RÉPUBLIQUE TOGOLAISE - FINMARK TRUST
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Making Access Possible République Togolaise Feuille De Route De LÍnclusion Financière 2019 - 2023 “Améliorer l’accès à une gamme de services financiers adaptés, diversifiés et abordables pour tous les togolais, comprenant les ruraux, les femmes, les jeunes et ceux ayant un faible niveau d’instruction”
A PROPOS DE MAP TOGO Le présent document de Feuille de route est produit dans le cadre d'une série de documents de l'Initiative Making Access Possible (MAP) du Togo. MAP Togo a été développé sous la direction du comité de pilotage du MAP présidé par le Secrétariat d'Etat auprès de la présidence de la République, chargé de l'Inclusion Financière et du Secteur Informel. Le comité de pilotage est composé des représentants du gouvernement, des organes de régulation, du secteur privé et des bailleurs de fonds. Les principaux résultats de recherche relatifs au diagnostic MAP sont repris dans le rapport national de diagnostic du pays, « Togo Making Access Possible: Rapport de Diagnostic de l'Inclusion Financière, 2017 » produit par ECONSULT au Botswana avec la collaboration du Cabinet-ACR au Togo. Le diagnostic couvre les analyses de la demande, de l'offre et de la réglementation. L'analyse de l'offre couvre les paiements, l’épargne, le crédit et les assurances, et par conséquent donne lieu à une compréhension de l'inclusion financière au sens élargi. Elle s'appuie sur une gamme de consultations auprès des parties prenantes menées en 2017 ainsi que sur un exercice d’évaluation mystère auprès les succursales / points de vente de diverses institutions financières, mais également des résultats de l’analyse de la demande. Le volet demande provient de l’enquête FinScope Togo sur les consommateurs, menée par FinMark Trust en 2016. FinScope est une enquête représentative à l'échelle nationale portant sur le comportement des consommateurs et leur interaction avec les services financiers, ainsi que les vécus et les perceptions des consommateurs des services financiers. FinScope Togo est basé sur un échantillon de 5 197 adultes (personnes âgées de 15 ans et plus), représentatif de l'ensemble des 4,1 millions d’adultes et a été conduit par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED). Les documents produits dans le cadre de l'Initiative MAP Togo comprennent : (1) Togo Making Access Possible : Rapport de Diagnostic de l'Inclusion Financière, 2017 ; (2) FinScope Enquête Consommateur : Demande des Services Financiers Togo 2016 ; (3) Présentation : Togo Enquête FinScope 2016. Une présentation sommaire des conclusions du rapport de diagnostic MAP du Togo, présenté lors d’un atelier des parties prenantes en Mai 2017 et les données FinScope qui sont disponibles sur demande. La Feuille de Route résume les principales conclusions et recommandations provenant du rapport de diagnostic complet et présente des perspectives d’avenir relatives aux domaines prioritaires recommandés en matière d'Inclusion Financière au Togo. La feuille de route doit servir de base pour l’élaboration de la stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF) du Togo pour la période 2019-2023. MAP Togo a été financé par UNCDF et le PNUD, l’Union Européenne et le Gouvernement (le Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes (MDBAJEJ) désormais remplacé par le Secrétariat d’Etat auprès de la Présidence de la République, chargé de la finance inclusive et du secteur informel depuis Septembre 2017, le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)). La méthodologie et le processus du MAP ont été élaborés conjointement par UNCDF, FinMark Trust et Cenfri pour améliorer l'inclusion financière et partant améliorer le bien-être individuel et appuyer la croissance inclusive. LE PRESENT RAPPORT A ETE PRODUIT PAR FINMARK TRUST. iii
Remerciements FinMark Trust et le Comité de Pilotage de MAP Togo voudraient exprimer leur gratitude à Anthony Githiari qui a compilé le présent rapport, et à tous ceux et toutes celles qui les ont aidés à rédiger et à réviser les points d’action de la feuille de route, dont Keith Jefferis et Jemila Abdulai, les auteurs du Rapport de Diagnostic du MAP Togo. FinMark Trust et le Comité de Pilotage de MAP Togo voudraient aussi remercier ceux et celles qui ont révisé le rapport et apporté de précieux commentaires : Le Secrétariat d’Etat auprès de la Présidence de la République, chargé de la finance inclusive et du secteur informel, représenté par M. Komla Folitsè Gati, Directeur de la Promotion de la Finance Inclusive (DPFI), et le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) qui ont fourni des conseils et l’assistance permanente tout au long du processus de recherche. Les autres membres du Comité de Pilotage du MAP Togo, entre autres le PNUD, les Ministères concernés dont le Ministère de l’Économie et des Finances, le secteur privé et la Banque Centrale (BCEAO), ont également fourni l’assistance nécessaire et apporté des retours d’informations et contributions majeures à nos conclusions, aussi bien que l’équipe de UNCDF dirigée au niveau régional par M. Mathieu Soglonou, Conseiller technique régional UNCDF pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale et Euphrasie Kouame, gestionnaire régionale du programme MAP. Nos remerciements s’adressent également à l’équipe du Cabinet-ACR dirigée par M. Richard Kossi Amoussou et M. Brendan Pearce de FinMark Trust. Nous voudrions aussi remercier toutes autres personnes ayant apporté leurs contributions au présent travail ; nous citons celles qui viennent du Gouvernement, de la Banque Centrale, les prestataires de services financiers, les organisations professionnelles, les fournisseurs de technologie, les opérateurs de télécommunication et les partenaires au développement, pour avoir partagé leurs points de vue et pour leur disponibilité, leurs précieux apports qui ont guidé cette étude et leurs efforts pour étendre l’accès aux services financiers aux personnes qui en sont exclues. iv
