les intérêts et les deurs et renforce l’Etat de droit. droits des enfants. La participation est un élément central du processus de res- La participation des enfants entraîne une ponsabilisation et de la promotion de la meilleure protection des enfants, car les bonne gouvernance. Elle peut responsa- enfants réduits au silence et passifs biliser les autorités et les décideurs poli- peuvent faire l’objet de mauvais traite- tiques dans le cadre de leurs décisions et ments par les adultes dans une relative elle peut aussi contribuer à rendre la gou- impunité. Le fait de donner aux enfants vernance plus transparente et plus ou- des informations, de les encourager verte, si le processus de participation est à exprimer leurs préoccupations et d’in- bien organisé et si les avis des enfants troduire des mécanismes sûrs et acces- sont pris en considération sérieusement. sibles pour contrecarrer la violence et les mauvais traitements constitue un en- 9/ Idem.
vade – mecum 15 la participation des enfants aux décisions publiques En conséquence, les politiques répondent EXEMPLE mieux aux intérêts et aux besoins des “A RIGHT blether, what’s bénéficiaires. important to you?”– Écosse Des enfants de différentes La participation des enfants aura un im- tranches d’âge ont été consultés pact sur le processus décisionnel et les pour donner leur avis dans le cadre résultats des décisions prises. L’expé- du plan de travail stratégique rience montre que l’implication des en- 2011-2015 de l’Ombudsman écossais fants et des jeunes dans le processus pour les enfants et les jeunes. rend celui-ci plus légitime aux yeux de la Les enfants ont été consultés au collectivité, mais facilite aussi la mise en sein des écoles. Ce processus a œuvre et le suivi. De plus, dans la plupart également inclus des des cas, les décisions auxquelles ont pu organisations de jeunesse et des prendre part les enfants et les jeunes pro- autorités locales. Il a impliqué duisent des résultats qui leur sont davan- près de 75 000 enfants tage bénéfiques. Les enfants savent ce et adolescents. L’équipe de qui est bon pour eux et peuvent donc l’Ombudsman, à l’initiative de la contribuer à de bons résultats. consultation, a été très satisfaite des résultats obtenus. Ceux-ci ont été intégrés dans le plan.
vade – mecum 16 la participation des enfants aux décisions publiques CHAPITRE COMMENT FAIRE PARTICIPER LES ENFANTS AUX DÉCISIONS PUBLIQUES ?
vade – mecum 17 la participation des enfants aux décisions publiques être informés et accepter les rôles et les INTRO responsabilités de toutes les personnes impliquées, y compris les enfants, les QUELLE EST LA PERTINENCE DE LA adultes et autres parties prenantes. Il y a PARTICIPATION DES ENFANTS ET QUEL lieu de convenir d’objectifs et de buts PEUT ÊTRE L’IMPACT DE LA PARTICIPATION clairs avec les enfants. Les adultes impli- DES ENFANTS SUR LES ADULTES, LES qués dans le processus participatif doivent ENFANTS EUX-MÊMES ET LES connaître les besoins des enfants, ils POLITIQUES ? LES ADULTES NE SONT-ILS doivent être conscients quant au rôle qui PAS LES MIEUX PLACÉS POUR SAVOIR est le leur et se montrer enclins à écouter QUELLES SONT LES MEILLEURES et à apprendre. Il leur incombe d’écouter DÉCISIONS POUR LES ENFANTS ? les enfants, même si ceux-ci disent des choses qui peuvent paraître aberrantes ou hors sujet et que les adultes ne sont pas prêts ou à même d’entendre. Les or- ganisations et les animateurs impliqués sont responsables envers les enfants TRANSPARENCE quant aux engagements qu’ils ont pris. Si les enfants ont été confrontés à des obs- ET INFORMATION tacles ou à des entraves dans d’autres sphères de leur vie, il faut en tenir compte et en discuter avec eux afin de réduire les Pour impliquer les enfants dans la prise effets négatifs éventuels. /10 de décision publique, il est essentiel de leur donner des informations sur leur droit à s’exprimer librement et à ce que Outre les processus de participation des leur avis soit dûment pris en considéra- enfants lancés par les adultes, les enfants tion. Ces informations doivent tenir et les jeunes peuvent eux aussi lancer et compte de leur âge, de leur diversité et mener un processus par eux-mêmes. Ces de leurs besoins spécifiques. En même projets pilotés et initiés par les enfants et temps, les enfants doivent être informés les jeunes doivent être inclus dans le pro- sur la manière dont sera organisée la cessus de prise de décision publique et participation, sur son ampleur, son but et soutenus par les acteurs associatifs. son impact potentiel, y compris le respect de l’avis de l’enfant. Les enfants seront capables de comprendre l’impact qu’ils 10/ Gerison Lansdown, “Every Child’s Right to be heard: A peuvent avoir sur la prise de décision et resource guide on the UN Committee on the Rights of the Child General Comment No. 12”, Save the Children UK et UNICEF, qui prendra la décision finale. Ils doivent 2011.