Table des Matières Liste des Tableaux ....................................................................................................................... vi Liste des Figures.......................................................................................................................... vi Résumé exécutif .......................................................................................................................... 1 1. Contexte ............................................................................................................................... 4 1.1 Introduction ............................................................................................................................ 4 1.2 Approche et Méthodologie de la Feuille de route .................................................................. 5 2. Contexte du Secteur Financier du Togo .................................................................................. 7 2.1 Contexte du Pays .................................................................................................................... 7 2.2 Contexte Politique .................................................................................................................. 8 2.3 Situation de l’Inclusion Financière au Togo ............................................................................ 9 2.4 Perspectives des Consommateurs ........................................................................................ 11 2.5 Perspectives des Fournisseurs .............................................................................................. 13 2.6 Environnement Juridique et Réglementaire ......................................................................... 15 2.7 Facteurs Environnementaux ................................................................................................. 17 3. Améliorer l’Inclusion Financière au Togo .............................................................................. 17 3.1 Résumé des Lacunes et des Opportunités ............................................................................ 17 3.2 Objectif proposé pour l'Inclusion Financière au Togo .......................................................... 18 4. Combler les Lacunes - Domaines Prioritaires d’Intervention ................................................. 20 4.1 Axe Stratégique1 - Faciliter l'épargne dans les institutions formelles et améliorer la disponibilité et la fourniture du crédit .............................................................................................. 20 4.1.1. Faciliter l'épargne dans les institutions formelles ............................................................... 20 4.1.2. Améliorer la fourniture et la disponibilité du crédit ............................................................ 23 4.2 Axe Stratégique 2 - Améliorer la qualité et accroître l'utilisation des services de paiements (en particulier le mobile money) ....................................................................................................... 27 4.3 Axe Stratégique3 -Améliorer la disponibilité et l'accessibilité des produits de finance agricole .............................................................................................................................................. 30 4.4 Axe Stratégique 4 - Améliorer la gestion des risques pour les clients fiables ...................... 33 4.5 Axe Stratégique 5 - Renforcer les politiques relatives aux services financiers, les institutions et les infrastructures pertinentes pour l’inclusion financière et assurer l'accès aux groupes défavorisés ........................................................................................................................................ 35 5. Feuille de Route vers la Réforme ......................................................................................... 39 v
5.1 Récapitulatif des Activités, des Responsabilités, des Priorités et du Calendrier .................. 39 5.2 Bénéfices escomptés............................................................................................................. 39 5.3 Feuille de Route de l'Inclusion Financière dans le contexte de politique financière............ 40 5.4 Feuille de Route de l'Inclusion Financière dans le contexte d'autres travaux portant sur l'inclusion financière.......................................................................................................................... 40 5.5 Mise en Œuvre ...................................................................................................................... 42 5.6 Suivi-Évaluation ..................................................................................................................... 43 5.7 Risques .................................................................................................................................. 44 6. Conclusions ......................................................................................................................... 44 7. Annexe 1 – Récapitulation des Activités Proposées de la Feuille de Route............................. 47 8. Annexe 2 – Projet d’indicateurs d’inclusion financière .......................................................... 48 9. Annexe 3 – Condensé des différents appuis au financement au niveau national .................... 50 Liste des Tableaux Tableau 1 : Domaine d’Action : Épargne............................................................................................... 22 Tableau 2 : Domaine d’Action - Fourniture de Crédit. .......................................................................... 25 Tableau 3 : Domaine d’Action - Paiements / Mobile Money................................................................ 