vade – mecum 18 la participation des enfants aux décisions publiques TR UCS ET ASTUC E S Une fois qu’il est clair que les enfants Établir un système de coaching ou de doivent être impliqués, il existe pour ce parrainage, ce qui implique qu’une faire un large éventail de méthodologies, personne prenne le nouveau venu sous depuis les instruments de participation son aile pour faciliter son structurels (comme les conseils des en- intégration, lui montrer les fants au niveau local et régional) jusqu’aux éléments importants, lui fournir processus de consultation ad hoc liés à des explications, répondre à ses une question particulière. Cela peut en- questions et lui apporter son glober des focus groups, des question- soutien si nécessaire. Il peut naires, des consultations de groupes s’agir d’un coaching/parrainage d’enfants spécifiquement ciblés selon entre les jeunes, ou d’un adulte leurs besoins ou leur tranche d’âge. Pour parrainant un enfant. que tous les enfants aient les mêmes chances de participer, il faut veiller à in- clure les enfants vivant en situation pré- ORGANISATION DU PROCESSUS caire et à adapter le processus de parti- cipation en fonction de l’âge et des DE PARTICIPATION aptitudes des enfants /11. En même temps, il faut faire en sorte d’impliquer les enfants ayant développé leurs propres initiatives. Pour que l’objectif de la participation soit atteint, il faut d’abord identifier le thème Pour garantir la participation des enfants, sur lequel on va travailler avec les en- il faut établir un plan organisationnel. On fants. La question à se poser est de savoir distingue quatre étapes dans l’établis- quel impact ce thème peut avoir sur la vie sement d’un processus de participation des enfants et des jeunes, et si leur impli- des enfants. /12 Mais en préalable, il faut cation dans le processus de prise de dé- établir un mécanisme de participation cision peut apporter une plus-value. Cette permanent, pour faire en sorte que les question peut aussi être inversée, par enfants ne soient pas seulement consul- exemple : qu’adviendrait-il d’un projet ou tés de manière ponctuelle mais soient d’une décision sans l’implication des en- systématiquement inclus dans le proces- fants ? Si ces questions ne trouvent pas sus de décision. réponse avant l’implication des enfants dans la prise de décision, il se peut que celle-ci devienne un exercice vide de 11/ Voir chapitres 5 et 6. sens, tant pour les décideurs que pour les 12/ Politeia en coopération avec l’Association des Villes et enfants. Communes flamandes, “Weet ik veel!” Handboek voor kinder- en jongerenparticipatie”, Bruxelles, Belgique, 2010, pp. 23-28.
vade – mecum 19 la participation des enfants aux décisions publiques 01 Premièrement, il faut procéder 03 La troisième étape consiste à à l’analyse du projet, de la décision ou mettre en œuvre le processus de parti- de l’action des autorités. Quelle est la cipation et à réaliser les activités de par- décision qui doit être prise, et à quel point ticipation planifiées. du processus de prise de décision sommes-nous actuellement ? Outre les “nouvelles” décisions et actions, on peut 04 La quatrième étape consiste à inclure l’évaluation de la mise en œuvre évaluer le processus de participation, y de décisions déjà prises. Quelles autres compris son impact sur les décisions parties prenantes (par exemple les asso- prises, par la prise en considération des ciations et les ONG) ont une influence sur avis et intérêts des enfants. Quels ensei- le processus de prise de décision ? gnements peut-on tirer en vue des futurs processus de participation et que peut-on faire pour modifier les éventuelles 02 La seconde étape consiste à pla- décisions ayant un effet négatif pour les nifier le processus de participation et les enfants ? Dans le processus d’évaluation, points du processus auxquels les enfants il importe d’impliquer les décideurs pourront participer. Différentes modalités (c’est-à-dire les adultes), mais aussi les sont possibles, mais il faut que le planning enfants ayant participé au processus de soit établi en étroite collaboration avec les consultation. enfants. Plusieurs cas de figures sont pos- sibles : la décision politique se prend en parallèle du processus de participation des enfants, ou le dispositif participatif impli- quant les enfants s’insère dans un proces- sus décisionnel déjà en cours. Une autre possibilité consiste à compléter un pro- cessus de consultation d’adultes ou de différentes associations par l’implication d’enfants. Il est également possible de faire contribuer les enfants aux politiques et projets à venir et donner leur avis sur ce qui devrait être mis en place dans le futur. Ou encore, les enfants peuvent par- ticiper à des discussions d’ordre général, dont les résultats pourront alimenter divers volets des décisions publiques.