28 Tableau 4 : Domaine d’action - Financement agricole. ........................................................................ 32 Tableau 5 : Domaine d’Action - Gestion des risques. ........................................................................... 34 Tableau 6 : Domaine d’Action - Stratégie et Infrastructure.................................................................. 36 Tableau 7 : Projets pertinents d'inclusion financière au Togo.............................................................. 41 Tableau 8 : Les acteurs de l'inclusion financière au Togo ..................................................................... 42 Liste des Figures Figure 1 : Approche de la feuille de route .............................................................................................. 5 Figure 2 : Carte du Togo .......................................................................................................................... 7 Figure 3 : Comparaison de l'inclusion financière en Afrique subsaharienne.......................................... 9 Figure 4 : Volet d’accès selon le milieu de résidence au Togo.............................................................. 10 Figure 5 : Profondeur de l’accès au Togo.............................................................................................. 11 vi
Résumé exécutif La Feuille de Route pour l'inclusion financière du Togo 2019-2023 définit les priorités nationales relatives à l'amélioration de l'inclusion financière au niveau national. La Feuille de Route est axée sur les conclusions du diagnostic, contenues dans "Togo Making Access Possible: Rapport Diagnostic de l'Inclusion Financière 2017",un rapport qui s’appuie sur la recherche et les sondages au niveau national (Enquête FinScope 2016) ainsi que sur la recherche qualitative menés dans le pays. L’exercice MAP-Togo a été réalisé en collaboration avec le Gouvernement dans le but d’éclairer l’agenda de l'inclusion financière au Togo. L'amélioration de l'accès aux services financiers est susceptible de stimuler la croissance économique à travers la mobilisation de l’épargne pour l'investissement, la réduction des coûts de transaction et l’augmentation de l'efficacité. Au niveau des ménages, il peut permettre l’amélioration du bien-être grâce à des coûts de transaction réduits, une gestion plus efficace des risques et une meilleure répartition du capital à des fins productives. L’accès aux services financiers peut également faciliter l'accès aux services de base, comme la santé et l'éducation. Toutefois, bien que le Togo soit un pays relativement petit de par sa superficie (57 785 km2), les objectifs pour une meilleure inclusion financière de l’ensemble de la population sont difficiles à atteindre compte tenu des profils des ménages qui, dans leur grande majorité, dépendent fortement de l’agriculture, vivent principalement en milieu rural et ont des niveaux de revenus assez bas. L'activité économique est concentrée dans la capitale, Lomé et la région maritime environnante au sud, tandis que les régions du centre et du nord sont éloignées du centre de gravité économique. La conséquence est qu’une part importante de la population Togolaise reste financièrement exclue :40% des adultes Togolais (15 ans et plus), soit 1°640°000 individus n'utilisent aucun service financier en 2016. Les personnes financièrement exclues viennent principalement des milieux ruraux, la plupart du temps des femmes, avec un faible niveau d’instruction. Environ 45% des adultes sont formellement servis notamment par les banques et par les autres institutions formelles (non bancaires). En outre, bien que l’accès aux services financiers s’améliore avec le niveau de revenu, il convient de noter que même à des niveaux élevés de revenu, il existe toujours des personnes exclues ou mal desservies. Les besoins les plus préoccupants en matière de services financiers identifiés par l’étude sur la demande (FinScope) sont : la nécessité de se procurer les biens et services dans le cadre de la vie quotidienne, le besoin de liquidité pour lisser la consommation, la nécessité de gérer les risques notamment ceux liés aux dépenses de santé et à la sécheresse, et le besoin de renforcer le capital humain. De même, faire face à la perte de revenus ou au vol ainsi que l'acquisition d'intrants productifs sont également des besoins importants exprimés par les populations. Pour les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et les agriculteurs, il existe un grand besoin pour une intermédiation financière renforcée (c’est-à-dire, mobiliser l’épargne et allouer du capital à ceux qui ont besoin de prêts productifs) et pour des mécanismes de paiement plus efficaces. Pour une population majoritairement constituée de personnes jeunes (60% des Togolais ont moins de 25 ans), il est impératif de développer et renforcer les compétences et de créer des emplois décents pour absorber une main-d'œuvre toujours croissante. Les conclusions du diagnostic montrent qu'il existe des lacunes importantes entre, d'une part, les besoins, et, d'autre part, les moyens pour répondre à ces besoins par le biais de services financiers formels. Tout en comblant ces lacunes, l'inclusion financière peut et doit jouer un rôle important dans l’amélioration du bien-être au Togo. Cela nécessite que l’on réoriente la réflexion sur la manière d'atteindre les zones, les marchés cibles et les produits qui ont toujours présenté des défis considérables pour l’accroissement de l’inclusion financière. Pour ce faire, une compréhension des conditions structurelles pour le développement d'un marché qui pourrait évoluer partant des