vade – mecum 20 la participation des enfants aux décisions publiques CHAPITRE QUELS ENFANTS IMPLIQUER ?
vade – mecum 21 la participation des enfants aux décisions publiques INTRO des enfants plus jeunes. Les expériences ont montré que, dans un processus par- COMMENT FAIRE EN SORTE ticipatif, différentes tranches d’âge QUE DIFFÉRENTS GROUPES D’ENFANTS peuvent être impliquées grâce à l’utilisa- PUISSENT PARTICIPER DE MANIÈRE tion de diverses méthodes visant cepen- INCLUSIVE ET NON-DISCRIMINATOIRE dant un même objectif. Par exemple, dans (ÂGE, GENRE,…), TOUT EN FAISANT l’étude de cas “A RIGHT blether” – Ecosse EN SORTE QUE LES ENFANTS (voir page 15), la méthodologie employée PARTICIPENT VOLONTAIREMENT ? avec les enfants plus âgés a été adaptée pour être ensuite utilisée avec les enfants plus jeunes. EXEMPLE Une des exigences pour que la participa- “Hearing Young Children’s Voices” tion soit effective et éthique est que Australie (2002-2004) est un projet les enfants ne doivent jamais être forcés où de très jeunes enfants, de 0 à à exprimer leur avis contre leur gré. Ils 8 ans, ont été consultés sur un plan doivent pouvoir quitter le processus de pour l’enfance envisagé par participation à tout moment. Pour que la l’Australia Capital Territory. participation soit volontaire, il est néces- Le but était d’améliorer les saire que les enfants disposent de temps conditions d’existence des enfants pour réfléchir à leur implication et il faut et de leur famille et d’intégrer faire en sorte qu’ils puissent donner leur l’avis des enfants dans le travail consentement personnel en connaissance quotidien des professionnels actifs de cause. Ils doivent recevoir des rensei- avec cette tranche d’âge. gnements suffisants et adaptés à leur ni- La méthodologie employée a englobé veau de compréhension concernant le des méthodes verbales avec des processus de participation. Le timing du entretiens en tête-à-tête et des processus de participation doit être adap- discussions en groupe avec les té aux besoins et aux autres engagements enfants, ainsi que des méthodes des enfants (p.ex. école, travail, maison). non-verbales, comprenant des peintures, des dessins et des Il est faux de croire que seuls les enfants poèmes, le tout adapté à l’âge et aux en âge de fréquenter l’enseignement aptitudes des enfants. Dans le même secondaire (12 ans et plus) peuvent temps, les services travaillant prendre part à la décision publique, sous avec les enfants ont été impliqués prétexte que cela serait trop difficile pour dans les consultations.