branches/succursales assurant la distribution des services financiers vers les services de détail (assurés par des tiers indépendants) est nécessaire. Cela inclut un examen plus approfondi non seulement de l'environnement favorable ou des conditions nécessaires au développement du secteur financier, mais aussi des perceptions et des réalités à même de faciliter l’appropriation par les clients. Le programme MAP a permis d'identifier les domaines prioritaires qui offrent des possibilités pour accroître le niveau et la qualité de l'accès aux services financiers au Togo. Les priorités identifiées contribueront à mieux servir ceux qui sont déjà à portée du marché et, au fil du temps, surmonter les obstacles structurels au développement d'un marché de détail plus accessible. L'objectif de politique nationale arrêté pour assurer une vision et une orientation dans le cadre de l'inclusion financière au Togo est en parfaite harmonie avec la Stratégie Régionale d'Inclusion Financière et sa vision développées par la Banque Centrale des États de L’Afrique de L’Ouest (BCEAO). Il s’énonce comme suit : "Une population togolaise financièrement instruite, ayant un accès accru et permanent à une gamme de produits et services financiers adaptés, diversifiés et à coûts abordables". L’objectif global correspondant est d’« Assurer, sur une période de cinq ans [2019-2023], une augmentation de l'accès à et de l'utilisation d'une gamme diversifiée de produits et services financiers formels, abordables et adaptés, passant de 45% à 75% de la population Togolaise adulte1. » Cinq (5) axes stratégiques principaux ont été identifiés pour appuyer la réalisation de cet objectif ; à savoir : ✓ Faciliter l'épargne dans les institutions formelles et améliorer la disponibilité et la fourniture du crédit ; ✓ Améliorer la qualité et accroître l'utilisation des services de paiement (en particulier le mobile money) ; ✓ Améliorer la disponibilité et l'accessibilité des produits de finance agricole ; ✓ Améliorer la gestion des risques pour les clients fiables ; ✓ Renforcer les politiques relatives aux services financiers, les institutions et les infrastructures pertinentes pour l’inclusion financière et assurer l'accès aux groupes défavorisés (ruraux, femmes, jeunes, faible niveau d’instruction). Il est envisagé que les interventions proposées conduisent à un accroissement de la portée et de la profondeur de l'inclusion financière au Togo, afin d'améliorer le bien-être citoyen, stimuler la croissance économique, et par voie de conséquence appuyer les objectifs nationaux de réduction de la pauvreté. Ces interventions soutiendront également l'engagement du Togo envers les Objectifs de Développement Durable (Agenda 2030), le Plan National de Développement 2018-2022 qui comporte des composantes importantes se rapportant au secteur financier, la Déclaration de Maya adoptée à l'échelle régionale par la BCEAO en 2013 et la Stratégie Régionale d'Inclusion Financière de la BCEAO (2016-2020). La présente Feuille de Route constituera également la base de la Stratégie Nationale d'Inclusion Financière du Togo 2019 - 2023. 1 Le niveau de référence (45%)représente le pourcentage d'adultes ayant accès aux services financiers formels (selon FinScope 2016). La cible (75%) signifie un élargissement de la couverture en services financiers pour toucher au moins 0,75 million d'adultes (soit 4,1 millions d’adultes x 18%). 2
La mise en œuvre des activités sera menée et coordonnée par le Comité de Pilotage sous le leadership du Secrétariat d’Etat auprès de la Présidence de la République, chargé de l’inclusion financière et du secteur informel2 avec la collaboration du Ministère de l’Economie et des Finances, de la BCEAO et des autres membres du Comité de pilotage. Le Secrétariat d’Etat auprès de la Présidence de la République, chargé de l’inclusion financière et du secteur informel abritera également les services de secrétariat nécessaires pour assurer la coordination et appuyer la mise en œuvre. 2 Précédemment sous tutelle du Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes(DBAJEJ), la finance inclusive est placée depuis Septembre 2017, sous la tutelle du Secrétariat d’Etat auprès de la Présidence de la République, chargé de la finance inclusive et du secteur informel. 3
1. Contexte 1.1 Introduction L'inclusion financière est un moyen de parvenir à une fin et non une fin en soi - la fin étant le bien- être amélioré des ménages et un impact sur les activités qui contribuent à la production et à la croissance économique. Les systèmes financiers efficaces 3 peuvent produire des impacts sur l’économie réelle au niveau macro-économique en mobilisant l'épargne à des fins d'investissement (notamment l’allocation des capitaux pour la création d’activités commerciales) ; ce qui permet de réduire les coûts des opérations et accroître l'efficacité, contribuant ainsi à la création d'emplois et à la croissance. Au niveau microéconomique ou des ménages, l'inclusion financière peut avoir un impact direct sur le bien-être des individus en réduisant leurs coûts des opérations, leur permettant ainsi de gérer les risques de manière plus efficace, en allouant des capitaux à des fins productives et en appui à l’accumulation de richesses au fil du temps. Les services financiers peuvent également faciliter l'accès à des services de base, tels que la santé et l'éducation. Cela peut affecter la croissance de manière directe, via le secteur tertiaire et indirectement, en améliorant la productivité. Au Togo, l'inclusion financière peut contribuer à relever le défi de la sécurité alimentaire qui est également une priorité au niveau global, à réduire les inégalités et à renforcer la résilience des ménages face aux risques (y compris ceux liés au climat), à travers le lissage de la consommation et l’accroissement des revenus. La recherche FinScope effectuée dans le cadre du processus MAP en 2016 montre que, alors que 37,3% des adultes qui gagnent moins de 35 000 francs CFA par mois et qui sont financièrement exclus (c'est-à-dire qu'ils n’utilisent aucun service financier formel ou informel) déclaraient qu'ils doivent "souvent ou parfois" manquer un repas, ce pourcentage tombe à 28,6% en considérant la frange de la population dans le même intervalle de revenu mais incluse financièrement 4 . Cela indique que, pour les personnes ayant un faible niveau de revenu, être financièrement inclus ou non représente une différence significative par rapport à la probabilité se retrouver en situation de difficultés financières. La feuille de route de l'inclusion financière au Togo a pour objectif d’appuyer le Gouvernement et les parties prenantes à identifier et à mettre en œuvre des mesures qui peuvent au mieux améliorer l’inclusion financière, sur la base de la recherche reportée dans le rapport de diagnostic MAP5. Le diagnostic est basé sur l'application du cadre de diagnostic et de programmation MAP, qui analyse les liens entre l'inclusion financière et l'économie réelle. Ce qui distingue le MAP des autres exercices de cadrage est le fait que la perspective de la demande est le point de départ. Le reste de l'analyse évalue la fourniture des services financiers par rapport aux besoins essentiels identifiés du client, pouvant varier selon les régions du pays et à travers les segments du marché cible. Le processus MAP est lié uniquement à un processus multipartite qui conduit à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une Feuille de Route nationale relative à l’inclusion financière. Une composante essentielle de l'approche MAP est la collecte de données primaires, tant du côté de l’offre que de la demande. Concernant l'offre, cet exercice a été réalisé grâce à une série de consultations des parties prenantes menées en 2017, ainsi qu'une évaluation mystère au niveau de diverses institutions financières. Du côté de la demande, des données quantitatives ont été produites 3 Voir, par exemple, Calderón & Liu (2003), King &Levine (1993), et Levine (1997). 4 N.B. Toutes les statistiques sur la population adulte togolaise ainsi que l’interaction entre leurs réalités et les services financiers proviennent de FinScope Togo (2016), sauf indications contraires. 5 Les principaux résultats de recherche proviennent du rapport “ Togo Making Access Possible : Rapport Diagnostic de l'Inclusion Financière 2017” preparé par EConsult Botswana. 4
et analysées à partir de l'enquête auprès des consommateurs FinScope Togo menée par FinMark Trust en 2016, en collaboration avec l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED) qui a collecté les données sur le terrain. FinScope est un sondage représentatif au niveau national portant sur le comportement des consommateurs par rapport à la demande et l'interaction avec les services financiers, ainsi que les réalités financières des consommateurs et leurs perceptions des services financiers. FinScope Togo est basé sur un échantillon de 5 197 adultes (personnes de 15 ans et plus). Cet échantillon est représentatif de l'ensemble de la population adulte (4,1 millions d'adultes) et a été pondéré avec l’appui de l’INSEED. La présente Feuille de Route reprend sommairement les conclusions du diagnostic, et présente une perspective d’avenir sur les domaines prioritaires recommandés. Elle est particulière du fait qu'elle soit basée sur un diagnostic global, et a été élaborée dans un processus intense multipartenaire, avec la participation de l’ensemble des parties prenantes mobilisées dans le cadre du processus MAP. MAP Togo a été mis en œuvre sous la direction du Comité de Pilotage du MAP présidé par le Secrétariat d'Etat auprès de la présidence de la République, chargé de l'Inclusion Financière et du Secteur Informel. Il comprend des représentants du Gouvernement, des organismes de réglementation, du secteur privé, de la société civile et des donateurs. 1.2 Approche et Méthodologie de la Feuille de route L'approche de la feuille de route est représentée sur la Figure 1. La feuille de route repose sur les domaines prioritaires identifiés dans la recherche, représentant les insuffisances et les opportunités sur le marché pouvant avoir le plus grand impact positif sur le bien-être des consommateurs lorsqu’elles sont gérées de manière appropriée. Dans le cadre du rapport de diagnostic, chaque écueil ou difficulté mis en exergue est analysé du point de vue de l'utilisateur ou de l'utilisateur potentiel du produit ou service financier, à travers l’approche « Fonctionnement des marchés en faveur des pauvres (M4P)» - Making Figure 1 : Approche de la feuille de route Markets Work for the Poor. Cette approche identifie les intervenants, les structures, les lois, les règlements et les relations courantes qui gouvernent le marché du produit ou service. Dans le but d’assurer une vision et donner une orientation, un objectif de politique (vision) est proposé, autour duquel une logique d’intervention peut être organisée et suivie, tout en indiquant comment les propositions d’interventions contribueront à l’atteinte de l'objectif et des résultats. 5
La dernière étape du processus consiste à dégager un consensus parmi les acteurs clés sur les interventions, et lui attribuer une dimension de Feuille de Route, incluant les responsabilités, les obligations ainsi que les activités. Les coûts, les délais et les objectifs seront affinés dans la phase de mise en œuvre. 6