vade – mecum 22 la participation des enfants aux décisions publiques Le fait que la participation des enfants soit Les animateurs et les autres personnes inclusive et non-discriminatoire signifie impliquées dans le processus participatif que tous les enfants, quelle que soit leur doivent eux aussi être capables de tra- origine et sans discrimination de quelque vailler de manière inclusive et non-discri- nature que ce soit (âge, couleur, sexe, minatoire. langue, religion, opinions politiques ou autres, nationalité, origine ethnique ou À cet égard, la participation égale de sociale, handicap…) doivent être encou- tous les enfants doit être facilitée, en ragés à participer et doivent en avoir la tenant compte de la “diversité interne”. possibilité. Les processus de participation Le terme “diversité” est interprété de doivent tenir compte des sensibilités diverses manières, mais il fait générale- culturelles relatives aux enfants de diffé- ment référence à la composition du rentes communautés. groupe en termes de différences de sexe, d’âge, de culture, de religion, d’origine La participation des enfants doit viser à ethnique, etc. Les animateurs doivent être intégrer tous les enfants, pas seulement conscients des sources de diversité plus quelques enfants aisément accessibles. subtiles, qui sont tout aussi fondamentales Cela signifie qu’il faut aller vers les enfants mais sont plus fréquemment négligées dans leur environnement local plutôt que dans les groupes, y compris dans les de les inviter dans un lieu centralisé. S’il classes scolaires. Il s’agit des différences y a une limite au nombre d’enfants pou- individuelles, telles que (entre autres) la vant participer, il est recommandé que les manière d’apprendre, de communiquer, enfants choisissent eux-mêmes qui va de résoudre des problèmes, d’appréhen- les représenter, de manière démocratique der l’environnement intérieur et extérieur et inclusive. Une autre possibilité consiste et de gérer les données sensorielles. à prévoir différents niveaux de participa- tion, par exemple une large consultation Toute personne ayant interagi de manière avec un questionnaire et un focus group étroite avec plusieurs enfants (que ce soit avec un nombre d’enfants plus restreint. comme parent, comme enseignant ou à Les approches participatives doivent être tout autre titre) sait qu’une étiquette leur flexibles pour répondre aux besoins des est souvent associée (“cet enfant est un différents groupes d’enfants. peu lent”) ou un jugement de valeur est porté sur leurs différences (“telle manière La tranche d’âge, le genre et les aptitudes d’apprendre est correcte – telle autre ne des enfants doivent être pris en considé- l’est pas”), au lieu de les reconnaître ration dans la manière dont la participation comme de simples variations inter-indivi- est organisée et dont les informations sont duelles. La première étape du travail avec présentées. ce que nous appellerons la “diversité in-
vade – mecum 23 la participation des enfants aux décisions publiques terne” consiste à être conscient de ces enfants qui pensent tout haut avec différences et à en tenir compte dans la des réponses ou des commentaires manière d’animer le groupe. /13 plus mûris (en encourageant chacun à prendre 10 secondes pour réfléchir à TR UCS ET ASTUC E S ce qu’il ou elle va dire) . Une autre Voici deux exemples de “diversité manière d’éviter de favoriser interne” et des suggestions pour quelques enfants au détriment des élargir la manière d’animer les autres consiste à encourager groupes. Certains enfants (ces différents modes de réponse : éléments s’appliquent aussi aux dessins, gestes, rédaction d’un mot adultes) écoutent mieux quand ils ou d’une phrase… peuvent avoir une activité tactile, par exemple manipuler ou créer un Beaucoup d’autres exemples existent. objet. Le simple fait de prévoir Ces deux exemples ci-dessus permettent des objets sur la table, comme de la de conscientiser les adultes à ce type de pâte à modeler ou des ficelles, peut différences. Le fait de poser des questions aider ces enfants à écouter aux enfants sur leurs besoins (par davantage. Les enfants qui n’ont pas exemple, comment ils apprennent le besoin de cette activité tactile mieux, ce dont ils ont besoin pour parti- n’utiliseront pas les objets. ciper pleinement) peut apporter de nom- Une autre différence fréquemment breux indices utiles pour améliorer observée concerne le rôle de la l’animation. /14 verbalisation à voix haute ou silencieuse. Certains enfants doivent commencer à parler pour comprendre ce qu’ils sont en train de penser ; d’autres ne parlent pas jusqu’à ce qu’ils se soient fait une idée. Prendre note des commentaires de ceux qui commencent immédiatement à parler, va favoriser ces enfants. Il faut veiller à alterner la prise en compte des réactions immédiates des 13/ Cadre méthodologique d’Eurochild pour “Speak Up! Giving a voice to European Children in Vulnerable Situations”, mai 2011, Bruxelles, p.7. 14/ Idem, p. 8.
vade – mecum 24 la participation des enfants aux décisions publiques CHAPITRE COMMENT METTRE EN PLACE DES PROCESSUS DE PARTICIPATION ADAPTÉS AUX ENFANTS ?