2. Contexte du Secteur Financier du Togo 2.1 Contexte du Pays Figure 2 : Carte du Togo Le paysage économique du Togo est caractérisé par deux forces clés. La première est l'emplacement de la capitale, Lomé, sur la côte et l'importance du port en eau profonde de Lomé en tant que centre d'activité économique, qui attire les individus et les entreprises dans la région côtière du Grand Lomé-Maritime. La seconde est l'importance de l'agriculture, le plus important secteur économique, ce qui signifie que ce secteur couvre tout le pays, de même que les agriculteurs qui constituent le plus grand groupe d'adultes économiquement actifs. En tant que population rurale, il est peu probable que les agriculteurs soient à proximité immédiate des services financiers fournis par des établissements en milieu urbain. La fourniture d'infrastructures financières et non financières est beaucoup plus forte dans la région de Lomé-Maritime que partout ailleurs dans le pays. La population est principalement rurale mais s’urbanise rapidement. La population du Togo a été estimée à 7,3 millions en 2015, avec un taux de croissance de 2,7% par an. Le Togo est géographiquement un petit pays (56 785 km2) et est densément peuplé. Environ 58% de la population vit dans les zones rurales, mais avec un taux de croissance de la population urbaine estimé à 4% par an, il est probable que plus de la moitié de la population sera urbaine d'ici 20306. Près du quart de la population vit dans la région du Grand Lomé. Un pays à faible revenu mais la croissance économique récente a été encourageante. Le Togo est l'un des pays pauvres d'Afrique subsaharienne. Cependant, avec un taux de croissance du PIB réel en moyenne de 5,5% par an de 2012 à 2016, il est également l'un des pays ayant eu une croissance soutenue durant ces dernières années7. L’incidence de la pauvreté reste élevée, en particulier dans les régions du Nord, en dépit d’une évolution favorable au cours de la dernière décennie. L’incidence de la pauvreté est passée de 58,7% en 2011 à 55,1% en 2015 (Enquête QUIBB, 2016), alors qu’il était estimé à 62% en 2006. Cependant, il existe de grands contrastes entre les zones urbaines et les zones rurales, avec un taux de pauvreté pouvant atteindre 90% dans la région des Savanes du Nord. L'inégalité est modérée avec une tendance baissière ; l’indice Gini est passé de 0,393 en 2011 à 0,380 en 2015. En prenant une perspective plus large du bien-être, le Togo a été classé au 166ème rang (sur 188 pays) sur l'Indice de Développement Humain du PNUD en 2015. Une population jeune, avec un faible niveau d'instruction.60% de la population est âgée de moins de 25 ans. Cela crée un impératif pour le renforcement des compétences et la création d’emplois décents 6 Perspectives économiques africaines, 2016 7 Base de données sur les Perspectives Économiques Mondiales du FMI, avril 2017 7
pour absorber la main d'œuvre croissante. Dans l'ensemble, le niveau d'instruction est faible et 54% des adultes n’ont qu’un niveau d’éducation primaire voire aucune éducation. 2.2 Contexte Politique Le principal cadre de politique de développement économique et social du Togo est le PND 2018- 2022- Pour lutter contre la pauvreté et les faibles revenus, le Gouvernement du Togo a initié le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 qui intervient après la Stratégie de Croissance Accélérée pour la Promotion de l'Emploi (SCAPE) qui couvrait la période 2013-20178. Le PND repose sur trois axes articulés autour d’une croissance inclusive créatrice d’emplois ; à savoir : (i) mettre en place un hub logistique d’excellence et un centre d’affaire de premier ordre dans la sous-région ; (ii) développer les pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives ; (iii) consolider le développement social et renforcer les mécanismes d’inclusion. Le PND comporte un certain nombre d’effets spécifiques liés à la promotion de l'inclusion financière et, de manière plus générale, au développement et à la diversification du secteur financier. Il s'agit notamment des effets suivants : (i) Effet 1.5 : Le numérique est développé et facilite les transactions économiques et financières ; (ii) Effet 1.9 : Les PME/PMI ont accès au financement adéquat ; (iii) Effet 2.1 : des chaînes de valeurs agricoles sont développées ; (iv) Effet 3.3 : Les populations, en particulier les jeunes et les femmes, ont un accès à un emploi productif décent et durable ; (v) Effet 3.5 : L’équité et l’égalité de genre sont renforcées ; (vi) Effet 3.8 : Les populations, en particulier les pauvres et les vulnérables ont accès à des services financiers adaptés à leurs besoins. L'intégration régionale joue un rôle important. Le Togo est membre de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'Union Économique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA). L'UEMOA qui compte huit Etats membres est une union particulièrement forte avec une monnaie commune (le franc CFA - XOF) et une seule banque centrale (la BCEAO). Cela a des implications majeures pour la politique macroéconomique (politique monétaire et de change) et pour la réglementation du secteur financier. La politique de développement du secteur financier relève du ministère de l’Economie et des Finances. Cependant, elle est étroitement coordonnée avec les institutions régionales compte tenu du niveau élevé d'intégration économique et financière régionale. La politique nationale de développement du secteur financier au Togo doit être conforme au cadre politique et légal régional. Une Stratégie Régionale d'Inclusion Financière a été développée par la BCEAO en collaboration avec UNCDF. La Stratégie Régionale d'Inclusion Financière dans l'UEMOA (SRIF) a été adoptée par le Conseil des Ministres de l'UMOA, en sa session du 24 juin 2016, à Lomé, au Togo. La Stratégie couvre la période allant jusqu'en 2020 et comporte cinq composantes principales ; à savoir :(i) Promouvoir un cadre légal, réglementaire et une supervision efficaces ;(ii) Assainir et renforcer le secteur de la microfinance ;(iii) Promouvoir les innovations favorables à l'inclusion financière des populations exclues (jeunes, femmes, PME, populations rurales, personnes à faible éducation financière) ; (iv) Renforcer l'éducation financière et la protection du client de services financiers ; et(v) Mettre en place un cadre fiscal et des politiques favorables à l’inclusion financière. La Stratégie est assortie d’unPlan 8 République du Togo, 2013 8