vade – mecum 25 la participation des enfants aux décisions publiques INTRO 9 exigences principales à LA PARTICIPATION DES ENFANTS DOIT respecter pour que la participation des ÊTRE MISE EN ŒUVRE DE MANIÈRE enfants soit efficace et ait un sens./15 ADAPTÉE AUX BESOINS ET AUX CAPACITÉS DES ENFANTS, POUR Tout processus participatif impliquant PERMETTRE LEUR PARTICIPATION RÉELLE la consultation et/ou la participation ET CONFIANTE. CELA SIGNIFIE QU’IL FAUT des enfants doit être : UN ENVIRONNEMENT ET DES MÉTHODES →→ Transparent et informatif DE PARTICIPATION ADAPTÉS AUX →→ Volontaire ENFANTS, OU COMME L’ON DIT →→ Respectueux EN ANGLAIS “CHILD-FRIENDLY”. →→ Pertinent CETTE DÉMARCHE INCLUT ÉGALEMENT →→ Adapté aux enfants UNE APPROCHE GLOBALE →→ Inclusif RESPECTUEUSE DES ENFANTS, LE FAIT DE →→ Soutenu par des acteurs formés PRENDRE LEUR AVIS AU SÉRIEUX ET DE et informés LEUR FOURNIR DES INFORMATIONS QUI →→ Sûr et prévenant les risques LEUR SERONT ACCESSIBLES. →→ Responsable POUR UNE APPROCHE “CHILD- ACTEURS, MÉTHODES FRIENDLY”, IL FAUT PRÉVOIR NOTAMMENT UN TIMING ADÉQUAT ET ET CALENDRIER UNE DURÉE DU PROCESSUS DE PARTICIPATION CONVENANT AUX ENFANTS : IL FAUT QUE LES ENFANTS SOIENT IMPLIQUÉS TRÈS TÔT DANS LE Un projet de participation effective des PROCESSUS DE CONSULTATION ET enfants consiste en une série d’étapes, RESTENT IMPLIQUÉS PENDANT TOUTE toutes en interconnexion et soutenues LA DURÉE DU PROCESSUS. par une vision d’ensemble. Cela peut don- ner lieu à un processus assez long, voire DES STANDARDS DOIVENT ÊTRE PRIS s’avérer trop long pour garder le rythme EN CONSIDÉRATION LORS DE avec les enfants, mais il faut l’accepter et L’ORGANISATION DE DISPOSITIFS prévoir le temps nécessaire. PARTICIPATIFS POUR PERMETTRE UNE PARTICIPATION RÉELLE DES ENFANTS. 15/ Gerison Lansdown, “A Framework for Monitoring and Evaluating Children’s Participation, A preparatory draft for piloting”, juillet 2011.
vade – mecum 26 la participation des enfants aux décisions publiques Cela signifie que, lors de l’organisation de plus de nuances et laisse les enfants ame- la participation des enfants, il faut se poser ner leurs propres idées, pensées et plusieurs questions avant de commencer. visions, ce qui éclaire également l’origine En premier lieu, quels sont les groupes et la construction de leurs avis. Les cibles pour le projet de participation ? méthodes qualitatives présentent comme La plupart du temps, ce ne sont pas seu- difficulté que les réponses des enfants lement les enfants et les jeunes, mais peuvent laisser une grande marge d’in- d’autres parties prenantes impliquées ont terprétation. Pour surmonter cela, il faut leur importance dans le processus de donner aux enfants une information com- prise de décision. Il peut s’agir d’hommes plète sur les résultats, afin d’éviter les et de femmes politiques, de fonction- malentendus et les interprétations erro- naires, d’experts, etc. Il faut identifier tous nées. Une autre manière de faire en sorte ces acteurs, qui sont importants puisque que l’avis des enfants soit interprété cor- qu’ils recevront les résultats du projet de rectement est d’organiser une réunion participation des enfants et seront souvent entre les enfants et les décideurs pour responsables de la prise de décision permettre aux enfants d’exprimer leur avis finale. Si possible, il est recommandé d’im- directement et de demander des clarifi- pliquer ces parties prenantes dans les cations durant la réunion. En même temps, dispositifs de participation des enfants et ce type de rencontre permet un échange de les tenir au courant des éventuels d’idées entre les enfants et les décideurs. résultats intermédiaires. La question de la méthodologie à choisir En second lieu, il faut être conscient que, dépend des informations souhaitées et pour faire participer des enfants, l’on peut de la nature du groupe d’enfants. Par utiliser à la fois des méthodes quantita- exemple, si une commune souhaite savoir tives et qualitatives. Souvent, l’attention ce qui est important pour réaménager et se focalise sur les méthodes quantitatives, restructurer une maison de jeunes, il peut parce qu’elles mettent l’accent sur le être utile d’organiser une consultation nombre d’enfants consultés et peuvent qualitative. S’il n’y a que quelques options garantir l’implication de vastes groupes possibles (par exemple à cause de d’enfants, ce qui assure ainsi la représen- contraintes budgétaires), une méthode tativité de la participation. Ces méthodes quantitative peut s’avérer adéquate. Il est sont possibles uniquement lorsque que aussi possible de combiner les deux les questions soulevées sont limitées, et méthodes. il s’avère souvent difficile de poser des questions sans insinuer de réponse et sans oublier des réponses possibles. Une méthode qualitative permet beaucoup