d'Action, des structures de coordination et un cadre de suivi et évaluation. La Stratégie s'applique à tous les Etats membres de l'UEMOA, y compris le Togo. Établissement des priorités stratégiques nationales pour l'inclusion financière. En synergie avec la Stratégie Régionale, le Gouvernement du Togo entend élaborer et adopter une Stratégie Nationale d'Inclusion Financière pour 2019 et la recherche MAP sera utilisée comme la ressource principale pour alimenter l'élaboration de cette stratégie. La méthodologie MAP, basée sur un diagnostic global du secteur, permet de définir les priorités clés pour la promotion de l'inclusion financière afin de répondre aux besoins des consommateurs et servir des objectifs de politiques plus larges. 2.3 Situation de l’Inclusion Financière au Togo Des niveaux d'inclusion financière modérément faibles. Selon les résultats du Finscope 2016, le Togo a une inclusion financière modérément faible par rapport à d'autres pays d'Afrique subsaharienne (Figure 3) ; le Togo occupe le 14èmerang en matière d'accès aux services financiers dans les 21 pays africains dans lesquels les enquêtes du FinScope ont été réalisées. Il ressort que 40% de la population adulte du Togo (15 ans et plus) est financièrement exclue et seulement 18% des adultes sont bancarisés. 45% des adultes togolais sont formellement inclus. La dépendance à l'égard des services financiers informels est comparable aux autres pays à faible revenu en Afrique, avec 15% des adultes utilisant uniquement des canaux informels. L'exclusion financière à 40% à l'échelle nationale est sensiblement similaire à celle du Nigeria (42%) et du Burkina Faso (39%) qui sont les deux pays d'Afrique de l'Ouest où des études de type FinScope ont été récemment réalisées, en 2016. Figure 3 : Comparaison de l'inclusion financière en Afrique subsaharienne Seychelles 2016 94 13 Mauritius 2014 85 32 10 Rwanda 2016 26 42 21 11 South Africa 2016 77 8 3 11 Uganda 2013 20 34 31 15 Kenya 2016 42 33 7 17 Lesotho 2011 38 23 20 19 Zimbabwe 2014 30 39 8 23 Botswana 2014 50 18 8 24 Namibia 2011 62 8 3 27 Swaziland 2014 54 10 9 27 Tanzania 2013 14 43 16 27 Burkina Faso 2016 18 22 21 39 Togo 2016 18 27 15 40 Zambia 2015 25 13 21 41 Madagascar 2016 12 17 30 41 Nigeria 2016 38 10 10 42 Ghana 2010 34 7 15 44 Malawi 2014 27 7 15 51 DRC 2014 12 24 12 52 Mozambique 2014 20 4 16 60 Bancarisés Autres formels (non-banque) Informels uniquement Exclus financièrement Source : Togo FinScope 2016 9
Disparités par rapport aux milieux de résidence et aux segments. L'accès aux services financiers varie considérablement entre les zones urbaines et rurales. Alors que 18% des adultes togolais sont bancarisés à l'échelle nationale, 28% des adultes urbains sont bancarisés par rapport à 10% chez les adultes en milieu rural (Figure 4). De même, pour les services financiers «autres formels» (principalement les SFD et le mobile money), l'accès est plus élevé dans les zones urbaines, à 34%, contre 22% dans les zones rurales. Certaines régions du pays ont des taux d'exclusion beaucoup plus élevés, notamment les régions Centrale, Kara et Savanes, pour lesquelles respectivement 50%, 52% et 60% d’adultes sont exclues, contre seulement 28% qui sont exclus à Grand Lomé. Il est évident qu'en raison de l'accès limité aux banques et aux autres fournisseurs formels de services financiers, beaucoup plus d'adultes dans les zones rurales (21%)auront recours aux mécanismes de financement informel comparés à ceux vivant en milieu urbain (6%). Figure 4 : Volet d’accès selon le milieu de résidence au Togo National 18 27 15 40 Urbain 28 34 6 32 Rural 10 22 21 47 Bancarisé Autres formels (non banques) Informels Exclus Source : FinScope Togo, 2016. Utilisation des produits financiers. L'accès aux produits d'épargne est le plus développé, 43% des adultes ont accès à une forme de produit d'épargne, que ce soit formel ou informel, avec 20% des adultes épargnant dans une institution financière formelle. Le crédit est le deuxième produit le plus utilisé (27%), mais la plupart des adultes qui utilisent le crédit l'obtiennent à partir de sources informelles. De même, la plupart des 24% d’adultes qui envoient ou reçoivent des fonds le font par le biais de mécanismes informels ou d'amis et de la famille. Les transactions et les paiements sont encore largement basés sur l'argent en espèces (85% des adultes utilisent de l'argent liquide pour les paiements). Seulement 8% des adultes utilisent des produits d'assurance auprès de compagnies d'assurance enregistrées. Les mécanismes informels d'assurance sont beaucoup utilisés, y compris les groupes de solidarité villageoise. Utilisation en fonction du genre et de l’âge. Dans l'ensemble, les hommes ont un taux d'inclusion financière plus élevé (50% formel, 61% formel + informel) par rapport aux femmes (40% formel, 58% formel + informel) qui sont moins incluses dans le secteur formel et plus dépendantes des canaux informels. Les femmes épargnent et empruntent plus. Les jeunes sont également moins inclus : parmi ceux âgés de 15 à 34 ans, 42% sont formellement inclus et 53% sont inclus par l’utilisation de produits formels et informels, contre respectivement 49% et 68% chez les personnes de 35 ans et plus. Le secteur informel joue un rôle important En plus d'utiliser des services financiers formels, de nombreux consommateurs utilisent également des services et des produits informels. Le secteur informel joue un rôle particulièrement important dans les zones rurales où 69% des personnes financièrement incluses utilisent des produits / services 10