vade – mecum 27 la participation des enfants aux décisions publiques EX EMPLES Comme indiqué au chapitre précédent, Un mélange de méthodologies peut le calendrier de la participation des donner des résultats positifs tant enfants doit être accordé au processus pour les jeunes que pour les de prise de décision. Outre le timing rela- décideurs, comme lors de la tif au processus de prise de décision, il consultation de jeunes sur le Plan faut aussi adapter le calendrier au Jeunesse de la Fédération Wallonie- rythme et aux activités des enfants. Cela Bruxelles (Belgique) menée en signifie qu’il faut prendre en considération 2012-2013 qui combinait plusieurs les horaires scolaires, les examens, les méthodes. Il y a eu une Agora congés scolaires, etc. En même temps, il (réunion le week-end, avec des peut s’avérer utile d’employer différentes discussions, du théâtre, un débat méthodologies de consultation aux divers avec la Ministre…), une enquête stades du processus de prise de décision. qualitative, notamment au moyen Par exemple, commencer avec un petit d’entretiens avec des jeunes lors groupe d’enfants par une discussion col- d’un stand du Conseil de la jeunesse lective, puis passer à une consultation organisé dans une grande fête plus large, ou un petit groupe d’enfants populaire, et une enquête peut être chargé d’interviewer d’autres quantitative auprès de jeunes, enfants, ce qui permet différents niveaux réalisée sur la base des résultats d’implication. Il est aussi possible de de l’enquête qualitative. consulter les enfants en les répartissant sur des thématiques données. Le calen- Pour l’Analyse politique du Conseil drier et le planning des consultations sont de l’Europe sur la participation influencés par toute une série de facteurs, des enfants et des jeunes en notamment la méthodologie choisie Finlande, une enquête a été réalisée (quantitative ou qualitative), le nombre auprès d’un grand groupe d’enfants, d’enfants à consulter, la manière dont les ainsi qu’un focus group et des résultats des consultations seront utilisés entretiens individuels. et présentés et quelle sera la meilleure Les résultats de ces consultations manière d’influencer les décideurs. ont alimenté le développement d’un nouveau plan national d’action pour les enfants en Finlande et la Recommandation du Conseil de l’Europe sur la participation des enfants.
vade – mecum 28 la participation des enfants aux décisions publiques INFORMATION ET CONSENTEMENTS Les fiches d’information doivent comporter des En lien avec le calendrier et le planning renseignements clairs, suffisants et du processus de participation, il faut four- pertinents, notamment sur les nir aux enfants des renseignements adé- éléments suivants : quats et adaptés à leurs capacités. Les →→ les objectifs de la participation enfants doivent être informés au début et la manière dont la contribution du processus pour pouvoir s’engager des enfants va s’intégrer dans un durant toute la durée de celui-ci et pour processus plus vaste ; que la participation ait un sens tant pour →→ la description du processus de les décideurs que pour les enfants eux- participation (y compris le mêmes. calendrier) ; →→ le lieu et la date ; Les informations sur le processus de →→ le programme de la/des journée(s) participation, sa raison d’être et ses de participation ; objectifs, qui seront transmises aux →→ le nombre et l’âge des participants enfants et à leurs parents (ou tuteurs ou attendus ; aux personnes à qui les parents les ont →→ les animateurs ; confiés), doivent être claires et acces- →→ la logistique et le soutien disponible. sibles. Elles peuvent être fournies au moyen de fiches d’information. Il ne faut pas hésiter à impliquer les enfants dans ce processus, puisque leurs points de vue Si nécessaire, en lien avec les fiches d’in- sur les résultats à atteindre pourraient être formation, des formulaires de consente- différents (nouer des amitiés, trouver des ment pour les enfants et les parents/ personnes qui les prennent au sérieux…) tuteurs peuvent être distribués et seront des attentes des adultes (éclairer la prise alors à collecter dûment signés avant de décision au niveau local, régional ou d’entamer le processus de participation. national). Le cas échéant, ces formulaires de consentement doivent couvrir l’emploi d’images (photographier ou filmer l’en- fant), des données médicales, la personne à contacter en cas d’urgence et l’assu- rance que les informations fournies seront traitées avec la plus stricte confidentialité.
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