informels, seuls, ou en combinaison avec des produits formels. Les canaux financiers informels sont les moyens les plus importants d'épargne, d'emprunt, d'assurance et de transfert d’argent. L'accès au financement s'améliore avec les revenus, mais même à des niveaux élevés de revenu, il existe des lacunes. Les personnes à revenus plus élevés, comme on pouvait s’y attendre, ont un meilleur accès aux services financiers. Néanmoins, même à des niveaux de revenu élevés, il existe des possibilités d'améliorer l'accès, car certains individus ayant des revenus élevés sont financièrement exclus ou utilisent uniquement des services financiers informels. Possibilité de mieux servir les entrepreneurs et les agriculteurs. Le segment de marché des MPME informels est modérément desservi financièrement ; 55% étant formellement servis et 33% étant exclus financièrement. Ce segment utilise fortement les sources informelles de crédit (21%). En revanche, seulement 32% des adultes du secteur agricole sont formellement desservis, l'exclusion financière y est relativement élevée, 43%. Ce groupe adopte beaucoup plus les services financiers informels uniquement (25%). Portée et profondeur de l'inclusion financière. La portée de l'accès se réfère à la proportion d'adultes qui sont financièrement inclus, alors que la profondeur fait référence au nombre et à la variété des services financiers auxquels souscrit un individu. Relativement peu de togolais adultes sont largement desservis ; c’est-à-dire qu’ils utilisent plus d'un type de produit financier. Seulement 18% des utilisateurs formels (11% des adultes) sont desservis par plus d'un marché de produits. La plupart des adultes sont soit exclus soit "faiblement desservis" avec 40% d’exclus, 34% utilisant un seul produit formel et 15% utilisant uniquement des produits informels. Figure 5 : Profondeur de l’accès au Togo Source : Togo FinScope 2016 2.4 Perspectives des Consommateurs Besoins des consommateurs. Les besoins les plus préoccupants en matière de services financiers identifiés par l’étude sur la demande (FinScope) sont : la nécessité de se procurer les biens et services dans le cadre de la vie quotidienne, le besoin de liquidité pour lisser la consommation, la nécessité de 11
gérer les risques notamment ceux liés aux dépenses de santé et à la sécheresse, et le besoin de renforcer le capital humain. De même, faire face à la perte de revenus ou au vol ainsi que l'acquisition d'intrants productifs sont également des besoins importants exprimés par les populations. Cinq groupes cibles ont été identifiés, en fonction de la principale source de revenus des consommateurs. Les groupes identifiés incluent les agriculteurs (0,94 million d'adultes), les PME informelles (1,19 million), les personnes à charge (dépendants 0,38 million), les employés formels (0,21 million) et les employés informels (1,12 million). Les principaux besoins en matière de services financiers sont identifiés comme suit. • Les agriculteurs qui, en moyenne, ont des revenus relativement élevés, ont des besoins financiers considérables, incluant l’épargne et le crédit pour l’achat des intrants et des actifs agricoles, pour financer les déficits de trésorerie entre la semence et la récolte et pour l'achat de produits agricoles à des fins de transaction. Les agriculteurs utilisent plus de produits de crédit que les autres groupes, mais ceci par le biais de canaux informels, d’où la nécessité de mettre en place des canaux de crédits agricoles formels. Les agriculteurs sont également exposés à des risques, en particulier les aléas climatiques liés à la sécheresse (et dans une moindre mesure les inondations) ; ils pourraient de ce fait bénéficier d'une assurance agricole. Les produits de crédit et d'assurance doivent être calibrés aux besoins particuliers des agriculteurs. • Les petites et moyennes entreprises (PME) informelles sont majoritairement portées par les femmes et les personnes ayant des revenus faibles. Elles ont besoin de moyens de paiement alternatifs, autres que l’argent en espèce, pour recevoir et faire des paiements et constituer des épargnes à court terme. Elles ont également besoin de crédit adapté aux PME. • Les personnes à charge ont le revenu le plus bas, car elles dépendent généralement des transferts et du soutien d'autres membres du ménage et de la famille élargie, et leurs principaux besoins sont des services de transactions et d'épargne peu coûteux et pratiques. • Les employés formels ont le revenu moyen le plus élevé et sont déjà bien desservis. Cependant, étant donné qu'ils appuient les familles élargies, il leur faut nécessairement des moyens de transferts d’argent à bas prix. Bien qu'ils utilisent les services d'assurance et de crédit beaucoup plus que les autres groupes, le niveau d'utilisation du formel est néanmoins faible en termes absolus et, par conséquent, il est nécessaire d'améliorer l'accès formel. • Les employés informels ont de faibles revenus et sont principalement payés en espèces. Ils ont besoin de moyens alternatifs de paiement, ainsi que de facilités pour l'épargne à court terme (lissage de la consommation face aux revenus irréguliers). Besoins communs à travers les segments. Les résultats du FinScope et les consultations des parties prenantes montrent que la faible éducation financière est un problème commun à tous les groupes cibles. Cela s'applique en particulier à l'assurance (qui n'est pas bien comprise) et au mobile money, qui, comme tout nouveau produit, souffre de la non-familiarité et de la méconnaissance de la part des populations. Dans certains cas, il existe également un manque de discipline eu égard au remboursement du crédit, en particulier lorsqu'il s'agit de fonds gouvernementaux acheminés par le FNFI et les SFD, que certains emprunteurs considèrent comme des fonds non remboursables. Barrières liées au marché de produits. Pour mieux comprendre le contexte du consommateur, les raisons de l'utilisation de diverses catégories de produits ainsi que les obstacles relatifs à chaque catégorie de produits sont les suivants : • Crédit. Selon FinScope Togo 2016, la raison la plus courante de l’emprunt est pour démarrer ou pour élargir une entreprise ; viennent ensuite les besoins médicaux et les besoins d'urgence. Le crédit pour le commerce de produits agricoles est également important, ainsi que pour le 12
Vous pouvez aussi lire